Jacob Burckhardt : La Civilisation en Italie au temps de la Renaissance, trad. […] On sait en quelle estime Frédéric Nietzsche tenait le savant professeur bâlois, auteur de la Civilisation en Italie au temps de la Renaissance. […] Cet admirateur de la civilisation latine ne paraît sans doute pas assez germanique à nos intellectuels épris de théories nébuleuses.
À l’homme du continent, tout apparaît curieux, singulier, divertissant, de cette civilisation lointaine aux formes imprévues, aux modes impayables, dont aucun geste ni aucun rite n’a changé. […] Où trouver ailleurs, et dans quel autre temps, un spectacle comme celui de cette immense création millénaire, Venise, de cette histoire qui, le long des siècles, accumule toutes les gloires, toutes les somptuosités, toutes les tragédies, pour finir… en un éclat de rire ; qui fait servir les matériaux inouïs d’une civilisation qu’un effort titanesque étendit sur tout l’Orient… à l’ornement du carnaval où s’acheva la vie de la « cité joyeuse » ? […] C’est qu’aussi, plein de verve, d’invention même, dans le rendu des nuances légères, spirituelles, tendres, lumineuses, délicieusement singulières, d’une civilisation de joie et de couleur enfermée dans une île, — avec une érudition minutieuse et savoureuse aidant, à chaque page, aux trouvailles de plume, — le style de ce livre ignore un peu trop (j’entends bien qu’il ne pouvait pas les constater au xviiie siècle) les grands côtés de l’histoire de Venise, la largeur, la gravité.
Il faut presque faire un marché à chaque poste ; de ce côté, comme de tous les autres, la civilisation est moins avancée qu’en France, mais ils ont la sensibilité et le naturel qui est une conséquence, Ce pays est donc éminemment celui des arts. […] Civilisation moins avancée.
Ferrero, de la civilisation industrielle et des progrès que les sciences accomplissent sans relâche, le mysticisme déborde de tous les côtés dans la société européenne. […] Çà et là, enfin, on constate des phénomènes sociaux et psychologiques qu’on aurait crus tout à fait impossibles dans une civilisation comme la nôtre et qui cependant réapparaissent, comme un réveil inattendu des siècles passés. […] La cause en est au livre, « à tous ces moyens indirects de transmission de la pensée que la civilisation a créés et qui ont ainsi modifié les rapports psychologiques entre maître et disciples ».
Parfois, la parfaite harmonie entre les passions et les réalisations d’un peuple exubérant de puissance qui se révèle dans les siècles où une civilisation atteint son apogée, engendre le Poète qui ne contredit pas la multitude, mais la continue en la maintenant dans l’exaltation, ainsi que pour la vie antique occidentale le firent Pindare et Horace. […] Leconte de Lisle, Vigny, Hugo, s’élancent vers les triomphes de l’homme légendaire avec une hardiesse que la puissance n’égale certes pas toujours, mais au seuil de la civilisation qui sera la nôtre, sortie de la dernière Cosmogonie et de la dernière Morale de l’Occident, sortie du Christianisme, tous les grands poètes français du xixe siècle écoutèrent frémir dans la profondeur de l’âme gauloise, l’âme antique et nouvelle du monde. […] Il dépasse toutes les frontières, et sans que les principaux acteurs le sachent ou le veuillent, de tous les pays qui furent dits latins, et de tous les grands centres qui, dans le cercle magique du bassin méditerranéen, composèrent une couronne de gloire pour la vie millénaire des races gréco-judaïco-latines, et pour le long triomphe des trois civilisations de l’Occident, se lève depuis quelques années en une nuée d’or et de pourpre, l’aurore d’un espoir nouveau, la volonté d’une nouvelle Renaissance. […] Car la terre est couverte de quatre mondes en présence, qui en ce moment de l’histoire sont assez distincts, et en même temps assez mêlés, pour se reconnaître l’un l’autre avant d’accepter les grandes amours et les grandes haines qui seront à la base de la civilisation de demain.
Nous voyons partout des luttes engagées contre les doctrines religieuses, contre une religion ou au nom d’une religion : en France, la Séparation des Églises et de l’État ; en Angleterre, les débats sur l’enseignement ; en Allemagne, la querelle entre le gouvernement et le Centre catholique ; en Italie et en Espagne, les manifestations anticléricales ; en Russie, l’hostilité de l’orthodoxie autocratique contre le libéralisme ; dans tout l’Orient, des conflits de race qui se traduisent le plus souvent par des conflits d’Église ; en Extrême-Orient, la victoire remportée par la civilisation japonaise sur une nation chrétienne. […] Il me semble probable que si notre civilisation continue à se développer, comme elle le fait depuis un siècle, — ce qui du reste n’est pas certain, — les doctrines qui servent aujourd’hui à créer la mentalité des masses deviendront trop simples pour le rôle que les masses populaires semblent destinées à jouer.
