Mais ceux qui pensent en leur cœur des choses défendues assument la mort et la captivité : surtout ceux qui aiment ce siècle et qui se glorifient dans leurs richesses : et ceux qui ne pensent pas aux biens futurs, leurs âmes sont vidées de tout. […] Il la jugeait selon les critères d’un autre siècle, mais sa parole facile, plaisante, claire et élégante était une compensation. […] L’esprit du Moyen-Âge développera, d’une façon sublime, cette idée eucharistique, dans sa légende du Saint-Graal, interprétation la plus belle qui jamais ait été faite du Crucifiement, mais qui eût été prématurée, déclamatoire, dans les premiers siècles de notre ère, trop proches de la sérénité antique pour concevoir la Rédemption possible seulement au prix de la Divine-Douleur. […] L’époque était arrivée où les Catacombes allaient perdre leur mystère, leur utilité tabernaculaire, et s’ouvrir à l’activité des siècles nouveaux. […] Il y aura, au Moyen-Âge, une curieuse interprétation de l’arbor decora et fulgida, xiie et xiiie siècles.
Ils en sont plutôt les successives explications, déterminations et organisations, acceptées ou non, soutenues ou attaquées au cours des siècles. […] Ce sera encore l’avenir de la religion chrétienne, pendant des siècles dont il n’est pas facile de prévoir le nombre. […] Le siècle présent, qui a étudié et critiqué d’une façon extraordinaire la religion en général, et la religion chrétienne en particulier, a été le plus sceptique pour la dogmatique chrétienne dans ses diverses confessions, le plus attentif à travailler pour la charité, la bonté, la justice, la pitié, selon les commandements enseignés et pratiqués par Jésus.
Le caractère principal de ce romantisme, loin d’être dans l’opulence logique, dans le geste seigneurial des grands romantiques français du siècle dernier, est tout entier dans la pensée trop aiguë et par cela même trop inquiète de l’artiste. […] Jusqu’à toi, le long des siècles, j’arrive. […] La vieille légende très romantique qui entourait la mort de Pétrarque, et qui a perpétué, de siècle en siècle, la vision du poète mort dans la solitude de son cabinet de travail, la tête sur un volume d’Homère, vient d’être détruite par la critique scientifique moderne.
On sait quelle importance Voltaire attribuait aux lettres, à la philosophie et aux beaux-arts dans le développement historique d’un peuple, dans le tableau général d’une époque ; il leur avait consacré, dans son Siècle de Louis XIV et dans son Essai sur les mœurs plusieurs chapitres spéciaux qui sont parmi les plus neufs et les plus personnels des deux livres. Sa curiosité ne se limitait pas aux écrivains ou aux artistes de son pays et de son siècle ; mais il avait sur les littératures étrangères une érudition et une compétence vraiment rares en ce temps-là, une connaissance directe des textes qu’il contrôlait ou fortifiait, toutes les fois qu’il pouvait le faire, par l’expérience et le goût de ses amis ou de ses correspondants étrangers. […] Je me contentai de lui dire que si ces grands hommes ne méritaient pas l’estime de tous ceux qui les étudient, il y a longtemps qu’ils seraient descendus du haut rang où l’approbation des siècles les a placés. […] En un siècle qui surpassa presque le nôtre dans l’engouement pour les littératures étrangères et le culte des raretés exotiques, Voltaire fut pour Goldoni ce que tel de nos critiques autorisés fut pour G. d’Annunzio ou M. […] Peut-être, dans les mondes si divers qu’il avait traversés et où il avait hâtivement cherché à se polir et à se façonner, n’avait-il pas eu l’occasion de rencontrer souvent une qualité sur laquelle le siècle commençait à se montrer difficile, le tact.
