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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Il savait regarder sans préjugés d’école, et, guidé par son seul instinct, il découvre les primitifs : Fra Angelico, Ghirlandajo, le Pérugin, Francia, et, qui mieux est, il sait en parler avec intelligence. […] Quoiqu’il rappelle trop Jules Laforgue et surtout Francis Jammes, il est très italien, et il représente toute une sensibilité, sinon toute une mentalité, qui, pour regarder la vie avec des yeux sceptiques, avec un égal sourire de tous les instants, ne se révèle pas moins assez souvent intéressante quoique trop pathétique. […] Nietzsche vivait volontiers dans sa solitude, où la femme amoureuse allait parfois le trouver pour l’entretenir des événements d’Allemagne et pour le voir pendant de longues heures regarder, ému, la mer infinie et étincelante. […] Un jour je le trouvai seul, dans cette partie qui regarde la Marine Grande, sur la mer, assis sur un rocher à pic. […] Il fronça les sourcils, et me regarda d’une manière curieuse, presque investigatrice, comme s’il voulait découvrir le pourquoi de mes paroles.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Et pour lui-même, le pauvre poète fait un dard d’or, et le lance contre le soleil ; il regarde comment il s’élève, comment il brille, il regarde, et il se réjouit, et rien d’autre il ne veut. […] C’est le sonnet au Bœuf : Je t’aime, ô Bœuf dévot ; et un sentiment doux De vigueur et de paix tu répands dans mon cœur, Soit que solennel comme un monument Tu regardes les champs libres et féconds, Soit qu’au joug te courbant content, Tu secondes l’œuvre agile de l’homme. […] Mieux valait s’en aller cherchant dans le bois Désolé de la plaine le bœuf égaré, Qui saute dans les buissons et s’arrête et regarde, Que s’essouffler après le vers petit ! […] Et un ciociaro, enveloppé dans son manteau, en sifflant grave dans sa barbe touffue, passe et ne regarde pas. […] nous pensons à l’invocation carduccienne : Lorsque sur les Alpes remontera Marius et Duilio regardera la double mer apaisée, nous viendrons, ô Cadore, te demander l’âme de Vecelli.

4. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Il la regarde. […] Je regardai mon modèle. […] Elle me regarde avec des yeux étranges ! […] fit-il après avoir regardé l’heure. […] Elle n’ose pas regarder son compagnon.

5. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Je le regardai en face. […] Je le regardais. […] Elle se tourna du côté de son père et le regarda en face. […] Elle regarde ces personnages et les voit confusément. […] Je regardais ses pieds menus… Je regardais sa cheville, un petit coin de sa cheville, à peine visible au ras de sa jupe.

6. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Malheureusement deux lui manquent : la rudesse et l’amour du sol… L’avez-vous regardé ? […] Il faut s’arrêter longuement et regarder. […] —Ouvre bien la bouche, disait-elle en riant ; — ne me regarde pas, ne ris pas. […] Les femmes, charmées par sa voix mélodieuse, continuaient à le regarder, hébétées, avec un vague sourire d’espérance. […] Alors il perdit courage, et regarda les femmes avec inquiétude.

7. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Moi-même oui ; mais tout ce que j’ai regardé dans le monde Me regarde, me demande : Qui suis-je ? […] Zio Félix le regardait, enchanté. […] (Il se tourna vers Antine pour le regarder, et ils se regardèrent, s’aperçurent vaguement dans l’obscurité grise.) […] — il regardait autour de lui d’un air moqueur, de son œil fixe et malin. […] Je crois qu’il se regardait lui-même quand il s’exprimait de la sorte.

8. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Or, quand on regarde les lucarnes du Palais, on voit qu’elles sont superposées en deux étages ; 50 pieds pour un seul étage du toit donneraient au toit plus de deux fois la hauteur du monument lui-même. […] Le peintre Picasso regarde une toile d’un peintre futuriste. […] Quant au procès Murri en lui-même, ici je l’arrête : c’est une affaire qui s’est liquidée au plein jour de l’audience et cela ne regarde que la Justice italienne seule. […] Il n’y regarde pas de si près, et leur mélange n’est pas aussi savant que le voulait Cellini. […] Je n’ai jamais vu cette chambre, mais beaucoup d’habitants d’Auteuil ont eu l’occasion d’y regarder et il n’est question que de cela dans les cafés du quartier, en autobus et dans le Métro.

9. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

— Regarde, lui dis-je. […] Regarde, comme il boit bien ! […] — Regardez-moi. […] Regardez, vous tous qui vous imaginez que l’art a d’autres secrets que la nature… Regardez Béatrice et Emilia… Regardez leurs bras d’ivoire sur la nappe blanche ! […] Regarde, Alexandra, regarde, Emilia, cette pelouse délicatement ombragée par un arbre.

10. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LIX. Musique à Naples »

On place à la tête des premiers Alexandre Scarlatti, qui est regardé comme le fondateur de la musique moderne parce qu’on lui doit la science du contrepoint. […] Il a donné au théâtre un grand nombre d’ouvrages et ils sont regardés comme des modèles.

11. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Il tient sa tête très relevée et regarde tout le monde avec un mépris qui n’est pas exempt d’inquiétude. […] L’amant n’a plus qu’un plaisir : regarder l’aimée et tirer de son visage sans fraude sa seule récompense. […] Et elle la défie : « Si tu me regardes je te regarde, si tu t’approches je m’approche, désespérée par la volonté de combattre. » Aphrodite n’aura cure de l’imprécation sacrilège. […] Elle l’a regardée comme « l’abîme qui s’ouvre parfois dans une plaie divine ». […] Regarder les autres et en rire sous cape, à la bonne heure !

12. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Ribot, à la Philosophique, il me dit : « En redescendant, regardez donc l’étalage de la maison. » Je regardai et je lus sur les livres exposés : Éliphas Lévi, Dogme et rituel de la haute magie, la Clef des grands mystères, la Science des Esprits ; Du Potet, la Magie dévoilée, ou principe de science occulte ; Cahagnet, Sanctuaire du spiritualisme ; et ces mots alléchants : Bibliothèque diabolique.

13. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Le vent glacé éparpillait ses paroles, mais des lambeaux de phrases arrivaient à mes oreilles ; — Regardez… maisons détruites par les Belges ! […] Nous entrevoyions sur la charrette, pendant un instant, un malheureux qui sursautait et tirait les rênes, effrayé par ce tourbillon, par ce ronflement, par ce cri, et nous regardait avec le visage stupéfait et alarmé d’un homme qui se réveille en sursaut. […] Il devrait être permis aux journaux de discuter de ce qui ne regarde pas le secret des opérations militaires. […] En lui répondant dans le dernier numéro de la Critica, Croce montre tout ce qu’il y a de faiblesse morale dans la conduite de ceux qui n’osent regarder la réalité en face et qui enjolivent de théories fantaisistes des actions que leurs mobiles véritables justifieraient beaucoup mieux. […] Comme j’ai eu plus d’une fois déjà l’occasion de le montrer, on regarde la réalité en face, dans la péninsule.

14. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Elle devait, en outre, inspirer au Pisanello ce que je regarde, moi, comme son chef-d’œuvre : la médaille de Cécile de Gonzague. […] Nous n’avons pas défendu avec assez d’énergie nos monstres, et c’est pour cela que, écornés par les pierres, ils paraissent encore des monstres, alors que la foule devrait les regarder comme des dieux et venir les prier, aux jours de détresse. […] Michel-Ange avait vingt-sept ans ; Léonard en avait plus de cinquante ; et Raphaël, jeune homme de dix-neuf ans, qui visitait alors Florence pour la première fois, venait les regarder faire. […] Mais il ne dénigre pas ; il est sans parti pris ; il regarde, il s’amuse et on s’amuse avec un tel compagnon. […] Ma timidité et mon silence vous ont ennuyée, et vous regardez mon arrivée chez vous comme une calamité. » Et, en effet, des témoignages recueillis par M. 

15. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

[…] — Je me plais à imaginer que ce théâtre servit à représenter quelque Surprise de l’Amour et que la Sylvia d’une troupe italienne en voyage dansa dans ce site champêtre, en robe vert d’eau, tandis que, du haut d’un rocher, le Dieu Momus la regardait à la dérobée. […] Il crut entendre un léger murmure de source, il se pencha, regarda et vit rose. […] » J’attens avec une grande impatience de vos nouvelles, je vous prie de m’informer exactement de l’Etat de l’Accadémie, des tenans et aboutissans, enfin de tout ce qui peut me donner les connaissances que je dois avoir de ce qui vous regarde. […] Ils sont des témoins respectueux qui regardent profondément. […] Certes, l’attitude a une parfaite modestie, l’œil est limpide, — mais il nous regarde ; la main gauche de Marie tient à l’épaule l’enfant nu : les mains maternelles sont chargées de l’enfant, le regard lui est étranger.

