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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Sans cela, on ne comprendrait pas que le parler de la ville éternelle fût turpissimum ; les mœurs dépassant ce qu’il y a de plus fétide désignent le pouvoir temporel. […] Le Souverain Pontife le conduit, par la révélation, à la vie éternelle, l’empereur lui donne la félicité temporelle, par des enseignements philosophiques. […] Les traces de la science éternelle sont voilées dans l’Écriture-Sainte comme dans les poètes. […] Ainsi Boëce se parla à lui-même pour effacer l’éternelle infamie de son exil. […] Le latin est souverain, éternel et incorruptible ; tandis que le langage vulgaire se transforme et se plie au ton de l’agrément.

3. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

La brèche de la Porta-Pia, qui rendit enfin la ville éternelle aux Italiens, n’apaisa pas le dédain du poète. […] Un panthéisme sincère et profond passe dans toute son œuvre, et l’anime par les accents éternels de l’harmonie des choses C’est un panthéisme emprunté à la conception grecque de Géa, à la philosophie réaliste de Lucrèce, à la poésie bucolique qui nous charme à toute heure chez Virgile, chez Horace, chez Tibulle, chez Catulle. […] L’on entrevoit des églises agrestes perdues dans le silence de la campagne, des cimetières où l’on envie le repos éternel, et la fumée fuyante des moulins et des fouleies. […] » Le vin, l’amour, la joie, les attraits éternels de la nature ont droit au partage de la vie de l’homme, laquelle doit se passer dans l’action et non pas dans l’ennui stérile de toutes les choses de ce monde. […] C’est un esprit éminemment latin qui entrevoit l’Urbs éternelle dans tout ce qui est grand, auguste.

4. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Il tomba, le menton dans la poussière, et dans cette attitude l’éphémère se donna des peines éternelles. […] Se développant dans un tryptique : la Cathédrale, la Demeure des Rois, la Ville, elle synthétise la vie séculaire de l’Occident, depuis l’avènement chrétien jusqu’à celui, encore obscur, encore crépusculaire, de notre vie moderne : depuis le signe éternel d’angoisse et de joie laissé par l’homme dans ses cathédrales, jusqu’au brouillard animique de la Ville moderne, à travers les demeures des Rois de l’époque de fer, la Renaissance. […] La vérité historique est saisie dans son essence éternelle, dans sa puissance centrale et rayonnante.

5. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Il remplace le livre aux éternels litiges par le Cosmos. […] », répond : « Connaître Dieu, l’aimer, le servir et par ces moyens acquérir la vie éternelle. » Il nous donne à ce propos une belle sentence. […] Le Moïse de l’expérience a fait pour nous un pacte avec l’éternel, il a renouvelé les motifs de croire, il a rendu à l’esprit humain sa liberté qu’oppressait le cauchemar israélite. […] La vengeance éternelle (Audition du chant XXXIII de l’Enfer). — IV. […] Les races boréales ont jusqu’ici le privilège de la création psychologique de « types humains » plus que de « figures humaines », de types éternels, ainsi qu’elles ont le don de la création métaphysique et symphonique.

6. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

amène-moi, toi, vers la paix éternelle, Et unis-moi à ceux qui eurent pour leur sort la béatitude, Et laisse-moi ondoyer dans ta lumière. […] L’androgyne grec, ravi aux sphères éternelles, plane au-dessus de ce monde et remplit la vaste étendue qui sépare le mortel et l’immortel. […] Hofmiller intitule « Salade romaine » des impressions de la ville éternelle, où se mêlent des réminiscences historiques et littéraires. […] Il met la musique à la base de toute l’architecture esthétique ou sont représentés les fantômes millénaires et éternels de l’œuvre spirituel. […] Croirait-on que la Ville Éternelle n’est qu’à un quart d’heure de la plage d’Ostie (vingt kilomètres en terrain plat) et qu’aucun véhicule à traction mécanique ne relie jusqu’ici ces deux points ?

7. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

D’Annunzio comme Rodin fait reposer tout son système esthétique sur l’éternel féminin. […] Et l’homme s’étonne des créatures qui fleurissent de lui dans les mais éternels. […] Et que ton nom jouet d’un éternel orage. […] Elle a toujours le secret des paroles qui conduisent à la vie éternelle et de celles qui assurent la félicité de la vie présente. […] » Mais dites plutôt : « Je suis une parcelle du cadavre éternel et vivant de la nature ! 

