Cécilia n’a pas de peine à reconnaître sous le masque les traits d’une de ses amies, qui justement a été chez elle le même jour pour fouiller avec un prétexte dans le tiroir et enlever son portrait à elle ; mais, comme on vient de le voir, le portrait lui est échappé et il tombe plus tard dans les mains de l’épouse légitime. […] J’en détache les quelques lignes suivantes, si typiques et si clairement formulées : « L’artiste manifeste sa manière et comme sa physionomie en adaptant, par une tendance naturelle, les portraits mêmes à un type uniforme et en altérant les traits des visages d’après un canon conventionnel, qui n’est autre que la résultante des observations faites par l’artiste sur ses propres traits et sur ceux d’autres personnes qui lui sont familières ou sympathiques. […] Tel artiste tourmente les contours de ses figures ; tel les trace hardiment à coup sûr ; tel les marque en traits interrompus. […] Mais à côté des caractères généraux du trait, il y en a de particuliers : c’est, ici, l’indication d’une mèche de cheveux, d’une ride de la peau ; là c’est l’indication des veines, des muscles, du squelette. […] Ces femmes sans beauté, c’est-à-dire dans lesquelles nous ne trouvons pas les traits d’élection de notre type de beauté, qui sont grandes et sans grâce, qui n’ont pas le charme, ces compositions qui sont si voisines de la vie quotidienne réduite à sa plus essentielle simplicité, ne nous semblent pas des moyens dignes d’exprimer les mystères divins.
Strabon avait déjà discerné les traits généraux de la figure géographique de la France ; il avait noté leur harmonie ; il considérait la Gaule comme un organisme. […] Mais la déclamation se perd en l’air, et souvent on ne la retrouve plus… Je cherchai des signes pour du moins marquer les traits les plus saillants. […] Comment se fait-il alors que des paysages normands s’évoquent parfois dans la vision de l’écrivain italien, que des types du pays de Caux, que des traits de mœurs observés et des anecdotes recueillies dans les environs de Rouen ou du Havre se soient prêtés à la singulière transposition que leur fait subir G. d’Annunzio dans ses nouvelles pescaraises ? […] Page 164, un trait faux : « Si violente que fût son irritation contre Markward (la principale créature de l’Empire en Italie), Innocent III avait conscience que la guerre n’était pas précisément le fait d’un chef de religion. » On sent que de tels papes, à une telle époque, n’avaient point de ces scrupules. […] Son biographe le tourne et le retourne, multiplie les traits, et cependant, signe de vie, l’impression ainsi communiquée va toujours se simplifiant, sans toutefois être jamais réduite à l’unité totale, qui serait sans doute abstraite et factice.
Puisque l’humanité a fleuri tellement sous ses traits il ne faut désespérer ni d’elle, ni de soi. […] La première se définit aisément ; on en a marqué les traits et l’ascèse : la seconde apparaît toute individuelle. […] Il accorde que certains traits montrent le tempérament et les vices de l’homme et en donne seulement quatre exemples ? […] Chuquet, a trait au voyage que le général fit en Italie, en 1797. […] Les traits anguleux, les rides profondes montrent l’usure de l’homme de guerre, dur pour soi-même comme pour les autres.
L’émotion, un instant, détendit ses traits. […] Peut-être même lui reproche-t-il de ne s’être pas indignée à la pensée de rester, elle, la femme d’un Stella-Lucente, sous les regards, inquisiteurs d’un peintre, d’un amant de la forme, qui l’étudiera trait par trait ! […] J’ai essayé de découvrir sur ses traits un signe d’exaspération. […] J’ai vu du mystère sur vos traits, pendant que vous écoutiez les sérénades et la voix de l’amour ! […] Gluck entra dans mes voies… Je cherchai des signes pour du moins marquer les traits les plus saillans.