Après trois siècles, une œuvre inconnue autant qu’illustre vient d’être exhumée de la poussière des bibliothèques. […] L’opposition très nette qui se voit aujourd’hui entre les Français du Nord et les Français du Midi existait plusieurs siècles avant la conquête romaine. […] La période organique où s’élabore la personnalité de la France embrasse une énorme série de siècles d’influences terriennes accumulées. […] La Gaule ne produisit, même dans les premiers siècles de la conquête, presque aucune littérature laïque ; les poètes, les orateurs sont chrétiens. […] Dès le onzième siècle, les gens d’Église mettent en circulation des mots, tels que : innocent, incompréhensibles pour le peuple.
Le lettré studieux, tout épris de la grandeur de l’ancien Latium, l’érudit qui s’était assimilé les façons naïves, gracieuses et énergiques de nos poètes primitifs du treizième et du quatorzième siècles, dès les origines jusqu’au dolce stil novo, et après jusqu’à la fraîcheur polizianesque de la Renaissance, devait se servir de la forme empruntée à l’ancien classicisme pour interpréter dans ses vers tous les besoins, les aspirations, les revendications, les douleurs, les espoirs de son temps. […] Carducci n’appartient pas aux poètes universels, tels que, dans ce siècle, notre Leopardi, et, encore, Byron, Goethe, de Musset, Lamartine. […] Le poète se plaisait à voir personnifié dans ce marbre un grand espoir des siècles. […] Çà et là, enfin, on constate des phénomènes sociaux et psychologiques qu’on aurait crus tout à fait impossibles dans une civilisation comme la nôtre et qui cependant réapparaissent, comme un réveil inattendu des siècles passés.
— Sa gloire chaque jour s’augmente d’un rayon ; déjà il nomme son siècle, demain il nommera son art ; ensuite il nommera l’apogée de l’intelligence humaine. […] Un Cecco d’Ascoli monte sur le bûcher en 1328, mais un siècle après, Gemiste Pléthon, le restaurateur du polythéisme, siège parmi les pères du concile de Florence. […] « Elle est fille du temps (18) » : Léonard se rend bien compte qu’il a fallu la succession des siècles pour que l’expérience devînt la lumière. […] On ne peut pas encore imiter les anciens comme on le fera trop au siècle suivant. Alors la contemplation des chefs-d’œuvre retrouvés fixera le goût pour plusieurs siècles.
Son style est une synthèse des païens et des chrétiens, des beaux siècles de l’Hellade et de Florence ; c’est un point d’arrêt, ce n’est pas une promesse d’avenir. […] Il s’empare, par exemple, des mémorables indications données par l’ami de Scipion l’Africain sur le capitalisme qui se développa dans la première moitié du second siècle avant J. […] Ferrero en arrive à cette conclusion que « Lucullus pourrait être défini le Napoléon du dernier siècle de la République ». […] Or il est bon après un quart de siècle de voir ce que ce mouvement a donné. […] Elle sera métaphysique, après avoir été, dans les siècles, anecdotique d’abord, puis historique.
Elles sont adressées à de très proches parents, à des amis d’enfance, à David Strauss, déjà célèbre par la publication de sa Vie de Jésus, au poète Mœrike, à tous ces braves gens qui formaient l’élite de la société wurtembergeoise dans la première moitié du siècle dernier. […] L’athéisme de ce poète n’est que la révolte moderne contre l’éloignement de l’homme de sa mâle puissance que les siècles chrétiens ont assujettie aux désordres terrifiés de la vie intérieure. […] La vie moderne — dit le poète dans sa lumineuse préface — multiforme, tumultueuse, admirable surtout par son ampleur plutôt que par sa concentration, puissante pas autant par la divination de ses énergies singulières que par le concours de toutes les énergies dans un effort immense, trouve son image parfaite dans la Ville… Et il écrit : L’ombre d’un grand siècle aux chants épiques, éclairée d’un étincellement d’or, se soulève à nouveau avec son trésor royal, devant moi, avec ses enseignes et ses armes.
