Les artisans mangent tout ce qu’ils gagnent et, dans leur vieillesse, se font mendiants, manière de vivre que la frugalité naturelle au pays et le grand nombre de distributions qu’on fait aux pauvres, rend assez commode. […] Les divers quartiers ont des dialectes, comme il est naturel de l’attendre d’un peuple plein de vie, pour lequel la religion n’est pas un frein, mais une passion, qui n’est presque gêné par aucune loi et qui est plein de naturel.
Je n’ai pas eu le temps d’être naturel et par conséquent de jouir. […] Ce genre où il faut être plaisamment tendre est le mien, j’y suis tout naturel et tout heureux. J’ai vu dans ses yeux et dans la rougeur qui couvrait ses joues l’effet assuré du naturel d’une grande âme sur un autre cœur du même genre.
L’idée religieuse, alimentée sans cesse par cette flamme, trouve une voie naturelle creusée par le travail de la science, et y entraîne les âmes vers les splendeurs de la Vérité, vers ce ciel où chante la plus haute espérance. […] En fait, d’un côté, la science, qui à cette heure n’est plus le privilège d’un petit nombre, mais devient chaque jour plus accessible à tous, a ébranlé les bases de l’idée religieuse, prouvant l’absurdité du dogme et son antinomie avec l’expérience positive ; d’un autre côté, l’éthique tend à se détacher complètement de toute enveloppe religieuse qui, le plus souvent, soit par des folies ascétiques, soit par un stupide ritualisme, devient l’anesthésique de la conscience, et renforce des préjugés et des tendances contraires aux instincts mêmes et aux besoins naturels de l’homme. […] Concorder dans l’unité générale, c’est le rêve. — Leibnitz, qui eut la passion de l’unité et de l’harmonie, répète mystiquement : « La gloire de Dieu n’est pas seulement l’immuable et l’éternel ; elle est le devenir naturel et l’humanité le fragment. » Mais l’Art et la Science, c’est-à-dire la Foi et la connaissance la répandent et l’augmentent, successivement : aussi la religion se ploie à toutes ces métamorphoses en détermination d’une philosophie de la vie ; philosophie potentielle et cinétique. — Peut-être que Dieu est le dernier échelon de la série biologique à la découverte duquel marchent les Arts, les Sciences, les Religions. — Le Dieu d’une Époque industrielle est mécanique.
C’est de ces écoles que, suivant moi, sont sortis les plus grands musiciens du monde, et c’est bien naturel, c’est le pays où l’on aime le mieux la musique. […] Il est naturel de distinguer les chefs d’école de ceux qui n’ont été qu’imitateurs.
On dirait, en ces endroits, qu’il arrête court l’élan de son inspiration naturelle, pour intercaler le fruit d’expérimentations patiemment réalisées sur un instrument à clavier. […] Tandis que l’Église gardait intacte la langue qui lui avait servi à dominer le peuple, le peuple, perdant sa ferveur, ou incapable de résister plus longtemps aux efforts naturels de sa physiologie, commença de traiter le latin avec familiarité. […] Dans les siècles qui précédèrent la Renaissance, l’influence du latin est déjà prépondérante sur notre langue : le latin est le réservoir naturel où puisent les lettrés. […] À Naples, Charles-Quint penche décidément en faveur du bâtard, à qui il donne sa fille naturelle, Marguerite d’Autriche. […] Ses colonnes qui se dressent si vivantes comme les derniers restes d’une forêt disparue, ont vraiment une vie souple de plantes et, sur les murailles où elles se meuvent, semblent les restes d’une flore naturelle.
Le néant est le contraire de l’Être : ce n’est pas un point naturel, car il offrirait une quantité continue et resterait durable à l’infini » (207). […] Dans le domaine littéraire, les poètes italiens découvrirent la nature et un philosophe italien a découvert la théologie naturelle. […] L’homme accompli sera demain un croyant dans les choses divines, un logicien en matière humaine et un expérimentateur dans le domaine naturel : ainsi les trois séries mentales trouveront leur unité. […] Le naturel avec lequel ils jouent est chose rare pour nous autres Français, chez qui l’art dramatique revêt toujours une certaine pompe, un certain apprêt. […] Le naturel au théâtre ne doit d’ailleurs pas l’intéresser beaucoup, lui qui est l’emphase, la déclamation, la redondance et l’exagération en personne.
