Il s’est plongé dans le rêve hellénique, qui est l’expression la plus complète du symbole humain éternisé par l’art. […] Il détache de l’inconnue enchanteresse ses yeux remplis de rêve. […] Là, il garde ses troupeaux et avec son couteau et sa hache il taille dans un tronc d’arbre la figuration de son rêve. […] Il est loin de la vie, perdu dans ses rêves sans fin. […] — Malin comme un vieux renard, mais ce qu’il rêve ne réussira pas.
Domenico Oliva, dans cette lutte contre l’état de « colonie » que des marchands sans nul scrupule d’art font depuis longtemps à l’Italie, nous révèle encore une fois le véritable état des choses, et nous montre surtout que le rêve de renaissance théâtrale, poursuivi à Paris avec le noble acharnement de nos théâtres de Plein-Air, ne peut rencontrer que le consentement des meilleurs, dans un pays qui a été jusqu’ici le débouché le plus avantageux de l’industrie théâtrale boulevardière. […] Le rêve ne se révèle pas en un langage de paroles, il est scénique, terriblement scénique, il se révèle en un langage incomparable d’attitudes, de gestes, de situations tragiques, dramatiques et pathétiques, qui enveloppent l’action dans une atmosphère de musique héroïque et sensuelle, d’où la vision de Venise surgit, tel un triomphe de flammes sur un incendie perpétuel d’âmes. […] Enrico Corradini, polémiste ardent et homme d’idées, rêve d’une organisation politique nationaliste en Italie, en lutte ouverte avec le lourd triomphe des démocraties tapageuses et insupportables, qui brûlent les plus étouffantes essences de l’humanitarisme de la rue sur les autels consacrés à la sainteté de l’homme en blouse et en casquette. […] Enrico Corradini, quelle est la force voilée de l’histoire qui détruit les barrières de la vie réelle, et abîme les dramatis personœ de tout drame historique dans un rêve de mort et de gloire. C’est dans ce rêve perpétuellement renouvelé à tous les carrefours de l’histoire que s’accomplit la transformation des êtres éphémères en êtres typiques, et c’est là que le poète doit chercher les « types humains » dignes de devenir par l’art créatures tragiques.
Marinetti est un barbare aussi de laisser le pauvre Ilai rêver à la lune un soir après des mille ans pour le cruellement forcer à se rendormir sans la réalisation de son rêve. […] Les Poètes comme d’Annunzio, Pascoli, de Bosis, poursuivent un rêve de beauté et de synthèse esthétique tout vibrant d’hellénisme. […] On peut toujours suivre la Tradition, avec des esprits nouveaux, des compréhensions plus larges, des rêves plus hardis, des forces plus complexes que celles du passé. […] Toute la mélancolie de l’Esthète cherchant à réaliser son rêve toujours lointain est dans un prélude. Une grande tristesse y domine, un grand regret pour toutes les choses belles rêvées, que la vie a laissées dans le rêve, que le rêve a cachées dans le plus profond de ses voiles mystiques.
C’est, dans les projets de M. d’Annunzio, le premier pas vers son théâtre tragique d’Albano ; un rêve encore lointain, pour lequel travaillent et le poète de la Ville Morte et des jeunes auteurs enchantés de cette renaissance magique. […] Avide d’amour, il n’a connu que des amourettes insignifiantes et incomplètes ; avide de gloire, la gloire est venue tard, lorsqu’il en était déjà désillusionné ; avide de beauté il n’a eu que la beauté de ses rêves incomparables… Il ne fut pas moins grand que malheureux, et à ce double titre sa mémoire éveille une admiration profonde et un profond respect. […] Les factions les plus avancées ne pouvaient pas reconnaître un chef dans Cavallotti ; il était simplement démocratique et républicain ; or, les socialistes ne se soucient guère de la république, qui pour eux est un rêve déjà trop insignifiant, et ils se seraient gardés de répondre aux ordres d’un homme que l’opinion publique désignait comme le ministre du lendemain. […] Morasso rêve et souhaite comme le triomphe de l’individualisme le plus effréné, et que M. […] Si tout le monde travaillait dix heures par jour, Paris serait Belleville ou Charonne : c’est sans doute le rêve socialiste, ce n’est pas le mien.
Oui, mes rêves ont ici toute leur allure ! […] — Rêve ! […] Rêve, murmura-t-il. […] Est-ce que je rêve ! […] Mais ceci n’est que du rêve.
