Léonard de Vinci me fait l’effet d’un décadent moderne n’aimant pas les femmes, et pour ce créant la Joconde par un effort du cerveau, c’est-à-dire une puissante matrone qui aurait le sourire de l’Antinoüs. […] Bilora est un court drame, fruste, violent, tragique et bouffon à la fois, et qui, un peu allégé, serait d’un très puissant effet. […] Marius, Sylla, César, Lucullus, Cicéron, Pompée, ont un relief puissant ; le monde romain fourmille de vie et d’action. […] qu’il est puissant par sa monotonie, ce monastère, ce laboratoire d’âmes ! […] Une face aux méplats puissants de roches visqueuses Sous une vaste chevelure liquide Soulevée et jaillissante en auréole noire !
Deux notes puissantes résonnaient identiques, deux rouges, l’un au centre sur la Princesse, l’autre à l’extrémité gauche sur l’Adolescent ; le reste avait la couleur des roses blanches fanées ou des marbres anciens qui semblent s’être dorés, en mûrissant sous le soleil, comme de beaux fruits. […] Le corps agile et solide a des mouvements souples et puissants de gros fauve ; au repos, c’est la carrure vaste de ces rudes hommes de pierre que le Piémont nous fournit pour les plus durs travaux de maçonnerie et de terrassement. […] Les coups de pouce créent des trous et des épaisseurs qui constituent des reliefs autrement puissants, autrement évidents que les trop difficilement illusoires taches du pinceau. […] Qu’auraient laissé depuis quatre ou cinq siècles les plus puissants entre les puissants, Buonarotti, Donatello, Ghiberti, Houdon, Rude, Carpeaux, sans leurs directes ascendances ?
Derrière elles, l’Allemagne était toute puissante. […] Ils bâtissaient des palais, des oratoires, des monastères ; chaque famille puissante avait dans quelque église une ou plusieurs chapelles dont elle ornait l’autel et les murs. […] Ils avaient le sentiment de leur communauté de nature et ce sentiment se manifestait par l’amour qu’ils portaient à leur cité mère et par l’orgueil qu’ils ressentaient à la voir belle et puissante. […] Ils veulent réussir, devenir riches, devenir puissants, dominer. […] Halphen ne l’aurait-il pas fait plus puissant, plus autonome qu’il ne fut ?
Plus que le duc de Valentinois, épris lui aussi d’un grand rêve de domination impériale, âpre dans les plaisirs, puissant dans la guerre sans merci, Ludovic fut le « Prince » parfait de ces heureux temps, où la seule joie de vivre, d’un tout petit souverain, et peut-être de tout homme qui en commandait quelques autres, faisait un César. […] Ludovic voyait en lui l’homme étrange et puissant, au génie inépuisable, en tout digne de comprendre la farouche beauté de son dur sentiment, et de l’exalter pour toujours.
Mais chez Hugo, — ainsi que chez Leconte de Lisle, le poète des Poèmes barbares, avec lequel Carducci présente des analogies d’esprit libre, fier et puissant, et de frappantes analogies d’œuvre qu’on est même arrivé à lui reprocher comme un plagiat — le pathos de l’histoire est immense, car l’histoire est pour lui sans borne, est dans l’âme légendaire de tous les siècles, tandis que pour Carducci l’histoire est une : Rome. […] Déjà deux hommes très puissants, Carducci et Mistral, ces deux poètes méditerranéens, ont imposé au monde le spectacle de leur supériorité. […] Buzzi : L’Exil, « Poesia », Milan La presse, qui s’occupe trop de ces écrivains « arrivés », n’a presque plus de place pour signaler des œuvres, où un talent puissant, se révélant tout d’un coup, se montre cependant digne d’attirer les regards du grand public, ne fût-ce que le long d’une colonne de quotidien. […] Nous connaissons en France quelques talents d’élite, aussi, parmi les plus jeunes, qui suivent depuis quelques années une tendance analogue, et ont déjà réalisé, ou vont réaliser des œuvres puissantes.
Maeterlinck accomplit un remarquable effort, avec ses puissantes qualités de rêve plus que de recherche. […] La vision du duel auquel il avait assisté avait fait encore pins puissante son âme, encore plus indomptable son esprit anxieux. […] Ce poème puissant du jeune auteur de Alma Mater a été particulièrement signalé par la critique la plus avertie. […] Et les personnages qu’il y met sont parmi les plus puissants qu’on ait construits. […] Pour devenir un créateur puissant et original, il faut d’abord avoir été l’élève fidèle d’un grand maître.
