Zio Félix croyait que le démon, toujours vaincu par lui, le dominait maintenant en vainqueur, déployant toute son iniquité. […] Mais il ne pouvait surmonter la puissance infernale qui le dominait ; il sentait que quand viendrait le moment fatal il égorgerait Elia comme un agneau. […] La Mort domine comme toujours la poésie de Pascoli ; elle en rythme toute la pensée. […] Angizia di Fura domine réellement sur tous les hommes de la maison par sa luxure et par ses artifices occultes. […] Il est des écrivains qui, seulement pour avoir écrit dans leur vie quelques pages remarquables, sont reconnus Maîtres, et dominent.
Tandis que l’Église gardait intacte la langue qui lui avait servi à dominer le peuple, le peuple, perdant sa ferveur, ou incapable de résister plus longtemps aux efforts naturels de sa physiologie, commença de traiter le latin avec familiarité. […] Jusqu’au xvie siècle où il perdit son aspect féodal pour devenir le correct monument, symétriquement encadré qu’on peut voir aujourd’hui, ce fut en effet un véritable château fort, flanqué de quatre tours inégales, crénelé et dominé au centre par un haut campanile percé de larges baies ; au xive siècle, il avait encore une double enceinte et un pont de bois. […] Aussi les femmes qui occupent une si grande place dans les romans de Maupassant et de d’Annunzio sont-elles des courtisanes, maîtresses que domine la fatalité des sens et que des scrupules de morale ne troublent jamais, épouses qui se livrent comme des amantes. […] De cette volupté insatiable naissent en effet, chez Maupassant et chez G. d’Annunzio, la même tristesse de vivre et le même sentiment du néant : l’idée de la mort domine toutes leurs créations. […] Une grande tristesse y domine, un grand regret pour toutes les choses belles rêvées, que la vie a laissées dans le rêve, que le rêve a cachées dans le plus profond de ses voiles mystiques.
Domenico Gnoli était parmi les plus sérieux poetæ minores de l’Italie, lorsque l’art du poète-politicien Carducci dominait tous les cénacles et en imposait partout par la vigueur de la prosodie qu’il renouvelait, et souvent par les fortes qualités de sa langue. […] Cette interrogation constante scande le rythme d’un poème d’une manière toujours inattendue, résonne souvent comme les éclats d’un grand rire sceptique ; elle témoigne de l’âme neuve de ce poète dominée par la vision précise des contrastes, des analogies, des innombrables parallélismes de la vie, qui à nos esprits de transition, nouvellement ouverts à toutes les plus disparates compréhensions, font sembler trop grossier, trop unilatéral, tout engouement, et forment ainsi notre inquiétude moderne en multipliant sans cesse nos sensations, nos émotions, nos pensées.
Plus tard, lorsque l’histoire pourra exposer en toute vérité les événements et juger en pleine connaissance de cause, il faudra reconnaître que, dans un conflit qui met aux prises les puissances militaires les plus formidables du monde parce qu’une race avide de dominer la terre veut l’hégémonie, la neutralité fut une situation parfois prodigieusement malaisée. […] Point de littérature en chambre, point d’enthousiasme à froid, point de phrases grandiloquentes et vagues dont le son offusque le sens : des observations lucides faites sur le terrain, mais élaborées par un esprit cultivé capable de grouper les phénomènes, d’en saisir les rapports, d’en dominer l’ensemble. […] À lire le Corriere della Sera, on aurait pu s’imaginer que l’esprit pratique domine en Italie et qu’il est servi par une critique intelligente au regard clair pour laquelle les motifs d’ordre sentimental ne pèsent guère dès qu’il s’agit de délibérer de questions d’intérêt public. […] Il est certain que l’antagonisme entre l’Angleterre et l’Allemagne domine le conflit actuel. […] Il a cru pouvoir parler et agir en maître, ourdir des intrigues, créer des pièges, renverser un ministère hostile à ses louches desseins, séduire certaines consciences par des millions et dominer l’opinion publique.
