Ce n’est, certes, pas un ciel d’Italie, mais c’est peut-être un ciel d’opéra « vériste ». — Serait-ce un symbole ? […] Le coloris est plutôt sombre, presque sale, à peine éveillé par un peu de rouge au corsage Point de ciel. […] Le ciel entier pourrait presque passer pour le sujet du tableau, tant il en occupe la majeure partie, et tout autre peintre de scènes paysannes, M. […] De nouveau cette forte luronne s’enlève sur un fond de pâturage et de sol, sans le moindre ciel. […] C’est tout, et c’est d’une grandeur admirable ; presque tout l’espace appartient au soleil et à son embrasement dans le ciel et dans son reflet.
Les tombes toutes semblaient ouvertes, Sous ce ciel. […] Soleil, tu étais vraiment au centre du ciel, quand Je te la promis ! […] Ce portrait semble représenter l’une des deux femmes de Lionel d’Este, duc de Ferrare, une pâle tête aux cheveux blonds relevés qui se profile sur un fond de ciel et de fleurs, œillets et ancolies ; tout autour, des vols de papillons.
Dans l’éloignement, à l’horizon, Monte Urticu se dressait, bleu sur le ciel rose. […] Les étoiles scintillaient sur un ciel un peu cendré. […] La nuit était fraîche, comme mouillée : de longs nuages minces sillonnaient le ciel. […] Ce soir-là, l’âme du séminariste était comme une fleur ouverte vers le ciel, et qui attend la rosée. […] Le soleil était couché ; la splendeur du ciel rouge orangé se reflétait sur la rive occidentale du fleuve.
Et comme je priais, le ciel s’ouvrit, et j’aperçus cette femme que j’avais désirée, me saluant du haut du ciel et disant : Hermas, salut. […] Et c’est en pensant des choses qui sont justes et s’avançant dans cette droite voie qu’il trouvera au ciel un Seigneur propice à sa cause. […] Le plus grand de ces artistes fut hier Wagner, aujourd’hui il se nomme Stéphane Mallarmé, et, sous l’égide de l’un ou de l’autre, à la suite aussi de Baudelaire et de Verlaine, ont lui ou luisent au ciel invisible les noms de Villiers de l’Isle-Adam, Laforgue, Rimbaud, Poictevin, Barrès, Puvis de Chavannes, O. […] L’ombre des Catacombes, cependant, recelait toujours la frugale semence des symboles tumultueusement développés, là-haut, sous le ciel sonore des cités : le Cheval en course, le Paon, la Colombe, le Pélican, le Calice, Orphée8.
Nous voyagions dans le plus magnifique pays qui ait été créé sous le ciel. […] L’apothéose finale, logique dans Faust, est ici surajoutée ; Adonis ne peut monter au ciel chrétien. […] Du ciel Circéen pas plus que du ciel Cimmérien, nous n’avons rien à tirer, au point de vue géographique ; cela est clair. […] Le ciel l’attendait, si proche ! […] Vous avez vu le ciel d’Orient, jonché de colombes et criblé de minarets !
Comment accommoder ce langage emprunté à celui du ciel avec cette destination ? […] Mais, remarque le gibelin, tous disent de même : ciel, amour, mer, terre, vivre, mourir, aimer, et d’autres mots encore. […] La monarchie assure la paix : une seule volonté en terre comme au ciel. […] Il y a eu trois peintres qui, vraiment, se sont toujours inspirés non point de leur observation, ni de leur fantaisie, mais en quelque sorte d’une version directe du ciel élevés jusqu’à l’extase par la ferveur de leur foi.
Toutes les cloches sonnent dans le ciel, sur le Carroccio. […] Rosny, intitulé « Tornadres » et qui vous fait vraiment descendre le ciel sur les épaules. […] Ô ciel, j’entends leur voix séraphique et leur prière. […] Aussi donnons-nous du bon temps et jouissons de cette papauté d’Avignon, puisque le ciel nous l’a accordée. […] La légation d’Avignon n’est plus ce présent du ciel que Garganello chantait il y a quelques années à peine.
