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2. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Les Petites Fleurs de la vie du petit pauvre de Jésus-Christ, saint François d’Assise, traduction d’Arnold Goffin, Bruxelles, Société Belge de Librairie, 1.25 J.  […] C’était aussi un homme d’une volonté admirable et d’une originalité farouche ; il n’y a peut-être pas eu une autre créature humaine aussi personnelle, aussi différente du troupeau que ce saint qui, méprisant tout ce qui n’était pas l’amour pur et la charité absolue, vécut tel qu’un pauvre pour vivre libre. […] Quelle leçon et comme cela apprend à sourire des gens qui s’apitoient confortablement sur la misère du peuple, des journalistes qui pleurent sur les pauvres, à trente sous la ligne, et des romanciers qui, du fond d’un château, annoncent aux reporters à genoux l’avènement de la justice sociale ! […] Saint François ordonna au contraire à chacun de vivre du travail de ses mains, mais de n’accepter en échange d’un labeur que la stricte nourriture, le lit le plus humble, et jamais d’argent ; la quête, c’était la part des pauvres. […] Le petit pauvre qui mourut sur la cendre en se faisant chanter le Cantique du Soleil Laudato sie, mi signore, cum tucte le tue creature Spetialmente messor lo frate Sole… pendant qu’un volier d’alouettes venait se poser sur le chaume de sa cellule, apparaît certainement tel qu’une des figures originales de l’humanité.

3. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Adolfo Venturi, la critique littéraire y est aussi pauvre que celle théâtrale, qui l’est terriblement. […] C’était un honnête garçon, d’esprit lent, de conversation pauvre, d’ailleurs ne sachant pas le français, mais fort beau. […] … — et que la gaîté, la vieille gaîté française exige un bouc émissaire de chaque aventure… Pauvre Pagello ! […] Le pauvre Pagello vit discuter impitoyablement sa bonne fortune. […] Pardieu, m’ont dit par deux fois ces demoiselles, nous aimons mieux te voir pauvre auprès de nous que riche avec le légat.

4. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Il a vite gaspillé son argent, en Amérique, il a essayé de toutes les professions, sauf d’en choisir une, et il n’a appris qu’à aimer cette pauvre jeune femme avec qui il revient, pâle et avili, à la maison du père. […] Je voudrais qu’il fût l’apanage des pauvres et des rois. En France, il n’y a plus ni pauvres ni rois, il y a des socialistes et des commissaires de police. […] Alors ce sera une ère de prospérité et le plus pauvre pêcheur de l’île aura droit à ses richesses. […] Probablement que si ce pauvre monarque pouvait imiter l’homme-mouche, délice et terreur de mon enfance, le drame, quoique complètement renversé, serait joué sur tous les théâtres.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

L’argument semble si pauvre qu’il nous en donne un autre, bien étonnant. […] Les convives élus s’apitoient sur ceux qu’ils voient broutant de l’herbe et des glands ; ceux qui savent offrent libéralement leur précieuse richesse aux véritables pauvres. Moi, qui ne m’assieds pas à la bienheureuse table, mais qui, transfuge des pâturages du vulgaire, ramasse aux pieds des convives les parcelles du festin, en pensant à la misérable vie de ceux que j’ai laissés en arrière, je réserve pour les pauvres une portion de ce que je recueille. […] Je ne veux pas, bien entendu, rendre Raphaël responsable des croûtes de la grande galerie du Louvre comme les portraits de deux hommes ; mais le trop vanté Balthazar Castiglione, si mou de dessin et de modelé, si pauvre de couleur, mais la grande Sainte Famille, avec son saint Joseph appuyé sur un moignon singulier, sont d’un art dénué de toute poésie et de tout mystère ; et si admirables que soient telles parties de son œuvre, il est difficile de continuer à mettre Raphaël au rang des génies suprêmes de la peinture, Vinci, Titien, Vélasquez ou Rembrandt.

6. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Il a décrit la vie sociale, politique, il a évoqué le 1848 italien, il s’est attaqué tout dernièrement aux malheurs conjugaux du pauvre Molière, tout comme M.  […] Les trésors amoncelés dans cette vieille millionnaire, qui d’abord paraît tristement pauvre, sont incalculables. […] Le pauvre Violet se meurt en ce moment. […] c’est en Italie que Tasso a perdu la raison… et toi aussi, pauvre Violet. […] Pauvres fleurs, 1839, p. 259, 319, 323. — Bouquets et prières, 1843, p. 141, 163, 173.

7. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Marinetti est un barbare aussi de laisser le pauvre Ilai rêver à la lune un soir après des mille ans pour le cruellement forcer à se rendormir sans la réalisation de son rêve. […] Il est le parent pauvre de la famille. […] Celui qui mène cette misérable existence de prince pauvre et dépendant est un homme fin, délicat, instruit, capable d’enthousiasme ; qualités et excellences qui, parmi l’âcreté d’une vie manquée, vont s’exagérant, s’exaspérant et se transformant en autant de tares misérables. […] Enfance nerveuse et fine ; adolescence pauvre, incertaine et heurtée, long débat épuisant, parmi les sollicitations du monde, entre deux sangs ennemis, entre le sang de proie des Médicis et le sage sang des Soderini qui rayonne en bonté tranquille et chaste au visage de la mère du trouble rejeton, Marie Soderini. […] Et, bien qu’à côté de Manzoni vivait et travaillait le divin Léopardi, les belles lettres italiennes étaient pauvres, étaient littérature, étaient tâtonnements sans discipline.

8. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Prosper Blanchemain, qui commenta Ronsard pendant dix ans, de 1857 à 1867, imagina que Cassandre, “dans les belles prairies de la Touraine”, était “une toute jeune fille, presque une enfant, pauvre et simplement vêtue, mais ayant pour parure cette première fleur de la jeunesse et de la beauté qui charme les rêveurs”. […] En causant avec la femme de chambre qui lui prête ses soins, la pauvre comtesse apprend que son mari, à son tour, doit être reçu dans l’hospice : elle s’épouvante, fait appeler le docteur pour se plaindre et des œillets rouges et du projet d’admettre dans l’institut cette canaille de mari, ce Busolo, cet homme abominable qui l’a ruinée. […] Il se tient à l’écart tandis que la pauvre aveugle supplie le docteur de repousser la demande de Busolo et de ne pas tourmenter ses derniers jours à elle avec la présence de l’homme qui l’a traitée si indignement pendant toute la vie. […] Le portier regarde : dans les mains, la pauvre comtesse serre cet œillet rouge qu’elle ne pouvait pas souffrir, et dont le mari, dans un dernier élan de rancune et de haine, a eu la cruelle idée d’orner sa mort… Les caractères de la vieille dame, de Busolo, quelques silhouettes de second plan sont puissamment dessinés ; mais il y a quelque chose en ce drame qui vous serre le cœur, vous attriste et vous avilit. […] Ce pauvre homme, estropié, laid, qui n’a dû qu’à une assez basse tromperie la possession de sa femme, parvient à nous intéresser.

9. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

Plus tard, il entreprend de réconcilier des ménages où la femme se contenterait de consolations effectives et tierces ; plus tard, de réhabiliter la pauvre Luciette qui a mal tourné ; déjà vieux, il s’offre à rendre l’honneur, en l’épousant, à une de ses nièces victime d’un séducteur et d’un mariage nul, tout en se demandant s’il agit réellement en homme de devoir et de sacrifice, ou si c’est l’amour qui le pousse. […] Enfin, et c’est le comble, le Louvre, si pauvre en maîtres allemands, ne possède en tout que trois Cranach : or, un de ces trois Cranach, facile à caser pourtant, puisqu’il n’a guère que vingt-cinq pouces carrés, est exposé… devinez où ?

10. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Un jour de fête, j’ai vu à Barbaïa un banquet de pauvres. […] Sur la nappe blanche, chaque pauvre avait son beau morceau de pain blanc, qu’il contemplait. […] Pauvre cavaliere, pauvre vieux chevalier ! […] Titian a eu pour compère un pauvre peintre dépourvu de talent et ivrogne. […] De plus, elle avait une influence heureuse sur le pauvre roi.

11. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Lucio d’Ambra racontait l’adultère du mari ; un mari qui s’emballe pour une actrice et qui revient plus tard, désillusionné du mirage fallacieux, à son foyer : voici que, dans L’Oasis, l’auteur nous donne un pendant, avec l’adultère de la femme, Camille, qui abandonne sa maison, son mari et un petit enfant, pour suivre le meilleur ami de ce pauvre Maurice Clarena, lequel, dans le ravage de tous ses espoirs, dans le désert sentimental où la trahison de sa femme le jette brusquement, trouve son oasis, l’amour pour son enfant. […] Les pauvres gens qui font son entourage ont un vocabulaire spécial, et on peut, en lisant les vers de M.  […] Cette vache-ci a été aimée par Segantini le temps qu’en a duré le dessin ; il a été hanté par la pensée, que ses écrits ont si souvent exprimée dans la suite, de tout ce que les pauvres animaux domestiques endurent pour nous, qui nous appelons les rois de la création et n’en sommes que les bourreaux, et de notre éternelle ingratitude à leur égard. […] § L’été de 1899 fut le dernier du pauvre Segantini. […] Leur mouvement est tel qu’il répercute les attitudes de leur passé pécheur, et leur groupement contradictoire indique à la fois l’attirance et la répulsion qu’exerce sur les pauvres ombres le souffreteux petit arbre, tordu à l’image des dolentes apparitions qu’amène la bise sifflante, l’arbre de vie — sur lequel séjournait autrefois l’Ange de la vie, — le nœud de serpents noirs de ses ombres rabattues aussi sur le sol.

12. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Elle mourait de sommeil en vous écrivant, la pauvre petite ! […] ma pauvre Lina ! […] Ils sont de pauvres et bornés ravaudeurs. […] C’est un fonctionnaire républicain, pauvre, mal payé, mais influent. […] Au surplus, la pauvre marine turque était de qualité inférieure.

13. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Elle apporte un cratère de vin à la pauvre femme tremblante. […] Le stratagème que trouve Silvia pour éloigner Gioconda de Lucio est même d’une assez pauvre invention. […] Dans sa première jeunesse, il avait ardemment désiré se faire prêtre, mais il était si pauvre, si simple ! […] — demanda le paysan, les yeux fixés sur le visage pâli du pauvre homme. […] — répondit en pleurant le pauvre homme.

14. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Quelques-uns, dociles à ces idées, avaient en outre, par l’examen des ouvrages déjà publiés, confirmé encore leurs hostiles préventions ; une lecture superficielle ne leur ayant révélé qu’une musique pour ainsi dire improvisée et parfois rudimentaire, d’harmonie pauvre et peu raffinée. […] Il a, par exemple, une étude : Max Klinger et la peinture trop ambitieuse, dont on ne saurait dire s’il faut en admirer d’abord l’ironie sanglante ou la finesse perçante de la critique : ce pauvre M.  […] Un pauvre forçat est amené en l’île de Nisida et, dans ce bouquet de verdure qui charme les yeux des étrangers venus à Naples pour s’aimer, se baigner, prendre l’air pur de la Liberté devant des flots bleus, la vie monotone des galériens s’écoule au seul bruit des cliquetis des anneaux de fer. […] Le pauvre forçat pousse un jour la voiture du petit enfant, malgré la répugnance de la jeune femme. […] La première, de sa lecture de Mürger, a surtout retenu l’épisode de Mimi ; depuis un an elle conte l’agonie touchante de la pauvre grisette, et convie le public à venir pleurer à sa dernière quinte de toux ; et le public ne se lasse pas de venir, et ne se lasse pas de pleurer.

15. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Pauvre Vincenzo Peruggia ! […] Mais elle ne fut bientôt plus qu’une pauvre créature domptée. […] Elle nous regarda, d’un air stupide : — C’est mon pauvre Beppo qui est mort ! […] ma pauvre mémoire… il s’appelait Wells… Wells… J’achevai : — Wellseley, John-Arthur Wellseley. […] Il m’a affirmé que la musique était agréable aux pauvres insensés ; chaque après-midi, il endort Aurora.

16. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Ses deux amis, qui étaient aussi les miens, étaient pauvres, et je ne pouvais disposer que de leur cœur. […] Ces pauvres et hésitantes réserves, j’y viendrai tout à l’heure, néanmoins. […] Pauvres Espagnols ! […] « Croce viendra chercher son fils et il le retrouvera », avait dit la pauvre Charlotte. […] Voici maintenant quelques arceaux d’un cloître envahi par une végétation folle, mais qui défend encore une bien pauvre fresque.

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LVII »

Pauvre en tableaux, mais des statues (portraits) pour la plupart belles par le naturel.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVII »

Les artisans mangent tout ce qu’ils gagnent et, dans leur vieillesse, se font mendiants, manière de vivre que la frugalité naturelle au pays et le grand nombre de distributions qu’on fait aux pauvres, rend assez commode.

19. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

En montant l’escalier qui menait au pauvre logis où vivait le grand maître, j’eus quelque peine à maîtriser mon émotion. […] La pauvre Emma, qui redoutait peu les folies de la comtesse sa protectrice… qui redoutait un peu les folies (Page 333). […] Antonio Fogazzaro ait cru devoir commémorer la mort de son ami dans une lettre qui restera parmi les pages les plus mal écrites et les plus pauvres d’idées qu’il ait jamais confiées à la presse. […] Le pauvre livre n’est jamais qu’un pis-aller. […] Le député du Midi est généralement pauvre, s’il n’est très riche.

20. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Combien, au contraire, vécurent pauvres de deniers pour acquérir des vertus, et leur désir s’est accompli. […] Niceforo : la Race des Pauvres, qui fut très discutée. […] Il fait l’anthropologie des classes pauvres. […] Au bout de sept ans seulement il céda aux sollicitations ; il permit qu’on rouvrît la bière, et le pauvre cahier de vers fut repris, déjà endommagé et en partie détruit. […] Tout ceci, parmi des concessions, sur des points de détail, à l’un ou à l’autre, parmi de misérables cotes mal taillées, où se sentait la peur intense de la pauvre Sérénissime, très peu sereine maintenant entre l’Ogre jacobin et l’Ogre du droit divin.

21. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

§ Il n’est rien qui entache l’honneur de ce peuple dans la cruelle, l’horrible leçon que la perfidie tudesque infligea aux pauvres soldats trop confiants, hypnotisés par le prestige de la tiare ou quelques ritournelles internationalistes. […]Pauvre maître ! […] Elle s’imagine, la pauvre enfant, que son ami l’attend et quand la triste réalité s’offre à elle, au lieu du rêve caressé de nouvelles félicités, l’épuisement de tout son être pitoyable la fait s’abîmer dans la neige, où elle ne tarde point à mourir. […] On y retrouve le charme des rues solitaires et des pauvres jardins de la Romagne, mais il faut avouer que M.  […] Exploiter grossièrement les douloureux incidents d’un pauvre monde et oublier le brigandage raffiné du Lusitania et des bateaux-hôpitaux !

22. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Le livre du pauvre phtisique obtint un succès énorme, inattendu. […] La muse de ce fils de pauvres paysans piémontais est bien celle du peuple, du vrai peuple. […] Et ces pauvres moyens aboutissent à un Miserere du Trouvère, à un Quatuor de Rigoletto ! […] Spontanément, les pauvres contemporains de Catherine de Sienne comprirent le rôle de la sainteté en ce qui concernait leurs difficiles affaires. […] Votre fidèle et pauvre ami58.

23. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907, p. 508-513 [512-513] Ce pauvre Louis-Philippe, dont la situation, comme on vient de le voir, ne fut en vérité que trop malaisée, eut encore, par-dessus le marché, maille à partir, après sa mort, avec les Naundorffistes, qui, s’ils ont octroyé à Naundorff le droit de porter le nom de Bourbon, ont refusé au fils de Philippe-Égalité le droit de porter le nom d’Orléans.

24. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

. — Dissertation symbolique sur la révolution du Soleil : « Ô ineffable sagesse, régulatrice universelle, que notre intelligence est pauvre pour te comprendre !

25. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Pauvre politique, qui ne veut pas voir ou qui veut cacher que Trieste et Salonique ne sont plus à cette heure des problèmes autrichiens, mais bien et nettement des questions allemandes ! […] Mais cette passion était grossière et plébéienne, trop rude et efficace, riche de pathos, et pauvre de philosophie. […] Son dernier roman, La Madonna di Mamà (Milano, Treves) retrace l’histoire d’un pauvre précepteur égaré dans le grand monde à la veille de la guerre. […] Ils vêtent le réel, aux aspects trop durs, de songe et de mélancolie ; ils le subissent dans l’action, mais leur vie intérieure sait le parer de voiles à larges plis ; pauvres idéalistes que les esprits forts méprisent, ils voudraient concilier la noblesse de leur foi avec l’expérience des faits. […] La simplicité et la noblesse des lignes qui nous restituent le pauvre acteur poète est incomparable.

26. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Auriez-vous donc conscience que vous étranglez cette pauvre Muse ?

27. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

De cette Rome encore prestigieuse du Belvédère à la porte Latine, du « Sépulchre de Néron » au Janicule, de cette Rome merveilleuse que le Piranèse restituera magnifiquement dans le bouillonnement de son sang vénitien, en ses Fastes Consulaires, en ses Triomphes, en ses Magnificences, en ses Carcères, évocations titanesques d’une ampleur, d’une sûreté, d’une vérité et d’un pittoresque admirables, de cette Rome affolante et superbe, Claude n’aura rien vu… Les remparts de Nancy tomberont, Louis XIV ne laissera à sa petite patrie que quatre pauvres alérions et une mince croix d’or : Claude l’apprendra et ne s’en souciera pas… Et, un matin, on le trouvera mort, sur une planche, dans sa maison, près de l’Arc des Grecs : on ira chercher le notaire Vannius qui partagera ses biens entre ses deux neveux, et Agnès, sa fille adoptive. […] Ce crépuscule ajoute à l’antithèse puissante de cette femme, toute lumière sur les frondaisons alourdies, de cette femme enrobe de satin blanc, les cheveux égayés de jasmins, qui rêve, l’œil fixe et profond, accoudée sur le marbre où jouent des nymphes et des papillons… À l’autre extrémité de la fontaine où se mire le bambin, cette autre femme, toute splendeur dans sa nudité aux lignes harmonieuses, c’est la réalité merveilleuse qui tient de l’insaisissable toutes les perfections, c’est humanisée, chaude de sang, de soleil et de passion, la Déesse… Et cette figure-là, vous l’avez vue, au Louvre, dans le Salon Carré : c’est la femme du grand Giorgio, celle du Concert champêtre de Barbarelli… Ce Titien-là, avec l’énigme de son ordonnance, le vouloir, à jamais caché, qu’il exprime sûrement, et que nous ne déchiffrerons jamais, vaut à lui seul les millions que l’Italie, — pauvre, mais toujours artiste, — va donner pour acquérir la galerie entière. […] Ailleurs, près de la fosse où les âmes vénales cuisent dans un bitume épais, les deux poètes se trouvent menacés par une horde de démons furieux comme des dogues qui attaquent un pauvre (XXI). […] Parmi les hommes qui constituent ces ministères dont l’incapacité est la moins navrante des caractéristiques, pas un n’a jamais osé réfléchir à l’inconvenance de cette méthode ; car dans ces pauvres têtes d’employés, la popularité semble le but suprême de la Monarchie… Le Roi donnant une poignée de main à l’ouvrier : quelle science d’État, mon Dieu, quel sujet magnifique pour une lithographie à dix sous ! […] Tout le monde peut rencontrer un Aldo Rigliardi, le protagoniste du drame ; bon parce qu’il n’a aucun intérêt à être méchant ; adorant la vie et le plaisir, notamment sous la forme souple et tactile des femmes jeunes et jolies ; trouvant le temps d’aimer aussi sa femme à lui, sa vieille mère et les pauvres diables sans le sou, qu’il aide par son talent d’avocat ou qu’il séduit par ses talents de libertin, s’il s’agit de quelque jeune fille ; il est gai, exubérant et… socialiste ; trois choses qui ne coûtent pas cher.

28. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Pauvre village bombardé par les Belges ! […] Les pauvres charrettes de paysans que nous rencontrions sur la route avaient le don d’exaspérer mon guide : — Pourquoi ne se rangent-ils pas ?

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Et pour lui-même, le pauvre poète fait un dard d’or, et le lance contre le soleil ; il regarde comment il s’élève, comment il brille, il regarde, et il se réjouit, et rien d’autre il ne veut.

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Dans aucun chemin, la femme que je cherchais n’est venue au-devant de moi, et quand la vieillesse est venue, quand j’ai eu besoin de repos et de soins, je n’ai trouvé qu’une pauvre servante qui ait voulu de mon nom.

31. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Qu’allaient devenir les pauvres gens, ainsi privés de leurs chères enluminures ?

32. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Ce n’est pas un pauvre homme, il s’en faut, que l’historien nous présente là ; mais c’est un homme positif, désenchanté, jusqu’à la platitude ; revenu de toute idée de grandeur et de puissance, à la fois en ce qui concerne Rome et lui-même ; ayant tous les côtés prosaïques de la sagesse politique sans rien de l’ampleur de vues que cette sagesse peut se permettre à Rome ; poussant le sentiment des difficultés de la vie jusqu’au doute quant à la puissance romaine et jusqu’à l’égoïsme bourgeois quant à lui-même ; non pas épouvanté, mais dénigrant, à force de sens rassis, devant la proportion impériale où tendent les choses, à Rome et dans sa destinée ; et menant les affaires mondiales et sa propre existence souveraine d’un train mesquin de gagne-petit.

33. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Tout l’épuisement d’une rude existence à bout halète en cette fragile silhouette d’un pauvre corps tremblant, vacillant, effondré en son fauteuil trop large, ployant sous l’uniforme trop dur et trop lourd pour son échine rossée : les bras mous, les mains faibles, les épaules écrasées, le col rompu, le front pendant.

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