Les Ombriens sont dans l’école italienne des xive et xve siècles ceux qui étaient désignés pour être les peintres de la Vierge. […] Ojetti en présence des Pyramides et de leurs quarante siècles. […] Dom Guéranger : Sainte Cécile et la société romaine aux deux premiers siècles, V. […] Mais cela n’intéresse pas l’âme, pour laquelle les siècles futurs passeront en vain. […] Au surplus Lorenzo Bernini, le Cavalier, est jugé depuis longtemps et il ne reste que comme une figure amusante, indispensable, essentielle à cette seconde moitié de siècle.
Alors comme maintenant, au seuil de ces deux siècles successifs on peut retrouver les mêmes malaises. […] En tout cas, ces remarques nécessaires sur les siècles écoulés ne font qu’améliorer mon identification à deux points de vue. […] On demeure vraiment stupéfait devant la jeunesse éternelle et la savoureuse verdeur de cet ouvrage d’un vieillard et dont près de trois siècles nous séparent. […] Cette transposition de la peinture en chair, de la personnification vivante d’une femme sortant du cadre pour vagabonder dans le siècle quelques siècles après sa naissance dans les arts est une amusante supposition. […] Le siècle des photographes est le plus vilain de tous les temps.
Toutes les âmes généreuses désirent avec ardeur la résurrection de la Grèce ; mais on obtiendrait quelque chose de semblable aux États-Unis d’Amérique, et non le siècle de Périclès. […] Verga (Le Siècle, 19 août) R. de Bury [Remy de Gourmont]. […] Elle s’est unifiée à l’heure même où l’Allemagne conquérait, elle aussi, son unité nationale, et pourtant, pendant plus d’un quart de siècle, elle n’a donné que de médiocres signes de son activité. […] Pendant des siècles, les prêtres et les princes se sont entendus pour soustraire la foule à la plus rudimentaire instruction. […] Elle rappelle un peu, à cet égard, l’aristocratie française après la Révolution, ou l’aristocratie anglaise vers le milieu du siècle dernier après la grande lutte économique de la « Corn-Law ».
Il est une science singulière, très oubliée aujourd’hui, mais très pratiquée au siècle dernier : c’est la cabale. […] Ce sont les trois seules évasions des Plombs connues en un siècle et demi. […] Mais l’aspect de ce grenier n’est plus celui du siècle passé. […] Si personne n’y est allé faire ce travail, depuis un siècle et demi que l’eau tombe dans les greniers, les planchers en doivent être dans un joli état ! […] Ce qui apparente le mieux son inspiration à celle de tous les grands poètes est la puissance de la vision, la multiplicité lyrique des groupements des êtres, des siècles et des mondes.
[…] Le jour où on connaîtra Josquin, Palestrina, qui eut la chance d’avoir un joli nom, ne pèsera plus lourd dans la balance, et, quand on publiera Frescobaldi, ce sera une stupéfaction qu’il ait précédé Bach de tout un siècle. […] Lettres anglaises. […] Depuis des siècles elle possédait deux œuvres remarquables de la Renaissance italienne : une charmante Nativité de Benedetto Ghirlandajo, et une toile plus admirable encore : un Saint Sébastien de Mantegna. […] Cette constatation pourra servir un jour d’appendice au cours de littérature méditerranéenne poursuivi par quelques écrivains français à l’Université Nouvelle de Bruxelles, et consacré à « l’identité évolutive de la littérature française et de la littérature italienne à travers les siècles »… Échos. […] La « confraternité de la guardugna » — c’est-à-dire de la rapine — était une société de malfaiteurs, qui existait dès l’année 1487, et qui, sous des formes ou des noms divers, a survécu en Espagne pendant cinq siècles environ.
Tout le Raphaël admiré, le Raphaël de la période académique est, mais surtout fut, déplorable ; sous son influence prépondérante l’art s’est glacé dans une formule pas bien supérieure à celle des Byzantins, quoique plus compliquée ; influence pareille à celle de Racine sur la poésie française, qui eut pour conséquence un siècle entier de stérilité. […] Bouguereau, un jour qu’on lui demandait son opinion sur tels peintres nouveaux, répondit : « Si l’on admettait leurs principes, il faudrait se résigner à réinventer la peinture tous les siècles ! » Et même deux fois par siècle, comme la poésie, comme tout. […] Grâce aux journaux, l’Allemand et l’Italien (depuis peu) se partagent la vieille haine populaire, mais, comme le répétait déjà si volontiers Robert Wace il y a un peu plus de sept siècles (la langue française n’est pas toute jeune) : E li Engleis bien se deffendent.
