Les pierres sont de l’âme figée, et sous les arbres d’Italie, oliviers, chênes-verts ou pins-parasols, tous plus épais de souvenirs que de frondaisons, on est envoûté à la fois d’ombre et de passé. Comme dans l’âme romaine où les traditions s’amalgament, il n’y a souvent qu’une Rome dans le bloc de briques ou de pierres où chaque âge a maçonné ses vestiges. » Parler de la Ville Éternelle n’est donc plus un lieu commun.
Le corps agile et solide a des mouvements souples et puissants de gros fauve ; au repos, c’est la carrure vaste de ces rudes hommes de pierre que le Piémont nous fournit pour les plus durs travaux de maçonnerie et de terrassement. […] Il réunit 250 signatures au bas d’une protestation typique qu’il avait rédigée contre l’enseignement officiel et dans laquelle il demandait entre autres réformes qu’on ne donnât pas toujours les mêmes modèles de nu, uniquement masculins ; qu’on admît aux séances des modèles femmes et enfants ; enfin que l’on cessât d’enseigner l’anatomie sur des bonshommes en carton pierre. […] Et n’est-il pas manifeste qu’avec de la glaise, de la pierre, du bois, de la cire, du marbre, du bronze, l’artiste intelligent et sensible peut suivre les expressions de la réalité, les mouvements de la mécanique humaine, la coloration, le proportionnement des êtres et des choses selon leur place et leur attitude dans l’atmosphère ? […] Pour cette tête, il a éprouvé tous les tons de métaux, d’oxydations, de fumée, de vieilles pierres, et s’est ainsi convaincu que le seul intérêt des patines réside en une appropriation médiocre aux convenances ambiantes du décor, de l’ameublement, etc., etc.
Casanova s’empare du verrou un beau matin : Dès que je fus seul, je pris le morceau de marbre noir, et je reconnus bientôt que c’était une excellente pierre de touche ; car, ayant quelque temps frotté le verrou avec cette pierre, je vis que j’avais obtenu une facette très bien faite… Je me servis de ma salive en guise d’huile, et je travaillai huit jours pour affiler huit facettes pyramidales dont l’extrémité se trouva une pointe parfaite. […] Non, le marbre était nécessaire dans le récit pour affiler l’esponton, l’un était la conséquence de l’autre, et, en plus, il devient une excellente pierre de touche. […] Les parois des lucarnes sur les toits ne sont faites ni en marbre, ni en pierre ; on emploie des matériaux très légers et très minces pour ne pas charger les toits, c’est-à-dire des lattis recouverts de gâché ; tout au plus des carreaux de plâtre, matière molle. […] Je range Casanova parmi les personnages pierre de touche. […] PIERRE DAUZE.
Elles ajoutent à la sauvagerie du paysage quelque chose de calme, d’ordonné, de pensif, de majestueux, et à la richesse de cette mer si belle répondent merveilleusement leur façade de pierre dorée et leur air grave et patricien. […] Tout ce qui est pierre semble s’unir à la pierre et tout ce qui est construction à ce qui est construit. […] Sa pensée n’est pas seulement dans les formes plus qu’humaines modelées dans la pierre ou dans la couleur, mais il semble presque dépasser leur réalisation plastique, et palpiter autour d’elles et les environner d’une solitude inviolables. […] Johnston, 3 fr., Hachette. — John Ruskin : Les Pierres de Venise, trad. par Mme M. […] Mais l’homme aussi a créé des choses belles ; Ruskin les commente et les explique dans les Sept Lampes de l’Architecture et dans les Pierres de Venise.
. — Les ouvrages peuvent avoir quatre sens : littéral ; allégorique, comme dans Ovide, où Orphée apprivoise les fauves et attire les pierres. […] En ce cas, les choses les plus connues seraient les plus nobles, l’aiguille de Saint-Pierre, la reine des pierres, et Asdente, le savetier de Parme le plus illustre des parmesans.
C’était Zio Pera qui écorçait des amandes, en les écrasant une à une avec une pierre. […] — répondit Elia, en posant le pied droit sur une pierre pour enlever l’éperon. […] Maintenant une pierre est mon oreiller, mon lit est la terre dure. […] Les pierres, mon agneau, les pierres ne suffisent pas à le rassasier. […] La scène sera entièrement construite en pierre, comme celle du théâtre grec de Taormine, en Sicile.
Parmi une telle effervescence, devant un tel abandon de tout ce qui tient au corps, l’art florissait poussant ses immenses lys de pierre : les cathédrales, les chapelles, les couvents ; couvrant les murs de ses romans, de ses contes, de ses rêveries ; volant trop haut pour s’attarder à un pittoresque étroit : s’élevant toujours au-dessus de son objet, il apportait à l’œuvre ce vague qui est la songerie même de l’inconnu, et cette précision expressive si intense qui ne peut faire douter du but qu’il voulait atteindre. […] De ce que Wagner en a fait la pierre angulaire de son temple, il ne s’ensuit nullement qu’une autre conception musicale soit inadmissible.
