Ugo Ojetti publie deux nouvelles, écrites en un style élégant, simple et net. […] Oliva se borne à résumer Zarathustra ; son style prend alors une allure très vive ; mais en comparaison du sujet, le chapitre ne me semble pas suffisant, et il laisse le lecteur légèrement désappointé. […] Il ne sait entraîner, ni par la magie du style, ni par la force de l’idée ; il est bien loin, par exemple, d’être capable de composer un livre tout à fait captivant, — quoiqu’il s’agisse encore de critique, — comme celui que vient de nous donner M. […] Pica a peut-être moins de style et moins d’attrait littéraire que M. […] Sa traduction de la tragédie Danton et Robespierre a une valeur littéraire indéniable, et on la lit avec plaisir, sans ces brusques sursauts, que les traductions donnent en général aux amateurs de style.
Peut-être a-t-il été fâcheusement influencé par la fluidique faconde du Tolstoï de la dernière heure, de l’insupportable prédicant de la Sonate à Kreuzer ; cette influence, du moins, ne s’est pas étendue au style, qui ne manque ni d’art ni de charme dans sa simplicité un peu rigoureuse. […] Le style est bien un peu lâché, ou, du moins, la phrase est trop uniforme et trop calquée sur la phrase française — la phrase courante et type des Bourget et des Maupassant — mais enfin ce petit roman peut se lire. […] Et quel style !
Carducci, politicien et polémiste, ardent et farouche par tempérament et par pose, donna à la prose une vigueur cinglante, une puissance nerveuse d’attaque et une élévation de culture et de pensée, qui, après avoir étonné les polémistes pédants et les conteurs faciles et familiers, se révéla aux générations vivantes comme un enseignement et une promesse assez sûre de renouveau du style littéraire national. […] Toujours est-il que ses évocations de Venise, la manière profondément musicale de découvrir les accords et d’harmoniser les silences de la ville très romantique, certaines cadences même de son style, remémorent les visions ardentes du Feu. Le style de ces évocations de paysages héroïques, entrevus « sur le fleuve du Temps », est extrêmement lent, et sa lenteur est laide par moments.
Puis, un style fort médiocre, sans être cependant absolument impersonnel : trop de détails, trop de petites vulgarités. […] Sabatier est un travail consciencieux, une compilation bien faite, avec parfois, sur la vie de son saint, de jolis détails rédigés en style gris. […] La présence réelle de l’Esprit, reflet du Divin, est donc la première condition de l’œuvre ; et après cela, que l’on ne vienne pas nous dire qu’il y a des règles que l’on ne peut outrepasser : au nom du style, tout est permis, car le style c’est l’homme, et c’est l’homme que nous voulons avant tout dans l’œuvre d’art, l’homme moral, l’homme spirituel, l’homme créature de Dieu enfin.
Au milieu de toute la finesse et la complication de son style lombard, ces caractères ne l’ont jamais quitté. […] Car le chemin qui mène à la perfection est semé de dégoûts : et ce tableau, tout ce qu’il avait fait jusque-là pendant son séjour à Florence, avait après tout la légèreté de cet ancien style. […] Ce qu’il avait réussi à faire jusque-là, c’était de se rendre maître de ce vieux style florentin, avec sa sensibilité naïve et bornée. […] Cinq ans après, le jeune Raphaël la peignit à Florence, au réfectoire de Saint-Onofrio, dans un style doux et solennel, mais encore avec toute l’incorporalité mystique de l’école de Pérugin. […] Parodie que tout cela, peut être, parodie du mauvais style italien et des ariosos de café-concert ; mais alors tout est parodie, et la partition entière n’est qu’une vaste parodie.
