. — Pourquoi ce traité de la langue vulgaire est-il en latin, puisque Dante prétend s’adresser, non seulement aux hommes, mais aux femmes et aux enfants ? […] Le latin aurait-il cet honneur, le latin parlé à Pietramala, ville amplissima sous ce rapport comme sous beaucoup d’autres et du reste patrie de la majeure partie des enfants d’Adam ? […] Pourquoi est-il de blé et non de froment, pourquoi ceci est-il en vulgaire et non en latin ? […] Or, ce commentaire des Canzones n’aurait pu accomplir sa mission en latin. […] Boèce élève la voix contre ceux qui dédaignaient le latin de Rome pour vanter la grammaire grecque.
Fogazzaro. […] La Renaissance latine, mensuelle, le 15 mai […]. Un article sur Napoléon III et l’idée latine, de M. […] Cette présentation sensuelle, si latine, est bien autrement incompatible avec l’intelligence mystique que le réalisme flamand. […] C’est par là qu’ils étonnent et souvent blessent la sensibilité latine. […] Les Latins sont des conquérants.
Mais c’est un peu bête, tout de même, de qualifier de citoyen latin un paysan de la Hague ou du Ponthieu, sous prétexte qu’il parle une langue, qui n’est que du latin modifié par la forme des appareils vocaux. […] Il serait peut-être juste d’appeler la France, un pays romanisé ; il est absurde de l’appeler un pays latin. […] Mais le provençal ne peut être considéré que par métaphore, comme une étape entre le latin et le français. […] Dans les siècles qui précédèrent la Renaissance, l’influence du latin est déjà prépondérante sur notre langue : le latin est le réservoir naturel où puisent les lettrés. […] Caussy est un excellent latiniste, est encore élégante, et conserve du latin toute la hardiesse.
(Redresse-toi, race latine, sous le manteau du Soleil ! […] Il voulait l’imposer à toute la nation, en lançant à la face des politiciens, et des quelques générations de soldats garibaldiens devenus politiciens, meneurs, gouvernants, ses chants dont le souvenir de la gloire latine alimentait presque toujours la violence. […] Je dis : sans une idée centrale qui soit nouvelle dans la poésie du monde, car l’esprit intime, le souffle animateur de la vision et de la réalisation des Odes Barbares, plus encore que leur métrique latine, rappelle de trop près l’inspiration des poètes païens de Rome. […] En s’insurgeant contre Manzoni, Carducci parlait au nom du Dante, au nom de Machiavel et de l’Arioste, au nom aussi de tous les poètes qui tentèrent les premiers, au xviie siècle, la réforme de la prosodie italienne dans le sens de la prosodie latine. […] En même temps, cette reprise de la tentative poétique latine lui apporta tout son cortège d’images lointaines.
Je vous crois trop intelligent pour admettre la sincérité d’un enthousiasme touchant la Renaissance latine ; vous savez, ayant lu Tolstoï, Nietzsche, Ibsen, et les Français et les Anglais, vous savez qu’il n’y a pas plus, à cette heure, d’esprit latin qu’il n’y a d’esprit russe ou d’esprit scandinave ; il y a un esprit européen et, ici et là, des individus qui s’affirment uniques, personnels et entiers. Alors la prétention d’une Renaissance latine se dévêt et la voici nue : joujou mal fait avec lequel on voulait amuser le public et l’empêcher, ne fût-ce que durant quelques heures, de prendre garde à l’étrange sensation de l’Idée qui lui souffle dans les cheveux… Renaissance latine : la volupté pure et simple, la beauté plastique, quelques-uns de ces mots qui ne simulent e mystère que par ce qu’ils contiennent de peur, l’amour, a mort, un dosage heureux de Pétrarque et de Léopardi. […] … Renaissance latine ! […] Prenez un lys et mettez-vous à la tête du cortège : nous célébrerons dignement les funérailles de la Renaissance latine. […] Gabriel d’Annunzio qui, tout pur latin qu’il soit et original, est peut-être, en date, notre premier écrivain « européen » (nouveau style).
Le chevalier Lancelot et notre chevalier latin Guido de Montefeltro, nobles cœurs, renonçant à toutes voluptés, carguèrent les voiles des actions mondaines et leur longue carrière fut consacrée aux œuvres pieuses. […] « Si on m’ordonnait de porter due guarnache (casaques) et que je n’en porte qu’une sans ordre, mon obéissance serait en partie commandée, en partie spontanée. » Le latin est la langue de l’Église, la langue ennemie ; il aime le vulgaire parce que c’est sa langue de croyant autant que sa langue de poète. […] La religion de Dante, qui invoque Aristote plus que saint Thomas, a été la Muse des races latines depuis qu’il y a des langues latines ; elle a inspiré le chef-d’œuvre du dix-neuvième siècle, Parsifal.
