« À chacun suivant sa capacité, à chaque capacité selon ses œuvres n’est que l’écho des vœux exprimés, dans un jour de mécontentement, par le vieux chantre du moyen âge. » Le De Monarchia fut condamné par Rome ; et cela se conçoit, car cette fois, celle-là seulement, il attaqua la suprématie romaine, en forme dialectique et à visage découvert. […] Aussi bien rencontrons-nous la même tristesse sur un autre visage, plus familier encore pour nous et plus touchant, que celui de Titien : sur le visage ravagé du vieux Rembrandt, cet autre poursuiveur obstiné d’un idéal de perfection sans cesse en mouvement. […] Car vraiment l’on ne s’expliquerait pas pourquoi nous sommes à la fois séduits par Botticelli et Verrocchio, dont les types favoris sont précisément complètement opposés, celui-ci dessinant des visages ronds, celui-là des figures très allongées.
Si j’en crois le pastel de La Tour, le tableau de Lancret et surtout l’exquis portrait ovale de Carle Vanloo, la Sylvia eut un peu de votre air de visage. […] Ce type apparaît avec une évidence parfaite quand le maître se laisse aller à dessiner des figures idéales… On ne pourrait pas connaître l’auteur d’un portrait si l’on ne voyait ce que nous appelons l’air de famille des visages qu’un peintre a reproduit. […] Ils tiennent un compte égal des hommes et des choses : un visage, une nature morte. […] Un beau pâtre assis sur un roc, le visage imberbe et demi-féminin, la chevelure au vent, le front couronné de lauriers, des yeux extraordinairement larges, abîmes où semble se résorber toute la vie ; l’attitude nonchalante, et lyrique pourtant, d’un bel animal humain, à peine vêtu ; on devine un corps d’androgyne ; de la main gauche il appuie à son genou une flûte de Pan, l’autre main s’étoile à la ceinture. […] De ces deux anges en plein ciel, l’un, qui fend l’air d’un élan tout-puissant, les cheveux dans le vent, le visage ailé lui-même d’un vaste rire, semble une force de la nature, un élément, la joie vivante ; et l’autre, dont la tête seulement nous est visible, pensif, attentif, le front lumineux, pourrait se nommer la Méditation.
Est-ce que cela ne se lisait pas dans ses yeux, sur son visage, à travers tous ses gestes ? […] Les roses refleurissaient un peu sur son visage ; elle était moins pâle. […] Toutes les expressions de son visage, tous ses sourires, comme toutes les nuances de sa voix, maintenant je les savais. […] Et contempler les lignes du paysage ou bien celles de son visage et de son corps me purifiait également l’esprit. […] Vraiment, le livre tout entier résume et révèle les lignes physiques et psychiques d’un homme, comme un visage ; tout le livre est un visage expressif, celui de Cola di Rienzo, coulé dans le bronze d’une médaille.
L’intelligence abstraite s’y matérialise dans un geste ou dans l’expression d’un visage, et la difformité, rancœur quotidienne de la vie, disparaît dans ce nouvel Éden. […] La mère penchée, figure contre figure, sur le bambino, s’efface, disparaît presque pour laisser toute la place dans le groupe au sujet qui a le plus frappé l’artiste : le visage du petit. Et c’est au point que celui-ci apparaît presque plus grand que le visage atténué de la mère. […] Au contraire, le visage de l’enfant, montré de face, se contracte en une grimace violente sous le choc de la trop forte caresse qui lui a donné peur et le fait crier.
Sans cette ligne, le visage perd son caractère humain. […] Sa pose : visage de trois quarts, était parfaite. […] Les mains et le visage, entièrement terminés, étaient d’un chef-d’œuvre. […] Sous le Rialto, de l’air plus frais fouette son visage. […] Il ne distinguait pas le visage d’Aurora, dans l’ombre.
