L’oreille humaine ne s’accoutuma que graduellement à la simultanéité des impressions sonores, et son éducation fut tout empirique. […] La plupart de ses airs les plus fameux m’ont toujours produit une impression de ce genre, sans excepter « J’ai perdu mon Euridice » ; et il me semble bien qu’en ces endroits, sur le point spécial de la vérité d’expression dramatique, Gluck se montre généralement inférieur à Rameau. […] Son biographe le tourne et le retourne, multiplie les traits, et cependant, signe de vie, l’impression ainsi communiquée va toujours se simplifiant, sans toutefois être jamais réduite à l’unité totale, qui serait sans doute abstraite et factice. […] Les impressions d’un tel homme doivent être aussi profondes que peu manifestées. […] Aujourd’hui, tandis que la nation rajeunie, poussée par une remarquable volonté de vivre, cherche ses voies, et avec ses aspirations exaspérées prépare le chemin à ses génies, la réapparition du vieux romantique sur le marché turbulent, chaotique de la littérature, peut produire une impression bizarre ; l’impression qu’une voix sereine et forte, dominant par la noblesse de sa sérénité et par la clarté de sa force, jette sur le désordre d’une foule sans maître.
J’ai signalé le mois dernier les belles impressions de guerre que Luigi Barzini publie dans le Corriere della Sera. […] À côté des impressions vécues de Barzini, le Corriere della Sera publie d’intéressantes « Chroniques économiques de la guerre » écrites par Luigi Einaudi. […] Pour eux, l’action dans ce qu’elle a d’actuel et d’immédiat les intéresse par-dessus tout : ce sont les impressions vécues qui les remuent et les passionnent. Ces impressions, ils les retrouveront dans toute leur intensité dans les Scènes de la Grande Guerre vues par Luigi Barzini. […] Permets qu’avec cette franchise dictée par notre sincère et déjà vieille amitié je t’expose en public et brièvement mes impressions.
En stimulant notre désir naturel de la vérité et en nous faisant sentir plus vivement nos impuissances, ces sciences nous reconduisent, d’une certaine manière, dans le sens d’une spirale, vers nos origines ; elles ravivent notre sentiment religieux par l’impression d’un mystère formidable, non pas pour notre existence physique, mais pour notre moi intérieur, dont le besoin suprême est de se reposer dans une conception rationnelle, claire et sûre de l’univers et de la vie. […] Je n’ai jamais pu regarder cette peinture, écrivais-je jadis dans la Revue Bleue, sans ressentir la désagréable impression d’une dissonance complète. […] Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907, p. 176-180 [180] […] Balla Ignacz : Dél (Midi), un volume de poésies : impression d’Italie, chants patriotiques, vers d’amour.
Encouragé par l’enthousiasme de Voltaire et par l’attention soutenue d’un public complaisant, il récita à son tour le passage le plus pathétique de l’Arioste, les trente-six dernières stances du chant XXIII, celles qui décrivent la folie de Roland ; il exagère à peine en affirmant que ces vers « font trembler… et rendent l’amour épouvantable », et l’on comprend aisément l’impression profonde qui produisit sur ceux qui l’écoutaient. […] Toutes les impressions littéraires que Voltaire et Casanova échangèrent ne témoignent pas, à beaucoup près, d’une entente aussi parfaite. […] Nous voudrions conserver, en en concluant l’analyse, l’impression de sincérité que nous nous sommes efforcés d’établir en la commençant. […] Voltaire y déploya toutes les ressources de son esprit brillant et fertile et fit le charme de tous, malgré ses traits caustiques qui n’épargnaient pas même les personnes présentes ; mais il avait un art inimitable à lancer le sarcasme de manière à ne pas blesser38. » Tous ceux qui visitaient Voltaire vers le même temps avaient la même impression : la splendeur fastueuse du décor les séduisait dès l’abord, la grâce spirituelle de l’hôte achevait de les conquérir.
