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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Dans la petite chambre de l’auberge des Balances, les deux amants se firent de longs adieux que n’adoucissait nul chimérique espoir : et gravant sur une vitre de la fenêtre le dernier mot de leurs deux destinées qui se désunissaient, Henriette laissa à son ami cet avis suprême : « Tu oublieras aussi Henriette. » Il ne devait pas l’oublier. […] Dès le lendemain de son arrivée à Genève, il oublie Henriette, qu’il voulait aller rejoindre la veille, au plus fort de son enthousiasme, et le voici qui s’occupe fort bourgeoisement de régler ses intérêts avec le banquier Tronchin. […] D’abord, ne serait-ce que pour contrarier son hôte, sur lequel il a une revanche à prendre, ne l’oublions pas, Casanova s’empresserait de constater que le comte Algarotti est ignoré par les sept huitièmes de ses compatriotes, que son Neutonianisme à usage des dames, qui avait commencé sa réputation européenne, n’est qu’un ouvrage de vulgarisation fort inférieur à la Pluralité des mondes de Fontenelle et qu’enfin son style, rempli de gallicismes, est « pitoyable », « insoutenable7 ». […] On le croirait volontiers ; car il n’est pas tendre, en général, pour son ingrate patrie ; il ne se gêne pas pour la traiter de « marâtre cruelle13 » ; il n’oublie ni les mécomptes ni les persécutions dont il y a souffert. […] L’alexandrin Appien et le grec Dion Cassius ont exprimé cette manière de voir ; et pour en apprécier le degré d’exactitude, il faut ne pas oublier, — peut-être l’a-t-on trop oublié ? 

3. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Il en eut trop, et oublia que la facilité, même sincère, est un danger pour la probité de l’artiste. […] C’est un poilu au vrai sens du mot, mais il n’a pas oublié le plus grand amour de sa vie. […] Une nation humiliée n’oublie pas et l’humiliation n’est pas ce qui transforme son état d’esprit et l’améliore. […] Nous l’avions un peu oublié, et c’est la réalité elle-même qui durement nous remémore les droits de l’idéologie. […] Mais ce qu’il nous laisse, arraché aux répits de la fièvre, lui donne le droit de n’être pas oublié.

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Si sa parole rythmait des visions oubliées de la grandeur de Rome, c’était pour mieux faire ressortir la veulerie, la misère et la honte du présent. […] Les préoccupations politiques semblent assoupies dans les douces angoisses de l’homme qui oublie le rôle qu’il jouait devant les hommes, et avec un étonnement tendrement lyrique se retrouve devant la nature, et devant les sentiments simples, les fantaisies géorgiques et sentimentales que la nature cache avec une indulgente et éternelle jalousie. […] Mieux vaut oublier, en œuvrant, sans le rechercher, Cet énorme mystère de l’univers ! […] Ils eurent le tort — excusable d’ailleurs, car toute rénovation commence avec force tâtonnements — de reprendre le vieux mythe avec tous ses attributs oubliés, en croyant pouvoir ramener ainsi l’esprit ancien au milieu des foules nouvelles. […] Dans un paysage merveilleux, admirablement évoqué, il se pend à une croix du chemin, avec une corde, qui, dans les mains enfantines de celle qu’il avait oubliée et qu’il ne peut plus aimer, était un jouet.

5. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

C’est, je pense, pour cela qu’il arrive à s’enivrer de lui-même jusqu’à en perdre la notion des humanités médiocres, jusqu’à oublier de griser le lecteur-peuple avec des alcools moins purs, frelatage nécessaire quand on désire étendre, outre frontière, sa popularité. […] Gabriele d’Annunzio a surtout oublié de faire vilain. […] Je ne veux pas oublier de féliciter cette même société du luxe discret qu’elle a mis à éditer le Casanova de M.  […] Il y avait d’Annunzio, Fogazzaro et plusieurs aujourd’hui oubliés déjà, mais on attendait les traductions françaises des romans de d’Annunzio pour s’apercevoir de son existence chez nous. […] Il poussait les autres, il jouissait de leurs triomphes et il s’oubliait de la manière la plus inattendue.

6. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Vous aviez prêté à Ravà un de vos livres de chevet, le Portier des Chartreux, et, distrait que vous êtes, vous y aviez oublié pour marquer une page une photographie de première communiante. […] Il n’a pas oublié qu’il était d’une des quatre grandes familles de Venise, un des évangélistes avec les Giustiniani, les Cornari, les Bembi. […] Il oublie que quelques lignes auparavant il a reçu un panier et un poulet dont il peut utiliser les os longs. […] N’oubliez donc jamais la nature de charlatan gascon qu’il ne peut dépouiller. […] Mais, bientôt elle avait oublié même cela, et j’étais devenu toute sa religion.

7. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Emilio Almaura travaille, détruit son œuvre, la reprend, la détruit encore ; on le dépasse, on l’abandonne, on l’oublie. […] Le grave, le calme, le profond lecteur de jadis, celui qui méditait sur les grands in-folios dans la lumière douce des intérieurs hollandais, est depuis longtemps oublié. […] Je souhaitterois fort qu’elles fussent au point de vous faire oublier par leurs mérites le retard à s’acquitter de ce devoir. […] Ils seroient infiniment louables s’ils estoient de quelqu’un qui se destinoit à la sculpture, mais un peintre doit-il oublier la couleur et l’effet même quand il dessine ?  […] Mais il ne faut pas oublier que ce prétexte moral et le goût de parler de Dieu et de sonner le tocsin aux oreilles des libertins n’a pas empêché M. 

8. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Si l’on reproche à Léonard son servilisme d’abord, ensuite son infidélité intéressée, à l’égard de ses protecteurs, on oublie les actes d’obéissance de Michel-Ange, et l’on oublie surtout que les rapports extérieurs d’un homme de génie ne doivent être envisagés qu’au point de vue des bénéfices qu’ils apportent au libre épanouissement du génie même.

9. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Voilà donc toute une armée prête à atteindre les faites de la gloire et à laisser une trace dans notre histoire littéraire ; et j’oublie une foule d’auteurs moins connus, qui sont encore à leur premier « fiasco » ou, tout au plus au second. […] Fournier-Sarlovèze : Artistes oubliés, 179 illustr., 7 héliogr., Ollendorff, 20 fr. […] Fournier-Sarlovèze, Artistes oubliés, donne l’impression d’un jardin de l’ancien régime qui vous arrête au tournant des avenues par l’inattendu des perspectives ou par la trouvaille cocasse d’un arbuste martyrisé par la taille. […] Chez Van Eyck elle fait oublier l’absence même de la grâce, elle atteint plus haut, elle atteint tout en haut, et ce mot — majesté — s’impose à notre parole quand c’est de ce maître que nous voulons parler. […] Et la perspective naïvement méticuleuse, et la tonalité rouge-brun du manteau, chantante et un peu sourde à la fois, et la construction soigneuse, idéalement réelle, des mains féminines, tout ici, en vérité, dénonce bien ce premier des maîtres, cette « peinture qui fait oublier tout ce qui n’est pas elle et donnerait à penser que l’art de peindre a dit son dernier mot, et cela dès la première heure6 ».

10. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Il oublie que les volumes dits « de luxe » alourdissent d’un poids encombrant les bagages d’un voyageur. […] Il me promit de ne pas l’oublier, puis il suivit la foule qui se précipitait sur la place Saint-Marc, où s’ouvrait la foire. […] — Je ne l’ai pas oublié. […] J’avais oublié mon crime. Je t’avais oublié !

11. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Oubliés aussi les ethnographes italiens dont au moins l’attitude indépendante et libre vis-à-vis des problèmes religieux est absolue. […] Si tu voyais l’église du San Popolero, tu ne l’oublierais jamais. […] Allegro. » Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime con entusias… apri la Bocca Sol, avec enthousiasme. […] Et il ne faut pas oublier que Gabriele d’Annunzio a puissamment écrit, en langue italienne, la Fille de Jorio. […] Mais d’autres fois, il les oublie dans des amours faciles.

12. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Comme moyens d’action, les giolittiens — et leurs alliés — disposent d’une grande partie du personnel administratif et de leur influence sur le Parlement : n’oublions pas que la Chambre a été élue sous le ministère de M.  […] On exagère quand on affirme que le peuple ne participa pas au Risorgimento ; on oublie, entre autres choses, l’armée piémontaise dont le fantassin savait très bien pourquoi il marchait. […] N’oublions pas les livres en couleurs pour enfants, d’un mauvais goût repoussant. […] Mais Renato Serra ne pouvait oublier qu’il restait un lettré, ni plus ni moins qu’un lettré, qui avait dépassé Carducci pour arriver à Croce. […] Est-il possible de donner une meilleure leçon d’énergie à un mystique exalté seulement par le rêve et qui oublie la nécessité de l’action afin de mieux cultiver sa sensibilité ?

13. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

L’orgiasme dionysien et la terreur eschylienne devaient être oubliés. […] Car Aristote même oubliait le pathétique Prométhée, et la fureur des Euménides domptées par la logique souveraine de l’homme qui sait vouloir. […] Que j’y dorme oublié des Heures envieuses ! […] Quand elle paraîtra, la morte et la vivante seront oubliées, et remplacées dans son cœur. […] Et l’Histoire de la Peinture, qui l’avait autrefois aidé à se souvenir d’elle, lui servit alors à l’oublier.

14. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Il est une science singulière, très oubliée aujourd’hui, mais très pratiquée au siècle dernier : c’est la cabale. […] Casanova est, non seulement un peintre, mais encore un conteur, ne l’oublions pas, et terminons par une phrase de ce conteur inimitable. […] Elle oublie tout, elle excuse tout, elle pardonne tout, elle aime le monstre. […] Michele Saponaro évoque à son tour une province à peu près oubliée à la pointe de l’ancienne Grande Grèce, tandis que M.  […] Néanmoins, fidèle à son titre, qu’il n’oublie pas, voici la phrase qui termine le chapitre XIV, l’avant-dernier.

15. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Dans les deux cents pages qui traitent de Verlaine, puis de Mallarmé, rien n’est oublié, dates, citations, références ; les jugements, toujours motivés, sont précis et sûrs ; les portraits, agréables et ressemblants. […] D’un autre côté, et non mieux informés, ont surgi des détracteurs : défiants par instinct contre toute réclame, n’ayant pas oublié Mascagni, et persuadés que jamais œuvres durables n’ont été bruyamment annoncées et acclamées dès leur apparition. […] Gare aux littérateurs, — aux jeunes, notamment, qui n’oublient pas leur fardeau de rêves superbes sur le seuil du journalisme quotidien !… D’ailleurs, il faut bien que messieurs les idiots s’y habituent doucement… Et me voici, donc, dans un intermezzo, à respirer encore un peu d’air frais, et à rendre compte à mes lecteurs, — ils m’auront oublié et ils auront bien fait, après tout, — de quelques livres choisis dans le tas qui est venu s’amonceler sur ma table. […] Selon cette interprétation, Bronte n’est que Crispi, Fiamma représente Cavallotti, etc. ; et les partisans de celui-ci, et les partisans de celui-là ont oublié au plus vite qu’ils étaient au théâtre et non dans un meeting ; cris, huées, sifflements sur toute la ligne.

16. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Et n’oubliez rien ! […] N’oubliez pas Nina Ceschini. […] — Ils dînent avec vous, j’avais oublié de vous avertir, dit Antonio à Aurora. […] J’ai vidé vos armoires, et n’ai rien oublié ! […] Demande-leur s’ils oublieront jamais l’apparition de ma face contre les vitres, quand il écarta le store !

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXIV »

Ne pas oublier cela ; autrement j’aurais pu m’endormir dans le lieu du péril et ne me réveiller qu’au jour, ou bien, accablé de fatigue, je n’aurais goûté qu’imparfaitement le bonheur dont deux religieuses, arrivées hier a posto, m’ont privé.

18. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Le hasard d’une conquête a pu imposer aux habitants de la Gaule l’usage du latin, comme langue interprovinciale et internationale ; cet usage d’abord restreint a pu, par son utilité, s’imposer à presque tous et faire oublier les langues premières. […] Il ne faut pas oublier, en effet, que si la Gaule a été une province romaine, elle a été depuis, et pendant plus longtemps, un royaume germain. […] L’isolement entre le ciel et l’eau, loin des villes et des hommes, l’illusion de se détacher de tout, d’oublier tout, de ne plus voir et sentir qu’en soi, le silence des grands espaces vides, sont un commun remède que tous les deux ont voulu chercher contre l’abus de la jouissance et l’ébranlement des nerfs. […] C’est parce que les mêmes choses les intéressaient dans la vie, c’est parce que les mêmes thèmes leur étaient suggérés par la nature du pays où ils vécurent leurs premières impressions, que les deux écrivains se sont plus d’une fois rencontrés ; mais les récits de d’Annunzio ne font pas oublier les anecdotes narrées par notre maître-conteur, pas plus que le Lys dans la Vallée ne saurait jamais effacer la délicieuse historiette de la reine de Navarre qui lui a donné le jour. […] Il fallait montrer de nouveau aux Italiens tous les signes de la Beauté oubliée et toutes les marques de la laideur exaltée dans tous les arts… Mais tout d’un coup, au théâtre Argentine, éclata la Cavalleria Rusticana de Mascagni, me disait un jour Gabriele d’Annunzio.

19. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXIX »

Il est convenu que peut-être dans 30 ans les opéras de Cimarosa, un peu oubliés, pourront avoir de nouveau le plus grand succès.

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

Je craignais toujours d’oublier quelque chose.

21. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Ainsi, dans les stances à la marquise du Châtelet sur les poètes épiques, le Tasse figure seul entre Homère, Virgile et Milton, et l’Arioste est une fois de plus oublié. […] Il voulut plaire et ne plut pas, n’ayant pas su s’oublier quand il le fallait.

22. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Antine était mis de côté, oublié, — effacé par la présence bruyante du jeune seigneur. […] C’est vrai que j’ai oublié de lui payer mes dettes, mais ce n’est certes point par mauvaise volonté. […] Il ne fera oublier aucun de ses prédécesseurs, car en voulant parler de tout on est obligé de tout résumer. […] Mais, tandis qu’il s’en va, le voyageur les oublie une à une, et une seule, préférée, continue à le poursuivre de son bruit frais. […] On n’a pas oublié les belles stances que Lamartine publia sous ce titre dans les premières Méditations.

23. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

La jeune Russie n’oublie pas que pendant toute la crise, de 1906 à 1907, le Tsarisme n’a pas eu de meilleur auxiliaire que la maison de Habsbourg. […] Je revis les émotions oubliées, j’en perds de nouvellement acquises sur la terre sereine dont nous sommes si loin, déjà. […] Cependant, il ne faut pas oublier qu’une semblable définition n’a que le défaut d’être incomplète, et elle se prête à donner à la plupart des discussions sur le Romantisme un caractère de bavardage, dans lequel on confond trop souvent Romantisme et Sentimentalisme. […] Mario Morasso, sans oublier les humoristes Luigi Pirandello et Alfredo Panzini. […] Quant au public romain, il ne faut plus oublier que c’est celui qui a hurlé d’incompréhension devant le Pelléas de Debussy.

24. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Isidore Liseux, mort récemment dans la misère ou presque, après avoir donné aux curieux de belles et soignées éditions des Ragionamenti de Pietro Aretino, du Manuel d’Érotologie classique de Forberg, cette amusante compilation d’un savant allemand, où toutes les sanies des civilisations grecque et romaine se trouvent classées et cataloguées avec la patience d’un enthomologiste et la naïveté d’un clerc ; et enfin de tous les petits conteurs italiens, sans oublier l’excellent texte, que l’on peut considérer comme définitif, des Dialogues de Luisa Sigea. […] Ojetti n’a pas voulu oublier, même dans un livre de critique, qu’il est aussi un charmant conteur.

25. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Toujours ce terrible bras séculier, que la foi appelle à son secours, inquiétera les bons esprits, et en lisant les manuscrits de Léonard on ne peut oublier qu’ils suffisaient à le faire brûler vif : cette pensée horrifiante pèse sur le jugement et risquerait de le fausser. […] Pour comprendre l’amour du réel, il faut oublier cette immense et splendide littérature qui, par tant de génies et pendant de si longs siècles, a méprisé la terre pour mieux orienter l’homme vers le ciel, et n’a vu dans la nature qu’un foyer de concupiscence et des prestiges de l’Adversaire. […] Il tire sa morale de la réalité, sans oublier même, dans la démonstration scientifique, l’exhortation d’honnêteté. […] On oublie trop qu’un Jules II consulte l’astrologue pour le jour de son avènement et que, malgré leur admirable métaphysique, Cosme l’Ancien, Laurent le Magnifique et Pic de la Mirandole croient aux horoscopes. […] Le jeune « adaptateur » a cru devoir ajouter à la pièce une autre femme, Abigaïd, qui non seulement ne sert pas à l’action tragique, mais qui semble même avoir été oubliée par le poète au milieu même de la tragédie.

26. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

On ne doit pas oublier enfin que le front italien constitue l’aile droite de notre front occidental et que tout succès de l’ennemi sur cette aile compromet d’autant notre situation. […] Peu avant la guerre, il retrouva sa fille qu’il n’avait plus vue depuis 1870 et qu’il avait oubliée. […] Mais qu’elle n’oublie pas que la roche Tarpéienne est auprès, même, surtout pour les imboscati. […] Au troisième acte, nous sommes donc à Paris, dans la villa de Flammen, où l’on danse, où l’on banquette et où l’amphitryon, pour ne pouvoir oublier sa Lodoletta, se voit l’objet des plaisanteries de ses commensaux. […] Exploiter grossièrement les douloureux incidents d’un pauvre monde et oublier le brigandage raffiné du Lusitania et des bateaux-hôpitaux !

27. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Quelques personnalités mondaines viennent à la rescousse ; et le succès s’annonce et se maintient tel que Rosso, venu dans la Ville des Doges avec un très mince viatique et pour séjourner au plus trois jours, peut s’y oublier trois mois. […] Mais en même temps, je me confirme qu’il serait plus sain, une fois au travail, d’oublier mes admirations stériles et de ne me rappeler que ce que j’ai vu de plus vivant dans le musée et de vraiment intéressant à bien copier : les gens qui s’y promènent, comme mon ami et moi.

28. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Lucio d’Ambra peut plaire, mais son œuvre est si discrète qu’on la suit sans soubresauts, qu’on l’oublie sans effort et sans regret. […] L’auteur n’en oublie aucune. […] Son recueil Canti di Castelvecchio rassemble une série de poèmes inspirés par la campagne et par la vie des humbles qui peuplent les villages de la Toscane, où il oublie qu’il est né en Romagne. […] Au vieux mélo dont nous avions joyeusement oublié les ficelles il incorpora la salade de souvenirs adroitement travestis, et la confiture de ses inspirations… personnelles, si j’ose dire.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 237, 1er mai 1907 »

. — En outre, mais je crois que cela suffira, n’est-ce pas, pour vous convaincre que les Barbares Genevois font subir à leurs prisonniers des tortures atroces Puis il parle de la nourriture, notamment du café au lait et du chocolat, des raffinements de toilette inconnus de lui jusqu’alors, tels que les chaussettes et les caleçons, et il termine en disant : Comment avez-vous pu permettre qu’un de vos collaborateurs ait eu l’audace de calomnier cette bonne Suisse, et qui est plus, ce beau, ce noble canton de Genève, ce morceau de paradis que les Dieux semblent l’avoir oublié ici sur terre exprès pour le donner en exemple aux autres peuples… Les documents apportés par MM. 

30. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Cinq ou six jours après la scène du bain, alors qu’il réussissait à éviter la belle capricieuse et commençait peut-être à l’oublier, il la rencontre par hasard au Vaux-Hall.

31. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Les fautes du passé, les divergences d’opinion sur les moyens d’arriver au but, devaient peu à peu s’oublier, dès que ce but a été atteint.

32. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

S’il est bon de ne pas négliger ses devoirs nationaux, il faut aussi porter ses regards au-delà des frontières, et l’Italie doit se fier, maintenant, moins que tout autre nation du monde, à une paix germanique ; elle ne doit pas oublier que l’hégémonie allemande prétend reconstituer le Saint Empire Romain, qui étendait ses frontières jusqu’au Tibre. […] Mais je ne puis m’empêcher de remarquer que les démocrates de tous pays oublient bien facilement leur principe de respecter la volonté des populations, dès qu’ils passent d’Europe en Afrique.

33. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

N’oublions pas que le commentaire s’applique à la Divine Comédie, déjà écrite à ce moment.

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