Rustelli, un jeune artiste de grand avenir, avait sculpté pour les quatre coins de la fontaine monumentale de la Piazza Termini quatre superbes Naïades en bronze, d’un style libre et puissant. […] André Lebey, qui en a rendu la beauté plastique et intellectuelle dans un style souple et coloré. […] C’est en France, dans les villes du Rhin et de Belgique, en Angleterre, qu’il faut étudier les églises du style gothique ; à Sienne où on l’employa, il est dépaysé, presque ridicule. […] Giustino Ferri a une personnalité robuste et un style à lui. […] Peut-être, de tous les écrivains contemporains, est-il celui qui dérive le plus directement de Nietzsche, et même pour certaines particularités de style.
Pour réussir en style convenable, il faut un art constant et être versé dans les sciences. […] J’entreprends le présent ouvrage, avec un style plus haut et plus grave, pour me donner une autorité plus grande. […] Florence a produit le bienheureux Jean de Fiesole, cet « homme de Dieu » ; à Milan, dans les dernières années du quattrocento, tandis que tous les peintres s’empressaient à imiter le nouveau style de Léonard de Vinci, un autre « homme de Dieu », Ambrogio Borgognone, obstinément plongé dans son rêve mystique figuré sur des murs d’églises ou de couvents de pâles vierges d’une pureté, d’une bonté, d’une beauté surnaturelles ; et c’est presque vers le même temps qu’à Sienne Sano di Pietro nous a fait part, lui aussi, des adorables images qu’il portait gravées dans son cœur d’enfant. […] Et il n’y a pas jusqu’aux styles des deux maîtres qui, au terme de leur longue lutte, ne soient miraculeusement arrivés à se ressembler : si bien que la Transfiguration de San Salvatore, le Portrait de Madrid, la Nymphe de Vienne, toute l’extraordinaire série des dernières œuvres de Titien, évoque aussitôt le souvenir de la Vénus du vieux Rembrandt au Louvre et de la Fiancée Juive.
Avec ce dernier livre, il nous permet d’admirer encore son style nerveux, brillant, riche de comparaisons et d’images. […] Fogazzaro nous ait conduits au catholicisme vieux style ; il y a du danger là-dessous, pour l’Italie ; l’odeur d’encens nous offense ; les personnages de M. […] Mais cette composition régulière et ce style lyrique conviennent-ils à des personnages aussi complexes que ceux de la Ville morte ? […] Il suit son personnage pas à pas, il nous donne des renseignements sur sa famille, sur ses travaux, sur sa vie intime, sur ses douloureuses aventures, jusqu’à ses derniers jours ; et bien que, je le répète, le style de M. […] D’autre part, les intempérances habituelles de son style, l’exagération journalière des dangers qu’il voyait partout en Italie, rapetissaient l’œuvre du tribun populaire.
Cet alignement admirable de cinq personnages, groupés au hasard d’une rencontre dans une voiture publique, cette scène unique traduite en un style sévère et ferme, exécutée grandeur nature avec une audace d’hercule, une délicate et profonde intelligence, un sentiment puissamment pittoresque des valeurs et de la perspective, apparaissait comme l’aboutissement génial d’un énorme effort. […] Gian Pietro da Core n’est que le premier tome de la série ; il est dédié, en un style dont nous ne pouvons respecter la forme lapidaire : Aux rêveurs, aux philosophes, aux bafoués, aux martyrs de l’idée… À cette idée… J’abrège : il s’agit du temps, de l’espace, de la substance, de l’évolution, de la perfectibilité de l’homme, etc. […] Gabriel d’Annunzio qui, tout pur latin qu’il soit et original, est peut-être, en date, notre premier écrivain « européen » (nouveau style). […] Enrico Corradini : Santamaura, romanzo, gr. in-12, Florence, Roberto Paggi Santamaura, roman à la fois naturaliste, sentimental et psychologique, ces trois tons adroitement emmêlés par un romancier qui connaît son métier, écrit proprement d’un style calme, apte à rendre les nuances, d’une observation assez minutieuse.