8. (1896) Articles du Mercure de France, année 1896

Bâtissons un temple à la Beauté, la Beauté éternelle, immuable, qui vivifie et déifie la nature entière, à la Beauté, qui se manifeste depuis la plante, élevant vers le ciel, comme une prière, le rythme de ses feuilles, jusqu’à la créature humaine la plus parfaite, car il y a autre chose que l’aspect extérieur dans la nature, la lettre est animée du souffle de l’Esprit. […] Querelle d’art essentielle, éternelle. […] Si les éternels néo-anciens s’obstinent à comprendre ainsi leur mission, ne faut-il pas les laisser à ce rang subalterne ? […] L’éternel « Nu » rigide des académies ne correspond qu’à un parti pris décoratif.

9. (1894) Articles du Mercure de France, année 1894

Le Beau, c’est ce que l’on sent être Beau, c’est ce qui, même sans plaire, s’impose ; c’est une lueur de l’Éternel devant notre infirmité. […] En outre, l’image légendaire et préjudicielle que nous suggéra le génie anglais persistant en notre rétine cérébrale avec la force des créations éternelles, une étrange superposition, un parallélisme constant nous déroute au grand désavantage de l’œuvre italienne.

10. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

Je ne connais aucun livre qui plus que celui-là soit un antidote contre les fadaises des éternels virtuoses de l’impressionnisme esthétique. […] Et en se reconnaissant lui-même et chacun de ceux qui l’entourent, il sent la sagesse qui l’encombrait s’évanouir ; c’est alors qu’il crie qu’il n’est pas un ascète, qu’il n’est pas séparé du monde, qu’il n’est pas éternel, qu’il est homme lui aussi, et destiné à mourir. […] Quant à ces canons de gros calibre transportés dans les neiges éternelles à des trois mille mètres d’altitude, les artilleurs seuls peuvent imaginer les difficultés qu’il a fallu vaincre pour amener à bien des entreprises aussi hasardeuses. […] Voyez ses héros : ils souffrent, ils s’attristent de ne pas savoir quel est ce mystérieux océan d’aspirations où sombre leur pensée quand ils essaient de se connaître ; ils mettent dans leurs passions et dans leur rêves un peu de cet infini qui les domine et les épouvante ; ils agissent, ils commandent ou obéissent suivant la loi de cette vie terrestre, obsédante par ses contrastes, mais on sent très bien qu’ils sont dans l’attente, qu’ils espèrent vivre ailleurs, je ne sais où : une petite barque se balance, au lointain, qui les prendra un jour, fatigués ou tristes d’avoir vécu parmi les foules, pour les emporter vers ce qu’ils croient l’éternelle lumière et l’éternelle sérénité. […] Rien de plus vivant, ni de plus éternel que cette légende, et jamais celui qui voulut la graver sur le marbre des palais de Vicence ne fut plus maître de son ciseau.

11. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

De chez Plon, nous avons eu, presque en même temps, le voyage en Palestine de Matilde Serao, au Pays de Jésus, dans la traduction excellente de Mme Jean Darcy, et qui est peut-être un des plus beaux livres qu’on ait donnés sur ce sujet éternel. […] Maintenant, seuls les murs du Tabularium surplombent les grandes ruines tragiques de la Ville Éternelle. […] Hugo, il écoute, pensif, le chant sauvage qui s’éveille en mai dans la forêt, sur la mer, sur les moissons et les vignes en fleurs ; et ce chant est en lui, les vibrations éternelles du monde retentissent dans son cœur mortel, les germes de toutes les vies bouillonnent dans sa vie humaine : quand il s’étend au fond de sa barque, livré aux caprices de la mer, offrant au soleil ses membres nus, il sent de son corps gigantesque s’élever une forêt et naître l’île inconnue que des matelots découvriront un soir. […] Depuis l’entrée des armées italiennes à Rome — profanation de la ville Éternelle et affirmation politique de ce que les faciles engouements appellent : l’unité italienne — des générations se sont suivies, des écoles littéraires et artistiques se sont formées sur des modèles français, les derniers romantiques sont morts, des idéalistes et des précieux égyptianistes (plus que de vrais néo-paganistes) ont passé ; des réalistes, naturalistes, etc., ont tenu leur place dans le succès de la mode et dans l’œuvre d’abrutissement de toute idéalité. […] Il fallait donner à une foule sans nom et sans conscience la discipline inflexible d’une esthétique nouvelle faite d’après les normes éternelles de la Beauté, étudiée dans les chefs-d’œuvre des hommes et surprise dans l’émotion personnelle devant la nature.

12. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Dans le foyer inépuisable de l’âme des peuples nourri par l’éternelle souffrance des dominés sous la volonté des dominateurs, se prépare toute permutation et toute révolution. […] L’éternel féminin de Goethe semble conserver son triomphe non pour une élévation suprême de l’homme, mais pour une destruction. […] Il parlera un langage de héros, au nom d’un besoin général de révolution ou de calme, il cherchera ses affabulations dans les conflits éternels des instincts presque immobiles de la foule avec les convulsions de la pensée indomptable. […] Ferrero craint que cet équilibre ne]soit pas éternel, qu’un parti unique arrive à dominer Paris et la France. […] « À la Mémoire éternelle de Milady Alexandra Z.

13. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 241, 1er juillet 1907 »

Et c’est justement la persistance (que je crois éternelle) de ce mystère, qui ne permet pas aujourd’hui, et ne permettra jamais, la dissolution ou la disparition du sentiment religieux.

14. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 240, 15 juin 1907 »

. — Leibnitz, qui eut la passion de l’unité et de l’harmonie, répète mystiquement : « La gloire de Dieu n’est pas seulement l’immuable et l’éternel ; elle est le devenir naturel et l’humanité le fragment. » Mais l’Art et la Science, c’est-à-dire la Foi et la connaissance la répandent et l’augmentent, successivement : aussi la religion se ploie à toutes ces métamorphoses en détermination d’une philosophie de la vie ; philosophie potentielle et cinétique. — Peut-être que Dieu est le dernier échelon de la série biologique à la découverte duquel marchent les Arts, les Sciences, les Religions. — Le Dieu d’une Époque industrielle est mécanique.

15. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Mais si l’œuvre, suivant les influences qui présidèrent à sa formation, est éminemment variable dans sa trame et dans son style, les grandes lignes en sont toujours les mêmes, car les problèmes du cœur humain sont d’essence éternelle. […] L’odyssée satanique du docteur Faust ou la course au martyre de l’illuminé Sébastien ne sont que l’histoire d’un homme qui cherche à sortir du cadre étroit des limites de son milieu, à perpétuer sa vie en la liant indissolublement à quelque force éternelle. […] On demeure vraiment stupéfait devant la jeunesse éternelle et la savoureuse verdeur de cet ouvrage d’un vieillard et dont près de trois siècles nous séparent. […] Cela expliquerait la rupture, après tant de lettres passionnées où elle appelait Casanova son ami, son amant et son cher mari, et lui jurait à chaque page, et presque à chaque ligne, une fidélité éternelle. […] Vous avez vu le temple illustre où le sourire d’Athéna Polias dort, éternel, dans l’ombre des colonnades, comme une fleur entre les pages d’un livre !

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »

Les préoccupations politiques semblent assoupies dans les douces angoisses de l’homme qui oublie le rôle qu’il jouait devant les hommes, et avec un étonnement tendrement lyrique se retrouve devant la nature, et devant les sentiments simples, les fantaisies géorgiques et sentimentales que la nature cache avec une indulgente et éternelle jalousie. […] Mais contre les vieux soldats veillait l’instinct éternel des races.

17. (1901) Articles du Mercure de France, année 1901

Ils ont l’intelligence de ne pas se supposer éternels ni les uns ni les autres, et chacun porte sa bougie à rallumer au dernier lumignon du voisin. […] C’est là leur mérite et leur défaut ; quelques-unes pourtant sont éternelles. […] André Mellerio, esprit sagace et critique averti, étudie le fonctionnement et l’état des musées italiens, aussi bien nationaux que pontificaux, tant au point de vue matériel qu’intellectuel ; il s’élève avec raison contre le mauvais goût des édifices nouveaux et contre les destructions qui viennent défigurer la Rome artistique et il étudie quelles seraient pour la Ville éternelle les conséquences des divers changements politiques possibles.

18. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Comme dans l’âme romaine où les traditions s’amalgament, il n’y a souvent qu’une Rome dans le bloc de briques ou de pierres où chaque âge a maçonné ses vestiges. » Parler de la Ville Éternelle n’est donc plus un lieu commun.

19. (1900) Articles du Mercure de France, année 1900

Ils n’étaient pas rares dans la Ville Éternelle ! […] Brusa a donné le titre de Fiume Rosso à un petit livre de poésies ; lesquelles ont le but exclusif de stigmatiser la guerre et de jouer l’éternel refrain de l’union fraternelle entre toutes les Nations. […] Ce n’est que par les physionomies et les attitudes des réprouvés brûlant dans les feux éternels qu’il pouvait donner une idée de ces flammes « plus ardentes que le fer rougi sous la main du forgeron ». […] des leçons de ce brave Lépicié aux Élèves protégés, —lueurs de Vrai éternel qui augmenteront l’acuité de sa vision et sourdront maintenant sous sa pâte. […] La beauté de Béatrice s’accroît, en effet, à mesure qu’elle monte les degrés du palais éternel.

20. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Steinitzer a montré l’épuration de l’amour que provoque le voisinage de la « Ville éternelle ». […] En un mot, ce que la divinité et la beauté peuvent faire naître de plus idéal dans la pensée humaine, je l’ai vu, de mes yeux vu, réalisé sur cette toile splendide, dans cette œuvre totale, absolue, éternelle. […] Ces dernières lignes sont assez intuitives, puisque le rêve s’est réalisé ; mais ce qu’il faut retenir c’est cet hymne enthousiaste à la Madone de Raphaël, qui n’est peut-être pas de Raphaël ; et pourtant l’admiration pour cette œuvre « totale, absolue, éternelle » ne lui fut sans doute suggestionnée que par le nom du peintre. […] Ils furent déconcertés et ils se tirèrent d’affaire avec les éternelles railleries qui sont d’usage dans ces cas-là. […] Coppée, en le qualifiant d’« œuvre totale, absolue, éternelle », se trouve d’accord avec les juges les plus éminents — qu’il n’avait sûrement pas lus.

21. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Il étudie les origines de l’idéal franciscain, et approfondit les recherches sur l’Évangile éternel, qui, selon lui, est dû à plusieurs auteurs. […] La vision des béatitudes éternelles goûtées dans un éternel repos a cessé d’attirer les âmes. […] Pour lui, au contraire, le spectacle de la destruction lui est une preuve de l’éternelle vitalité des choses qui se perpétuent en se transformant : la vie est inépuisable. […] L’art, s’il n’a quelque substance éternelle, s’il nous laisse dans le vague sans nous mener vers l’Infini, risque de devenir une excitation maladive et décevante. […] Elle n’est même pas devant le palais de Trézène, debout sur son socle, à côté de la rivale symbolique éternelle, la chaste Diane.

22. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 235, 1er avril 1907 »

J’ignore si l’impérialisme de Dante n’est pas simplement la haine du Vatican ; j’ignore aussi si sa diatribe contre la noblesse, quoique très vraie en soi, ne vise pas exclusivement l’Église romaine, fille dégénérée et vile des nobles apôtres, si la dissertation sur les vertus propres à chaque âge n’équivaut pas à une conclusion sur la décrépitude de Rome qui se prétend éternelle, qui ne se sent pas vieillir et qui toute caduque s’obstine à dominer sans avoir aucune des vertus qui rendent la vieillesse respectable.

23. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

Hofmiller a visité la Rome actuelle avec le texte de Stendhal à la main et il fait d’intéressantes comparaisons entre la ville éternelle d’il y a cent ans et la capitale du royaume d’Italie. […] Vous rencontreriez le démon sous toutes ses formes et cela entraînerait votre perdition éternelle ! […] — Ohé… Ohé… si tu es avec ta maîtresse, nous te régalerons d’une sérénade… — Introduis-les, Lorenzo, dit Giorgione… — Mais avant, installez-moi dans ce fauteuil et jurez-moi, sur votre âme et votre salut éternel, de ne pas révéler le nom de celle qui vient de mourir ici… C’est un secret que je vous confierai. […] Je te le jure, sur mon salut éternel… — C’est impossible I Un homme tel que toi, Zaratto, ne tolère pas qu’une femme se joue de lui… et une femme comme elle, ajouta-t-il sombrement, ne vit pas avec un homme sans lui appartenir !

24. (1903) Articles du Mercure de France, année 1903

Cette vache-ci a été aimée par Segantini le temps qu’en a duré le dessin ; il a été hanté par la pensée, que ses écrits ont si souvent exprimée dans la suite, de tout ce que les pauvres animaux domestiques endurent pour nous, qui nous appelons les rois de la création et n’en sommes que les bourreaux, et de notre éternelle ingratitude à leur égard. […] C’est l’éternel mythe de la nature, tour à tour mère et marâtre, donnant la vie et la mort, et captive de son crime de mort jusqu’à ce qu’elle l’ait expié par une nouvelle vie. […] Cet étrange carrefour, Segantini le situe, comme tout le reste, dans son Alpe éternelle, éternellement belle et nouvelle, dont dix labeurs comme le sien n’eussent pas, à son gré, suffi à épuiser tous les aspects.

25. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Cela se fit d’une façon toute naturelle, bien que non sans difficultés et sans l’éternelle part de négation, de dénigrement et d’insulte. […] C’est pourquoi, ne pouvant pas être Dieu, « il se fait Dieu à sa manière », c’est-à-dire, qu’il reconstruit l’Univers en créant une vie à soi, vie représentative qui est le côté essentiel qualitatif, et éternel, de la vie réelle. […] Cette séparation est, comme tout dans notre esthétique, d’une extrême logique ; car, comme j’ai dit plus haut, nous ne voulons pas représenter l’accidentel, le momentané, mais l’essentiel, l’éternel, et, pour cette raison, lorsque un objet se présente à notre esprit, ce sont, avant tout, ses qualités essentielles que nous voyons, c’est-à-dire les différentes perspectives qui constituent sa forme totale, ou sa couleur. […] [De l’autre côté de la feuille est la variante suivante :] … et si cependant vous en étiez certain et vous l’êtes, vous auriez dû, et vous devez penser que celui qui aime a très grande mémoire et peut autant oublier les choses qu’il aime ardemment qu’un affamé la nourriture qui le fait vivre ; et même un homme oubliera-t-il beaucoup moins l’objet aimé que l’aliment qui le nourrit, parce que celui-là nourrit le corps et l’âme ; le premier avec une très grande sobriété, et l’autre avec une heureuse tranquillité, et dans l’attente d’éternel salut. […] La Suisse — et cela doit être pour toutes les Suisses une raison de plus de l’aimer et de la défendre — est par elle-même une protestation vivante et éternelle contre cette conception brutale et sauvage du principe des nationalités.

26. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Gauthiez tire aussitôt cette conclusion touchant la Divine Comédie : … Prenons garde que ceci, c’est peut-être ce qui sauva, rendit réelle, vivante, éternelle, la Divine Comédie. […] Le point de vue humain et poétique, c’est-à-dire le point de vue éternel, seul importe. […] L’éternelle « paix des champs » semble l’avoir attiré. […] Porté, par tempérament, vers la contemplation et la douce exaltation des choses et des êtres simples, des forces primitives de la terre, des sentiments primitifs et éternels de l’homme, Pascoli ne devait considérer la vie que comme un chant très doux, d’attente et de repos, où le Mal s’impose de temps à autre comme une dissonance à laquelle, somme toute, on peut aisément s’habituer. […] Avant les soldats d’Alphonse d’Aragon, avant nos Angevins maîtres de Naples, avant les défenseurs de l’île retranchés ici au temps des Sarrasins, Alcinoos et la douce Nausicaa ont-ils contemplé, il y a trois mille ans, l’éternelle splendeur de ces horizons ?

27. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 249, 1er novembre 1907 »

« Ils m’ont condamné au vagabondage éternel, parce qu’ils s’imaginaient que changer sans cesse de pays, voir sans cesse des choses nouvelles, n’avoir pas de demeure fixe, une tanière stable de sa naissance à sa mort, était la plus grande malédiction pour l’âme d’un homme.

28. (1899) Articles du Mercure de France, année 1899

Il y parlait de la Beauté Éternelle, des mœurs anciennes, et d’autres choses simples en style prodigieux ; rien de moins électoral, enfin, que ce discours, rien de plus invraisemblable que les théories politiques du grand écrivain. […] La représentation d’une vie éternelle ramassant en elle-même dix mille expériences n’est pas neuve ; et la pensée moderne a conçu l’idée de l’humanité comme le résultat et le résumé de toutes les forces de la pensée et de la vie.

29. (1898) Articles du Mercure de France, année 1898

Buffet nous montrait au dernier Salon campé sur le cheval du Maréchal Prim, c’est un gros homme chauve, très noir et très grêlé, à la physionomie douce et intelligente, grand trousseur de filles devant l’Éternel, l’air d’un bon vivant et d’un bavard, fort peu héroïque du reste, ayant en horreur la guerre pour laquelle il ne se sent aucune aptitude, — et que nous trouvons ici « s’agitant, on pourrait dire se roulant sur son divan, en montrant ses pieds qui sont énormes et couverts de chaussettes en coton blanc ».— Sa qualité dominante, ajoute notre narrateur, est la bonté.

30. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Nous songeons non seulement à l’esprit de sacrifice que déploya la cavalerie génoise en couvrant le repli sur la Livenza et le Piave, mais encore au sauvetage de la Ire armée accrochée aux rochers du Carso, de la IIIe armée perdue parmi les glaciers, parmi les neiges éternelles du Cadore.

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