Ludovic fut le type le plus parfait du « Prince » de la Renaissance. Il eut au plus haut degré tous les attributs d’orgueilleuse perversité, de suprême sagesse, indifférente à tous les détails de la vie et de la mort du bétail humain, d’amour de la vie et de volonté à tout moment plus forte que le sort, que Machiavel invoqua pour le parfait Prince. […] Plus que le duc de Valentinois, épris lui aussi d’un grand rêve de domination impériale, âpre dans les plaisirs, puissant dans la guerre sans merci, Ludovic fut le « Prince » parfait de ces heureux temps, où la seule joie de vivre, d’un tout petit souverain, et peut-être de tout homme qui en commandait quelques autres, faisait un César.
A-t-il vraiment joué dans la vie de d’Annunzio le rôle parfait que le frère idéal joue dans le roman ? […] Sa « critique idéative » tend à déclarer qu’il existe une « équation parfaite entre le suprême spiritualisme et la suprême énergie ». […] Les trois parties de ce roman, qui est tout développé selon la norme parfaite de sa logique ternaire, préparent l’homme de science, et le montrent tout aguerri pour sa réalisation.
Il ose retrouver dans l’harmonie d’une humanité parfaite le symbole de Dieu lui-même. […] Quelle mère orgueilleuse pourra crier avec la matière : « Mon ventre a créé un être plus parfait en Beauté que celui jailli du cerveau du génie ? […] Élevons-nous jusqu’à la notion la plus parfaite de la Divinité ; aimons, désirons, comprenons et possédons l’Harmonie. Bâtissons un temple à la Beauté, la Beauté éternelle, immuable, qui vivifie et déifie la nature entière, à la Beauté, qui se manifeste depuis la plante, élevant vers le ciel, comme une prière, le rythme de ses feuilles, jusqu’à la créature humaine la plus parfaite, car il y a autre chose que l’aspect extérieur dans la nature, la lettre est animée du souffle de l’Esprit. […] Combien d’autres, peignant à l’huile ou à l’eau, si doués fussent-ils en apparence, n’ont su donner, par le pinceau, que des à peu près d’expressions, — qui eussent plus fidèlement traduit leurs visions s’ils ne se fussent butés contre une surface plane rebelle malgré tous procédés, malgré toute technique, aux enfoncements, aux dépressions, aux perspectives parfaites ?
Schuré substitue à l’individu le couple, qui agit comme une forme parfaite au centre même du drame. […] Il a été le type parfait du révolté intellectuel. […] L’œuvre parfaite accomplie par MM. […] Marcel Raymond sur Verrocchio est le type parfait des monographies d’artistes. […] L’évocation est parfaite.
Parfois, la parfaite harmonie entre les passions et les réalisations d’un peuple exubérant de puissance qui se révèle dans les siècles où une civilisation atteint son apogée, engendre le Poète qui ne contredit pas la multitude, mais la continue en la maintenant dans l’exaltation, ainsi que pour la vie antique occidentale le firent Pindare et Horace. […] Il écrivit l’Hymne à Satan, qui, s’il n’est pas esthétiquement parfait, ni d’une pensée très profonde ni d’un style très noble, est cependant un des documents les plus importants de l’esprit philosophique du monde dans la seconde moitié du xixe siècle, et se développe puissamment le long d’une ligne d’inspiration sûre et émouvante. […] Un autre, Pascoli, qui l’année dernière a remplacé Carducci à la chaire de Bologne, est beaucoup plus dégagé, est plus personnel, et, dans l’esprit synthétique de sa belle œuvre, il est différent du Maître, il n’est pas un parfait disciple. […] La nouvelle tragédie méditerranéenne, où tous nos dieux apparaîtront dans la lumière, où la pensée humaine, art, philosophie et science, se sublime dans ses teintes d’aurore nouvelle, où le corps et l’âme, le paganisme et le christianisme, la Danse et l’Extase, seront réconciliés, et dans leur parfaite harmonie montreront encore au monde la puissance joyeuse de la vie, se compose déjà peu à peu, dans notre inconscient, des éléments qui, de tous les pays méditerranéens en réveil, élèvent leurs voix de renaissance, et que, comme autrefois à Athènes et à Rome, on sent palpiter dans une formidable synthèse, à Paris, l’antique Civitas philosophorum, centre du monde méditerranéen moderne.
