Et tout son courage était puisé dans l’espoir suprême de renouveler les plus belles énergies de son pays par le souvenir des plus antiques gloires, en continuant ainsi la tendance des néo-italiens du commencement de son siècle, dont Léopardi fut l’expression le plus géniale. […] Sans peur, sans pitié, ayant comme manière de vie le Dédain, et comme dogme spirituel la Volonté, fille du Souvenir, le Poète ouvrait le chemin à tous les espoirs. […] Il voulait l’imposer à toute la nation, en lançant à la face des politiciens, et des quelques générations de soldats garibaldiens devenus politiciens, meneurs, gouvernants, ses chants dont le souvenir de la gloire latine alimentait presque toujours la violence. […] Et il représentait le souvenir collectif, l’âme vigilante de l’histoire. […] Partout le Poète ne voit que souvenirs.
On se souvient qu’il y a déjà donné, en français, des Marginalia sur E. […] Edmondo de Amicis nous offre ses souvenirs (Ricordi d’infanzia e di Scuola) pleins de philosophie et de bonté ; et M. […] Ces souvenirs m’ayant approché des poètes, je me trouve embarrassé à les choisir, car parmi ces Très-jeunes il y en a plus d’un qui mérite un encouragement. […] Ces souvenirs intéressent par les événements qu’ils retracent et plaisent par l’alerte simplicité du récit. […] Il est à souhaiter qu’un second volume de souvenirs nous fasse connaître ce qu’il y vit.
Pour les exprimer, ils ont rencontré à peu près les mêmes images : chaque senteur évoque un souvenir et provoque un désir. […] Chez Maupassant, Olivier Bertin, écoutant les mélodies préférées que sa maîtresse lui joue un soir de mélancolie, retrouve les souvenirs de sa passion déclinante, et refait avec une autre femme le rêve d’amour que ces mêmes mélodies berçaient autrefois. […] Le souvenir qui fait tout l’intérêt du récit, la promenade en tête à tête de l’homme timide et de la femme, plus clairvoyante, plus décidée, est par les deux écrivains : G. […] Parmi les étrangers auxquels G. d’Annunzio a rendu l’hommage d’un souvenir trop fidèle, il n’en est pas dont les tendances, les visions et les habitudes d’artiste répondent mieux que celles de Maupassant à son propre tempérament. […] Le Poète est « trop chargé de souvenirs, trop hérissé de peut-être » !
Roccatagliata-Ceccardi se souvient. […] Massimo Bontempelli est aussi un poète « qui se souvient ». […] Il se souvient. Mais son souvenir est plus formel que substantiel. […] Ils ne se souvenaient pas d’elle !
J’ai bien à vous remercier, Monsieur, de votre bon souvenir, jeté à travers vos voyages. […] Jamais sa voix ne murmure dans le souvenir. […] Te souviens-tu de lui ? […] » demande Isabelle, en souvenir de l’homonyme, l’Isabelle d’Este, qui avait vécu là. […] Il se souvient même de Mme de Stein.
Je viens vous dire combien les humains s’occupent en ce moment de vous et exhument les souvenirs que vous nous aviez laissés. […] Vous souvenez-vous de notre dernière entrevue ? […] que de souvenirs ! […] De ce voyage, je conserve un souvenir inoubliable. […] Souvenez-vous.
. — Chaque nom de ville est précédé, chaque fois qu’on l’a trouvée, de l’époque du séjour et suivi de la référence : Journal de Stendhal, Souvenirs d’Égotisme, Vie de Henri Brulard, Correspondance inédite, Notice Romain Colomb, ou Supplément au Journal de Stendhal (Mercure de France, 15 octobre 1907). […] Vous ne vous souvenez plus de la route du Paradis terrestre, mais je sais que quelques graines de cet arbre s’en sont échappées et sont déjà pleines de vie. […] Les souvenirs du passé lointain épuisés, je ne pouvais parler avec lui du passé proche, de tout mon univers plus récent de beautés contemplées, de cœurs aimés et brisés, de paradoxes improvisés autour de la table à thé, et bien moins encore du songe douloureux qui remplit désormais toute mon âme. […] Pendant si longtemps je t’ai attendu en silence, pendant tant d’années j’ai compté les heures qui me rapprochaient de celles-ci… Et maintenant que tu es avec moi, que je t’aime, que nous parlons des pâles souvenirs du passé, et de l’amour et de la beauté du monde, et des douleurs des créatures, tu veux me laisser seul dans cette ville si triste, si lentement triste ? […] Et maintenant je vis encore dans le monde, dans les grandes villes de la côte, et il me semble que quelque chose me manque de quoi je n’ai pas un souvenir précis… Quand la joie me saisit, avec ses rires stupides, je me dis que je suis le seul homme qui se soit assassiné soi-même et vive encore.
