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2. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Chez les deux écrivains il y a la même inquiétude perpétuelle, absorbante, de la femme, une sorte d’obsession non pas même de l’amour, mais de ce qu’il a de plus primitif et de plus général, de l’instinct sexuel : l’un et l’autre considèrent tous les gestes de l’amour comme des phénomènes si naturels qu’on les doit décrire sans embarras ni trouble ; le désir qui se renouvelle sans cesse n’a d’intérêt que par son assouvissement régulier ou brutal : tout sentiment qui détourne ou altère le désir est vain ; toute complication psychologique est fausse. […] La sensation du néant apparaît chez Maupassant dès ses premiers vers (Au bord de l’Eau) : l’amour tue l’homme, parce qu’on ne peut pas le limiter, et que les forces vitales s’épuisent plus vite que le désir (Fort comme la mort). […] » Et la même conclusion s’impose aux deux écrivains : la vie n’a plus aucun sens, elle est intolérable, du moment qu’elle est bornée, incomplète, impuissante ; la mort seule est capable d’arrêter l’élan du désir et d’empêcher qu’il ne se meurtrisse. […] Pour les exprimer, ils ont rencontré à peu près les mêmes images : chaque senteur évoque un souvenir et provoque un désir. […] De même, la musique provoque une excitation mystérieuse des sens et réveille de voluptueux frissons : G. d’Annunzio ne décrit un concert, n’analyse une partition que pour nous faire assister à la naissance et à l’évolution du désir que le voisinage de la femme aimée provoque chez le dilettante.

3. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Il y a aujourd’hui, entre Italiens et Français, un désir d’amitié. […] Il y a, en Italie, un désir très sincère de continuer avec nous, après la guerre, les relations cordiales que la guerre a établies. […] Le désir du Vatican de participer au Congrès est de notoriété publique. […] Mais il a cessé de narrer les longues étreintes, les folles jalousies, les subtils désirs qui énervent et brisent les hommes et les femmes les mieux constitués. […] Tous les écrivains, bons ou mauvais, ont commencé par vivre en imagination leurs fictions et tous sont des acteurs nés dont les actes n’ont pas de parenté avec leurs désirs.

4. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Je l’ai observé, tandis que sa femme chantait… criait un désir, plutôt. […] Pourquoi ce Wellseley a-t- il le plus vif désir de m’être présenté ? […] Le désir de commencer son tableau augmentait. […] Vous avez manifesté le désir de ne plus la voir. […] — Mais si mon désir était impérieux ?

5. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Lionel qui pleurait Marguerite n’eut plus qu’un désir, la retrouver en Cécilia. […] On n’en sait rien, mais il est certain que, réalisée, elle eût assez mal répondu aux désirs de Tolstoï. […] Curiosité et désir de beauté — voilà les deux forces élémentaires du génie de Léonard, la curiosité étant souvent en conflit avec le désir de beauté, mais engendrant avec lui un type de grâce subtil et curieux. […] Jean Schopfer, encore que rempli de louables désirs, est resté trop professoral : il nous a rogné la part du rêve. […] On ne s’est pas ennuyé certes, mais on ne ressent nul désir de passer une seconde soirée dans les mêmes conditions.

6. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

« Et vous savez que ce désir et cette quintessence sont les complices de la nature comme l’homme est le modèle du monde ! […] Combien, au contraire, vécurent pauvres de deniers pour acquérir des vertus, et leur désir s’est accompli. […] Alors deux impressions s’éveillèrent en lui : peur et désir ; peur de la menaçante et ténébreuse caverne et désir de voir ce qu’elle renfermait d’extraordinaire » (152). […] Pour alimenter ses désirs, l’homme déchaîne la mort, la douleur sur toute chose vivante. […] Bompard en arrive à craindre la floraison d’une « poésie à la Capus », née du désir qu’auront les auteurs d’être applaudis.

7. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Les Odes Barbares montrent le désir d’une société qui voulait être païenne pour s’affirmer surtout antichrétienne. […] Le mouvement y est presque toujours identique, et l’esprit de l’ancien se retrouve dans le moderne, quoique celui-là proclamât la beauté présente que celui-ci évoque avec un orgueil toujours nostalgique, dans un fantastique Fanum du désir. […] Paolo Buzzi peut faire l’histoire d’un esprit jeune, exalté par la formidable poussée de désirs individuels et collectifs de notre vie contemporaine, et, tout en suivant le protagoniste, qui n’est plus qu’un nœud de vie se déplaçant dans un espace très grand, l’espace de ses rêves, il peut évoquer, toujours autour d’un homme ou d’un couple, l’âme vigilante, sympathique ou hostile, harmonieuse ou ennemie, du temps dans lequel les protagonistes vivent toute leur vie exubérante, dans trois étapes fatales : Vers l’Éclair, Sur les ailes de l’Orage, Vers la Foudre. […] Rien ne borne leur désir d’aboutir au réveil de quelques forces nouvelles, de quelques révoltes nouvelles contre l’absolutisme archaïque de l’école et des maîtres, dont la nation accepte aveuglément le culte.

8. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

II donne : Amour, donne désir, donne, vertu, done re (roi), joie, salut, sécurité, défense. […] Aussi le désir de savoir se manifeste-t-il en lui, chaque fois qu’il est bien constitué organiquement et qu’il ne cède ni à la nécessité, ni à la paresse. […] Ces deux exemples me justifient : je cède à la crainte de l’infamie et au désir de laisser un enseignement. L’infamie que je crains, c’est qu’on suppose que la passion et non la vertu inspira mes canzones et mon désir est de révéler le vrai sens de ces canzones.

9. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Et pas un seul parmi tous ces grands révélateurs du cœur humain n’a découvert la cause désespérée de toutes mes aventures ; pas un seul n’a deviné que je fus libertin malgré moi, et volage contre mon désir. […] J’avais le désir de l’amour, mais non le pouvoir d’aimer. […] Devant tes innombrables amours, devant la mobilité perpétuelle de tes goûts et de tes désirs, ils ont dressé la blanche et rigide statue du Commandeur, véritable symbole, dirait un logicien, de l’immobile concept opposé à la continuelle variabilité de l’intuition. […] Revenant du bord de la mer, des grandes villes de la côte, j’éprouvais le désir de choses cachées, de rues étroites, de murs silencieux un peu noircis par la pluie.

10. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Le sentiment religieux, synthèse originale de tous les sentiments qui lui sont inférieurs, correspond au besoin de verser, — par une affirmation énergique de notre volonté, — notre idéal, nos espérances, nos désirs dans la totalité des êtres, dans l’infini. […] C’est pourquoi, si l’on croit que l’humanité peut devenir irréligieuse, si l’on a l’illusion d’avoir débarrassé son âme de toute trace de mysticisme, c’est que l’on a atrophié en soi les plus nobles facultés de l’esprit, ou bien détourné les élans de son cœur vers un nouvel objet de désir.

11. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Les yeux inquiets et tremblants de ma propre révélation devant l’inconnu s’ouvrirent, tout d’abord, pour la Primavera de Botticelli, tableau aimé par la gravure, et dont la séduction hantait mes désirs d’œuvre vers la grâce maladive des âmes fragiles, sœurs captivantes des iris frêles, qu’une caresse des lèvres fait mourir. […] Elle, très noble, belle et pudique ; sous la draperie de son manteau de pourpre royal, jailliront ses désirs secrets qui prendront corps autour d’elle, révélant l’intimité de sa rêverie amoureuse. […] » Sous les flèches de Cupidon, qui voltigera sur sa tête, les désirs plus ardents s’éveillent ; je les symboliserai par la Semeuse de Roses, dont les mains se noieront dans la douceur de la chair des roses : sur ses lèvres, le sourire aura le trouble presque pâmé, comme le cœur ouvert des roses, et ses yeux seront pervers et froids, car l’enlacement des caresses est cruel au cœur du Poète qui se couronne de roses. […] Au seuil du Temple, humble fidèle, à la Déesse Beauté j’adresse ici cette prière avec tout l’élan de mon Être : « Beauté, Phare étincelant où s’oriente l’Humanité en route vers le Meilleur, » Étoile du Désert, qui mènes au sanctuaire, notre tombeau, où Dieu se révélera, » Oriflamme du Désir, qui ravives la force dans les combats et gardes les Fiers des dangers du repos infécond, » Princesse du Sourire le plus caressant, consolatrice du Présent, à toi qui exhales un baume sur le Futur, » Gardienne de la Vérité, qui allumes une étoile au front de tes élus, rendant leur marche lumineuse, comme celle des astres sur le tapis bleu de l’insondable, » À ton culte j’ai voué mon cœur et mon esprit.

12. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

L’admiration purifie le désir et le transpose en clef mentale : il faut être malade pour sentir érotiquement une œuvre d’art, si elle est belle. […] Elle l’eût été, si elle avait pu voir Rome, et satisfaire ainsi ce désir sourdement et tendrement caressé. […] Notre hôte nous emmenait un soir visiter San Ambrosio, que nous [avions] un grand désir de voir sur son immense renommée. […] Il veut exalter maintenant le héros de la dernière heure, celui qui exaspère le désir et l’orgueil des peuples d’où il surgit, l’aviateur. […] Aussi n’a-t-il pu résister au désir de joindre à sa traduction du Traité de la Peinture, de Léonard de Vinci, un commentaire « perpétuel ».

13. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Les deux hommes d’État avaient fait allusion aux désirs de l’Italie. […] Je ne résiste pas au désir de reproduire la fin de l’article du 20 novembre 1917. […] Les Serbes, Croates et Slovènes d’Autriche-Hongrie ont donné des preuves nombreuses de leur désir d’émancipation. […] Pour montrer leur désir de libération, ils ne se sont pas contentés de simples déclarations de plus en plus radicales. […] Et c’est ainsi que Lodoletta, parmi tous les dons qui lui sont présentés, a la joie de compter les chers « zoccoletti » de son désir.

14. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Si la cause de l’unité fut néanmoins populaire dans une certaine mesure, il faut l’attribuer en partie sans doute au malaise et au désir consécutif de changement, que le développement du capitalisme et de la grande industrie commençait à faire éprouver aux travailleurs, mais surtout à l’influence personnelle de Garibaldi et à l’enthousiasme qu’il devait susciter, et qu’il suscita effectivement, dans les âmes simples et sincères, non affectées par la rouerie des politiciens ou par les habitudes critiques des intellectuels. […] Les éléments qui ont contribué à la formation de l’unité italienne sont éminemment complexes : aspirations vagues vers un avenir meilleur, influences extérieures amenant un souffle de révolte, désirs d’esprits libérés voulant exprimer ouvertement leurs idées, hostilité de libres-penseurs vis-à-vis de la domination du clergé, exaltation d’âmes éprises d’un passé glorieux, déchaînement d’appétits aiguisés par l’espoir de la curée, tous ces ressorts ont agi dans la longue lutte qui a abouti à la constitution du royaume d’Italie. […] Sans doute le peuple ressentira-t-il indirectement quelque avantage de ce développement puissant de l’activité scientifique, qui amènera un relèvement du niveau intellectuel général de la nation, surtout si les savants ne s’enferment pas entre les murs de leurs laboratoires, mais restent en contact avec la vie ambiante et essayent d’éveiller chez le plus grand nombre d’hommes possible le désir de la connaissance, l’esprit de critique et d’investigation. […] Voyez ses corps féminins nus, heureux de leur santé, se complaisant près des eaux courantes, sous le soleil qui les chauffe et les fait vermeilles, qui allume dans leurs veines la flamme d’un désir encore timide mais déjà un peu pervers ; ses portraits de mères, d’adolescentes ou de mondaines inconscientes d’être si belles, de répandre tant de volupté : quel mystère ! […] L’éditeur Masso, auquel nous avions été adressé, après que nous lui eûmes exposé le but du voyage et le désir que nous avions de consulter les archives, nous apprit tout d’abord qu’il n’y avait rien à trouver à l’Archivo d’Aragone.

15. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Ne sont-elles pas la propriété de « l’homme moyen », de « l’homme normal », celui dont l’horizon intellectuel est borné, le conservateur, le « misonéiste », l’être qui voit dans la satisfaction de ses désirs matériels la plus grande source de bonheur ? […] Lombroso a fourni à une foule de gens des idées correspondant à leur désir ; il les a rehaussés dans leur propre estime et leur a donné prétexte à s’admirer eux-mêmes : là gît le secret de sa popularité ! […] hurla Stérope, rappelée au désir de l’orgie par ces sons rauques. […] Et quoique ses finances fussent dans un état lamentable, tant il manquait de sens pratique, on n’en saurait conclure que le désir de gagner de l’argent ait pesé sur sa détermination. […] En réalité, Sandro était un presque inculte, mais avide de savoir et en désir de s’intellectualiser28.

16. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Pourtant le désir de brosser une vaste fresque me tenaillait encore. […] Le désir ardent de la contempler nue me torture… Tenez, elle doit être ainsi. […] Le désir de me renseigner sur la jeunesse et les ancêtres de Barbarelli me tenta. […] » Je veux que leur corps vous fasse songer à la volupté, éveillent vos désirs. […] Jamais elle ne manifestait le désir de connaître mes peintures.

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

C’est la réaction de l’intelligence humaine de plus en plus libre, contre des formules et des formes encore arriérées ; c’est le désir de conserver l’essence du sentiment religieux sans l’amoindrir et l’avilir dans des rites auxquels, désormais, notre culture répugne.

18. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Malgré mon amour, malgré mon désir passionné de partir avec elle, je lui exprimerais d’abord tout ce que l’honnêteté m’ordonnait de dire. […] Elle m’avait ravi de mille manières neuves, et chaque fois qu’elle m’avait révélé d’elle-même quelque nouveau détail exquis, j’avais eu d’elle un désir nouveau. […] Il y a surtout le désir de se rapprocher des grands chroniqueurs et annalistes italiens. […] Je comprends fort bien cet impérieux désir de neuf ; mais il me semble bien que M.  […] Au lieu de temporiser avec les Italiens, de se montrer favorable à leurs désirs, de les traiter comme méritaient de l’être des voisins influents, il s’appliqua à créer des incidents.

19. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

L’esprit tragique, fait d’une noblesse, d’une [sélection suprême de l’âme, d’une absorption complète de celle-ci, non dans une croyance ou dans un désir collectif, mais dans une crainte ou dans une béatitude unanimes, était grec. […] Arrivé logiquement à la manifestation scénique, dans son âge mûr, avec son cœur expert en langueurs, en fureurs et en désirs, Gabriel d’Annunzio sous l’influence de Maeterlinck fit tout d’abord un rêve terrible de folie et de sang. […] Ces désirs les crispaient qui nous brûlent. Ô tendre Désir, remous de l’herbe où l’on sombre ! […] Je tremblai de désir et pâlis dans l’ivresse De ma soif.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

D’Annunzio, en transposant tous les rythmes de la représentation artistique dans son esprit éperdument épris de grandiose, et en transposant la vision de la vie toujours un octave ou deux au-dessus de ce qu’il est convenu d’appeler « la réalité », affina le goût de ses compatriotes, et leur inspira le désir tyrannique de « styliser » la vie en l’exagérant continuellement et volontairement dans le sens du profond ou du grandiose esthétique, afin de la représenter en beauté.

21. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Les souvenirs vous assaillent devant ces beautés et un désir impatient vous saisit de retourner là-bas… la nostalgie du soleil et la lassitude de nos trop modernes capitales. […] Au lieu de se conformer à ce désir, il permet à Esther de les lire, se proposant de les brûler après cela. […] Le groupe est d’une forte plasticité que l’on remarquera souvent chez Segantini ; il s’inscrirait avec énergie et agrément dans un médaillon décoratif en vigoureux relief à la Della Robbia, L’artiste qui a su voir cela, certes, est déjà à la hauteur de Millet, à qui plus tard (1885) des esprits superficiels le compareront ; erreur explicable seulement par ce désir de découvrir de subtiles analogies qui, souvent, distrait même les plus érudits des grandes lignes essentielles. […] Et ce nouvel Ange de la vie, endeuillé de tous les voiles noirs des remords et offrant ses seins avec tant d’amour et un tel désir d’expiation, la plus superbe créature que Segantini ait dessinée et peinte, pourrait être présenté désormais comme le type parfaite la femme chez le maître.

22. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

ondes d’encens en vain consumées, pourquoi vous consacrer mon désir… — Si vous non plus vous ne pouvez apaiser mon âme ? 

23. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Sans doute, il s’en trouvera peu qui ignorent le désir physique, la sensation d’amour-propre flatté que procure la possession d’une belle maîtresse… mais l’amour, tel que le décrit M.  […] Plus heureux que tant d’autres, qui apprennent l’amour et la femme dans des lieux à peine tolérables, Attilio trouve sur sa voie une grande actrice, une grande dépravée esthétique, Saveria, qui, à son tour, est liée d’une liaison faite de souvenirs et de vices, de désirs et d’émotions, de haine et de nécessité physique, à Ercole Grabba, le cousin d’Attilio. […] Il écrit au Bernin pour lui transmettre le désir du roi d’avoir un dessin pour l’achèvement du Louvre, ceux qu’il possède ne le satisfaisant pas.

24. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Nous les voyons poser aux victimes, nier qu’ils aient le moindre désir d’opprimer les autres, tout en déclarant qu’ils veulent imposer leur « culture » supérieure au monde entier. […] Haines héréditaires contre l’Autriche, antipathie naturelle pour les Allemands rogues et autoritaires, sympathie de race et de tempérament pour les Français, tradition latine, rêves unitaires, désirs d’expansion, ambitions impérialistes, toutes ces impulsions élémentaires agirent simultanément dans le même sens. […] Flagrante est l’erreur de Wundt, qui prétend que la guerre actuelle a été déterminée par le vil désir de gain et par les intrigues diplomatiques de ceux qui mènent la lutte contre ses conationaux, mais non moins flagrante, celle de Bergson qui, dans son célèbre discours académique, affirme que cette guerre est surtout une guerre de la matière contre l’esprit, — « et bien entendu l’illustre philosophe met tout l’esprit du côté des siens, toute la matière du côté de ses ennemis ».

25. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

§ Nous voudrions ajouter aux opinions que nous venons d’émettre avec le souci constant de ne froisser en aucune manière la susceptibilité de nos alliés, mais avec l’unique désir d’aplanir pour eux et pour nous la route de l’avenir, un argument philosophique qui sera admirablement compris au-delà des Alpes. […] Tout raisonnement mis à part, il n’est pas douteux que ces 3 dimensions de l’espace ordinaire n’ont jamais satisfait entièrement le désir du peintre de prendre possession du réel, et qu’il a eu toujours l’intuition d’une 4e dimension indéterminée, exprimée soit par la couleur, soit par des déformations, et qui fasse passer dans le domaine de la « représentation » la sensation immédiate reçue du monde extérieur. […] Je suis content qu’il s’occupe à ta boutique et qu’il ait la volonté de bien faire, parce que j’ai le désir de l’aider autant que vous autres ; et, si Dieu m’aide comme il l’a toujours fait, j’espère au carême avoir achevé ce que j’ai à faire ici16, et retourner à Florence faire ce que je vous ai promis. […] Cela m’a causé un très grand étonnement et non moins de plaisir ; et s’il est vrai que vous sentez en vous, comme vous me l’exprimez, de l’estime peur mon œuvre, s’il arrive qu’une d’elle satisfasse votre désir et qu’elle lui plaise, je la tiendrai pour beaucoup plus heureuse que bonne. […] La Stampa fourmilla pendant longtemps de sous-entendus malveillants pour le gouvernement ; un habile choix de titres à effets, la mise en valeur des nouvelles tendancieuses, au bout desquelles se cachait le désir de la paix immédiate : tout cela fut parfaitement dosé par le directeur du grand journal turinois.

26. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

En stimulant notre désir naturel de la vérité et en nous faisant sentir plus vivement nos impuissances, ces sciences nous reconduisent, d’une certaine manière, dans le sens d’une spirale, vers nos origines ; elles ravivent notre sentiment religieux par l’impression d’un mystère formidable, non pas pour notre existence physique, mais pour notre moi intérieur, dont le besoin suprême est de se reposer dans une conception rationnelle, claire et sûre de l’univers et de la vie.

27. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Pendant trois heures, malgré les violences et les assauts multiples de Casanova dont le désir double les forces et déchaîne la brutalité, sans changer de posture, sans prononcer un mot, la Charpillon résista victorieusement.

28. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Pourtant, combien ce langage incompris était clair et simple ; sans autre désir que la pensée, il la précise dans de grandes lignes plus proches souvent du hiératisme monumental que de la nature imitée ; mariant son essor à toutes les aspirations de son temps, il était un accord de plus, et le plus beau peut-être de cette immense symphonie des cœurs vers Dieu.

29. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Le subterfuge qu’imagine Aligi pour que Mila di Codra échappe au désir des moissonneurs qui la poursuivent, et sa famille à leur fureur, suffirait à la gloire d’un fabricant de mélodrames. […] La grande solitude mystérieuse de la tanca dans la nuit faisait divaguer son esprit : l’odeur des oléandres et des chaumes lui donnait un désir secret de choses impossibles. […] Pendant que Zio Félix priait, assis sur une pierre, rendant grâce à Santa Varvara et à Sant’Elias pour son bonheur, pour le bonheur de son fils, le fils se sentait profondément triste et malheureux, parce que l’horizon lunaire lui donnait un désir violent de vie, une nostalgie passionnée de choses jamais vues, de choses ignorées, de choses impossibles. […] Zio Félix rentra à la bergerie comme il en était parti, avec la haine et le désir de la vengeance au cœur. […] Cependant il y a quatre sonnets, dans ceux que publie Il Campo, qui sont d’une force et d’une spontanéité si sûre et si vigoureuse qu’ils nous donnent le désir de connaître plus entièrement, pour la mieux apprécier, l’œuvre de cet étrange poète.

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Elle ose se regarder, se reconnaître, choisir son chemin en dehors de celui que le désir de se dégager des chaînes familiales lui avait ouvert par le mariage.

31. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Corradini, à propos desquels nous puissions avoir le désir de connaître la pensée de M. 

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

C’est trop, peut-être, de dire un renouveau de ces idées ; mettons, en tous cas, un désir, un besoin de ce qu’elles exprimaient, un besoin d’autant plus grand que les influences orientales se développaient d’une manière menaçante : L’admiration pour les vieux âges de Rome, dit M. 

33. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

C’est en dire le prix, et en même temps c’est dire la suprême habileté d’un écrivain qui, dans une pareille matière, ayant donné à profusion, nous laisse avec le désir de recevoir encore.

34. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Et cette absence d’impétuosité sensuelle devient plus étrange lorsqu’on pense que l’œuvre de D’Annunzio est toute vibrante de désir sexuel et de perversions amoureuses.

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