Gare aux littérateurs, — aux jeunes, notamment, qui n’oublient pas leur fardeau de rêves superbes sur le seuil du journalisme quotidien ! […] C’est le paysage non pas du rêve ou de l’imagination, mais des endroits bien retirés et des heures choisies entre mille, avec un miracle de finesse. […] Par quelles étranges affinités la personne et le rêve ont-ils pu se développer si éloignés et si rapprochés à la fois ? […] Toujours hanté de son rêve turc, il y voyait autant de cailloux où poser le pied pour franchir l’Adriatique. […] Jean Schopfer, encore que rempli de louables désirs, est resté trop professoral : il nous a rogné la part du rêve.
Une vitalité exubérante lui interdit autant les rêves sociaux que les doutes intérieurs et la fait assez légèrement s’engouer d’idées contradictoires. […] Il médite, et il rêve, et puis, ensuite, quand cette méditation et ce rêve ont trouvé leur expression dans un poème, il laisse planer librement sa pensée sur les choses et sur les êtres, et tout cela, « l’ombre du rêve et l’ombre de la chose », tout cela forme la plus pure, la plus profonde doctrine d’amour. […] Aussi avec quelle véhémence accuse-t-il les rêves pacifistes d’entretenir les nations et les hommes dans un coupable optimisme ! […] Il a consacré à formuler ce rêve les pages les plus fortes que je connaisse. Le rêve de M.
Concorder dans l’unité générale, c’est le rêve. — Leibnitz, qui eut la passion de l’unité et de l’harmonie, répète mystiquement : « La gloire de Dieu n’est pas seulement l’immuable et l’éternel ; elle est le devenir naturel et l’humanité le fragment. » Mais l’Art et la Science, c’est-à-dire la Foi et la connaissance la répandent et l’augmentent, successivement : aussi la religion se ploie à toutes ces métamorphoses en détermination d’une philosophie de la vie ; philosophie potentielle et cinétique. — Peut-être que Dieu est le dernier échelon de la série biologique à la découverte duquel marchent les Arts, les Sciences, les Religions. — Le Dieu d’une Époque industrielle est mécanique. […] Son utilité sociale fiance le rêve, besoin passionnel, avec la réalité, constatation sensorielle et musculaire.
Il a tous les caractères de la “régressivité”, c’est-à-dire que son art est un recul manifeste vers la pauvreté des conceptions primitives de l’humanité ; sa débilité mentale est manifeste ; enfin il est immoral ; il ne conçoit jamais le coït normal et fécond, patriotique ; les amours qu’il rêve et qu’il fait paraître dans ses œuvres sont de pures conceptions délirantes ; c’est un hystérique et un érotomane, — et ses œuvres n’ont été propagées que par des maniaques qui lui ressemblaient ; en Amérique, c’est l’Armée du Salut qui a fait le succès de Wagner, etc. » Que voulez-vous ? […] Ajoutez à tout cela l’effacement voulu ou involontaire du commentaire orchestral sous le fallacieux prétexte de donner plus d’importance aux voix, quelques airs de bravoure d’un bel italianisme, tels que le : Tout m’abandonne… Adieu, rêves de gloire, un certain finale du IIIe acte qui nous ramène aux plus mauvais jours de notre histoire, et vous aurez une idée des quelques vices qui entachent la partition. […] Le second acte notamment contient d’admirables pages parmi lesquelles le « rêve de Cassio », supérieurement chanté par Maurel.
Plus que le duc de Valentinois, épris lui aussi d’un grand rêve de domination impériale, âpre dans les plaisirs, puissant dans la guerre sans merci, Ludovic fut le « Prince » parfait de ces heureux temps, où la seule joie de vivre, d’un tout petit souverain, et peut-être de tout homme qui en commandait quelques autres, faisait un César. […] Dans cette cour voluptueuse, fastueuse, somptueuse, où l’amour de la vie et de la domination exaspéraient tous les esprits, Léonard put réaliser une grande partie de ses rêves grandioses.
Dans sa cellule, il écrit des canzoni exaltés où son rêve de destruction se précise : « Ô Dieu ! […] Si bien que nous le voyons souvent peindre un rêve poétique, transcrire en vers maint tableau de lui-même ou des maîtres qu’il révérait. […] Les paysages de ses vers sont construits dans son imagination ; ce sont des jardins de rêve, pleins de douces lumières qui coulent sur les pelouses, et de grands arbres touffus. […] De Rossetti c’est le souci unique ; l’art seul l’intéresse, tout ce qui n’est pas purement l’art lui répugne : il ne rêve jamais d’améliorer l’humanité, de lui ouvrir le sentier du bonheur, non plus que d’élucider quelque grand mystère de la philosophie. […] Chiesa peut écrire ce rêve étrange de la pierre, Minute tragique, où la passion humaine est écrasée sous le poids énorme de la vie, et devient un lourd rocher.