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Ce qui avait indigné Lucheni c’est que le rédacteur de l’article, parlant du châtiment des criminels par la captivité perpétuelle, écrivait en racontant qu’il avait pu jeter un coup-d’œil dans la cellule où moisissait Lucheni : Je sens encore le frisson d’horreur qui me parcourut les os, à la vue du misérable ; il ne se savait pas regardé, il tournait comme une hyène en cage… Vous représentez-vous les semaines succédant aux semaines, les mois aux mois, les années aux années, et ce captif n’ayant d’autre horizon que les murs de sa geôle, s’y cognant le front, ou bien, frappé de stupeur, les contemplant d’un air morne, glissant peu à peu dans l’abrutissement, dans la folie ? […] Je n’ai jamais pu regarder cette peinture, écrivais-je jadis dans la Revue Bleue, sans ressentir la désagréable impression d’une dissonance complète.

17. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Il la regardait, frémissant jusqu’au cœur, se sentant pâlir, redoutant que ses yeux ne fussent trop hardis, qu’un tremblement de sa main ne révélât le secret. […] Certes elle l’avait regardé d’une curieuse façon… — Comme vous voudrez, mon ami. […] Le jeune homme la regardait, se sentant frémir jusqu’aux moelles et se sentant pâlir et craignant de se trahir. […] … Soudain, Rosa se releva, regarda Emidio avec un regard singulier : — Donc, nous partons ? […] Cet amour le force à regarder de loin le tourbillon des passions et des vanités qui, dans sa lourde incohérence, se heurte à toute esthétique et à tout rêve d’esthète.

18. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

La foule se tait, d’un coup ; le regarde, puis un murmure d’admiration passe, et enfin éclate un applaudissement, des cris, des bravos ; le courage téméraire a imposé à ces énergumènes : Giacomo Vettori, par sa seule présence, a mis un terme à l’émeute ; on se met d’accord et les ouvriers retournent à leurs travaux, confus et repentants. […] » Et il regarde son fils s’éloigner pour ramasser ce sceptre de seigneur campagnard qu’il vient d’abandonner après la dernière victoire… La relation du Concours dramatique ne reconnaît à cette pièce que le mérite d’une langue pure et harmonieuse ; le public, plus juste, à rendu hommage à la maîtrise de la scène et à l’intention hautement originale. […] Le dernier mot de cette remarquable étude est une allusion classique spirituellement rajeunie par l’ironie : « Remy de Gourmont, assis solidement, se plaît à regarder tomber, les uns après les autres, les fétiches encensés et adorés, et il contemple avec sérénité l’écroulement des Vieillards aux pieds d’argile. » § M.  […] En 1821, l’ambassadeur de France, marquis de la Tour du Pin, écrivait au baron Pasquier : « On ne peut pas, si jeune encore, être pourvu d’une réputation pire que celle du prince de Carignan… il est en horreur à tous les partis. » Jugement de l’opinion trop sévère sans doute et que la carrière du prince devenu roi devait démentir, puisque M. de Reiset conclut sur son compte : « Je regarde Charles-Albert comme un des souverains les plus distingués que j’aie jamais connus… Sous une apparence de froideur, il cachait un cœur très aimant, et qui savait souffrir sans jamais se plaindre… Non seulement le roi Victor-Emmanuel ne lui a jamais ressemblé physiquement, mais moralement il ne pouvait y avoir aucune sympathie entre eux.

19. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Quelle que soit l’issue du combat, l’ethnographie ne peut qu’y gagner, car les affirmations contradictoires susciteront de nouvelles enquêtes directes et le tout finira par faire comprendre à tous le mot de Montaigne, « la véritable étude de l’homme, c’est l’homme », et celui de De Brosses, « ce n’est pas dans les possibilités, c’est dans l’homme même qu’il faut étudier l’homme ; il ne s’agit pas de regarder ce qu’il aurait pu ou dû faire, mais de regarder ce qu’il fait ». […] Sa sensibilité était celle d’une femme romantique, mais paisible, qui a trop regardé la lagune immobile. […] Les cochers sont par bonheur d’une dextérité si extraordinaire qu’ils ont l’air de suspendre durant quelques secondes leurs chevaux et leur voiture en l’air, tandis que le passant s’éloigne sans regarder même le danger qu’il vient de courir. […] La plus frappante, après celle du martyr, est celle du bourreau qui regarde avec effroi la tête de la victime, et paraît dire à ceux qui l’entourent : « Vous m’avez fait faire une telle chose !  […] Comme ce spectacle était horriblement cher à regarder, je ne l’ai vu, ainsi que mes enfants, que par les beaux yeux de Mlle Mars.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LX »