Mais ce paysan-là avait un œil particulier qui, s’il était sans originalité propre pour discerner les formes extérieures et la couleur des choses, était avide d’éther, de ciel et de lumière, — un œil que le soleil fascinait étrangement, surtout aux heures magiques de ses deux manifestations les plus violentes. […] Jamais peintre n’eût plus ému, ne serait allé plus haut dans la divination et dans le Beau que Claude Gellée, s’il eût réalisé l’admirable union du champ natal, — et du ciel qui lui était propre. […] De même cette page magistrale, ces Arbres près d’une rivière ; de même son Étude d’après un groupe de pins, où le ciel, obtenu par une opposition très simple, est d’une lumière vibrante dans l’ébranchement des hauts mélèzes. […] Quelques-unes apportèrent des torches, parce que le ciel, obscurci par l’approche de la tempête, prolongeait la nuit ; et quand la lumière fumeuse couvrit le corps d’Orphée, les femmes le regardèrent en silence, tandis que ses yeux à lui, un peu voilés d’une ironique tendresse, regardaient les femmes. […] Elle est remontée au ciel, et il ne reste plus dans la forêt que Béatrice, les vertus, Mathilde, Statius et Dante lorsque l’aigle, image de l’Empire, s’abat sur le char et le remplit de ses plumes.
Il a vu peut-être Fra Bartolomeo apportant à l’autodafé ses chefs-d’œuvre ; il a deviné le théologien allemand qui brûlera la somme de saint Thomas ; indigné ou écœuré, trouvant misérables et vaines les disputes des scripturaires, il a pris le ciel à témoin, le ciel astronomique et la terre géologique, et l’homme anatomique, et d’un seul coup chassant théologastres et rhéteurs, il déclare que, « toutes nos connaissances nous viennent du sentiment » (152), et que « la nécessité est maîtresse, inventrice et tutrice de la nature, son frein et sa règle éternelle » (228). […] Dans son prodigieux orgueil, il se lèverait contre le ciel si le poids de ses membres ne le maintenait sur la terre. […] Jésus s’est incarné et Marie est montée au ciel. […] « N’ai-je point prié dans le ciel sur la terre, Seigneur, Seigneur, n’a-t-il point prié ? […] il n’y a plus place pour d’autres. » Et c’est aussi un peu le Prométhée nerveux, et par trop gémissant, d’Eschyle, qui s’écrie devant des femmes : « Ô ciel, lumière où roule l’immensité, voyez ce que je souffre pour la justice !
Sul laghetto di Arqua Sul laghetto di Arquà (cannucce integre Gli fan cintura e trepidanti pioppi), Secure da le reti e da gli schioppi, Pispole, capinere e cingallegre * Cinguettan quanto è il dì ; ma se le negre Ombre sgombrano il ciel, par che si addoppi La gioia di lor vita, e suonan scoppi Gai di trilli e un frullar d’ale allegre. […] Au lac d’Arqua Au lac d’Arqua (des roseaux levés droits Lui font une ceinture, et des tremblants peupliers), À l’abri des rets et des fusils Les farlouses, les têtes-noires et les mésanges Gringotent toute la journée ; mais quand les noires Ombres déménagent du ciel il semble que se double La joie de leur vie, et sonnent des éclats Gais de trilles et un frou-frou d’ailes allègres.
En effet l’arbre défendu était l’arbre de la science, l’arbre de la sagesse, non seulement du bien et du mal, comme dit le Juif, mais du vrai et du faux, du visible et de l’invisible, du ciel et de la terre, des êtres animés et des esprits. […] Mon intérêt était qu’ils y réussissent, car j’espérais en leur aide pour reconquérir le ciel. […] Après s’être arrêté quelques instants, comme saisi de quelque pensée soudaine, il continua son chemin en silence, regardant les étoiles qui commençaient à trembler dans le ciel languissant du crépuscule.
Voilà tous les pêcheurs criant au miracle, s’agenouillant et rendant grâces au ciel. […] Il était à l’ombre, le ciel était bleu : c’était comme au paradis. […] Le ciel était magnifique autour du soleil. […] Une atmosphère pourpre montait de la ville et n’atteignait pas le ciel, qui restait bleu. […] Voici les fruits du ciel, les vins du ciel, les pâtes du ciel cuisinés par les Archanges.