La révolte est donc naturelle contre une telle oppression au moment où les peuples se mettent à lutter pour se libérer des oppressions politiques et sociales. […] La pièce est écrite en une langue somptueuse et imagée, même trop recherchée çà et là pour la scène, trop « livresque », et peut-être certaines scènes ou monologues gagneraient-ils en naturel et en intérêt à être dépouillés de trop brillants mots d’auteur.
L’outillage le plus puissant, les positions naturelles les plus formidables ne valent rien, s’ils ne sont point utilisés par une armée ayant un moral intact. […] Rien de plus simple, ajoute-t-il, et de plus naturel. […] Or, il est facile, en partant de ces principes absolument raisonnables, de déduire quelle est l’alliée naturelle de l’Italie et quelle est sa rivale naturelle. L’alliée naturelle de l’Italie, c’est l’Allemagne. […] Le saint est reproduit au naturel et presque de profil tourné à gauche.
Haines héréditaires contre l’Autriche, antipathie naturelle pour les Allemands rogues et autoritaires, sympathie de race et de tempérament pour les Français, tradition latine, rêves unitaires, désirs d’expansion, ambitions impérialistes, toutes ces impulsions élémentaires agirent simultanément dans le même sens. […] La minorité comprenait les artisans de l’unité italienne, leurs fils, leurs successeurs, tous ceux qui dès leur enfance avaient été bercés de rêves irrédentistes et désiraient la guerre contre l’ennemi héréditaire, l’Autriche, la guerre qui rendrait à l’Italie ses frontières naturelles et réunirait à la mère patrie les Italiens restés au pouvoir de l’étranger. […] Il est naturel que la France et l’Italie aient fait leur choix dans le même sens, et, si tant est que le choix soit indispensable, aucun homme épris de liberté et considérant l’autonomie de l’individu comme la base de toute entente loyale n’hésitera un instant entre le parti des Anglais et celui des Allemands. […] Devenue grande puissance européenne, l’Italie aspire à posséder un empire colonial comme les autres : rien de plus naturel. […] Mais au-dessus du devoir envers la Patrie, il y a le devoir envers la Vérité, qui contient en lui et justifie l’autre ; et fausser la vérité et improviser des doctrines comme celle que nous avons vu professer par d’éminents historiens et théoriciens allemands : le véritable État de l’avenir n’est pas l’État à fondement naturel, mais celui qui a surpassé l’élément naturel des nationalités et s’est constitué sous une forme purement juridique à la manière de l’Autriche-Hongrie !
Un Quirizio da Murano, non plus qu’un Antonio da Murano, ne sauront faire preuve d’une égale puissance, mais celui-là conservera un sens décoratif charmant et le second s’approchera parfois du naturel d’Alvise Vivarini. […] Sa première peinture connue est la Madone de Montefiorentino ; celle de la galerie de Venise date de 1480 ; il s’y montre définitivement libéré de l’ancien polyptyque à compartiments, les saints formant autour de la Vierge un groupe heureusement disposé ; le dessin des figures est d’une vérité et d’un naturel jusqu’alors ignorés.
Nous trouverions donc très naturel que l’Italie cherchât à conserver dans ces ports la situation qu’elle y a déjà et à la fortifier encore. […] Cela se fit d’une façon toute naturelle, bien que non sans difficultés et sans l’éternelle part de négation, de dénigrement et d’insulte. […] Cela se produit en nous spontanément, la sensation et l’idée étant deux exercices virtuels de notre mécanique naturelle. […] Pastonchi est un travailleur opiniâtre et de bonne volonté : il lui manque simplement les dons naturels de l’artiste. […] Celles-ci ont toujours été les routes naturelles des armées.
À la huitième sphère la science naturelle ou physique et la métaphysique ; à la neuvième la morale, à la dixième la théologie. […] XVIII. — Notre instinct naturel aime surtout son moi, puis dans le moi diverses parties, et surtout l’âme.