Parmi tant de polémistes, vieux et jeunes, il y a sans doute des sincères, révoltés contre d’Annunzio, qui, dans le discours déjà fameux, non seulement a déclaré qu’il veut être et qu’il sait être le maître absolu de la littérature italienne, mais qui a affirmé aussi que depuis la Divine Comédie l’Italie n’a eu aucun poème de « vie totale » aussi parfait que son recueil Laus Vitæ. […] Tito Marrone, l’Orestie d’Eschyle, et accompli le miracle de la faire jouer intégralement à Rome, nous présente avec Roi Lear une œuvre parfaite.
Toutes les impressions littéraires que Voltaire et Casanova échangèrent ne témoignent pas, à beaucoup près, d’une entente aussi parfaite. […] La Nave est sans doute la plus parfaite tragédie vraiment « méditerranéene » que le théâtre de nos jours ait produite. […] Sfinge aussi crée un type de parfaite volonté de liberté.
Je ne sais s’il est possible de voir quelque chose de plus parfait et d’aussi attrayant que ces deux livres : Medici (Lorenzo di). […] Ce type apparaît avec une évidence parfaite quand le maître se laisse aller à dessiner des figures idéales… On ne pourrait pas connaître l’auteur d’un portrait si l’on ne voyait ce que nous appelons l’air de famille des visages qu’un peintre a reproduit. […] Je n’ose pas affirmer que le recueil soit absolument parfait ; à côté des nouvelles soigneusement travaillées avec une empreinte aristocratique d’art, on rencontre quelques scènes négligées, que la hâte et l’insouciance gâtèrent. […] Certes, l’attitude a une parfaite modestie, l’œil est limpide, — mais il nous regarde ; la main gauche de Marie tient à l’épaule l’enfant nu : les mains maternelles sont chargées de l’enfant, le regard lui est étranger. […] Et les deux têtes rapprochées, tendant l’une vers l’autre, protégée, protectrice, font une parfaite harmonie.
La langue en est parfaite. […] Mais il faut isoler la tragédie qui enveloppe les chœurs des trois actes : elle est parfaite. […] Sans aucun effort, avec une aisance parfaite, Mme Eleonora Duse vit les personnages les plus divers. […] La tragédie de d’Annunzio est écrite en vers, en vers d’un rythme libre et parfait. […] En plus de la connaissance parfaite, rare, de la langue de l’Arioste, et la plus adéquate compréhension du Poète héroïque, M.
C’était un ange qui figure la noblesse et qui dit aux Marie, c’est-à-dire aux Épicuriens, aux Stoïciens et aux Péripatéticiens : « Quiconque va cherchant sa béatitude suprême dans la vie active ne l’y trouvera pas ; même dans le cercle des vertus morales et intellectuelles, nous ne trouverons pas la béatitude parfaite. » XIX. — La noblesse opère diversement, selon les âges ou saisons humaines. […] Il faut qu’un pur, un parfait, un ingénu vienne le guérir et le remplacer dans sa fonction.
Il a certainement évolué depuis les origines de l’humanité : la conscience d’une réalité surhumaine incarnant la beauté morale parfaite et suprême, l’aspiration à cette réalité conçue comme amour et intelligence, ont pris le dessus sur la terreur qu’on trouve à l’origine des religions, en la transformant en crainte filiale. […] Le Pape n’est guidé que par des motifs religieux, et pourtant son œuvre actuelle paraît, au point de vue scientifique, ce qu’il y a de plus parfait pour réserver l’avenir à la religion catholique.
