J’ai déjà dit que le pathos esthétique de d’Annunzio pèche toujours per excessum. […] Il existe en effet dans les deux œuvres des éléments esthétiques qui font ressembler la moderne à l’antique. […] C’est donc devant les résultats d’un acte que les deux principes de morale et d’esthétique fusionnent parfaitement. […] Au milieu des exagérations et des épithètes franchement laides de la Préface, il y a une foule de vérités historiques et esthétiques qui doivent être prises en considération. […] Il a compris le sens profond de l’esthétique shakespearienne, qui mêle le vers à la prose, selon les mouvements de l’âme des personnages.
On a exagéré les principes d’exaltation du verbe et le virtuosisme de d’Annunzio, son pathos esthétique, et on n’a pas dépassé ni atteint sa puissance d’émotion et d’évocation lyrique ; il demeure comme le styliste-type de la langue italienne renouvelée. […] Mais la particulière conception esthétique de la vie, qui forme l’originalité, sinon l’étrangeté, de M. […] Il n’a pas organisé des théories dans un système d’esthétique ou de métaphysique satisfaisant. […] Angelo Conti en est un de synthèse esthétique. […] Arnaldo Cervesato, dans Petit livre des Héros d’Occident, a mûri loin des voies esthétiques, en plein domaine mystique.
Toutes les civilisations, toutes les esthétiques, toutes les philosophies n’ont fait que cela, disait justement Remy de Gourmont ; en effet, à chaque civilisation correspond toujours une esthétique. § La Littérature a devancé les arts plastiques en exprimant une esthétique correspondante à notre psychologie moderne. […] Cette recherche des formes est, cependant, une des origines de la nouvelle esthétique qui atteindra plus tard le niveau de Mallarmé. […] D’ailleurs, cette analyse qualitative est, peut-être, dans la compétence de la « spéculation », mais non dans celle de la « représentation » esthétique. […] Je ne connais aucun livre qui plus que celui-là soit un antidote contre les fadaises des éternels virtuoses de l’impressionnisme esthétique.
Comme l’indique assez, ou trop, l’étiquette qui les assemble, leur esthétique est celle de la division du ton. […] Mais il semble reconnaître dans quelque sommet de l’expression esthétique une manifestation isolée du génie humain. […] Les plaisirs esthétiques n’étaient ni « exceptionnels », ni « aristocratiques ». […] Federico Hermann nous renseigne sur la « Rome disparue », à propos des aquarelles peu esthétiques mais assez photographiques d’un peintre mort dernièrement, Ettore Roesler Franz. […] Elle ne sépare pas deux esthétiques, mais deux expressions lyriques et, encore plus, deux noms.
Le sentiment panthéiste de Giulio Orsini a ainsi très souvent les caractères d’une véritable « intelligence panthéiste », dont les représentations esthétiques, qui semblent à la fois impulsives et réfléchies, ne s’égarent jamais dans l’évocation minutieuse et lente des objets de la nature, ainsi que nous l’observons dans la poésie de Pascoli ou de Francis Jammes, ou dans celle de Mme de Noailles, qui en général n’est plus qu’une mièvre parodie de l’esthétique panthéiste. […] Elle n’a pas eu de philosophes, car, ai-je eu l’occasion d’écrire autrefois, la différence entre un philosophe et un penseur consiste en ceci, que le premier compose un système, basé sur une ou quelques données très simples, d’où s’élève toute une vision métaphysique, esthétique et morale de la vie, tandis que l’autre, le penseur, n’est pas un créateur de système, mais simplement un critique contingent.
Il caractérise tout entier l’idéal esthétique du poète. […] C’est l’aïeule épique de notre race, ainsi que la courtisane grecque est notre aïeule esthétique. […] Je ne parlerai pas ici de la tentative esthétique admirable de M. […] Je suis l’adversaire de la pitié comprise comme élément esthétique. […] Si elle ne contient qu’une promesse, nous attendrons d’autres artistes la réalisation esthétique du mort.
Je le crois, car les éléments nombreux, esthétiques et scéniques, de cette tragédie de grand style sont superbement harmonisés. […] La vision est d’une singulière beauté, car elle est dans l’abstraction pure, selon le principe absolu de l’Art digne de ce nom ; elle est en dehors de toutes les contingences de l’action commune, de toute grossièreté inutile et point esthétique des détails de la vie réelle ; elle évoque l’image byzantine et catholique de la naissance de Venise. […] Il faudra revenir sur l’œuvre de cet écrivain, si peu ou si mal compris par l’auteur d’un livre superficiel, hâtif, dépourvu de toute idée générale et de tout sens esthétique, qui est le Roman Italien Contemporain de Mme Jean Dornis. […] Ce n’est pas là le type très supérieur, et par cela même très étrange, de femme unique, que Mme de Saint-Point a composé avec tant de puissance logique et esthétique dans les deux romans parus de sa Trilogie de l’Amour et de la Mort.