Si le sentiment et l’esprit religieux étaient réellement des formes historiques de croyance et d’orientation pratique de l’âme humaine maintenant dépassées, et non les exigences perpétuelles de celle-ci et le fruit naturel du contact de l’esprit avec la réalité, les religions positives auraient marché, pendant la phase actuelle, à une lente et tranquille décomposition. […] En stimulant notre désir naturel de la vérité et en nous faisant sentir plus vivement nos impuissances, ces sciences nous reconduisent, d’une certaine manière, dans le sens d’une spirale, vers nos origines ; elles ravivent notre sentiment religieux par l’impression d’un mystère formidable, non pas pour notre existence physique, mais pour notre moi intérieur, dont le besoin suprême est de se reposer dans une conception rationnelle, claire et sûre de l’univers et de la vie.
. — Cette manœuvre, si bien décrite, et qui au premier abord semble si naturelle, est de toute impossibilité. […] S’il ne parvient pas à développer et à mettre à profit tant de dons naturels, c’est qu’il est ignorant et mal gouverné. […] Non pas que ta théologie naturelle, sous sa forme scolastique, soit, en effet, très attirante. […] Pierre-Gauthiez a dit les circonstances naturelles de cette surnaturelle destinée. […] L’éloge, dans ces pages, était de rigueur ; nous disons l’éloge, et non la vénération, laquelle est toute naturelle.
Celle qui portait glorieusement le nom de la Charpillon était alors dans toute la fraîcheur de sa dix-septième année : Ses cheveux étaient d’un beau châtain clair, et d’une longueur et d’un volume étonnants ; ses yeux bleus avaient à la fois la langueur naturelle à cette couleur et tout le brillant des yeux d’une Andalouse ; sa peau, légèrement rosée, était d’une blancheur éblouissante… Sa gorge était peut-être un peu petite, mais d’une forme parfaite ; elle avait les mains blanches et potelées, minces et un peu plus longues que ne le sont les mains ordinaires ; avec cela, le pied le plus mignon et cette démarche noble et gracieuse qui donne tant de charme à une femme ordinaire. […] Quand il veut aller au fait, il rencontre un obstacle imprévu ; on lui objecte des raisons naturelles.
C’est Casanova, le grand Casanova, Jacques Casanova, chevalier de Seingalt, qui daigne se montrer à M. de Voltaire et soumettre à l’épreuve d’un illustre jugement sa séduction naturelle et la grâce de son esprit impertinent qui ont su lui ménager des suffrages plus difficiles. […] Enfin, quand il présente aux lecteurs ses Mémoires écrits en français, bien que sa langue naturelle soit l’italien, ne réclame-t-il pas une indulgence qui lui paraît obligatoire, puisque, dit-il, on a pardonné à Théophraste ses phrases d’Érèse, à Tite-Live sa palavinité, à Algarotti lui-même ses gallicismes ? […] ou n’est-il pas plus naturel de supposer que Casanova, écrivant ses Mémoires plus de vingt ans après la publication du Dictionnaire philosophique, a pris plaisir à retrouver dans ce livre qu’il a certainement lu des idées qu’il avait osé soutenir contre son illustre interlocuteur ?
Vos premiers récits sont charmants de vérité et de naturel. […] Mon naturel, avec son fort penchant pour l’inconnu et le hasard, reprenait le dessus. […] J’étais stupéfait du naturel avec lequel il s’exprimait, et j’essayais de me mettre à son ton. […] Aucune contrainte visible, un parfait naturel. […] Il lui sacrifie toutes ses intrigues et n’admet la passion vraie qu’entre deux êtres destinés au mariage naturel ou légal.
Il n’est que trop naturel ! […] Si ceux-là étaient les vrais criminels… il est naturel qu’ils devaient avoir les mêmes caractères que les criminels d’aujourd’hui5. » Quiconque réfléchit ne trouvera point cela « naturel » du tout ; mais c’est la meilleure preuve de ce que j’affirmais tantôt, à savoir que le crime pour Lombroso est un concept purement juridique et que son type du criminel ne peut avoir psychologiquement aucune valeur. […] J’imagine que les raisonnements de Lombroso peuvent paraître « naturels » au premier degré de l’ébriété. […] La tête de cette procession se déroule, non sans majesté, dans le motif XXIX ; Mathilde, la vierge belle, s’y profile sur le plan de gauche, avec un naturel charmant43. […] La noblesse du naturel du prince l’a emporté.