Cette question — à l’appui de toutes les théories apprises dès l’enfance et rabâchées durant la vie entière — paraissait des plus embarrassantes aux hommes de ce siècle commençant, qui, épris de perfection (un mot), ne pouvant la trouver nulle part, crurent bon, afin de suivre plus directement un but, de déduire sur la forme la plus antique contentant leur raison et de condamner tout le reste comme nuisible et avorté1. […] Baudelaire, — le premier et le seul critique d’art de ce siècle — disait : « Décidément, je ne puis m’arrêter à aucune esthétique, le tout consistant à sentir ». […] Et voilà cependant ce que vous apprennent tous les manuels écrits depuis trois siècles…
Les faits historiques, et les attitudes intellectuelles des siècles suivants, l’ont prouvé et le prouvent. […] On la prend pour modèle ; il semble que l’on renoue une tradition ancienne, perdue durant des siècles. […] Saint François est mort depuis deux siècles seulement, et les ordres sont pleins d’ambitieux, de fainéants, de vauriens et de gens qu’on y a séquestrés de force. […] La Passion de Sordevolo s’est enrichie dans les siècles d’une certaine quantité d’« élément comique » qui déride la foule. […] Leur Patriarche, qui domine de si haut les siècles, passait des nuits en prière, les bras étendus, sur les sommets du Cassin.
Je me suis approché ; à peine m’a-t-il vu, il a fermé son livre, m’a pris le bras et s’est mis à me dire : « Je connais depuis des siècles ce petit livre : c’est la Bible, et je la relis de temps en temps quand j’ai besoin de me remettre de bonne humeur. […] Moi, qui depuis des siècles et des siècles parcours le monde, à qui ma solitude a appris à méditer ; moi qui suis devenu comme Œdipe errant, déchiffreur d’énigmes et philosophe tragique, je vois bien quel enseignement ressort de ta lamentable histoire. […] Mes deux moi allaient par les rues mal pavées, dans le silence qui régnait depuis longtemps dans la petite capitale — un silence qui datait du siècle dix-huitième… — et causaient ensemble sans se lasser, cherchant à se rappeler les choses qu’ils virent, les hommes qu’il connurent, les sentiments qui les agitèrent, les songes qui laissèrent un goût amer dans leurs esprits.
Il me semble probable que si notre civilisation continue à se développer, comme elle le fait depuis un siècle, — ce qui du reste n’est pas certain, — les doctrines qui servent aujourd’hui à créer la mentalité des masses deviendront trop simples pour le rôle que les masses populaires semblent destinées à jouer. Il ne suffira plus, évidemment, comme il suffisait il y a deux siècles, d’apprendre au paysan et à l’ouvrier qu’il ne faut ni tuer ni voler.
Dans un siècle où les femmes, suivant l’observation de Galiani, aiment plus avec la tête qu’avec le cœur, où l’amour est surtout une curiosité de l’esprit, un libertinage de la pensée, où la vanité sert de prétexte aux plus gros scandales, et où les Richelieu rencontrent moins de cruelles que les Chérubin, cette séduction irrésistible qui s’attache à l’homme pour le prestige de ses aventures passées, pour le renom bon ou mauvais dont il est précédé, pour l’audace, l’imprévu, et quelquefois même l’impudence de ses actes, a été pour Casanova la cause la plus durable de ses succès féminins. […] Louis Bréhier dans un article sur “la conception du pouvoir impérial en Orient pendant les trois premiers siècles de l’ère chrétienne19”, révèlent la conservation en Orient d’un usage essentiellement monarchique et contraire au droit public des Romains, celui du serment de fidélité exigé des populations à l’avènement d’un nouvel empereur. […] Mais ceci n’était pas facile dans la Rome d’alors, avec une aristocratie sans zèle civique (comme l’aristocratie française après la Révolution, ou l’aristocratie anglaise après la révolution économique du milieu du siècle dernier) et un Sénat trop oublieux de sa souveraineté. […] Elle mettra deux siècles à se développer.