En second lieu, parce qu’elle pourrait obstruer la recherche du style et gêner la pensée, que l’on peut occuper plus hautement. […] Mais, chaque fois, l’auteur emploie les ressources de sa pensée et de son style à l’exposé et à la défense de théories et de principes méconnus. […] Sa préface est sans doute trop longue, mais le style en est alerte et clair, et elle se développe vingt-deux pages durant, sans arriver, selon nous, à nous convaincre. […] Faunus s’exprime dans un langage trop recherché, qui rappelle certaines attitudes de style d’annunzien et qui contraste avec la simplicité bon-enfant des pensées de M. […] Dutacq, que Casanova était incapable d’écrire en français, n’entendait rien à une œuvre d’imagination et de style, et qu’il avait fallu un habile homme pour mettre ses manuscrits en œuvre.
Malheureusement le style de M. […] Les remarques qui intéressent le style, ou qui précisent la pensée d’une phrase parfois en la modifiant, sont les plus nombreuses. […] En Italie, quelques critiques adressent à son style des reproches peut-être justes. […] Mais c’est un manuel excellent écrit dans un style clair, et tous ceux qui aiment Venise — ils sont nombreux — le liront avec plaisir. […] Quelques ouvriers de style lui reprocheront peut-être cette verve magnifique.
D’un style sobre et vif, Angelo Brofferio peint les temps où se développèrent son enfance et sa jeunesse, et de temps à autre sa manière facile et débonnaire s’efface devant la vision d’une patrie, au souvenir de ce que l’Italie attend ; l’auteur appartient à cette pleïade d’écrivains, que nous n’avons pas eu le bonheur de connaître personnellement, qui, selon l’expression de F. […] Ceux qui, dans l’Européen, lurent la Madonne du Pêcher auront une idée du style et du ton avec lequel Mr. […] Maurice Hewlett quelques reproches ; surtout à propos de son style. […] Pica, la question de savoir si « oui ou non, il existe un style véritablement moderne, d’un caractère bien distinct et ayant un substratum commun dans les diverses productions et les divers pays », est encore prématurée. […] Ce Jean Laforgue, selon ses idées du style élégant, corrigea le français vigoureux, bien qu’incorrect et mêlé d’italianismes, de Casanova ; il supprima des passages qui, au point de vue moral ou politique, lui semblèrent trop libres, il changea les noms de certaines personnes ou remplaça ces noms par des initiales.
Le roman est carré, solide ; le style bref et sobre ; personne ne dirait qu’il s’agit du premier livre d’un écrivain qu’on, jugeait jusqu’à hier comme un poète. […] Le Conseil communal, sans doute poussé par le pape, s’adressa à Michel-Ange qui traça un plan d’ensemble, — à peu près exécuté dans la suite — et qui non seulement donnait au palais sénatorial une belle façade classique, mais prévoyait comme encadrement deux édifices du même style s’avançant sur les côtés de la place. […] Gauthiez est bien près d’être l’œuvre d’histoire la plus remarquable parue depuis longtemps ; la plus remarquable, du moins, par des mérites tombés un peu trop en discrédit et devenus un peu trop intermittents dans la littérature d’érudition : le style, la couleur, le don de vie, et, pour tout dire, la manifestation vigoureuse et franche de la personnalité de l’écrivain. […] Ces morceaux inédits, haut témoignage de talent, de sentiment et de style, œuvre de belle construction et d’harmonieuses proportions, ne sont, au fond, qu’un des plus curieux événements littéraires dus à l’activité d’un éditeur. […] Dans sa langue parfaite, dans son style tour à tour nerveux, sec, sanglotant et ondoyant, M. de Bosis exprime donc l’âme de son temps.
Bonghi suffirait à émettre, enfin un style qui tourne trop prompt au badinage attendri, ce style qui entache de snobisme les créations de Dickens.