L’Europe recèle cent fois plus d’antagonismes de toutes sortes que l’Asie, l’Afrique et l’Amérique réunies… mais elle est aussi le « berceau » de la civilisation qui domine le monde. […] Ils veulent réussir, devenir riches, devenir puissants, dominer. […] Leur Patriarche, qui domine de si haut les siècles, passait des nuits en prière, les bras étendus, sur les sommets du Cassin. […] Dans Phèdre, de Racine, c’est la mélancolique femme qui domine, la faible femme éprise d’un amour qu’elle n’est pas digne de supporter. D’Annunzio s’est rapproché plutôt du modèle antique, par la mâle rigueur de ses héros, mais dans sa tragédie les deux personnages dominent également.
Je me dominais, je m’écartais un peu de Lina, tandis qu’elle-même, épuisée, d’un geste délicieux, baissait la tête. […] Les progénérés littéraires que domine et que mène l’instinct sexuel ne font qu’exprimer dans leurs œuvres les difficultés de cet instinct à se satisfaire. […] Si, avec le couchant derrière lui, le héros fait quelques pas en avant, il domine le Coghinas de façon à voir les âmes apparaître au-dessus des flots. […] Sur la ruelle qui, de plusieurs mètres, domine la mer, on aperçoit le panorama admirable de la rade. […] À l’heure actuelle, les Italiens emploient, pour dominer cet immense territoire le système de la pénétration armée avec des moyens pacifiques.
La vie prodigieuse des sens, les jeux variés du corps, la savante ou brutale harmonie des caresses, la préoccupation constante, exclusive, de la femme et de l’amour, tels sont les motifs essentiels qui dominent son œuvre : ils sont de ceux que l’observation personnelle ne suffit pas à entretenir ; il y faut une documentation plus riche, plus humaine aussi. […] « La moderne Syracuse, revenue à son île étroite d’Ortygie, n’est plus qu’une petite ville proprette et coquette, dit lui-même l’auteur, où des maisons aux balcons élégants qui rappellent la Renaissance bordent les rues parées de larges dalles, où chaque tournant découvre une échappée sur la mer ou bien sûr la vieille citadelle qui domine l’entrée du port de sa masse pittoresque et fière. » Or, ce qu’on vient chercher à Syracuse c’est surtout les souvenirs de la civilisation grecque et il faut véritablement avoir une âme d’archéologue pour essayer de tirer parti de tous les fragments, de tous les pans de murs qui se découvrent et des ruines nombreuses que recèle le sol de la vieille ville afin de l’évoquer au temps de Hiéron II, de Denys l’ancien et de l’Expédition de Sicile.
Fin juin, on progresse considérablement sur les positions qui commandent et dominent les deux têtes de pont restées aux mains de l’ennemi. […] Ainsi on lisait des histoires de l’art où une part disproportionnée était faite à l’art allemand et où le traducteur était obligé de développer à notre usage la part assignée à l’art italien ; on parcourait des histoires universelles ou même particulières de l’Italie dominées par l’idée germanique, on consultait des répertoires d’où était exilé le monde latin. […] La domination de l’Allemagne a toujours été un bienfait pour les nations qu’elle a dominées. […] Certes, un grand pape ayant foi en sa mission divine, en la force libératrice de l’idée chrétienne, qui joindrait à une connaissance profonde des passions humaines la hauteur d’âme suffisante pour les dominer, quel spectacle, dans l’humanité moderne ? […] L’énergie humaine centuplée par la vélocité dominera le temps et l’espace. » Et, après un tableau historico-lyrique de la vitesse, le manifeste en vient à la naissance de la ligne droite, « un des caractères de la divinité ».