Toutes les découvertes ébauchées par le Vinci ont été accomplies, augmentées ; mais il n’a pas été fait un visage qui puisse soutenir le voisinage avec ses têtes rayonnantes d’âme et d’infini. […] Nul ne fut si savant et si vigoureux observateur ; nul aussi n’a fait pareillement rayonner sur un visage l’immortalité de l’âme. » Lettres italiennes Luciano Zuccoli. […] Il n’a pas non plus négligé de cueillir sur les misérables faces humaines les rides les plus profondes de la douleur et de la maladie pour les reporter sur des tristes visages de femmes ou d’enfants, précocement flétris, qu’il évoque énigmatiques et tremblants, en ses estampes, parmi les ténèbres inquiétantes et les chaotiques agitations des êtres en formation. […] Le buste qui donne de lui l’idée la plus vivante nous montre un visage plein d’animation et d’intelligence, d’ardente énergie et de calme ressource, le visage à la fois d’un penseur et d’un lutteur. […] Une volonté de coquetterie sourd du visage trop gracieux, agace dans les chevilles trop fines, dans les pieds croisés, que l’on prêterait volontiers à une bergère de Florian ou de Watteau.
Chahine sait aussi exprimer le charme de visages plus aristocratiques, et possède encore un très curieux talent de portraitiste (son portrait d’Anatole France). […] Sous le heaume, le visage est très découvert. […] Nous avons vu comment Verrocchio y réussit dans le Colleone : tout ramène l’attention vers le visage. […] Ces visages de femmes, d’une beauté si douce, avec des yeux aux paupières baissées qui alanguissent le regard et lui donnent un je ne sais quoi équivoque, mystérieux, ces visages dont, après Léonard, toutes les écoles s’inspirent, sont des études de Verrocchio. […] De plus, Rossetti, qui observe si finement les mobiles expressions du visage, ne s’arrête presque jamais au spectacle de l’existence extérieure.
Parmi les visages des femmes siciliennes, je retrouve un lointain air arabe et espagnol. […] Le visage de la Vierge, en tout cas, accuse le type familier à l’artiste, et cette partie de la peinture n’est pas indigne de lui. […] Le visage et les mains sont étudiés avec une sûreté qui contraste encore avec la liberté plus grande du fond sombre. […] Elle est peinte avec une décision dans le visage, avec une franchise dans les étoffes qui devancent tout l’art moderne. […] L’amant n’a plus qu’un plaisir : regarder l’aimée et tirer de son visage sans fraude sa seule récompense.
Le photographe avouait sa supercherie : il faisait passer derrière la personne posant, par un procédé particulier, un autre personnage très vivant, dont on devinait les linéaments du visage sur l’épreuve qu’il livrait à ses dupes. […] La critique littéraire n’a pas aperçu la signification du geste fait par le poète qui chante sur une terre française devant l’Océan, le visage tourné vers sa patrie qui guerroie. […] Ici il faut comprendre que ce n’est qu’artificiellement que les peintres représentent une foule à l’aide d’une série de croquis présentés dans une perspective arbitraire qui permet de voir tous les détails de toutes les physionomies ; la vérité serait plutôt dans l’amalgame des formes et des visages que présente M. […] La maison de Savoie a recueilli le bénéfice des efforts des patriotes ; c’est le petit roi de Piémont et de Sardaigne qui est devenu roi d’Italie, grâce à la rencontre de circonstances favorables et à l’habileté d’un ministre dont le masque de bourgeois au sourire fourbe apparaît toujours derrière le visage d’une sensualité brutale de Victor-Emmanuel : Cavour. […] Elles prouvent la puissance et peut-être l’utilité de cette association aux mille visages et aux milles masques : La présence de la Camorra à Naples se décèle par une quantité de signes légers, presque impalpables.
C’était alors un petit vieillard, aux yeux très vifs, au visage tout rouge sous la crinière léonine que les années avaient blanchie sans l’éclaircir.
Le moment d’admiration était évanoui, et il ne restait, sur les visages pâlis par l’orgie, que le ressentiment de l’injure et l’idée encore mal définie d’en tirer vengeance. […] — Autre chose, à coup sûr, que ce que tu dis… Tu dois bien trouver de tendres accents pour pleurer Eurydice… Le visage d’Orphée s’assombrit soudain. […] demanda-t-il en voyant leurs visages menaçants et cruels […] Par contre, on s’apitoie devant les devins dont le visage tourné du côté des épaules grimace une désolation muette (XX). […] Dans le XXVIe, c’est avec un mouvement admirable que Dante couvre d’une main son visage ébloui par l’éclat de S.