Peut-être doit-on le regarder comme le fondateur du théâtre Buffa actuel

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVI »

À toutes les heures du jour, elles sont pleines de gens occupés à gesticuler et parler très haut, et à regarder les passants.

22. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

C’est pourquoi il est nécessaire que nous nous regardions d’abord bien au fond des yeux pour nous reconnaître. […] Mais, pour ce qui regarde le Pontife, il me paraît évident que cette objection peut être éliminée pour un double motif. […] Je n’ai pas besoin d’autres assurances sur un avenir qui ne me regarde pas. […] Cela veut-il dire que, les bras croisés, nous devons nous borner à regarder agir nos ennemis ? […] Et puis comment ne pas regarder avec sympathie un homme qui ne cesse d’insuffler le courage au cœur de ses compatriotes ?

23. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Grand redresseur de torts, Voltaire ne s’épargne pas lui-même et il n’éprouve nul embarras à confesser tout haut sa faute : « Je n’avais pas osé, déclare-t-il, dans son Dictionnaire philosophique 21, compter autrefois l’Arioste parmi les poètes épiques ; je ne l’avais regardé que comme le premier des grotesques ; mais en le relisant je l’ai trouvé aussi sublime que plaisant, et je lui fais très humblement réparation. » Cette amende honorable est postérieure à l’entretien de Voltaire avec Casanova ; mais Voltaire n’avait pas attendu que l’enthousiaste Vénitien lui fît, avec une fougue toute particulière, l’apologie du « divin poète », pour rendre à l’Arioste la place qui lui est due. […] Elle ose se regarder, se reconnaître, choisir son chemin en dehors de celui que le désir de se dégager des chaînes familiales lui avait ouvert par le mariage.

24. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Les uns se contenteraient avec Trieste et l’Istrie de garanties sur la côte dalmate, et, tels les Vénitiens, regardent l’Adriatique comme le libre chemin de l’Orient. […] Voilà déjà en quoi, aussi bien dans l’intérêt de la paix générale que dans celui de nos propres rapports avec le monde slave, la question dont nous parlons peut aussi nous regarder. […] Or, un artiste, au moment de la création, ne cesse ni de regarder ni de penser, son activité est au contraire poussée au maximum. […] Si tu y trouvais quelque chose de sûr, il faudrait le prendre et ne pas regarder à deux cents écus. […] Il faut y ajouter les services sanitaires, la création de cuisines économiques, ce qui regarde la protection de l’enfance, et aussi la propagande morale76.

25. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

En janvier dernier, il achetait pour près d’un million de marks, à un peintre viennois qui l’avait découverte en 1914 dans un vieux château du Tyrol, un exemplaire de la Vénus au musicien de Titien dont le Musée de Madrid conserve l’original et une première variante, regardée comme une œuvre d’atelier. […] Le tableau, d’après la presse berlinoise, représente une femme nue étendue sur une couche ; à ses pieds est assis un jeune homme qui la regarde en touchant l’orgue ; des tentures tombent à grands plis ; dans le fond un paysage. […] Il défend des artistes tels que les Ricci ; il démontre que si la faiblesse, à ce moment-là, de l’école romaine de peinture, la plus regardée par les Français en cours de voyage d’Italie, peut donner l’idée d’un fléchissement, il y a compensation du côté de l’activité vénitienne. […] Sa rivale naturelle, c’est la France… …………………………………………………………… Pour ce qui regarde l’Italie et la France, elles seront toujours rivales et souvent ennemies, parce que la face du monde ne se peut plus changer. […] La tête inclinée sur la poitrine et les sourcils sévères, il regardait en dessous et paraissait toiser du regard un adversaire inconnu et redoutable et calculer mentalement les forces qu’il fallait lui opposer.

26. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

À la porte de la ville, j’avais paré mon esprit et mon cœur de leurs joyaux les plus rares : je savais que les choses anciennes vous regardent et vous jugent avant de révéler le secret du Passé. […] Un tableau n’est que ce qu’il veut ; il n’y a pas moyen de le regarder autrement que dans son jour.

27. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Ainsi, lorsque Shakespeare regarda la vie avec son terrible regard de souffrant qui connaît toutes les souffrances, il fut parfois troublé par la fureur tragique, mais jamais il ne sut communiquer son trouble à la foule. […] Il a regardé la « face de la Vérité » aux sources lointaines et mystérieuses d’où dérive le fleuve de l’existence, ce fleuve qui à son tour s’ouvre parmi des cris de bataille dans celle que nous appelons la mer de la vie. […] Car la misère est une sorte de folie au point de vue social, comme la folie est une sorte de misère animique, du moins pour ceux qui la regardent sans pouvoir la comprendre. […] Cette perpétuelle discontinuité dans tous les aspects de l’Être peut engendrer, dans l’esprit de celui qui peut à un moment précis la regarder dans son ensemble avec des yeux nouveaux, le sentiment de l’effort renouvelé sans cesse, et sans cesse vainement accompli. […] Mais, si nous voulons en comprendre tous les motifs, regardons encore à la page qui fait face à celle-ci, et ouvre le volume.

28. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Cet œil, qui regarde l’infini, est-il un symbole ? […] — S’il va à Oberlaitensdorf (sic) il verra Dux aussi, et il pourra vous la demander, car il y a un monument qui le regarde lorsqu’il étoit grand-duc […] Faut-il commencer à regarder à gauche, au centre, ou à droite ? […] Dès qu’elle ne se mire plus dans les yeux de l’aimé, dès qu’elle veut pour soi seule être belle, c’est la vanité qui est là… « Si tu te regardes trop dans le miroir, disent aux enfants les vieilles bonnes de chez nous, tu verras le diable. » Segantini n’a pas été chercher plus loin.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Ne regarde pas le corbeau qui croasse.

30. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Ces mots momentanés exaspèrent le policier de l’orthodoxie ; à bien regarder, ce ne sont que des mots et des mots à la mode, fatalement condamnés à un abandon prochain. […] Quand on visite les musées, quand on regarde les œuvres, on ne s’en contente plus. […] Morelli n’avait eu qu’à la regarder d’un peu près pour en acquérir la certitude. […] Il faut qu’on les regarde. […] Regardez la Ca d’Oro, maison d’aubépine.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Placé dans un cercle méridional, l’homme jeune doit regarder en arrière le passé et en avant l’avenir ; aimer ses amis, ses ancêtres dont il a reçu l’existence, la nourriture et la doctrine ; aimer ses cadets, pour leur épancher avec amour ses bienfaits, afin de se voir honoré et soutenu dans la période de décadence.

32. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Regardons-y de plus près et entrons dans l’esprit même de la chose.

33. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Vers les cinquante ou soixante ans, l’homme se plaît à regarder les jours déjà écoulés de sa vie.

34. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Il semble qu’entre les lignes, en chaque blanc, ou derrière le lacis des paroles, deux yeux profonds vous regardent, vous invitent à méditer, deux yeux profonds qui ont sondé, avec anxiété les ténèbres et aussi la pleine lumière du soleil.

35. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Antonio Fogazzaro ; on le regarde comme le chef de cette littérature qui s’oppose au sensualisme de M. d’Annunzio ; son talent nous présente bien la seconde face de l’âme italienne toujours oscillante entre l’épicurisme et le mysticisme ; M. le vicomte de Vogüé le remarquait fort adroitement, à l’occasion de l’enquête du Marzocco dont je parlerai plus loin. […] Mais, la façade qu’il rêve s’élèvera, l’effroyable et lourde façade d’une platitude et d’un manque de jet qui rappellent les plus mauvaises constructions de la fin du Consulat et du commencement du Premier Empire, ces maladroites, plates et gauches contrefaçons devant lesquelles se meuvent si gentiment les incroyables de Carle Vernet : qu’on regarde avec attention les dessins qui en sont restés, le médaillon d’or du Cabinet des Antiques.

36. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Mais l’admiration se comporte en face du livre prodigieux comme à l’aspect des grandes cathédrales : on s’extasie sur la majesté du monument, sur les proportions admirables, on fait la génuflexion et on passe, sans regarder ni les vitraux pleins d’évocations symboliques, ni les chapiteaux historiés de figures satiriques.

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