De nombreux rameaux se détachent du chaînon principal et forment un enchevêtrement de vallées, dominées par des sommets dont l’altitude moyenne atteint 1.500 mètres, propre à faciliter une résistance désespérée, mais également favorable aux surprises et aux combinaisons tactiques de l’assaillant. […] Les Anglais, on le sut plus tard, occupent, au sud-est du dispositif, la longue croupe du Montello, qui longe la Piave à partir de Valdobbiadene et domine la large plaine qui s’étend de Bassano à Trévise. […] Ce qui dominait tout le problème, c’était ce « Delenda Austria ». […] L’Angleterre s’est laissée influencer par les courants étrangers seulement dans les limites que lui traçait son instinct conservateur, comme elle ne s’est pas laissé dominer, durant les périodes de crise, plus qu’il n’était Nécessaire pour pouvoir ensuite les surmonter. […] Ils sont victimes d’une fausse organisation bureaucratique qui les contraint à ne pas s’occuper de l’école pour ne pas empiéter sur un domaine que la haute bureaucratie entend dominer et gouverner à elle seule.
Seul celui qui accomplirait cette conquête serait assez puissant pour dominer les événements, et faire sortir quelque chose de la dissolution où les guerres civiles et le gouvernement violent et stérile du triumvirat avaient jeté le monde romain.
La cour de Ludovic, par l’exaspération même et la multiplicité des passions de son maître, devait, plus que la cour des Médicis, attirer et honorer dignement un esprit supérieur, singulièrement debout « par-delà le bien et le mal », amant effréné de la vie sous toutes ses formes et pour toutes ses jouissances, uniquement désireux de dominer à son tour son temps, par l’étrange faculté de son génie qui devait faire de lui un des plus complets « representative men » de l’époque.
Luigi Capuana notait, à propos de Il Piacere : « Le prosateur, dans ce nouveau volume, est tout à fait dominé par le poète ; l’observateur y subit tout le temps la mainmise du coloriste et du styliste ; la vision nette et sincère de la réalité y est voilée par une importune nuée de lyrisme quiimpatiente et fatigue. » M. d’Annunzio est donc un écrivain lyrique et d’un lyrisme assez sensible, puisque M.
Le « type » qui domine dans le roman Le But est celui d’un grand médecin en butte à ses amours, à ses études et à ses détracteurs, mais il est surtout celui d’un homme qui veut se réaliser dans la plénitude des forces que sa race éteinte a concentrées en lui puissamment, et que son temps et son milieu lui réclament.
La méthode expérimentale règne aujourd’hui ; elle domine l’enseignement et se dresse seule en rivale de la Révélation. […] Personne n’a considéré si fixement la certitude comme terme de l’effort intellectuel : phénomène admirable d’abnégation, c’est le non nobis, Domine ; car les choses certaines sont à la fois communes et connues, de telle sorte qu’on ne trouve aucune gloire à les proclamer. […] Le Colleone, en bronze, sur un haut piédestal de marbre, domine une petite place, à droite de la façade sombre de SS. […] Il trouva néanmoins en lui-même le courage de dominer son impression pour réfuter point par point, dans l’Athenæum, les calomnies perfides. […] Le sentiment d’une beauté totale l’avait tout jeune pénétré et le dominait tout entier ; pour conclure par un jugement du plus clairvoyant critique moderne en Angleterre, John Ruskin, et en transférant à la poésie anglaise ce qu’il dit de l’art : « Rossetti doit être placé au premier rang de ceux qui ont élevé et changé l’esprit de la poésie moderne, — qui l’ont élevé dans ce qu’il a atteint d’absolu, — qui l’ont changé dans ses aspirations. » Archéologie, voyages Charles Merki.