Entre les citoyens de la république florentine un lien naturel existait. […] Les frontières ne correspondent plus à rien de naturel. […] Aussitôt que le vouloir sort du naturel, il devient démesuré, et le repos est banni. […] Mais ce n’est là qu’une échappée, et le naturel, comme dit le poète, revient au galop. […] Rien de plus naturel et vous ne connaissez pas le séjour idéal pour la saison caniculaire.
Ici, le romancier, très habile, a évité l’inévitable passion romanesque entre la femme du directeur et ce forçat, très jeune, très beau ; tout de tendresse calme et de tristesses contenues, de peur vague aussi de l’amour désespéré qui semble planer sur eux, les jeunes êtres s’oublient pour ne se voir qu’en l’enfant, et l’enfant meurt, probablement de cet étouffement volontaire d’une passion… très naturelle après tout. Cette œuvre est fort belle, fort simple et révèle une grande puissance de conception chez la femme qui l’écrivit, car elle arrive à exprimer tout ce qui n’est pas dit et garde, par conséquent, toute sa saveur de mystère, malgré l’aisance naturelle du style. […] Penché sur des creusets, où il expérimentait avec des couleurs, essayant, par une étrange variation du rêve de l’alchimiste, de trouver, non pas le secret d’un élixir qui prolongerait indéfiniment la vie naturelle de l’homme, mais plutôt le moyen d’immortaliser les effets les plus subtils et les plus délicats de la peinture, il leur apparut comme le sorcier ou le magicien possesseur de secrets curieux et de connaissances occultes, vivant dans un monde dont il a seul la clef. […] Voilà qui nous montre bien la manière dont Léonard choisissait ses élèves : c’étaient des hommes que distinguait quelque charme naturel du corps ou de l’esprit, comme Salaino, ou une naissance illustre et des habitudes princières, comme Francesco Melzi, — des gens ayant juste assez de génie pour recevoir l’initiation à son secret, mais disposés à effacer pour cela leur propre individualité. […] Peu à peu, il devenait plus éloquent, il se perfectionnait et s’assouplissait sans rien perdre de son feu naturel.
Pauvre en tableaux, mais des statues (portraits) pour la plupart belles par le naturel.
Je ne sais comment elle a été amenée à me dire avec ce naturel qui la distingue, et sans vanité, que quelques-uns de ses amis lui avaient dit qu’elle faisait peur.
Seul, peut-être, Lazaro di Roio est sauvage avec naturel ; il est naïvement féroce ; sa cruauté primitive n’est pas un déguisement. […] — dit Antine, étourdi de tout ce qu’il avait entendu ; et cependant ce discours, ainsi prononcé par Elia, lui paraissait naturel et vrai. […] Il a l’âme du troubadour et il joue au naturel Don Quichotte. […] Et la pièce de Paul Souchon y trouve une naturelle défense. […] Lumbroso conclut : « Je serai peut-être naïf, mais je trouve plus naturelles la rougeur et la confusion de M.
Tiraillé par la présence d’un beau jeune homme, Antonio, et la crainte de voir entrer celui dont la présence mettait fin à mon bonheur, j’ai été un peu inintelligible et, peut-être, ai un peu manqué de naturel.