Lipparini, qui nous doit une œuvre puissante pour le fond autant que pour la forme. […] Anastasi absolument admirable ; chaleur, conviction, mouvement, il y a tout ce qui fait une page d’art puissant. […] Flegrea, à Naples, continue sa marche puissante. […] C’est un des moyens d’abrutissement les plus puissants de notre civilisation. […] Il a maintenant les armatures puissantes de son œuvre, — la morbidesse et l’esprit.
Et cependant si la faculté créatrice est bien le symptôme masculin par excellence, le jeune homme des Chambres du Vatican est aussi fécond et puissant que Michel-Ange. […] Il revient au roman après une longue pause remplie des harmonies, parfois puissantes, de ses tragédies. […] Vers la fin de sa vie, ceux-ci forcèrent les regards d’un plus large nombre d’admirateurs à se tourner vers le puissant écrivain méconnu. […] Zilliacus a parfaitement compris le sens de la poésie de Pascoli, si diverse de celle de d’Annunzio et aussi puissante. […] Dante m’est apparu de loin, puissant fantôme ; J’ai retrouvé l’odeur des temps médicéens.
L’outillage le plus puissant, les positions naturelles les plus formidables ne valent rien, s’ils ne sont point utilisés par une armée ayant un moral intact. […] Les séances parlementaires de novembre et de décembre ont montré que l’ancien Président du Conseil était toujours puissant. […] Henri Focillon nous montre que chez cet artiste puissant, l’intuition, la science, l’habileté, le sens du pittoresque concouraient à la création d’une œuvre exceptionnelle. […] C’est ainsi qu’est née spontanément l’association des forces nationales et de celles des colonies, à la voix puissante de la guerre. […] Il la haïssait, lui aussi, car il était la plus puissante expression de vie que l’on pouvait imaginer.
Ferrero, c’est l’exemple donné qui, par sa toute puissante suggestion, exerce le maximum d’influence, pendant que les autres moyens indirects sont presque inutiles. […] Le livre « morbide » y devient « la meilleure défense contre ces dangereuses épidémies psychiques qui, dans les âges grossiers et ignorants où n’existait pas le dérivatif de la littérature, ont été une des causes les plus puissantes des troubles sociaux.
Rustelli, un jeune artiste de grand avenir, avait sculpté pour les quatre coins de la fontaine monumentale de la Piazza Termini quatre superbes Naïades en bronze, d’un style libre et puissant. […] Beltramelli, un autre jeune homme à l’intelligence puissante et féconde, Giulio de Frenzi est maintenant en train de publier une série de profils littéraires italiens avec le titre doucement ironique de Candidats à l’immortalité. […] Les difficultés de la vie l’ont empêché de se résumer en un livre puissant : il n’a publié que des plaquettes, qui, dans le mouvement fébrile de la littérature moderne, ne suffisent pas à répandre son nom dans le grand public. […] M. le duc Visconti di Modrone, qui depuis quelques ans est le Mécène vraiment splendide de la Scala, — les socialistes du Conseil municipal de Milan ayant refusé à ce grand théâtre la subvention ordinaire de 200.000 fr., d’après un principe démocratique que tous les idiots apprécieront, — le duc Visconti, donc, n’a renouvelé le contrat avec la Scala et ne lui a promis son puissant appui pour un autre triennat qu’à la condition que M.