On comprend et il est parfait que notre Opéra, en embarras d’un répertoire, ait repris cet ouvrage dont deux bons tiers n’ont musicalement rien à redouter du temps. […] Toute réalité étant parfaite, comme disait Spinoza, je ne vois pas ce que l’artiste pourrait faire de mieux, si son effort tendait vers cette perfection, sinon de renoncer à l’art. […] Autrefois il a offert à l’admiration des connaisseurs des poèmes presque parfaits au point de vue de la technique. […] Barzini est d’ailleurs le type parfait du correspondant de guerre. […] Leur foi indéfectible dans la valeur d’un puissant matériel, dans la mise en œuvre de tous les moyens nouveaux et étranges auxquels l’industrie a donné le jour, leur assurait une parfaite sérénité.
Roccatagliata-Ceccardi, mais plus parfaite. […] Le devoir de l’art est de les rendre parfaites. […] … J’ai appris aussi à distinguer les qualités nécessaires à une œuvre pour qu’elle soit parfaite ! […] La volupté parfaite enchaîne l’âme aussi bien que le corps ! […] Son honnêteté est parfaite.
Celle qui portait glorieusement le nom de la Charpillon était alors dans toute la fraîcheur de sa dix-septième année : Ses cheveux étaient d’un beau châtain clair, et d’une longueur et d’un volume étonnants ; ses yeux bleus avaient à la fois la langueur naturelle à cette couleur et tout le brillant des yeux d’une Andalouse ; sa peau, légèrement rosée, était d’une blancheur éblouissante… Sa gorge était peut-être un peu petite, mais d’une forme parfaite ; elle avait les mains blanches et potelées, minces et un peu plus longues que ne le sont les mains ordinaires ; avec cela, le pied le plus mignon et cette démarche noble et gracieuse qui donne tant de charme à une femme ordinaire. […] Il ne serait pas difficile de suivre à travers les livres de Pierre Louÿs la trace de l’influence que ce siècle païen, sensuel et libertin a exercée sur le plus parfait de nos conteurs.
Pourquoi donc n’accomplis-tu pas une œuvre qui te donne, après le trépas, un air de vie parfaite, toi qui, vivant, deviens, par le sommeil, semblable aux tristes défunts ? […] Si la culture est le style, quel type parfait de culture que le pêcheur napolitain ! […] Il n’entreprit jamais d’immenses besognes comme Donatello ou Ghiberti, mais ce que nous avons de lui est parfait. […] Il n’en cherche pas de plus parfaits. […] Deux prières ne sont-elles pas une force parfaite ?
Gallo, était très occupé ailleurs comme ministre de l’Instruction publique, et il est probable que tout s’est passé dans le plus parfait sans-gêne, entre l’avocat et les manuscrits des auteurs. […] Fogazzaro, indépendant et personnel, est indéniablement un artiste : il fait vivre une quantité de types avec une aisance parfaite, quoique on puisse observer qu’il se plaît trop aux milieux restreints, aux figurines humbles, plaisantes, inoffensives, ce qui fait penser à un plateau chinois patiemment historié. […] Il connaît l’histoire de la langue française, de ses vicissitudes et de ses transformations, il a pénétré dans son essence et dans sa structure, et les mots lui obéissent immédiatement selon les nécessités de l’expression… » De l’accord parfait entre la noblesse et l’élévation de la pensée et la pure élégance d’une forme choisie, il ne pouvait naître que de supérieures œuvres d’art. […] L’esprit et la fougue valent mieux qu’une honorable et parfaite froideur.
Ce fut une révélation pour les artistes : les fragments de monuments et de statues qu’on retirait du sol témoignaient d’un art accompli, ayant résolu tous les problèmes techniques qui les préoccupaient et atteint une parfaite beauté d’expression. […] L’homme, séparé du parfait bien, ne peut jouir de la vie, n’étant pas maître de lui-même. […] Il sent qu’il a le même génie que ces artistes, il veut apprendre d’eux le mode d’expression le plus parfait, le plus réel, pour traduire sa propre vision. […] André Marty, elles sont parfaites de tous points et, bien qu’un peu plus petites que les originaux, en donnent l’idée la plus exacte, avec les mêmes teintes. […] Ce soir-là je fis le mascaron parfait, si bien que Son Excellence me prit pour compagnon.