Ainsi s’exprime Daru, en son sérieux style empire qui porte le roi de habit brodé du haut fonctionnaire, au tome VII de son Histoire de Venise. […] C’est qu’aussi, plein de verve, d’invention même, dans le rendu des nuances légères, spirituelles, tendres, lumineuses, délicieusement singulières, d’une civilisation de joie et de couleur enfermée dans une île, — avec une érudition minutieuse et savoureuse aidant, à chaque page, aux trouvailles de plume, — le style de ce livre ignore un peu trop (j’entends bien qu’il ne pouvait pas les constater au xviiie siècle) les grands côtés de l’histoire de Venise, la largeur, la gravité.
Il rajeunit des styles antiques. […] Ces dissertations sont d’un beau style ; elles sont éloquentes, quelque peu emphatiques parfois. […] Seules les arcades seront différentes, plus élancées, avec les colonnes de style corinthien. […] Il y est aidé par sa connaissance de la langue allemande et par la précieuse beauté de son style italien. […] C’est son dernier acte, ni stérile ni fécond, et tout à fait « vieux style » comme les autres qu’il a accomplis.
Son style était cependant nerveux et parfois émouvant ; la qualité de l’émotion n’était pas très supérieure, mais elle était suffisante pour retenir l’attention des lettrés dignes de ce nom. […] Le tombeau en marbre blanc, d’un style sage et sans sculpture, élevé sur des gradins ; est surmonté de la statue à genoux de la sainte pleurante et voilée. […] Le caractère même de toute littérature réaliste n’est-il point celui du dédain pour toute fioriture du style, pour toute stylisation du langage, en un mot pour tout lyrisme de l’expression ? […] Il porte dans les sujets les plus badins la plus grande pureté de style. […] Le style n’en est point littéraire.
Et si, par la même occasion, j’indique aux curieux de littérature étrangère un auteur très fort — comme on dit en style de journal — j’aurai vraiment atteint le but que je m’étais proposé — un but tout à fait devoir présent, d’ailleurs, n’est-il pas vrai ? […] […] Gazzetta Letteraria : un bon article de Giuseppe Depapis sur le dernier roman de Gabriele d’Annunzio, l’Innocente : « Comme œuvre d’art pure, c’est un des meilleurs livres publiés en Italie ; la forme est merveilleuse par la clarté des images, la ciselure du style, la franche saveur d’italianité de la langue ; quelques chapitres ont un relief et une force de coloris extraordinaires… » Cronaca d’Arte : de jolis vers français d’Alberto Sormani : Comme une barque, perdues les rames, je ne vaux plus rien. […] Le style de cet ouvrage est bien byzantin.
Que dites-vous encore de cette lettre d’une page qu’en partant il éprouve le besoin d’écrire dans son même style emphatique ? […] La magie du style d’annunzien nous présente un Cola di Rienzo tel qu’un styliste de la Renaissance, doublé d’un grammairien, aurait pu le voir. […] Il veut être un « portraitiste » de style ancien, car « entre l’historien et le biographe grande est la différence, comme entre le peintre de la fresque et le portraitiste. […] Au jet véhément du sang, on connut la puissance de cette vie… La geste du Tribun de Rome est évoquée dans tout le volume avec une semblable magie du style. […] Elle avait un très beau portique de style ogival tertiaire avec des entablements et des corniches d’une grande élégance.
On dit que beaucoup de grandes dames de Naples répondaient ainsi, sur du grand papier et en style officiel, aux lettres aimables qu’on leur écrivait.
Le ciel m’est témoin que j’ai écrit hier à A. une lettre d’amant malheureux pleine de délicatesse et d’un style ferme.
Pour le moment, ce réalisme idéiste dont j’ai parlé dans le courant de cet article, nous l’exprimons plastiquement par un symbolisme (style du Naturalisme plastique) qui est parallèle au symbolisme littéraire (style du Naturalisme littéraire) que nous surpassons. […] Style personnel, fait de tâtonnements et d’approximations successives, dans la première partie, puis la prose devient cristalline, classique. […] La pensée est mûre, le style adapté. […] Il se fit connaître, il y a quelques années, par un roman autobiographique, Duccio da Bontà, dont on remarqua le style légèrement archaïque, mais très sûr et vivant. […] Le style de M. d’Annunzio, et cette langue magnifique qu’il emploie, la splendeur de ses figures, le charme de ses descriptions, me paraissent dignes de louanges.
