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2. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »

Édouard Rod nous donne, dans le Figaro, quelques détails sur Carducci. […] Il ne faut pas à la fois admirer le patriotisme de Carducci et mépriser celui de M.  […] Les poésies patriotiques de Carducci ont un intérêt local, mais purement local. […] Carducci avait une autre corde, l’anticléricalisme, et il en a joué jusqu’à sa dernière heure. […] Carducci fut moins hautain.

3. (1895) Articles du Mercure de France, année 1895

Car à côté de l’intelligence sagace du temps moderne, il y a dans Carducci une intuition merveilleuse et exacte des âges antérieurs. […] Carducci lui-même le reconnaît. […] Anacréon et Mimnerme ont tenu sur les fonts baptismaux la Muse d’Enotrio Romano — premier pseudonyme de Carducci. […] L’œuvre de Carducci, toutefois, comme toute œuvre humaine, n’est pas exempte de défauts. […] Carducci appartient à l’aristocratie de l’art.

4. (1891) Articles du Mercure de France, année 1891

Tome III, numéro 21, septembre 1891 [Sonnets inédits de Carducci et Mazzoni] Tome III, numéro 21, septembre 1891, p. 134-137. […] M. Carducci, aujourd’hui âgé de cinquante-cinq ans ; Pisan d’origine, Bolonais par adoption, est le plus remarquable poète de l’Italie contemporaine. […] Les lecteurs du Mercure savent que dans La Néva notre ami Louis Dumur a tenté, lui aussi, non tout à fait sans succès, un système analogue, — et même plus original. — Carducci et son école, ce n’est pas toute la poésie actuelle en Italie, mais les Barbares tiennent une grande place ; les plus connus sont : D’Annunzio, Marradi, Ferrari, Olindo Guerrini, Giuseppe Chiarini, et Guido Mazzoni, dont nous donnons un sonnet […] — Ni ce sonnet ni celui de Carducci ne sont barbares. […] Lenzoni étudie Carducci, en lequel il reconnaît un classique, un poète qui ajouta l’érudition à son génie naturel, un de ceux eu somme que le public admet sans les comprendre : la partie la plus choisie du public en est toujours aux guitaristes du xviiie  siècle, et Métastase ne fut jamais détrôné.

5. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »

Carducci et la Grèce Démétrius Asteriotis [Philéas Lebesgue]. […] Aussi, comme les Grecs, et spécialement les Ioniens, ont les yeux tournés vers ce grand exemple, que leur remémorait, hier encore, la mort de Carducci ! […] Il faut croire, toutefois, que le caractère politique de certaines parties de son œuvre l’emporte sur le reste aux yeux de tous, puisque nul ne s’avise de rapprocher, comme il convient, l’initiative de Carducci, en matière de mètres anciens modernisés, de celle de Stéphanos Martzokis. Carducci, du reste, avait eu des précurseurs : Giovanni Fantoni, Paolo Rolli ; Martzokis, au contraire, est bien le premier, qui, sans aucune imitation, en Grèce, ait tenté d’acclimater le Vers Barbare, en l’adaptant à la plastique particulière de la langue démotique.

6. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »

Maintenant les aînés sont clairement et violemment délaissés par les jeunes poètes, tandis que s’évanouissent les dernières voix des rhéteurs qui péroraient sur la mort de Carducci. Après l’exaltation presque exclusivement politique de l’œuvre de Carducci, où la conscience nationale, dans la platitude générale, retrouvait quelques rythmes de fierté et une langue renouvelée ; après les affirmations tour à tour parnassiennes et symbolistes de l’art de d’Annunzio, où la langue devenait précieuse et incomparable œuvre de virtuose ; après les douceurs lunaires et potagères de la poésie de Pascoli, souvent toutefois très belles, les jeunes demandent à l’art d’autres émotions, d’autres réalisations, d’autres fécondations. Les quelques tentatives épiques, garibaldien nés, de Carducci à Marradi, ne les satisfont pas. […] — Carducci, Opere.

7. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »

Carducci en Autriche Il n’y a sans doute pas d’autre poète italien qui ait, à l’égal de Carducci, éprouvé les rigueurs de la censure autrichienne. […] Depuis 1889, c’est plusieurs volumes de l’édition complète, puis cette édition complète tout entière des œuvres de Carducci que le fisc arrêtait en Autriche. […] — À propos de l’Hymne à Satan de Carducci, il est intéressant de remarquer que Léopardi aussi voulut rallier la puissance du mal, celle qu’il appelait le laid pouvoir, qui, caché, règne pour le commun malheur, la considérant comme la synthèse du mouvement en général, et de l’intelligence humaine en particulier. […] Cet hymne devait commencer par la strophe suivante : Roi des choses, auteur du monde, méchanceté cachée, suprême pouvoir et suprême intelligence, éternel Dispensateur des malheurs et maître du mouvement… On se rappelle l’invocation à Satan « roi du festin » qui commence l’Hymne de Carducci : À toi, de l’Être principe immense, matière et esprit, raison et sens… M.  […] De toute façon, cette conception hardiment philosophique de Léopardi, qui considérait le Mal comme la raison de la vie, et exaltait Ahriman comme principe du mouvementée rapproche de celle de Carducci, qui a vu en Satan le principe de la Raison, qui remue et perfectionne la nature dans le sens de la volonté de l’homme.

8. (1892) Articles du Mercure de France, année 1892

Valcarenghi déclare que Carducci s’est mis au ban des poètes italiens ; la Critica sociale l’exécute en quelques phrases ironiques. Enfin une brochure anonyme, La Guerra del professore Carducci flagellata da Umano, a frappé le dernier coup. […] Rapisardi, a publié une contrepartie de l’ode de Carducci, intitulée All’Utopia et qui contient de belles strophes. […] Livres nouveaux annoncés par les revues italiennes : Eva, poème d’Antonio Fogazzaro (Milan, Chiesa et Guindani) ; I Poeti bolognesi : Carducci, Panzacchi, Stecchetti, par Augusto Lenzoni (Bologne, Treves) ; La Patologia del genio, inchiesta a proposito deli caso di Guy de Maupassant, par A. […] Il a publié, depuis, bien des vers, sans atteindre à la célébrité de son rival Carducci, qui avait au moins trouvé un peu de neuf.

9. (1909) Articles du Mercure de France, année 1909

Tandis que Carducci, tout gonflé par le « pathos historique » de Hugo, fut et demeure lourdement pathétique, M.  […] Puisque j’ai nommé Carducci, j’insiste sur la comparaison. Carducci fut presque toujours plus historien que poète. […] Le mal que Carducci a fait, ou fait, aux jeunes générations de la péninsule est grave. […] Et comme Carducci se révéla aussi, sans nul doute, et à plusieurs reprises, grand poète, son influence n’en est que plus redoutable.

10. (1893) Articles du Mercure de France, année 1893

Jadis Carducci, qui voyait en lui un rival, lui fit une guerre cruelle, et voilà qu’après, des poèmes tels que Giobbe et Lucifero (admirés de certains), il justifie par cette Atlantide l’attitude de ses ennemis. […] On ne peut pas dire, cependant, que l’influence de Baudelaire ait été bien appréciable en Italie, car, mis à part un Carducci ou un d’Annunzio, les baudelairiens italiens furent, sont et probablement seront d’une grande médiocrité.

11. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »

Les jeunes prosateurs italiens Depuis Carducci et d’Annunzio, la prose italienne a cessé de se renouveler. Carducci, politicien et polémiste, ardent et farouche par tempérament et par pose, donna à la prose une vigueur cinglante, une puissance nerveuse d’attaque et une élévation de culture et de pensée, qui, après avoir étonné les polémistes pédants et les conteurs faciles et familiers, se révéla aux générations vivantes comme un enseignement et une promesse assez sûre de renouveau du style littéraire national.

12. (1905) Articles du Mercure de France, année 1905

L’éditeur Zanichelli vient de publier en volume les Proses, de Carducci. […] Bovio et Carducci étaient tous deux épris de l’esprit originel de la race gréco-latine. […] Carducci s’éloigne dans le silence que sa longue journée de labeur remplit de noblesse. […] Carducci a renouvelé toute l’esthétique de la poésie, en donnant à l’Italie ses rythmes de force et de pensée renaissante. […] Carducci et Mazzini sont vraiment les deux pôles de l’éclipse vivante de la troisième Italie.

13. (1912) Articles du Mercure de France, année 1912

Carducci fut un haineux de génie. […] Si Carducci fut en général un médiocre poète, il fut un « incitateur » de très grande envergure. […] Mais, dans la lutte, Carducci fut le plus fort. […] C’est Carducci qui l’emporta. […] Comme Carducci, ils étaient tous des produits trop violents de la culture gréco-latine.