Le « pathos esthétique » de d’Annunzio est constant dans son œuvre et dans sa vie. […] Son instinct esthétique très sûr nous fait espérer. […] Péladan : l’Esthétique de Léonard de Vinci. […] Il s’essaie à une poésie différente, il réalise une esthétique diverse, il présente une autre politique. […] Péladan a le goût de la spéculation esthétique.
La hantise de pénétrer, de conquérir avec tous les moyens le sens du réel, de s’identifier avec la vie par toutes les fibres de notre corps est à la base de nos recherches, et des esthétiques de tous les temps. […] L’admiration est en elle-même un plaisir esthétique, et puisque le plaisir esthétique produit en nous par une machine peut être considéré comme Universel, nous pouvons conclure que l’effet produit sur le spectateur par la machine et celui produit par l’œuvre d’art sont analogues. […] Cette conclusion de caractère philosophique et esthétique se trouve confirmée dans Platon, Bacon, Gracian, et peut être encore soutenue au point de vue mathématique. […] J’ai trouvé la confirmation scientifique de cette vérité intuitive dans le « Rapporteur esthétique » de M. […] Car l’époque des réactions en « isme » est finie, et, des œuvres, une sorte d’esthétique collective se dégage graduellement, résultat des efforts combinés de plusieurs artistes.
Il y faut, outre l’attirail technique, certaines fines conditions esthétiques, qui ne sont point toutes acquises. […] Des jeunes se gaspillent en recherchant sans profondeurs esthétiques les utiles lauriers de la littérature théâtrale ou du roman facile ; mais d’autres, comme M. […] Les Poètes comme d’Annunzio, Pascoli, de Bosis, poursuivent un rêve de beauté et de synthèse esthétique tout vibrant d’hellénisme. […] Cet amour le force à regarder de loin le tourbillon des passions et des vanités qui, dans sa lourde incohérence, se heurte à toute esthétique et à tout rêve d’esthète. […] Alors, tous les espoirs de rénovation esthétique se dissipèrent.
Les vieux temples s’effondrent, ou gardent seulement toute leur beauté de pierre pour notre joie esthétique. […] Elle les forcerait à méditer longuement sur les nécessités esthétiques de leur race. […] Antonio Fogazzaro, ou de quelque autre de ces Maîtres, dont l’Esthétique apparaît de plus en plus inadéquate aux instincts plus libres, je dirais presque plus nouveaux, des générations qui montent. […] À son tour, ce subjectivisme n’avait naturellement d’autre a priori que celui propre au tempérament, à la volonté, à l’esthétique de l’artiste-philosophe. […] Pour quelques-uns, les Alpes sont ouvertes à toutes les plus belles préoccupations de l’âme esthétique contemporaines.
Le Poète Adolfo de Bosis le suit de près dans cette tendance, et d’Annunzio y est arrivé sans aucune philosophie, par de simples affinités esthétiques et extérieures. […] D’Annunzio comme Rodin fait reposer tout son système esthétique sur l’éternel féminin. […] Il semble que d’Annunzio ait gardé — dans la Gioconda, du moins — un peu de l’esthétique de Rossini. […] Carducci a renouvelé toute l’esthétique de la poésie, en donnant à l’Italie ses rythmes de force et de pensée renaissante. […] Son ouvrage est à la fois historique et esthétique, et Histoire et Esthétique y sont étudiées avec une sûreté qui n’est pas exempte de quelque profondeur philosophique remarquable.
Fort de sa volonté merveilleuse de libération prosodique, de renouveau linguistique, rendu plus fort par son manque total de principes généraux, d’esthétique et de philosophie, Carducci détesta le poète sicilien qui n’était qu’un visionnaire enthousiaste. […] Souvent, le lyrisme de d’Annunzio, comme toujours, est fatigant et vain à force de « littérature », par l’exagération de ce « pathos esthétique » qui enlève, depuis plus de vingt ans, tant de beauté, d’éternité, à l’œuvre du poète des Laudes. […] Il semble que non, mais l’esthétique scientifique dit oui ; il n’y a peut-être là qu’une question de mise au point, une nouvelle trouvaille de style à rechercher. […] J’eusse voulu pouvoir détailler la théorie des futuristes et leur dire mes objections, confronter leur esthétique à celle des cubistes français, dont les futuristes ne diminuent point l’importance singulière, et j’ai déjà de beaucoup dépassé les bornes qui me sont permises. À une quinzaine où les expositions seront moins drues, après les Salons, si je ne le puis auparavant, je reviendrai à ces esthétiques neuves, aux cubistes et aux futuristes.