Il s’agissait, naturellement, non pas d’imiter la presse quotidienne et de rapetisser ce grandiose événement, le plus grand peut-être de toute l’histoire, en l’attribuant superficiellement au Kaiser ou au Tzar, ou à tel ou tel autre personnage politique, niais plutôt de relever et d’analyser les grandes causes profondes, les facteurs sociologiques puissants, qui tôt ou tard auraient rendu le cataclysme également inévitable. […] Et tous ressentent au fond une certaine fierté, parce que l’Italie est puissante, que d’autres puissances sollicitent son aide et qu’elle décidera peut-être du sort du monde. […] Il s’agissait de se libérer de l’influence paralysante de Giolitti, qui depuis quinze ans dominait la politique italienne : extraordinairement puissant au sein du parlement, dont il s’était attaché la majorité des membres par des moyens qui n’avaient aucun rapport avec le programme des partis, il avait louvoyé si habilement et avait réussi à donner satisfaction à tant de gens qu’il passait pour un profond politique. […] Il fallait donc arrêter l’inévitable catastrophe et la guerre fut, est et sera toujours le moyen le plus puissant pour ramener les profits et les intérêts du capital à un niveau tel que le placement en soit rémunérateur. […] Les socialistes allemands, avec leur puissante organisation, qui comprend 1 120 000 adhérents, 3 000 000 de syndiqués, 4 339 000 électeurs, 110 députés sur 397, un budget de 75 000 000 de marks et une réserve d’autant — c’est la fortune des syndicats —, les socialistes allemands avaient réussi à se faire passer dans le monde pour les pionniers et maîtres du camp socialiste, et, à ce titre, à s’imposer dans les différents Congrès, ainsi que je l’ai personnellement constaté au Congrès International d’Amsterdam.
On doit le souhaiter à ce puissant poète. […] un impérieux orgueil me paralysa et la voix fut plus puissante que celle de l’amour. […] Il est puissant. […] Mirbeau, les palpitations d’un cœur aimant par les trépidations d’un moteur puissant. […] Le plus puissant, parmi les jeunes poètes post-Pascoli, est sans doute M.
Je ne parlerai pas cette fois-ci du livre singulier et puissant du Dr William Mackenzie, dont le nom est barbare mais l’écriture italienne. […] Casanova y a été seulement enfermé par le fait du bon plaisir, qui était la règle et la loi de l’époque ; l’a-t-il été par l’autorité d’un jaloux puissant ? […] Pascoli a renouvelé ainsi « la matière » de l’Épopée, en créant une poésie épique puissante, faite de tendresse et de demi-tons. […] Avant de se transporter à Schérie, nos gens « habitaient Hypéreia à la vaste campagne, auprès, des Cyclopes violents qui leur faisaient la vie dure, étant plus puissants qu’eux ». […] Depuis cette page, de l’Odyssée, tout poète ayant le souci de son art s’est cru obligé, pour offrir une tempête bien conditionnée, d’y faire figurer une lutte des quatre vents, toujours d’un puissant effet.
Donatello avait été un maître puissant dans l’art de donner à la pierre, au métal, l’apparence de la vie. […] L’effet est rendu plus puissant pour cette raison que l’artiste a donné à son œuvre une unité, à sa composition un centre. […] Les tendances de notre pensée contemporaine sont plus hautaines, plus puissantes, plus saines, plus vigoureuses, que celles des générations immédiatement précédentes. […] Alfieri n’a pas écrit de chefs-d’œuvre, dans le sens universel du mot ; ses tragédies sont très puissantes, de véritables poèmes de haine généreuse et de colère patriotique. […] Ce poète méditerranéen, de culture française et italienne, nous représente ainsi la douleur typique d’un homme très puissant.
Mes lecteurs français peuvent se passer d’une analyse du poème : il a une allure puissante, superbe et originale. […] La voix est puissante et belle. […] S’il y a, comme dans tous les tableaux de cette dernière période, le continuel poudroiement d’or entre chaque grain de couleur sèche et poncée, il y a aussi, entre les jeunes touffes d’herbe et les vieux hérissons d’éteule, de menus trous noirs, de fines fissures d’ombre qui pénètrent la masse végétale jusqu’au sol, en disent l’épaisseur et en assurent le relief puissant. […] C’est aussi puissant, frais et rose que la tête de femme alitée intitulé Pétale de rose. […] L’héroïne principale offre la magnifique gorge de son puissant corps, si bien fait pour la maternité, à la caresse lunaire, et l’arbre semble ployer, élastique, sous le poids de ces grandes créatures noires qui l’assiègent et pendent à ses branches comme d’étranges et ténébreux fruits d’ivoire et de crêpe.
Le dénouement de la tragédie est d’une puissante ingéniosité. […] Giovanni Cena donne l’image d’une glaise dans laquelle des doigts nerveux et puissants mouleraient des têtes de héros. […] Péladan s’est fait le puissant rénovateur et dont M. […] Parmi les jeunes écrivains italiens, il est aujourd’hui celui qui est le plus puissant évocateur de la beauté et de la force de sa terre. […] Ce fait, d’ailleurs, devenu universel, n’en fut qu’un plus puissant véhicule de la culture gréco-romaine.