Nous voyons avec les yeux de ces fantômes, qui, à leur tour, voient avec les yeux de d’Annunzio ; impression de troisième degré, impression nulle. […] Mais on ne peut citer de lui aucune parole assez précise pour justifier cette impression ; elle eût d’ailleurs été en désaccord avec un génie dont un des traits principaux est une tendance à se perdre dans un mysticisme raffiné et plein de grâce. […] Mais une intelligence éprise des âmes étranges peut toujours analyser pour elle-même l’impression que lui donne ces œuvres, et tâcher par-là d’atteindre à une définition des éléments principaux du génie de Léonard. […] Des lieux secrets d’un tempérament unique il rapporta des fleurs et des fruits étranges, et jusqu’alors inconnus ; pour lui, l’impression nouvelle qu’il fait naître, l’effet exquis qu’il arrive à produire sont des fins en soi, des fins parfaites. […] B. — Un onzième volume, publié en Allemagne depuis l’impression de cet avis, nous offrira la continuation de son séjour en Espagne… etc.
Bien que cette édition soit mentionnée comme sans date, il est permis, par son lis d’or, d’en fixer l’impression à 1513, l’enseigne de Jean Petit ayant été précédemment (1509) : Au Lion d’argent. […] Anatole France résume ses impressions d’un voyage dans l’Italie du Sud et sur les deux rivages de l’Adriatique, De Naples à Pola : Naples — Pompéi — Raguse. […] Il donne son impression sur les peintres italiens et étrangers qui ont figuré à cette Exposition ; il sait varier la forme de cette impression, il fait des parenthèses, il amuse, il plaît.
Pierre de Bouchaud, c’est marquer qu’on y trouva des impressions de littérature et d’art autant que des nouveautés d’érudition. […] Mais considérant ici avant tout l’écrivain (et je songe aussi au poète qui, en si beaux vers, chanta Florence), je veux citer cette délicieuse impression des entours de Rome : « Enfin, Rome est aussi la voisine de la campagne où elle étend ses basiliques et ses portes multiples. […] Bref, il n’est autre que le marquis Gaspare Invrea, mais en littérature on doit soigneusement l’ignorer : sous son pseudonyme de Remigio Zena, il a publié un recueil de vers curieusement originaux, Le Pellegrine, qui donnaient une impression subjective et pourtant très spontanée de son séjour dans l’Afrique italienne ; il exploita de cette manière une région presque inconnue à la grande majorité de ses lecteurs, en se montrant poète bizarre, hardi, spirituel, piquant. […] Le mélange savant de cette époque nébuleuse et des passions qui nous hantent, aujourd’hui encore, nous autres les fils de la civilisation la plus recherchée, — produit une impression étrange et pleine de saveur. » En conclusion, M. […] Mais l’impression générale reste sûre en moi, et c’est que l’auteur vient de donner un essai éloquent de sa connaissance du théâtre et des ressources d’un art hérissé de difficultés enfantines et énormes.
Bourgeois a exposé tout le détail des démarches de M. de Gramont auprès des cabinets de Vienne et de Florence pendant la seconde quinzaine de juillet ; démarches fébriles, anxieuses, dont il se dégage encore aujourd’hui pour le lecteur une impression pénible. […] Mais la progression dramatique est bien comprise et conduite, l’impression sur le public a été très grande.
Il répond pleinement à l’impression produite par encore les photographies du buste et que nous avions manifestée ici. […] Hofmiller intitule « Salade romaine » des impressions de la ville éternelle, où se mêlent des réminiscences historiques et littéraires. […] Sous forme de lettre ou de simple récit, elle nous donne, comme en une suite de petits tableaux, ses impressions sur Milan. […] Jean Carrère a donné des impressions très curieuses sur les derniers tremblements du sol en Sicile, la destruction de Messine, des villes de la Calabre. […] Gabriel Faure, on retrouve quelques-unes des délicieuses impressions qui charmèrent dans son précédent livre, Heures d’Ombrie.