14. (1916) Articles du Mercure de France, année 1916

La poésie patriotique de Carducci n’avait plus d’écho parmi les jeunes, parce que privée d’aspirations sociales. […] Il n’a pourtant pas expliqué cette conversion du paganisme littéraire de Carducci à la pratique du catholicisme, et c’est grand dommage. […] s’exclamait Pietro da Ebolo, un siècle avant la tedesca rabbia de Dante), jusqu’aux invectives enflammées de Carducci… Variations amusantes de rhétoriciens ! […] Cette passion était celle du vieux Carducci. Mais Renato Serra ne pouvait oublier qu’il restait un lettré, ni plus ni moins qu’un lettré, qui avait dépassé Carducci pour arriver à Croce.

15. (1906) Articles du Mercure de France, année 1906

Severino Ferrari est un de ces poètes, disciples de Carducci, que le Maître chérissait le plus. […] Severino Ferrari eut l’honneur d’inspirer à Carducci un poème de délicieuse fraternité. […] Carducci était avec eux, d’Annunzio y faisait ses premières armes très heureuses, l’Italie espéra un renouveau merveilleux de sa poésie, quelque grande affirmation qui, après Carducci, aurait étonné les autres littératures. […] M. Carducci. […] Carducci n’est guère connu en France que de nom et M. 

16. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »

. — Pierre de Bouchaud : Giosuè Carducci, Sansot L’éditeur Zanichelli, l’éditeur de Carducci, à Bologne, vient de publier le dernier volume de poèmes de M.  […] Pierre de Bouchaud a fait paraître chez Sansot, et où, en dehors de quelques légères inexactitudes, on peut surtout regretter qu’il nous soit présenté un Carducci vu dans une vision historique semblable à celle désormais scolastique des critiques italiens.

17. (1897) Articles du Mercure de France, année 1897

M. Carducci. […] M. Carducci ; puis d’autres.

18. (1918) Articles du Mercure de France, année 1918

Vainement Carducci, poète de l’Idée Latine, dévoilait-il le péril : L’Italie ressuscitée, écrivait-il, a voulu se renouveler et elle s’est dénaturée. […] À Bologne se forma un comité national, présidé par Carducci, dans le but d’honorer par un marbre le nom d’Oberdan. […] Quand l’Italie se mit en guerre, il parut aux survivants du comité constitué en 1882 que le moment était venu de déférer au vœu de Carducci. […] Mais elle nous a donné dans le même temps un volume de souvenirs grotesques et humoresques, Zingaresca, où l’on rencontre des pages alertes et piquantes et qui est peut-être le meilleur qui soit sorti de la plume de l’ancienne amie de Carducci. […] Il y a dans ce livre beaucoup d’érudition et de bonne volonté, mais on y cherche vainement une synthèse définitive et concluante de l’œuvre de celui qui a été sans contredit, après Carducci, le plus intimement poète de sa génération.

19. (1908) Articles du Mercure de France, année 1908

Mais, malgré toute différence de sentiment sur les valeurs réelles de la poésie de Carducci, et sur les défauts des qualités de M. d’Annunzio, il est certain que ces deux écrivains ont nouvellement « fixé » la langue italienne. […] Pascoli a apporté de son côté une puissance de sincérité et une extrême précision de langage, qui sont la contrepartie souvent très heureuse des tendances résumées par Carducci et par M. d’Annunzio. […] Anniversaire de la mort de Carducci L’Anniversaire de la mort de Carducci a été commémoré au Collège de France par le « monde officiel ». […] Carducci méprisa de Amicis, qu’il appela avec une extrême justesse Edmond des Langueurs. Mais la voix de Carducci se perdit dans le tumulte sourd des sanglots contenus.

20. (1911) Articles du Mercure de France, année 1911

D’autres, plus puissants, plus émouvants, continuent le lyrisme patriotique de Carducci, fait plus d’éloquence que de subtilité, et en perpétuent l’esprit et les formes classicisants. […] Leur art, dérivé de celui de Carducci, auquel d’Annunzio emprunta pendant un assez long temps des inspirations et des rythmes, est toujours haut et vigoureux, érudit, et touffu, et quelquefois, par volonté ou par hasard, lyrique aussi. […] Carducci a fait beaucoup de mal, en ce sens, au plus doué, au plus savant, au plus vigoureux des jeunes poètes actuels. […] Il évoque l’Hellade, à la manière de Goethe imité par Carducci, ou de Carducci imité par d’Annunzio. […] Nazionale, Rome Pendant que des polémiques assez ardentes s’élèvent en Italie pour et contre Carducci, entre MM. 