Contraste parfait : Genève et Naples. 1813.)
Qu’un dramaturge tire de circonstances semblables une scène à effet sur le théâtre, rien de mieux ; qu’un romancier en fasse dans son livre un chapitre charmant, c’est parfait ; mais que l’histoire inscrive une stupidité aussi lourde chez un homme dont les fonctions sont obligatoires, sans y voir un aveuglement voulu et une complicité, c’est impossible. […] Malaguzzi-Valeri4, une salle nouvelle a été créée et inaugurée il y a quelques mois, qui réunit dans un arrangement extrêmement heureux et avec un goût parfait les vingt-cinq fresques que possède maintenant le musée. […] Je ne parlerai pas d’érudition… Ici elle est parfaite, neuve, puisée là où il faut aller la prendre, aux pures sources italiennes. […] Avec une clarté parfaite qui ne fait jamais défaut dans ce livre où d’immenses lectures sont souvent résumées, résolues, en quelques lignes, M. […] L’âme de Dante l’atteint, ayant parfait son amour.
Ceux que lui vaut sa mort ne sont pas, quoi que disent nos journaux dociles, d’une parfaite unanimité.
Broussolle demeure infiniment sensible malgré tout à la beauté pure, et qu’il possède sur le sujet traité les connaissances les plus étendues et une parfaite compétence. […] Combien de siècles a-t-il fallu pour que la doctrine blasonnée sous les traces du sphinx revêtît sa forme parfaite ? […] Astolphe, roi de Lombardie, joignait « aux fleurs de la jeunesse une si parfaite beauté » que les dames de sa cour n’avaient pas à faire effort pour l’aimer et le lui prouver. […] Il comprend la musique comme le paradigme parfait de l’harmonie universelle, ainsi que l’entendirent Schopenhauer et Schelling. […] Mais, pour que le symbole soit parlant, exact, il est nécessaire qu’il y ait analogie parfaite entre lui et la chose signifiée.
Il avait emporté de sa courte entrevue avec Aurora la certitude d’accomplir une œuvre parfaite. […] Sa pose : visage de trois quarts, était parfaite. […] Pendant le repas, Antonio fut d’une courtoisie parfaite, et assez gai. […] Ugo Stella-Lucente a, aujourd’hui, quatre-vingt-cinq ans, et jouit d’une parfaite santé. […] Vanni Marcoux toujours supérieur et, vraiment, parfait.
Rien n’est parfait : la tragédie même fait sourire, en ces temps de malveillance ! […] C’est de la perfection sans doute ; mais il ne manque pas de critiques pour oser préférer à la Duse actuelle la Duse de 1891, lorsqu’elle était moins parfaite.
La langue d’oil l’emporte ; pour sa facilité, elle peut revendiquer tout ce qui a été traduit et Arturi regis pulcherrimæ ambages ; la langue d’oc, plus parfaite et plus douce comme vulgaire éloquent ; la langue de si s’appuye davantage sur la grammaire commune. […] Ce n’est pas seulement de l’amour, mais un parfait amour qui doit m’animer et m’anime pour mon idiome.
c’est parfait ! […] Elle était là et en parfaite santé. […] Aucune contrainte visible, un parfait naturel. […] Il se montrait toujours avec moi d’une correction parfaite. […] Dans le lointain, on apercevait des montagnes parfaites.
