Il évoque toute une époque avec tendresse, avec cette tendresse de l’enfant qui sourit à un rêve composé de toutes les légendes éparses dans le rayonnement de son foyer. […] Et Charlemagne sourit à la mélancolie du fils de Frédéric. […] Marinetti, avec ses airs de révolté, ne peut que nous faire sourire. […] Et l’on sourit. […] Même pour faire sourire les jolies bouches de ses jolies auditrices, il n’oserait hasarder une facétie… qui ne serait qu’une facétie.
» Sous les flèches de Cupidon, qui voltigera sur sa tête, les désirs plus ardents s’éveillent ; je les symboliserai par la Semeuse de Roses, dont les mains se noieront dans la douceur de la chair des roses : sur ses lèvres, le sourire aura le trouble presque pâmé, comme le cœur ouvert des roses, et ses yeux seront pervers et froids, car l’enlacement des caresses est cruel au cœur du Poète qui se couronne de roses. […] Gaston Deschamps, écrivain léger et dont les jugements font sourire. […] Quelques-unes de ses « sources » pourtant feront sourire, Larousse, Bouillet, et même Paul Albert et Demogeot. […] Il est difficile de rédiger de bons chapitres d’histoire littéraire, et qui pourrait nous empêcher de sourire à ouïr Verlaine dénommé « le chef de l’Ecole décadente ».
Tout à coup son bras s’abaissa ; et il sourit : — Bell’uomo ! […] M. di Baiano me sourit fort gracieusement et me tendit la main. […] Je souriais maintenant de mes inventions de la matinée. […] Elle a souri. […] C’est eux qui l’ont, le sourire !
Je devinai sa pensée, au sourire avec lequel il me remercia de mes exhortations. […] L’heure est venue de faire tomber le masque impénétrable dont l’ironique sourire cachait une figure d’humanité profonde et vraie. […] La lumière atténue ou renforce les tons cuivrés des boucles brunes, les lignes des joues, la suavité des yeux, le charme du sourire. […] Ils n’estimaient d’elles que leur corps, souriaient de leur intelligence ou en déploraient l’inutilité. […] Guido Gozzano sourit avec une tristesse des plus touchantes.
Quoiqu’il rappelle trop Jules Laforgue et surtout Francis Jammes, il est très italien, et il représente toute une sensibilité, sinon toute une mentalité, qui, pour regarder la vie avec des yeux sceptiques, avec un égal sourire de tous les instants, ne se révèle pas moins assez souvent intéressante quoique trop pathétique. […] le triomphe de son « ennemi » ne lui déplut pas et il sourit en murmurant quelques mots.
Mais c’est surtout l’expression et le sourire qui sont étranges. […] Se sachant méprisé, il exigeait qu’elle lui expliquât les causes de ses sourires ou de ses tristesses. […] Et Wellseley souriait en caressant sa large barbe d’or ! […] Au-dessus de ce groupe, souriaient, dans leurs cadres, des portraits d’ancêtres. […] Elle sourit, et songea à son portrait véritable.
Aussi, quand on vient nous parler de « la ronde orgiaque des empereurs », cela fait sourire. […] Il ne fait guère sourire que les enfants. […] Ses yeux priaient, et elle sourit. […] Saül ne sourit jamais. […] » Il n’a pas le vague espoir de Macbeth, ou le sourire amer du philosophant Hamlet.
On était introduit auprès du maître et présenté comme un ambassadeur auprès d’un souverain tout-puissant : un sourire, un mot aimable, voire une boutade de Voltaire, était une faveur précieuse que le menu fretin des hôtes ordinaires se disputait âprement. […] Par une coïncidence singulière, l’auteur des Lettres sur la Russie n’est pas sans présenter de nombreuses analogies à la fois avec Voltaire et avec Casanova : courtisan et collaborateur littéraire de Frédéric II, esprit encyclopédique, curieux de tout et touche-à-tout, polygraphe agréable et vulgarisateur scientifique, il a du premier, outre ces rencontres accidentelles de leurs deux destinées, cette intelligence largement ouverte, cette passion d’écrire, ce besoin de se dépenser, de s’assimiler toutes les idées neuves et toutes les causes à la mode, qui ont pu le faire appeler « une réduction de Voltaire » ; mais il n’était pas vénitien pour rien, et comme son compatriote Casanova, il souffre de cette étrange maladie du mouvement, qui l’entraîne de Florence à Paris, de Paris à Londres, de Londres à Saint-Pétersbourg, de Saint-Pétersbourg à Berlin, toujours avide de succès, désireux de se faire voir et de séduire, usant sa vie en plaisirs faciles, prodigue, enjoué et complaisant, promenant à travers l’Europe galante la grâce de son sourire perpétuel et de ses manières élégantes. […] « C’est dans l’absolu divin que doit sourire la trinité de sa Joconde, de son Christ et de son Bacchus. » Soit ; c’est sans doute pourquoi nous sentons cette divine trinité si étrangère à notre humaine vérité.
