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2. (1915) Articles du Mercure de France, année 1915

L’Italie a le respect du droit et de la justice ; le droit a été instauré à Rome d’où il a rayonné sur le monde civilisé, et c’est par loyauté que l’Italie fait sienne la phrase anglaise : Honesty is the best policy. […] Point de littérature en chambre, point d’enthousiasme à froid, point de phrases grandiloquentes et vagues dont le son offusque le sens : des observations lucides faites sur le terrain, mais élaborées par un esprit cultivé capable de grouper les phénomènes, d’en saisir les rapports, d’en dominer l’ensemble. […] Le vent glacé éparpillait ses paroles, mais des lambeaux de phrases arrivaient à mes oreilles ; — Regardez… maisons détruites par les Belges ! […] Dans tout le volume je n’ai pas découvert une seule exagération, une seule phrase vide, une seule fausse note. […] Il a appliqué le mécanisme précis et fin de sa critique aux sujets philosophiques, historiques, sociologiques les plus divers, non sans dévoiler le vide de bien des phrases et le néant de bien des illusions dont s’étaient nourries les générations précédentes.

3. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXI »

Il y a une seule phrase qui a pu paraître ambiguë à l’aimable Angela. Mais je compte la lui faire relire et lui faire avouer que cette phrase ne prouve encore que mon amour pour elle.

4. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Il n’avait pas achevé sa phrase, que Nina apparut. […] Antonio eut, pour Wellseley, quelques phrases aimables. […] » Il répéta plusieurs fois cette phrase. […] Et, depuis, toujours les mêmes phrases reviennent à sa bouche. […] écoutez… Un violon joua la première phrase d’un andante.

5. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

mais, monsieur d’Ancona, cette phrase peut bien se traduire par un seul mot : Bragadin. […] Voici une autre phrase, un peu plus explicite, de l’abbé Fulin qui vise déjà les personnages. […] Comment un éditeur a-t-il laissé perdre une aussi jolie phrase ? […] Très simplement et pas longtemps, deux ou trois phrases. […] C’est sur cette phrase que se termine l’émouvant épisode, et dans le poème, il ne sera plus question des Phéaciens.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 251, 1er décembre 1907 »

Enfin, quand il présente aux lecteurs ses Mémoires écrits en français, bien que sa langue naturelle soit l’italien, ne réclame-t-il pas une indulgence qui lui paraît obligatoire, puisque, dit-il, on a pardonné à Théophraste ses phrases d’Érèse, à Tite-Live sa palavinité, à Algarotti lui-même ses gallicismes ? […] La lettre que Voltaire écrit à Albergati, onze jours après avoir reçu Casanova aux Délices, et que nous avons déjà citée, pourrait donner à penser qu’il y avait eu à ce moment, entre Albergati et Casanova, une véritable polémique ; voici, en effet, la phrase énigmatique que nous y relevons : « Il est vrai que, pour du plaisir, vous venez de m’en donner par votre traduction, et par votre bonne réponse à ce Ca… 11. » Ne jurerait-on pas que c’est de Casanova qu’il s’agit ici et que la réponse en question arrive fort à propos après l’entretien qui nous est rapporté dans les Mémoires et où Albergati est traité avec si peu d’indulgence ? […] Certaines phrases de l’article Superstition dans le Dictionnaire philosophique offrent d’ailleurs avec celle que Casanova s’attribue une analogie très intéressante : « Il est des sages qui prétendent qu’on doit laisser au peuple ses superstitions, comme on lui laisse ses guinguettes17. »« Jusqu’à quel point la politique permet-elle qu’on ruine la superstition ?

7. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Guido Bosio, qui (Gazetta Letteraria) rédige sur Wagner des phrases à résumer ainsi : « Wagner était un dégénéré supérieur, atteint de délire des persécutions et des grandeurs, de folie mystique, de folie anarchique, de graphomanie, d’incohérence, d’émotivité exagérée, de psychopathie sexuelle et de fanatisme religieux. […] Par contre, l’absence de leitmotif rend son usage accidentel infiniment plus expressif : nous en avons un exemple dans Othello avec la phrase du « Baiser », dont la réapparition à la fin du IVe acte provoque une très intense émotion : La mise en scène est fastueuse.

8. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Ce critique n’a aucune autorité parmi nous, car nous jugeons qu’il y a un plagiat bien plus répugnant que celui des phrases, c’est le plagiat des formes intellectuelles. […] Est-ce donc un crime si turpide que d’avoir vulgarisé en Italie quelques belles phrases ? […] Là, on n’aurait à reprendre qu’un peu de timidité dans l’éloge et quelques distractions, comme cette phrase incompréhensible : « è una poesia fatta di polveri cochet, di profumi di violetta… » Vittorio Pica : Paul Verlaine, broch. in-40, Bergame, Extrait de l’Emporium À la Notice de M. 

9. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Mais les artistes de ce théâtre mettent souvent à profit l’ignorance des Allemands et ajoutent au texte des phrases qui mettent le public belge en joie. […] D’autre part, le prince de Bülow avait prononcé les phrases célèbres ; pleines de grâces teutoniques, sur les tours de valse ; et : « On nous a débauché l’Italie. » De tous les côtés, on avait une gentille opinion de nous ! […] Pour une lettre de Paris assiégé, riche et magnifiquement colorée, combien d’odes sur la résurrection latine, de phrases et de mots odieusement vieux et faux… Et dans le monde moral ? […] D’abord, j’ai horreur d’un rythme trop marqué dans la succession des phrases. […] § M. d’Annunzio, espérons-le, démentir ses détracteurs ; s’il chante encore d’harmonieuses phrases après la guerre, il saura bien en chanter aussi quelques-unes sur l’état d’esprit des jeunes Italiens qui meurent chaque jour pour racheter les pays irredenti.

10. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Un discours qu’il prononça, voici trois mois, à Montecitorio contenait une phrase qui exerça sur l’esprit des masses ouvrières de Turin et de certains soldats une influence des plus néfastes. […] Treves a beau expliquer aujourd’hui que sa phrase avait une portée générale, universelle, et ne s’appliquait pas spécialement aux soldats italiens. […] Mesnil l’occasion d’apprendre que Basile n’a jamais prononcé cette phrase. […] Focillon a une phrase heureuse. […] Il ne s’agit point, ici, de quelques simples phrases.

11. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

J’ai lu dans le carnet d’un pieux écrivain, mort en bienheureux, cette phrase :  » “Une seule injustice commise à Jérusalem a compromis à jamais l’idée de justice. […] On sait qu’il ne proféra point la phrase de mélodrame : E pur si muove. […] Elle interprète parfaitement la phrase qui la lui a suggérée : “La muraille de sa chambre s’entr’ouvrait et de la fente était projetée une tête de mort1. […] J’ai pu comparer maints passages et j’ai rarement trouvé trois phrases consécutives qui n’aient pas été touchées. […] Citation incomplète ; la phrase se termine par ce vers : Non donna di provincia, ma bordello !

12. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — Dernière partie du « Journal » — Second séjour à Milan — Chapitre LXXVI »

Pour ne pas tomber dans l’erreur de cet homme extraordinaire, je viens d’écrire 4 pages de phrases plates.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Introduction] »

La partie que nous donnons ici étant datée du 8 octobre 1811, de Naples, nous n’avons pas l’intervalle compris entre cette date d’arrivée à Naples et celle du départ de Milan, précisée dans le Journal, à la page 407, par cette phrase : “Je partis de Milan à 1 h. 1/2 le 22 septembre 1811.”

14. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

il a une phrase écrite sous la doublure de son capuchon… — C’est un joyeux compagnon de la scalza. […] Je rapportai ces phrases à Giorgio. […] On commençait à répéter ses phrases et ses discours, on en tirait des théories dont il se moquait. […] lui demanda Ridolfi… Je devine à ton silence que mes phrases éloquentes te séduisent. […] » Voilà les phrases qui harcelaient mes oreilles et me rendirent honteux.

15. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Sans nier certes les inexpériences et les maladresses d’un orchestre peu cohérent, la sonorité indigente d’un quatuor, qui, le plus souvent, se borne à doubler inutilement les voix, la constante monotonie des cuivres employés par masses ou en solistes, l’italianisme fâcheux de certaine phrase (noli me tangere…), l’impersonnalité de l’inspiration mélodique qui oscille entre Marcello, Palestrina, Bach, Haendel — les savants ajoutent Carissimi — sans excuser la puérilité d’un Terremoto, vraie tempête dans un verre d’eau, ou de quelques mesures sautillantes qui dépeignent Marie-Madeleine courant vers Simon-Pierre, ils ont compris cependant, au souffle de foi et de bonne foi qu’elle émane, qu’ils étaient en présence d’une œuvre digne de respect. […] Pour lui, comme pour Palestrina, chaque phrase de musique doit correspondre à une phrase du texte sacré, il ne cherche pas à écrire des morceaux, il réprouve tout ornement inutile et bannit de son instrumentation, conçue volontairement en teintes plates, tout pittoresque, tout agrément étranger au sens même du verbe. […] Phrases sur l’Art Remy de Gourmont. […] Pour les mettre en lumière, la musique s’attarde à des morceaux en quelque sorte traditionnels, de ceux que les contempteurs du public déclarent faits pour lui ; et, très à découvert, les phrases de désespérante banalité, aux harmonies flétries, aux cadences fatiguées pour être passées par trop de mains se succèdent doublées en unissons, ou à l’aigu par des violons exaspérés, soudées les unes aux autres par de pénibles successions chromatiques, de plates suites de sixtes, ou d’énervants enchaînements de septièmes diminuées.

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »

La lutte s’exaspérait entre l’expression rétive et la pensée, qui sortait enfin victorieuse, comme emportée sur les ailes d’une phrase au vol large.

17. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Quelques photographies portaient comme légendes des phrases du roman. […] Mais très souvent elles portent une lumière nouvelle sur une phrase, qu’elles renforcent par un mot explicatif, par un rappel, par une note. […] Les remarques qui intéressent le style, ou qui précisent la pensée d’une phrase parfois en la modifiant, sont les plus nombreuses. […] Mais par un prestige de son talent, tout ce qui est détail pittoresque, transcription de décors, se trouve rejeté dans les coins de phrase ou de pages. Il ne développe pas le décor, mais les quelques phrases où il a coutume de l’indiquer sont si complètes que son œuvre en est toute parfumée.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 246, 15 septembre 1907 »

Or, dans la préface de l’édition Asse se trouve la phrase suivante : « Cet Italien était d’une salacité qui surpassait tout ce que l’on a connu en France dans ce genre. » Le mot salacité, qui était inconnu à Nietzsche, pense M. 

19. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Chaque fois qu’un artiste français fabrique de l’amour, on peut être sûr que ce n’est pas ardent et que ça ne brûlera personne ; c’est de la mécanique et presque toujours une sorte de technicité obscène qui se voile, cérémonieusement, de phrases singulièrement savantes, car l’impuissance génésique se mesure souvent à la puissance… du métier. […] Pourquoi cet étalage extraordinaire de phrases, d’images et de tableaux autour d’un poète aimant simplement une actrice, du créateur s’énamourant de ses propres créations ? […] Selon sa fine et juste expression, chaque phrase de Gourmont contient une idée et chaque période cache une vérité.

20. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Ses lettres peuvent se résumer en une seule phrase courte, elle ne sait dire que celle-là : Je vous aime bien, aimez-moi de même. […] Elle chanta quelques phrases. […] Et sa langue simple et pleine, élégante et nerveuse, se cristallise dans des phrases qui étincellent et réchauffent. […] Qu’y a-t-il sous ces phrases imprévues et mystérieuses ? […] Car plus les mœurs sont déplorables et plus les hypocrisies se compliquent des phrases d’une inutile décence.

21. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

les phrases, les phrases, qu’elles ont causé de sottises en notre pays2. » […] Épilogues. […] Sauf deux ou trois phrases elle est pédantesque et inutile.

22. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Il y a dans cette phrase plus de bois vert que sur les bûchers de l’inquisition. […] Wagner a écrit la musique de l’Évangile et l’abbé Pérosi les plus profanes opéras ; Renan a plus d’onction que l’archevêque de Paris et voilà pourquoi le Syllabus de Pie X ne vaut pas cette simple petite phrase : « Un principe étant donné, il est nécessaire que sa conséquence en découle vraiment. » Et encore : « Avant de faire état d’une règle générale, on répétera deux et trois fois l’expérience, en observant chaque fois si les mêmes effets se produisent dans le même ordre (236). […] Voilà une assertion qui devançait tellement la marche de l’esprit occidental que l’inquisiteur de l’an 1500 ne l’aurait pas dénoncée, faute de concevoir une audace si grande, et peut-être impunément Léonard aurait imprimé cette redoutable phrase : « Les règles de l’expérience qui sont les modes à discerner le vrai du faux persuadent aux hommes de ne se promettre que des choses possibles et avec modération, au lieu qu’aveuglés par l’ignorance, ils cherchent sans nul effet et tombent dans la mélancolie et le découragement (209). » § L’éthique de Léonard induit à un parallèle entre la sainteté et la sagesse. […] Pour l’historien et le psychologue, la bonne Lorraine est un miracle vivant : chaque phrase de ses répliques rayonne de clarté, de mesure, de génie ; quel homme des Chartres qui ne soit prêt à baiser les pieds de cet ange à forme humaine ? […] Il la révèle en évidence et en beauté, surtout dans la partie où il discute la phrase de Maeterlinck qui déclarait avoir écrit Ariane et Barbebleue pour offrir au musicien « un thème convenable à des développements lyriques ».

23. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

À l’instant je lis dans une toute récente préface de catalogue cette phrase, citée de Fromentin : « Prétendre se distinguer par l’habit, quand on ne se distingue en rien par la personne, est une pauvre et vaine façon de prouver qu’on est quelqu’un. » Plus d’un, parmi ces jeunes Italiens, se distinguerait « par la personne » s’il ne nous dérobait son originalité sous l’uniforme d’une fausse méthode. […] Outre la critique artistique, mal représentée par des professeurs aux calculs mathématiques trop précis et aux phrases trop sonores, tel M.  […] Qu’on nous épargne des phrases où le rôle moralisateur de l’art est considéré « comme un moyen de communication entre les consciences », alors que l’art n’est et ne peut être que l’abîme esthétique individuel créé par une immobilisation individuelle de la vie, par une représentation typique de la non-mort. […] Voici pourtant que naissent sous sa plume nonchalante quelques savoureuses descriptions de paysages et qu’il se laisse aller à traduire sa joie de vivre, non plus par l’étourdissante fantaisie de sa verve caustique, mais par des phrases musicales où perce un sentiment très vif des charmes de la nature provençale. […] Dans un vade-mecum destiné à la phalange des émigrants italiens, le poète voit une sorte de petit dictionnaire, où quelques phrases, qu’il est nécessaires que l’émigrant appre

24. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Sa langue est très pure, et les quelques cadences antiques qui résolvent plusieurs de ses phrases, le choix des mots et des agglomérations de mots, ont souvent un goût ancien qui lui reste des années passées dans la composition de ses tragédies où le style archaïque lui fut cher. […] La phrase qui a servi à composer un paysage, un état de l’atmosphère, en un moment précis du drame, lorsqu’il y a un rappel du même sentiment dramatique, s’ouvre, se décompose, enveloppe le dialogue avec une insistance toute musicale. […] Des souffles passaient comme des halètements ; des nuages passaient comme des chevelures, dans lesquelles se prenaient des étoiles… » De tout l’ensemble de cette évocation nocturne qui finit sur cette phrase : « C’était comme une nuit connue, qui revenait dans le cycle des années, de très très loin », le poète détache des passages, des éléments « musicaux », qu’il répand par-ci par-là dans le cours du récit. […] Nous avons tous lu, en leur temps, les Chants de Maldoror, où nous avons découvert cette phrase exquise dans son ingénuité : « Phallus déraciné, pourquoi fais-tu de pareils bonds ?  […] » M’est avis, Messieurs, que cette phrase, copiée au hasard dans un livre où il s’en trouve beaucoup de la même valeur, devrait à elle seule sauver la face du futurisme.

25. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

Tanu au contraire voulait faire le sceptique, détournait adroitement, avec malice, le sens des phrases les plus innocentes d’Antine qu’il mettait souvent en colère ; mais au fond il était émerveillé et curieux. […] L’autre relut posément, traduisit même en patois certaines phrases ; Zio Félix enlevait et remettait ses lunettes, devenait toujours plus pâle, et ses lèvres étaient de cendre. […] Le vers dramatique soupire l’élégie, souffle le lyrisme ou clame l’épopée ; c’est aussi la flèche qui se plante dans toutes les mémoires, et c’est la phrase musicale qui chante sur toutes les lèvres. […] Après avoir rêvé longtemps pour trouver quelque chose à blâmer dans ce chef-d’œuvre de la moderne poésie italienne, je ne vois à reprendre qu’un peu d’obscurité dans deux ou trois passages, et une ou deux tournures de phrases trop directement empruntées du latin32. […] Ernest-Charles que le chiffre de cinquante mille francs par an… Et je trouve quelque effronterie à la phrase qu’Émile Zola répétait souvent à M. 

26. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Il est telles situations où la rondeur du cantabile, la carrure trop « musicale » de la phrase isolent un personnage du drame qui l’entoure et, malgré les velléités — parfois incontinentes — de sa furia teutonica s’évertuant de multiplier les antithèses dynamiques, cela arrive assez fréquemment chez Gluck. […] Que G. d’Annunzio ait traduit quelques paragraphes et plusieurs phrases de G. de Maupassant, sans les accompagner d’inesthétiques guillemets et de références importunes, cela ne témoigne pas seulement d’une lecture attentive, d’une mémoire complaisante et d’une méthode de travail un peu rapide. […] Aussi ne sont-ils parfaitement à leur aise que quand ils décrivent : tout objet tangible, tout phénomène physique apparaissent, à travers leurs phrases, plus réels que la réalité ; et quant à la prétendue psychologie des deux romanciers, elle n’est qu’une transposition en termes expressifs des phénomènes abstraits.

27. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Il met son ambition dans le renouvellement de la syntaxe ; il s’efforce de rompre les allures routinières des phrases italiennes : on ressent dans ces tentatives l’influence de Niccolò Tommaseo et de Carlo Dossi, — mais il est surpassé, dans cette direction, par M.  […] Wilson, ne peut être forcé d’accepter la souveraineté qu’il repousse, aucun changement de pouvoir ne pourra être effectué s’il n’a pour but d’assurer la paix au monde et le bonheur du peuple… La fraternité universelle ne doit plus être une phrase creuse, mais une réalité… Si nous sommes unis, la victoire est certaine… nous pourrons alors nous permettre d’être généreux… » Un si noble langage, l’élan qu’il provoque dans la grande république américaine, l’autorité qui en résulte pour elle dans le concert des nations, ce sont là des faits immenses et qui permettent de croire au progrès du monde. […] Il n’arriva jamais qu’il se soit écarté des vérités de la doctrine chrétienne. » Dans l’article en question, je relève la phrase suivante : En somme les gens qui interprétaient contre l’Église la pensée de Dante connaissaient fort mal cette pensée et encore moins la théologie. […] En lisant cette phrase, je n’ai pu m’empêcher de me répéter à moi-même les vers si connus du 19e chant de l’Enfer, où Dante répond en ces termes au pape Nicolas III qui avait poussé le népotisme jusqu’au scandale : Deh or mi di guanto tesoro volle Nostro Signore in prima da san Pietro, Che ponesse le chiavi in sua balia ? […] Henry Cochin à écrire la phrase citée ci-dessus, c’est ce dont je fais juge les lecteurs de notre Mercure.

28. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

» Cette phrase est un exemple frappant de la manière de raisonner de Lombroso. […] Les phrases du genre de celle que j’ai citée surabondent dans ses œuvres. […] Il serait impossible de formuler d’une façon sensée la suite d’idées qui a passé par la tête de Lombroso lorsqu’il a écrit cette phrase. […] Je pourrais multiplier à l’infini de tels exemples : une grande partie des « documents » que Lombroso emploie sont de cette force : en réalité, il ne sait pas lire, ses citations sont incomplètes ou altérées : il est matériellement impossible qu’il ait lu tous les ouvrages qu’il cite ; il les a parcourus des yeux rapidement, son attention a été attirée de ci de là par des mots, par une phrase, où il voyait une confirmation de son idée fixe.

29. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

Je n’avais plus rien à lui dire et je me taisais ; il n’avait plus rien à me dire ; mais au lieu de se taire, il fabriquait des phrases et récitait des poésies horriblement longues.

30. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Valcarenghi déclare que Carducci s’est mis au ban des poètes italiens ; la Critica sociale l’exécute en quelques phrases ironiques.

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