Cesarotti continue, mais son style tombe dans le commun… « L’Ardenza all’oposta chi é, che parlando irratamente a un ribaldo, mi suri i termini e s’arresti a cio che basta alla casa ?
Il écrit dans un style de conversation de salon des débuts du Second Empire, dont l’humour rondouillard est ostensiblement satisfait de soi-même. […] Pas plus trace de style, non plus, que de métier. […] Bénédite, quelques œuvres particulièrement attachantes : une poétique composition de Mme Emma Ciardi, Le Jardin des Muses ; un paysage d’un large style de M. […] Il poursuit des pensées mystérieuses et subtiles avec son style suranné qui est bien grossier dans sa richesse même. […] Depuis quelque temps il est tombé dans la prose : deux volumes de contes, parus à peu de distance, témoignent de ses louables efforts pour conquérir une maîtrise d’écriture sienne, en dehors des styles usuels.
La même incertitude plane sur l’époque et sur le style de la statue : tandis que M.
Si la culture est le style, quel type parfait de culture que le pêcheur napolitain ! […] Il me plaît aujourd’hui de grouper quelques Poètes, des jeunes je pense, dont un caractère au moins, celui du souci de la langue, une certaine volonté de style, rend l’effort en quelque sorte significatif. […] Son style de poète et de conteur était précis et noble. […] Il faut bien reconnaître que les deux artistes ont une parenté de style et d’inspiration. […] Sa langue, son style, ne dérivent d’aucun des deux poètes « majeurs » vivants : d’Annunzio ou Pascoli.
Et cet air de famille n’est pas défini par quelques traits ou contours habituels au maître, mais encore par sa manière d’interpréter avec ses propres sentiments l’expression de ceux des autres… » Les habitudes de style sont les manifestations du caractère individuel, des conséquences de la conformation spéciale et de l’agilité de la main, aussi bien que les méthodes d’enseignement. […] Notre confrère y étudie Santi comme peintre et comme architecte, décrit les peintures du Vatican et les tapisseries exécutées d’après des cartons, puis les fresques disséminées dans diverses chapelles, le tout dans un style extrêmement pur qui garde un parfum du grand siècle. […] Les traductions sont en une langue agréablement archaïque, où le style des vieilles chroniques se mêle à une simplicité voulue, mais difficile à réaliser. […] Il faudrait indiquer encore une superbe réplique de l’Esclave, de Michel-Ange, deux bas-reliefs du xve et du xvie siècle, des antiques et notamment un torse, style et marbre grecs, parfaitement beaux, des dessins de Rembrandt, de Rubens, de Michel-Ange, du Titien, de Filippo Lippi, de Passignano… Tome XLIV, numéro 155, novembre 1902 Théâtre d’art international : Le Triomphe, pièce en 4 actes, de Roberto Bracco, traduction de MM.
Le style de ces essais a son intérêt aussi : Mlle de Gournay prétendait, dit M. […] Colletet, dans sa Vie de Pierre de Ronsard, nous a révélé cette entreprise de la vieille demoiselle, d’accommoder les vers de son maître au nouveau style. […] Grâce à son esprit avide, il s’assimila rapidement leur style, comme le prouve la série de tableaux religieux qu’il exécuta, dirigé par ses tendances nouvelles. […] Jean Carrère, correspondant du Temps, à Rome, reconnaît, sous une forme voilée, que l’œuvre de Fogazzaro est tarée par l’absence du style, de la beauté. […] Qu’est-ce qu’un écrivain sans style ?