On garde de la Gioconda une assez étrange impression. […] Les mauvaises impressions de la nuit s’étaient envolées ; la joie infinie de la liberté emplissait son cœur. […] Bien qu’ivre, Antine rougit encore, ressentant de nouveau l’étrange impression qu’il avait éprouvée dans la matinée. […] On préconise la poésie dite scientifique, c’est-à-dire une poésie philosophique faite d’idées et de pensées plus que d’impressions. […] Et l’impression que nous laissent ces poèmes publiés est vraiment celle de l’effort d’un poète d’autrefois.
Comme effort et comme exemple il faut en tenir compte, comme moyen d’impression il faut que d’Annunzio s’en garde ; à la longue, le public, toujours un peu bête lorsqu’il est au théâtre, pourrait prendre une pièce de D’Annunzio pour un bazar d’antiquités. […] C’est comme si l’air manquait dans cette chambre d’hospice, et cette impression doit avoir frappé le public de Milan, assez sévère même vis-à-vis d’un nom comme celui de Fogazzaro. […] Il ne faut point chercher dans ces quatre cents pages des impressions originales. […] Delage, son répondant, ont causé une pénible impression à ceux qui, n’ayant plus d’autres recours que la science, la voudraient sérieuse. […] L’Italie du nord, Venise, Florence, la Toscane, exerce une attraction très compréhensible sur les peintres et quiconque y séjourne tient à en fixer quelque souvenir et l’impression si spéciale de la lumière jouant sur les sites et les édifices ; la cour du Bargello, le porche et le baptistère de Saint-Marc se rencontrent dans chaque salle, ornent chaque panneau.
Léonard nous raconte une impression qui caractérise l’avidité de sa recherche. […] Ses jambes, raidies sur les étriers, forment avec le corps une ligne sobre qui donne une impression de solidité. […] Il ne prétend point me donner des impressions de sécurité, de majesté, de recueillement. […] Ce milieu de fièvre et de passion exerça sur l’existence du poète une double impression durable. […] Il trouva néanmoins en lui-même le courage de dominer son impression pour réfuter point par point, dans l’Athenæum, les calomnies perfides.
La première impression était fâcheuse ; le reste de l’entourage n’était pas fait pour la dissiper : trois fripons, qui s’annonçaient comme amis de la maison, jouaient dans cette aimable société un rôle peu équivoque. […] § Nous ne croyons pas que le lecteur ait attendu la fin de cette analyse pour éprouver l’impression du « déjà vu » ou du « déjà lu » et pour voir surgir, à côté de cette figure féminine que nous avons essayé de faire revivre d’après Casanova, la brune silhouette de Conchita Perez de Garcia, l’héroïne du roman de Pierre Louÿs, la Femme et le Pantin.
Je suis aussi certain d’une chose : c’est qu’il torture Aurora, pour qu’elle lui analyse l’impression que vous lui avez produite. […] Il était anxieux de connaître l’impression que lui avait produite Wellseley. […] Il baisa la main qu’elle lui tendit, et tous ceux qui la virent, ce soir-là, eurent l’impression qu’elle touchait au point extrême de la beauté. […] Ils échangèrent quelques impressions d’art. […] C’est un tour de force que de donner à si bon compte un volume aussi beau d’impression et d’illustration.
Nous descendons dans le théâtre d’Herculanum, impression d’un masque.
« Il reviendra à Milan en 1813, reverra sa fair Angela et complétera sur ce manuscrit toutes ses impressions de 1811.
Pierre de Bouchaud a publié chez Sansot Étapes Italiennes, notes sur les mosaïques de Saint-Vital à Ravenne, impressions de Sienne, du Forum Romain. […] En voici le passage principal : De toutes ces impressions disparates, cependant, une impression bien nette, bien lucide, bien précise s’est dégagée, qui résume jusqu’à un certain point toutes les autres. […] André Maurel, Petites villes d’Italie, se présente avec un caractère spécial parmi les publications de voyages, qui sont rarement autre chose que des impressions hâtives ou des récits de promenades. […] « Quand nous entrâmes, sans d’abord faire attention à nous, il demeura pendant quelques instants penché sur une impression de musique qu’il achevait de corriger. […] Le pessimisme de Léopardi, plus qu’une impression sentimentale systématisée d’un être malheureux, perpétuellement blessé par le spectacle même de la vie, apparaît comme une sérénité, comme une sagesse.