Le reste du volume n’est pas rédigé avec moins de soin, mais la vérité y apparaît moins sûre, et cela est inévitable puisque la figure des vivants change à chaque jour de leur vie il y a néanmoins bien des traits qui ne seront plus modifiés dans les fusains que M. […] Mais on ne peut citer de lui aucune parole assez précise pour justifier cette impression ; elle eût d’ailleurs été en désaccord avec un génie dont un des traits principaux est une tendance à se perdre dans un mysticisme raffiné et plein de grâce. […] La teinte dont la mort violente est toujours accompagnée se retrouve dans les traits de cette figure : traits singulièrement solides et majestueux, quand on les regarde à l’envers, habilement raccourcis, le tableau penché par le haut, et comme glissant en bas, de façon que le sommet soit en avant, pareil à une grande pierre blanche, contre laquelle vient se briser le flot des serpents. […] Car il y avait un trait de germanisme dans ce génie qui, comme disait Goethe, « s’était fatigué en pensant, müde sich gedacht. […] Barbiera, qui a pu voir plusieurs de ses portraits, nous affirme qu’elle n’avait rien de commun avec les inquiétantes héroïnes des vieux peintres lombards ; elle n’était pas même proprement jolie, mais ses traits étaient à la fois très nobles et très doux.
— Il est riche, votre vin, dit-il en rendant la coupe à Stérope, qui la vida d’un trait et la garda ensuite, le bras pendant. — Il est vraiment délicieux. […] Certaines compositions ressemblent à des études pour fresque, d’autres à des préparations de gravures ; quelques-unes, simples ébauches, ont le charme de croquis enlevés d’un trait preste. […] Ces figures ont été modelées en brun comme pour servir de carton ; celles de la scène suivante, second tableau du même acte, sont au trait et disposées fort expressivement de la même manière. […] Ses moyens d’expression étaient avant tout le trait. […] Il faut, encore une fois, considérer ces dessins comme une préparation ; on ne saurait admettre que le maître au trait charmeur n’ait pas résolu de reprendre toutes les têtes hâtivement construites.
l’originalité paradoxale du nouveau portrait d’Auguste, du portrait signé Ferrero, c’est… sa modestie même, voulue ; il y a comme un parti-pris de touches ternes, de traits étroits. […] L’Orient pouvait bien se croire dépendant d’un monarque (et, en fait, il en dépendait), mais l’Occident latin ne s’était pas encore dépris du type du magistrat romain dont la tradition républicaine avait combiné les traits. […] Dès maintenant, l’on ne peut refuser à l’historien le mérite d’avoir marqué en traits vigoureux, fût-ce au prix de certaines exagérations, les caractéristiques du principat d’Auguste, une des formes les plus subtiles du pouvoir politique à Rome, sorte de transaction entre la conception latine de l’État et l’orientalisme dont le flux grandissant était gros de formes monarchiques et absolues.
C’est un gars à toison rousse et bouclée dru, festonnant sur un large front, haut des tempes ; les traits sont réguliers, le teint pur, les yeux grands et clairs, la bouche joyeuse sous a gauloise moustache forte et rouge ; — le menton nu, ferme, plein, volontaire. […] Pourquoi la sculpture n’a-t-elle été le plus souvent considérée que comme la science des traits arbitrairement figés, des formes enserrées en des conventions linéaires, — vaine méthode d’équilibrisme puéril et de manèges monotones ? […] Il quitte le boulevard Voltaire, installe sa première fonderie rue Cauchois et se lance dans des études d’un ordre nouveau et d’une extrême audace : La Femme sortant de l’Église : figure gazée d’une longue voilette flottante, émergeant vive et franche, au grand jour d’une obscure décoration façonnée en impression de portail ; — le Sportman, homme de belle santé, pris en plein soleil sur un champ de courses, insolemment campé, le gibus provoquant, le veston tendu, fouetté d’air vif, trempé de soleil ; — l’Enfant au sein, vorace, animalement absorbé par sa succion goulue, la joue ballonnée, pétrissant de sa menotte grasse et forte la bonne et tendre mamelle qui palpite hors de la chemise froissée ; — la Cantatrice, impression de femme faite pour un éclairage très spécial, blanche figure à peine dégagée de la matière et qui semble d’abord indistincte, à peine dessinée par quelques traits d’esquisse, puis, peu à peu, s’éclaire, s’agite, s’anime sous le regard, se complète, s’exprime et se béatifie en l’exaltation de quelque vocalise éperdue.