À côté du citoyen, l’homme point en lui, l’homme qui aime le beau, la nature, le sourire des vierges, le soleil, l’azur, la mer, les moissons flottantes dans les campagnes, les forêts qui bruissent au souffle du vent, les neiges qui rayonnent de blancheur sur le haut des Alpes. […] Ainsi se succèdent dans ses strophes les paysages et les marines, le sourire du printemps et la mélancolie rêveuse de l’automne, le réveil d’avril et la fécondité du vital messidor.
Du Sodoma, c’est une Pietà superbe ; de Luini, une femme au sourire franc, au regard profond, à la chevelure étoilée de fleurs, où le grand fresquiste se retrouve. […] Les femmes, charmées par sa voix mélodieuse, continuaient à le regarder, hébétées, avec un vague sourire d’espérance. […] — Il ne me voit pas, murmura-t-elle avec un sourire désolé. — Laissons-le retourner à la plage. […] Orphée sourit et répondit non d’un signe de tête. […] Les commérages littéraires racontent qu’une autre grande actrice, française, à laquelle M. d’Annunzio avait présenté son livre en hommage, l’a renvoyé à son auteur ; qu’une Auguste Personne, italienne, en a été désagréablement impressionnée ; mais il est probable que M. d’Annunzio aurait continué sa route avec ce sourire olympien qui est l’empreinte indéniable du génie, si M.
Quelle leçon et comme cela apprend à sourire des gens qui s’apitoient confortablement sur la misère du peuple, des journalistes qui pleurent sur les pauvres, à trente sous la ligne, et des romanciers qui, du fond d’un château, annoncent aux reporters à genoux l’avènement de la justice sociale ! […] Rien n’est parfait : la tragédie même fait sourire, en ces temps de malveillance !
Et la mère vient et sourit au bonheur charmant de ses filles. […] Minnai observa attentivement le mouvement des lèvres, répondit « non » par signe et sourit malicieusement, tout content d’avoir vu ce que son père ne distinguait pas. […] Zio Félix souriait toujours ; il tira sa tabatière de corne que fermait un bouchon de sureau sculpté, et la tendit par-dessus le mur. […] Un sourire vague, triste, errait sur ses lèvres encore fraîches, mais pâlies. […] Et je me manifeste dans l’éclosion d’une rose, dans la décomposition d’un cadavre, dans le sourire d’un enfant et dans le hurlement d’une tigresse en rut !
Rarement toutefois le sourire fut plus obstinément réfractaire à l’invitation d’une Muse aux flancs plus ostensiblement battus. […] Je comprends la puissance de ces représentations dont l’Art sourit. […] C’est une enfant irritable et désarmée aussitôt, incapable de feindre ; ses sourires, ses colères, tout est spontané, tout est vrai comme le génie qui la possède au théâtre. […] Un héros anglo-saxon aurait souri de dédain. […] Plusieurs, en effet, nous ont représenté des fuites à Venise, mais le décor sentimental de notre époque les hallucine tellement qu’ils n’ont plus osé railler et que le sourire s’est figé tout de suite sur les lèvres de leurs personnages.
Des journalistes, qui en général n’ont jamais le droit d’émettre le moindre jugement esthétique sans faire sourire les véritables intellectuels, ont protesté au nom de la morale d’abord et puis de la modestie blessées.
Pica pourrait maintenir son terme « littérature d’exception » ; mais à condition de ne plus lui donner qu’un sens tout extérieur, un sens hiérarchique, si je puis dire : Verlaine serait classé parmi ces génies malheureux qui n’ont su plaire que trop tard, quand presque tous les sourires étaient déjà distribués. […] Deux représentations étaient fixées en lui avec une force particulière, ainsi que les reflets de certaines impressions qui l’eussent frappé dans son enfance au-delà de la mesure ordinaire : les sourires des femmes et le mouvement des grandes eaux. […] Il en est ainsi pour le Saint-Jean-Baptiste du Louvre — une des rares études de nu que fit Léonard — figure dont personne n’irait chercher dans le désert la chair brune et délicate et les cheveux de femme, et dont le sourire énigmatique nous fait saisir quelque chose qui dépasse de beaucoup le geste ou les circonstances. […] Il est difficile de ne pas rapporter à ces dessins du plus vieux maître d’autrefois, comme à son principe initial, le sourire insondable, toujours accompagné de quelque chose de sinistre, qui se joue sur toute l’œuvre de Léonard.
