/ 34
2. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

— Encore des vers et exquis de Enrico Panzacchi : Une petite ville, le soir ; une fenêtre où se colle le front d’une femme qui rêve, ou prie… « Es-tu celle qui demande la paix nocturne aux ombres descendantes ? […] « … Es-tu celle qui aspire à plus d’intensité de vie, qui évoque la danse des Heures vers son ultime jeunesse, et qui demande une nuit d’amour aux ombres descendantes ? […] Sul laghetto di Arqua Sul laghetto di Arquà (cannucce integre Gli fan cintura e trepidanti pioppi), Secure da le reti e da gli schioppi, Pispole, capinere e cingallegre * Cinguettan quanto è il dì ; ma se le negre Ombre sgombrano il ciel, par che si addoppi La gioia di lor vita, e suonan scoppi Gai di trilli e un frullar d’ale allegre. […] Au lac d’Arqua Au lac d’Arqua (des roseaux levés droits Lui font une ceinture, et des tremblants peupliers), À l’abri des rets et des fusils Les farlouses, les têtes-noires et les mésanges Gringotent toute la journée ; mais quand les noires Ombres déménagent du ciel il semble que se double La joie de leur vie, et sonnent des éclats Gais de trilles et un frou-frou d’ailes allègres.

3. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Les Œlohim ne sont que des anges qui ont fait l’homme à l’image de leur ombre. […] Giuseppe Rino publie L’Estuario delle ombre (L’Estuaire des ombres). […] La gloire du disciple a jeté une ombre sur le maître. […] L’effort de la pensée abaisse sur les yeux l’ombre des sourcils tendus. […] L’eau qui bouge ne veut que des ombres et des lumières, des ors et des rubis.

4. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Les corps agités et les crinières dénouées imprimaient sur le sol des ombres colossales et fugitives. […] Le mouvement du groupe central, où presque toutes les ombres se mordent, suffirait pour en faire une des très belles pages de cette illustration. […] Quelques-unes de ces ombres sont si décharnées que leurs yeux paraissent « des chatons privés de leurs pierres ». […] Quant aux damnés, Botticelli ne leur a pas donné la moindre teinte, afin de bien manifester leur état d’« ombre ». […] Ces ombres sont disposées de manière à dessiner des lignes brisées en concordance avec celles du décor.

5. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Il parlait sans ombre de malice, car il était un peu simple ; mais Antine s’offusqua, et se leva vivement en haussant les épaules avec dédain. […] Une ombre passait derrière les lunettes de Zio Félix. […] Antine plongeait son regard dans l’horizon incertain ; sur l’ombre couleur de cendre les étoiles brillaient d’un éclat aigu, avec des scintillements verdâtres et rougeâtres. […] Il écrit un poème où l’Ombre de celui-ci voit apparaître l’Ombre de son assassin mort, et lui parle de son fils : de celui qui, orphelin affamé, est devenu peut-être grand et immortel. […] Aussi son idéalisme a-t-il horreur du mystère et de l’ombre.

6. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Je suis une ombre moi-même et mon premier soin a été de vous chercher. […] êtes-vous si pressé d’aller dans le royaume des ombres ? […] Peu à peu, je reprenais conscience, ma pensée se dépouillait de l’ombre ; la vie me ressaisissait. […] pas d’ombre sur son cœur ! […] Quand son pied frappait ce vieux sol tout pétri de beauté, un chœur d’ombres harmonieuses se levait.

7. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

Il a dû se renouveler complètement au point de vue psychique, il doit pouvoir considérer sa vie en deux phases bien distinctes, dont la première doit jeter dans son âme une ombre noire, et une lumière trouble sur la suivante ; il a dû réunir dans la première étape de sa vie toutes ses faiblesses, pour mieux les haïr, et grouper dans l’étape présente toutes ses qualités, ou tout au moins toutes ses aspirations, afin de mieux s’aimer ; pour que dans ce livre M.  […] Si Rembrandt « aperçut toute la lumière et toute l’ombre de l’univers et la lutte implacable qui dure entre les deux forces, celle qui évoque et crée la vie et celle qui administre la mort », Spencer proclama « la souveraineté du sentiment dominateur et de l’intuition révélatrice, qui aperçoit l’union et qui la crée ».

8. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

L’hésitation angoissante, devant un sanctuaire de silence, d’ombre et de recueillement, une seconde avait fait la nuit à ma pensée. […] Au jardin des Hespérides, je ravirai les arbres qui donnent les fruits d’or : comme les colonnes d’un temple, je les dresserai les uns près des autres, pour que l’ombre et le mystère soient propices aux êtres du Rêve que je vais évoquer. […] » Et que l’arbre, le rocher, la fleur, le nuage, l’ombre et la lumière, la montagne et la mer, l’homme dans toute la nature, te révèlent toujours à mon regard adorant !  […] Ce n’est qu’une figure, presque un profil noyé d’ombre ; mais toute la créature s’y résume de la tête aux pieds.

9. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Quel scandale à voir cette cathédrale gothique qui croissait comme un champignon monstrueux, écrasant de son ombre, de ses cloches et de ses pierres les humbles colonnades doriques ! […] Le vulgaire, en effet, c’est, par excellence, tous ceux qui n’aiment ni Mallarmé, ni Verlaine, ni Villiers, ni Laforgue, — ni quelques autres qui ne sont pas encore descendus parmi les ombres. […] C’est une figure de sexe incertain, placée dans l’ombre de ses propres cheveux, la ligne de la joue qui touche cette ombre étant vivement éclairée, avec une pointe de volupté et de satiété dans les yeux et dans les lèvres. […] toujours est-il que cette tête centrale ne fait que couronner l’impression qui se dégage de toute la compagnie ; on dirait des fantômes au travers desquels on voit le mur, formes affaiblies comme les ombres des feuilles sur la muraille un jour d’automne ; cette figure n’est que la plus faible et la plus spectrale de toutes. […] La critique venait pour retrouver les originaux derrière les incorporalités mystiques, et voilà qu’elle restaurait non pas la réalité de la vie, mais ces ombres transparentes, esprits sans chair et sans os.

10. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Malheureusement, il y a belle lurette que Michel-Ange est enterré, qui s’essaya assez glorieusement au sujet, et il faut venir de bien loin pour ignorer que le jugement dernier et définitif est rendu à l’égard de telles ombres illustres mais obstinées. […] Ailleurs, une énorme feuille de papier, déchirée à tort et à travers, étude taxée d’abord de barbouillage et aujourd’hui seulement recueillie comme chose très précieuse, vendue bien plus que son pesant d’or, montre un magnifique dessin de vache, aux crayons rose, roux et blanc, sur fond d’or balafré par les vastes taches gouachées des dunes de neiges, invétérées à l’ombre sur un sol de dégel. […] S’il y a, comme dans tous les tableaux de cette dernière période, le continuel poudroiement d’or entre chaque grain de couleur sèche et poncée, il y a aussi, entre les jeunes touffes d’herbe et les vieux hérissons d’éteule, de menus trous noirs, de fines fissures d’ombre qui pénètrent la masse végétale jusqu’au sol, en disent l’épaisseur et en assurent le relief puissant. […] Voici tout d’abord le tableau nocturne, lunaire ; les Alpes géantes et noires bornent les champs de neiges ; les formes pâmées et pénitentes, leurs ombres sinistres rabattues sur la neige, passent dans leurs longs voiles et dans leurs chevelures dénouées, comme flottantes dans leur remords. […] Leur mouvement est tel qu’il répercute les attitudes de leur passé pécheur, et leur groupement contradictoire indique à la fois l’attirance et la répulsion qu’exerce sur les pauvres ombres le souffreteux petit arbre, tordu à l’image des dolentes apparitions qu’amène la bise sifflante, l’arbre de vie — sur lequel séjournait autrefois l’Ange de la vie, — le nœud de serpents noirs de ses ombres rabattues aussi sur le sol.

11. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Péladan, n’est pas excellente ; il y en a une autre plus décisive selon lui, et la voici : « l’ombre seule rend l’expression, l’individualité, c’est-à-dire l’âme ». […] Les ombres amoureuses du passé sont faciles à évoquer, et, du reste, dans le même temps où Maurice Barrès s’excite et s’enfièvre dans le dédale des petits canaux, l’actualité littéraire ravive l’aventure Sand-Musset-Pagello. […] Nulle part on n’avait su évoquer avec cette force les ombres du passé qui, projetées sur le présent, lui donnent un aspect si nouveau. Quels beaux morceaux oratoires que ces chapitres relatifs au chant d’une beauté qui s’en va vers la Mort ou aux Ombres qui flottent sur les couchants de l’Adriatique ! […] Pierre Jean Jouve et nous désirerions qu’ayant accepté les leçons les plus conformes à son propre génie il se présentât en sa nue simplicité, sans être couvert par les ombres protectrices des demi-dieux qu’il évoque.

12. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Le génie est la lumière ; la foule est l’ombre. […] que n’aurait pas imaginé Morga s’il avait pu voir se dessiner, ainsi, cette, ombre d’homme ? […] La gondole se range vers l’ombre. […] Il ne distinguait pas le visage d’Aurora, dans l’ombre. […] Les malheureux ne se doutaient pas que la lumière dessine des ombres sur les stores !

13. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

S’il n’a pas su choisir tous les sujets de ses évocations, pour qu’ils fussent tous naïvement synthétiques, et que d’autres qui l’étaient et étaient supérieurement représentatifs, il les ait laissés dans l’ombre ? […] La nuit, comme le vaisseau ralentissait sa marche, je m’étais levé et j’avais regardé la lune sur la mer, je cherchais Messine, et je ne découvrais au loin qu’une tour et une ombre rouge mêlée au ciel. […] L’ombre de Pagello sourit finement et m’ouvrit Une Histoire d’amour, à la dernière page du Journal : Il l’ennuyait, cet Italien qui, avec son simple bon sens, abattait la sublimité incomprise dont elle avait coutume d’envelopper la lassitude de ses amours. […] On la voit, mais extériorisée par l’imagination excitée de Phèdre, on la voit comme une ombre implacable, contre laquelle l’amoureuse damnée crie toute sa haine, envoie sa terrible imprécation : Déesse, que veux-tu donc de Phèdre ? […] Je ne suis plus Marco Tullio, je suis son ombre.

14. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Il était à l’ombre, le ciel était bleu : c’était comme au paradis. […] Embusqués dans l’ombre de son chapeau, derrière ses lunettes, ils fouillent toute la place. […] Il n’y a plus d’ombre sur les places. […] Il faut de la mollesse et de la lourdeur aux chairs étendues sur des draperies ou à l’ombre des arbres. […] Giorgio se prit à rire et se déclara encore loin de l’âge où un homme dépérit pour une ombre.

15. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LX »

. — Piccini a été le rival de Jomelli, dans la manière noble ; on ne peut rien préférer à son duo : Fra, queste ombre miste o cara !

16. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Jeunes ou vieilles poussaient des cris d’effroi en quittant le cimetière et juraient que l’ombre du galant Casanova les violentait au passage et s’agrippait à elles. […] Çà et là, les flèches vibrantes d’un jour égal dans sa puissance, l’ombre tranchée par un éclair qui la fait paraître plus bleue. […] Nous venions de saluer à Procida l’ombre de Graziella ; nous voulions découvrir à Ischia les traces de l’aimante Nausicaa et de la magnanime Arètè, heureux de rapprocher ainsi d’un poète de notre France le plus grand génie du monde antique. […] N’est-ce pas pour nous laisser seuls en face de la grande ombre d’Homère qu’elle s’est recueillie dans le silence de son tombeau ? […] Le soleil achevait alors de se coucher, et la brume du soir commençait à estomper et à recouvrir de ses ombres les détails.

17. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Au grand jour des séances, on manifeste la concorde, à l’ombre, on fomente la discorde. […] Il releva son esprit, une ombre de sévérité rentra dans sa voix. […] Il médite, et il rêve, et puis, ensuite, quand cette méditation et ce rêve ont trouvé leur expression dans un poème, il laisse planer librement sa pensée sur les choses et sur les êtres, et tout cela, « l’ombre du rêve et l’ombre de la chose », tout cela forme la plus pure, la plus profonde doctrine d’amour. […] Corradini, il faut, quand c’est nécessaire, savoir atteindre, au-delà de la mort, un but caché dans l’ombre des siècles futurs. […] Salandra laissait alors dans l’ombre des destins non accomplis l’avenir oriental auquel aujourd’hui l’Italie, encouragée par les nationalistes, rêve avec enthousiasme.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Car à plus d’un titre l’ombre historique de Ludovic le More plane sur le tombeau inconnu de Léonard de même que la volonté et l’amitié du Duc de Milan s’étaient imposées à son génie.

19. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Je dois me borner, dans un courrier déjà trop rempli de comptes rendus de lectures disparates, aux quelques réflexions mélancoliques suggérées par un livre sur un ensemble de livres d’un tout autre ordre, et cependant déclarer que quel que soit l’endroit d’où nous vienne la lumière, elle est toujours bénie, ne servirait-elle qu’à plonger en une ombre mauvaise des œuvres qui, loin du soleil, auraient pu nous sembler de suffisants phares sauveurs. […] Dans une flamme il y a des teintes, mais jamais d’ombre. […] Il l’est dans l’ombre du Sacrarium de Simon le magicien, et il l’est à la lumière du jour, au milieu des folies atroces du cirque : il l’est dans sa présomption d’artiste, dans ses amours, dans sa haine, dans sa lâcheté, dans son orgueil.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Les pierres sont de l’âme figée, et sous les arbres d’Italie, oliviers, chênes-verts ou pins-parasols, tous plus épais de souvenirs que de frondaisons, on est envoûté à la fois d’ombre et de passé.

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Est-il nécessaire de répéter encore que dans l’espace scénique ne peut vivre qu’un monde idéal, que le Char de Thespis, comme la Barque d’Achéron, est si frêle qu’il ne peut pas supporter que le poids des ombres ou des images humaines ?

22. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Terre où pèse si peu l’ombre de tes cyprès ! […] XIII Yeuses, je me veux à votre ombre allonger. […] Dans les grands moments d’angoisse de la pensée, dans les longues périodes, parfois séculaires, qui closent et qui ouvrent la marche d’une civilisation, ou plus souvent d’une orientation particulière de la pensée collective, les chevaliers du merveilleux surgissent de l’ombre intense qui les produit, et proclament leur parole. […] Les ombres sont cependant trop noires, ainsi que le fond, cela ne peut pas s’expliquer avec des lumières aussi vives. […] À le démontrer consiste l’histoire, et, sans remonter jusqu’à notre révolution, on sait de quelle hâte ses singes, dès la première ombre qui passe, recourent à toute la force armée.

23. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Qu’il y ait du faune dans l’auteur du Canto Novo et de l’Intermezzo, il n’y a qu’à lire ses premiers vers pour s’en convaincre : les exigences sans mesure de ses sens y tiennent une grande place ; un jour d’été, il guette à l’ombre d’un platane la nymphe craintive qui cache mal sous ses longs cheveux la nudité de son corps agile ; il la poursuit sous les oliviers, il l’atteint, la terrasse et la possède sur l’herbe, chaude de son désir, plonge les mains dans sa fauve chevelure, et vibre tout entier « comme une flamme sonore », tandis que les arbres, les collines et la mer exaltent sa vigueur triomphante. […] » Silence, dans l’ombre. […] Dans une Élégie de la Flamme et de l’Ombre jaillit une seule impétuosité sensuelle, contenue dans quatre vers et dans une image, mais qui révèle toute la force cachée sous le voile de la tristesse, dans l’ombre des vagues espérances.

24. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

La vie moderne — dit le poète dans sa lumineuse préface — multiforme, tumultueuse, admirable surtout par son ampleur plutôt que par sa concentration, puissante pas autant par la divination de ses énergies singulières que par le concours de toutes les énergies dans un effort immense, trouve son image parfaite dans la Ville… Et il écrit : L’ombre d’un grand siècle aux chants épiques, éclairée d’un étincellement d’or, se soulève à nouveau avec son trésor royal, devant moi, avec ses enseignes et ses armes.

25. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Loin de moi l’idée de lui reprocher d’être socialiste plutôt que républicain ou conservateur ; cela est bien indifférent pour l’histoire des opinions, tandis que le fait seul de suivre un parti, quel qu’il soit, peut jeter une ombre sur son travail, car tous ses efforts semblent dirigés vers la démonstration de quelques théories, d’ailleurs parfaitement inutiles, qui sont chères à M.  […] L’un accentue les ombres et affine les lumières ; l’autre court sans appuyer nulle part sur la surface. […] § Mon intention ne saurait être de tout dire, et pourtant j’aurais aimé m’arrêter longuement à telle esquisse du Corrège, à tels tableaux de Rembrandt — une Sainte Famille, dans l’intérieur vaste d’une maison voûtée ; la lumière émane du berceau, éclairant saint Joseph ; la Vierge se silhouette en ombre noire sur cette nappe de clarté ; — de Luini, de Fra Bartolomeo, du Giorgione, de Véronèse, du Guerchin.