C’est une impression de fin du monde. […] il n’y a pas de mot qui rende mieux l’impression d’ensemble de l’époque. […] Amour a son existence dans la mémoire où gît l’impression de la chose aimée, comme la lumière dans un corps transparent. […] Il n’a pas senti la mélancolie et l’impression de destruction qu’inventera Chateaubriand. […] J’étais encore sous l’impression de ce portrait quand je sortis.
Goethe et d’Annunzio ont commencé tous deux par parcourir le cycle de l’amour humain, et ils en ont ressenti à la fois l’orgueil et le néant : Werther, il Fuoco, le premier Faust, Forse che si, donnent de manière égale l’impression de l’effort surtendu et de l’impuissance à rencontrer une formule définitive dans l’amour humain. […] C’était, comme nul ne l’ignore, sans doute, une des voies d’accès de l’Empire romain, et à Plaisance débouchaient trois des routes principales des Gaules par Gênes, par Suze et le Petit Saint-Bernard. — On sait aussi, par les publications précédentes, le charme des récits et les délicates impressions qu’apportent les livres de M. […] Pour arriver au point où nous conduisons Ulysse, la première impression était que les deux tiers de ce temps pouvaient suffire. […] C’est mon impression personnelle, et je la livre à M. […] D’autre part, toutefois, je dirai, écrivant sous l’impression de cette lecture, que Machiavel ne donne pas non plus tellement au « goût de la haute cruauté, de la férocité savante et aussi du paradoxe » les satisfactions qu’a cru trouver la fatuité intéressée de Stendhal.
On a l’impression des faits, des combats par le détail qu’il accumule. […] Son article du 14 décembre, intitulé : « Au carrefour », contenait des menaces qui produisirent une vive impression sur l’opinion publique. […] Quelques journaux eurent l’impression que les Alliés n’étaient plus tout à fait aussi affirmatifs que par le passé quand ils parlaient du programme italien, exposé nettement par M. […] Il fallait la mort de ce nonagénaire pour éveiller en moi cette impression. […] Nous avons pensé qu’il serait peut-être de quelque utilité de résumer ici nos impressions d’une œuvre à laquelle un hasard bienveillant a voulu que nous assistions en qualité de spectateur et auditeur désintéressé.
Je ne crois guère que « désordre et génie » soient indissolublement accouplés ; mais cette préoccupation si marquée laisse une indéfinissable impression. […] Ce sont, liés bout à bout, des interviews, des critiques littéraires, des discussions politiques, des morceaux de romans, des impressions, des descriptions, des études de mœurs, des instantanés — le tout extrêmement cursif. […] S’il faut que le livre s’en mêle et renonce à cette unité sans laquelle il n’est point d’impression sincère et profonde, c’est à désespérer de pouvoir jamais jouir sans sollicitations étrangères de l’intensité d’art qui nous aura conquis. […] L’impression qu’elle procure peut se définir par ce terme : l’équivalent psychique du mal de mer. […] Au lieu d’une brochure et d’un volume un peu bariolé, nous eussions possédé trois ouvrages de mérite : un d’essais sur l’art, un d’études littéraires, un d’impressions de voyages.