Pourtant, lorsque Voltaire parle à Casanova d’Algarotti, on sent qu’il est moins désireux d’exprimer ses propres sentiments de sympathie pour son ami vénitien que curieux de connaître l’impression que celui-ci produit sur ses compatriotes : il interroge Casanova sur la réputation d’Algarotti en Italie, sur le succès de ses livres et même sur la valeur de son style, qu’il ne peut pas se permettre d’apprécier exactement. […] D’abord, ne serait-ce que pour contrarier son hôte, sur lequel il a une revanche à prendre, ne l’oublions pas, Casanova s’empresserait de constater que le comte Algarotti est ignoré par les sept huitièmes de ses compatriotes, que son Neutonianisme à usage des dames, qui avait commencé sa réputation européenne, n’est qu’un ouvrage de vulgarisation fort inférieur à la Pluralité des mondes de Fontenelle et qu’enfin son style, rempli de gallicismes, est « pitoyable », « insoutenable7 ».
Antonio Cippico donne de la vieille tragédie une transposition en rythmes italiens qu’on ne peut comparer à nulle autre, tant l’esprit de l’œuvre shakespearienne s’y affirme et éclate, et la langue et le style du jeune poète italien sont admirables.
Il semble que non, mais l’esthétique scientifique dit oui ; il n’y a peut-être là qu’une question de mise au point, une nouvelle trouvaille de style à rechercher. […] La qualité d’un esprit : je veux dire, ici, la qualité acquise, le style infusé. […] En même temps, M. d’Annunzio, s’efforçant de donner à ses nouvelles, qui furent son œuvre des débuts, certaines tournures et certain esprit français, puisés dans Maupassant comme dans Daudet ou dans Zola, créait ce style assez particulier, mi-descriptif et mi-psychologique, qu’il développa ensuite, de la manière que l’on sait, dans ses romans. […] Clarice Tartufari : Il giardino incantato, Armani et Stein, Rome Mme Clarice Tartufari, dans Il Giardino incantato, ne renouvelle pas le genre « psychologique » de la nouvelle, mais elle arrive par des moyens d’écriture, si non de style, très nobles, à représenter des états d’âme et des états de conscience.
Les correspondances publiées par certains grands journaux sont, en leur genre, des chefs-d’œuvre : logique de l’ordonnance, clarté de la composition, propriété de l’expression, vivacité du style, tout concourt à captiver le lecteur et à fixer dans son esprit une impression synthétique d’une grande netteté. […] Le style des monuments, dont de belles reproductions illustrent le livre, atteste l’influence prépondérante des civilisations romaine et italienne dans ces contrées. […] Ce ne nous parut pas chose digne que de se dissiper en vaines imaginations et en paroles plus vaines encore, comme nous le vîmes faire aussitôt par un très grand nombre de gens sous couleur d’anxiété généreuse pour les destins de l’humanité et de la patrie : ce n’était là en réalité le plus souvent qu’un abandon au penchant à la paresse couvert du prétexte de la guerre… Et il ne nous fut pas possible non plus de nous étendre commodément, comme le font d’autres parmi ces gens qui divaguent, en attendant que surgissent après la guerre un nouvel art, un nouveau style, une nouvelle science, une nouvelle philosophie, une nouvelle historiographie ; ce nous fut impossible ; parce que nous savions que ce ne sont point là des dons qui tombent du ciel ou des effets mécaniques de victoires militaires ou de révolutions politiques, mais des œuvres de la pensée qui continue son travail en dominant les événements ; et que, par conséquent, celui qui n’avait pas avant la guerre la capacité et la méthode de travailler et de penser ne les aurait pas acquises après la guerre, par le seul effet d’un miracle de celle-ci.
Les autres, au contraire, les académiques, négligent l’accent individuel pour ne conserver que le caractère commun à tous les individus ; ils obtiennent rapidement un schéma qui leur permettra de supprimer toute observation ; ils établissent un code de ce qu’en leur jargon profanateur ils appellent la beauté, et qui n’est que la régularité, de ce qu’ils appellent le style et qui n’est qu’une mécanique stylisation, de ce qu’ils appellent l’art et qui n’est qu’un cliché.