À ces obstacles naturels, l’état-major autrichien a ajouté, dès avant l’entrée en ligne de l’Italie, de formidables défenses : retranchements en ciment ou en béton, champs de mines, gros fils de fer sur piquets de fer, organisation de tout ce qui est nécessaire à la rapide et violente concentration de feux d’artillerie. […] Les organisateurs pensent atteindre leur but en ranimant parmi les classes cultivées de France le goût du Voyage d’Italie et en procurant « aux jeunes gens, artistes, écrivains et professeurs » les moyens de faire, « utilement et économiquement, un voyage qui est le complément naturel des études secondaires et la condition indispensable de toute vraie culture ». […] L’Angleterre a les mêmes susceptibilités (Anvers), touchant la Belgique, qu’au moment de la rupture de la Paix d’Amiens ; de même, pour la France, la question de Belgique est liée à celle de ses frontières naturelles ; et l’Allemagne, de même encore, en mettant la main sur la Belgique, reprend et applique à son profit, comme la France en 1792, la doctrine des limités naturelles (pour l’Allemagne, le littoral de la mer du Nord). […] Ils ne lui pardonnent pas, en effet, d’avoir parlé, un des premiers, des frontières naturelles que l’Italie est en train de conquérir. […] Il est naturel que M.
Vous croyez que l’Italien est un hypocrite consommé, toujours dissimulant, et c’est l’être le plus naturel de l’Europe et qui songe le moins à son voisin. […] Ne l’ayant pu faire il reste au second plan, mais dans une place enviable, parmi les artistes que l’on aime moins pour leur force que pour leur séduction naturelle. […] § Mais, comme il est naturel, la vivante ne céda pas la place aussi vite que l’autre. […] Abandonnée en 1813, délaissée une seconde fois en 1815, il semblait naturel qu’elle ne vît jamais le jour. […] Le premier ministre du roi Humbert s’était imaginé qu’il pourrait reformer la légion de César et forcer les frontières naturelles.
En vain, s’efforce-t-il de donner du naturel à son interrogatoire. […] Ici à Venise, c’est tout naturel. […] Le bras se posa avec plus de naturel et de mollesse. […] Il semble, d’une façon générale, que les artistes lyriques étrangers jouent avec plus de naturel que les nôtres. […] Dans les Entretiens sur le Fils naturel (1767).
Mais avec les paralipomènes, que la maison Treves vient de publier, l’auteur continue ses causeries philosophiques sur le sentiment immortel, sans trop d’histoire naturelle comparative, M. […] Il a ce goût naturel de la mesure, du modus in rebus, qui est absolument rare aujourd’hui ; et sa lyrique se tient à l’écart des raffinements exagérés aussi bien que des platitudes inesthétiques. […] Peu à peu, par cette réaction naturelle des pensées dominantes, la paix vient éclairer encore l’âme d’Alexandre Zeno ; il a compris le mystère, il se sent fort, il trouve que la vie est partout, puisqu’elle n’est que le changement infatigable de la matière ; et même en mourant on peut nier la mort… Un soir de printemps, le petit Gino monte dans la chambre du vieillard, et il voit Alexandre sur son lit, le visage calme, comme apaisé dans un sommeil sans rêves ; l’enfant l’appelle en vain, et il lui touche la main ; elle est froide… Sans plus oser, le petit Gino se détourne, redescend, et il annonce à la famille : — Grand-père dort ! […] Il serait difficile de le dire, parce que tout devenait épouvantable et violent à travers son naturel irascible.
Bornollet s’occupait d’histoire naturelle. […] Nous n’avons qu’à réagir contre les étrangers qui nous envahissent et qui déforment notre raison naturelle ; il nous faut rétablir la concordance entre la pensée, parfois chancelante, de notre élite et l’instinct sûr de nos masses. […] J’en détache les quelques lignes suivantes, si typiques et si clairement formulées : « L’artiste manifeste sa manière et comme sa physionomie en adaptant, par une tendance naturelle, les portraits mêmes à un type uniforme et en altérant les traits des visages d’après un canon conventionnel, qui n’est autre que la résultante des observations faites par l’artiste sur ses propres traits et sur ceux d’autres personnes qui lui sont familières ou sympathiques. […] Les peintres du Midi réduisent l’objectivité au sujet même4, et tout en empruntant pour l’exprimer les ressources naturelles ils les subjectivent, ils les imprègnent et les saturent de leur propre personnalité.