Dans le Square de la Place d’Anvers, par exemple, les attitudes des promeneurs, le geste des enfants sont fixés agréablement, mais, en dépit de la dimension du tableau, il n’est rien qu’une réunion de croquis, car rien n’y établit l’indispensable unité, sans laquelle nulle impression ne se communique au spectateur ; il semble qu’il n’y ait pas lieu pour ce tableau d’exister. […] Autant celui-là est calme et inaccessible aux impressions soudaines, autant celui-ci était prompt, ardent passionné. […] Rossi descendit, il y a quelques années, avec un député, dans une mine de soufre et voici ses impressions vraiment infernales : « Tous deux aperçurent, en arrivant, une collection de nains entièrement nus, au dos rond, aux jambes torses et aux petits visages de vieux. […] Le malade se tord dans des spasmes d’agonie, l’écume jaillit de sa bouche, et enfin sous l’impression de cette souffrance atroce dont la seule description fait dresser les cheveux, perd connaissance ; cependant, ajoute notre texte, il n’hésite jamais à recommencer l’opération si, quand ses blessures sont guéries, il ne se sent pas soulagé du mal dont il souffrait. » Mais on pensera bien qu’il y a d’autres singularités dans les habitudes de ce peuple, en majorité chrétien, et que des séries de pierres sonores entrechoquées appellent aux offices ; qui possède des moines volontairement emmurés pour acquérir le titre de saints ; qui croit au mauvais œil8 ; dort dans une posture recroquevillée et les genoux sous le menton9 ; se nourrit d’une sorte de galette appelée sciro, faite pour les riches avec de la farine de pois verts ou de lentilles, pour les pauvres avec de la farine de fèves, de pois chiches ou le plus souvent de graine de lin. — À noter, dans les curiosités des usages que le chef, aux jours de réception, doit offrir trois fois plus de victuailles et de boissons qu’il n’est nécessaire ; par courtoisie les invités engloutissent tout et arrivent ainsi au dernier degré de la plénitude ; seulement il y a un maître des cérémonies dont la fonction consiste à maintenir la paix et la tranquillité de l’assemblée ; il se met debout au centre de la pièce, tenant une longue baguette, et crie à haute voix, de temps en temps : Toantè !
Sa dernière page, envoyée peu de jours avant sa mort à un journal de Cesena, l’Azione, est une des plus profondes impressions de guerre qui aient été écrites jusqu’ici en Italie. […] Loin de nous l’intention de condamner toutes les impressions littéraires sur l’Italie ; nous connaîtrions bien mal les mœurs de nos diverses régions dans le passé, si nous n’avions les relations de tant d’étrangers, de Montaigne à… Suarès. […] Le voyage en France, nous le faisons, nous aussi, quoique nous en rapportions rarement un livre d’impressions. […] la muse de Fogazzaro est une prisonnière, fière et méditative, de ce monde terrestre qu’elle a l’impression de traverser seulement ; — mais parce qu’elle a en soi une autre espérance, elle ne méprise point pour cela ce monde ; au contraire, elle y cherche des souffrances à glorifier et des âmes à faire fleurir ; malgré la corruption, les hontes et les ridicules, dont les pessimistes se détournent, la société lui paraît digne de toutes les rédemptions. […] C’est, du moins, l’impression que j’ai eue après avoir lu Daniele Cortis : l’auteur a essayé d’y noter avec exactitude les troubles, les désirs, les indécisions de deux âmes qui hésitent, angoissées et meurtries, entre les impulsions de l’instinct et les formules absolues du devoir.
Dans l’œuvre réunie sous le titre Rime e Ritmi, on a toujours l’impression intérieure d’un esprit géant ondoyant sur le soi de l’Italie, dans un mouvement perpétuellement identique, entre le présent et le passé. […] Carducci donne au contraire lui-même l’impression d’un orage, l’orage de l’âme de son pays, s’abattant avec tous ses éléments séculaires contre les portes de Rome, que la bureaucratie a profanées.
Mais les impressions dominantes sont toujours celles de pénétration intime et de durée.
De là résulte que l’on emporte souvent d’un premier voyage en Italie des impressions peu favorables aux Italiens. […] Jamais je n’oublierai les heures que j’ai passées sous le charme de sa parole à la clinique médicale de l’Université de Bologne : personne, ni avant, ni depuis, ne m’a donné une impression aussi forte et aussi directe de la puissance de l’esprit humain. […] Dans toutes les parties de l’Italie que j’ai visitées, j’ai trouvé le peuple plein de qualités admirables : bon, généreux, poli, affable, patient — trop patient, — intelligent, doué d’initiative, il donne dans l’ensemble une impression singulièrement favorable de son caractère. […] cette perspective sociale laissait de côté toute une région non officielle, grosse, en son ombre, de plus de vie, d’explications intimes, qu’en leur éclat des scènes plus illustres : la région domestique des impressions, des sentiments, du vrai devenir psychologique. […] Florence ou Île-de-France, on ne sait lequel des deux ciels a mis en lui le plus profondément son impression.