Le vers fondamental italien, le vers de onze syllabes, tantôt puissant, tantôt souple et insidieux, y prend tous les aspects rythmiques de la prosodie italienne, et révèle en images plastiques la plus profonde et la plus belle tragédie, certes, du théâtre contemporain. […] Le roman de Mme Sibilla Aleramo, Une Femme, est un cri puissant de révolte féminine, plus que féministe.
Ce délire occultiste est naturellement lié à une puissante réaction catholique : dans ce domaine, tout semble se contredire, et tout est confirmation mutuelle.
Seul celui qui accomplirait cette conquête serait assez puissant pour dominer les événements, et faire sortir quelque chose de la dissolution où les guerres civiles et le gouvernement violent et stérile du triumvirat avaient jeté le monde romain.
On sait qu’entre la vie de Frédéric Nietzsche et ses théories il n’y a pas trop de cohérence ; sa vie était pure, simple, dévouée, amoureuse ; sa philosophie, égoïste, cruelle, puissante, formidable. […] Ce n’est pas le cas de s’arrêter à la tragédie et d’en résumer l’argument ; on la considère désormais tel qu’un chef-d’œuvre ; elle est puissante, et les personnages y atteignent des proportions plus grandes que nature, selon la bonne règle de la tragédie classique.
Des monuments si nombreux, temples, statues, trophées, bases dédicatoires, qui couvrirent au temps de la grandeur romaine ce mont Capitolio, à la fois sanctuaire et citadelle, qui évoque tout un monde de légende et d’histoire, le seul Tabularium subsiste en partie, formant les étages inférieurs du palais sénatorial ; du côté du Forum, on reconnaît encore ses assises puissantes contre lesquelles se dresse la tour carrée dite de Nicolas V, un des derniers vestiges de la forteresse qui constituait le palais au Moyen-Âge. […] On se rappelle le puissant dessin du maître Willette : deux amoureux de Lancret, Pierrot et Pierrette, étroitement enlacés, entendent soudain un roulement sinistre ; c’est la Mort qui passe en battant l’implacable rappel ; et une indicible terreur crispe la figure des deux amants. […] C’eût été pourtant l’occasion d’intéressants détails sur le rôle joué par cette puissante famille placée entre l’Empire, les Ligues et le Saint-Siège. […] Deux portraits sont placés en tête du volume, dont le plus expressif, selon nous, celui reproduit d’après la mosaïque de la villa Catena, nous montre le puissant pape médiéval sous l’aspect d’un jeune homme autoritaire (il fut élu à 37 ans), à la figure imberbe et pleine d’imperator romain. […] Dans le même temps, le Président Roosevelt du haut de son trône puissant prêche aux peuples la nécessité d’affermir et d’affirmer leur individualité par tous les moyens de la volonté et de la force.
Cet homme est devant l’humanité avec une arme puissante, presque toujours irrésistible : sa volonté d’être.
L’amour est donc assez puissant pour créer de toutes pièces l’objectivité du sujet aimé. […] Là le phénomène matériel reste cependant unilatéral, tandis que Goethe a voulu que l’amour de Faust fût assez puissant pour que, sans qu’il soit nécessaire de faire boire à l’ombre d’Hélène le sang d’aucune brebis noire, elle eût cependant une existence réelle. […] La littérature italienne a perdu de son côté l’espoir de l’œuvre très puissante, du chef-d’œuvre hautain et profond qu’on avait le droit d’attendre, et qu’on attendait, du talent le plus inquiet de l’Italie contemporaine. […] De ce maître suave, dur, irritable et puissant, les âpretés s’imposeront par un charme fait de raison et d’éloquence, de musique et d’amour. […] À sa voix, les puissants Laistrygons accourent, de ci de là, innombrables ; non avec l’aspect d’hommes, mais de géants.
On n’a pas vu quelle était l’importance que le plus puissant génie boréal a voulu accorder aux différentes expressions du sentiment humain.