— répondait Voltaire ; mes livres sont tous excommuniés. » Mais il semble se souvenir de ce trait quand il écrit dans le Dictionnaire philosophique : « Il est très vrai que le pape Léon X publia une bulle en faveur de l’Orlando furioso, et déclara excommuniés ceux qui diraient du mal de ce poème. […] Après tant d’années écoulées, il en conserve encore le souvenir attendri et en note jusqu’aux moindres particularités. […] C’en était trop ; et Voltaire ne pouvait résister à des transports si bien joués ; il se jeta au cou de Casanova et l’embrassa en pleurant : « Je l’ai toujours dit, s’écria-t-il, le secret de faire pleurer est de pleurer soi-même ; mais il faut des larmes véritables, et, pour en verser, il faut que l’âme soit profondément émue. » Il semble se souvenir, en cette occasion, de l’algarade qu’il avait faite à des dames de Soleure, quelques mois auparavant : celles-ci, qui s’étaient mis en tête de représenter Alzire, n’avaient point, dans les scènes pathétiques de la tragédie, témoigné, au gré de l’auteur, une émotion assez sincère. […] Voltaire découvrait dans l’admiration débordante de Casanova la justification, nous dirions presque l’excuse d’une rétractation qui devait lui coûter, malgré tout : dans les pages du Dictionnaire philosophique qu’il consacre à l’Arioste comme un hommage éclatant, mais tardif, on sent à chaque ligne le souvenir de cette scène ; et il a soin de citer, comme l’un des morceaux essentiels du Roland, les stances qui lui avaient tiré des larmes. […] C’est ainsi que s’y était pris Boufflers, qui le charma ; ainsi avait fait cet autre grand fou, dont le souvenir s’évoque tout naturellement quand il s’agit de Casanova, le prince de Ligne : il réussit à passer auprès de Voltaire huit jours qu’il employa de son mieux en pirouettes de toute nature et dont il nous fait une relation impayable.
Dans cette ville, et précisément dans cette maison, il retrouvait le souvenir d’une des liaisons les plus pathétiques de sa carrière amoureuse. […] Toute l’amertume de ce beau souvenir, toute la tristesse des années enfuies et des amoureuses déjà lointaines l’accablent sans pitié : « Je me jetai sur un fauteuil où je m’abandonnai à mille réflexions. […] C’est qu’une préoccupation nouvelle a détourné le cours de ses pensées ; et s’il est venu à Genève, ce n’est pas assurément pour y rechercher le pâle et triste souvenir d’une femme adorée, mais pour y voir Voltaire ou, plus exactement, pour s’y faire voir de lui. […] Casanova, qui avait le triomphe moins discret, ne pardonnait pas au « modeste vainqueur » d’avoir créé avant lui aux Vénitiens cette réputation de galanterie irrésistible et souffrait de retrouver dans les villes où il faisait métier de séducteur le souvenir des conquêtes qui avaient précédé les siennes. […] » Doit-on croire que Voltaire s’est souvenu ici de sa conversation avec Casanova ?
J’ai conservé de tout cela un souvenir dont je n’ose plus contrôler l’intérêt. […] Nous sommes des frères qui, sans être ennemis, subissent, à leur insu, l’influence des mauvais souvenirs communs. […] Souvenons-nous que le sujet est métaphysique. […] Voici une feuille volante, datée « ce 2e septembre 1791 », et intitulée « Souvenir ». […] Comme dans ce fameux pétale de rose, une fermeté et une simplicité magistrales évoquent le souvenir de Velazquez.
Vico, et a synthétisé le couple humain de la force insoucieuse et de la sagesse faite de souvenirs immémoriaux, dans Siegfried et Brunehilde. […] Comme il en est pour tous les amoureux, cette seule association de souvenirs devait le lui faire chérir. […] Mais ce n’est qu’un souvenir qui passe. […] Il lui avait dédié, on s’en souvient, le livre à sa naissance, à la fin de 1811. […] Et l’Histoire de la Peinture, qui l’avait autrefois aidé à se souvenir d’elle, lui servit alors à l’oublier.