Vogue en une tiédeur de soleil occidental Riant aux céruléennes solitudes : Entre ciel et mer de candides oiseaux volent, Des îles vertes s’éloignent. […] Si Raphaël, si Vinci ont de la science et de la grâce, il n’en manque point, lui qui se promène dans les jardins du ciel ; et apte s’ils sont à tout dire, il ne leur est point inférieur, puisqu’il va de l’ange au démon, de l’Eden à l’abîme.
Il rappelle sa jeunesse lorsqu’il s’éloigna du charme des vierges dansantes au soleil du printemps, lorsqu’il ouvrit son âme aux ardeurs sévères de la liberté et de la Justice : « Et je croyais naître au nouvel âge, poète de l’Italie, dont les strophes vibrent au ciel comme des épées rugissantes et dont le chant, aile d’incendie, dévore les forêts, et va » : E uscir credeami italico vate a la nuova etade, Le cui strofe al ciel vibrano, come rugghianti spade, E il canto, ala d’incendio, divora i boschi e va.
C’est que, pour qui a bien contemplé la ville, la crudité des ciels de cobalt, des façades roses, du marbre éblouissant et des mosaïques au porche de Saint-Marc n’existe pas. […] Le ciel, bleu tendre, pommelé de nuages blancs et violâtres, brillait à travers le bronze des cyprès que couronnaient les masses arrondies des pins parasols. […] Et c’est, à ne considérer que l’ensemble, trois mille ans après l’auteur inconnu de la Théogonie, la lutte des Titans et de Zeus : Au loin le gémissement terrible de la mer immense et le fracas de la terre sous les coups ; en haut le murmure du vaste ciel ébranlé ; en bas les secousses de la longue chaîne de l’Olympe tremblant sous les pieds des Immortels… Les uns aux autres ils se lançaient des projectiles à grand bruit. […] Et cette chevelure bondissant autour d’elle Mordait le ciel ; et c’étaient des torrents De poix, galopant en amont de l’espace, Et ruisselant à rebours pour remonter leur lit ; Et mon Rêve reconnut avec effroi L’énorme face spongieuse de la Mer Souveraine ! […] De ces deux anges en plein ciel, l’un, qui fend l’air d’un élan tout-puissant, les cheveux dans le vent, le visage ailé lui-même d’un vaste rire, semble une force de la nature, un élément, la joie vivante ; et l’autre, dont la tête seulement nous est visible, pensif, attentif, le front lumineux, pourrait se nommer la Méditation.
L’orage, qui ébranle le ciel et fait ruisseler l’eau à travers les éclairs, hâte peut-être et tourmente son agonie. […] « C’est la première fois que je porte une fleur dans le ciel. […] Brillez, beaux yeux toscans, pleins des douceurs du ciel. […] L’épouvante naît précisément de cette logique implacable qui nous étreint dans ce décor de rêve, sous ce ciel de lumière et de joie. […] Tout tremble, tout s’effondre et il reste des hommes qui menacent le ciel de leur poing, des femmes pleurantes.
L’architecture, les habitations rustiques, les ruines, les divers vêtements, les animaux, les rivières, les ponts, les montagnes, le ciel, les lointains, tout y est traité avec un art infini. — À Noël, le peuple fait des neuvaines, en disant ces Presepi, ou devant les Madones qui sont au coin des rues.
En me levant, je trouve, grâce au ciel, un temps superbe d’automne avancé, c’est-à-dire des nuages épais, mais très hauts, de la neige sur la cime des montagnes au nord du lac, et la vue parfaitement dégagée.
Le ciel m’est témoin que j’ai écrit hier à A. une lettre d’amant malheureux pleine de délicatesse et d’un style ferme.