Quelques-unes de ces ombres sont si décharnées que leurs yeux paraissent « des chatons privés de leurs pierres ». […] D’autre part, le Fuoco, dans son essence purement intellectuelle, a froissé plus de lecteurs qu’on ne peut croire ; c’est le poème de la mégalomanie littéraire ; M. d’Annunzio y apparaît continuellement dans la pose aérienne du Mercure de Jean de Bologne dont les reproductions sont si populaires chez nous, et il aime à nous faire croire qu’il entend le langage des eaux, des fleurs, du vent, des oiseaux, des regards, des pierres et du feu, et il se montre entouré d’une suite de jeunes inspirés qui ont eu l’air de le prendre au sérieux. […] Ce monde nouveau dans lequel il vit, qui l’entoure, l’étonne malgré sa belle faconde de méridional ; cette bourrasque d’œuvres géantes, pierres qui font penser, fresques qui chantent et prient, figures de bronze et de marbre qui surgissent inquiétantes dans l’immobilité décisive du geste, tout cet ensemble formidable le surprend, l’accable presque. […] Mais l’inaltérable bonne humeur du beau garçon robuste et aventureux, qui se promenait sur la corniche du dôme de Saint-Pierre comme sur la place d’Espagne et qui escaladait volontiers le Colisée jusqu’à la plus haute pierre, pour gagner un pari dont l’enjeu était six cahiers de papier gris, n’avait pas seule fait les frais de cette sympathie : à l’Académie, Natoire qui a « de la peine à faire aler certains particuliers » le donnait volontiers en exemple aux autres. […] Elle jette sur le papier une vie intense : c’est du sang, du feu ou seulement la tiédeur de l’aurore ; et nul plus que Fragonard, ne devait se servir de cette pierre aussi magistralement.
Une pierre se dépitant de rester cachée parmi les herbes se précipita sur la route ; mais les roues des voitures et le bâton des passants la réduisirent en morceaux. […] Donatello avait été un maître puissant dans l’art de donner à la pierre, au métal, l’apparence de la vie. […] Mithouard remarque : Comme je m’étonnais de voir la jolie façade du palais Dario se présenter de guingois, déformée comme une broderie mal tendue, on m’expliqua que le palais tombant en ruine, elle avait été démontée, numérotée pierre par pierre et rapportée ensuite devant une construction nouvelle. […] Pouvait-on rien imaginer de plus heureux que de la border d’un découpage de pierre qui pendît à l’envers dans le canal comme du point à la rose ? […] Le « moi lyrique » souffrant et accablé, et cependant révolté, n’est plus semblable à la pierre, il est la pierre.
Il me semble qu’il devrait attendre encore quatre mois et faire ainsi d’une pierre deux coups. […] Cela serait vite fait, et demanderait quinze jours si j’avais des tailleurs de pierre qui vaillent quelque chose. […] Le lieu où l’on tire la pierre est ici très escarpé, et les hommes sont très ignorants en cette matière. […] Pour l’œuvre de Saint-Laurent on tire beaucoup de pierres à Pietra Santa. […] Tous ceux qui étaient autour se trouvèrent en très grand danger de mort, et une admirable pierre est perdue.
Celui qui est à gauche, et le moins haut, est l’ancien Vésuve, où l’on trouve les pierres qu’on travaille.
Les vieux temples s’effondrent, ou gardent seulement toute leur beauté de pierre pour notre joie esthétique. […] Rien ne survit de leur gloire, sinon Des pierres, où l’on voit, du fond de la bruine, Se lever ce matin, plus haut que les grands ifs, Dominant le rempart et les palais massifs, Les treize tours debout sur la ville en ruine. […] Ruskin : Les Pierres de Venise (Laurens) Les Pierres de Venise, étudiées par les Canaletto, devaient l’être aussi par John Ruskin. […] Mais il ne figure ni dans les éditions abrégées, ni dans la traduction française qui vient d’être donnée des Pierres de Venise par Mme Mathilde P. […] Suivant les tendances de son temps, la volonté de son public, il jeta sur ses fiers fantômes médiévaux la pierre très lourde et grise du réalisme.
C. citadelle ; travaux considérables auxquels on dépense, dit-on, 12 000 écus par jour ; B. arc de triomphe bien conservé de… à six pieds de la mer ; C. fanal au bout du môle ; D. porte de France ; F. petite jetée en simples blocs de pierre.