Nous avions eu, Daniel et moi, cette même impression lors de notre première rencontre avec lui. […] — Jamais le vin ne m’a fait meilleure impression. […] J’eus, dès cet instant, l’impression que la fortune de ce Ludovic se terminerait, brusquement, par le poison, la dague ou le cachot. […] J’aimais la Maurina ; elle m’aimait et j’avais l’impression affreuse que l’amour des femmes n’anéantit pas les désirs qu’elles éveillent. […] Le seuil franchi, j’avais l’impression, dès que j’entendais sa voix, de sortir d’une caverne et de respirer l’air des campagnes.
Presque toujours l’élan lyrique est brisé par une interrogation, et il se renouvelle ainsi plusieurs fois dans le cours d’un poème, donnant une impression de violente originalité rythmique, à laquelle l’attention du lecteur est perpétuellement enchaînée, et par laquelle elle est irrésistiblement émue.
Ce livre d’impressions est un livre de vérité. […] Les troupes débarquent cependant aux Dardanelles, et ce sont des combats sur ce territoire hostile que défendent, avec les hommes, des maladies répugnantes ; les impressions atroces du séjour de Kérévès-Déré dans la presqu’île de Gallipoli, la mortalité effroyable, les cadavres qui servent à élever les parapets des tranchées. […] Si quelques hommes prévoyants soupçonnèrent les difficultés de la tâche et, se rendant compte des conditions de la guerre moderne, mesurèrent l’ampleur des sacrifices nécessaires, l’opinion publique eut, dans son ensemble, l’impression qu’on atteindrait vite la paix victorieuse. […] L’institution des correspondants de guerre est beaucoup mieux organisée qu’en France : les livres où ils réunissent leurs impressions finissent par jouer en Italie le même rôle que chez nous les « mémoires » des combattants. […] On ne saurait trop insister sur l’importance « d’impressions » de ce genre qui, publiées dans tous les journaux de la péninsule, habituent le peuple à admirer et à aimer son armée nationale.
« L’autre lithographie, qui nous donne une indicible impression de mystérieuse terreur, représente une énorme cloche qui sonne sans interruption en une atmosphère enténébrée qu’elle raye fantastiquement de stries lumineuses. […] Dans chaque fait, dans chaque détail, comme dans l’impression intime qu’ils laissent, ces manuscrits font comparaître devant nous un Casanova absolument semblable à celui des Mémoires. […] Le sien, le sien propre, pourtant, il faut le démêler, sous tant d’impressions diverses, et je le trouve dans l’harmonie de sa composition.
Il n’a pas essayé, dans ses Maîtres italiens d’autrefois, de suivre l’exemple de Fromentin ; il s’est contenté de noter les impressions d’un esprit très informé et très sensible aux choses de l’art.
Qu’on imaginât toute la gloire du Haut-Empire Romain à demi perdue dans la profondeur de quelque cathédrale universelle ; la clameur du Cirque, des Camps et des Triomphes fondue parmi le silence d’une insondable abside, buccins mourants en gémissements d’orgue ; la pourpre et les trophées irradiés à travers un nuage d’encens ; une rayonnante après-midi d’été voilée d’une ondée soudaine ; que l’on mît cette gaze de mélancolie sur ce flamboiement de jouissances, — et l’on aurait, semble-t-il, l’impression de la crépusculaire et chatoyante civilisation byzantine.
Pourtant, lorsque Voltaire parle à Casanova d’Algarotti, on sent qu’il est moins désireux d’exprimer ses propres sentiments de sympathie pour son ami vénitien que curieux de connaître l’impression que celui-ci produit sur ses compatriotes : il interroge Casanova sur la réputation d’Algarotti en Italie, sur le succès de ses livres et même sur la valeur de son style, qu’il ne peut pas se permettre d’apprécier exactement.