. — Mais l’écrivain ne veut d’aucun de ces deux moyens simples ; il a à décrire un moyen très compliqué, qui forme une des pages les plus émouvantes du récit, et qui laisse le lecteur terrifié et haletant sur les dangers que court l’évadé, suspendu entre ciel et terre ; détails contés merveilleusement, mais aussi impossibles à croire que ceux que nous avons critiqués. […] Florence ou Île-de-France, on ne sait lequel des deux ciels a mis en lui le plus profondément son impression. […] Sur un fond de ciel d’un bleu profond coupé de nuages et dominant un lointain paysage, le Sauveur, dont le visage est empreint d’une indicible expression de tristesse, de résignation et de douceur, est représenté debout, à mi-corps, portant les stigmates de la Passion, vêtu d’une robe blanche bordée d’un galon rougeâtre à broderies d’or, la tête auréolée du nimbe crucifère, tenant dans la main gauche le livre des Évangiles, tandis que la droite se dresse pour bénir. […] Les quatre vents du ciel s’acharnent sur le frêle esquif ; ils ont vite fait de le disloquer. […] Les gens s’en sont rapportés de confiance au chantre d’Ionie leur maître, sans se douter qu’il a eu, lui, une raison très spéciale de mettre, dans sa tempête, tous les vents du ciel en scène : il avait besoin de faire entendre que, tirée ainsi à quatre diables, la pauvre nef d’Ulysse a jeté son homme à la mer sur place, et sans l’emporter loin de Schérie !
Il y a dans la philosophie beaucoup de mystères qui ne sont ni dans le ciel ni sur la terre. […] Plus loin encore, c’était les collines ; des murs entre les taillis ; et le ciel formait un fond bleu, d’où se détachaient des cyprès et un campanile. […] Puis, tout se fondit dans une lumière verdâtre : et le ciel eut l’aspect d’une vitre, contre laquelle se colla la face grimaçante de Nina Ceschini ! […] Ces palais sont baignés d’une atmosphère juste et très détaillée sous des ciels d’une grande beauté. […] À la fin, on le jette dans une prison, mais l’homme de fumée s’échappe dans le ciel comme un petit nuage.
L’idée religieuse, alimentée sans cesse par cette flamme, trouve une voie naturelle creusée par le travail de la science, et y entraîne les âmes vers les splendeurs de la Vérité, vers ce ciel où chante la plus haute espérance.
Le voile vert relevé sur les tresses cendrées, dans le livre une Anglaise cherche ces menaces des murailles romaines au ciel et au temps. […] « Vieux géants — semble insister, furieux, l’essaim augural — pourquoi tentez-vous le ciel ?
Certes, c’est une curieuse figure, même dans ce xviiie siècle si fécond en originaux de toute sorte, que cet aventurier des lettres et de l’amour : Voltaire l’appelle son cher cygne de Padoue, le Brillant et sage Algarotti À qui le ciel a départi L’art d’aimer, d’écrire et de plaire. […] Un jour, ayant besoin de renseignements pour la mise en scène de Sémiramis, il se hasarde à consulter l’auteur lui-même : celui-ci répond avec une bonne grâce parfaite, explique le costume des actrices, la place de l’ombre et son accoutrement, la disposition des Lumières, détaille les accessoires, indique le moyen d’imiter le tonnerre et les éclairs ; on sent, à travers sa réponse, que le metteur en scène, l’impresario, est plus flatté encore que le poète ; et, dans son enthousiasme, il va jusqu’à s’écrier : « Béni soit le ciel qui vous a inspiré l’amour du plus divin passe-temps dont les hommes de goût et les femmes vertueuses puissent jouir quand ils sont plus de deux ensemble9 !
L’herbe sera un tapis, brodé des plantes de la prairie, épanouissant le rythme de leurs feuilles, au balancement des corolles, sur la courbe des tiges gracieuses, le ciel bleu et limpide comme les yeux d’une jeune vierge. […] Bâtissons un temple à la Beauté, la Beauté éternelle, immuable, qui vivifie et déifie la nature entière, à la Beauté, qui se manifeste depuis la plante, élevant vers le ciel, comme une prière, le rythme de ses feuilles, jusqu’à la créature humaine la plus parfaite, car il y a autre chose que l’aspect extérieur dans la nature, la lettre est animée du souffle de l’Esprit.
