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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

Ce déséquilibre explique le malaise profond des âmes, en fait de religion, et la crise du catholicisme. […] Son succès est dû à cet effet social, et non à des recherches théologiques ni à des exégèses plus ou moins subtiles ; 5° Dans un milieu imbu de principes autoritaires, une religion de libre examen peut être utile ; dans un milieu tendant à l’anarchie, une religion autoritaire est indispensable pour empêcher la dissolution de la société. Il importe peu d’ailleurs que la forme de cette religion soit nouvelle ou ancienne. […] Un mouvement de reflux peut se produire pour les anciennes religions. Si de grandes et longues guerres survenaient, la religion patriotique aurait un regain considérable d’activité.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

La religion, comme idée, prétendait nous présenter une conception générale du monde, dans un ensemble systématique en harmonie avec le dogme ; la religion, comme sentiment, prétendait assumer la direction de toute activité pratique et morale, et suggérer les règles d’une bonne conduite éthique. […] La Religion est l’Art de la Foi. […] Concorder dans l’unité générale, c’est le rêve. — Leibnitz, qui eut la passion de l’unité et de l’harmonie, répète mystiquement : « La gloire de Dieu n’est pas seulement l’immuable et l’éternel ; elle est le devenir naturel et l’humanité le fragment. » Mais l’Art et la Science, c’est-à-dire la Foi et la connaissance la répandent et l’augmentent, successivement : aussi la religion se ploie à toutes ces métamorphoses en détermination d’une philosophie de la vie ; philosophie potentielle et cinétique. — Peut-être que Dieu est le dernier échelon de la série biologique à la découverte duquel marchent les Arts, les Sciences, les Religions. — Le Dieu d’une Époque industrielle est mécanique. […] Si du passé on peut déduire le futur, je dirai que la religion ne meurt pas, que les religions se succèdent et se transforment, que le sentiment religieux s’atténue, mais ne disparaît pas entièrement, au moins dans les grandes collectivités. Les exemples de peuples très religieux en grande décadence, d’athées très moraux, des Chinois, des Japonais, des adeptes du Confucianisme ou du Bouddhisme, qui représentent un minimum de religion, me donnent la conviction qu’un progrès moral est possible parallèlement à un affaiblissement du sentiment religieux.

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 236, 15 avril 1907 »

Il est incontestable que les études religieuses ont pris, durant ces dernières années, un développement extraordinaire ; jamais peut-être, depuis la Réforme, on n’avait montré une telle curiosité pour tout ce qui concerne la religion, un tel travail d’érudition, de critique et de propagande. […] Tandis que, dans le domaine de la spéculation, nous constatons cette curiosité et ce travail, nous voyons aussi la religion mêlée à de grandes luttes politiques et sociales. […] Nous voyons partout des luttes engagées contre les doctrines religieuses, contre une religion ou au nom d’une religion : en France, la Séparation des Églises et de l’État ; en Angleterre, les débats sur l’enseignement ; en Allemagne, la querelle entre le gouvernement et le Centre catholique ; en Italie et en Espagne, les manifestations anticléricales ; en Russie, l’hostilité de l’orthodoxie autocratique contre le libéralisme ; dans tout l’Orient, des conflits de race qui se traduisent le plus souvent par des conflits d’Église ; en Extrême-Orient, la victoire remportée par la civilisation japonaise sur une nation chrétienne. […] Sans qu’on puisse en tirer une idée nette de dissolution et sans y voir non plus un fait d’évolution religieuse, la religion est emportée dans ce mouvement général. Une dissolution religieuse, prise au sens que les peuples s’émanciperaient de toute religion, est impossible : ils sont et ils seront toujours peu nombreux ceux qui s’élèvent à une telle hauteur.

5. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

La conversion de Constantin modifia un peu le culte des empereurs, mais très peu, puisque saint Jérôme s’indigne qu’on rendît des sacrifices à leurs images ; Julien essaya de restaurer cette religion d’État. […] Le cri qui se fût élevé, à une profanation analogue, dans les sanctuaires de ces religions, n’eût pas été plus terrible. […] Et pourtant, si les peuples chrétiens d’Orient durent jamais être, par le langage des emblèmes, entretenus des mystères de leur religion, c’est bien à l’époque où l’Islam menaçait de tout absorber. […] Tel il rayonnait dans tout l’Orient, où flottait, à peine d’hier, la blonde langueur des vieilles religions du Soleil. […] Le mysticisme qui noyait alors toutes choses n’était, nous l’avons vu, que la paresse, à peine plus consciente, des anciennes religions.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Nul ne peut alléguer les liens du mariage (orthodoxie), pour ne pas retourner à la religion (secrète) dans un âge avancé. […] Béatrice est une religion chrétienne qui a sombré tout entière dans le mouvement luthérien et dont il ne reste que des romans et des chansons, sans qu’il soit possible de reconstituer sûrement sa théologie. […] Croyant d’une religion qui n’a pas de nom dans l’histoire, puisqu’elle n’a jamais pu élever un temple au grand soleil, mystique d’une essence spéciale, puisqu’il invoque sans cesse la raison contre Rome tout en escaladant les sommets de l’illuminisme à la suite de S.  […] Autant il éclate que Dante professait une religion autre que la romaine, autant j’hésite à expliquer une croyance du treizième siècle avec des expressions postérieures. […] La religion de Dante, qui invoque Aristote plus que saint Thomas, a été la Muse des races latines depuis qu’il y a des langues latines ; elle a inspiré le chef-d’œuvre du dix-neuvième siècle, Parsifal.

7. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

L’étude des religions en Italie. — L. […] Labanca : The Study of religion in the italian universities, in-18, H.  […] Jordan et Baldassare Labanca, sur l’Étude de la religion dans les Universités italiennes. […] La chaire d’« Histoire des religions » de Rome fut donnée en 1886 à B.  […] Mais l’ethnographie comme science ne pourra jamais s’entendre avec la religion : elle a affaire à trop de religions et trop comparé de psychologie.

8. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Professeur de psychiatrie à l’Université de Turin Pour qui a étudié sérieusement l’histoire des religions, il n’y a aucun doute : elles s’appuient sur une série d’erreurs qui viennent de quelques besoins humains, spécialement du besoin d’être protégés contre des forces, vis-à-vis desquelles nous nous sentons impuissants, comme les météores, les épidémies ; et, s’il se peut qu’une institution sortie d’une erreur puisse évoluer, elle finit toujours par tomber dans une autre erreur. Ainsi, la religion qui est la création d’un vrai et grand philosophe — celle de Bouddha — a fini dans les rites et les formules presque vaticanesques du Tibet. […] Pourtant, c’est un fait certain, n’importe quelle religion — même la religion catholique, qui est empêchée d’évoluer par ses dogmes (sint ut sunt, aut non sint, c’est la maxime des Jésuites) — est contrainte de s’adapter à la culture des peuples auprès desquels elle est en honneur ; de s’adapter par fragments, mais de s’adapter.

9. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Fondateur de religion ! vous voilà fondateur de religion ! […] Au lieu de Divinité vous dites Vélocité ; sans le savoir les Allemands ont bien fondé la religion de la Férocité. […] Fondateur de religion ! […] Un parallèle entre la vélocité qui est « pure » et la lenteur qui est « immonde » amène le fondateur de religion à indiquer quelques saints de la nouvelle religion.

10. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Les anciennes religions eurent un ésotérisme ou une initiation ; elles reconnaissaient une hiérarchie parmi les fidèles. […] Fausse apparence, le platonisme pénétra la religion comme un rayon solaire traverse un vase d’eau en l’irisant, sans changer son volume ni sa couleur. […] Sa religion s’exprimera par l’étude passionnée de l’œuvre divine. […] Nous ne concevons la religion qu’en œuvre d’amour. […] La religion n’y gagna rien, mais parmi les savants envoyés pour représenter l’Église grecque, il y en eut qui prirent de l’influence sur l’opinion.

11. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

La vie a été abreuvée de tristesse par la religion chrétienne, qui a condamné le plaisir, imaginé que la beauté était la porte du diable, s’est acharnée contre les monuments de l’art antique qui étaient dédiés à la glorification de la vie, du plaisir, de la beauté. […] À la religion de la nature le poète ajoute le culte des traditions de sa patrie. […] Il se sépara de la Religion et devint une chose de luxe.

12. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

En Italie, au xve  siècle, la religion n’entrave en rien l’expansion de cette activité aux fins purement humaines. […] Ils se confessent et communient, il est vrai, dès qu’une maladie grave les atteint et ils meurent « munis des secours de la religion ». […] Il éveille en nous des puissances mystérieuses que la religion seule, intelligemment comprise et sainement pratiquée, peut assouvir. […] Il discourait de la religion comme un perroquet du Souristan et il alla au bûcher avec plus d’ardeur que le cerf poursuivi ne se jette ad fontes aquarum. […] Je ne plaisante pas avec la religion.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Il en garde toute la noblesse même lorsque les courants les plus effrénés de la politique, de la morale ou de la religion, s’acharnent à la déraciner de l’esprit général. […] Mais ces noms des dieux païens morts, ces attitudes du lointain paganisme amoureux et orgiaque, qui nous reviennent après la mort du Christianisme, s’ils servent à témoigner de la liberté d’un esprit totalement dégagé de la dernière religion occidentale, s’ils ont pu avoir une importance considérable lorsque les esprits les plus évolués tenaient à affirmer leur éloignement de l’Église Romaine, nous intéressent bien moins aujourd’hui, où d’autres plus graves préoccupations émeuvent l’esprit profondément philosophique de la nouvelle poésie, de la plus jeune, de celle non encore célèbre, qui prépare avec un enthousiasme secret et invincible la métaphysique de demain, le point de départ d’une nouvelle métamorphose religieuse. […] Les dieux antiques qu’il évoque sont ceux que Rome, qui ne créa ni sa religion ni sa philosophie, emprunta aux Grecs, en les transformant selon le caractère de son peuple orgiaque, légiférant et guerroyeur.

14. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Peut-on dire plus explicitement que Dante est un théologien et traite de religion ? […] Chez Dante, tout est voulu, pesé, mesuré et jamais son art ne l’emporte sur la rigueur de sa pensée : le salut nouveau, ce n’est pas la poésie italienne, mais la religion qui va se lever, tandis que le catholicisme (soleil ordinaire) se couchera. […] Novicow ; en italien : une importante étude sur la Religion de M. 

15. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

C’est la religion qui a imposé sa langue, comme elle le fait encore aujourd’hui en Orient. […] L’empreinte fut double : de langue et de religion, l’une et l’autre encore aujourd’hui inséparables. […] « L’œuvre des religions importées est toujours cela : il faut qu’un idéal remplace les usages. […] Cet homme qui prêche continuellement la religion de la joie, la nécessité du plaisir, travaille comme un nègre. […] Tous les maux de l’« homme crépusculaire », l’homme qui meurt à sa religion et à son culte et ne voit pas l’aube d’une religion et d’un culte nouveaux sont dans son cœur sans un nom précis.

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »

Les divers quartiers ont des dialectes, comme il est naturel de l’attendre d’un peuple plein de vie, pour lequel la religion n’est pas un frein, mais une passion, qui n’est presque gêné par aucune loi et qui est plein de naturel.

17. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

On a vu un rudiment de la religion dans l’amour dévot et dévoué (ce sont mêmes mots) du chien pour son maître. […] Le dévouement des hommes à une idée ou à un homme, à une vérité ou à un sentiment, c’est toujours religion. […] Quand un peuple n’est pas assez bête pour supporter l’exercice simultané de deux ou trois religions, l’État intervient, les supprime toutes moins une seule, ou bien édicté une loi de mépris, une loi de tolérance. […] Le christianisme, cette religion d’amour, renferme une grande force persécutive. […] Ils ne devinrent persécuteurs qu’au contact des religions asiatiques et sous la pression d’une insolence qui mettait l’empire en péril.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXV »

Aussi la religion est-elle une superstition pleine de vivacité.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 242, 15 juillet 1907 »

Le spiritualiste, s’il affecte de mépriser la religion régulière de son pays, est amené par la force des choses à s’enrôler dans quelque petite église dissidente.

20. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Mais, bientôt elle avait oublié même cela, et j’étais devenu toute sa religion. […] C’est là une religion d’auteur, d’homme bien portant… et cette jolie mode-là est de nos jours la plus difficile, mais la plus élégante à porter. […] Lucien Romier : Les Origines politiques des Guerres de Religion. […] Lucien Romier s’est posé deux questions principales : « Parmi quels événements et selon quelles causes s’est achevée la période politique qui précéda les guerres de religion ? […] De là le sous-titre : « Henri II et l’Italie » (1547-1555), qui précise, pour la première partie offerte aujourd’hui au public, la portée du titre : Les Origines politiques des Guerres de Religion.

21. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Elle était toute apollinéenne, comme dirait Nietzsche ; aussi elle ne créa pas sa religion et son Art. […] Ibsen, lui, a rêvé la régénération de la femme, a révélé ‘es plus grands drames de la pensée et du sentiment contemporains luttant, souffrant, dans le crépuscule rouge des religions et de la vie de l’âme. […] Par cela même la musique est identique à la religion. […] L’art sera, comme en tout temps, la suprême expression de la religion à venir. […] Mais l’Art, plutôt que de surgir d’une cosmogonie ou d’une morale nouvelle, par la vaste vertu de la musique, sera lui-même cosmogonie et morale, c’est-à-dire religion.

22. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

La tragédie de M. d’Annunzio est donc véritablement une tragédie catholique ; les autres personnages, les véritables personnages du drame, les protagonistes de l’action tragique, n’appartiennent à aucune religion ni à aucun temps : ils ne sont que les centres mouvants et inconscients de l’action populaire, les prétextes choisis par le poète pour nouer des vies dans l’amour et les dénouer dans la mort. […] Il connaît et il veut le culte campagnard des outils du labeur et des habitudes superstitieuses et traditionnelles qui forment pour le paysan italien le fond même de son mysticisme, en dehors de toute religion. […] Quant à Pétrarque dont il s’inspira plus que d’aucun autre, à partir du jour où la mort de Julie changea son amour en une sorte de religion, il lui emprunta surtout des images, encore — ces emprunts ayant été faits de souvenir — les images étaient-elles plus ou moins déformées en entrant dans son œuvre. […] Ils se demandent, à certaines heures de découragement, si, par hasard, le rôle social de l’Église ne serait pas terminé; il leur semble qu’elle va s’effaçant tous les jours davantage à l’horizon du monde civilisé, et ils conçoivent je ne sais quelle humiliation à se sentir isolés au milieu d’un siècle où l’on pourrait presque dire que la religion ne compte plus. […] Or, sauf la solution que l’Église lui donne, ou bien ce problème capital demeure irrésolu, ou bien il ne trouve dans les systèmes philosophiques et les fausses religions que des solutions incomplètes et contradictoires.

23. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Si nous revenons de ce dernier tableau à l’original, nous ne sommes plus surpris de la ressemblance étrange de ce saint Jean avec le Bacchus suspendu tout près de lui, et qui rappelait à Théophile Gautier le propos de Heine sur les dieux déchus, qui, pour subsister, après le déclin du paganisme, se seraient faits serviteurs de la religion nouvelle. […] À l’égard de la mort de Léonard, deux questions restent entières, après bien des recherches archéologiques ; d’abord celle de la forme exacte de sa religion, puis celle de savoir si François Ier assistait à ses derniers moments. […] Il se trompait : ce n’étaient point ses idées ni sa religion que le peuple aimait, c’était lui, le farouche prédicateur qui le faisait frémir d’émotions inconnues, lui, le voyant qui lisait dans l’avenir, lui, le prophète inspiré de Dieu, qui avait prédit d’extraordinaires événements et dont certaines prédications s’étaient réalisées contre toute attente. […] La foi de Savonarole était de tout autre nature que celle des premiers chrétiens : elle n’avait pas le caractère d’aveuglement de la foi absolue qui existe chez les sectateurs d’une religion naissante.

24. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

j’ai démontré que ceux qui commettaient des délits contraires à l’usage, aux religions, étaient alors les vrais criminels, tandis que les homicides bien souvent n’étaient pas considérés comme criminels aux époques barbares. […] Il est notoire qu’en bon imitateur de Frédéric Nietzsche M. d’Annunzio prêche dans ses livres et ses discours la religion de la joie. À moins qu’il n’ait l’idée bizarre de déclarer que rien n’est plus amusant que de se faire battre dans les élections, et que rien n’est plus gai que d’entendre siffler au Théâtre ses propres tragédies, l’ex-représentant d’Ortona à Mare doit avouer que la religion de la joie lui a porté une jettatura, une guigne invraisemblable. […] Chédanne ne comprend pas moins de dix-huit cadres, et l’on est attiré surtout par une vue du vieux monument dans son état actuel, — rotonde basse et lourde, écrasée, aux pierres verdies, bien loin de l’idée qu’évoque le nom seul du Panthéon et que donnèrent tant de descriptions enthousiastes, — mais suggestive et devant laquelle on s’attarde, tant elle symbolise la civilisation pesante et les religions sans idéal du peuple romain. — Du même auteur, le Panthéon d’Agrippa, avec un essai de restitution de la décoration intérieure, dont un combat naval surprenant de fougue et de coloris dans le raccourci d’un entre-deux de colonnes. […] Butti n’a pas encore débordé dans le catholicisme ; sa religion me paraît du déisme pur, dépourvu des formes, peut-être intolérables aux Ames artistes, païennes et indépendantes, d’une religion humaine et organisée.

25. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

L’égoarchie, c’est-à-dire le sentiment de soi-même, la personnalité érigée en religion jalouse et fière, c’est le fond de ce livre comme c’est le fond de l’âme du jeune penseur qui l’a dicté ; mais serré dans un monde plat, utilitaire, insouciant et mou, serré enfin dans la société moderne, M.  […] Morasso a l’air de croire vraiment à quelque mutation radicale de la Société, basée sur des mutations radicales de l’âme et sur la religion du moi, sur l’égoarchie, en un mot : c’est-à-dire que M.  […] Au fond, l’égoarchie n’offre rien de nouveau ; c’est de l’égoïsme conscient, décidé et volontaire ; Napoléon et Goethe étaient deux égoarchistes, mais comme Nietzsche n’était alors pas encore né, personne ne pensait à exploiter les sentiments directifs de ces deux grands hommes pour en établir une religion philosophique, impraticable, puisque les égoïstes, les forts, les dominateurs, les volontaires naissent et ne se fabriquent pas, ou se forment graduellement par la déception, par le mépris.

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Tommassetti, que, dans la transformation rapide de l’Empire à ce moment de l’histoire du Christus imperat, les chrétiens zélés, afin de chasser le souvenir des vieux cultes, décidèrent de les remplacer par l’exercice des cultes qui, dans la nouvelle religion, présentaient une plus grande affinité dans les noms autant que dans l’idéal religieux.

27. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

En tout cas, la Maçonnerie, où il est interdit de parler politique ou religion, peut être considérée, au xviiie  siècle ainsi qu’au xixe  siècle, comme le temple de la libre-pensée. […] » Mais les deux époux sont devenus dévots, donnant à Dieu les restes du diable ; c’est un vendredi, ils lui font faire maigre, lui font des réflexions sur l’irrégularité de la conduite des hommes, lorsqu’ils n’ont pas la religion pour guide, et lui conseillent de faire comme eux, de songer au salut de son âme. […] On comprendra que nous coupâmes immédiatement notre lecture, et nous abstînmes de donner au gouvernement connaissance du jugement que portait notre indiscret conteur sur l’ancêtre de son ami, car les lignes qui suivaient étaient celles-ci : Le comte de Peralada était un jeune seigneur fort riche, joli de figure, mal bâti, grand débauché, aimant la mauvaise compagnie, ennemi de la religion, des mœurs et de la police, violent et fort orgueilleux de sa naissance ; il descendait directement du comte de Peralada, qui servit si bien Philippe II que ce roi le déclara comte par la Grâce de Dieu. […] Canudo pour le grand-prêtre d’une religion nouvelle dont il accomplirait les rites dans sa chambre.

28. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

D’ailleurs, à Naples, tout ce qui tient à la mort ou à la religion est infiniment curieux. […] Elle a en outre le mérite de présenter un tableau assez complet des phénomènes que prétendent réaliser les spirites… Cet ouvrage montre également combien il est difficile aux esprits les plus instruits de se passer de religion, c’est-à-dire d’une foi directrice capable d’orienter leurs pensées. […] De jeunes seigneurs qui sortaient de l’université de Padoue racontèrent, alors, à Giorgio certaines fables païennes et il emprunta, à la souriante religion de nos pères, ses mythes les plus séduisants. […] Pareto, sont exigeants : « On peut tourner en dérision toute religion, toute morale, toute coutume, on peut prêcher la guerre civile, l’incendie et le pillage, tout est permis, pourvu qu’on ne touche pas à ce qu’il plaît à certaines personnes de nommer obscène. » M. 

29. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Le public sera étonné d’apprendre que la Transfiguration est une peinture déplorable ; mais il faudrait peut-être étonner davantage encore le public et lui détailler les infamies de cette composition baroque où tout semble calculé pour dégoûter, à la fois de l’art, de la religion, de la couleur, des visages et des gestes humains.

30. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Le gouvernement qui n’est pas, et bien au contraire, ennemi d’une religion sage et éclairée, a promis son concours ; M.  […] Mais sa religion réfléchie voulait se prémunir contre toute hétérodoxie, les audaces contemporaines l’inquiétaient, la « patine du temps » le rassurait.

31. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Le sentiment ethnique — langue, religion, coutumes, traditions, histoire faite d’intérêts, de gloires, de douleurs, de joies et de malheurs communs — se superpose aux caractères anthropologiques. […] Il n’y a qu’une religion en action : celle du sentiment national exaspéré. » M.  […] C’est dans « le Prince » que Machiavel a développé les maximes qui l’ont rendu célèbre : « Les hommes sont plus portés à ménager celui qui se fait aimer. » « Un prince prudent ne peut ni ne doit tenir sa parole, que lorsqu’il le peut sans se faire tort… Le point est de bien jouer son rôle, et de savoir à propos feindre et dissimuler. » « Un prince doit s’efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété, de fidélité à ses engagements, et de justice ; il doit avoir toutes ces bonnes qualités, mais il doit rester assez maître de soi pour en déployer de contraires, lorsque cela est expédient… Un prince ne peut exercer impunément toutes les vertus, parce que l’intérêt de sa conservation l’oblige souvent à violer les lois de l’humanité, de la charité et de la religion… » « Il ne faut s’attarder qu’aux résultats…, les moyens quels qu’ils soient paraîtront toujours honorables, et seront loués de chacun. […] […] Moins que l’histoire et moins que la religion, la politique, c’est-à-dire l’histoire prochaine et contemporaine, favorise l’unité yougoslave.

32. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Ce professeur Alberini considère en toute bonne foi sa rébellion comme la dernière parole de la liberté individuelle, il n’y a qu’un culte pour la Raison et pour la Science, et il élève ses fils, un jeune homme et une jeune fille, dans cette religion matérialiste pour que rien ne vienne les troubler de tout ce qui est surnaturel, mystique, transcendantal ; l’ex-prêtre vit paisible, donnant des leçons de littérature aux élèves d’un Institut et écrivant quelque livre savant.

33. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Ne dirait-on pas que la Joconde est l’Isis d’une religion cryptique qui, se croyant seule, entrouvre les plis de son voile, dût l’imprudent qui la surprendrait devenir fou et mourir ? […] On a poursuivi en justice deux écrivains pour des articles qui offensaient, paraît-il, la pudeur et la religion.

34. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Il était interdit d’y imprimer quoi que ce fût qui traitât de politique ou de religion, mais ce que l’on avait réussi à introduire sur le territoire du grand-duché pouvait y être mis en vente.

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