Ferrero appelle, par une innovation hardie, le « Président de la République latine ». Il y avait donc, à l’époque d’Auguste, deux conceptions relatives au gouvernement de celui-ci, la conception latine, encore républicaine, et la conception orientale, toute monarchique. Si cette dernière conception se développa de plus en plus dans la suite pour devenir dominante au iiie siècle, elle était loin de contrebalancer, sous Auguste, la conception latine. L’Orient pouvait bien se croire dépendant d’un monarque (et, en fait, il en dépendait), mais l’Occident latin ne s’était pas encore dépris du type du magistrat romain dont la tradition républicaine avait combiné les traits. […] Un renouveau de toutes les idées sur l’État considéré « comme un organe de domination » (conception latine et républicaine) et non « comme un organe de culture raffinée » (conception orientale et monarchique).
Quand il les publia, il les intitula en latin Scruta obsoleta (défroque importune), pour avertir qu’ils étaient désormais détachés de son âme. […] Son programme est de résister à l’invasion allemande dans l’ordre spirituel comme dans l’ordre économique et politique, d’approfondir la tradition latine et de soutenir les nouvelles idées et les nouvelles directions des factions et des organisations communes aux nations latines. […] Les grammaires latines et grecques étaient traduites de l’allemand. […] Interviendra-t-elle aux côtés de l’Autriche, l’ennemie héréditaire, contre la sœur latine ? […] Papini trace un tableau, dans la Revue des nations latines, de ce que fut véritablement de 1870 à 1915 l’influence allemande sur l’Italie.
Cette compréhension profonde et intellectuelle de la nature a rendu possible chez Carducci son admirable divination du monde païen, grec et latin, qu’il ressuscite avec intensité dans les Odi barbare. […] C’est un esprit éminemment latin qui entrevoit l’Urbs éternelle dans tout ce qui est grand, auguste. […] Vous le trouvez sous toutes les formes, mysticisme artistique, moral, social, religieux ; dans tous les pays, en Russie, en Allemagne, en Angleterre, même chez ces races latines dont le scepticisme était devenu presque proverbial, comme la France et l’Italie. […] Le Convito sera le char de triomphe ou le mausolée de ceux qui auront courageusement défendu contre les Barbares les pénates intellectuelles de l’esprit latin.
[…] Revue des Nations Latines (1er novembre) : M. […] La Revue des Nations latines préconise, depuis sa fondation, une sorte de fédération des nations française et italienne. […] Ainsi l’Italie se trouverait, du moins comme importance numérique, la première des notions latines. […] Rota, dans la Revue des Nations latines. […] On vient de publier une édition de grand luxe de ses Carmina, c’est-à-dire de ces poèmes latins qui lui ont valu plusieurs fois le prix d’Amsterdam.
Souvenons-nous qu’un Pétrarque n’attendait l’immortalité que de ses œuvres latines. […] En 1439, un concile avait été réuni à Florence dans le but de rapprocher les Églises grecque et latine. […] L’idéal du Drame Musical Latin complète, enveloppe, étreint notre idéal esthético-tragique même. […] Il voit là le signe certain de la renaissance de la race, des nouvelles affirmations esthétiques « latines ». […] Ildebrando Pizzetti apporte son hommage à l’esthétique française d’avant-garde, qui influence les élites de partout, et il acquiert des droits incontestables au triomphe, par son art, du « Drame Latin » nouveau.
Roux) Les Goliards étaient des clercs vagabonds, des clercs ribauds, qui s’en allaient de ville en ville, ou d’abbaye en abbaye, récitant à qui les logeait et les nourrissait de légères ou même d’obscènes poésies latines. C’est la contrepartie et souvent la parodie de la poésie latine mystique du moyen-âge. […] Corrado Corradini a traduit en vers élégants un choix de cette bizarre littérature, mais il faudrait le texte ; ce latin a son charme que ne peut rendre nulle transposition.