Ils ont pris un nom : les Casanovistes, comme il y a des Moliéristes qui enregistrent tout ce qui a trait au grand homme. […] Encore un trait de moi qui avait stupéfié la bonne femme… Et, précisément, c’était un mot du marquis de Baiano, qui m’invitait à le venir voir dans l’après-midi. […] Voilà pour les traits généraux de la terre de Circé. […] Pianosa répond donc, trait pour trait, au texte homérique ; elle présente non seulement les caractères généraux de l’île de Circé, mais encore tous ses détails, et surtout l’un d’eux, le plus original et le plus particularisant que l’on puisse imaginer45. […] Déjà certains traits descriptifs sur la bataille de Waterloo, d’une sécheresse singulière, et indubitablement véridiques, m’ont averti.
Je lui dois d’excellents traits de caractère sur les Calabrais.
Ce ne fut ni de la tristesse, ni de la mélancolie qui métamorphosèrent ses traits, mais une sorte de colère. […] Les clartés bien combinées modelaient sa face et mettaient ses traits en valeur. […] Mais un trait, peut-être encore plus à l’éloge de la méthode de M. […] Un miroir reflétait la poitrine et les traits de sa figure ; une cuirasse le profil droit ; un bouclier le profil gauche. […] Elle m’avait planté au cœur un de ces traits que l’on ne peut arracher sans mourir.
Elle ne conserve que les traits qui lui donnent une expression religieuse. […] Pour rédiger cette espèce de journal intermittent, il se sert de fragments quelconques de papier, parfois, la page blanche d’une lettre au revers de laquelle se lit encore l’adresse ; et c’est un trait caractéristique de l’homme à l’esprit infiniment curieux qu’était en réalité cet aventurier, qu’il y ait si peu de détails purement personnels dans ces notes occasionnelles. […] Mais il est plus grave de constater qu’il se croit sûr de lui ; il est beaucoup moins attentif et appliqué devant la nature que le maître aux yeux humbles et à la pensée concentrée des périodes suivantes ; celui-ci ne risquera plus un trait de pinceau que l’esprit tendu sur le modèle. […] Ce n’est qu’une vache, mais toute dessinée au trait et avec combien d’amour… Les voici à l’œuvre les mains et les yeux humbles dont parle d’Annunzio à propos de Segantini. […] Et la surprise sur le fait, quelque jour, d’une bergère ainsi adossée contre l’un de ces souffreteux petits arbres estropiés de la montagne, n’a-t-elle pas été le trait de lumière ?
Il y en a une toute brune au teint vraiment beau d’orange ; mais les traits sont plus épais, les articulations, les attaches plus vulgaires ; la grâce naturelle semble éteinte. […] Et c’est aussi dans le même but de vivre dans l’esprit de la postérité que les grands font élever des monuments qui gardent leurs armes, leurs noms, leurs traits. […] Trait, modelé et coloris sont d’un vérisme étonnant ; le fond lui-même, brossé dans une gamme claire et grise, est, à l’inverse de Titien, suivi dans tous ses détails, sans pourtant que rien nuise à l’ensemble. […] Doumic me fit atteindre Elle et lui, pour y chercher les traits les plus marqués de Richard Palmer, cette autre incarnation de Pagello. « Tout de même George Sand a connu Pagello de beaucoup plus près que l’honorable conférencier, pensais-je, il n’est pas indifférent de la consulter. » Au hasard des feuillets, je relevai ces passages : Il était d’une beauté accomplie, ce qui, au premier abord, lui donnait l’air inanimé propre aux figures régulières. […] Le poète moderne l’a évoquée ainsi, toute ardente dans son indomptable fièvre sensuelle, tourmentée dans sa chair comme une flamme dans le vent, et tendue comme un arc qui se brisera dès que le trait sera lancé.