… le regard de l’enfant, si inexprimablement émouvant dans sa tendresse de tout-petit, et ce fond génial, tout en ciel, où se profilent ces arbres ébranchés et ces roses… Et la bleue et rose apothéose de rêve de l’Angélico… Seule, la Vierge du Ghirlandajo, en dépit de l’orchestration aveuglante de Visitation, a quelque peu de la sévérité de celle de Francesca. […] Il s’est promené souvent dans le petit jardin de la maison la rue Contrada del Monte, devant la Madone à fresque dont Santi avait décoré le mur, dans cet enclos, fleuri d’oliviers, de pampres et de roses, dont la terrasse basse dominait la ville, d’où on voyait la campagne, blonde de blés mûrissants, les crêtes aiguës et dentelées des derniers Apennins, tout au loin, sous le ciel léger, un pan de mer profonde, — petit jardin symbolique où, bien peu d’années après, Raphaël enfant devait jouer. […] Ce vétéran de l’opposition systématique n’a eu d’indulgence que pour les ministres les plus testiculairement impuissants qu’on ait jamais vus sous la voûte du ciel ; pour les esprits mesquins soutenus par la fortune et ahuris eux-mêmes de l’importance des fonctions dont on les supposait capables, il avait des tendresses fraternelles.
Et les messagers aériens nous annoncent que la Nuit de Michel-Ange s’est réveillée et que l’Aurore de Michel-Ange, appuyant sur la pierre le pied et le coude, rejette loin d’elle sa tristesse, et voici que déjà elle s’élance dans le ciel des Alpes à l’Orient. » Au mois d’août de la même année, les Italiens proposent aux alliés de collaborer à l’expédition des Dardanelles par un débarquement à Enos. […] Cherchons-les, ces brûlantes étoiles, au ciel non moins noir de la nôtre, où luisent d’un feu terne les astres froids du rationalisme métaphysique. […] Quant à moi, je ne me croirais pas né ou en réalité je me croirais mort-né et me jugerais la disgrâce du ciel et de la terre, si par votre lettre je n’avais vu et été convaincu que Votre Seigneurie voulut bien accepter une de mes œuvres. […] C’est à Lemnos, Castro, le port de Mudros, lors du débarquement dans les îles grecques ; des aspects, des paysages, — une population indigente et rapace, pour laquelle la venue des nôtres était la manne enfin tombée du ciel, — et dont les femmes, que convoitent les soldats et même les officiers après une longue abstinence, ne sont pas à prendre avec des pincettes. […] Mais ce qui achevait de les transporter au septième ciel de la paix intérieure, lorsqu’il s’agissait du front italien, c’était leur émerveillement devant la multiplicité des ouvrages d’art qui escaladaient tous les pics, les postes fortifiés qui s’installaient aux plus hautes cimes, les pièces de gros calibre que l’on traînait sur la neige jusqu’à des plateaux presque inabordables, bref, en un mot, tout ce qu’illustrait d’une manière si merveilleuse cette guerre au chat perché.
Pour atteindre ce noble but, il a pris Venise-Anadyomène comme théâtre, Venise où toute grâce se double d’un reflet, où la beauté se dresse hors de son propre miroir, à la fois plus décevante et plus belle d’être multipliée pour le bonheur des yeux, et il a placé, comme entre deux infinis, la mer et le ciel, la mort et l’espoir, un couple d’amants qui, par hasard, savent jusqu’où peut aller la passion. […] Les cris et les vivats redoublent et montent au ciel ; la joie est au comble… Soudainement, un éclair, un coup de feu : la Princesse Béatrice, frappée en pleine poitrine, chancelle et tombe, elle vient de recevoir le plomb destiné à son père.
Depuis dix ans, la guerre grondait dans le ciel d’Europe et ils la pressentaient plus sûrement que leurs aînés. […] Il y a, dans l’esprit de ce fin lettré, qui était aussi un italien fervent élevé à l’école de Carducci, une discorde intérieure, un étrange dilemme : il veut agir, combattre, vaincre, mais il ne peut chasser la sensation que la guerre ne changera rien aux choses essentielles : cette vie, cette terre sont immobiles, les civilisations ont disparu, les races sont passées, on a remporté des victoires, on a essuyé des défaites ; les révolutions, les conquêtes ont bouleversé la surface, ont changé les noms : les hommes, avec leur grandeur et leur misère, sont toujours les mêmes et ces plaines et ces arbres et ces paysans qui travaillent, et le ciel sur nos têtes, et l’amertume du perpétuel inassouvissement de la vérité et de la beauté sont choses éternelles : « la guerre ne change rien ». […] Le monde est une prison, dit un personnage de Goethe : sans doute, mais une prison merveilleuse dont les fenêtres laissent voir, quand il fait beau, un coin de ciel bleu, une prison d’où l’on peut contempler l’infini, — aux heures de méditation et de recueillement. […] Car Luisa ne reporte pas son regard vers le ciel et elle ne fait pas allusion à une survie où elle pourrait se retrouver avec ses morts. — C’est une réaliste.