La vie moderne — dit le poète dans sa lumineuse préface — multiforme, tumultueuse, admirable surtout par son ampleur plutôt que par sa concentration, puissante pas autant par la divination de ses énergies singulières que par le concours de toutes les énergies dans un effort immense, trouve son image parfaite dans la Ville… Et il écrit : L’ombre d’un grand siècle aux chants épiques, éclairée d’un étincellement d’or, se soulève à nouveau avec son trésor royal, devant moi, avec ses enseignes et ses armes.
C’est là qu’il est puissant parce que son instinct y domine son art. […] Il y aurait quelque pharisaïsme à le lui contester aujourd’hui, alors que la guerre n’a fait qu’ajouter un argument puissant de stratégie navale à cette démonstration d’ordre économique. […] Cependant il était et il est encore très puissant. « Vous verrez qu’il redeviendra l’homme nécessaire. […] À la guerre, les occasions de terrasser un adversaire puissant ne se représentent pas indéfiniment. […] Leur foi indéfectible dans la valeur d’un puissant matériel, dans la mise en œuvre de tous les moyens nouveaux et étranges auxquels l’industrie a donné le jour, leur assurait une parfaite sérénité.
Le titre de noble s’accorde à quiconque est fils ou neveu de quelque homme puissant, fût-il lui-même un personnage de rien.
J’entends par religion l’acquiescement à certains principes a priori, non démontrés ni démontrables scientifiquement ; cet acquiescement étant l’effet de sentiments vifs et puissants.
Ça peut donner aux jeunes un élan heureux, si l’on pense spécialement que lorsqu’une littérature est riche, puissante, nourrie, l’étude de sa langue s’impose aux publics intellectuels. […] Corradini a su choisir des couleurs riantes, pleines de lumières, pour la scène entre Ercole et Saveria ; il y a des traits singulièrement vigoureux ; cet homme qui hait et qui aime, qui veut arracher l’enfant naïf aux tendresses empoisonnées de la femme et la femme aux transports fiévreux de l’enfant, est une figure puissante, magistrale.
Jusqu’alors j’étais resté pur même de corps, et j’avais cherché de toute mon âme cette affection puissante et terrible dont tous les hommes sont saisis au moins une fois.
Qu’était l’ancien État Romain, sinon un ensemble de traditions, d’idées, de sentiments, d’institutions, de lois qui tous avaient pour unique objet de vaincre l’égoïsme de l’individu à chaque fois qu’il se trouvait en opposition avec l’intérêt public… L’Italie comprenait qu’elle avait encore besoin de ce puissant instrument de domination, pour conserver et gouverner un empire que les armes lui avaient donné ; elle comprenait qu’elle avait besoin d’hommes d’État prudents, de diplomates avisés, d’admirateurs éclairés, de soldats vaillants, de citoyens zélés, et qu’elle ne pourrait le savoir qu’en conservant les traditions et les institutions de l’État.
Piero Antonio, son père, était d’une famille noble de Florence, les Vinci du Val d’Arno, et Léonard, délicatement élevé parmi les vrais descendants de cette maison, était l’enfant d’amour de sa jeunesse, doué d’une nature ardente et puissante, comme il arrive souvent en pareil cas. […] On peut remarquer une puissance de pathétique aussi grande dans trois dessins : celui d’un jeune homme assis, dans une posture penchée, la figure dans ses mains, comme accablé de tristesse ; celui d’un esclave également assis, mais dans une attitude contrainte et inclinée, en quelque bref intervalle de repos ; enfin celui d’une petite Madone à l’Enfant, regardant de côté, à demi effrayée, tandis qu’un puissant griffon aux ailes de chauve-souris, une des plus belles inventions de Léonard, descend soudainement d’en haut pour saisir un lion qui passe près d’elle.
Comme si un cercle eût été tracé là par un puissant enchanteur, le profanateur, le copiste qui regarde le portrait de Lisa Gioconda cesse bientôt de le voir et se laisse tenter par toutes les chimères. […] Marinetti, qui avait fait son baccalauréat à Paris et connaissait très bien le magnifique essor poétique français de Baudelaire jusqu’à Claudel, et qui avait déjà publié, en français, la Conquête des Étoiles et Destruction, qu’on avait déjà remarqué en France comme promesses d’un tempérament lyrique puissant, était surtout animé, dans la création de Poesia, par le désir de faire connaître en Italie la grande poésie moderne étrangère, — et surtout française. […] Il a un cou puissant, une tête ronde, un front étroit sillonné en diagonale par une balafre.