Souvent l’expression de la beauté physique parait ici ou là être forcée et gâtée par l’effort, comme dans ces lourds fronts allemands : trop allemands et trop lourds pour la beauté parfaite. […] De là tant de défauts, même dans l’œuvre la plus parfaite. […] Des lieux secrets d’un tempérament unique il rapporta des fleurs et des fruits étranges, et jusqu’alors inconnus ; pour lui, l’impression nouvelle qu’il fait naître, l’effet exquis qu’il arrive à produire sont des fins en soi, des fins parfaites. […] Ce furent surtout des motifs politiques qui agirent sur la cour de Rome lorsque, sous Paul IV, en 1558, on essaya de faire mettre à l’index les œuvres de Savonarole, mais la commission chargée de les examiner dut reconnaître la parfaite orthodoxie des doctrines qu’elles contenaient et ne fit de réserves qu’à l’égard de deux livres.
Une harmonie virtuelle anime et libère l’inspiration du prodigieux Josquin et, dès 1501, chez un de ses contemporains, dans le Lucius Dianæ de Conrad Celtes, on rencontre un « chœur de Nymphes » à quatre voix, composé d’une succession d’accords parfaits basés sur la fondamentale, et dont la mélodie est exactement mesurée et cadencée selon le mètre des vers chantés. […] Les meilleures de Cavalieri pontifient jusqu’à en crever de « cadence parfaite ». […] Cet apôtre de l’idéal tragique fut un si merveilleux businessman que la supercherie des Danaïdes en acquiert une allure équivoque ; car, si des marques éventuelles du génie il étala l’orgueil naïf poussé jusqu’à l’outrecuidance, il paraît en avoir aussi possédé, au suprême degré, un parfait égoïsme. […] Dans sa langue parfaite, dans son style tour à tour nerveux, sec, sanglotant et ondoyant, M. de Bosis exprime donc l’âme de son temps.
Furlani, dans la Cronaca, estime qu’il n’était peut-être pas bien urgent de mettre cette anecdote en dialogues, fussent-ils des plus dramatiques, et que les nouvelles de Bandello sont parfaites, — mais dans Bandello.
Annette Kolb : Die Briefe der Heiligen Catarina von Sienna ; Leipzig, Julius Zeitler, M. 4 Nous devrions posséder en français un recueil de lettres de Catherine de Sienne aussi parfait que ce choix dont Mme Annette Kolb a eu l’heureuse idée.
Avec une compétence parfaite et dans un langage clair, le savant professeur de l’université de Turin expose les plus importants d’entre les problèmes d’approvisionnement, de crédit, de taxation des denrées alimentaires, de concurrence, etc. […] Ce n’est pas sans un certain sentiment de fierté que Giuseppe Prezzolini écrivait récemment dans la Voce : « Nous allons à la guerre par une détermination de notre volonté, après discussion, avec une vision parfaite de la gravité de la tâche et des difficultés qu’elle offre. […] Récemment, il réimprimait cette page exquise de la légende franciscaine ; Comment saint François, chemin faisant, expose au frère Léon en quoi consiste la joie parfaite.
Expressive à un haut degré, parfaite de sobriété et de justesse (sauf en quelques endroits), la musique d’Othello manque pourtant de puissance, et ce n’est pas le fameux Credo d’Iago qui me fera revenir sur cette opinion ; il y a là, comme on dit, plus de beurre que de pain.
., 1846, avait déjà examiné une centaine des allusions que fait Casanova à des personnages bien connus, démontrant la parfaite exactitude de toutes sauf six ou sept, et, parmi celles-ci, il n’en attribuait qu’une seule à la charge de l’auteur. […] Ce morceau de maîtrise parfaite où, en plein labeur interrompu sous l’accablant soleil de midi, une soif presque animale s’étanche, ceci particulièrement ne rentre dans noire sujet que pour y remplir son rôle de jalon ; mais nul mieux que lui ne montre le peintre qui ne saurait rien apprendre de plus, le peintre dont la peinture doit sans conteste s’assimiler à celles des plus grands, l’artiste hors pair enfin et impossible, semblait-il, à imaginer avant l’apparition de Segantini : un Velasquez qui serait en même temps un Claude Monet. […] Et ce nouvel Ange de la vie, endeuillé de tous les voiles noirs des remords et offrant ses seins avec tant d’amour et un tel désir d’expiation, la plus superbe créature que Segantini ait dessinée et peinte, pourrait être présenté désormais comme le type parfaite la femme chez le maître.