Sous les traits plutôt chiffonnés de Mme Nicot-Vauchelet, l’héroïne semblait avoir jusqu’à l’excès maigri depuis le jour où Praxitèle avait immortalisé sa beauté dans le marbre de la statue, dont un rideau soudainement tiré nous dévoilait la poitrine opulente et la taille inapte au corset. […] Il a la douceur des traits, le col d’une femme, il séduit au point qu’un Léon X ébloui ne voit plus la transcendance d’un Léonard. […] Ailleurs, le Vinci observe justement qu’il est plus difficile d’ombrer une figure que d’en dessiner les contours, et il en donne pour raison qu’on peut dessiner toutes sortes de traits en travers d’un verre plat placé entre l’œil et l’objet, tandis que ce procédé est inutile à l’égard des ombres. […] Certes le modèle concourt à l’expression, mais simplement dans la mesure où il concourt à la traduction des formes ; le trait, dans une œuvre d’Holbein par exemple, est au moins aussi expressif que le modèle. […] Il est un peu prolixe et l’accumulation des traits qu’il réunit fatigue à la longue, mais il n’empêche qu’il sait camper des types contemporains.
« Je ne saurais dire ce qui resterait de moi, écrivait-il près de cinquante ans plus tard, si je pouvais en soustraire ce que je dois à mon séjour en Italie. » Voyageant lentement, Vischer observe avec humour et avec sagacité et plus d’un trait qu’il note à l’usage de ses intimes rappelle telle boutade des Promenades dans Rome de Stendhal.
Dans ce premier volume, Avant Machiavel, l’auteur a rassemblé tous les traits de « machiavélisme » dont abonde l’histoire des États italiens ; car Machiavel n’a pas créé, il a formulé ce que l’on a appelé, d’après lui, le machiavélisme, et ce qu’il a observé, dans son livre du « Prince », d’après nature, d’après ce César Borgia qui lui-même eut pour prédécesseurs quelques types déjà caractéristiques de politicantes italiens, tels que Castruccio Castracani, le plus ancien, puis les deux premiers Sforza, Bianca Maria Visconti, Girolamo Riaro, Catherine Sforza.
. — Dante a lu Boëce dans la tristesse ; Boëce, captif et banni du monde, s’était consolé lui-même : « Je découvris un remède à mes larmes, je découvris que la philosophie était la grande chose des livres et des sciences, et je me l’imaginai sous les traits d’une dame noble. » XII. — Par ciel j’entends science, selon la similitude.
Ce n’est pas un fou complet, mais un demi-aliéné, un demi-fou, un dégénéré chez lequel se retrouvent les grands stigmates psychiques de la dégénérescence avec certains traits particuliers : hérédité habituellement mauvaise, instabilité, changement perpétuel de métier, de séjour et d’humeur, vanité, irritabilité, impulsivité, lucidité habituelle, comme caractères généraux ; mysticisme, tendance à subir les influences ambiantes, à se passionner pour une cause altruiste (religieuse, politique, nationale ou mondiale) que l’occasion fait surgir, idée fixe, en tuant un grand personnage, d’accomplir, au prix de la vie, une action d’éclat profitable à l’humanité, orgueil érostratique du crime commis, protestation indignée et violente contre l’imputation de folie, courage souvent extraordinaire dans les supplices, analogue à celui des martyrs d’une foi ou d’une idée… Il est bien évident, après lecture de l’étude de MM.
Quelques traits souligneront ces observations : L’acte à Venise étant supprimé, nous ne connaissons pas Desdémone, si bellement sculptée en le noble langage qu’elle tient à Brabantio. — Othello est âgé d’environ cinquante ans ; ce n’est pas en vain que Shakespeare a élu pour victime de la jalousie un homme mûr, un rude soldat ignorant l’amour léger des damerets.
C’est donc en ces volumes qu’il est bon de rechercher la physionomie du poète, telle qu’elle s’y dessine, dans des traits qui, vraisemblablement, n’auront pas à se modifier plus tard.