Zoccoli esquisse d’une main franche la vie de l’écrivain, puis développe sa philosophie, c’est-à-dire ses négations, que l’auteur distingue en négations abstraites, historiques et sentimentales, non sans s’arrêter longuement sur les théories esthétiques de Nietzsche. […] C’est une erreur et une naïveté de dire comme M. de Roberto, à propos de Verlaine, de Mallarmé et de quelques autres : « Si l’opinion publique s’est modifiée à l’égard de ces écrivains, il faut aussi noter qu’eux-mêmes ont fait le premier pas, en modifiant leur esthétique, en atténuant leur singularité. » Et il continue : « Il n’y a pas une médiocre distance entre le Mallarmé impassible, parnassien et décadent de la première manière, et le Mallarmé des derniers jours qui travaillait à un drame, lequel était destiné — à qui ? […] Il me serait vraiment trop difficile de considérer, avec M. de Roberto, Verlaine et Mallarmé comme des « curiosités esthétiques » qu’il est parfaitement permis de ne pas admirer, « sans mériter pour cela d’être confondu avec le vulgaire ». […] Musette a peut-être, et modiste, ce qu’elle chante devra donc ne pas s’élever au-dessus de l’esthétique habituelle de ses compagnes d’atelier, et, en fait, sa valse est apte à réjouir toutes les modistes passées et présentes (ne préjugeons pas les futures) et à conquérir les suffrages de Mimi la fleuriste et de Phémie la teinturière. […] Milliaud, dont les efforts méritent cette récompense — pour les artistes qui se sont donnés de tout cœur et de toute voix à leurs rôles — et aussi pour l’auteur dont il est permis de ne pas approuver l’esthétique, mais dont il faut reconnaître qu’il marche avec adresse et maestria dans la voie qu’il s’est tracée.
Laurent de Médicis, dont la complexe psychologie n’a pas encore trouvé son exégète, aima Michel-Ange ainsi qu’un artiste exquis, tendrement joyeux et délicatement sensuel, peut aimer un colosse qui bouleverse avec des rugissements de lion toute l’esthétique, qui accueille dans un égal mépris le passé et l’avenir, dédaignant surtout le présent, et se dresse ou tente de se dresser tout seul devant l’âme prosternée du monde.
Le roman ne relève pas d’une autre esthétique que le poème ; le roman originel fut en vers : c’est l’Odyssée, roman d’aventures, c’est l’Énéide, roman de chevalerie ; les premiers romans français étaient, nul ne l’ignore, des poèmes, et ce n’est qu’assez tard qu’on les transposa en prose pour les accommoder à la paresse et à l’ignorance croissantes de lecteurs plus nombreux.
Mais les manifestations lyriques de la littérature italienne les plus récentes, pour diverses qu’elles soient de tendance, de puissance et de rythme, sont loin d’être sans intérêt, et, parmi les jeunes poètes, il y a des âmes et des consciences esthétiques, qui ont fait leurs preuves, ou qui, nouvellement écloses, sont dignes de remarque. Ainsi que la prose, la poésie nouvelle ne présente point un caractère national, ne donne pas le signe, attendu par un parti intellectuel nationaliste à peine organisé, d’une conscience esthétique péninsulaire.
Zola, par Giuseppe Depanis : le critique prend à ce livre un intérêt qui nous étonne ; il suffirait peut-être de constater l’étiage du tirage pour épuiser l’esthétique afférente au sujet (28 mars).
Mais dans une sorte d’identité de volonté littéraire, à travers l’inéluctable et nécessaire diversité des esprits, il y a une signification esthétique, dont la portée intéressera sans doute l’histoire littéraire des deux pays.
Je crois même que, enthousiasmé par cette divine musique, le garçon m’exposa, avec la concision qu’exigeait son service, tout un plan d’esthétique dont j’aurais pu tirer des avantages considérables si j’avais su me le rappeler. […] § Et je le sens bien tout de même qu’elle a son importance, historique, et esthétique, et de psychologie générale, cette recherche des attributions. […] Les lignes douces et graves de l’abside, dont toute une partie se maintient dans ce clair-obscur déjà cher au premier en date, au père des peintres flamands, ferment bien le fond selon les lois qui gouvernent, chez les Van Eyck et leurs successeurs, l’esthétique du Paradis.