Malheureusement lorsqu’il aborda ses figures principales, d’Annunzio ne put maintenir cette même envergure : son Paolo est mou et gauche : sa Francesca doit être née aux environs de notre siècle ; elle a toute l’allure d’une femme névrotique et vicieuse, tandis que Paolo semble un de ces libertins cérébraux qui séduisent une dame pour se pavaner avec les amis du cercle. […] « Acceptons cette nécessité et félicitons-nous d’avoir pour prédécesseurs qui commandent notre destinée, au lieu d’Arméniens persécutés à travers les siècles, les Français vers qui toujours se tournèrent les victimes. […] Notre confrère y étudie Santi comme peintre et comme architecte, décrit les peintures du Vatican et les tapisseries exécutées d’après des cartons, puis les fresques disséminées dans diverses chapelles, le tout dans un style extrêmement pur qui garde un parfum du grand siècle. […] Ce puritanisme contribue plutôt à donner une image inexacte de ces siècles admirables où la liberté du langage égalait la liberté des mœurs. […] Et cela est juste ; il fallut, en effet, pour le produire les forces entières de tous les temps condensés en un siècle, et c’est par une fiction qu’elles parurent se réduire au geste d’une seule main.
Mais choisir un domaine aussi vaste que l’art italien en ses manifestations multiples durant quatre siècles, lorsque tant de villes ont été des centres de civilisation et les foyers distincts d’où rayonnèrent les arts dont notre civilisation occidentale est encore glorieuse ; acquérir une connaissance si certaine des artistes, de leur temps, de leurs œuvres, du mouvement qu’ils créèrent ou subirent, — qu’on mérite d’être consulté comme leur meilleur interprète, c’est plus que de la spécialisation ; c’est le travail d’un esprit étendu autant que lucide, heureux de comparer et de comprendre, — le propre d’une intelligence dont le commerce sera non seulement agréable toujours, mais susceptible encore de nous profiter. […] Weichardt, toutefois, a utilisé tout ce qu’il a pu réunir de renseignements historiques et archéologiques sur Capri, et sa restauration nous donne une idée probablement très juste de ce qu’était l’île à l’époque romaine, — couverte de palais, de villas, de villes et de jardins, et dominée par le palais de Tibère, la « villa Jovis », où, nous apprend Suétone, l’empereur s’amusait si délicatement avec « ses petits poissons ». — Les restes du palais de Tibère constituent les plus importantes ruines de Capri, — dont le niveau au-dessus de la mer a fort varié au cours des siècles, d’abord plus élevé, s’enfonçant ensuite pour se relever partiellement, si bien que des édifices romains qui bordaient le rivage sont restés recouverts par 6 m. d’eau. […] Weichardt, l’art romain que tant de froides et maladroites imitations depuis trois siècles nous avaient fait prendre en horreur. — Aussi bien, le souvenir de Tibère pèse aujourd’hui encore sur l’île ensoleillée. […] Il y a dans son attitude quelque chose de l’Alighieri ; du Divin Poète, il a l’altière éloquence qui flagelle et la seconde vue, don cruel et terrible, qui permet de descendre dans l’enfer du siècle. […] D’Aurevilly a décrit tous les délices des sens, il est entré dans la forêt des vices, il s’est fait l’historien du mal : mais en somme son œuvre est celle d’un moraliste, qui a éclairé d’une tragique lumière la corruption de son siècle… » Si l’on trouve exagéré l’enthousiasme du critique italien, on conviendra peut-être cependant qu’il est plus raisonnable et plus équitable que la froideur de nos professeurs de littérature devant l’auteur inimitable, après tout — des Diaboliques.