Et son esprit est émerveillé et ému, et tant souvenir y devient sentiment. […] Vous souvenez-vous du récit de la mort du vieux Pline par son neveu ? […] quels souvenirs ! […] Ce souvenir hante l’esprit de Phèdre. […] Celui qui a dit que l’homme était un ange déchu qui se souvenait des cieux aurait bien pu ajouter que c’était le désespoir de ce souvenir qui le conduisait souvent à rechercher les paradis artificiels, car il n’est pire intoxication que celle de la vertu.
— Te souviens-tu, Antine, des coups de poing que je t’ai donnés un jour ? […] Dans les discours d’occasion prononcés à leurs funérailles, le souvenir des batailles pour l’indépendance est mêlé aux titres de leurs ouvrages. […] Le souvenir du grand agitateur génois a rempli des colonnes de journaux et des pages de revues. […] On se souvient qu’Ossian avait épousé une fille de Branno nommée Evirallin. […] Le souvenir religieusement gardé de la souveraineté exercée dans le domaine de ce drame pendant un long laps de temps alimente les ambitions.
Souvenons-nous qu’un Pétrarque n’attendait l’immortalité que de ses œuvres latines. […] Devant le Colleone, on évoque le souvenir du Pensieroso, qui songe douloureusement dans son cadre de marbre. […] On ne se souvenait de son nom que parce qu’il eut la chance d’avoir pour élève Léonard de Vinci. […] Bien des artistes s’en sont souvenus, et M. […] Tous les grands fantômes de Shakespeare défilent alors, ou luttent ensemble, dans notre souvenir ému.
Il faut se souvenir que M. […] Méfions-nous de la force des souvenirs historiques comme principes ! […] Cette guerre conduite contre le même ennemi laissera des souvenirs durables. Mais les peuples ne vivent pas de souvenirs. […] Nos souvenirs historiques nous offrent des images et des formules nombreuses contre le spectre ressuscité de l’empire germanique.
Mais il n’écrivit jamais à qui que ce soit ce que Michel-Ange put écrire à Jules II : « Je suis attaché à toi comme les rayons le sont au soleil. » Et Ludovic, prisonnier au château de Loches, se souvint peut-être de la gloire léonardesque de sa souveraineté, en ornant de fresques singulières les murs de son cachot, en occupant en artiste ses lugubres loisirs de roi, prisonnier et à jamais dompté. […] « Ces très curieuses peintures murales, dit-il, sont progressivement rongées par le salpêtre, et nous avons demandé, à plusieurs reprises, qu’on les relevât avec le soin qui s’attache à un si noble souvenir. » Il est donc nécessaire que le Comité des fouilles d’Amboise se montre digne de la tâche qu’il s’est donnée de vouloir retrouver les restes physiques d’un génie, pour les recueillir dans un lieu sacré, but à des pèlerinages nouveaux, où ils pourront répandre encore sur le sentiment d’une postérité non indigne la suggestion de la puissance qui les anima.
Valcarenghi est un romancier de valeur et fort apprécié en Italie ; il a sur l’art des idées personnelles : mais il s en est trop peu souvenu dans sa conférence, à laquelle nous assistions, et il nous semble qu’il est passé à côté de son sujet. […] […] Dans la Gazetta Letteraria, on lira volontiers les Souvenirs d’enfance et de jeunesse de Luigi Capuana.
Les pierres sont de l’âme figée, et sous les arbres d’Italie, oliviers, chênes-verts ou pins-parasols, tous plus épais de souvenirs que de frondaisons, on est envoûté à la fois d’ombre et de passé. […] C’est la ville antique avec les Harmonies du Forum et du Palatin, l’Anthologie en Marbre, le Mont Testaccio, le mur d’Aurélien ; la Rome chrétienne avec les souvenirs de sainte Hélène et Saint-Jean-de Latran ; le patriotisme de la cité depuis le Moyen-Âge avec la basilique de l’Ara Coeli.