C’est le vase de Pandore ; il y a des pierres précieuses et des parfums enivrants là-dedans ; si on le découvre, c’est le poison qui sort ! […] Le malade se tord dans des spasmes d’agonie, l’écume jaillit de sa bouche, et enfin sous l’impression de cette souffrance atroce dont la seule description fait dresser les cheveux, perd connaissance ; cependant, ajoute notre texte, il n’hésite jamais à recommencer l’opération si, quand ses blessures sont guéries, il ne se sent pas soulagé du mal dont il souffrait. » Mais on pensera bien qu’il y a d’autres singularités dans les habitudes de ce peuple, en majorité chrétien, et que des séries de pierres sonores entrechoquées appellent aux offices ; qui possède des moines volontairement emmurés pour acquérir le titre de saints ; qui croit au mauvais œil8 ; dort dans une posture recroquevillée et les genoux sous le menton9 ; se nourrit d’une sorte de galette appelée sciro, faite pour les riches avec de la farine de pois verts ou de lentilles, pour les pauvres avec de la farine de fèves, de pois chiches ou le plus souvent de graine de lin. — À noter, dans les curiosités des usages que le chef, aux jours de réception, doit offrir trois fois plus de victuailles et de boissons qu’il n’est nécessaire ; par courtoisie les invités engloutissent tout et arrivent ainsi au dernier degré de la plénitude ; seulement il y a un maître des cérémonies dont la fonction consiste à maintenir la paix et la tranquillité de l’assemblée ; il se met debout au centre de la pièce, tenant une longue baguette, et crie à haute voix, de temps en temps : Toantè ! […] Colbert même. » Cependant son projet est prêt, et on va poser la première pierre que le roi scellera. […] Les murateurs furent fort étonnés et ils s’en prirent à la gelée, qui avait tout gâté, comme si c’était une chose fort extraordinaire qu’il gelât en hyver. » Enfin, le 17 octobre, le roi descend dans les fondations creusées au Louvre ; le Cavalier lui présente la truelle et le bassin d’argent où est le mortier, le roi scelle la pierre qui recouvre la médaille de Varin et s’en va.
Il rapporta, de ses voyages, une pierre admirable : une pierre d’or vierge éclatante, comme du feu solidifié. […] Son caprice n’est-il pas semblable à celui qui me fait incruster des pierres précieuses dans de l’or ? […] Je lui promis une commande prochaine, car il me manquait un coffret pour placer des pierres taillées, des médailles et des monnaies rares. […] Vos perles et votre pierre d’or ne jetteront-elles pas toujours les plus limpides feux quand les frappera la lumière ? […] Ce sont là, mes amis, de venimeuses vipères… et pour attirer les vipères il faut des pierres et des trous.
Elle est précédée de ce discours : De la dernière Terre lointaine et de la pierre blanche de Pallas, qui depuis deux mois, a déchaîné dans toute la presse italienne tant de colères, de haine, de révoltes et qui a surtout permis aux jeunes écrivains de proclamer leur éloignement définitif du maître de jadis.
Les armes, les croix, les hommes, les tempêtes demeurent, ô Temple, et ils sont tes énormes pierres.
Les reflets ne s’y font jamais, comme on l’a trop représenté, des pierres à l’eau, au contraire par pierreries chatoyantes et vibrantes, la lumière emplit de sa danse l’atmosphère, elle plonge en l’accueil joyeux des canaux et c’est alors de là qu’elle se répercute par échos frémissants aux quais et aux murs dont elle transforme et lie, pour ainsi dire, l’aspect, sinon, disparate. […] Thomas sonda les plaies de Jésus : à Saint-Jean de Latran ; Et, toujours en cette église privilégiée : La Verge de Moïse ; la pierre du sacrifice d’Abraham ; la table de la dernière cène, et des cheveux de la Vierge. […] Le soin d’être complet ne me tente ni ne s’impose : cette collection de plus de cent numéros — toiles, panneaux, marbres, pierres et bois — comporterait mal aisément un catalogue raisonné.
Il me précéda dans les escaliers de pierre qui dessinaient une large évolution. […] Nous montions, nous avions chaud, le rude soleil nous caressait, nous sentions sous nos pieds avec amitié la pierre dure. […] Et si, par hasard, cette équipe opère devant nos yeux, c’est pour effectuer de colossales sottises, mélanger, par exemple, sur la surface murale, des cubes de pierre et de marbre avec des cubes d’émail, obtenir, par des procédés inconnus des mosaïstes, des smaltes d’or, rattraper, pendant la nuit qui, confondant les couleurs, rend la besogne impossible, le temps perdu en festins pendant le jour.