. — (1er septembre) : Il Messo del Cielo, par Giovanni Pascoli, commentaire du vers de Dante : … ben m’accorsi ch’egli era del ciel messo.
Même si nous nous contentons de la décrire, d’en classer le détail et les aspects, il semble que toute une phénoménologie serait nécessaire pour dire les ciels, les végétations, les pierres et le peuple clairsemé qui la parcourt… Ouvrages sur la guerre actuelle. […] Saint-Marc, regardant du haut du ciel, Vit Antoine et son Venzone. […] Cette pomme, c’est la Méditerranée, merveilleux port entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique ; canal entre l’Atlantique et le Pacifique ; bassin fermé entre les régions les plus privilégiées du ciel. […] Depuis il n’en a plus été parlé… Le Père Angelo Secchi L’Italie a célébré cette année le centenaire du père Angelo Secchi, l’astronome illustre qui mérita le titre d’historien du ciel.
II Entre le calme azur du frémissant matin Dont l’heure triomphale est de printemps fleurie Et, pure sous le ciel, la mer de Ligurie Qui rêve en souriant jusqu’au Phare lointain, Enfouissant dans l’ombre un chaos clandestin De carrefours étroits où pullule flétrie Et lamentable la gueusaille que charrie Et que broie au hasard la houle du destin, Du Môle et de l’Eau-Verte aux Fontaines-Moroses, Albâtres, cipolins, porphyres, marbres roses Qu’avive le soleil de reflets violets, Debout au bord du golfe, où sa splendeur étale Église après église et palais sur palais, Se dresse en plein orgueil Gênes monumentale. […] écrit-il, la ville grouillante, vivante, chantante, riche en guenilles et en soleil, largement assise à côté de son volcan, telle une Orientale près de son narghilé, et devant le plus beau et le plus riche des tapis bleus que le ciel ait jamais confectionnés… Nous fûmes vite camarades, Vittorio Pica et moi. […] In quel pezzo di ciel caduto in terra18. […] L’Italie continuait à sommeiller lourdement sous son ciel.
Ce ne nous parut pas chose digne que de se dissiper en vaines imaginations et en paroles plus vaines encore, comme nous le vîmes faire aussitôt par un très grand nombre de gens sous couleur d’anxiété généreuse pour les destins de l’humanité et de la patrie : ce n’était là en réalité le plus souvent qu’un abandon au penchant à la paresse couvert du prétexte de la guerre… Et il ne nous fut pas possible non plus de nous étendre commodément, comme le font d’autres parmi ces gens qui divaguent, en attendant que surgissent après la guerre un nouvel art, un nouveau style, une nouvelle science, une nouvelle philosophie, une nouvelle historiographie ; ce nous fut impossible ; parce que nous savions que ce ne sont point là des dons qui tombent du ciel ou des effets mécaniques de victoires militaires ou de révolutions politiques, mais des œuvres de la pensée qui continue son travail en dominant les événements ; et que, par conséquent, celui qui n’avait pas avant la guerre la capacité et la méthode de travailler et de penser ne les aurait pas acquises après la guerre, par le seul effet d’un miracle de celle-ci.
De même que nous l’avons vu se servir des épisodes de l’histoire sacrée, non pour eux-mêmes, ni pour les rendre simplement par la peinture, mais comme d’un langage symbolique pour ses fantaisies particulières, de même il manifeste son propre état d’âme en prenant une de ces femmes languissantes et en l’élevant comme Léda ou Pomone, comme la Modestie ou la Vanité, jusqu’au septième ciel de l’expression symbolique.
L’isolement entre le ciel et l’eau, loin des villes et des hommes, l’illusion de se détacher de tout, d’oublier tout, de ne plus voir et sentir qu’en soi, le silence des grands espaces vides, sont un commun remède que tous les deux ont voulu chercher contre l’abus de la jouissance et l’ébranlement des nerfs.