Dès les premières scènes, les personnages montrent leur physionomie : nous avons parlé du Roi, mais cette douce Princesse Béatrice, cette vaillante Reine Alexandre, toute dévouée à un idéal de sacrifice pour son auguste époux, ce député Forca qui se pose en maître de la populace tandis qu’il n’en est que l’esclave tremblant, et d’autres silhouettes ne sont pas moins heureusement présentées en quelques traits bien choisis. […] À mon avis, elle est un trait que rien ne justifie et qui fausse le caractère de ce personnage, jusqu’ici remarquable et, par certains côtés, sympathique.
Examen des passages de l’Énéide qui ont trait à la Marine, par M. […] « J’ai montré, dit-il, en analysant le quatrième livre de l’immortel ouvrage du curé de Meudon, que le savant homme savait tout peut-être, excepté ce qui touche à la Marine ; que le navire, la navigation, et même le vocabulaire des mariniers lui étaient restés à peu près inconnus, et que, s’il rencontra juste quelquefois dans l’explication des termes usités sur les nefs du xvie siècle, ce fut vraiment par hasard. » Au contraire, lorsqu’il examine, du point de vue technique ce qui a trait à la Marine dans l’Énéide, M. […] Mais tandis que le roi aux jambes courtes, au torse bedonnant, aux moustaches énormes, à l’air sensuel et brutal, n’apparaît jamais héroïque ou martial en dépit de l’effort des sculpteurs officiels, Garibaldi offre partout, dans la pose du corps, dans le port de la tête, dans les traits, dans l’expression, une beauté et une grandeur réelles, qui percent même lorsque le sculpteur s’est montré inférieur à sa tâche. […] L’intérêt vrai des Mémoires n’est pas dans ces récits, mais dans la peinture de toute une époque admirablement représentée et qui a pu faire écrire à un homme tel que le Prince de Ligne des phrases comme celle-ci : J’ai connu Casanova homme célèbre par son esprit, ses ouvrages, l’érudition la plus profonde… chaque mot de lui est un trait et chaque pensée un livre. […] Si l’on rapproche les traits de leur physionomie sociale épars dans le poème, on voit apparaître un type d’ailleurs connu : celui du commerçant maritime en pays neufs et lointains16.
Brenet y révèle discrètement, en dissuadant d’y attacher une importance excessive, « ces traits descriptifs dont on a voulu attribuer l’invention à Jean-Sébastien Bach », — légende qui semblait s’implanter chez nous sous la déconcertante autorité de la lourde et superficielle compilation de M. Schweitzer, — alors qu’ils appartiennent si peu même « aux musiciens dramatiques du xviie siècle », que ces traits « se rencontrent chez la plupart des maîtres du xvie » ; sans compter tout l’art antérieur, à n’en douter guère, car la musique descriptive ou « à programme » remonte aux plus lointaines origines, au moins, et avec certitude, jusqu’au nome pythique de Sacadas et, encore avant lui, d’Olympos. […] Du maître on avait envoyé la Madone de l’église St-Augustin de Pausola ; Crivelli y accentue volontiers le trait ; le profil du nez est peut-être trop marqué, et Pietro Alamanni le suivra en cela dans son tableau d’Ascoli Piceno, mais la main de la madone de Crivelli est une merveille de dessin nerveux et de modelé, et l’attitude de l’enfant qui se retourne dénote chez le peintre une science incontestable. […] Mais ce qu’aucun burin ne saurait exprimer, c’est la tristesse indéfinissable répandue en tous ses traits, tandis que, sous d’épais sourcils, brillaient, comme au fond de cavernes, des yeux qui, quoique petits, semblaient vous percer. […] Et ils revivent par ci et par là dans quelques phrases heureuses, qui soulignant des traits de la science précise et de l’expérience d’hospice, leur silhouette littéraire, montrent dans une lumière nouvelle quelques secrets de leur intéressante psyché.