Nous ignorons assurément encore en partie toutes les performances extraordinaires de ce singulier gentilhomme de grands chemins qui parcourut l’Europe le sourire aux lèvres et « la canne à la main ». […] La maison de Savoie a recueilli le bénéfice des efforts des patriotes ; c’est le petit roi de Piémont et de Sardaigne qui est devenu roi d’Italie, grâce à la rencontre de circonstances favorables et à l’habileté d’un ministre dont le masque de bourgeois au sourire fourbe apparaît toujours derrière le visage d’une sensualité brutale de Victor-Emmanuel : Cavour. […] On sourit devant ces ruses de femmes déjouées par la rouerie de l’homme, ou devant la déconfiture de l’homme mystifié par un adversaire plus fort que lui ; mais ces histoires, d’où l’émotion est absente, où l’on ne plaint ni les uns ni les autres, parce que l’homme est un simple débauché, un voluptueux, qui n’a jamais aimé, et qu’aucune des femmes n’est respectable, appartiennent toutes à la jeunesse du héros. […] Nous allons montrer que c’est là, sur cette terre de délices, au milieu des « sourires infinis de la vague » tyrrhénienne, qu’Homère a placé la femme la plus attirante qu’ait créée son génie ; celle dont ses vers ont fait une Immortelle, celle qui vivra, grâce à lui, aussi longtemps qu’il y aura des hommes.
Péladan et son Androgyne, il reconnaît l’originalité des nouvelles contenues dans le Sonyeuse de Lorrain, s’effare un peu d’y rencontrer des types mostruosi, n’est pas fâché, en sortant de ces deux livres, « de jouir de sourires et qui ne sont pas sur des lèvres de succubes ou de lamies » (9 mai). — Notes de M.
. — Dans ses yeux et dans son doux sourire, l’âme, comme sur deux balcons, se montre, bien que voilée.
Pour trois louis, que lui coûtèrent les boucles, Casanova vit s’éclairer d’un charmant sourire des lèvres et des yeux qui l’intéressaient ; il aimait à faire plaisir, même sans arrière-pensée, et la générosité faisait partie de ses moyens ordinaires de séduction ; celle-ci devait lui coûter bien plus de trois louis.
Le lendemain, la jeune fille, à qui le père reproche sa conduite scandaleuse, comprend tout à coup que cet intrus de la nuit se trouvait dans la maison pour un rendez-vous avec sa belle-mère, mais elle n’ose pas se défendre en accusant Olga, elle n’ose pas porter ce coup à son père adoré : elle baisse la tête, elle se résigne, elle épousera le littérateur qui était, qui est encore l’amant d’Olga ; et le mariage a lieu réellement, le sacrifice s’accomplit au quatrième acte, tandis qu’Olga triomphe et sourit au bon génie de l’adultère… Il n’y a pas besoin d’insister pour faire comprendre que cette pièce, personnages à part, est suffisamment scabreuse et discutable en soi-même ; je prévois si bien les objections des lecteurs que je ne m’arrête pas à les exposer pour mon compte. […] J’éprouvai quelque difficulté à identifier toute une série de lettres en français, lettres très affectueuses et très intimes, habituellement sans signature, et parfois signées « B. » La correspondante se désigne par : Votre petite amie, ou elle termine par cette phrase, demi sourire, demi reproche : « Bonsoir et dormez mieux que moi. » Dans une lettre envoyée de Paris en 1759, elle écrit : « Ne me croyez jamais que lorsque je vous dis que je vous aime et que je vous aimerai toujours. » Dans une autre, d’orthographe défectueuse comme ses lettres le sont souvent, elle dit : « Soyez seur que meauvais discours, vapors, calomnie, rien ne pourra changer mon cœur qui est tout à vous et qui ne veut point changer de maître. » Or, il me semble que ces lettres doivent être de Manon Baletti et que c’est à elle qu’il est fait allusion dans le VIe volume des Mémoires. […] Ici une sorte de cadavre verdâtre s’enlève, soufflant de l’air ; puis une femme, presque étreinte par lui, expectore des fleurs ; puis une autre grande femme sourit, la robe parée des mêmes fleurs ; ensuite trois grâces aux tuniques diaphanes ; puis une sorte de Pâris-Mercure, distrait, semble abattre des fruits avec une alumelle.