Mais Edoarda, peu à peu, sans en avoir conscience, finit par se créer un monde fantomatique, où la figure idéale d’Henri Kronberg domine : c’est son amour rêveur, son Amour de songe qui la possède toute. […] Il est dominé par la littérature française qu’il connaît d’une manière étonnante : on n’a lu de lui que très peu d’articles qui ne parlent pas d’écrivains et de romans parisiens, car il est chez nous, parmi les jeunes, l’admirateur le plus têtu de tout ce qu’on imprime à Paris. […] Une grande préoccupation domine peu à peu toutes ses pensées. […] Tous ceux qui avaient suivi le cortège s’en vont là-bas à travers les frimas, tout noirs, un à un, comme autant d’illusions perdues, tandis que rodent les corbeaux sur la neige ; et dans le ciel, qui s’entr’ouvre au faîte du tableau comme au tympan des portes de cathédrales pour dominer les jugements derniers, deux anges recueillent pieusement le petit cadavre, dénué de tous les langes terrestres… Nous n’avons pas besoin de rappeler quel triomphe a été pour Segantini l’exposition de cette œuvre en 1896 à Munich.
L’« Ideenflucht » des psychiatres allemands se retrouve chez lui, atténuée mais très nette : les idées se pressent dans sa tête tumultueusement, il n’a pas le temps de les examiner, il ne les domine pas, il ne peut s’en rendre maître. […] — Ne tentons pas Orphée, qui domine les vents et dont la voix calme la mer, dit en riant Maïa avec sa grande bouche humide et voluptueuse. […] Il naît de cette fièvre une curieuse et hybride manifestation, où l’alliage du maître qui a hanté ne domine plus exclusivement, où l’artiste jette des caractéristiques nouvelles et franches qui s’élargiront, se fortifieront pour former l’originalité. […] L’idée qui revient constamment dans ses livres, et qui les domine, dit M. […] L’idée qui domine la philosophie et la critique de Taine, conclut M.
» Nous pensons que cette conception actuelle de l’histoire romaine se ressent, plus encore que de sa science, de l’humeur d’un temps, — le nôtre, — dominé par les chances de l’industrie et de la finance, et où l’alpha et l’oméga de la moralité tiennent dans l’unique fait de s’enrichir. […] Il est évident que si l’œuvre de Carducci a plus d’importance par son rayonnement que par son contenu spirituel, l’œuvre de Rapisardi, considérée en elle-même, par la volonté vaste et haute qui la domine, n’est pas dédaignable. […] Le parti socialiste a fait ce qu’il pouvait pour les éduquer ; mais formé à l’école de la social-démocratie allemande, obéissant aveuglément aux principes qui la dominent, il n’a pas su adapter ses méthodes d’action aux besoins d’un peuple qui diffère complètement du peuple allemand tant par sa situation économique que par son caractère et son éducation. […] Le grand conflit mondial du capital et du travail domine toute notre époque ; dans ce conflit, les frontières ne comptent plus, les distinctions de races et de langues s’effacent, des groupements nouveaux se dessinent, des valeurs inconnues se créent : des forces irrésistibles sont en jeu et contre leur poussée sans cesse grandissante les efforts du nationalisme ne peuvent rien. […] Saponaro nous montre ses lutteurs d’amour dans toute la saine brutalité des hommes de son pays ensoleillé, très païen, de cette terre d’Otrante où domine le souvenir littéraire et passionnel de Sapphô désespérée.
Un irrésistible besoin de renouveler nos visions et nos sensations pour aimer et pour reprendre la vie d’un amour nouveau, sincère, domine tous ces jeunes talents.
J’ignore si l’impérialisme de Dante n’est pas simplement la haine du Vatican ; j’ignore aussi si sa diatribe contre la noblesse, quoique très vraie en soi, ne vise pas exclusivement l’Église romaine, fille dégénérée et vile des nobles apôtres, si la dissertation sur les vertus propres à chaque âge n’équivaut pas à une conclusion sur la décrépitude de Rome qui se prétend éternelle, qui ne se sent pas vieillir et qui toute caduque s’obstine à dominer sans avoir aucune des vertus qui rendent la vieillesse respectable.