Comment vivre ensemble, ensemble toujours, comme dans un rêve ? […] J’entendais, comme en rêve. […] mon rêve ! […] quelles journées de lumière et de rêve ! […] Je m’amusais à parler seul, comme quand on rêve.
Le rêve était prématuré, naturellement. […] Paolo Buzzi peut faire l’histoire d’un esprit jeune, exalté par la formidable poussée de désirs individuels et collectifs de notre vie contemporaine, et, tout en suivant le protagoniste, qui n’est plus qu’un nœud de vie se déplaçant dans un espace très grand, l’espace de ses rêves, il peut évoquer, toujours autour d’un homme ou d’un couple, l’âme vigilante, sympathique ou hostile, harmonieuse ou ennemie, du temps dans lequel les protagonistes vivent toute leur vie exubérante, dans trois étapes fatales : Vers l’Éclair, Sur les ailes de l’Orage, Vers la Foudre. […] Avec lui, après une journée tellement remplie de rêves, et tant remuée par les voix des collectivités qui tour à tour l’enveloppaient, c’est une génération entière qui semble monter sur la croix, la génération des Italiens qui furent les premiers-nés d’une bourgeoisie encore toute sanglante.
Les arbres et la prairie se baignaient de la couleur silencieuse de la nuit, tandis que, sous une lumière descendue de l’Olympe, surgissaient en visions ces créatures d’un Rêve. […] Au jardin des Hespérides, je ravirai les arbres qui donnent les fruits d’or : comme les colonnes d’un temple, je les dresserai les uns près des autres, pour que l’ombre et le mystère soient propices aux êtres du Rêve que je vais évoquer. […] Si des dogmes autrefois nourriciers du rêve sont usés, vieillis, l’esprit toujours jeune est vivant.
Mais un jour Henri Kronberg revient en effet ; veuf, seul, repenti : et le choc immédiat entre cet homme réel, cet amour humain, et le fantôme et l’idylle cérébrale qu’Edoarda avait envisagés dans sa solitude, se produit irrémédiablement : celui qui est devant elle n’a rien de commun avec son rêve ; elle a aimé un homme qui n’existait pas, et aujourd’hui elle le repousse avec horreur, puisqu’il résume toute une désillusion, un passé de folies intellectuelles. Très probablement, dans ces trois ans de sommeil psychologique, le dévouement muet et tendre de Massimo n’a pas été sans effet : en sortant de son rêve maladif, en rentrant dans la réalité de l’amour, la jeune fille s’aperçoit bientôt que Massimo occupe dans sa vie une place énorme ; et lorsque, sans aucun espoir désormais, Massimo lui annonce qu’il va partir, Edoarda a un élan de passion : « Ne me demandez rien ! […] … » C’en est fait de l’amour du rêve : l’amour réel, tendresse et sensualité, dévouement et possession, chante son triomphe, dans ce jour tout ensoleillé d’un doux automne italien… Tel est le roman de M. […] Le moment, d’ailleurs, était favorable à ce mélange de vérité et de rêve, parce que les maîtres des deux écoles commençaient à ennuyer le monde avec l’absolu de leur recette : ou toute la vérité jusqu’au dégoût, ou tout l’idéalisme jusqu’à faire dormir debout. […] Quand je ne dors pas, je rêve, et quand je suis las de rêver, je broie du noir sur du papier, puis je lis, et le plus souvent je rejette tout ce que ma plume a vomi. » Dans une liasse, j’ai trouvé une histoire inachevée sur Roland, et une aventure avec des femmes dans une cave ; puis une « Méditation à mon lever du 19 mai 1789 », suivie d’une « Courte réflexion d’un philosophe qui se trouve dans le cas de penser à se procurer la mort.
Il évoque toute une époque avec tendresse, avec cette tendresse de l’enfant qui sourit à un rêve composé de toutes les légendes éparses dans le rayonnement de son foyer. […] Pascoli met son héros loin des événements, au centre des évocations, au centre d’un rêve de langueurs et de mort. […] Le roi Enzo représente l’Empire vaincu — l’Empire qui fut ensuite le rêve désespéré de Dante. […] Mais troublant ses rêves de bonheur, le souvenir des discordes et des crimes, qui sans cesse ensanglantaient la cité, inquiétait son esprit. […] Butti, le Château du Rêve, sur lequel je reviendrai, et les nobles tentatives en prose de M.