L’acte de Christine, qu’un historien trouverait tout naturel dans l’Italie du quinzième, nous choque dans la France du dix-septième siècle. […] Il a tenté tous les genres, non sans succès, et si une aptitude particulière semble le désigner plutôt à la critique où trouve à s’employer la solide et abondante culture de son esprit, la sérénité et la pénétration de son jugement, cependant ses romans, ses contes, ses poèmes, son théâtre, prouvent qu’il peut cultiver également n’importe quel genre littéraire, encore que, nécessaire et naturelle gradation, tels de ses écrits en ces derniers genres paraissent légèrement inférieurs au reste de son œuvre. » M. […] Mon étonnement est peut-être justifié par l’indifférence que la même autorité déploie vis-à-vis des événements politiques proprement dits, et par l’allure libertaire que le Gouvernement prend toutes les fois qu’il a peur de sombrer quelques mois avant sa mort naturelle.
C’était naturel et sans désespoir. […] Ils reconnurent aussi que les arbres et les collines étaient ceux de Castelfranco et que les fruits paraissaient naturels. […] Il est heureux et fort, comme le sont les choses naturelles ! […] Le couvent — qui renfermait aussi des filles naturelles de patriciens — était surveillé et nulle ne réussit à fuir. […] Ce n’est pas tout : Pregnani n’était autre que… le fils naturel de Charles II ; et de là le secret, le masque.
Lenzoni étudie Carducci, en lequel il reconnaît un classique, un poète qui ajouta l’érudition à son génie naturel, un de ceux eu somme que le public admet sans les comprendre : la partie la plus choisie du public en est toujours aux guitaristes du xviiie siècle, et Métastase ne fut jamais détrôné.
Or, ces choses ne sont point en dehors de nous, mais en nous, car il n’y a pas, que je sache, de gens qui aillent demander aux autres leur colère propre, leur douleur propre ou leur joie propre ; ils n’obéissent en cela qu’à une impulsion naturelle ; que sera-ce donc pour le génie, qui est créateur !
Ces vieux maîtres vivaient encore de traditions, ils détenaient des secrets ; c’étaient les formules des byzantins insensiblement naturalisées et peu à peu rendues terrestres par l’étude du modèle ; c’étaient aussi leurs propres recherches et la connaissance qu’ils avaient acquise des sciences naturelles, qui, plus tard, mal employées, « employées trop pour elles-mêmes », furent le signal de la déchéance.
Le temps et l’étude ne peuvent manquer d’être favorables à une bonne volonté aussi sincère, aussi impétueuse, secondée par d’évidents dons naturels. […] Il ne faut par exemple rien moins à un Grigoresco que ses souveraines qualités de plein air, de distinction naturelle, de pureté, de naïveté savante, pour être amené, lorsqu’il évoque les silhouettes idylliques de ses pastoures des Carpathes, à réaliser une synthèse de poète, une œuvre de haute envergure, toute imbue de la poésie du sol natal, quelque chose enfin qui fasse penser à une sorte de Virgile roumain. […] Elle éploie sa chevelure rousse au-dessus du miroir naturel et, sur le rythme en quelque sorte de cette toison d’or ou même en son reflet, apparaît de la vasque, se tortillant, un monstre bien extraordinaire.
« Ensuite il en releva les beautés avec toute la sagacité qui lui était naturelle et toute la justesse du génie d’un grand homme.
» Seulement, lui entendait, lorsqu’il formulait cette grave imputation, révoquer en doute le « naturel » de l’auteur. […] C’est l’aboutissant naturel des études romanistes du xixe siècle. […] La scène où Jésus lave les pieds de ses apôtres, représentée dans l’enfoncement d’un autel en demi-cercle, comme une vraie chambre où ces douze figures, sculptées en bois, grandeur naturelle, font un effet si saisissant que l’on croit les voir bouger. […] C’est ainsi que Pietro Longhi se retrouva finalement lui-même ; c’est ainsi qu’il put mettre en évidence ses dons naturels et arriver à une assez grande perfection d’art pour mériter le nom de « Goldoni de la peinture ».
Mallarmé est une proie naturelle à la glose du scholiaste, et peut-être faudrait-il enfin rassembler et faire travailler ensemble les imaginations qui se meuvent autour de son génie et ordonner un recueil où son œuvre et sa pensée seules seraient étudiées : Le Mallarmiste, tels les Actes de la « Browning Society » ?