Nous posons en principe que l’Italie et la France défendant une civilisation commune qui est la base de leur existence nationale, leur amitié d’aujourd’hui doit, dans leur intérêt à chacune, demeurer l’amitié de demain. […] Nous entendons que les deux nations s’efforceront de concert d’élever des populations diverses jusqu’à leur civilisation commune et par des procédés analogues de tact et d’humanité. […] La civilisation industrialiste dépose son bilan. […] Il eût été étonnant que la langue latine fût restée muette quand la civilisation latine même est en jeu. […] L’opposition brutale que la guerre a fait naître entre deux conceptions de la civilisation a permis à l’Italie de saisir tout ce que la sienne avait d’original.
Or, à l’ombre de l’approbation supérieure, circulent dans les écoles des ouvrages qui opposent la barbarie italienne à la civilisation tudesque, en semant la haine et la zizanie entre Italiens du Nord et Italiens du Midi. […] C’est des Allemands que nous devons apprendre la civilisation ! […] Il a essayé de nous faire croire qu’aujourd’hui les Anglais sont dans le même sac que les Germains et, pour confondre la prétendre civilisation italienne, il nous a bravement rappelé les faits de Verbicaro et d’Orgosolo. […] Exalter la civilisation de la triste engeance contre laquelle s’est insurgée l’Europe ! […] Il s’agit de l’indice de la pire des anarchies, du désaveu le plus solennel de notre guerre (della nostra guerra), plus encore : de la négation absolue de toute notre histoire, en même temps que de la civilisation mondiale.
Les grands événements intellectuels modifient graduellement notre notion de l’Univers, et tous les éléments de notre civilisation. […] Toutes les civilisations, toutes les esthétiques, toutes les philosophies n’ont fait que cela, disait justement Remy de Gourmont ; en effet, à chaque civilisation correspond toujours une esthétique. […] En dépit de cette situation trouble et difficile qui paralyse les plus généreuses aspirations, l’Italie, depuis qu’elle a rangé ses légions sous l’étendard de la civilisation, a accompli un effort prodigieux, une œuvre énorme, des exploits épiques. […] Citons encore l’importante étude sur « L’Italie dans la Guerre européenne », et la magistrale synthèse finale sur « La contradiction suprême » entre les tendances pacifiques, eudémonistes de notre civilisation et la tragédie sanglante où elle se débat. […] D’une part, l’Italie était emportée dans le même rythme qui réglait (ou déréglait) la marche de la civilisation en Europe.
La civilisation suivit toujours cette triple étape ; toutefois le raisonnement ne triompha que partiellement de la révélation, et la science ne fut jamais que le troisième pouvoir spirituel. […] Il a dû souvent le contempler ce paysage éminemment classique, dont chaque ligne, chaque touche paraît avoir été prise sur la palette de la civilisation et posée par le pinceau de l’histoire. […] Quelles réflexions ont dû lui inspirer les habitants de ce pays sans pareil, authentiques descendants de ce qu’il y avait de plus policé dans la civilisation gréco-latine ! […] La qualité s’incarne dans un homme ; elle ne connaît ni passé, ni futur, elle est, tandis que l’expérience constitue le patrimoine de la civilisation, et évolue avec elle. […] Une civilisation excessive est ennemie du progrès.
Comme toute idée métaphysique, l’idée de Dieu subit lourdement l’influence du coefficient personnel et résulte de toutes les contingences d’éducation, de milieu, d’époque et de civilisation, où l’individu se trouve placé. […] D’Annunzio est de nature païenne, car le paganisme a imprégné assez longtemps les origines de son milieu pour que son génie soit fonction, non de la civilisation, mais de la terre italienne elle-même. […] Tripoli est le type même de la ville barbaresque à peine modernisée au contact de la civilisation. […] Créer de bonnes écoles, c’est satisfaire aussi le besoin impérieux de maintenir l’instruction chez les fils des nouveaux occupants et chercher à répandre la civilisation elles idées du pays conquérant chez les indigènes. […] Pendant tout le cours du siècle dernier ce fut l’honneur de la France d’avoir fait briller sur ces rives lointaines quelques lumières empruntées à la civilisation occidentale.