À vrai dire, c’était l’art chrétien revenant à son berceau latin, mais magnifiquement développé, orné de tout ce que lui avait ajouté le génie néo-grec et qui adoucissait sa primitive sévérité romaine. […] Les Croix latines, de même que les Croix grecques, sont gemmées, étoilées de pierreries, enguirlandées de feuillages d’or, arbor decora et fulgida 5. […] Mais cette idée, cette sensation est d’origine toute latine, et elle est antérieure au ive siècle. […] Elle trouva là le décor du Haut-Empire, toujours debout dans sa sévérité latine, tout le solennel poème de marbre que le déferlement des invasions n’avait pas effrité, car ce que leur flot emporta fut plutôt l’apparat, le faste éphémère, extérieur, des Néron et des Héliogabale, tout ce qui était somptuaire et n’était point scellé dans l’austère granit de la Ville-Éternelle.
Si le contraire était vrai, si l’on devait reconnaître ici un « art » soi-disant « latin », il nous faudrait désavouer au plus vite un aussi compromettant cousinage, en rougissant d’une filiation à qui on serait en droit de préférer toute autre, fût-ce l’iroquoise ou même l’anglo-saxonne. […] D’ailleurs, l’homme qui a jeté le cri douloureux : Ahi serva Italia, di dolore ostello, Nave sanza nocchiero in gran tempesta… 2 a été un patriote enflammé. » Le latin, langue universelle (Vox Urbis, Kal Maüs) On lit dans Vox Urbis, journal latin publié à Rome : « Latinorum conventus Romæ die XVI Aprilis an MDCCCIII primum congregatus vehementer exoptat et poscit : I) ut sermo latinus inter gentes universas communis habeatur et adhibeatur ad humanitatis commercium fovendum, augendum, tenendum ; II) ut collegia cœtusque doctorum acta sua, compendio saltem, latine patefaciant ; III) ut universi discipuli sermonem latinum ad colloquia advenarum, peregrinorumque conversationem, interrogantium, vel sciscitantium, in ludis etiam primariis discant ; IV) ut ad hoc propositum facilius assequendum libelli de rebus quotidiani usus a peritis pura latinilate lucidi tersique scribantur. » Lettres italiennes Luciano Zuccoli. […] Et du Sud aussi répond à ces grandes voix qui, du Septentrion, de l’Est et du Couchant, se croisent sur une tombe, un « latin épris de lumière » (selon le cliché inévitable) : d’Annunzio. […] Il y avait aussi quelques copies de poèmes italiens et latins non tracés de sa main ; puis plusieurs gros paquets de lettres à lui adressées et embrassant une période de plus de trente ans. […] Plusieurs sots sont heureux, tous les orgueilleux sont malheureux. » Sur le même feuillet suit cet exemple : « S’il est possible de composer un dystique latin de la plus grande beauté sans savoir ni la langue latine ni la prosodie.
Les uns et les autres eussent certes beaucoup gagné à mieux connaître la science française ; presque tous ceux qui ont fait leurs premières études supérieures avant 1900 sont intoxiqués d’un germanisme qui déforme chez eux le génie latin subtil aux intuitions pénétrantes et vif aux investigations inspirées. […] Il ne s’agit plus de descendre farnienter sur les eaux mortes de Venise, mais d’entrer en contact à Milan, à Rome, à Trieste avec les hommes nouveaux de la plus grande Italie, qui doit être notre alliée pour l’expansion latine dans le monde en loyale, mais énergique concurrence avec l’expansion teutonique. […] C’est une bénédictine, c’est sainte Hildegarde, qui a trouvé la formule célèbre : Symphonialis est anima , et il n’est rien de plus mélodieux dans son onction que le latin d’une autre fille de saint Benoît, la grande moniale Gertrude. […] Il faudrait peu d’effort pour transcrire syllabe par syllabe cette strophe en latin ou en n’importe quelle langue néo-latine ; et sans audace ni outrecuidance l’auteur put dire : Ma Muse italienne avec tendre espérance De loin offre la main à sa latine sœur. […] Il y a aussi quatre troupes de violons qui jouent en grec et en latin, dont une de Placentins qui touchent un « Sant’Arcolano » ; on laisserait de boire, de manger et presque, de faire l’amour pour entendre si douce harmonie.
Son Christ apparaissant à Sainte Madeleine, sa Barque de Saint Pierre, sa Descente de Croix sont parmi les grandes choses de la peinture ancienne — et je dis ancienne parce qu’on y voit moins l’influence de la tradition byzantine que celle de la tradition latine ; telle de ses fresques fait songer aux images pompéiennes. […] Texte latin en regard. […] L’italien est en Italie ce qu’était le latin dans l’Europe du xiiie siècle, la langue nécessaire mais non la langue familière : les dialectes y vivent toujours et même littérairement.