Trois œuvres qui conduisent au siècle de Stanislas, au capucin Benoît-Picard, au bénédictin Dom Calmet, à Hugo abbé d’Étival, à Guibal et à Cyfflé, à Héré et à Jean Lamour. […] Le Piranèse fleurira mieux l’écroulement de la Trajane et le chevet de Santa-Maria-di-Loreto ; mais il faut, pour retrouver la magie de la toile du Lorrain, franchir des siècles, passer dans la Galerie Française, et chercher le petit Corot italien. […] Gelli, dont l’autorité en matière chevaleresque est universellement reconnue en Italie, a rédigé ce livre curieux, où il raconte avec leurs détails tous les duels à mort de ce siècle, depuis 1801 jusqu’en juin 1899. […] Barrès à ses préoccupations politiques, il retrouvât, pour plaider la défense de Venise, le grand talent qu’il dépensa à en décrire la merveille : « Une ville qui, de siècle en siècle, a gardé jusqu’à nous le privilège d’une splendeur souveraine, ne peut sans déchéance, sans même une sorte d’inhumanité, songer à autre chose qu’à sa conservation. […] — L’exposition centennale, remarquable à plus d’un titre, n’a pas cru devoir admettre la seule chose que l’architecture du siècle ait à son actif : la conservation de quelques monuments des siècles antérieurs.
Qui aurait dit qu’un mot, qui se détache dans cette grisaille de considérations académiques, le mot « singularité » appliqué au site de Venise, serait devenu, au bout d’un siècle, à l’issue des accroissements de l’érudition et des apports de la couleur, le thème fécond, varié, inépuisable du charmant livre que voici : L’âme est hilare, remarque à son tour, de Venise, M. […] Où trouver ailleurs, et dans quel autre temps, un spectacle comme celui de cette immense création millénaire, Venise, de cette histoire qui, le long des siècles, accumule toutes les gloires, toutes les somptuosités, toutes les tragédies, pour finir… en un éclat de rire ; qui fait servir les matériaux inouïs d’une civilisation qu’un effort titanesque étendit sur tout l’Orient… à l’ornement du carnaval où s’acheva la vie de la « cité joyeuse » ?
Expert exagéra en évoquant à son propos Mozart, deux siècles écoulés n’ont point marqué sa fraîcheur d’une ride. […] De ces siècles, il ne subsiste guère, comme témoignages importants, que quelques sarcophages chrétiens, de caractère fortement classique, et les merveilles byzantines de Ravenne. […] Combien de siècles a-t-il fallu pour que la doctrine blasonnée sous les traces du sphinx revêtît sa forme parfaite ? […] Je me croyais sous terre comme sous les quatorze siècles qui ont enfoncé cette église dans le temps, et qui s’y soutient inébranlable. […] Depuis quelques siècles, la Musique s’est affirmée comme l’art suprême, en continuelle et toujours étonnante évolution ; depuis un siècle environ les philosophes en reconnaissent la puissance idéologique et sa suprématie dans tout le dynamisme spirituel du monde.
L’apparence d’une dissolution, dans les pays d’Europe, vient du fait que le christianisme, durant le cours de plusieurs siècles, s’est resserré en un dogmatisme jaloux et intolérant, se retranchant hors des progrès de la pensée et de l’esprit humain. […] 1° Le sentiment religieux varie fort peu d’un siècle à un autre.
Sous ce voile se conservent les vérités qui seront complètement démontrées à la fin des siècles… J’irai jusqu’à avancer que la théologie n’est rien qu’une poésie de Dieu et une fiction poétique… Non seulement la poésie est théologie, mais encore la théologie est poésie. » Est-ce assez clair ? […] Et tous les trois, chacun à sa manière, ont été ce que nous savons qu’a été le plus fameux — et d’ailleurs le plus grand — d’entre eux : et leurs compatriotes l’ont bien senti qui depuis des siècles ont pris l’habitude d’appeler chacun d’eux leur « Angelico ». […] Après avoir été considéré comme divin pendant quelques siècles, quelques critiques ont osé ébranler un peu cette divinité.