La libre spéculation religieuse n’en fut pas diminuée ; mais elle ne trouva pas d’écho dans les corps religieux, dominés avant tout par la préoccupation de l’orthodoxie littérale et formelle ; et le terrain lui a pour ainsi dire manqué pour se traduire en vastes mouvements collectifs et prendre forme dans les doctrines et dans les rites.
Il les dominait de la tête, parlait fort et gesticulait. […] Une façade de cette demeure domine le canal : Giorgio y déroula le cortège de Bacchus. […] Marquis de Saint-Maurice : Lettres sur la Cour de Louis XIV, 1667-1670, publiées avec une introduction et des notes par Jean Lemoine ; Calmann-Lévy, 7 fr. 50 Rien, mieux que la carrière du marquis de Saint-Maurice, ambassadeur en France du duc de Savoie Charles-Emmanuel II, puis ministre de la duchesse régente Marie de Nemours, ne montre combien Louis XIV dominait à cette époque la cour de Savoie. […] Si la passion de la tragédienne Laura Bon pour le « Re galantuomo » fut une chose de conséquence, puisqu’elle paraît, malheureusement, avoir dominé cette existence d’une actrice belle et célèbre, la passion du roi, quoique exigeante, despotique, semble avoir été assez inconstante, et la fougueuse artiste fut vite supplantée.
C’est une opinion de marchand de vins de considérer les fables comme de grossières imaginations proposées par des hommes tyranniques à la masse qu’ils voulaient dominer. […] Les auteurs « officiels » dominent, en Italie comme partout, mais ils sont de l’autre côté des monts d’une matière particulièrement faible. […] La résultante de tous ces caractères est une extrême sensibilité morale, un sens enraciné de l’honneur, qui domine vraiment d’une manière toute particulière la vie des fils de l’île, et qui, en Occident, n’est comparable qu’à celui qui constitue la fierté du caractère corse. […] Mais si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer, car elle est la toile de fond la plus heureuse pour dominer toute la sentimentalité fausse de notre époque. […] § La manière de Maurice Barrès, nous l’avons dit, domine tout le concert.
. — Veux-tu le plaisir de dominer, de te sentir le maître et le seigneur ? […] Weichardt, toutefois, a utilisé tout ce qu’il a pu réunir de renseignements historiques et archéologiques sur Capri, et sa restauration nous donne une idée probablement très juste de ce qu’était l’île à l’époque romaine, — couverte de palais, de villas, de villes et de jardins, et dominée par le palais de Tibère, la « villa Jovis », où, nous apprend Suétone, l’empereur s’amusait si délicatement avec « ses petits poissons ». — Les restes du palais de Tibère constituent les plus importantes ruines de Capri, — dont le niveau au-dessus de la mer a fort varié au cours des siècles, d’abord plus élevé, s’enfonçant ensuite pour se relever partiellement, si bien que des édifices romains qui bordaient le rivage sont restés recouverts par 6 m. d’eau.
Quand on réfléchit qu’il y a dix ans à peine on ne pouvait concevoir en Italie une poésie qui ne fût païenne et classique — carducciana ou dannunziana — et qui ne fût dominée par la métrique la plus réactionnaire (sonnet, ballade, terzine, etc.), on doit avouer que l’Italie littéraire doit surtout au Futurisme d’être plutôt à l’avant-garde qu’en arrière dans la marche anxieuse du lyrisme contemporain1. […] Je rêvais sur une terrasse qui dominait le paysage. […] * Quand Aurora se trouva seule dans sa chambre, située au second étage, elle ouvrit les fenêtres qui dominaient le parc. […] Il ne veut pas détruire le passé — ce qui serait absurde, — mais l’adoration exagérée et par là nuisible du passé qui domine la majorité des esprits du présent. […] Son esprit, qui est dominé tour à tour par le cynisme et par le sentiment, qui aime dans le même temps le grotesque et l’horrible, qui est enfantin et profond tout à la fois, forme, comme dans tous les poètes, l’unique et vraie matière de ses poèmes.