On a réclamé à peu près unanimement dans la presse contre l’incontinente importation dont notre sœur latine submerge nos affiches. […] Sa narration est émaillée de mots italiens, voire même d’inscriptions latines, qu’elle n’a guère comprises, latin et italien sont quelque peu fantaisistes. […] Et l’aviateur Paolo Tarsis, de même que l’explorateur Corrado Brando, n’aspirera qu’à laisser sur toutes les routes de la mort violente et inédite le sillon de gloire latine. […] Paolo Tarsis est le héros latin qui oppose à la sagesse et au courage des Barbares, Germains et Anglo-Saxons, l’ardente sagesse et le courage exalté de notre race. […] Le héros latin avait accepté l’offrande de la jeune fille qu’il connaissait à peine, comme une offrande pour la destinée, comme une incitation à se surpasser.
Tous les gens qui parviennent, en s’aidant du peu de latin qu’ils ont appris dans leur jeunesse, à déchiffrer un texte italien, les achètent, car ils y ont découvert une source abondante de renseignements précis, fournis par des collaborateurs actifs, intelligents et d’une instruction supérieure à celle que nous sommes habitués à attendre de la moyenne des journalistes. […] Haines héréditaires contre l’Autriche, antipathie naturelle pour les Allemands rogues et autoritaires, sympathie de race et de tempérament pour les Français, tradition latine, rêves unitaires, désirs d’expansion, ambitions impérialistes, toutes ces impulsions élémentaires agirent simultanément dans le même sens. […] Quand je lis les opuscules et les articles qui me viennent des pays alliés, et particulièrement de la France, et que j’y vois opposer au développement effectif de la force militaire germanique des théories vides sur les idéaux démocratiques et sur le règne de la paix et de la justice ; quand j’entends le russe Sazonoff lui-même répondre à la prise de Varsovie par un blâme à l’« abominable théorie de la force », une grande mélancolie m’envahit, parce qu’il me semble que ce sont là des signes de faiblesse, ou tout au moins l’indice que les esprits dans les pays latins et slaves ne sont pas à la hauteur des événements qui se déroulent. […] L’élaboration de l’art, de la philosophie, de la science, est la tâche des différentes nations ; un peuple est destiné par ses aptitudes psychologiques à produire une forme donnée d’art ou de pensée, en un mot de civilisation ; mais le produit est quelque chose d’humain qui surpasse toute barrière nationale… Il n’y a pas une civilisation germanique opposée et supérieure à la civilisation latine, il y a une civilisation européenne avec ses éléments divers, mais coopérante et interdépendante, et aucune nation n’a le droit de s’arroger n’importe quel don comme son monopole exclusif : Spiritus ubi vult spirat. […] Il dénonce l’erreur d’opposer la latinité au germanisme au nom d’une prétendue race latine et montre tout ce qu’il y a d’analogue, comme esprit, au pangermanisme dans la propagande antiallemande.
. — On en trouve ici de fort intéressantes : le vieux Segantini, qui garde notre estime sans appeler notre enthousiasme ; Carlo Fornara, réaliste qui pense à l’interprétation de la nature, tempérament bien latin : il fait, en quelque sorte, du Segantini à rebours, élargissant une écriture aux débuts plus serrée et maintenant très personnelle ; Previati, point du tout impressionniste, retenu par les conventions anciennes et qui n’a pas encore abdiqué l’inexpressive allégorie ; les sculpteurs Bogatti, animalier, et André Otti, tous deux en quête de l’expression intense, tous deux excellents caractéristes.
Rome était encore à ce moment la capitale de la papauté, et nulle préoccupation politique ne venait déranger les rêveries de l’auteur ; tableaux de mœurs, sciences héroïques, légendaires ou champêtres, souvenirs classiques abondent dans ses promenades érudites et charmantes par la campagne Romaine, les monts Volsques ou Herniques, avec les ruines cyclopéennes de Norba ou les restes de Ninfa, une sorte de Pompéi du Moyen-Âge ; à Subiaco, sur les plages latines, etc. […] Roccatagliata-Ceccardi est un des poètes « latins » qui ont le culte profond de l’éloquence, à la manière d’Hugo. Victor Hugo, se rattachant par là à toute la tradition méditerranéenne de l’éloquence lyrique, amarra fortement le vaisseau romantique le long de quais resplendissants de marbres grecs et latins. […] Maurice Denis ; sans doute Virgile le guida parmi les monuments et les ruines de la ville latine, impériale et pontificale ; mais Goethe l’initia aussi à la résurrection du passé et plus qu’aucun autre il eut ici pour compagnon secret Keats, enlevé par la mort à sa jeune gloire.