Le public sera étonné d’apprendre que la Transfiguration est une peinture déplorable ; mais il faudrait peut-être étonner davantage encore le public et lui détailler les infamies de cette composition baroque où tout semble calculé pour dégoûter, à la fois de l’art, de la religion, de la couleur, des visages et des gestes humains. Et la Vierge de Saint-Sixte, que le modelé du visage de la madone soit excellent, cela ne surélève pas beaucoup la valeur picturale ou mystique de ce tableau sérieux et froid.
Il était habillé en séminariste, avec les boutons rouges ; très grand, le cou et le visage rouges, un long nez aquilin, une physionomie qui frappait. […] Zio Félix murmurait les berbos, les mystérieuses paroles ; il avait les bras tendus et le visage levé. […] — demanda le paysan, les yeux fixés sur le visage pâli du pauvre homme. […] Lui était toujours joli garçon, avec un blanc visage d’adolescent : seulement ses yeux étaient un peu creusés. […] Elle n’a rien de la beauté ferme et de la certitude de modelé d’un visage peint par Giovanni.
Le saint George est ainsi colorié ; le fond, jaune ; le cheval, blanc, cerclé de violet ; la selle, rouge ; le cavalier, bleu, sauf les mains, le visage et les pieds, naturellement chair ; le dragon, vert. […] Des religieuses, plutôt que de déserter leur couvent et afin de déconcerter la lubricité des barbares, se mutilèrent le visage.
Dès ses premières années, il fit de nombreux dessins, ainsi que des modelages en relief dont quelques-uns, selon Vasari, représentent des femmes au visage souriant. […] Nous connaissons tous le visage et les mains de cette femme, assise sur son siège de marbre, dans ce cirque fantastique de rochers, comme en quelque rayon affaibli de la lumière sous-marine. […] Dans cet inestimable portefeuille qui fut autrefois aux mains de Vasari, étaient renfermés certains dessins de Verrocchio, des visages d’une beauté si frappante que Léonard, dans sa jeunesse, les avait maintes fois copiés. […] Que cette peinture soit de la nature d’un portrait, le fait est attesté par la légende qui veut qu’on ait eu recours aux moyens artificiels, à la présence de mimes et de joueurs de flûte pour prolonger sur le visage cette expression subtile.
Peu à peu, par cette réaction naturelle des pensées dominantes, la paix vient éclairer encore l’âme d’Alexandre Zeno ; il a compris le mystère, il se sent fort, il trouve que la vie est partout, puisqu’elle n’est que le changement infatigable de la matière ; et même en mourant on peut nier la mort… Un soir de printemps, le petit Gino monte dans la chambre du vieillard, et il voit Alexandre sur son lit, le visage calme, comme apaisé dans un sommeil sans rêves ; l’enfant l’appelle en vain, et il lui touche la main ; elle est froide… Sans plus oser, le petit Gino se détourne, redescend, et il annonce à la famille : — Grand-père dort ! […] Rossi descendit, il y a quelques années, avec un député, dans une mine de soufre et voici ses impressions vraiment infernales : « Tous deux aperçurent, en arrivant, une collection de nains entièrement nus, au dos rond, aux jambes torses et aux petits visages de vieux. […] À la sortie de Juvisy, voilà sur la route un équipage de voyage ; il fait signe d’arrêter : d’une litière, un homme est descendu, d’une taille médiocre, maigre, au visage rougeaud, « le poil des sourcils fort long, le front grand, un peu cavé vers le milieu et relevé doucement au-dessus des yeux.
Les uns recherchent l’harmonie spéciale à chaque individu ; chaque nouveau modèle est un prétexte à découvrir un accord nouveau des formes ; dans chaque visage les lignes se rejoignent, se relient, se prolongent, se simplifient selon un mode unique, et leur art est ainsi aussi varié que la vie.
Exemple : La lune ouvre dans l’onde un éventail d’argent ; qui ne voit du premier coup que cela, très pictural en poésie, ne peut rien donner en peinture, et qu’un visage peint par un bon peintre lui sera toujours préférable en tant que peinture ?