Il ne s’en souvient pas ! […] Souvenez-vous de mes paroles ! […] Mais il se ravisa vite, soit rappelé au souvenir de son auguste mission, soit retenu par un peu de rhumatisme. […] c’est un souvenir banal. […] Je suis faible et terrorisé par ce souvenir trop lourd pour mon âme, trop affreux pour ma vieillesse !
Je conserve encore le souvenir vivace des cuisses brillantes et dodues d’une jeune paysanne, aperçues par moi lorsque j’avais quinze ans. […] Et il se souvient d’avoir crié à des étudiants parisiens : « Mettez la main sur vos bibliothèques ! […] « Le précieux souvenir de Tigrane Yergat, qui, âgé de vingt-huit ans, vient de mourir de son impuissant amour pour sa nation, anoblit encore les fortes occupations où je vis ce monastère et les poétiques images vénitiennes qui le baignent. […] Bobin, des Souvenirs de Venise ; de M. […] … — Le devoir de le propager s’impose à chacun selon ses forces qui fut admis à contempler : et je voudrais fixer ici le souvenir de quelques-unes des plus notables pièces de ce musée, avant la vente.
Ils avaient l’esprit hanté par les souvenirs du passé et leur tendance naturelle à faire de la rhétorique était favorisée par une éducation portant au verbalisme et par le romantisme de l’époque. […] par simple souvenir historique, parce qu’elle avait été la capitale de l’Empire romain et la résidence des papes. […] Mesnil interroge ses souvenirs ; a-t-il été embarrassé à Bologne quand il a parlé allemand ou anglais ? […] Ils s’en souvenaient trop. […] Cette troisième région doit être écartée ; il n’est pas admissible que, dans une mer complètement grecque comme l’Archipel, une tradition aussi importante que celle des Phéaciens n’ait laissé aucun souvenir.
Les raisons en sont multiples : beaucoup de gens se souviennent de ce qu’a coûté dans le Trentin, après le retour des Autrichiens, l’accueil enthousiaste fait à Garibaldi en 1866 et se montrent prudents par crainte que l’occupation ne soit pas définitive ; le peuple se trouve mieux matériellement, notamment au point de vue fiscal, sous les Autrichiens qu’il ne se trouverait sous les Italiens, d’autant plus que les Autrichiens ont favorisé particulièrement les régions qui confinent à l’Italie, en y faisant exécuter de grands travaux d’utilité publique et en pourvoyant même des localités perdues dans les montagnes de toutes sortes de commodités : bonnes routes, éclairage électrique, institutions sanitaires, etc. […] Dans le même journal le député Oddino Morgari a raconté à plusieurs reprises des souvenirs de ses voyages faits en Europe et notamment en France pour préparer la réunion internationale des socialistes : on y voit l’attitude intransigeante du Bureau socialiste international qui non seulement refusa de participer directement ou indirectement à la réunion, mais même s’opposa à sa réalisation. […] Toutes ces choses ont servi trop longtemps en vérité aux banquiers grecs de Marseille et de Paris pour créer cet hellénisme dont les journalistes et les hommes politiques de France ont usé sans modération pour molester l’Italie, spécialement pendant la guerre libyque… Aujourd’hui tous les peuples de l’Europe sont en campagne, engagés dans la plus grande lutte qu’ait connue l’histoire de la civilisation humaine et l’on ne peut s’attarder aux petits artifices, aux petites astuces, au petit marché des souvenirs… Aujourd’hui il s’agit vraiment de guerre et non d’industrie politique. […] La social-démocratie allemande et austro-allemande et celle de leurs paladins — de leurs paladins : souviens-t-en et que s’en souviennent l’Avanti !
Est-ce le moment de me souvenir que j’ai des premiers défendu cet artiste, alors qu’on lui résistait ?
[Je crois que même sans la présence et le souvenir de Mme P., je préférerais Milan à Naples et à Rome.
J’allais l’embrasser ; elle m’a dit de me souvenir que ce n’était pas l’usage du pays.
Au début de la guerre, les Allemands, qu’on s’en souvienne, ont fabriqué semblablement de faux numéros du Petit Parisien pour tâcher de jeter le trouble et l’affolement dans l’opinion française. […] Il me souvient notamment de certain correspondant de Sofia qui, de retour en Hollande, fit des conférences ouvertement patronnées par la propagande allemande. […] Les souvenirs de sa vie aventureuse n’étaient pas, comme on pense, dénués d’intérêt. […] Maintenant donc que l’apaisement s’est fait en Italie et que l’ardente polémique de ces dernières semaines est déjà un souvenir du passé, nous pouvons l’examiner avec plus de sérénité. […] Ses récits, ses souvenirs sont vifs, primesautiers et, bien que la matière en soit presque toujours humble et provinciale, ils se haussent souvent jusqu’à la poésie.