Parmi l’imbroglio d’ententes cordiales où se débat notre candeur naïve, nulle, à coup sûr, ne s’atteste aussi musicalement féconde en enseignements imprévus que la réconciliation opérée avec notre sœur latine. […] Giosuè Carducci a fixé certaines règles d’accentuation pour donner à l’hexamètre italien le mouvement de l’hexamètre latin. […] Cependant je ne crois pas que ce soient les latins ni les poètes de la Pléiade qui lui en aient suggéré l’idée. […] Envoie-la-moi avec un bon Dante et quelque bon Virgile ou Horace latin, s’il en est par là du bon. […] Edmond de Amicis, suffit largement aux bambins de la péninsule… L’éducation des Anglo-Saxons est orientée par le ministère du Commerce ; celle des Méditerranéens, Gaulois et Latins, doit l’être par le ministère des Arts.
Il reprit une tentative qui fut, entre le xvie et le xviie siècle, aussi italienne que française : celle de la métrique latine appliquée à la prosodie des deux langues néo-romanes. […] Depuis la Renaissance l’alliance du génie latin et du génie germain a produit des individualités d’une puissance et d’une ampleur exceptionnelles, et le temps n’est pas loin où les plus grands des Allemands se rendaient dans le Midi pour achever d’y développer et d’y mûrir leur âme. […] Les dangers, réels, eux, de la langue officielle de l’école, du latin, étaient, je crois, distincts de la théologie. […] Que Dante n’ait pas écrit la Commedia en latin (comme il voulut le faire un instant), en ce latin « serf d’église », et qu’il lui ait substitué la langue italienne, c’est un bienfait très littéralement incalculable, dont la langue italienne, l’Italie et l’humanité se ressentiront jusqu’à la fin des âges : mais la théologie, elle, avec cet esprit clair et invinciblement poétique, n’a-t-elle pu se trouver réellement vivifiée, et absorbée dans la jeune et glorieuse esthétique du De Vulgari Eloquentia ? […] Évidemment, pour des gosiers latins destinés à devenir des gosiers napolitains, le passage de la liquide r à sa voisine adoucie l n’était qu’un jeu.
Son recueil de traductions précises et belles du grec et du latin, qu’il appela : Verde Antico, demeure comme un témoignage de sa culture et de sa force. […] Une nouvelle édition, richement décorée, vient de paraître, alourdie par la traduction latine que M. […] Après avoir conquis l’Europe du Nord et du Centre, l’industrialisme épand sa vague envahissante sur le Midi latin, sur les Péninsules du Sud, qu’alanguit leur climat. […] Ce politicien du Sud, qui voyait grand, comme tous ceux de sa race, et qui aspirait aux fins sans rechercher les moyens, rêvait d’un État gigantesque qui referait l’Empire latin. […] Deux grands courants remplissent l’histoire de la Péninsule, celui de l’expansion latine, et celui de l’invasion gauloise ou germaine.
Il s’efforce, dit-il, « de retrouver l’art latin de la biographie ». […] La tombe que le poète latin fait dresser à Misène par le pieux Énée est une montagne de quatre-vingt-douze mètres de haut sur un demi-kilomètre de long. […] Mais l’antiquité a présenté ici et là, dans les pays grecs et latins, des sites infernaux et des pèlerinages à Pluton, dans le voisinage desquels elle plaçait un Achéron ; c’était toujours ou une rivière pestilentielle ou des marécages. […] Garzon, dans son ouvrage sur l’Amérique latine, a suivi la méthode descriptive, illustrée de graphiques et de tableaux statistiques, M. […] Il a fallu tout l’effort d’une puissance latine pour écarter les voiles dont elle se couvrait et faire apparaître en pleine lumière la belle cité musulmane, indocile jusqu’alors aux sollicitations de l’Europe.
Symons en Angleterre, la nouvelle littérature française a ses deux meilleurs critiques, ceux qui doivent inspirer le plus de confiance ; elle en a d’autres, et d’excellents en presque tous les pays, jusqu’en Russie et jusque dans l’Amérique latine ; elle en a partout, hormis en France même. […] Élève de l’universel Victorin de Feltre, elle savait à huit ans les éléments de la langue grecque, ainsi que s’en assure le Camaldule en l’interrogeant, et composait couramment des poésies latines : elle chantait « à voix de syrène » et ne pouvait paraître sans qu’aussitôt sa beauté ne fît sensation. […] Ferrero a le droit de caresser « la douce idée » que son pays supplante bientôt le nôtre à la tête de la civilisation latine, mais, tout de même, nous aurions souhaité plus de tact dans l’âme de ce champion de M. […] Tito Strozzi, dans une pièce en vers latins qu’il adresse au Pisan, avec ce titre : « ad Pisanum pictorem statuariumque antiquis comparandum », le compare à Phidias et à Praxitèle.