Là il rêve et il crée. […] — Accomplir mon rêve. — Quel rêve ? […] » — Tu peins nos rêves de bonheur, s’écria Bordone. […] … Pour ton rêve, pour le rêve que je te donnai, Je ne suis pas celui-là, celui-là que tu crois !
Florence a produit le bienheureux Jean de Fiesole, cet « homme de Dieu » ; à Milan, dans les dernières années du quattrocento, tandis que tous les peintres s’empressaient à imiter le nouveau style de Léonard de Vinci, un autre « homme de Dieu », Ambrogio Borgognone, obstinément plongé dans son rêve mystique figuré sur des murs d’églises ou de couvents de pâles vierges d’une pureté, d’une bonté, d’une beauté surnaturelles ; et c’est presque vers le même temps qu’à Sienne Sano di Pietro nous a fait part, lui aussi, des adorables images qu’il portait gravées dans son cœur d’enfant. […] Je pense que le critique français va un peu loin lorsqu’il écrit qu’il suffit de voir le portrait de Verrocchio tel qu’il est gravé dans les vieilles éditions de Vasazi, pour comprendre tout ce qu’a d’invraisemblable l’attribution, à ce gros et épais bourgeois florentin, d’œuvres dont l’attrait consiste surtout dans leur intention « musicale », leur effort à entourer les figures d’une fine atmosphère de rêve et de poésie !
Zola, avec peu de bonheur, s’instruisit et s’édifia pour son Rêve).
Les grands et profonds sentiments humains de douleur comme de joie, d’attraction comme de répulsion, ont toujours en eux quelque chose de religieux ; et l’individu qui les éprouve est attiré irrésistiblement à la dévotion ou à l’admiration envers l’Être qui lui apporte la réalisation de son rêve ou l’apaisement de ses douleurs.
— Les directeurs nous attendaient charitablement dans la cour des diligences et nous firent monter dans de fraîches voitures qui nous enlevèrent à travers la ville avec une telle rapidité que je crus passer au milieu d’un rêve dont les ailes m’éventaient. […] Nous le suivîmes longtemps des yeux, comme un rêve qui nous tient dans la stupeur, et nous rentrâmes, le cœur serré d’un spectacle si simple et si terrible. […] « Toutes les forces du rêve gonflaient le cœur des terrestres tournés vers l’Assomption de l’Homme. » Tandis « qu’une race entière fut nouvelle et joyeuse en lui ». […] Vana est une créature de rêve, qui rappelle celles de Maeterlinck. […] L’épouvante naît précisément de cette logique implacable qui nous étreint dans ce décor de rêve, sous ce ciel de lumière et de joie.
Ses rêves fous l’obsèdent, il n’est plus capable de saisir les faits dans leur réalité immédiate. […] Et le frisson, le vent de la folie effleurait les têtes des femmes avec une nouvelle violence ; c’étaient comme des rêves de grande destruction, comme des aspirations à une œuvre de méchanceté, comme des élans terribles, sous lesquels tombait ce qui restait de la femme, pour pousser aux dernières limites la matière de la bête. […] Et à l’instant où elles caressaient de monstrueux rêves de sang, Orphée monta et apparut au milieu d’elles. […] Toutes, vous êtes belles comme un rêve… Il se tut un instant : le fracas de la mer l’empêchait de se faire entendre… Au reflet de l’aube on vit au loin contre la falaise l’écume crépitante d’une vague plus forte s’élever, puis se replier et rentrer dans le gouffre, pour franger les vagues qui suivent. […] Je doute également que la politique de grossièreté qui semble avoir envahi l’Italie cède le terrain aux revendications des amoureux d’art ; cependant, si une pétition s’ouvre pour sauver Venise, je veux y inscrire mon nom, mon très humble nom ; si ce n’est pour obtenir quelque chose, du moins comme gage de mon admiration et de ma reconnaissance à nos frères du passé, aux artistes, qui ont édifié sur le monde un lieu conforme à leur rêve.
La lune s’embrase En se couchant, sur le sommet solitaire, Semblable à une faux sur une grande enclume, Tout est rêve. La lande originaire Vers le rêve propage ses ondes Nues, ainsi que le désert sans routes. […] On y découvre un mélange trouble d’idéal et de matérialité, de dévouement à la cause et d’actions terre à terre, d’héroïsme et de diplomatie ; et malheureusement ce furent la diplomatie, l’intérêt et les appétits qui triomphèrent, mais on les entoura de belles phrases pour leur conserver l’apparence de l’héroïsme, de l’idéal, et du rêve généreux. […] Mais le sort du peuple dépend surtout de lui-même et ce n’est que par son propre effort qu’il pourra sortir de la misère qui l’empêche de réaliser ses possibilités : la solution de la question sociale par la collaboration des classes n’est qu’un rêve d’esprits ingénus et débonnaires. […] Nulle part ou ne rêve ainsi, dans un air plus surnaturel, en des solitudes plus mornes, plus poignantes, plus mortuaires.
