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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Elle ne possède ni la veine d’un François d’Assise, ni l’envolée d’un Ekkehard, ni les visions lumineuses d’un Jacob Boehme. […] Étant très moderne, il se complique d’un sentiment panthéiste très spontané, qui vibre harmonieusement avec toute la vie de la nature, et s’émeut au centre même de la vie, devant les visions isochrones de l’âme humaine, de l’âme de la terre, de l’âme des astres perdus dans l’espace. […] Giulio Orsini s’exprime au contraire dans une prosodie rapide, libre, vigoureuse, où la vie humaine et la vie végétale se fondent joyeusement dans la vision de la vie universelle. […] Elle n’a pas eu de philosophes, car, ai-je eu l’occasion d’écrire autrefois, la différence entre un philosophe et un penseur consiste en ceci, que le premier compose un système, basé sur une ou quelques données très simples, d’où s’élève toute une vision métaphysique, esthétique et morale de la vie, tandis que l’autre, le penseur, n’est pas un créateur de système, mais simplement un critique contingent. […] La vieille légende très romantique qui entourait la mort de Pétrarque, et qui a perpétué, de siècle en siècle, la vision du poète mort dans la solitude de son cabinet de travail, la tête sur un volume d’Homère, vient d’être détruite par la critique scientifique moderne.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Si sa parole rythmait des visions oubliées de la grandeur de Rome, c’était pour mieux faire ressortir la veulerie, la misère et la honte du présent. […] Déjà depuis de longues années, il s’était consacré à donner à la culture des générations qui l’entouraient une nouvelle vision des classiques de la littérature. […] C’est l’âme de Rome, celle que le poète croit encore l’anima mundi, qui le retient, le serre, le fait étouffer de joie dans la souvenance, d’angoisse dans la vision présente. […] Parfois, l’expression de la vision de M.  […] Enrico Corradini a révélé, dans une Charlotte Corday, sa vision, personnelle et hautaine, de la Révolution.

4. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Une tragique douleur de famille, une terrible vision de sang et de mort, fit poète Giovanni Pascoli. […] Mais pourtant de toute l’œuvre de M. d’Annunzio se dégage une terrible philosophie, ou, mieux, une terrible vision philosophique, qui surprend nos sens : la vision de la femme. […] Était-ce une réalité ou une vision ? […] Riccardo Forster évoque au contraire une large et sereine vision de la vie dans ses sonnets d’une forme classique très pure. […] Poèmes. — Ottone Schanzer : Astrea, Vision mystique, en un acte, en vers. — Fr.

5. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Les visions qu’il a réalisées en œuvre d’art sont confuses, imprécises, mais hautement poétiques. […] M. d’Annunzio développe ce thème en distiques sonores, où vit en beaux rythmes sa vision de Rome. […] Sa vision était trop drapée. […] Mme Deledda a la vision et l’expression moins vastes et moins poétiques. […] Une série de petites visions ne fait pas une grande vision.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

D’Annunzio, en transposant tous les rythmes de la représentation artistique dans son esprit éperdument épris de grandiose, et en transposant la vision de la vie toujours un octave ou deux au-dessus de ce qu’il est convenu d’appeler « la réalité », affina le goût de ses compatriotes, et leur inspira le désir tyrannique de « styliser » la vie en l’exagérant continuellement et volontairement dans le sens du profond ou du grandiose esthétique, afin de la représenter en beauté. […] Toujours est-il que ses évocations de Venise, la manière profondément musicale de découvrir les accords et d’harmoniser les silences de la ville très romantique, certaines cadences même de son style, remémorent les visions ardentes du Feu. […] La vision entièrement, et profondément, subjective de la vie est parfaitement comprise par M. 

7. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

C’est sa vision personnelle qu’il nous donne. […] Beltramelli a à son actif un recueil de nouvelles, Antica Madre, dont il peut être content, car sa vision de la vie est sincère, subjective, indépendante de toute suggestion de la mode. […] Sans doute, la vision telle que M. Boïto nous la donne, la vision de ces personnages et de ce monde, de cette heure vague, de ces jours où tous tremblaient, César, la foule et les cohortes, est complète. […] Zola, lequel en eut une vision étrangement puérile, — est le décor du roman de Remigio Zena.

8. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

La plus étonnante de ces visions était celle du Songe d’Enfer, peu admise encore par les professionnels du Dante, que M.  […] En art, ce cuistre est homosexuel et son œil déforme la pure vision en image lascive, conception diabolique, et vile par conséquent. […] Et tandis que sa vision du monde et des âmes devient toujours plus douloureusement aiguë, l’indifférence se condense autour de lui comme un lourd brouillard. […] Épouvantable vision ! […] Aussi bien, l’auteur de Clartés n’est pas le seul écrivain de nos jours qui apporte une vision vénitienne différente du leitmotiv des snobs.

9. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

La lumière, la mer, voilà le charme de cette vision ; mais est-il besoin de venir à Naples pour cela ? […] La vision des béatitudes éternelles goûtées dans un éternel repos a cessé d’attirer les âmes. […] Il sent qu’il a le même génie que ces artistes, il veut apprendre d’eux le mode d’expression le plus parfait, le plus réel, pour traduire sa propre vision. […] Il est toutefois moins hiératique et ses visions ont presque toujours le charme ingénu qui nous séduit chez les Primitifs. […] La grande vision hellénique, toute modernement profonde, d’un autre grand poète, M. 

10. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

La vision est d’une singulière beauté, car elle est dans l’abstraction pure, selon le principe absolu de l’Art digne de ce nom ; elle est en dehors de toutes les contingences de l’action commune, de toute grossièreté inutile et point esthétique des détails de la vie réelle ; elle évoque l’image byzantine et catholique de la naissance de Venise. Le rêve ne se révèle pas en un langage de paroles, il est scénique, terriblement scénique, il se révèle en un langage incomparable d’attitudes, de gestes, de situations tragiques, dramatiques et pathétiques, qui enveloppent l’action dans une atmosphère de musique héroïque et sensuelle, d’où la vision de Venise surgit, tel un triomphe de flammes sur un incendie perpétuel d’âmes. […] Enrico Corradini est un aristocrate et un impérialiste ; des socialistes l’ont reconnu tel dans Charlotte Corday, et n’ont pas admis l’œuvre, où une vision tragique hautaine et nouvelle de la créature révolutionnaire, poussée à son acte par sa culture hellénisante, montre, selon l’idée de M.  […] Pierre de Bouchaud a fait paraître chez Sansot, et où, en dehors de quelques légères inexactitudes, on peut surtout regretter qu’il nous soit présenté un Carducci vu dans une vision historique semblable à celle désormais scolastique des critiques italiens.

11. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Nous définirons l’autre : l’art de bien chanter. » — Et, à cette évocation de l’art du « bel canto », surgit toute une vision rossinienne. […] Au rythme de l’adagio, mes vers montent de sa nuque au nimbe de ses cheveux… » André Sperelli convalescent rêve de baiser les belles mains qui égrènent au piano les notes d’un menuet, et plus tard l’obsession du menuet troublera ses nuits de visions sensuelles. […] Parmi les étrangers auxquels G. d’Annunzio a rendu l’hommage d’un souvenir trop fidèle, il n’en est pas dont les tendances, les visions et les habitudes d’artiste répondent mieux que celles de Maupassant à son propre tempérament. […] Et, par exemple, la collaboration du goût public, nécessaire pour fixer les idées et déterminer les ensembles, est fort difficile à obtenir dans la haute région des visions historiques. […] Sa langue est pure et riche, son âme est tranquille, sa vision est grossièrement pathétique, mais pleine de justesse et d’harmonie.

12. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Les arbres et la prairie se baignaient de la couleur silencieuse de la nuit, tandis que, sous une lumière descendue de l’Olympe, surgissaient en visions ces créatures d’un Rêve. […] Dès les premiers croquis de si libre allure et de si personnelle vision, la famille gronda. […] Combien d’autres, peignant à l’huile ou à l’eau, si doués fussent-ils en apparence, n’ont su donner, par le pinceau, que des à peu près d’expressions, — qui eussent plus fidèlement traduit leurs visions s’ils ne se fussent butés contre une surface plane rebelle malgré tous procédés, malgré toute technique, aux enfoncements, aux dépressions, aux perspectives parfaites ? […] Gabriel d’Annunzio vont toujours aux purs artistes, à ceux qui ont le sens et une vision originale de la beauté.

13. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Et ce n’est pas seulement par réaction que les Visions du Bouddha, de M.  […] Esengrini évoque la vie du Bouddha, la conscience de la douleur de Çakya-Mouni, sa vision de la régénérescence, sa lutte contre les tentations et contre l’obsession de l’universelle souffrance. […] Lipparini, dont la forme est plus que chez tout autre inattaquable, est un poète doux, à la vision calme, à l’évocation tendre. […] Et je ne les prononce plus sans être environné par des visions funèbres ! […] L’originalité de la vision même en est toujours un peu amoindrie.

14. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Ce qui apparente le mieux son inspiration à celle de tous les grands poètes est la puissance de la vision, la multiplicité lyrique des groupements des êtres, des siècles et des mondes. […] Bucci, peintre et surtout aquafortiste d’une très grande habileté, avec des visions de Paris étonnamment grouillantes, d’une vérité synthétique très curieuse ; […]. […] Il en est de certaines visions comme de certains songes : elles sont plus sensuellement vraies que la réalité même. […] Mais la constante vision de la mort tragique avait creusé dans son génie un puits sans fond, où, dans des lueurs livides, il ne pouvait entrevoir que la face de la mort. […] Les deux poètes arrivaient ensemble à la vision précise et large d’un lyrisme « national », à rythmer devant la nation totalement régénérée.

15. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

Avec une netteté de vision et une force de pénétration psychologique admirables, Barzini est entré dans l’âme même de la nation et il a décrit avec une exactitude irréprochable et une extraordinaire efficacité son martyre et l’invincible résistance morale qu’elle oppose à l’oppresseur. […] Ce n’est pas sans un certain sentiment de fierté que Giuseppe Prezzolini écrivait récemment dans la Voce : « Nous allons à la guerre par une détermination de notre volonté, après discussion, avec une vision parfaite de la gravité de la tâche et des difficultés qu’elle offre. […] Ce rapprochement italo-anglais, que j’ai vu préconiser dans plus d’une revue de la péninsule, témoigne de la netteté de vision des Italiens. […] Parmi les nombreux récits de guerre publiés jusqu’ici je n’en connais aucun qui approche par la puissance d’évocation, par l’intensité du sentiment, par la beauté et la grandeur de la vision, des pages où l’auteur décrit les champs de bataille de la Marne au lendemain de la lutte ou la retraite de l’armée belge après la prise d’Anvers. […] Dans ces conditions il fallait la netteté de vision et la puissance d’imagination d’un Luigi Barzini pour donner une impression poignante de la lutte terrible qui se déchaîne dans la région des Dolomites, à l’ouest de Cortina d’Ampezzo, et que l’excellent écrivain a évoquée dans le Corriere della Sera du 4 septembre.

16. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

La Caccia di Nemrod, entre autres, me semble un petit chef-d’œuvre pour l’originalité de la vision, pour la puissance de la forme, et elle justifie bien le succès dont on l’a saluée à son apparition dans une brochure à part. […] Après lui, les yeux et les cerveaux changent, la pente commence qui aboutira par Pietro Vannucci à Raphaël, dont le génie ignore complètement l’austère vision du maître de Borgo-san-Sepolcro. […] Il y a beaucoup d’action dans ses compositions ; ses personnages, qu’il modelait en terre et revêtissait d’étoffes lourdes avant de les peindre, sont bien dans l’air, les groupes sont heureux, vivants, ses animaux sont notés avec une rare justesse ; le premier, il met en œuvre l’architecture avec une sûreté de lignes qu’on n’a pas dépassée, ses perspectives sont implacables, comme celles de Flamands de Bruges, — enfin il pressentit le clair-obscur, et dans certaines de ses fresques, des figures même sont lumineuses : l’ange de la Vision de Constantin. […] On a la vision sanglante des vieilles guerres asiatiques. […] Il faillit toucher à notre Louvre, au vieux et admirable Louvre des Netezeau, des Du Cerceau, des Fournier, de Jehan Coing, de Pierre Lescot, de Jean Goujon et du Primatice, de tant d’autres bons et grands besoigneurs, italiens de la bonne veine, français non encore appauvris, à la vision nette et au cerveau fort.

17. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Albertazzi n’est pas encore un écrivain irréprochable et il offre le flanc à la critique par son dédain des excellences de la forme, dont nous sommes avides ; mais il a une vision nette de la réalité et une bonne méthode d’exposition. […] Absolument remarquable la lucidité avec laquelle l’auteur débrouille et expose toute la méthode de Nietzsche, de manière à en offrir une vision complète et sûre. […] Maintenant il fallait qu’il renfermât dans ce cadre étroit ces divinations d’une humanité trop large pour lui, cette vision trop étendue du monde qui s’ouvre, faite seulement pour l’art grand et irrégulier d’un Shakespeare ; et partout l’effort est visible dans le travail de ses mains : Cette agitation, ces délais perpétuels lui donnent un air de fatigue et d’ennui. […] Il suscitait de terribles et vengeresses visions : il vaticinait au nom d’un Dieu sévère que la corruption et les iniquités de l’église révoltaient et dont la sainte colère allait se décharger sur l’Italie maudite pour punir ses peuples impies et ses prélats hypocrites. […] Il était certainement visionnaire, mais il ne savait quelle portée attribuer à ses visions ; devait-il leur donner une signification purement symbolique, ou pouvait-il les considérer comme des inspirations directes de Dieu ?

18. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Sans doute certains défauts de La Vision du Dante s’en trouvent éclairés : l’abus du chromatique et des accords de quinte augmentée dans l’Enfer, le gaspillage des oppositions et des effets sonores, le peu de recherche des éléments thématiques… Mais les qualités nombreuses de cette partition éclose ainsi spontanément doublent dès lors de valeur, et deviennent même inexplicables. […] J’ai lu ce drame dans une livraison de La Lettura qui le publiait il y a quelques mois ; on dirait que cette œuvre remonte à il y a plusieurs années, car je me refuse à croire que Fogazzaro aurait encore aujourd’hui celle vision d’art, si plate et si dure. […] Et, dans une vision dernière, apparaît, sur le dos sombre de la mer, le corps de la dernière étoile ; le poète baise doucement ses lèvres sinueuses Pour en mourir, pour en mourir, tandis que l’aurore éclate à l’horizon Avec, au loin, une agonie d’éclats et de sanglots noirs. […] C’est bien là d’abord la gravité majestueuse qui désigne essentiellement leur vision.

19. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

D’un style sobre et vif, Angelo Brofferio peint les temps où se développèrent son enfance et sa jeunesse, et de temps à autre sa manière facile et débonnaire s’efface devant la vision d’une patrie, au souvenir de ce que l’Italie attend ; l’auteur appartient à cette pleïade d’écrivains, que nous n’avons pas eu le bonheur de connaître personnellement, qui, selon l’expression de F. […] Cette vision profonde de l’univers, de ses avatars, de la vie et de la mort, est digne de Shelley. […] Quelle vision ! […] Ici apparaît merveilleusement évident son appoint personnel au domaine de l’art : la compréhension la plus serrée, momentanément définitive, de l’Alpe qu’il abaisse à l’horizon pour mieux donner le sentiment de l’altitude d’une part ; et, de l’autre, une vision du ciel neuve après tant de maîtres dont les ciels sont célèbres ; puis la facture ; enfin, une composition inattendue et des types de femmes et de bestiaux qui stylisent en beauté les plus humbles acteurs de la plus rude vie… Tout y est ennobli par cette facture même ; et le certain goût du bizarre qui y règne annonce un esprit qui voit la nature avec d’autres yeux que les simples yeux de la chair. […] Prétendez-vous que ce soit plus intelligible que les visions de Segantini ?

20. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Dans cette expression, comme chez les poètes symbolistes, il y a des artistes qui vont plus loin dans la création et d’autres qui ne savent se détacher complètement de la réalité de vision. […] Comme eux, nous nous exprimons par des formes synthétiques inspirées par notre vie spirituelle ou intellectuelle plutôt que par la réalité de vision. […] Malgré le revenez-y de néo-romantisme et de néo-mysticisme religieux dont la guerre est en train de nous gratifier, cette vision claire, réaliste, irréligieuse du monde que nous devons à la Science est un fait accompli qu’on ne pourra plus détruire. […] Bien des profonds politiques et d’ennuyeux philosophes ont omis de nous signaler des visions, des nuances, des indications que M.  […] Il ne faut pas que l’actualité, d’ordre tout militaire, nous fasse renier ce que nous avons aimé, et, plus encore, ce que nous avons pensé avant la guerre : pourquoi des influences antérieures, esthétiques ou autres, qui ont présidé au développement de notre vie intellectuelle, n’auraient-elles plus aucun pouvoir sur notre vision actuelle du réel ?

21. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Luigi Capuana notait, à propos de Il Piacere : « Le prosateur, dans ce nouveau volume, est tout à fait dominé par le poète ; l’observateur y subit tout le temps la mainmise du coloriste et du styliste ; la vision nette et sincère de la réalité y est voilée par une importune nuée de lyrisme quiimpatiente et fatigue. » M. d’Annunzio est donc un écrivain lyrique et d’un lyrisme assez sensible, puisque M. 

22. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Trop longtemps, à son gré, on a cherché le mystère dans les mots et au travers de la fablation littéraire ; il veut le trouver dans les choses et le sentir directement, sans un commentaire qui n’est jamais qu’une vision, c’est-à-dire une coloration individuelle. […] Nulle part il ne touche au surnaturel : car nous n’en avons que des visions et si nous les adoptons, c’est plutôt par une convenance entre elles et notre esprit, par un mouvement passionnel et non par une opération de la volonté à la recherche du vrai. […] « Il éprouvait, dit-elle, cette légèreté que nous autres Allemands ressentons si bien en Italie. » — Cette vision de Nietzsche devant le golfe de Naples est suggestive. […] L’ordonnance architecturale et esthétique et morale de la vision dantesque (Audition du Ier chant du poème). — II. […] Dans toutes ces œuvres, ce qui appartient en propre à Rossetti, c’est, outre des qualités d’imagination sentimentale et une singulière fraîcheur d’élocution, la volupté délicate et gracieuse dont il revêt, en les évoquant, les visions diverses de la figure féminine.

23. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

Je ne veux pas discuter ici l’analogie que Gabriel d’Annunzio a découverte entre sa vision tragique et l’ancienne.

24. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Et cette vision particulière, accidentelle, presque monstrueuse, cette préoccupation nouvelle et si complète de l’impondérable, constituent la géniale originalité du moins peintre des peintres. […] — Et cependant Orphée vient impunément parmi nous sans rien voir de nos charmes, et il chante impunément les charmes de son Eurydice, observa Mélanie, dont les yeux glauques et brillants d’une étrange flamme semblaient refléter des visions infinies. […] des leçons de ce brave Lépicié aux Élèves protégés, —lueurs de Vrai éternel qui augmenteront l’acuité de sa vision et sourdront maintenant sous sa pâte. […] Quant à Giovanni Pascoli, son Hymne funèbre au roi Humbert, publié dans le Marzocco de Florence, est une vision hautement tragique et humaine des derniers instants du souverain assassiné, une vision rendue avec un tel emportement de rythmes, qu’elle suffirait toute seule à la révélation d’un poète. […] Dante avait une vision d’artiste et il n’est pas inutile de rappeler que Giotto lui apprit à dessiner.

25. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Elle vivotait encore aux dépens des visions les plus archaïques et n’avait pas même la force de changer ses formes, ses instruments, sa métrique. […] ma cervelle est un repaire de visions d’un autre âge ! […] Dans un éclair, Antonio a la vision exacte de l’âme d’Aurora. […] J’ai moins goûté le Triptyque, de Marco d’Oggionno ; et la Vision de Sainte Anne, de Tiepolo, m’a laissé à peu près indifférent. […] Kleinberger paya 87 000 fr., sur estimation de 100 000 fr., la Vision de Sainte Anne, de Tiepolo, et 24 000 sur estimation de 30 000 fr., la Madone Pitti, de Solario.

26. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

C’est qu’alors on était en des temps de croyance et de vision, en des temps de guerres terribles et de paix exquises, en des carnages abominables et des féeries délicieuses.

27. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

L’idée du supplice ombrait si peu cette vision, que souvent, dans les représentations du Crucifiement, la Croix était seule, et Jésus, au-devant, se tenait paisiblement debout, grave et doux, comme lorsque, dans Béthanie, il donna la salutation à Marie-Madeleine.

28. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

L’adieu que je vous ai fait, et que je croyais être le dernier, a été fait sous l’empire d’une émotion sincère ; j’étais navré de vous quitter pour ne plus vous revoir ; le jeune débauché coupable a disparu, je n’ai plus vu que le vieillard, et moi, vieux, mais heureux, j’ai eu la vision de votre vieillesse si triste à Dux. […] Pour chacun, c’est sa propre vision la seule réelle… Ni Lina, ni moi, ne possédions plus l’exacte conscience de ce qui nous entourait. […] Réédition très luxueuse des visions de la ville des doges par Henri de Régnier, qui sut trouver, dans le somptueux décor convenu des coins d’intimité d’un charme tout nouveau et plus vraiment poétiques peut-être que les décors déjà tant chantés.

29. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Mais la connaissance des malheurs de la Belgique ne m’a pas incité à me mettre des œillères : elle m’a engagé au contraire à acquérir une vision plus large et plus précise de l’immense cataclysme. […] L’harmonie de l’ensemble est le produit d’une identité de caractères plutôt que d’un accord préétabli ; comme les plus grandes cités d’Angleterre se sont formées peu à peu, maison par maison, et non selon un plan déterminé ou une vision d’art convenue, mais pour économiser le terrain ou par la loi d’une orientation commune.

30. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Si vous avez un esprit de justice et d’impartialité, vous vous direz que les descendants d’Arminius n’ont point failli à leurs antiques légendes et qu’ils sont, dans la vie moderne, à la hauteur de leurs destinées, mais que leur génie n’est et ne sera jamais le vôtre, et que la germanisation de l’univers est une vision de l’orgueil tudesque, mais rien de plus. […] Cette réalité esthétique est indéfinissable et infinie, elle n’appartient intégralement ni à la réalité de vision ni à celle de la connaissance, mais participe des deux ; elle est pour ainsi dire la vie même, ou la matière pensée dans son action et chaque artiste est le centre de cette action.

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