Républicain (en ce temps-là), antiromantique, c’est dire, en Italie, anticatholique, il avait voulu se séparer de l’école de Manzoni, non pas seulement par les idées, mais par la métrique elle-même : répudiant les rythmes traditionnels, il imagina de faire revivre en italien le système compliqué de la versification latine.
Cet admirateur de la civilisation latine ne paraît sans doute pas assez germanique à nos intellectuels épris de théories nébuleuses.
Et voilà que le peintre saisit et note ce monde chatoyant et prestigieux qui l’entoure : levantins, persans, tunisiens, caravelles à voiles latines, ourques de Biscaye, hauts bateaux grecs que les aventures de mer jetaient au port, — et les galères, celles-là même où il aurait dû être. […] De cette Rome encore prestigieuse du Belvédère à la porte Latine, du « Sépulchre de Néron » au Janicule, de cette Rome merveilleuse que le Piranèse restituera magnifiquement dans le bouillonnement de son sang vénitien, en ses Fastes Consulaires, en ses Triomphes, en ses Magnificences, en ses Carcères, évocations titanesques d’une ampleur, d’une sûreté, d’une vérité et d’un pittoresque admirables, de cette Rome affolante et superbe, Claude n’aura rien vu… Les remparts de Nancy tomberont, Louis XIV ne laissera à sa petite patrie que quatre pauvres alérions et une mince croix d’or : Claude l’apprendra et ne s’en souciera pas… Et, un matin, on le trouvera mort, sur une planche, dans sa maison, près de l’Arc des Grecs : on ira chercher le notaire Vannius qui partagera ses biens entre ses deux neveux, et Agnès, sa fille adoptive. […] Et alors, pour lui, s’anime l’antiquité croulante qui s’efface sous les feuilles : voici la nymphe Echo qui cache sous les taillis la honte qui fait rougir son front ; Narcisse qui contemple ses yeux au cristal de la source ; c’est le fils de la déesse de Bérécynthe qui mue les branches de chêne en rameaux d’or, c’est Euterpe et sa flûte, Polymnie et la lyre de Lesbos… Pour lui, ces jardins deviennent ces frais ombrages des bois, ces chœurs légers des satyres unis aux nymphes qui séparaient le poète latin de la foule. […] Giovanni Pascoli, que les savants étrangers connaissent bien, car il est seul, depuis bon nombre d’années, à gagner la grande médaille d’or au concours de poésie latine d’Amsterdam, nourrit dans son âme une harmonie bizarre et inattendue, qui à côté d’un hymne comme celui dont je parlais tout à l’heure, peut placer un Hymne de retour, au duc des Abruzzes, un hymne au rythme brisé, qui paralyse dans un certain sens l’émotion pour ne laisser que l’admiration, froide peut-être, des difficultés vaincues.
Chaque Faculté comprendra les chaires suivantes : trois de philosophie, une de pédagogie, deux de philologie classique (remplaçant celle de littératures latine et grecque.et de grammaires latine et grecque), une de philologie gréco-italique ou indo-iranienne, une de littérature italienne, une de philologie romane, une de philologie moderne non romane, une d’histoire ancienne, une d’archéologie et histoire de l’art, une d’histoire moderne, une de géographie anthropologique et politique. […] Ayant désormais consolidé les bases morales et techniques de notre entreprise, nous nous adressons de nouveau, avec une entière confiance, à tous ceux qui, de l’un et de l’autre côté des Alpes, s’intéressent au problème des relations entre les deux grandes nations latines, qui sont attachées à leurs glorieux souvenirs communs, et surtout à tous les Français qui savent la gloire de la pensée de l’art de l’Italie dans les siècles passés, qui savent le prix de son activité présente.
Le courant qui l’emporte le mène, de la beauté classique des vieilles cités latines, à l’immensité de la mer et de toute sa géniale fantasmagorie.
Frederico de Montefeltro, duc par Sixte IV, cultivant les lettres grecques et latines, amant passionné des arts, avait fait de la « petite et saine Urbin » une véritable Athènes.