21. (1904) Articles du Mercure de France, année 1904

Un Poète héroïque : Carducci résumait à lui seul toutes les qualités les plus fières et les plus belles de sou pays. […] Au milieu de ces forces, s’élève tout d’un coup la voix d’un maître du passé, que l’autorité de Carducci et les exaltations désordonnées des nouveaux italiens après la Révolution nationale, avaient voulu méconnaître. […] Mais le roman, qui contient des merveilles de narration et de style, n’est fait que de celle psychologie pathétique et bassement émotive que le vulgaire larmoyant résume ainsi : « L’auteur connaît le cœur humain. » Dans l’élan terrible de son orgueil de poète, et de poète italien, Carducci fît comprendre aux autres que l’encens brûlé sur les autels manzoniens avait une vague odeur de misère. Les épigones de Carducci exagérèrent et déclarèrent Manzoni déchu de sa domination sur toute la littérature italienne du xixe  siècle.

22. (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »

Domenico Gnoli était parmi les plus sérieux poetæ minores de l’Italie, lorsque l’art du poète-politicien Carducci dominait tous les cénacles et en imposait partout par la vigueur de la prosodie qu’il renouvelait, et souvent par les fortes qualités de sa langue.

23. (1913) Articles du Mercure de France, année 1913

Mais la présence ou l’absence de E. de Amicis, de Fogazzaro, de Carducci, de Rapisardi, de Pascoli, de Mathilde Sérao, de Grazia Deledda, de d’Annunzio lui-même, ne semblent pas devoir exercer une notable influence sur les toutes dernières générations littéraires d’Outre-Monts. […] Ses collaborateurs se nommaient : Carducci ; Édouard Scarfoglio, qui épousa ensuite Mathilde Sérao et ne fut plus que journaliste et directeur du Mattino ; Chiarini, grand défenseur des renouveaux prosodiques de Carducci, et écrivain sans importance lui-même ; Nencioni ; Lorenzo Stecchetti, mystificateur heinien et baudelairien qui fit énormément de bruit en son temps ; Marradi, Mathilde Sérao, G.  […] Elle ne servit qu’à la cause prosodique de Carducci, d’où d’Annunzio — nourri, au surplus, et très nourri, de littérature française parnassienne, symboliste et enfin vers-libriste — a pris l’élan de son lyrisme.

24. (1910) Articles du Mercure de France, année 1910

Mais tout en donnant à la Poésie d’Annunzio et Pascoli, voire même Carducci, elle garde ses voies littéraires officielles hors de toute atteinte noble et féconde, hors des domaines troubles, mais glorieux, des recherches modernes intellectuelles et sentimentales. […] Dans son évocation de la révolution italienne (Romanticismo, drame), il y a cette élévation d’esprit, sublime, assure-t-on, qui faisait écrire à Carducci, dans une préface à une anthologie italienne, parue chez Sansoni à Florence, ces lignes qu’on ne saurait déclamer sans l’appui sonore d’une bien frissonnante harmonie militaire : « Mettons-nous debout : c’est le 48 !  […] Mais le goût d’un classicisme modernisé de la pensée et du langage, d’un heureux épanouissement, en pleine littérature moderne, des bourgeons séculaires de la langue ; ce renouveau, ébauché furieusement par Carducci et voluptueusement réalisé par d’Annunzio, a produit quelques fruits.

25. (1902) Articles du Mercure de France, année 1902

Ce volume de la Maison Zanichelli de Bologne, qui présente toutes les poésies de Carducci depuis 1830 jusqu’à 1900, vient d’avoir un accueil d’enthousiasme qui réchauffe les âmes : cinquante ans d’art, de batailles, d’amours, de douleurs, passent sous nos yeux en ces quelques milliers de pages.

26. (1914) Articles du Mercure de France, année 1914

Notre plus grand poète de la deuxième moitié du siècle dernier — Carducci — était le représentant de la réaction classique et traditionaliste contre les derniers romantiques. […] Pascoli, qui lui succéda dans la chaire et dans la renommée, était doué d’une sensibilité poétique plus fraîche, mais il appartenait, dans le fond, au même type que Carducci et sa culture classique l’a empêché trop souvent de s’abandonner à son inspiration primesautière.

27. (1917) Articles du Mercure de France, année 1917

Cette fortune, qui ne se renouvela pas avec Nova Polemica (1878), bien que Carducci lui-même lui ait consacré un article célèbre, était due au besoin fortement senti il y a quarante ans de se délivrer de la mièvrerie sentimentale des derniers rejetons dégénérés du romantisme. […] Le public moyen, qui trouvait trop difficiles les Odes Barbares de Carducci, se jeta sur les rimes sensuelles et transparentes de Guerrini.

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