Il serait sans doute curieux de rechercher combien, parmi nos conteurs et nos romanciers du siècle dernier, ont lu avec profit les Mémoires de Casanova : ces confidences longues et précises d’une vie toute de fantaisie et d’intrigue semblent faites pour solliciter la verve, et, au besoin, éveiller l’inspiration des écrivains en quête de documents humains. […] Il ne serait pas difficile de suivre à travers les livres de Pierre Louÿs la trace de l’influence que ce siècle païen, sensuel et libertin a exercée sur le plus parfait de nos conteurs.
Sphinx de beauté qui souris si mystérieusement dans le cadre de Léonard de Vinci et sembles proposer à l’admiration des siècles une énigme qu’ils n’ont pas encore résolue, un attrait invincible ramène toujours vers toi ! […] Notre plus grand poète de la deuxième moitié du siècle dernier — Carducci — était le représentant de la réaction classique et traditionaliste contre les derniers romantiques. […] § La révolution accomplie par le chevalier Gluck, il y a un siècle et demi, n’a pas été aussi spontanée que l’ont cru longtemps les historiens de notre musique. […] Certes, ce curieux personnage doit en avoir sa part, mais les idées qu’il a émises à diverses reprisés, dans des écrits peu connus, n’étaient pas absolument neuves : c’étaient en somme les idées de son temps ; elles flottaient dans l’air, et nous les trouvons exprimées, vers le milieu du siècle, par Scheibe à Hambourg, comme par le comte Algarotti à Naples et par nos Encyclopédistes à Paris. […] Si quelqu’un traitait à fond « le cas d’Annunzio », il lui faudrait expliquer la gloire mondiale de cet artiste d’une valeur indiscutable, par le fait qu’il est le plus sensible et fidèle miroir où se réfléchisse notre jeune siècle ahurissant.
Allard recèlent de très remarquables notices sur la Philosophie antique et l’esclavage ; sur les Archives et la Bibliothèque pontificales aux premiers siècles ; sur la maison romaine du ive siècle découverte et déblayée sur le Cælius par le P. […] Le peintre qui a fixé pour la suite des siècles le type extérieur du Christ nous y était présenté comme un hardi spéculateur, traitant légèrement les croyances d’autrui, et mettant la philosophie au-dessus du christianisme. […] Barbiera, érudit italien, dans son livre récent Figures et figurines du siècle qui meurt. […] Cependant il garda jusqu’au siècle dernier des adorateurs assez fervents pour parsemer religieusement de fleurs à chaque anniversaire de sa mort l’endroit où s’était élevé son bûcher. […] — L’ouvrage de Villari dispense de lire la plupart des études très nombreuses écrites en ce siècle sur le prédicateur dominicain.
Il y a un quart de siècle, le sentiment national était plutôt faible, en Italie. […] Ce recueil nous montre, entre autres, qu’aux xviie et xviiie siècles, les voyageurs français étaient plus intelligemment curieux qu’aujourd’hui. […] s’exclamait Pietro da Ebolo, un siècle avant la tedesca rabbia de Dante), jusqu’aux invectives enflammées de Carducci… Variations amusantes de rhétoriciens ! […] Corradini, il faut, quand c’est nécessaire, savoir atteindre, au-delà de la mort, un but caché dans l’ombre des siècles futurs. Voilà où est la vertu de l’homme, et la puissance de la vie apparaît seulement en ces vastes constructions d’humanité organisée qui durent des siècles et qui s’appellent des nations.
Dans une note il se demande comment Nietzsche a pu être amené à appeler le spirituel napolitain « l’homme le plus malpropre de son siècle ».