C’est une longue et fatigante rêverie entrecoupée de souvenirs de guerre et de France, où il est surtout question des chiens illustres du poète. […] Mélanges, souvenirs fantastiques et militaires, croquis de gens de lettres, pensées : on y retrouve tout. […] Vous avez donné la copie des susdits Madrigaux à messer Tomao64, je vous en suis très obligé, et vous prie, si vous le voyez, de me rappeler à son souvenir un nombre infini de fois. […] Votre, bien torturé, MICHELAGNIOLO BUONARROTI, Vieux souvenir d’un feu qui n’a pas été reconnu. […] Qui ne se souvient en Italie de ces précieux commentaires sur les opérations militaires qu’il publiait dans les premiers mois de la guerre européenne ?
Je me souviens que, vers 1890, étant allé voir M.
Victor Hugo paraissait — et était véritablement — exceptionnel à donner le frisson aux bourgeois libéraux, fanatiques de Béranger et encore émus au souvenir de Parny. […] Prenons encore une autre tête, aussi pleine de sentiment, mais d’une autre sorte, un petit dessin à la craie rouge, dont on se souvient certainement pour peu qu’on ait, au Louvre, examiné avec quelque soin les dessins des vieux maîtres. […] Car Ludovic fut fait prisonnier, et alla finir ses jours à Loches, en Touraine : on lui permit enfin, dit-on, d’y respirer quelque temps un air plus frais dans une chambre d’une haute tour, après de longues années de captivité dans les bas donjons, où l’atmosphère semble chargée des souvenirs barbares du temps féodal, et où l’on montre encore sa prison, aux murs couverts d’étranges arabesques peintes en couleurs, attribuées par la tradition à sa main, qui se serait ainsi distraite un peu pour tromper la lenteur des années : ce sont de grands casques, des figures humaines et des morceaux d’armure ; au milieu de tout cela, en gros caractères se trouve écrite la devise Infelix Sum : il n’est pas fantaisiste de voir là les fruits de profondes méditations sur tous les essais faits avec Léonard pour exécuter la figure armée du grand duc, qui les avait tant occupés tous les deux pendant les jours de sa bonne fortune à Milan. […] Peut-être, après cela, Stendhal s’était-il mis en tête que toutes les Milanaises devaient ressembler aux femmes de Léonard, de même qu’on voit aujourd’hui des délicats pour affirmer que toutes les dames anglaises ressemblent aux figures de Burne-Jones. » Stendhal, qui ne put la fléchir et qui semble même lui avoir été fort antipathique lui adressait cinq ans après l’avoir rencontrée la curieuse lettre dont on nous a donné les brouillons dans les Souvenirs d’égotisme : « Puis-je espérer, à force d’amour, de ranimer un cœur qui ne peut être mort pour cette passion ? […] Lorsque les Médicis eurent établi définitivement leur pouvoir, les « piagnoni » demeurèrent rebelles et s’efforcèrent longtemps encore de réveiller les souvenirs de la liberté d’autrefois : aussi les ducs les tenaient-ils en suspicion.
Le librettiste ordinaire de Verdi serait un nègre d’ingratitude s’il ne se souvenait pas des formules d’Aïda, quant à son tour il se fait compositeur. […] Il n’est pas bien certain que François d’Assise n’ait été que le simple et le candide dont les légendes ont conservé le souvenir.