« La substance même de notre civilisation, dit M. […] C’est par l’est que la civilisation est entrée en Gaule. […] Il est donc permis de parler d’anciennes voies de migrations et de commerce ayant relié la partie du continent qu’occupe la France à celle qui s’étend vers l’est par le Danube ou par les plaines méridionales de la Russie1. » La plus ancienne civilisation des Gaules, en somme, est asiatique ; elle vient du sud du Caucase. […] Il faut donc tenir compte aussi dans nos origines, de ces attaches avec les premières civilisations des mers du Nord, bien que postérieures par la chronologie et certainement moindres en importance que les rapports d’âge immémorial avec l’Ibérie et l’Europe centrale. » Mais tous ces mouvements vers la France, arrivés en France, mouraient ou se fondaient dans le mouvement organique du pays. […] L’Italie est un pays de belle civilisation.
Ainsi la barbarie asiatique envahissait la civilisation néo-grecque, cette civilisation qui fut la première, tenant d’Athènes le génie plastique et de Rome le génie politique, où le dogme évangélique se soit, de forme et d’action, identifié aux nommes, ait trouvé sa mise en œuvre. […] Qu’on imaginât toute la gloire du Haut-Empire Romain à demi perdue dans la profondeur de quelque cathédrale universelle ; la clameur du Cirque, des Camps et des Triomphes fondue parmi le silence d’une insondable abside, buccins mourants en gémissements d’orgue ; la pourpre et les trophées irradiés à travers un nuage d’encens ; une rayonnante après-midi d’été voilée d’une ondée soudaine ; que l’on mît cette gaze de mélancolie sur ce flamboiement de jouissances, — et l’on aurait, semble-t-il, l’impression de la crépusculaire et chatoyante civilisation byzantine.
Comme avec les progrès de notre civilisation, notre division du travail et la répartition des salaires, y compris la bourgeoisie de Monsieur Loubet, nous entendons de mieux en mieux le libre échange du pittoresque, nous envoyons des études sociales habilement torchées à des gens qui nous retournent des portraits individuels supérieurement peints et, par politesse, nous admirons, mais sans saisir pourquoi, décidément, ce qui demeure du talent, du savoir-faire, chez nous, chez des gens peut-être plus naïfs, est du simple génie. […] Mais choisir un domaine aussi vaste que l’art italien en ses manifestations multiples durant quatre siècles, lorsque tant de villes ont été des centres de civilisation et les foyers distincts d’où rayonnèrent les arts dont notre civilisation occidentale est encore glorieuse ; acquérir une connaissance si certaine des artistes, de leur temps, de leurs œuvres, du mouvement qu’ils créèrent ou subirent, — qu’on mérite d’être consulté comme leur meilleur interprète, c’est plus que de la spécialisation ; c’est le travail d’un esprit étendu autant que lucide, heureux de comparer et de comprendre, — le propre d’une intelligence dont le commerce sera non seulement agréable toujours, mais susceptible encore de nous profiter. […] Le mélange savant de cette époque nébuleuse et des passions qui nous hantent, aujourd’hui encore, nous autres les fils de la civilisation la plus recherchée, — produit une impression étrange et pleine de saveur. » En conclusion, M.
Cela seul, aux yeux d’un homme attentif, prouve combien la civilisation y est peu avancée.
Mais depuis les Mystères, jusqu’à Goethe, à Wagner, jusqu’à nos jours, et malgré quelques drames méditerranéens à sujets héroïques ou religieux, nous ne retrouvons pas dans l’histoire du génie occidental, la tragédie représentative, le paradigme parfait de la civilisation dite chrétienne. […] Dans les grands moments d’angoisse de la pensée, dans les longues périodes, parfois séculaires, qui closent et qui ouvrent la marche d’une civilisation, ou plus souvent d’une orientation particulière de la pensée collective, les chevaliers du merveilleux surgissent de l’ombre intense qui les produit, et proclament leur parole. […] Paris est la ville-synthèse de la civilisation contemporaine ; la seule ville complète du monde moderne, parce qu’elle est le centre de la seule nation européenne où toutes les forces essentielles de notre civilisation se développent ensemble et à côté, s’harmonisant dans un équilibre plus on moins parfait. […] Presque pas de trace de civilisation, grand avantage quand le p… et ses r… font toute la civilisation. […] L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation ; elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et ses probabilités de bonheur.
