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2. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

C’était l’Europe revenue, mais revenue avec son histoire et son charme. […] Il ne voit des formes que l’extérieur et le charme ; du coloris, il tire des harmonies exquises. […] Les poètes ont chanté que les yeux guident l’Amour ; et Platon le nomme sorcellerie et charme. […] À Avignon, l’automne finissant a ses charmes encore. […] Ils s’en vont en se retournant, comme le serpent quand il obéit au charme.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Ceux qui ne se sont pas contentés de feuilleter les cinq mille pages des Mémoires ont certainement été récompensés d’une lecture attentive et patiente par de plus positives jouissances que la truculence du détail ou le charme réel du style. […] Celle qui portait glorieusement le nom de la Charpillon était alors dans toute la fraîcheur de sa dix-septième année : Ses cheveux étaient d’un beau châtain clair, et d’une longueur et d’un volume étonnants ; ses yeux bleus avaient à la fois la langueur naturelle à cette couleur et tout le brillant des yeux d’une Andalouse ; sa peau, légèrement rosée, était d’une blancheur éblouissante… Sa gorge était peut-être un peu petite, mais d’une forme parfaite ; elle avait les mains blanches et potelées, minces et un peu plus longues que ne le sont les mains ordinaires ; avec cela, le pied le plus mignon et cette démarche noble et gracieuse qui donne tant de charme à une femme ordinaire. […] Toutes les deux jouent au même jeu cruel, avec un égal talent pour ensorceler et faire souffrir leur victime : mais il y a chez l’Espagnole l’excuse et le charme d’une passion réelle.

4. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Il rappelle sa jeunesse lorsqu’il s’éloigna du charme des vierges dansantes au soleil du printemps, lorsqu’il ouvrit son âme aux ardeurs sévères de la liberté et de la Justice : « Et je croyais naître au nouvel âge, poète de l’Italie, dont les strophes vibrent au ciel comme des épées rugissantes et dont le chant, aile d’incendie, dévore les forêts, et va » : E uscir credeami italico vate a la nuova etade, Le cui strofe al ciel vibrano, come rugghianti spade, E il canto, ala d’incendio, divora i boschi e va. […] On a beaucoup insisté sur le rôle joué dans une telle évolution par le charme de la reine Marguerite. […] Un panthéisme sincère et profond passe dans toute son œuvre, et l’anime par les accents éternels de l’harmonie des choses C’est un panthéisme emprunté à la conception grecque de Géa, à la philosophie réaliste de Lucrèce, à la poésie bucolique qui nous charme à toute heure chez Virgile, chez Horace, chez Tibulle, chez Catulle.

5. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Chahine sait aussi exprimer le charme de visages plus aristocratiques, et possède encore un très curieux talent de portraitiste (son portrait d’Anatole France). […] Elle produira des œuvres très belles, mais la perfection des formes visera plus au charme qu’au caractère. […] Vasari, écrivant au milieu du seizième siècle, parle avec une émotion religieuse des premiers débuts du bel enfant à qui tout est facile et qui charme par sa grâce surhumaine. […] Quand des jours plus sombres succèdent à des jours sombres, il se blottit dans l’ombre de la mort ; en vain il interroge la Nature et l’Art ; derrière leurs charmes derniers s’établissent les ténèbres du mystère éternel. […] Il subit le charme irrésistible de la passion politique, ainsi que les autres grands écrivains de son pays, hors le pur Léopardi et les poètes de la chevalerie.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

Et pourtant, en dépit de cette irréductible incompatibilité d’humeur, tel était le prestige de Voltaire aux Délices que Casanova ne peut s’empêcher de reconnaître, à plusieurs reprises, le charme de cette hospitalité et la splendeur de cette demeure que le maître ouvrait encore si volontiers à ses fervents. […] Voltaire y déploya toutes les ressources de son esprit brillant et fertile et fit le charme de tous, malgré ses traits caustiques qui n’épargnaient pas même les personnes présentes ; mais il avait un art inimitable à lancer le sarcasme de manière à ne pas blesser38. » Tous ceux qui visitaient Voltaire vers le même temps avaient la même impression : la splendeur fastueuse du décor les séduisait dès l’abord, la grâce spirituelle de l’hôte achevait de les conquérir. […] Si on le partageait en deux et que je visse d’un côté l’homme que j’ai lu, et de l’autre celui que j’entends, je ne sais auquel je courrais39. » Boufflers avait subi tout de suite le charme d’un esprit qui, sans effort, redescendait à ses dix-huit ans et le traitait en camarade.

7. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Elle vient en suppliante vers la fille de Jorio, pour qu’elle dégage Aligi de son charme fatal, car à la maison la douleur règne comme dans un deuil quotidiennement nouveau. […] Mais quand le soleil reparut un charme indicible s’étendit sur la tanca. […] L’eau le voulait, l’appelait, étincelante, entre les oléandres fleuris, comme un collier de brillants énorme et sinueux comme un grand œil limpide, plein d’un charme fatal. […] Catapano crée sur ces bases une métrique rimée pleine de charme. […] On doit louer, pour le surplus, dans l’exposé des faits et des détails, une narration vive et claire, non sans charme.

8. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Remy de Gourmont a vu avec une parfaite lucidité que l’esprit italien, se mouvant aujourd’hui dans les cercles magiques du charme des écoles occultistes en est où l’esprit français était il y a quinze ou vingt ans. […] Un amour sauvage de la nature, une compréhension farouche des rapports entre les hommes et les choses, une signification singulièrement ironique découverte dans chaque attitude de l’étre, forment le charme et l’envergure de ces poèmes.

9. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Pica, au contraire, a de l’autorité à la fois chez lui et chez nous, pour la rectitude de sa pensée, pour le charme de son style, pour la hardiesse aussi avec laquelle il défend, en art et en littérature, le droit à la lumière des beautés nouvelles. […] Un pauvre forçat est amené en l’île de Nisida et, dans ce bouquet de verdure qui charme les yeux des étrangers venus à Naples pour s’aimer, se baigner, prendre l’air pur de la Liberté devant des flots bleus, la vie monotone des galériens s’écoule au seul bruit des cliquetis des anneaux de fer. […] L’esprit capricieux de Ludovic était sensible aussi au charme de la musique, et il y avait dans la nature de Léonard comme quelque chose de magique. […] Il ne nous reste aucun portrait de sa jeunesse ; mais tout nous porte à croire que jusqu’à cette époque avait rayonné autour de lui, dans sa voix et dans son extérieur, quelque charme assez fort pour contrebalancer les désavantages de sa naissance. […] L’hésitation qui l’avait hanté toute sa vie, et l’avait rendu semblable à un homme sous le charme, pesait alors sur lui avec une double force.

10. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

En face, vers Toul, c’est la montagne dans les roches de laquelle se nichent des hameaux ; au sortir du village, au tourne-bride, c’est la tuilerie avec le feu vif de ses terres et l’étoile rouge de son four, et le rû du Genêt, et le chemin qui conduit vers la Vôge, le chemin où est Florémont qui a le chef de saint Crépin, où est Charmes la grand-ville du bailliage, Charmes au grand pont d’où la Moselle s’échappe pour trahir et percer, par la province, là-bas, vers le Rhin. […] — Et cependant Orphée vient impunément parmi nous sans rien voir de nos charmes, et il chante impunément les charmes de son Eurydice, observa Mélanie, dont les yeux glauques et brillants d’une étrange flamme semblaient refléter des visions infinies. […] S’arrachant avec effort au charme de cette séduction, il reprit : — Laissez-moi retourner à la plage. […] Les premières, où s’entassent les âmes nouvellement débarquées, sont d’une eurythmie agréable ; et le motif II, avec son ange bénissant au geste majestueux d’onction, dégage un charme indicible. […] Quant à la dernière scène achevée, elle a, quoique allégorique, le charme d’un décor agreste.

11. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Et aujourd’hui encore, son œuvre, avec son archaïsme et sa gaucherie, garde pour nous un charme sans pareil : il n’y en a pas où nous entendions mieux l’écho de l’ingénue et douce piété de la Cité de Marie. […] Peu de peintures sont dotées d’un charme si profond et si pénétrant. […] En réalité, tout le charme est dans la qualité des lignes et des modelés pour Botticelli, pour Verrocchio comme pour Sano di Pietro.

12. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Lafenestre, doublés d’un poète, et le milieu où vécut l’artiste de Pieve di Cadore, le charme et la puissance de ses œuvres sont évoqués magistralement. […] La plus grande poétesse vivante de l’Italie s’est éteinte ainsi, enveloppée d’une nuée pleine de charme funèbre. […] La double mort lui donne une auréole de beauté qui sans nous éblouir nous charme. […] Le peintre s’en tient au charme général et superficiel des ensembles. […] Une très grande naïveté d’écriture et d’argumentation n’atteint pas le charme d’une très grande ingénuité.

13. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Il faut Ie parfum d’amour de leurs fleurs étoilées avec le charme du fruit que l’on peut cueillir. […] Elle songe aux charmes des Grâces, balançant, en cadence grave et lente, la fragilité de leurs corps graciles, avec l’enlacement harmonieux de leurs mains. […] » Redevenue naïve, elle sera la Nymphe des Prairies, souriante et frissonnante au souffle du mâle Zéphyr, et sa fuite ne sera qu’un jeu, et les fleurs écloses sur sa bouche diront son attente de la main qui gerbera les charmes de son corps fraîchement épanoui.

14. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Le Charme, de M.  […] Comme les courtisanes grecques dont elles avaient la tradition, nos admirables cortigiane de jadis se tenaient le corps aussi net et poli qu’un marbre et, quoique cela puisse contrarier nos goûts moins raffinés, il aurait été impossible, et malhonnête, de louer leurs charmes en proférant ce vers de Virgile : Muscosi fontes et somno mollior berba .

15. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Dans l’Enfant de Volupté, comme dans l’Intrus et le Triomphe de la Mort, M. d’Annunzio excelle à rendre le charme des fruits et des fleurs, la volupté des saveurs et des parfums : et il y a dans la Ville morte quelques couplets lyriques sur les oranges, les myrtes, et aussi sur l’eau, qui sont des poèmes exquis. […] Puccini, a certainement été touché par sa jeunesse et par son charme ingénu ; il l’a traitée avec amour. […] Ce n’est pas là un de ces ouvrages hautement artistiques, qui imposent les fécondes réflexions, et dont il est dit qu’ils font penser… Le spectacle est varié ; aux bouffonneries succèdent avec symétrie les scènes sentimentales dont certaines sont empreintes d’un charme touchant et vraiment particulier. […] Les femmes qui ne travaillent pas sont la beauté du monde et la terre ne sera habitable que lorsque aucune femme n’aura de labeurs que ceux qu’elle s’imposera elle-même, par instinct, pour avoir toujours plus de grâce et plus de charme.

16. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Prosper Blanchemain, qui commenta Ronsard pendant dix ans, de 1857 à 1867, imagina que Cassandre, “dans les belles prairies de la Touraine”, était “une toute jeune fille, presque une enfant, pauvre et simplement vêtue, mais ayant pour parure cette première fleur de la jeunesse et de la beauté qui charme les rêveurs”. […] Quelle captivante figure que cette Sofonisba Anguissola, qui eut une grande réputation de charme et presque de beauté, dont les musées et les collections possèdent des portraits si savants et si précis, qui mourut aveugle, hélas ! […] Fournier-Sarlovèze, cette exquise Sofonisba et ses cinq sœurs pleines de charme et de talent, mais je suis loin de la suivre dans sa conclusion et d’approuver son conseil aux jeunes femmes du monde de se livrer à la peinture et de mettre l’atelier à la mode. […] Ces femmes sans beauté, c’est-à-dire dans lesquelles nous ne trouvons pas les traits d’élection de notre type de beauté, qui sont grandes et sans grâce, qui n’ont pas le charme, ces compositions qui sont si voisines de la vie quotidienne réduite à sa plus essentielle simplicité, ne nous semblent pas des moyens dignes d’exprimer les mystères divins.

17. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 232, 15 février 1907 »

Peintre sacré et peintre profane, ordonnateur des fêtes, compagnon d’un charme incomparable, créateur d’œuvres hydrauliques et mouleur de statues triomphales, il s’adonna sans peine à la joie de gaspiller cette énorme force qui, physiquement et cérébralement, émouvait sans cesse l’élégance attique de sa personne.

18. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Peut-être a-t-il été fâcheusement influencé par la fluidique faconde du Tolstoï de la dernière heure, de l’insupportable prédicant de la Sonate à Kreuzer ; cette influence, du moins, ne s’est pas étendue au style, qui ne manque ni d’art ni de charme dans sa simplicité un peu rigoureuse.

19. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Leur charme est fait beaucoup de « l’inconnu exotique » qui subjugue facilement un « civilisé » avec la révélation de mondes, contemporains et inconnus. […] L’érudition scrupuleuse et multiple de Michel Brenet, bien loin d’être rébarbative, s’énonce en un style élégant, sobre ou chaleureux qui charme dès les premières lignes et retient jusqu’à la dernière. […] Luigi Capuana fait paraître un roman délicieux, un original conte de fée, qu’il appelle Re Bracalone et qui ajoute des charmes à sa vaste renommée. […] C’est un livre plein de charme. […] Qui donc songe à nier que Léonard ait été touché par le charme de ses modèles et qu’il ait, en grand artiste, dégagé ce charme particulier que les maîtres précédents n’avaient pas su voir et que les maîtres qui l’ont suivi n’auraient peut-être pas vu sans lui ?

20. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

La génération qui vécut autour de d’Annunzio l’imita, en subit tout le charme, en fut si éprise que, très faible sans doute, elle ne se réalisa point ou se réalisa mal ou peu.

21. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Lenzoni démontre l’impuissance de la science à établir une vraie vérité ; de la comtesse Lara, une étude sur Francis Saltus, littérateur américain ; Cesare Lombroso note que beaucoup d’hommes de génie furent épileptiques et se hâte de conclure : « Le génie n’est qu’une des formes de l’épilepsie », — raisonnement dont la naïveté a quelque charme ; M.  […] Capuana : sa critique, genre Lemaître, n’a pas ombre d’érudition, et pourtant, quoiqu’elle parle d’étrangers qui lui sont presque des inconnus, elle est juste que c’est un charme et jusque dans les nuances des idées : « Armand de Pontmartin, dit-il, ne laisse rien qui puisse lui survivre.

22. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

— Voici un livre d’érudition à la fois et de charme, Les Femmes dans l’œuvre de Dante. […] « Voltaire, le hardi Voltaire, dont la plume n’a pas de frein, Voltaire qui dévora la Bible, et ridiculise nos dogmes, doute, et après avoir fait des prosélytes d’impiété, n’a pas bonté, étant réduit à l’extrémité de la vie, de demander les sacrements, et de mettre sur son corps plus de reliques que Louis onze n’en avait à Amboise. » Voici une opinion qui se rapproche du ton des Mémoires : « Une folle jolie, sage, et vertueuse tant qu’il vous plaira, ne doit point trouver mauvais qu’un homme séduit par ses charmes se mettre à l’entreprise d’en faire la conquête. […] Charme divin de mes loisirs, Solitude ! […] Le passage débute ainsi : « Je suis arrivé à Londres il y a six mois, et je les ai vues chez elles, et la jeune fille m’agaça avec ses charmes plusieurs fois vendus, et suspendit ma juste colère et mes prétensions pour vouloir être paié.

23. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Notre médiocre édition à quarante sous lui a suffi pour goûter tout le charme des Promenades. […] Cette piété napolitaine, très enfantine et, justement parce qu’elle est enfantine, d’un sentiment frais, a du charme. […] La lumière atténue ou renforce les tons cuivrés des boucles brunes, les lignes des joues, la suavité des yeux, le charme du sourire. […] L’une, dans sa totalité et dans le charme de sa pose animale, l’autre apparaît à demi. […] Son charme devait m’atteindre et me détruire.

24. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Il montre que le Sodoma ne subit qu’indirectement l’ascendant du Vinci, et que Giovann-Antonio, né à Verceil en 1477, fut dès l’âge de treize ans mis en apprentissage chez Martino Spanzotti, petit maître attardé dans les formules quattrocentistes, dont la Vierge du musée de Turin ne manque cependant pas d’un certain charme archaïque. […] Elle trouve dans cette langue, qui est non moins celle de l’amour que la langue de Pétrarque, des accents d’un naturel délicieux, d’un charme pénétrant, d’une candeur qui surprend, d’une confiance éperdue, dont seules les novices sont susceptibles. […] Il identifie tous les fragments qui nous en restent et en donne la reproduction en d’excellentes photogravures, nous faisant ainsi goûter pleinement le charme de cet ensemble extrêmement varié où Luini s’est montré si bien le « pittore delicatissimo e molto vago » qu’a loué Vasari. […] Jamais je n’oublierai les heures que j’ai passées sous le charme de sa parole à la clinique médicale de l’Université de Bologne : personne, ni avant, ni depuis, ne m’a donné une impression aussi forte et aussi directe de la puissance de l’esprit humain. […] … De Narbonne à Béziers il n’y a que cinq lieues, et mon intention n’était pas de borner là ma course de la journée ; mais mon lecteur le sait, la bonne chère a toujours eu des charmes séduisants pour moi, et cette passion-là, Dieu merci, ne s’affaiblit point avec l’âge… la bonne chère donc, l’excellente chère, que la plus aimable des hôtesses me fit faire à dîner, m’engagea à rester pour souper avec elle et toute sa famille… Béziers est la ville la plus faite pour servir de retraite à un philosophe qui aurait renoncé à toutes les vanités de la terre et à l’épicurien voluptueux qui voudrait jouir de tous les plaisirs des sens, sans avoir besoin d’être riche. — D’abord l’esprit naturel est une production endémique de ce beau pays ; tout le monde en a ; le sexe y est beau, et on y fait excellente chère à prix fort modéré.

25. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Corrado Corradini a traduit en vers élégants un choix de cette bizarre littérature, mais il faudrait le texte ; ce latin a son charme que ne peut rendre nulle transposition.

26. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Mes frères casanovistes, c’est grâce à cela que nous pouvons connaître ce modèle de vertu et de charmes qu’il nous cachait presque. […] Et on pardonne à l’auteur aisément certains détails superflus qui parfois nuisent à l’unité de son travail, comme on les pardonnerait à un causeur, érudit et aimable, qui nous tiendrait sous le charme de sa parole et de son geste. […] Réédition très luxueuse des visions de la ville des doges par Henri de Régnier, qui sut trouver, dans le somptueux décor convenu des coins d’intimité d’un charme tout nouveau et plus vraiment poétiques peut-être que les décors déjà tant chantés. […] De ce maître suave, dur, irritable et puissant, les âpretés s’imposeront par un charme fait de raison et d’éloquence, de musique et d’amour. […] Mais ni les douces graduations des nuances, ni la gamme délicate des ors, ni la pureté des lignes, ni le charme émané de cette foule biblique, ni l’harmonie contenue en ces tableaux que caressèrent les plains-chants palestiniens n’impressionne sa sensibilité.

27. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Elle est, à mon sens, l’image de tout ce qui attire, fascine, charme, puis terrifie. […] Mais lorsqu’ils se sont abandonnés, après mille luttes stériles, au charme de Rome, ils entrevoient enfin le bonheur. […] Je vais transcrire tout de suite, pour les fortunés qui lisent l’italien, une de ces premières pièces, dont le charme est intraduisible. […] Si on les traduit, on a l’impression qu’il n’y avait rien : tout leur charme réside dans l’harmonie et dans la disposition des mots — et aussi dans l’intuition unique nouvelle qui les a fait naître. […] Le directeur des Marges qui connaît Naples mieux que personne, à preuve son dernier roman, les Noces Folles, et ses impressions de voyage, De Cadix à Messine, nous a évoqué sa ville favorite avec une verve, un charme et un pittoresque chaleureusement appréciés par son nombreux public.

28. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

La maladresse et la candeur suprême de la muse du vénérable de Jouy ne gênèrent nullement Rossini pour atteindre, en quelques pages de Guillaume Tell, à un lyrisme purement musical d’une humanité parfois poignante, d’un charme naturel exquis ou d’un enthousiasme irrésistible. […] Il est presque toujours un bon élève des maîtres ; il possède un sentiment païen de la nature qui n’est pas sans charme, bien qu’il n’arrive pas à créer des formes nouvelles. […] Ungaretti possède au plus haut degré l’art de manifester des états d’âme compliqués, des nostalgies pathétiques, des simultanéités fantastiques dans une forme sobre, avec une félicité suave qui nous enserre dans le cercle magnétique de son charme naturel. […] En art, elle essaye de donner une note personnelle, mais on y cherche vainement ce reflet de poésie qui charme les foules. […] Après des essais de philosophie et d’histoire religieuse — il avait appartenu au groupe milanais du Rinnovamento (1908), la meilleure entre les manifestations du modernisme italien, — il était passé franchement à la littérature avec un petit roman (Il Peccato, Firenze, La Voce, 1913), où sa prose, parfois très personnelle, s’épanouissait dans une sensualité teintée de mysticisme qui n’était pas sans charme.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Un souffle d’intimité calme, une poussée harmonieuse de vie intérieure en élargit la signification et le charme.

30. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Mais, quoique le programme érudit nous assurât que le susdit concert fut consacré à l’Orfeo de Luigi Rossi, et que cela put justifier à la rigueur le nombre des fragments qu’on nous servit tirés de plusieurs opéras du maestro, la musique de ce compositeur, chu depuis dans un opaque oubli, a perdu tout le charme qui fit jadis la renommée de son auteur sans y gagner pour nous en intérêt quelconque. […] Le charme du livre est surtout dans la psychologie des personnages, dans les pensées qui échappent à l’écrivain et à son héros, dans l’écriture souple et parfaite. […] Le style de M. d’Annunzio, et cette langue magnifique qu’il emploie, la splendeur de ses figures, le charme de ses descriptions, me paraissent dignes de louanges.

31. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

La nature extérieure à laquelle l’imagination du poète emprunte les prestigieux décors de l’amoureuse aventure, les formes d’art les plus raffinées auxquelles se complaît son talent descriptif, ne sont qu’un intermède lyrique ; dans leurs promenades sur l’Aventin ou à la Trinité des Monts, Hélène et André sont bien moins occupés de l’impérissable beauté de Rome et du charme de l’heure que de l’étreinte prochaine où se perdra une fois de plus leur désir, dans le poème musical de Tristan et Yseult ; c’est la fatalité de sa propre passion que Georges retrouve, et l’impossibilité de lutter contre l’instinct qui l’a indissolublement lié à l’Ennemie, et auquel il n’échappera que par la mort. […] C’est sur l’eau, celle de la Seine ou de la Méditerranée, que Maupassant a vécu toutes ses heures d’oubli, c’est à elle, aux parties de canotage de Maisons-Laffitte, de Croissy ou de Sartrouville, que sont liés ses meilleurs souvenirs d’amour. — C’est à elle qu’il demandera la guérison de ses nerfs ou le charme périlleux des hallucinations qu’il aimait.

32. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

On connaît le sujet de ce tableau : Vénus est étendue nue, au premier plan, sur un lit de repos, les regards dirigés vers un petit chien qu’elle caresse (dans le second tableau, ce chien est supprimé et c’est à un Amour qui lui parle à l’oreille, que Vénus prête son attention), tandis que sur le côté un jeune seigneur, vu de dos, mais se tournant à demi vers la déesse, la charme des sons d’un orgue dont il joue. […] Le charme tranquille de cette visite annuelle me revient à l’esprit, avec les entretiens du maître, la table patriarcale, strictement rituelle avec les mets d’usage, la douceur pénétrante de l’air, et ce grand palais Doria, dont il était le Doge. […] On y retrouve le charme des rues solitaires et des pauvres jardins de la Romagne, mais il faut avouer que M. 

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