Léonard de Vinci me fait l’effet d’un décadent moderne n’aimant pas les femmes, et pour ce créant la Joconde par un effort du cerveau, c’est-à-dire une puissante matrone qui aurait le sourire de l’Antinoüs. […] Et maintenant il met le comble à cette enviable agilité d’esprit en faisant paraître ce recueil de nouvelles qui ont le pouvoir d’amuser, de vous arracher un sourire, de vous faire admirer en M.
Et il est permis à la France, qui date du temps de Louis XI, d’avoir pour elle le sourire indulgent d’une aïeule. […] s’est écrié le vieillard, avec un bon sourire plein de philosophie.
Gênes I L’aube fraîche d’avril a souri sur les monts Et scintille en saphirs aux arêtes de neige ; Le glacier frémissant avec fracas s’allège D’eaux qui brisent aux rocs leur essor et leurs bonds. […] L’âme française tout entière, l’âme délicieusement fautive de ce bon vieux temps sourit et gronde dans ces pages, écrites, comme l’auteur même le dit, avec « grande amore ». […] Giulio de Frenzi ne rit point lorsqu’il observe les aspects humains qu’il compose pour nous dans son style léger et fort ; il sourit assez amèrement même, et au fond de son élégante sensualité et de son ironie, il révèle une irrésistible volonté de vivre selon une perfection de beauté que les mœurs rapaces et toutes les vilenies de la vie commune abîment toujours. […] Sergio Corazzini développent, en rythmes doucement brisés, des sentiments de tendresse où sourient de charmantes images.
Il y a peu d’Italiens qui haïssent si profondément et naïvement les Allemands comme ce professeur désabusé qui aime l’amour et qui cache, sous le sourire chrétien, un détachement si profond et désespéré de toutes les réalités du monde. […] — Vous critiquez sévèrement M. d’Annunzio, lui ai-je dit, et je sais que son activité, en ce moment, a le don de vous faire sourire. […] C’est peut-être (M. de Régnier voulut-il en sourire ou s’en défendre), c’est peut-être ce Tito Bassi, assassin maladroit et histrion de bas étage, l’âme pré-incarnée d’un Kaiser qui eut l’imprudence de donner un corps, sinon des cadavres, à son rêve dans lequel il aurait pu si somptueusement se draper et se dissimuler pour notre plus grande tranquillité à tous !
De même le triste Olivier Berlin (Fort comme la mort) n’aime plus d’amour la maîtresse de ses jeunes années ; l’amère mélancolie des choses finissantes, le souvenir des tendresses lointaines tourmentent vainement son âme auprès de la femme qui n’a plus à lui offrir que de l’amitié ; celle à qui va son désir a le front jeune et les cheveux dorés : en elle, il retrouve l’image voluptueuse qui avait éveillé ses sens, la caresse des mains, le regard qui parle, le sourire qui promet les lèvres, les lèvres qui promettent l’étreinte… La même opposition fondamentale entre l’instinct et le sentiment se retrouve dans l’œuvre de d’Annunzio. […] Et quand il nous apparaît dans un moment d’abandon plein de bonté, devant sa maison, doux berceau de son amour, nid de ses enfants ignares, quand nous le croyons plus calme et plus confiant, un sourire amer et farouche plie ses lèvres, dès qu’il pense au monde lointain, à la lutte sans merci, aux vicissitudes disparues de la vie des hommes.
Les fugues du Requiem suggèrent le sourire. […] C’est dans ce pays que l’originalité de la pensée, de la recherche et de l’invention a ses bases les plus solides, que la génialité éclate le mieux dans le moindre petit joujou comme dans la machine la plus grandiose, que le besoin de la beauté s’impose aux formes les plus austères de la vie, et que règne dans tout son enchantement, dans toutes ses délices, cette chose insaisissable, impalpable, lumière, sourire, poésie qui est la Grâce, Kharis, comme les Grecs l’appelaient. […] Ils sauront bien trouver le régime juste qui convient à ces terres slaves « nées sous le sourire de l’Italie », suivant la charmante expression du poète dalmate Niccolò Tommaseo13.
La victoire d’Ercole Grabba est de courte durée ; il entraîne avec lui Attilio, et dans un de ces élans qui peuvent faire sourire ceux qui sont en dehors de la folie amoureuse, les deux cousins, les deux victimes se promettent d’oublier la joie enchanteresse dont ils se sont enfin séparés ; ils détruisent tout ce qui reste de leurs amours, jusqu’aux portraits de Saveria.
Il y a dans Cicognani un observateur qui sourit pour cacher un moraliste qui voudrait éclater et un poète qui aurait presque envie de pleurer.