L’Europe recèle cent fois plus d’antagonismes de toutes sortes que l’Asie, l’Afrique et l’Amérique réunies… mais elle est aussi le « berceau » de la civilisation qui domine le monde. […] Elle se faisait par des mercenaires que les États prenaient à leur solde, une coutume que tous les historiens regardent comme une cause de faiblesse, ce qui est vrai si l’on se place au point de vue étroit de la politique, mais faux si l’on considère l’ensemble de la civilisation. […] Très au courant des affaires d’Extrême-Orient, connaissant à fond la civilisation chinoise, il nous avait initié, au moment de la guerre russo-japonaise, à maints détails politiques intéressants. […] Psychologie musicale des civilisations, E. […] L’idée, l’image que nous nous faisons actuellement de Rome est la création de ces hommes de génie qui nous apprirent à la connaître et à l’aimer : ce sont eux qui ont vraiment retrouvé la Rome antique sous la ville moderne23 et vivifié notre civilisation de toutes les richesses d’art et de pensée des civilisations antérieures.
Achille Segard montre une grande admiration pour la civilisation et la pensée grecques ; il les a recherchées et comprises ; il a noté de délicieux paysages et su écrire, par exemple à propos des Rois Normands et de la civilisation composite de la Sicile au Moyen-Âge, des pages attachantes et probes, pleines d’aperçus ingénieux et de justes critiques. — C’est assez dire que son livre vaut d’être lu, et mérite d’être gardé. […] « Une nouvelle civilisation, une nouvelle vie, des cieux nouveaux ! […] Certaines villes ont vraiment le privilège de constituer un domaine à part dans le domaine commun de la vieille civilisation européenne. […] Cette mer, qui la défendit si longtemps contre l’invasion et qui la protège aujourd’hui contre la civilisation, accomplit l’œuvre la plus méritoire pour nos esprits inquiets de retrouver un passé intact. […] Jones voyait récemment le facteur principal de la ruine de la civilisation antique en Grèce.
Cette conception, qui correspond à un état supérieur de civilisation, Racine l’a exprimée non par des formules, mais par des œuvres. […] C’est pourquoi les résultats de cette guerre furent si prodigieux pour Rome, et, de là, pour la civilisation européenne tout entière. […] Et il arrive naturellement à celui qui, dans la fougue pleine d’envergure d’un style tout fait de poésie et de précision, résuma presque, de nos jours, toutes les tendances de la critique littéraire et réalisa presque une histoire des civilisations vue à travers la littérature. […] Certes la civilisation présente est pleine d’éclat : loin de la condamner dans ce qu’elle a de légitime, l’Église applaudit à des résultats qui doivent être mis au nombre des fruits du Christianisme. […] La civilisation la plus brillante, les découvertes de la science la plus avancée ne feront jamais qu’étourdir un moment, sans l’assouvir, l’âme humaine, que préoccupe avant tout le problème de sa destinée.
« La moderne Syracuse, revenue à son île étroite d’Ortygie, n’est plus qu’une petite ville proprette et coquette, dit lui-même l’auteur, où des maisons aux balcons élégants qui rappellent la Renaissance bordent les rues parées de larges dalles, où chaque tournant découvre une échappée sur la mer ou bien sûr la vieille citadelle qui domine l’entrée du port de sa masse pittoresque et fière. » Or, ce qu’on vient chercher à Syracuse c’est surtout les souvenirs de la civilisation grecque et il faut véritablement avoir une âme d’archéologue pour essayer de tirer parti de tous les fragments, de tous les pans de murs qui se découvrent et des ruines nombreuses que recèle le sol de la vieille ville afin de l’évoquer au temps de Hiéron II, de Denys l’ancien et de l’Expédition de Sicile.
Marinetti, nous l’a signifié l’autre jour, avec de terribles roulements de voix précurseurs de catastrophes, — nos bibliothèques et nos musées, asiles de « traditions moisies », de « morts qui encombrent les chemins », doivent être voués à la torche ou à l’inondation afin de libérer de l’influence du passé les artistes en mal de chefs-d’œuvre nouveaux inspirés uniquement des spectacles de notre admirable civilisation contemporaine. […] Bien que l’Italie soit un des pays les plus visités de l’Europe, c’est un des moins connus, c’est même le moins connu de ceux que traverse le courant central de la civilisation européenne. […] Ils ne partent pas toujours : certains se suicident, et il en est un qui a tiré sur ses officiers plutôt que d’aller « porter la civilisation » en Afrique ; on l’a fait passer pour fou afin d’atténuer l’effet de son acte. […] Je crois, qu’on peut dire qu’il y a là, perçues dans ce qu’elles ont d’intime, la qualité d’un esprit et la qualité de la civilisation, du terroir, qui le forma.