Nous pouvons admirer ici un tact délicat de poète, même là où la matière était difficile et âpre à dompter ; Terra immite (Terre inclémente), qui forme la dernière partie du recueil, nous en donne un exemple ; c’est de la poésie civique, des Souvenirs saignants de la campagne d’Afrique, cette campagne qui a été la négation journalière de Machiavel et de sa science infaillible. […] Léonard ne peut vaincre son violent amour pour Blanchemarie, sa sœur : mais d’elle il veut garder un souvenir pur et beau, et c’est pour cela que, sans l’avoir possédée, il la noie dans les ondes de la fontaine Perséia. […] Plus heureux que tant d’autres, qui apprennent l’amour et la femme dans des lieux à peine tolérables, Attilio trouve sur sa voie une grande actrice, une grande dépravée esthétique, Saveria, qui, à son tour, est liée d’une liaison faite de souvenirs et de vices, de désirs et d’émotions, de haine et de nécessité physique, à Ercole Grabba, le cousin d’Attilio. […] Ces atrocités ne nous éloignent point trop de l’Abyssinie dont on a fort parlé en ces derniers temps, bien au hasard et avec un enthousiasme quasiment inutile, selon qu’il appert du tome publié chez Flammarion : Douze ans en Abyssinie, souvenirs d’un officier, par P. de Lauribar. — M.
Dante noie sa pensée dans un flot de citations et de souvenirs scolastiques, non qu’il sacrifie à la mode de son temps, mais il masque ainsi son intention. […] Et il n’y a pas jusqu’aux styles des deux maîtres qui, au terme de leur longue lutte, ne soient miraculeusement arrivés à se ressembler : si bien que la Transfiguration de San Salvatore, le Portrait de Madrid, la Nymphe de Vienne, toute l’extraordinaire série des dernières œuvres de Titien, évoque aussitôt le souvenir de la Vénus du vieux Rembrandt au Louvre et de la Fiancée Juive.
Ils se souvenaient de la prophétie jadis faite à Yézid : au Khalife qui porterait les coups les plus profonds à la religion du Christ, toute félicité sur la terre, et puis tout le rayonnement des sept cieux : diamant, émeraude, topaze, saphir, perle, or, hyacinthe. […] L’on avait tant de souvenirs à proscrire !
Le médecin Dondi fait allusion à ce mal, en écrivant à un de ses collègues, à la date du 19 juillet 1374 : « La nuit malheureuse qui vient de passer, précédant le jour où je t’écris cette lettre, nous a enlevé l’illustre et admirable Francesco Petrarca, accablé, après quelques heures, par le genre de maladie par laquelle, si tu te souviens, nous le vîmes frappé il y a quelques années…, etc. » Pétrarque, assisté probablement par son ami Dondi et par d’autres, n’a pu de toute façon mourir dans la solitude et au milieu du travail, quelques heures après avoir été nouvellement frappé par son terrible mal.
Elle évoque dans son volume tous ses souvenirs de Sorrente, ses entretiens avec Nietzsche, les attitudes du philosophe devant la nature merveilleuse des pays du soleil, de ces « pays méditerranéens », qu’il voulut chérir avant tous les autres.
Ce patriotisme avait plusieurs causes : l’antiquité de la république, de glorieux souvenirs, les moyens que le commerce offrait pour subsister, et la singularité du site de Venise, qui ne permettait pas à ses citoyens de retrouver ailleurs les mêmes habitudes.
Une note de police dit qu’en racontant ce dernier fait, lui, si calme et toujours souriant, s’excite et paraît exaspéré par ce seul souvenir.
Ce poète imaginatif et harmonieux manque vraiment un peu de pensée et de mystère ; il chante et s’amuse de son chant, mais, lavoix tue, il ne reste qu’un souvenir de syllabes musicales.
C’est pour cette sorte de ruine neuve qu’on laissa gâter une des plus importantes perspectives du Grand Canal. » Au contraire des cités qui s’ensevelissent doucement et retiennent des souvenirs splendides qui animent de poésie leur atmosphère, — Venise s’est réveillée d’un sommeil de plusieurs siècles. […] » Loin d’être les “mortes”, les villes anciennes, toutes jaillissantes de souvenirs dans leur fraîcheur d’ombre et de silence, ne sont-elles pas, ne doivent-elles pas être par le monde comme les oasis du désert ? […] M. d’Annunzio ne l’entend pas de cette manière ; en gentilhomme à la Nietzsche, il fait part à ses lecteurs des aventures qui égaient sa vie ; peu à peu, grâce à l’indulgence que ses admirateurs internationaux ne lui marchandaient pas, il est arrivé à ce dernier roman, Il Fuoco, où l’amour le plus passionné d’une grande actrice italienne, où la figure morale et physique de cette grande actrice, où tous les souvenirs d’alcôve, toutes les folies et les postures amoureuses d’une femme, dont on lit clairement le nom sous le pseudonyme, sont étalés d’une manière violente.