Baudelaire, — le premier et le seul critique d’art de ce siècle — disait : « Décidément, je ne puis m’arrêter à aucune esthétique, le tout consistant à sentir ».
Mais laissons de côté l’esthétique pour les idées. […] Charles Blanc fait honneur de cette magie au sentiment esthétique de Piranesi, plus qu’à son habileté technique. […] On n’a pas pris garde que les critiques qui avaient formulé cette condamnation étaient les mêmes qui avaient mésestimé notre art français du xviiie siècle, et jeté, par exemple, sur François Boucher comme une buée de défaveur morale et esthétique. […] Focillon, un temps où l’Italie produit surtout des individus ; mais ces périodes, affranchies de disciplines générales, le plus souvent arbitraires, ou fondées sur des principes qui ne comptent l’esthétique qu’au second plan des idées génératrices, ne sont-elles pas-les plus diverses, les plus variées, les plus intéressantes et les plus fécondes parfois ? […] Celle-ci, étant générale, doit en effet tout comprendre, même l’érotologie voluptueuse et esthétique, qui, l’auteur a raison, a bien son droit de cité dans la science des sociétés humaines.
Pedro Gailhard se mêlent à l’esthétique vériste et au système wagnérien comme au savoureux macaroni national, le jus de tomate et le parmesan. […] Voici aussi les Cosmopolites et les Nationalistes, les uns rêvant un patrimoine commun d’art, une fusion de tous les styles et de toutes les sources d’inspiration ; les autres, qui croient que chaque peuple a ses nourritures esthétiques spéciales, désirent conserver leur physionomie et le génie de leur race, tout en s’essayant à de nouvelles réalisations artistiques. […] Si cet homme ne peut lui convenir par aucun rapport, quand même sa passion serait criminelle elle ne doit jamais s’en offenser, ni le maltraiter, elle doit être douce, le plaindre, si elle ne l’aime pas, et lui suffise de se tenir invinciblement attachée à son propre devoir. » À l’occasion, il touche aux sujets esthétiques, comme dans le fragment suivant qui commence par cette définition libérale de la beauté : « L’harmonie fait le beau, dit M. de S.
[Le Salon de la Libre Esthétique, extrait] Georges Eekhoud. […] Plus heureux que tant d’autres, qui apprennent l’amour et la femme dans des lieux à peine tolérables, Attilio trouve sur sa voie une grande actrice, une grande dépravée esthétique, Saveria, qui, à son tour, est liée d’une liaison faite de souvenirs et de vices, de désirs et d’émotions, de haine et de nécessité physique, à Ercole Grabba, le cousin d’Attilio.
Mais les personnes qui ont le bonheur de connaître l’italien à fond éprouvent en plus un véritable plaisir esthétique. […] Écrites par un homme doué d’une grande sensibilité esthétique, ces impressions, où la beauté de la nature et des œuvres d’art tient une grande place en dépit des préoccupations souveraines de la politique, offrent un double intérêt.
Maurice Maeterlinck ou l’esthétique subtile de M.
Il faut remonter bien haut dans les origines pour y découvrir les types créateurs et purement géniaux auxquels se rattache en sa triste sujétion toute notre moderne humanité esthétique.
Luigi Zoppis raconte dans un roman (L’Esteta) les terribles conséquences de l’esthétique appliquée à la vie.
[…] IVe Exposition du Groupe libre (Bernheim-Jeune, rue Richepanse) [extrait] Le Groupe libre (chez Bernheim-Jeune, rue Richepanse) est une réunion de jeunes artistes sans grand point commun d’esthétique, unis simplement par une réciproque estime et voisinant bien. […] Des peintures de M. […] Sous Louis-Philippe le goût français vacille singulièrement et l’éducation esthétique semble dévolue à quelques pensionnaires des Petites-Maisons. […] Son esthétique raffinée le portait vers les choses rares et gracieuses.
C’est une vérité historique qui fait la valeur de son esthétique, et qui fait qu’on ne la juge correctement que lorsqu’on la rattache à sa conception de l’histoire.
Romain Rolland, c’est que Bombet n’a pas beaucoup moins emprunté à la partie esthétique qu’à la partie historique des Haydine.