Enfance nerveuse et fine ; adolescence pauvre, incertaine et heurtée, long débat épuisant, parmi les sollicitations du monde, entre deux sangs ennemis, entre le sang de proie des Médicis et le sage sang des Soderini qui rayonne en bonté tranquille et chaste au visage de la mère du trouble rejeton, Marie Soderini. […] Tout un caractère se lit sur cette figure taciturne et fière, qui a fait dire, et ce n’est pas étonnant, à Louis XII : « Il n’est rien pire que l’eau qui dort. » C’est bien là le visage de l’homme qui, aux coups les plus poignants, aux atteintes les plus directes, — comme de se voir frustré, tout connétable qu’il fût, du commandement de l’avant-garde lors de la campagne de 1531, — en a quelque mécontentement, comme dit Du Bellay, « plus qu’il n’en fait de démonstrations ». […] Figure trop calme, regard trop immobile, avec une finesse inquiétante, ironique et triste, de la bouche ; un vaste orgueil rentré sous toute cette pâleur ; visage de maître et d’homme supérieur, certes, mais sans le mouvement et l’aise qui vient de la vraie force ; tendu, au contraire, fixe, fatal.
Ludwig et Pompeo Molmenti imaginent que le peintre s’est représenté lui-même dans le huitième tableau de la légende de sainte Ursule sons la figure du fils du roi des Huns et ils attirent l’attention sur la ressemblance que présente le visage avec un joli et très caractéristique portrait d’inconnu de l’école vénitienne aujourd’hui conservé aux Offices. […] […] Vana avait le visage d’une créature qui, se sentant défaillir, retient son âme entre ses dents. — d’Annunzio, la Grande Revue, 10 janvier. […] Boldini lui-même retrace dans ses effigies de mondaines agitées les phases de la fièvre que son visage avoue, comme à ses élégants et à ses élégantes M. […] Le musée civique de Venise en conserve 140 acquis par Teodoro Correr d’Alessandro Longhi lui-même : ce sont des études de personnages, de vêtements, de détails caractéristiques, et plus souvent de mains que de visages. […] Et ce sera vraiment un souvenir inoubliable au cœur de ce jeune héros, celui de cette ville radieuse où il aperçoit pour la première fois le visage chéri de la jeune fille dont il s’éprend.
Puis il épie sur votre visage les signes d’admiration que vous allez donner. […] Des masques cachent certains visages. […] Ils sont plus jeunes que les traits du visage si jeune, cependant, depuis que le hâle de la campagne s’est effacé des joues. […] Les lèvres closes augmentent la fermeté du visage intelligent. […] Son expression semble varier comme celle d’un visage vivant.
Nous entrevoyions sur la charrette, pendant un instant, un malheureux qui sursautait et tirait les rênes, effrayé par ce tourbillon, par ce ronflement, par ce cri, et nous regardait avec le visage stupéfait et alarmé d’un homme qui se réveille en sursaut. […] On se rencontra dans la rue, on s’insulta, on se cracha au visage, on se gifla éperdument.
La menace Cingle et brûle au visage, et l’orgueil suscité Fou se dresse, bondit, s’acharne. […] On y trouve les vieux peintres des Marches, particulièrement de Fabriano, tels qu’Allegretto Nuzi et Francescuccio di Cecco, celui-là représenté particulièrement par une Madone entre quatre saints envoyée de la cathédrale de Fabriano, madone au visage plein et gracieux — tenant sa tête contre celle du bambin qui porte naïvement les doigts aux lèvres. […] Le Vinci à son tour apporta une compréhension nouvelle, plus aiguë et plus séduisante du visage : il découvrit dans la nature une vérité qu’on n’avait pas encore vue ; et ses disciples, Luini entre autres, purent la voir après lui.
Son visage est maigre, énergique et subtil.
Sa passion n’a pas de nom, pas de visage. […] Le vent nous frappait au visage, soulevait les cheveux sur notre front ; nos pieds immobiles tremblaient du vertige de l’élan qui montait en nous.
Et c’est à peine si on voyait le visage et les mains. […] La barbe est courte, le visage maigre, le menton subtil, le regard vif et tranquille.
S’il venait chez toi pour la susdite lame, ne la lui donne pas ; fais-lui bon visage et dis-lui que je l’ai donnée à un de mes amis.