J’ai dit que la critique étrangère ne sait pas se soustraire à cette fascination ; j’en ai eu des preuves récentes ; même les critiques qui ne sont pas trop ferrés sur cette petite affaire de la langue italienne s’en mêlent : ce qui est étonnant, il faut l’avouer, parce que pour juger la question il est nécessaire d’avoir une connaissance parfaite, profonde, exquise de la langue ; on doit comparer, on doit connaître les sources de certains mots anciens, que M. d’Annunzio a époussetés et réexposés dans sa vitrine étincelante. […] Quoique cette comédie ne soit pas des plus caractéristiques du grand satirique, elle a eu beaucoup de succès ; la reconstitution a été d’ailleurs parfaite ; la scène était fixe et en relief ; les personnages portaient les masques grecs.
Si la situation stratégique était pleine d’angoisses, elle apparaissait avec une parfaite clarté. […] Voilà qui est assez curieux chez un anarchiste — un anarchiste bourgeois, il est vrai — et chez quelqu’un qui affecte le plus parfait mépris « pour cette presse dont la recherche de la vérité est le moindre des soucis ». […] Deux forces morales, l’individualisme et le collectivisme, qui semblent antagonistes parce que leur concordance harmonique présuppose une société d’individus parfaits, ont réglé le développement de la vie anglaise au cours du xixe siècle : l’une reflète les caractères de la race et forme le fil conducteur de toute son histoire ; l’autre, qui est l’âme de la démocratie, exprime les tendances idéales de la vie moderne ; l’une seconde l’indépendance des personnes et développe leur sens de la responsabilité ; l’autre tend à limiter les pouvoirs de l’individu en faveur de l’État pour qu’il exerce son action sur les classes peu fortunées. […] Toutefois cette composition ne serait pas de qui elle est, si elle ne présentait l’essence même de l’art mascagnien, qui réside en la parfaite maîtrise de tous les trucs du métier.
Vaines furent mes feintes minutieuses étudiées sur les modèles les plus parfaits, et sur les livres les plus célèbres.
C’est avec une parfaite spontanéité que nous rendons grâce à l’auteur de nous avoir initié au genre d’esprit où se plaisent les Napolitains d’aujourd’hui.
Un jour, ayant besoin de renseignements pour la mise en scène de Sémiramis, il se hasarde à consulter l’auteur lui-même : celui-ci répond avec une bonne grâce parfaite, explique le costume des actrices, la place de l’ombre et son accoutrement, la disposition des Lumières, détaille les accessoires, indique le moyen d’imiter le tonnerre et les éclairs ; on sent, à travers sa réponse, que le metteur en scène, l’impresario, est plus flatté encore que le poète ; et, dans son enthousiasme, il va jusqu’à s’écrier : « Béni soit le ciel qui vous a inspiré l’amour du plus divin passe-temps dont les hommes de goût et les femmes vertueuses puissent jouir quand ils sont plus de deux ensemble9 !
Le charme du livre est surtout dans la psychologie des personnages, dans les pensées qui échappent à l’écrivain et à son héros, dans l’écriture souple et parfaite. […] En prenant pour cadre de ce tableau la légendaire Italie, la mère de tous les poèmes, l’auteur l’a rendu encore plus parfait, plus classique, si j’ose dire, mais en le laissant vibrer sous une lumière vivante, toutes les clartés de la nature.
Fragonard y trouva plus qu’une villégiature agréable et de nouveaux motifs… Veut-on bien se figurer ce que durent être les mois passés dans l’intimité parfaite de cet homme de qualité, aimable, bon et savant qu’était Saint-Non, dans celle de ce compagnon lettré, ouvert et franc qu’était Hubert Robert ?