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2. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Érasme aimait le grec, mais aussi la bonne chère, et de parler la langue de Lascaris ne le nourrissait pas suffisamment. On ne parlait que grec chez les Alde, par une singulière affectation ; mais en 1508 Venise était toute remplie de Grecs et le grec était encore la langue de l’Orient. […] que nous voilà loin des matrones de l’école romaine, des Vénus et des Dianes des Grecs, de ces étranges figures noires, splendides et ruisselantes d’or et de gemmes des Byzantins ! […] Lombroso nous donne des spécimens du dialecte des anciennes colonies grecques établies en Calabre. […] La cour du Louvre doit prendre la forme d’une croix grecque ; ce que Lescot et Ponce ont édifié disparaît presque en entier.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 244, 15 août 1907 »

Un conteur de cette trempe se double nécessairement d’un érudit : celui-ci nourrit et fortifie son inspiration par une connaissance sûre et détaillée des littératures classiques ; les mémoires du xviiie  siècle lui sont aussi familiers que l’anthologie grecque ; sa curiosité et sa sympathie vont manifestement, non au labeur patient, appliqué, artificiel, des écrivains de pure imagination, mais à toute œuvre qui reflète avec précision la vie multiforme d’une époque ou d’un homme. […] Diehl. — De Syracuse, il reste peu de chose, — les Latomies, le théâtre grec, l’amphithéâtre romain, des fragments recueillis par les musées — à coté de quoi l’illustration en est réduite à reproduire : le temple de la Concorde à Agrigente, le théâtre et le temple de Segeste, le théâtre de Taormine. « La moderne Syracuse, revenue à son île étroite d’Ortygie, n’est plus qu’une petite ville proprette et coquette, dit lui-même l’auteur, où des maisons aux balcons élégants qui rappellent la Renaissance bordent les rues parées de larges dalles, où chaque tournant découvre une échappée sur la mer ou bien sûr la vieille citadelle qui domine l’entrée du port de sa masse pittoresque et fière. » Or, ce qu’on vient chercher à Syracuse c’est surtout les souvenirs de la civilisation grecque et il faut véritablement avoir une âme d’archéologue pour essayer de tirer parti de tous les fragments, de tous les pans de murs qui se découvrent et des ruines nombreuses que recèle le sol de la vieille ville afin de l’évoquer au temps de Hiéron II, de Denys l’ancien et de l’Expédition de Sicile.

4. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Un panthéisme sincère et profond passe dans toute son œuvre, et l’anime par les accents éternels de l’harmonie des choses C’est un panthéisme emprunté à la conception grecque de Géa, à la philosophie réaliste de Lucrèce, à la poésie bucolique qui nous charme à toute heure chez Virgile, chez Horace, chez Tibulle, chez Catulle. […] Cette compréhension profonde et intellectuelle de la nature a rendu possible chez Carducci son admirable divination du monde païen, grec et latin, qu’il ressuscite avec intensité dans les Odi barbare. […] Dès lors, ce n’est plus qu’une orgie où sombrent les, restants de l’art grec sous l’iconoclastie des Caligula et des Tibère.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Parmi les plus enthousiastes de la statuaire grecque, qui se doute de l’idéogrammatisme de la Vénus de Milo ou du sens si pessimiste de ces poupées funéraires que nous appelons des Tanagras ? […] « L’autre langage où peu de gens parviennent est appelé grammaire par les Grecs » ; et de celui-là Dante ne s’occupera pas. […] Boèce élève la voix contre ceux qui dédaignaient le latin de Rome pour vanter la grammaire grecque. […] Léopardi put avoir connaissance du mythe pèrse, soit par l’Histoire de Hyde (Oxford, 1760), soit par la traduction de l’Avesta de Anquetil Duperron (1771), soit dans les reflets du grand mythe dans la littérature grecque, que Léopardi connaissait profondément.

6. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Une foule grecque, noble et gracieuse, se pressait sous des portiques. […] En même temps se légitiment le sens et l’origine sémitiques que nous avons attribués à ce dernier vocable : Lamos est une traduction plus phénicienne que grecque du vocable italiote Orcus. […] D’autre part, l’étymologie grecque de Tartaros, nom de l’Enfer, paraît donnée par la répétition du radical ταρ, qui éveille l’idée de terreur et d’effroi. […] Comment, en effet, soucieuse d’exactitude, attribuerait-elle aux Vénitiens de cette époque, qui pervertirent l’art de la mosaïque, une habileté d’exécution égale à celle des Byzantins et des Grecs ? […] On a retrouvé, ces temps derniers, une intéressante Minerve victorieuse, et surtout une superbe tête d’éphèbe, du plus pur art grec, attribuée à Calamidas, contemporain de Phidias.

7. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Les voyageurs, grecs, en passant la Garonne avaient la sensation d’entrer dans un autre monde. […] C’est en grec qu’elle fut commencée. Irénée, à Lyon, avait formé un centre grec, de langue et de pensée. Rome, plus voisine, mieux outillée, plus ambitieuse, vint lutter à la fois contre les Grecs et contre les Celtes. […] Ses successeurs continuèrent l’œuvre entreprise et l’on sait comment les Romains, en adoptant l’architecture grecque, la modifièrent à leur usage. — Le livre de M. 

8. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Piermarini à devoir plus d’une fois constater et déplorer les lacunes de la provision des mots grecs qu’il avait jadis rapportés du collège. Il est vrai que son aimable interlocuteur, s’il ne savait point parler d’autre langue que le grec, employait du moins cet harmonieux et limpide dialecte thessalien qui, au témoignage des connaisseurs, se rattache de beaucoup plus près que les autres formes du grec moderne à la langue immortelle d’Homère et d’Eschyle. […] Après s’être d’abord lancé dans une abondante explication historique, il a dû s’arrêter au milieu d’une phrase, faute de termes grecs qui pussent lui permettre de résumer le contenu des divers Livres jaunes ; et se rappelant un mot dont la signification lui était familière : — La jalousie ! […] À cette date, les Turcs sont partis, les Grecs sont venus les remplacer ; et depuis lors les choses continuent d’aller exactement comme auparavant, avec cette seule différence que nous avons maintenant à payer beaucoup plus d’impôts. […] Depuis longtemps, d’après Rastignac, l’Entente aurait dû comprendre quelle était la portée des dissensions entre Venizélos et le roi de Grèce et se rendre compte des véritables dispositions des Grecs, de leurs vastes ambitions, des raisons de leur méfiance vis-à-vis de la Russie et de l’Italie.

9. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

On n’était point renseigné sur l’influence des artistes grecs, dépositaires de la tradition byzantine. […] Les Grecs fuyant devant les Turcs vainqueurs révélaient l’antiquité. […] En 1439, un concile avait été réuni à Florence dans le but de rapprocher les Églises grecque et latine. […] Il passa sa vie à commenter la philosophie platonicienne et à traduire en italien les textes grecs. […] C’est l’aïeule épique de notre race, ainsi que la courtisane grecque est notre aïeule esthétique.

10. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

Isidore Liseux, mort récemment dans la misère ou presque, après avoir donné aux curieux de belles et soignées éditions des Ragionamenti de Pietro Aretino, du Manuel d’Érotologie classique de Forberg, cette amusante compilation d’un savant allemand, où toutes les sanies des civilisations grecque et romaine se trouvent classées et cataloguées avec la patience d’un enthomologiste et la naïveté d’un clerc ; et enfin de tous les petits conteurs italiens, sans oublier l’excellent texte, que l’on peut considérer comme définitif, des Dialogues de Luisa Sigea. […] C’est le seul étranger, avec les Grecs, sur lequel il y ait dans les proverbes unanimité d’injures. […] Comme les courtisanes grecques dont elles avaient la tradition, nos admirables cortigiane de jadis se tenaient le corps aussi net et poli qu’un marbre et, quoique cela puisse contrarier nos goûts moins raffinés, il aurait été impossible, et malhonnête, de louer leurs charmes en proférant ce vers de Virgile : Muscosi fontes et somno mollior berba .

11. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

D’autre part, le nom de Phéaciens a exactement le même sens en grec : ἀκη sommet, φαίος noir nous donnent les habitants ou les gens de la Roche Noire. […] Cette troisième région doit être écartée ; il n’est pas admissible que, dans une mer complètement grecque comme l’Archipel, une tradition aussi importante que celle des Phéaciens n’ait laissé aucun souvenir. […] Les deux grands poètes des origines grecques s’accordent donc à placer la déesse, ou plutôt l’île qu’elle symbolise, aux environs de Gibraltar19. […] Une hypothèse bien simple à faire, après le doublet gréco-sémitique Phéacien = Schérie, c’est que Cyclope et Hypéreia, évidemment grecs, sont, eux aussi, des traductions du phénicien essayées au temps d’Homère, mais non adoptées par l’usage. […] De vrais cataclysmes ont des dates précises pendant la période grecque, et jusqu’au milieu de notre moyen âge.

12. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Dans les Poemi, la Cetra d’Achille, où Achille meurt devant le sommeil des guerriers, et s’éloigne calme et silencieux vers les portes d’Hadès, il y a la plus pure vision du Héros grec ; et non seulement du Péliade Achille, mais de toute l’âme héroïque des Grecs. […] Ce chœur, qui n’est pas grec, forme avec les extrêmes moyens musicaux de la parole une atmosphère mystique. […] La scène sera entièrement construite en pierre, comme celle du théâtre grec de Taormine, en Sicile. […] La compréhension de l’âme grecque est belle et la langue y est harmonieuse et riche. […] Édouard Laboulaye disait un jour qu’il préférerait au Ronsard offert par Sainte-Beuve à Victor Hugo le Nouveau Testament grec qui porte le simple nom de Racine.

13. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

À la Vénus de Cléomène, je prendrai la suavité du rythme certain des nombres, car, seuls, les Grecs ont connu toute la Beauté ; trois jeunes filles, sœurs de l’Aphrodite, onduleront sous la blancheur des voiles transparents comme une nuée en septembre, symbole des frissons encore chastes de l’Âme sereine. […] Si l’on excepte quelques merveilles du cycle macédonien, quelques monuments de l’art égyptien, puis, dans l’art grec, le Torse de Phidias et les Parques du British Museum, et, dans l’art romain, certains fermes portraits tels que le Vitellius — non point le beau garçon du Louvre — mais bien celui du Vatican, si l’on consulte les chronologies de la statuaire après les vestiges de ces périodes de création pure, où trouve-t-on l’artiste ingénu et sublime qui ne sache s’inspirer que de la Nature et que de lui-même et se risque à n’exploiter qu’un filon vierge ? […] L’admirable Byzance, calomniée par l’ignorance méthodique des cuistres, nous a, par d’analogues travaux, conservé vivantes des traditions littéraires sans lesquelles les anciens poètes grecs nous seraient aussi fermés que les coréens ou les tamouls.

14. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXV »

Le peuple se sert beaucoup de tambours, de castagnettes et d’autres instruments qu’on dit d’origine grecque.

15. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

L’art italien, à l’instar de l’art grec, a mis tout son effort à réaliser le type juvénile. […] Nos sculpteurs du Moyen-Âge ne connaissaient ni la théorie de l’androgyne, ni le canon de Polyclète : par la logique du génie ils résolurent le problème de la beauté plastique, comme les Grecs et comme plus tard les Renaissants. […] L’androgyne grec, ravi aux sphères éternelles, plane au-dessus de ce monde et remplit la vaste étendue qui sépare le mortel et l’immortel. […] Or le type le plus aimable qui soit pour des civilisés, c’est l’androgyne ou l’ange, selon que l’on parle grec ou chrétien. […] Cette morale était déjà celle du Demetrios d’Aphrodite après celle des petits lyriques grecs et celle de Molière.

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 229, 1er janvier 1907 »

Ferrero s’est appuyé, ici, sur l’autorité de Letronne, Égypte grecque et romaine, dont l’explication, complétée par les développements de Kromayer, lui paraît décisive, et « une des plus importantes découvertes concernant l’histoire de cette époque.

17. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Au Musée du Louvre : une tête grecque attique Auguste Marguillier. […] -C., c’est-à-dire appartenant à la période où l’art grec approche de son apogée. […] Enfin, on a retrouvé les manuscrits grecs et les incunables de la Bibliothèque. […] Dans l’Hippolyte grec, l’adolescent était au centre de l’action. […] Il y a aussi quatre troupes de violons qui jouent en grec et en latin, dont une de Placentins qui touchent un « Sant’Arcolano » ; on laisserait de boire, de manger et presque, de faire l’amour pour entendre si douce harmonie.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Aussi, comme les Grecs, et spécialement les Ioniens, ont les yeux tournés vers ce grand exemple, que leur remémorait, hier encore, la mort de Carducci !

19. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Cependant la tragédie chrétienne, comme substance et comme influence, demeura inférieure à la tragédie grecque primordiale. […] Et la musique, qui accompagnait la comédie de Térence, étant musique, ne pouvait être que grecque. […] Ainsi l’affabulation pourra surgir du chœur, comme chez les Grecs, c’est-à-dire de l’unanimité d’un groupe humain dans un but d’exaltation commune. […] En écrivant, je pense à la tragédie grecque originaire, voire même, et simplement, au chant du bouc et aux premières convulsions des fêtes populaires dionysiaques. […] Son recueil de traductions précises et belles du grec et du latin, qu’il appela : Verde Antico, demeure comme un témoignage de sa culture et de sa force.

20. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Le menton et les lèvres sont très minces et très réduits ; la lèvre supérieure est très étroite ; le menton est creusé, souvent effilé, très différent de ce menton large et carré des statues grecques, qui leur donne un air d’ampleur et de tranquillité, mais en même temps quelque chose d’énergique et de matériel. […] J’imagine que certaines danses grecques qui se dansaient dans les temples d’Aphrodite devaient ressembler à cet enlianement que les évêques ont défait. […] Chaque Faculté comprendra les chaires suivantes : trois de philosophie, une de pédagogie, deux de philologie classique (remplaçant celle de littératures latine et grecque.et de grammaires latine et grecque), une de philologie gréco-italique ou indo-iranienne, une de littérature italienne, une de philologie romane, une de philologie moderne non romane, une d’histoire ancienne, une d’archéologie et histoire de l’art, une d’histoire moderne, une de géographie anthropologique et politique. […] […] On arrive pourtant aux travaux relatifs à l’architecture classique, relevés et restauration de monuments grecs et romains, — un peu bien délaissés aujourd’hui, je l’ai constaté déjà avec plaisir — et parmi lesquels apparaît une gigantesque machine de M.  […] Tout comme Calzabigi, il y proclame que c’est dans l’accord complet de la musique et de la poésie que dépend un bon opéra ; il conseille de préférer les « sujets d’invention », de mettre l’exposition en action, de traiter des sujets simples, et de prendre pour modèle les tragiques grecs, et surtout Euripide ;, de varier les caractères des scènes, les mètres des vers, afin de permettre au musicien de multiplier, de varier et de contraster les effets.

21. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

En lui envoyant les œuvres de Byron Charles, sur la résonnante rive adriatique, Vers toi vient Harold le beau chanteur, Non tel que drapant, avec un rire illusoire, Sa douleur en le manteau des pairs, * Mais tel que, rayonnant de foi et de courage, Il surgit aux cris d’un peuple combattant, Quand il voulut ramener, avec son cœur d’Alcée, L’aigle d’Alexandre au nid grec.

22. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Les grammaires latines et grecques étaient traduites de l’allemand. Les lycéens étudiaient les textes classiques dans des éditions allemandes ; le danger eût été moins grand, si les maîtres les eussent dûment interprétés en initiant les élèves au sens des humanités ; mais l’esprit était étouffé par la lettre, et le résultat de ces études purement philologiques était la haine du latin et du grec et l’ignorance de ce que furent nos aïeux. […] Deux nouvelles statues grecques ont été récemment remises au jour. […] Quel est le jeune homme ivre de sa nouvelle initiative aux chefs-d’œuvre anciens, de son histoire grecque ou latine qui n’a pas rêvé de se jeter à la tête d’un monstre pour le dompter ou de sauver une intéressante créature de l’incendie, du naufrage, voire même de sa propre colère ? […] L’un, cosmopolite serein, amoureux des Grecs, des Italiens, des Orientaux, n’eut d’allemand que certains traits de sa vie extérieure et la symbolique du Faust ; l’autre, juif et demi-français, mérita de pouvoir goûter l’Italie et de mourir à Paris, après avoir ridiculisé ses compatriotes selon la géographie.

23. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Un Grec et un Anglais ont chacun une manière d’être beau qui n’a rien de commun… nos peintres sont enchantés d’avoir un beau idéal (et nos littérateurs aussi donc !)

24. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Élève de l’universel Victorin de Feltre, elle savait à huit ans les éléments de la langue grecque, ainsi que s’en assure le Camaldule en l’interrogeant, et composait couramment des poésies latines : elle chantait « à voix de syrène » et ne pouvait paraître sans qu’aussitôt sa beauté ne fît sensation. […] Mettez-la pour un instant auprès d’une de ces blanches déesses grecques ou de ces belles femmes antiques : comme elles seraient troublées par cette beauté, dans laquelle l’âme a passé avec toutes ses maladies ! […] Le général Gentili et le poète Arnault, commissaire civil, exaltent l’ère de bonheur qui va s’ouvrir pour les Ioniens, la soudaine renaissance des descendants d’un peuple illustre, et l’évêque grec, l’Odyssée à la main, dit aux Français : « Connaissez par ce livre ce que nous avons été. » Dans ses instructions, Bonaparte avait d’ailleurs permis à Gentili de parler aux habitants « de la Grèce, d’Athènes et de Sparte ».

25. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Victor Hugo, se rattachant par là à toute la tradition méditerranéenne de l’éloquence lyrique, amarra fortement le vaisseau romantique le long de quais resplendissants de marbres grecs et latins. […] Pareto n’irait pas jusque-là puisqu’il avoue que des « abus existent » et qu’il demande lui aussi, tout comme son ministre, qu’on ne mette pas les traductions exactes des auteurs grecs entre les mains des potaches.

26. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Il faudrait indiquer encore une superbe réplique de l’Esclave, de Michel-Ange, deux bas-reliefs du xve et du xvie  siècle, des antiques et notamment un torse, style et marbre grecs, parfaitement beaux, des dessins de Rembrandt, de Rubens, de Michel-Ange, du Titien, de Filippo Lippi, de Passignano… Tome XLIV, numéro 155, novembre 1902 Théâtre d’art international : Le Triomphe, pièce en 4 actes, de Roberto Bracco, traduction de MM.  […] Louis Bordet et Louis Ponnelle ont réuni six conférences traitant le Fra Angelico, de Raphaël, de Lucas Signorelli, de Giotto, de la sculpture grecque au Vatican et de l’architecture de Saint-Pierre.

27. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Très renommée en son temps, où l’érudition n’avait pas encore fait de tels progrès qu’on sût distinguer entre les originaux de l’art grec et les copies des premiers siècles de l’ère chrétienne, cette réunion d’œuvres, provenant principalement d’Herculanum, de Pompéi ou de l’Italie méridionale, valait surtout par la quantité. […] Ce qui vient d’être dispersé comprenait le reste des tableaux, parmi lesquels les portraits de famille, puis des faïences, des meubles, des livres, des bronzes, et enfin les antiques, où figuraient plusieurs pièces importantes, notamment une célèbre statue en marbre de Pallas Athéné, découverte à Ostie en 1797, et attribuée jadis à Phidias4, d’autres marbres archaïsants, des copies gréco-romaines de l’art grec du ve ou ive  siècle, des vases peints de Campanie et d’Apulie. […] Certes, elle avait fait preuve d’une décision courageuse pour se soustraire à l’ancienne emprise allemande et affronter la dure lutte contre ce peuple de proie, mais son âme se ressentait encore de sa trop longue alliance avec lui, elle raisonnait un peu à sa façon en pensant à tel ou tel autre peuple ; aujourd’hui tout cet ancien kaisérisme est dissipé ; à la dure épreuve de la guerre, l’Italie s’est purifiée, et désormais elle est tout à fait digne de notre sainte cause ; plus de jalousies mesquines contre les Grecs et les Yougoslaves, plus de machiavélique désir de conserver une Autriche affaiblie contre de jeunes peuples désireux de reconquérir leurs droits, l’Italie sait qu’elle a avant tout à abattre l’ennemi, l’Austro-Allemagne, et l’œuvre de destruction des rois-tyrans ne peut se faire que par l’œuvre de libération des peuples tyrannisés. […] Sa réponse est la suivante : « Ce processus d’amnésie historique qui peu à peu s’est manifesté parmi nous, est certainement un effet partiel des méthodes germaniques introduites dans nos études et nos écoles, et qui ont entraîné la haine pour les grecs et les latins, en desséchant les jardins de notre latinité humaniste… » Selon ce garant informé, il n’est besoin, pour reprendre les contacts interrompus, que « de rétablir les communications coupées par le pédantesque “scientisme” philologique allemand » ; de se réconcilier, en un mot, avec les grands classiques de l’antiquité, étudiés, non plus à la façon purement formelle et « critique de textes » des éditeurs de Teubner et de leurs épigones, mais aussi et surtout du point de vue de la « substantifique moelle », à peu près complètement négligé par l’école des glossateurs de l’école philologique teutonne.

28. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Les dieux antiques qu’il évoque sont ceux que Rome, qui ne créa ni sa religion ni sa philosophie, emprunta aux Grecs, en les transformant selon le caractère de son peuple orgiaque, légiférant et guerroyeur.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

L’alexandrin Appien et le grec Dion Cassius ont exprimé cette manière de voir ; et pour en apprécier le degré d’exactitude, il faut ne pas oublier, — peut-être l’a-t-on trop oublié ? 

30. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

L’élément grec des îles et des côtes d’Asie Mineure, dans la région même d’Adalia dont il vient d’être question, voyait d’un mauvais œil les nouveaux venus. […] Ainsi, quels que soient les déboires dont les Italiens aient été abreuvés en Tripolitaine et les commencements de difficultés qu’ils aient eus avec les Grecs, il ne semble nullement que ces déboires et ces discussions aient été de nature à les décourager et à les retenir sur le chemin des acquisitions lointaines. […] C’est dans ce pays que l’originalité de la pensée, de la recherche et de l’invention a ses bases les plus solides, que la génialité éclate le mieux dans le moindre petit joujou comme dans la machine la plus grandiose, que le besoin de la beauté s’impose aux formes les plus austères de la vie, et que règne dans tout son enchantement, dans toutes ses délices, cette chose insaisissable, impalpable, lumière, sourire, poésie qui est la Grâce, Kharis, comme les Grecs l’appelaient. […] C’est à Lemnos, Castro, le port de Mudros, lors du débarquement dans les îles grecques ; des aspects, des paysages, — une population indigente et rapace, pour laquelle la venue des nôtres était la manne enfin tombée du ciel, — et dont les femmes, que convoitent les soldats et même les officiers après une longue abstinence, ne sont pas à prendre avec des pincettes.

31. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Et voilà que le peintre saisit et note ce monde chatoyant et prestigieux qui l’entoure : levantins, persans, tunisiens, caravelles à voiles latines, ourques de Biscaye, hauts bateaux grecs que les aventures de mer jetaient au port, — et les galères, celles-là même où il aurait dû être. […] De cette Rome encore prestigieuse du Belvédère à la porte Latine, du « Sépulchre de Néron » au Janicule, de cette Rome merveilleuse que le Piranèse restituera magnifiquement dans le bouillonnement de son sang vénitien, en ses Fastes Consulaires, en ses Triomphes, en ses Magnificences, en ses Carcères, évocations titanesques d’une ampleur, d’une sûreté, d’une vérité et d’un pittoresque admirables, de cette Rome affolante et superbe, Claude n’aura rien vu… Les remparts de Nancy tomberont, Louis XIV ne laissera à sa petite patrie que quatre pauvres alérions et une mince croix d’or : Claude l’apprendra et ne s’en souciera pas… Et, un matin, on le trouvera mort, sur une planche, dans sa maison, près de l’Arc des Grecs : on ira chercher le notaire Vannius qui partagera ses biens entre ses deux neveux, et Agnès, sa fille adoptive.

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