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

. — Le ciel de la lune ressemble à la grammaire pour l’ombre qu’il renferme et la variation de sa lumière.

27. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

» C’était bien mieux d’épouser Marie la blonde, et de rester à l’ombre des peupliers, sur le parvis rustique, à dire des contes avec ses amis, dans le calme du midi.

28. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Le paysage aux lignes géométriques et à la perspective implacable, et qui a si curieusement tourné avec le temps, le poncis du dessin qui transparaît sous la couleur froide, le blafard des clairs, le grain très gris des ombres, toute cette exécution qui sent la fresque donne à ce panneau une haute saveur. […] Il semble qu’il y ait mis toute sa science : c’est véritablement un morceau de maître où on retrouve, dans l’ombre des chairs, le ton brun lumineux du Masaccio.

29. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Henri VII, duc de Luxembourg, empereur d’Allemagne, ne sut pas même réaliser l’idéal restreint que lui indiquait l’auteur du De Monarchiâ : il ne sut point soumettre l’Italie au pouvoir impérial et, après avoir ravagé la Toscane, comme le ferait, s’il le pouvait, le kaiser boche Guillaume II, il lâcha la proie pour l’ombre, se fit couronner à Saint-Jean de Latran et mourut, misérablement empoisonné, sans avoir su seulement comprendre la tâche héroïque à laquelle un homme de génie l’avait convié. […] Piérard vient de jeter le soupçon de germanophilie sur le Nieuwe Rotterdamsche Courant ; Demain passe (sans l’ombre d’une preuve, mais qu’importe !) […] C’étaient là les forces, conscientes ou non, dont disposait, chez nos voisins, la Kultur à lunettes, vigilante et avide, manœuvrant, avec une perfidie aussi sournoise que zélée, les mouvements de son armée occulte pour une offensive préparée dans l’ombre et dont la lutte présente, qu’il serait superflu de caractériser, était destinée à n’être que le simple épilogue. […] Comme l’écrit fort bien M. di Belsito, « les facteurs qui ont contribué à jeter des ombres et à alimenter les malentendus entre l’Italie et la France, étaient nombreux et complexes ».

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Se sentant plus tranquille, dans la conquête de sa sérénité, aux débuts des Odes Barbares, il avertit que : non plus l’ombre du temps, ou les froids soucis, je sens sur ma tête ; je sens, ô Hébé, la vie hellénique affluer tranquille dans mes veines.

31. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Enfin le cinquième jour, voyant que je ne pouvais me délivrer de sa surveillance jalouse, je pensai qu’il me restait encore un moyen, et je sortis résolument de la maison, suivi de son ombre lamentable.

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Un jour, ayant besoin de renseignements pour la mise en scène de Sémiramis, il se hasarde à consulter l’auteur lui-même : celui-ci répond avec une bonne grâce parfaite, explique le costume des actrices, la place de l’ombre et son accoutrement, la disposition des Lumières, détaille les accessoires, indique le moyen d’imiter le tonnerre et les éclairs ; on sent, à travers sa réponse, que le metteur en scène, l’impresario, est plus flatté encore que le poète ; et, dans son enthousiasme, il va jusqu’à s’écrier : « Béni soit le ciel qui vous a inspiré l’amour du plus divin passe-temps dont les hommes de goût et les femmes vertueuses puissent jouir quand ils sont plus de deux ensemble9 ! 

33. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

L’auteur de ces récits s’intéresse d’ailleurs à nombre de choses qui restent trop souvent dans l’ombre au cours des relations qui ont été données jusqu’à présent. […] « Nous autres moines, disait-il encore, nous travaillons et nous produisons dans l’ombre. » Et ce savant modeste et actif est mort dans l’ombre du cloître où il vivait. […] Ombre, conserve ici tes coupables richesses.

34. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

… La voiture filait rapidement à travers la plaine de la Nèthe envahie par les premières ombres.

/ 34