Isidore Liseux, mort récemment dans la misère ou presque, après avoir donné aux curieux de belles et soignées éditions des Ragionamenti de Pietro Aretino, du Manuel d’Érotologie classique de Forberg, cette amusante compilation d’un savant allemand, où toutes les sanies des civilisations grecque et romaine se trouvent classées et cataloguées avec la patience d’un enthomologiste et la naïveté d’un clerc ; et enfin de tous les petits conteurs italiens, sans oublier l’excellent texte, que l’on peut considérer comme définitif, des Dialogues de Luisa Sigea.
Alphonse Germain : L’Influence de saint François d’Assise sur la civilisation et les arts, Bloud, 0 fr. 60 Alphonse Germain nous a donné depuis lors de nombreuses études toujours graves et réfléchies. […] Aujourd’hui il publie un volume : Le Sentiment de l’art et sa formation par l’étude des œuvres et deux brochures L’art chrétien en France des origines au xvie siècle et l’Influence de saint François d’Assise sur la civilisation et les arts.
Mais on appelle encore une Ville d’art celle où l’on a beaucoup entassé dans les musées ; où les églises contiennent des œuvres nombreuses de peinture et de sculpture, — en somme, les vestiges estimés précieux des civilisations détruites.
La première édition de l’Essai sur les mœurs est de 1756 ; à cette époque de sa vie, Voltaire n’est pas moins passionné pour l’histoire que pour le théâtre et il recherche âprement toute information personnelle, tout témoignage direct qui peut lui apporter on document nouveau dans cette immense enquête qu’il poursuit sur l’évolution de l’esprit humain en fonction des mœurs et des civilisations.
et en couvrant de fleurs la civilisation anglo-saxonne, qui pourtant, si elle n’est pas militariste, est diantrement militaire et prête à partir en guerre pour Cuba aussi bien que pour Fachoda. […] Ferrero a le droit de caresser « la douce idée » que son pays supplante bientôt le nôtre à la tête de la civilisation latine, mais, tout de même, nous aurions souhaité plus de tact dans l’âme de ce champion de M.
C’est un des moyens d’abrutissement les plus puissants de notre civilisation. […] L’Anarchie militante en a profité pour lui loger trois balles dans la poitrine : c’est tout son programme ; c’est le dernier cri de cette civilisation que nous sommes en train d’imposer aux Chinois. […] Chédanne ne comprend pas moins de dix-huit cadres, et l’on est attiré surtout par une vue du vieux monument dans son état actuel, — rotonde basse et lourde, écrasée, aux pierres verdies, bien loin de l’idée qu’évoque le nom seul du Panthéon et que donnèrent tant de descriptions enthousiastes, — mais suggestive et devant laquelle on s’attarde, tant elle symbolise la civilisation pesante et les religions sans idéal du peuple romain. — Du même auteur, le Panthéon d’Agrippa, avec un essai de restitution de la décoration intérieure, dont un combat naval surprenant de fougue et de coloris dans le raccourci d’un entre-deux de colonnes.
On vit là sur des traditions qui sont les nôtres ; ce que nous rencontrons remue en nous d’obscurs souvenirs : nous sommes de cette race, nous appartenons à cette civilisation, nous avons dépassé le point où ils en sont restés, mais autrefois nous y avons été. […] Aujourd’hui, en lisant la vie de Valentine de Milan, de cette belle, douce et raisonnable Italienne, de cette fleur déjà de la Renaissance, brisée, elle aussi, sous le souffle de la démence royale, j’entrevois comment la civilisation, en France, fut, dans une certaine mesure, retardée par la folie de Charles VI.
Voilà une belle histoire de persécution, et qui ferait penser que la civilisation n’a peut-être pas beaucoup gagné quand on substitua la justice du peuple à la justice de l’Église.
Elle entend paralyser l’essor légitime de l’Hellénisme jusque dans des régions qui, de toute mémoire, ont été dévolues à l’influence, à la civilisation helléniques ; elle affiche des prétentions sur l’Asie Mineure, où elle se rencontre avec la France et avec l’Angleterre.