Lorsque je réfléchis aux événements de politique religieuse sur lesquels vous rappelez mon attention, et que je les compare à ceux des siècles qui nous ont précédés, mon esprit ne peut y apercevoir que des manifestations constantes, quoique diverses, de la vitalité du sentiment religieux, qui se révèle particulièrement dans la lutte.
Très renommée en son temps, où l’érudition n’avait pas encore fait de tels progrès qu’on sût distinguer entre les originaux de l’art grec et les copies des premiers siècles de l’ère chrétienne, cette réunion d’œuvres, provenant principalement d’Herculanum, de Pompéi ou de l’Italie méridionale, valait surtout par la quantité. […] Fortunio Liceti, « l’un des plus célèbres philosophes de notre siècle et l’un des plus laborieux écrivains de la République des lettres », était né avant terme pendant un voyage de ses parents sur la côte de Gênes, le 31 octobre 1577. […] Ce tableau est depuis plusieurs siècles en Espagne et orne le musée du Prado. […] Le premier pâtissier, un Suisse, n’y parut qu’un siècle après. […] Il y a aussi des fresques du xve et du xvie siècles.
Jules II avait tour à tour aimé, exalté et humilié Michel-Ange, dans lequel il ne reconnaissait qu’un instrument pouvant lui servir, à côté de Bramante et de Raphaël, à élever aux plus hauts sommets son ambition, et à la faire rayonner sur son siècle, qu’il attaquait avec une inapaisable fureur guerrière.
Tromper à ce point la postérité, nous faire prendre jusqu’à la fin des siècles pour « le témoin indigné de la vertu offensée » les élucubrations factices d’un ingénieux truqueur, — ce rôle, paraît-il, tenta Pogge, l’auteur des Facéties.
Le ve et le xe siècles sont dépassés, car ils furent, ces deux vieux siècles apocalyptiques, malgré la virulence de leur esprit d’extermination, beaucoup plus vides de moyens de destruction et de mort que ne l’est le nôtre, notre maudit et exécrable siècle scientifique, qui ne compensait la férocité de son esprit d’usine et d’industrie que par les pitoyables, les vaines, les paresseuses illusions métaphysico-humanitaires d’un ramassis d’abstracteurs de quintessence sociale ! […] Certes, Arminius a pris un essor formidable, dans les cinquante dernières années du siècle précédent, et, pendant quelque temps, il sembla qu’il n’y eût plus de place que pour lui sous les cieux azurés ou voilés de brumes, et que sa suprématie militaire, sa richesse commerciale et industrielle, son prestige scientifique s’imposassent à tous, incomparables et écrasants. […] Qu’elles étaient à plaindre ces matrones romaines des premiers siècles, pour lesquelles l’usage du vin constituait un délit capital, au point que lorsque l’une d’elles en avait bu, son époux pouvait la tuer, sans encourir ni un châtiment ni un blâme ! […] C’est pourquoi Votre Seigneurie, lumière de notre siècle, unique au monde, ne peut se satisfaire de l’œuvre d’aucun autre, puisqu’il n’a ni semblable, ni égal. […] Aucun pays n’a été, à travers les siècles, l’objet de tant d’amour.
Il a nié la nécromancie et méprisé la hâblerie des spirites du xve siècle, mais il a su mettre sa propre intelligence dans ses figures et y incarner sa pensée infiniment subtile pour l’admiration et l’éblouissement des siècles. […] Devenu la force à son tour, le christianisme persécuta longuement et savamment ses ennemis ; vaincu après des siècles de domination, il a légué sa manie à une force nouvelle, née, comme lui, de l’évangile, la Révolution. […] Remarquons ensuite une tentative de sujet historique, une page sombre, d’une horreur et d’une grandiloquence proches, tout à la fois, de certaines pièces de la Légende des siècles et de certaines imaginations de Barbey d’Aurevilly.
Qu’auraient laissé depuis quatre ou cinq siècles les plus puissants entre les puissants, Buonarotti, Donatello, Ghiberti, Houdon, Rude, Carpeaux, sans leurs directes ascendances ?