— Encore des vers et exquis de Enrico Panzacchi : Une petite ville, le soir ; une fenêtre où se colle le front d’une femme qui rêve, ou prie… « Es-tu celle qui demande la paix nocturne aux ombres descendantes ?
D’Annunzio demeure isolé, enfermé dans ses grands rêves tragiques ; l’esprit littéraire italien, fatigué de l’antique domination du poète froid des élégances, ne comprend pas encore que celui-ci a atteint le plus pur sommet de sa force avec ses tragédies.
Puis c’est la jolie théorie des six sœurs Anguissola, qui traversent la Renaissance comme un clair rêve de féminité supérieure. […] Et cette chevelure bondissant autour d’elle Mordait le ciel ; et c’étaient des torrents De poix, galopant en amont de l’espace, Et ruisselant à rebours pour remonter leur lit ; Et mon Rêve reconnut avec effroi L’énorme face spongieuse de la Mer Souveraine ! […] Le principal personnage en est, physiologiquement et moralement, étudié avec le plus grand soin, et le conflit qu’il provoque entre ses besoins et ses rêves, conflit dont il est la première victime, donne matière à un drame puissant.
L’impatience frémissante qui naît d’une longue attente, le tressaillement qui salue l’heure convoitée, la révolte fière et indomptable, les menaces aux hésitants, aux timides, aux tardifs, se mêlent, dans cette poésie fiévreuse et emportée, à l’amertume qu’inspire la réalité si différente du rêve.
Arnold Goffin, on ne trouvera que la vie légendaire de François d’Assise et de ses disciples ; elle est charmante, mais bien moins belle que leur vie réelle, qui ne fut pas seulement de rêves et d’extases, mais de luttes même sociales et de charité héroïque.
Haines héréditaires contre l’Autriche, antipathie naturelle pour les Allemands rogues et autoritaires, sympathie de race et de tempérament pour les Français, tradition latine, rêves unitaires, désirs d’expansion, ambitions impérialistes, toutes ces impulsions élémentaires agirent simultanément dans le même sens. […] La minorité comprenait les artisans de l’unité italienne, leurs fils, leurs successeurs, tous ceux qui dès leur enfance avaient été bercés de rêves irrédentistes et désiraient la guerre contre l’ennemi héréditaire, l’Autriche, la guerre qui rendrait à l’Italie ses frontières naturelles et réunirait à la mère patrie les Italiens restés au pouvoir de l’étranger.
Diotime, la Domina d’Hermas, la Monique évoquée dans la Vie heureuse de saint Augustin, la Philosophie telle que la voit Boèce, Béatrice, — autant d’êtres de rêve ou d’idéalisation appartenant à la mystérieuse famille.
Il ouvre lui-même la collection avec un ouvrage en deux volumes dans lesquels il retrace, avec une érudition étonnante, l’histoire de l’idée de la vie comme rêve et illusion à travers les littératures et les philosophies anciennes et modernes, depuis les Chinois jusqu’à Calderon. […] Si vous voulez que nous vivions, désormais, sans aucun rêve, nous pourrons y consentir, et nous et tous les nôtres irons à l’école de l’énergie, mais à une seule, à l’école de l’énergie latine, dont la France tient très haut le noble drapeau. […] En un mot, ce n’est pas le rêve ; mais, comme l’a laissé entendre l’un de ceux qui ont travaillé à sa naissance, le mieux pourra en sortir quelque jour.
Alors, il n’est pas étonnant qu’un Italien de la vieille race, amateur de la valeur du sang, songe enfin à s’emparer de l’Amour, le confisque à son profit, lui offre, dernier refuge, un palais de marbre et d’or, en pleine Venise, la ville du rêve où les doges, dédaigneux du vulgaire possible, chastes à force de pure passion, jetaient leurs anneaux dans la mer, espérant toujours que Vénus elle-même le leur rapporterait !
Elle s’imagine, la pauvre enfant, que son ami l’attend et quand la triste réalité s’offre à elle, au lieu du rêve caressé de nouvelles félicités, l’épuisement de tout son être pitoyable la fait s’abîmer dans la neige, où elle ne tarde point à mourir.