Ceux qui ne se sont pas contentés de feuilleter les cinq mille pages des Mémoires ont certainement été récompensés d’une lecture attentive et patiente par de plus positives jouissances que la truculence du détail ou le charme réel du style.
» Et alors, sur la recommandation d’on ne sait qui, il chargea le professeur de langue française à l’Académie des Nobles de Dresde, un sieur Jean Laforgue, de lire le manuscrit des Mémoires, de le réviser, de supprimer ou d’atténuer à sa guise les descriptions, les phrases, les mots par trop obscènes, d’embellir le style, farci d’italianismes, par une tournure plus littéraire, d’établir enfin l’édition française qui parut de 1826 à 1838, ainsi que nous le disions plus haut. […] Ils auraient eu pour clientèle, je ne le nie point, ce public spécial de vieillards maniaques et-de collégiens vicieux qui se délectent, par goût de dépravation, à la description vulgaire des scènes d’animalité humaine, et donnent en pâture à leur solitaire intumescence certains livres de style ordurier, cachés derrière les autres. […] Cet ouvrage, insupportable dans sa rédaction primitive, et n’offrant pas l’attrait des gravures d’un Eisen ou d’un Marillier, eût rejoint sur les rayons de la bibliothèque érotique des collectionneurs les élucubrations similaires du marquis de Sade, de Choudard-Desforges et d’Andréa de Nerciat… Suis-je injuste quand je déprécie le style français de Casanova ? […] Il ne suffit pas au musicien, pour dépeindre harmonieusement la terreur ou l’amour, que le Poète ait fait parler Pluton ou Cupidon, et que l’action ait été située par lui dans les enfers ou dans le royaume de Vénus ; s’il n’a pas tout le premier ressenti les diverses impressions de ces deux sentiments divers, s’il n’a pas tout le premier éprouvé de l’effroi ou de l’amour, s’il n’a pas fait passer dans ses paroles ces moments de son cœur, et si son style n’est pas en conséquence de diverses couleurs, comme celui de Virgile quand il décrit les transports amoureux de Didon et représente les supplices de l’enfer ; le musicien ne trouvera pas l’harmonie analogue au sujet, et, ne se sentant pas ému pendant la composition, parce que le Poète ne l’était pas lorsqu’il écrivit, il ne produira que des agrégations de sons composites et sans effet : semblable à cet excellent graveur qui, obligé de conduire son burin d’après un mauvais dessin, ne pouvait éviter que, malgré son art, on ne vît toujours sur sa planche les fautes du dessinateur. […] À preuve, ces lignes où le critique juge et se repent aussitôt : Comment ne pas penser que d’Annunzio est fini, lorsqu’on le voit exhiber un vieil exercice de style, comme la Vita di Cola, qui nous ramène à une époque et à une ambition si différentes, et y ajouter des préfaces et des notes pour obtenir les dimensions du volume à imprimer ?
Je le crois, car les éléments nombreux, esthétiques et scéniques, de cette tragédie de grand style sont superbement harmonisés.
La lecture quotidienne du journal habitue l’esprit à l’imprécision des idées, à la superficialité du jugement, à la non-critique, à la vulgarité des sentiments, à la platitude du style. […] Les « vulgarisateurs » sont un produit du journalisme dont ils ont les procédés et le style : la lecture de leurs livres ne réclame ni plus d’intelligence, ni plus de réflexion que la lecture du journal, mais simplement plus de loisirs. […] On ne peut douter que ces dessins ne soient de la propre main de Botticelli, tant ils portent l’empreinte de son style, tant ils manifestent sa science de décorateur et sa verve. […] Dans l’impossibilité d’esquisser les splendeurs du Paradis, Sandro a bien soigné ses arrangements de figures avec une tendre sollicitude ; par malheur, il n’a pas toujours écrit les expressions faciales avec le style désirable.
Le style est très peu soigné : il faut donc attendre une œuvre nouvelle pour montrer notre sympathie à ce jeune romancier qui ne manque pas de talent.