Les caractères sérieux sont les plus estimés, et celui qui domine son imagination est supérieur à celui qui s’y abandonne.
C’est là qu’il est puissant parce que son instinct y domine son art. […] Et plus cette vie, centrifuge ou force expansive, est puissante et domine les forces centripètes, et plus l’individu marque de son sceau les êtres et les choses qui l’entourent, et qui vivront de ce fait, de son propre, authentique mouvement. Cette faculté de dominer, par notre propre activité, l’activité des forces universelles, l’homme en général et l’artiste en particulier la portent en soi. […] Il me disait que s’il avait dû se décharger de cette sensation de bleu qui dominait toutes les autres, il aurait dû peindre en bleu, ainsi qu’un badigeonneur, tout le panneau ; mais, par cette action réflexe, n’ayant d’importance qu’au moment de la sensation, il n’aurait pas atteint l’œuvre d’art. […] L’Angleterre, restant maîtresse des mers, étant soutenue par son magnifique empire des dominions, sera un pôle d’attraction.
Dans la ville même des Atrides, Mycènes, il anime des personnages contemporains, et, reprenant la composition austère et la noblesse verbale des tragédies antiques, il nous montre ces modernes en proie aux passions excessives des héros légendaires dont ils ont retrouvé les sépulcres et les cadavres, les spectres d’Agamemnon, de Cassandre et de Clytemnestre, devenus, pour ainsi dire, tangibles, dominent l’action, dont les héros vivants s’appellent Anne et Blanchemarie, Léonard et Alexandre. […] Il s’est promené souvent dans le petit jardin de la maison la rue Contrada del Monte, devant la Madone à fresque dont Santi avait décoré le mur, dans cet enclos, fleuri d’oliviers, de pampres et de roses, dont la terrasse basse dominait la ville, d’où on voyait la campagne, blonde de blés mûrissants, les crêtes aiguës et dentelées des derniers Apennins, tout au loin, sous le ciel léger, un pan de mer profonde, — petit jardin symbolique où, bien peu d’années après, Raphaël enfant devait jouer.
D’Annunzio — qui, il y a une dizaine d’années, domina, et paralysa presque totalement une génération de littérateurs — a repris l’abstraction patriotique des Odes Barbares et il l’a en quelque sorte déformée avec l’excès des souvenirs du classicisme helléno-latin.
Diotime, la Domina d’Hermas, la Monique évoquée dans la Vie heureuse de saint Augustin, la Philosophie telle que la voit Boèce, Béatrice, — autant d’êtres de rêve ou d’idéalisation appartenant à la mystérieuse famille.
Ce sont ces tendances conservatrices (donc aristocratiques et, au sens romain, républicaines), qui, dès après Actium, s’accusèrent, sans qu’on puisse dire qu’elles aient dominé : mais elles s’accusèrent en proportion même de ce qui leur faisait obstacle.
Voilà, avec le petit clerc aux cheveux en rond, à la face glabre, qu’il jette d’une plume si sûre et si dure sur cette feuille où transparaissent des profils d’aigles dessinés au verso, et le facies magistral de ce vieux à l’œil soupçonneux et à la bouche mauvaise, ce qu’il y a de remarquable à cette exposition, — avant, toutefois, d’admirer et d’essayer de déchiffrer la figure de femme qui la domine et l’emplit toute : je veux parler de cette inoubliable et captivante Cécilia Gonzagua qui revit là, entière, en un petit panneau peint, un croquis à peine indiqué (une femme vue à mi-corps assise de profil à droite, bandeau dans la coiffure, robe collante et transparente, à la pointe d’argent sur vélin), et la médaille, d’un style et d’une beauté incomparables, dont je ne sais d’analogue dans l’œuvre entier du Pisan. […] Les dominicains se retirèrent en bon ordre, chantant « Saluum fac populum tuum, Domine ».