Celle-là fut capable de donner des contours nets à un dessein créé par la fortune et la nécessité : une Europe se démolissant comme un château en ruines, une Europe à reconstruire, pierre par pierre, morceau par morceau. […] Scipio Slataper La jeune littérature a perdu avec Scipio Slataper (1888-1915) un écrivain qui avait su s’affirmer avec un petit livre âpre et savoureux, inspiré des plateaux que les Italiens sont en train d’arracher, pierre par pierre, à l’ennemi. […] L’élégant palais de la « Ca’ d’oro » à Venise, dont la jolie façade, bien connue de tous les touristes, mire dans les eaux du Grand Canal ses dentelles de pierre, a été offert récemment à l’État italien par son possesseur, le baron Georges Franchetti, qui avait reconstitué dans cette magnifique demeure du xve siècle, en l’ornant de tapisseries, de tableaux, de sculptures, de meubles précieux, l’intérieur d’un patricien à l’époque de la splendeur de Venise.
Dans sa préface, l’auteur émet l’espoir qu’il sera possible, par la suite, de reconstituer toute l’histoire de la sculpture pré-italienne, c’est-à-dire l’histoire du travail de la pierre en général depuis la mort de Constantin jusqu’à la renaissance pisane en 1265. […] Leur vol neigeait de blancs aveux dans la pénombre ; nous sentions sur nos cœurs cette douceur frôler en nous, longtemps… des lacs d’ozone et d’ombre jusque la niche en pierre au faîte du clocher ! […] Greppi ; le pont de pierre à Vérone, par M. […] Une génération est déjà passée : pour celle qui lui succède, même le nom d’Alfredo Oriani est inconnu ; une lourde pierre semble baissée pour toujours sur son tombeau d’homme vivant. […] Pourquoi entre tant de villes, pittoresques ou émouvantes, de la vieille Europe avoir fixé son choix sur les pierres vénitiennes ?
Les grévistes entourent la villa, en exigeant à grands cris justice pour eux et pour ce pauvre fils méconnu, chassé, qui devient un magnifique prétexte à une rébellion tapageuse : ils lancent des pierres, ils fracassent les vitres, ils renversent les grilles, ils vont saccager la villa. […] On y voit plus au large la ville et ses pierres sculptées, cette cathédrale qui rendit Taine à peu près ivre, ces Sodoma impurs et mélancoliques et la nudité harmonieuse de ces Trois Grâces, don d’un pape.
. — À propos de la Nichina Au dernier moment nous recevons de Venise, à propos de la Nichina a, une lettre dont on nous permet de donner au public quelques paragraphes : « Ce roman intéresse beaucoup les vieux Vénitiens qui, comme moi, aiment chaque pierre de la cité dogaresse ; mais ils sont choqués par certaines inexactitudes.
Souvent, le mouvement psychique d’une Ode est si exclusivement classique, et semble si étranger aux besoins animiques nouveaux d’un peuple, que l’Ode reste toute lumineuse dans sa lumière de pierre précieuse admirablement taillée, mais froide et un peu lourde.
Pietramala (mauvaise pierre), Rome, est amplissima et patrie du plus grand nombre des hommes.
Sur ces pages de pierre, ainsi dégagées, l’art pieux des Images s’inscrivit avec le plus pur éclat Les portiques, où roulaient les tournoyantes et fumeuses bacchanales, s’ouvrirent sur l’azur limpide du Paradis.
On peut comparer la science à une pyramide : chaque pierre disparaît sous la nouvelle et toujours la dernière frappe l’esprit. […] Ainsi l’a voulu l’auteur lui-même, puisque, dans ses aspirations aristocratiques, il s’est toujours efforcé de donner à tous ses albums un caractère exceptionnel de rareté, en ne les faisant pas tirer à plus de cinquante exemplaires, ordonnant qu’après un tirage aussi restreint les dessins fussent aussitôt effacés des pierres ».
Une lumière s’allume-t-elle dans cette nuit de pierres et d’eau, une lumière mystérieuse, comme une étoile perdue dans un ciel d’orage, voilà mon démon qui m’emporte ! […] Ces argots, propres à diverses professions saisonnières et ambulantes (peigneurs de chanvre, tailleurs de pierre, ramoneurs, chaudronniers, moissonneurs, etc.), sont en voie de rapide disparition et plusieurs d’entre eux, recueillis vers 1860, n’existent plus aujourd’hui. […] La Venise d’Abel-Truchet est une Venise vivante ; les vieilles pierres y sont évoquées surtout comme cadre à la vie actuelle et les gens y vivent réellement.
Même si nous nous contentons de la décrire, d’en classer le détail et les aspects, il semble que toute une phénoménologie serait nécessaire pour dire les ciels, les végétations, les pierres et le peuple clairsemé qui la parcourt… Ouvrages sur la guerre actuelle. […] Pour les âmes timorées du lieu, Lodoletta est une pierre d’achoppement.