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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Les grands et profonds sentiments humains de douleur comme de joie, d’attraction comme de répulsion, ont toujours en eux quelque chose de religieux ; et l’individu qui les éprouve est attiré irrésistiblement à la dévotion ou à l’admiration envers l’Être qui lui apporte la réalisation de son rêve ou l’apaisement de ses douleurs. Et quand, par une sorte de contagion, ces sentiments se répandent dans un peuple, quand, aux heures solennelles de l’histoire, la vie sociale est obscurcie par le nuage d’une indicible tristesse ou exaltée par le rayon d’une nouvelle joie, la religiosité qui vibre dans l’âme de chacun se multiplie par la solidarité et se manifeste dans une forme collective. […] Et nous arrivons à la Renaissance, qui fut une période agitée, de vie forte, effervescente et poursuivit avant tout la joie de vivre, d’exister, d’encadrer sa vie et d’en jouir, avec les Loges de Jean d’Udine et le Culte des Antiques Symboles : le règne de la délicieuse Impéria et le culte de la beauté ; le cadre du bonheur, avec la Farnésine et la vie première avec la Villa d’Este à Tivoli. — Toutefois, si ce livre abondant et écrit avec le même soin que le précédent par M. 

3. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Les clercs vagabonds chantaient les joies printanières : Terra jam pandit gremium Vernali lenitate… Estivali gaudio Tellus renovatur… Fronde sub arboris amena Suave est quiescere, Suavius ludere in gramine Cum virgine speciosa. […] Or, ces choses ne sont point en dehors de nous, mais en nous, car il n’y a pas, que je sache, de gens qui aillent demander aux autres leur colère propre, leur douleur propre ou leur joie propre ; ils n’obéissent en cela qu’à une impulsion naturelle ; que sera-ce donc pour le génie, qui est créateur ! […] J’en trouve la preuve dans la scène II de l’acte III entre Othello et Desdémone, commençant par ces mots : Que Dieu te tienne en joie, ô maître de mon âme, et dans plusieurs autres scènes qui sont développées suivant le modèle symétrique de l’ancienne manière sans nuire à l’évolution des sentiments. […] Maurel, qui incarne si aisément un Iago après un Falstaff, nous fît la joie de créer à Paris Hans Sachs des Maîtres chanteurs.

4. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Ici l’amour ne montre pas sa face tour à tour peinée et rayonnante de joie. […] Les mauvaises impressions de la nuit s’étaient envolées ; la joie infinie de la liberté emplissait son cœur. […] Antine sentait en lui quelque chose de semblable à la joie superbe des poulains. […] Zio Félix et Minnai étaient occupés à traire les vaches, et ils attendaient le séminariste, envahis d’une joie profonde. […] Romualdo Giani procure par son étude une grande joie.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Et il y eut des femmes qui m’aimèrent et des femmes qui fuirent avec moi et des femmes qui pleurèrent pour moi et des femmes qui moururent pour moi… et jamais je n’eus la joie et la surprise de trouver celle qui devait faire battre mon cœur et désemparer mou esprit. […] Je les regardais dans les yeux — yeux noirs, yeux bleus, yeux gris, yeux de spasme et de passion — et je voyais se refléter en eux mon visage, et je voyais briller en eux la joie de me sentir près d’elles, et cependant mes yeux ne se voilèrent pas un instant, et quand je les avais possédées je les quittais sans un regret. […] Ce jardin fut le lieu de mes joies tant que j’habitai la petite capitale. […] Je vécus avec moi-même — avec un moi passé — des jours de joie imprévue. […] Et maintenant je vis encore dans le monde, dans les grandes villes de la côte, et il me semble que quelque chose me manque de quoi je n’ai pas un souvenir précis… Quand la joie me saisit, avec ses rires stupides, je me dis que je suis le seul homme qui se soit assassiné soi-même et vive encore.

6. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Il eut, pour atteindre la joie, un geste héroïque, celui du dédain de son âme, du mépris de l’à venir et du passé. […] Il faut que le dramaturge s’élance dans les domaines de la poésie vers les sommets de l’art fait de douleur et de joie. […] Les vieux temples s’effondrent, ou gardent seulement toute leur beauté de pierre pour notre joie esthétique. […] De son côté, le livre contribue largement à fournir des éléments de joie aux officiants du Passé. […] Leur marche dans les terres de leur race leur fit connaître les joies de l’amitié.

7. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Quelle joie le lecteur de journaux doit-il éprouver lorsque sa situation lui permet de lire les ouvrages mêmes de Lombroso ! […] dit Stérope en battant des mains dans un élan de joie. […] Contentez-vous alors des joies que vous donnent les grappes mûres… Le jour vient et vous appelle au repos après votre longue nuit d’orgie. […] On retrouve avec joie un motif simple. […] Il est notoire qu’en bon imitateur de Frédéric Nietzsche M. d’Annunzio prêche dans ses livres et ses discours la religion de la joie.

8. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

À chaque extension de nos facultés sensorielles, correspond une perception adéquate et une surexcitation subjective momentanée, une joie toute sensuelle au contact de la sonorité neuve et complexe. […] Cet homme qui prêche continuellement la religion de la joie, la nécessité du plaisir, travaille comme un nègre. […] Gabriele d’Annunzio, le grand Prêtre de la Joie, passe sa vie sur le papier ; moi, qui ne prêche rien, j’ai toujours trouvé mon plaisir à me promener et à garder tant que je peux le loisir le plus rigoureux. C’est peut-être l’idée la plus courante, et tous les hommes tomberaient des nuages si on leur expliquait que le plaisir et la joie c’est précisément de travailler jusqu’à la mort. […] La joie du pauvre reviewer d’histoire, trop accoutumé à des compilations de documents d’archives (le travail d’une foule d’historiens contemporains ne se trouvera-t-il pas consister, en somme, croyons-nous bien, à avoir reproduit et imprimé des documents d’archives, à en avoir établi et publié le double typographique (ce qui est considérable, certes, mais qui n’est pas tout), cette joie est vive à des ouvrages comme celui-ci.

9. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

« Que Dieu te sauve, ô cher signe, notre amour et notre joie ! […] » Le vin, l’amour, la joie, les attraits éternels de la nature ont droit au partage de la vie de l’homme, laquelle doit se passer dans l’action et non pas dans l’ennui stérile de toutes les choses de ce monde. […] Ils veulent en cette Rome si triste, où jadis, par les rues papales, on portait en procession les beaux marbres païens avec la même joie que le corps d’un protomartyr, — ils veulent qu’on y revoie et qu’on y acclame le triomphe de Venus Victrix ; et, vainqueurs ou vaincus, ils auront laissé trace de leur lutte.

10. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

. — Exiger la signature et la bande intacte), donc — des romanciers vont nous initier, au moyen d’une intrigue facile à suivre, aux joies du catéchisme de persévérance, au mécanisme des pèlerinages nationaux, à la fabrication des cierges, et sans doute aux mystères parturiaux de la mule du pape, laquelle « porte » treize mois, ainsi qu’on me l’apprit dans mon enfance. […] Un homme, fort coupable, lui aussi, envers sa femme, pardonne à la créature qui l’a trompé, mais ne peut pardonner à l’Innocent dont elle est la frauduleuse mère, — et, avec l’angoisse de commettre un crime, avec la joie de supprimer la tache et l’obstacle, il tue l’Innocent.

11. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Déjà lorsque M. d’Æhrenthal lança l’idée du chemin de fer du Sandjak, qui assurait la pénétration austro-hongroise vers Salonique, elle épousa avec joie la cause de la transversale Danube-Adriatique, proposée par M.  […] Il traduit maintenant par sa musique la joie générale de ceux qui l’écoutent et qui, comme moi, sont émus. […] Georges-Olivier Destrée le sentit bien ; et, comme son âme était profonde, il lui fallut les joies mystiques et la paix du cloître : il se fit bénédictin. […] Troublé, Jean se souvint en cet instant des joies ineffables qu’il avait goûtées dans l’église de San Miniato, pour avoir, surmontant en lui l’esprit du monde, agi par amour du Christ, et fait miséricorde à son ennemi. […] Assise au bord de son fleuve magnifique, derrière la solide barrière de ses remparts, Avignon goûtait pleinement la joie de vivre.

12. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Se développant dans un tryptique : la Cathédrale, la Demeure des Rois, la Ville, elle synthétise la vie séculaire de l’Occident, depuis l’avènement chrétien jusqu’à celui, encore obscur, encore crépusculaire, de notre vie moderne : depuis le signe éternel d’angoisse et de joie laissé par l’homme dans ses cathédrales, jusqu’au brouillard animique de la Ville moderne, à travers les demeures des Rois de l’époque de fer, la Renaissance. […] La critique italienne a salué avec des cris de joie ce jeune poète des choses simples.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Et il peut écrire le sonnet, unique dans toute son œuvre, le sonnet qui vit d’une tendresse panthéiste, d’une joie géorgique toute moderne, et meut lentement ses quatorze cercles magiques dans une campagne immense, qu’il semble évoquer, qu’il semble remplir. […] Cependant les Odes Barbares, en résumant l’orgueil italien des premiers livres du Poète, sa joie de se savoir non indigne de la tradition romaine, et la fierté libre-penseuse de son esprit social et adverse au Pape eurent un retentissement énorme. […] C’est l’âme de Rome, celle que le poète croit encore l’anima mundi, qui le retient, le serre, le fait étouffer de joie dans la souvenance, d’angoisse dans la vision présente.

14. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

J’entends ici par élite des intellectuels les gens qui aiment l’Art et la Science, non pour ce qu’ils peuvent procurer d’honneur ou d’argent, mais pour ce qu’ils apportent d’élargissant et de fécondant à l’âme humaine, pour l’accroissement de force et de joie qui en résulte pour eux-mêmes et pour autrui. […] Parmi le désordre de notre joie moderne, Renoir a su trouver encore et cueillir les simples fleurs de la calme allégresse ; c’est un peintre, en somme, qui, quoique très moderne, a trouvé le moyen de vivre dans une atmosphère de suavité et de paix voluptueuse que les autres n’ont pas rencontrée. […] Et l’œuvre de Pascoli est un feu de joie et de douleur très vaste et très haut. Des feux follets, parfois, souvent, se détachent du foyer central, tremblent le long des fils d’acier tendus par le poète entre sa douce réalité et ses visions mélancoliques de la joie du monde. […] Pascoli a été de la sorte le poète d’un printemps voilé, le pâtre séculaire qui tire des sons lugubres d’une flûte où ses doigts et son souffle cherchent un chant de joie.

15. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Enfants, semez des roses, voici la mort qui passe, mais sémerez-vous assez de roses pour assourdir les pas de la foule qui se rue vers le grand désastre, assez de roses pour boire le sang des veines écrasées, assez de roses pour que l’odeur des roses étouffe dans les gorges les sanglots de la joie et les cris de la haine ? […] Songez à n’être que vous-même ; ne prétendez pas, comme votre pays, vous enrichir par des emprunts étrangers ; ne rêvez pas d’une gloire immodeste, de tout une forêt de lauriers : celui qui vous est dû suffira à vous tenir en joie avec ses petites fleurs roses et ses belles feuilles vertes. […] Guillaume Ferrero ; mais l’Italie vraie n’est pas non plus celle que suppose cet écrivain ordinairement plus hardi ; l’Italie vraie est celle qui voudrait vivre en paix, dans ses rizières ou sous ses orangers, sans roi, sans bersagliers, sans caporaux, avec seulement quelques braves carabiniers d’opéra-comique, beaucoup de musique, des fêtes, et la joie d’être libre, de penser à vivre et non à tuer.

16. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Ce qui encombrait de la collection His de la Salle a été accroché dans un couloir qui donne sur la rue de Rivoli, et c’est une joie que de pouvoir passer sans trouble d’une pensée à une autre, de pouvoir goûter dans le calme ces impressionnantes et éloquentes notations. […] Le théâtre, pour le moment, lui refuse ses joies. […] Elle me propose, la lamentable et chenue fille de joie, les voluptés que décrivit l’Arétin. […] Une exposition publique de ce précieux cabinet eût été désirable, occasion de joie et d’étude, de développement… Jusqu’à quel point (soit dit, dans la circonstance, en toute courtoisie) les détenteurs de merveilles d’art, initialement comme à jamais dédiées au monde par le génie, ont-ils le droit d’en intercepter, au profit d’eux-mêmes ou du prochain acquéreur, le rayonnement ? […] De ces deux anges en plein ciel, l’un, qui fend l’air d’un élan tout-puissant, les cheveux dans le vent, le visage ailé lui-même d’un vaste rire, semble une force de la nature, un élément, la joie vivante ; et l’autre, dont la tête seulement nous est visible, pensif, attentif, le front lumineux, pourrait se nommer la Méditation.

17. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Il y avait là, pour un raffiné, une joie permise et quelque peu perverse, non exempte d’un peu d’inceste, — et il se décide. […] L’impassible de jadis disait à Théodore de Wyzewa : La meilleure joie étant la compréhension du monde, cette joie doit être donnée à tous. […] Pica a raison et qu’ils furent des poètes d’exception, destinés à faire la joie d’un petit nombre de malades intellectuels ; ou que le « public lettré », de plus en plus gâté par les journaux et la mauvaise littérature, n’a plus le goût assez sensible pour différencier le faux art d’avec l’art ingénu. […] L’on s’empara de Savonarole et de Fra Domenico que l’on conduisit au palais public : la foule, ivre, exaltant d’une joie atroce, les injuriait au passage : on les frappait, on leur crachait à la figure ; au moment où Savonarole entrait au palais, un inconnu lui porta par derrière un coup de pied en s’écriant : « Voilà le siège de tes prophéties. » Le procès des dominicains fut mené rondement : on n’épargna rien pour les noircir dans l’esprit public. […] Un instant leur âme frémit de joie : le vent chassait les flammes, les empêchait d’atteindre le corps de Savonarole que l’on distinguait tout entier au-dessus d’elle ; mais bientôt elles se redressèrent et étreignirent leur proie.

18. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Ils ont pour écho la joie du peuple qui salue les porte-drapeaux de la République. […] Il était la joie des réunions improvisées. […] Cet être supérieur à tous ceux qu’il m’a été donné de rencontrer sur la terre ne fit partager aux autres que ses joies. […] — Ce doit être une joie que de fondre une statue… — Et une immense fatigue. […] Seuls, les instants de joie animale m’apaisaient.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXV »

Le soir, la Madone, devant laquelle nous passions pour aller au théâtre ou sur le quai de la Chiaja, était illuminée à fond et les enfants, qui sautaient autour avec une joie extrême, nous lançaient des feux d’artifices entre les jambes en l’honneur de la Madone.

20. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Ce sont des cris de joie et ils se communiquent leurs trouvailles. […] La joie de vivre renaissait pour moi. […] quels cris de joie et quels gémissements de plaisirs ! […] Et si je pense au paradis, je n’y mets pas une autre joie que celle alors qui m’enivra. […] qu’un regret n’aille pas maintenant troubler nos joies !

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907 »

La joie nous suffise de la cause gagnée, du triomphe mérité ; récompense, où puiser de nouvelles forces d’espérer et de vouloir d’autres actes de justice.

22. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Il est, en effet, le peintre, par excellence, de la joie moderne, qui cache toujours, hélas ! […] riez et folâtrez en joie ; Rien n’arrive au songeur des ombres qu’il coudoie ; Il est seul dans le bruit vivant de la cité. […] Si elle est morte, ravie, toute jeune, à l’extase de ceux qui l’ont admirée ici-bas, dans les demeures célestes élue pour son innocence et sa sagesse, elle songe à qui l’a sur terre délicieusement aimée, et, en attendant de l’accueillir dans la joie à ses côtés, elle veille sur lui pieusement. […] Puis la mort est survenue et a brisé la coupe où se buvait toute la joie de la vie. […] Une grande joie géorgique exalte en lui les aspects de la nature italienne, et sa culture fait vibrer ses enthousiasmes devant tant de souvenirs de beauté et de force épars sur l’île du soleil.

23. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

Qu’on se rappelle que pour elle j’avais quitté Naples et Rome avec joie.

24. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Imagine-t-on le moral de soldats condamnés à une guerre aussi dure que cette guerre d’Italie et qui jamais n’ont la joie d’un congé ? […] Au bout de quelques jours on apprit la victoire de la Marne et la joie succéda aux angoisses du début. […] Mesnil tout à la joie d’un triomphe facile, si votre correspondant n’avait renversé les rôles. […] Et c’est ainsi que Lodoletta, parmi tous les dons qui lui sont présentés, a la joie de compter les chers « zoccoletti » de son désir. […] Elle intéresse tous ceux qui s’occupent des études franciscaines et qui apprendront avec joie que l’on a ainsi retrouvé un nouveau portrait de saint François.

25. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Mes chers enfants couraient de joie et s’habillaient à la hâte pour aller voir si c’était bien vrai. […] Chacune de ses paroles les saisissait de joie. […] L’écrivain, qui l’avait créée très forte dans sa domination féminine, a la joie de la briser après l’avoir insultée et affaissée sous l’ignominie. […] Tout, autour d’eux, semble joie et rires. […] L’épouvante naît précisément de cette logique implacable qui nous étreint dans ce décor de rêve, sous ce ciel de lumière et de joie.

26. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

C’est même avec joie qu’il faut accueillir des observations aussi justes et aussi conformes à la pensée de l’élite de la nation française que celles formulées par Diego Angeli dans un article intitulé les Académiciens devant la guerre, publié par le Giornale d’Italia. […] la joie de charger l’ennemi à la tête de sa compagnie ! […] Aussi est-ce avec joie que j’ai lu la lettre de Giuseppe Prezzolini insérée dans le numéro du 15 juillet de la Voce, sous le titre Nous et la guerre. […] Récemment, il réimprimait cette page exquise de la légende franciscaine ; Comment saint François, chemin faisant, expose au frère Léon en quoi consiste la joie parfaite.

27. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Mais les artistes de ce théâtre mettent souvent à profit l’ignorance des Allemands et ajoutent au texte des phrases qui mettent le public belge en joie. […] Les romantiques commencèrent à ne voir qu’à travers leurs joies amoureuses ou leurs mélancolies vaporeuses. […] Et hier, avec quelle angoisse lisions-nous chaque jour les communiqués de Verdun, et quelle joie devant l’intrépide résistance, plus glorieuse qu’une victoire ! […] La précision des joies vulgaires, une trop grande plénitude dans le bonheur ou le plaisir décevraient, troubleraient leur pensée. […] Peu importe d’ailleurs : l’œuvre est belle, elle est émouvante, elle est une peinture exacte des passions, et elle suffit à notre joie intellectuelle.

28. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

II donne : Amour, donne désir, donne, vertu, done re (roi), joie, salut, sécurité, défense. […] L’idéal d’un Michel-Ange ou d’un Véronèse, dès qu’une fois il s’est fixé, rien ne l’empêche plus de se développer librement et de répandre au cœur de l’artiste l’orgueilleuse joie de la création.

29. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Une inauguration typique Bien qu’il ne s’agisse pas de littérature, je ne peux pas passer sous silence un événement artistique qui a fait la joie des amateurs, ce février, à Rome. […] Au troisième acte, dans un cabaret du faubourg, un rendez-vous a lieu entre divers anarchistes, quelques femmes de joie et quelques esprits ignorants enflammés par des lectures mal comprises. […] Les cris et les vivats redoublent et montent au ciel ; la joie est au comble… Soudainement, un éclair, un coup de feu : la Princesse Béatrice, frappée en pleine poitrine, chancelle et tombe, elle vient de recevoir le plomb destiné à son père.

30. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

J’éclatai de rire : — Cette brute fait ma joie ! […] je l’aurais poussé dehors avec joie, ce.… Mais ses yeux qui vous détaillaient, ne vous gênaient-ils pas ? […] — La barque du printemps s’est arrêtée devant ma porte, dit Aurora avec une joie enfantine. […] Ils se contemplèrent avec une sorte de joie épouvantée, et tombèrent aux bras l’un de l’autre. […] Sans doute parce que la musique recréait, en son âme tourmentée l’état de légèreté et de joie de l’amour heureux.

31. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

Au lac d’Arqua Au lac d’Arqua (des roseaux levés droits Lui font une ceinture, et des tremblants peupliers), À l’abri des rets et des fusils Les farlouses, les têtes-noires et les mésanges Gringotent toute la journée ; mais quand les noires Ombres déménagent du ciel il semble que se double La joie de leur vie, et sonnent des éclats Gais de trilles et un frou-frou d’ailes allègres.

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 »

C’est qu’aussi, plein de verve, d’invention même, dans le rendu des nuances légères, spirituelles, tendres, lumineuses, délicieusement singulières, d’une civilisation de joie et de couleur enfermée dans une île, — avec une érudition minutieuse et savoureuse aidant, à chaque page, aux trouvailles de plume, — le style de ce livre ignore un peu trop (j’entends bien qu’il ne pouvait pas les constater au xviiie  siècle) les grands côtés de l’histoire de Venise, la largeur, la gravité.

33. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Il Vecchio, le vieillard, c’est Alexandre Zeno, qui, arrivé à ses derniers jours, rêve les joies terrestres les plus belles et les plus fières : la paix des Sages, l’attitude des Athlètes, l’allégresse des Amants ; mais, tout à coup, la pensée de la mort imminente vient le troubler, et il en est poursuivi sans cesse, et son âme en subit le poison subtil, et, entouré par des images de jeunesse, d’avenir, de vie, il sent partout la Mort, la Mort, la Mort ! […] Ojetti à un compagnon de joie qui s’est fait capucin ; dans un élan de repentance, il a tiré son capuchon presque sur son nez… Cela ne durera pas longtemps les jolies Égyptiennes (les Égyptiennes sont toujours jolies) sauront arracher le froc à M.  […] La victoire d’Ercole Grabba est de courte durée ; il entraîne avec lui Attilio, et dans un de ces élans qui peuvent faire sourire ceux qui sont en dehors de la folie amoureuse, les deux cousins, les deux victimes se promettent d’oublier la joie enchanteresse dont ils se sont enfin séparés ; ils détruisent tout ce qui reste de leurs amours, jusqu’aux portraits de Saveria.

34. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Première partie d’une « Trilogie romantique », la Joie est l’histoire d’un homme qui s’est trop analysé, qui a trop réfléchi, et qui se trouve en désaccord avec l’ordinaire mélodie vitale.

35. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Depuis, j’ai suivi de loin les efforts de feu Ponchielli et parcouru sans joie les oratorios honorables de M. l’abbé Perosi ; mais je n’ai jamais pu lire à la file plus de trois pages de M.  […] C’est à Dresde que fut révélé ce transcendant Amour à la fontaine de joie, d’abord exposé lors de la fête de l’Art et des Fleurs en 1898 à Florence, où il passa presque inaperçu… Il fut acquis depuis à Pétersbourg.

36. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Le sentiment ethnique — langue, religion, coutumes, traditions, histoire faite d’intérêts, de gloires, de douleurs, de joies et de malheurs communs — se superpose aux caractères anthropologiques. […] Guerrini chanta les amours charnels, les joies défendues, les plaisirs du vin et de la table avec une versification facile et coulante que tout le monde pouvait goûter. […] Leur destinée ne s’améliorait point et leurs ressources continuaient à être si restreintes qu’ils envisageaient sans joie la possibilité de l’intervention militaire de l’Italie.

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