Peu ou pas de politique transcendante, la curiosité du reporter qui saisit la vie, le pittoresque des tableaux, le trait, l’anecdote, le mouvement de la rue. […] La figure de Daniele Cortis traduit assez bien les traits principaux d’un homme comme Fogazzaro, d’un esprit qui ne peut s’affranchir, même dans la plus vulgaire contingence, de l’obsession religieuse et morale. […] Doctrines et actions, l’œuvre des quatre écrivains dont j’ai retracé sommairement quelques traits reflète quelques aspects typiques de l’âme italienne ; si le caractère des écrivains diffère, « la portée de l’œuvre » plus ou moins étendue, la finalité ramène tout à l’unité : pas un d’eux qui ne veuille ennoblir l’évolution intellectuelle et morale des hommes et adoucir la rigueur de faits. […] L’un, cosmopolite serein, amoureux des Grecs, des Italiens, des Orientaux, n’eut d’allemand que certains traits de sa vie extérieure et la symbolique du Faust ; l’autre, juif et demi-français, mérita de pouvoir goûter l’Italie et de mourir à Paris, après avoir ridiculisé ses compatriotes selon la géographie.
La figure, sans être comme dans quelques-unes de ses œuvres absolument cernée de noir, est accusée d’un trait net, rigide, précis ; le pli des lèvres est mélancolique, le regard est grave, les mains sont bien d’un réaliste, un peu grosses et sans élégance convenue. […] Corradini a su choisir des couleurs riantes, pleines de lumières, pour la scène entre Ercole et Saveria ; il y a des traits singulièrement vigoureux ; cet homme qui hait et qui aime, qui veut arracher l’enfant naïf aux tendresses empoisonnées de la femme et la femme aux transports fiévreux de l’enfant, est une figure puissante, magistrale.
Provenzal ont trait à l’expansion coloniale. […] Il y a là un ensemble de pièces qu’il faut résolument cerner d’un trait et mettre à part.
Et voici un trait peu connu de l’héroïque folie garibaldienne qui trouve à se dépenser, qui affirme sa pérennité jusqu’en des heures sombres comme celles-là, où souffla un vent de désastre. […] Marabini, sans être une histoire suivie, est curieuse à lire, car elle reste vivante, animée, — même avec la précision excessive de nommer chacun dans ses actes, de noter les traits de caractère, de donner la biographie comme les paroles. […] Le fond de la composition est formé par une vue de parc qui, dans l’exemplaire de Berlin, est remplacée par un paysage montagneux, et l’auteur de cette variante a également modifié les traits du gentilhomme ainsi que la pose et la race du quadrupède, transformé en un petit chien blanc à longs poils qui jappe furieusement. […] C’est bien donc une jeune Italie qui se révèle à nous et dont les traits d’ailleurs vont en se précisant et en s’éclairant chaque jour.
Pour Titien, cette poursuite a duré soixante-dix ans ; et quand le vieillard a senti sa main trembler, ses yeux se voiler, tandis que toujours de nouvelles images de la beauté surgissaient en lui, on s’explique qu’avec la merveilleuse lucidité de son esprit il se soit trouvé las, et que le découragement l’ait pris, et qu’une immense tristesse se soit gravée sur ses traits.
Il mangea avec avidité et but à longs traits dans la gourde gravée que son père lui tendait. […] C’est un visage de jeune homme aux traits violemment accusés, à la mâchoire proéminente, qui n’est peut-être pas sans se ressentir de l’influence allemande. […] Ferrero, d’ailleurs, n’a pas eu tort de reprendre et de développer à propos du rôle de Lucullus des traits déjà visibles dans la conduite des généraux romains dès la guerre contre Antiochus le Grand, et même avant : initiative indépendante, politique personnelle à l’égard des rois vaincus, importance croissante du côté financier des conquêtes (pillage des temples, des trésors, confiscation des biens immobiliers et fonciers, etc.).
Lui-même écrivit, sous sa propre signature, une préface, sorte de biographie émue sur Lorenzo Stecchetti qu’il dépeignit sous les traits d’un jeune poète mort poitrinaire à la fleur de l’âge. […] C’est cette histoire que retrace à grands traits M. […] Stampini évoque les traits de ses anciens maîtres.