La nuit était à peine tombée : la lune nouvelle descendait derrière les oléandres, l’eau du fleuve avait de longues stries d’argent pâle, et le ciel était aussi pur que l’eau. […] La cérémonie était terminée : quand le jonc pourrirait dans l’eau, les vaches guériraient. […] Tout à l’heure l’eau sera froide. […] Elia s’était avancé et s’était jeté tout habillé dans l’eau. […] Eh bien, la vie de Paul Souchon, cette vie entre toutes exemplaire et féconde, comme l’eau de la fontaine a coulé, et sa poésie, jaillie de la terre comme l’eau de la fontaine, enchante le souvenir.
Dans l’Enfant de Volupté, comme dans l’Intrus et le Triomphe de la Mort, M. d’Annunzio excelle à rendre le charme des fruits et des fleurs, la volupté des saveurs et des parfums : et il y a dans la Ville morte quelques couplets lyriques sur les oranges, les myrtes, et aussi sur l’eau, qui sont des poèmes exquis. […] Sa Nuit à Amiens me fait songer à certains coins de notre banlieue bruxelloise, à ce qu’on peut apercevoir, par-dessus le garde-fou d’un pont, de la Senne roulant ses eaux d’égoût et usinières entre de hautes murailles lépreuses. […] Mais on s’étonnera moins du désastre financier de l’Italie, engagée dans cette misérable entreprise, en lisant ces quelques lignes relatives à l’expédition du Tigré et à la marche sur Adoua : « La Colonie n’offrant absolument aucune ressource, tout, entièrement tout, devait être emporté d’Italie, jusqu’à l’eau potable, qui était expédiée de Naples dans des foudres de fer blanc faits exprès ; plusieurs navires étaient spécialement affectés à ce service ; les expéditions d’eau avaient lieu tous les jours. L’eau à Massaouah est peu abondante et mauvaise ; les troupes dirigées vers les hauts-plateaux avaient à parcourir des régions complètement arides ; il fallait donc transporter des provisions d’eau aussi bien que de vivres : tout cela se faisait à dos de mulet ; mais si on réfléchit à ce que représente de besoins un simple corps de 10.000 hommes, par exemple, en vivres, eau, vêtements, armes, munitions, nourriture et abreuvage des quadrupèdes, tout cela transporté à des distances immenses, par des chemins offrant des difficultés inouïes, on en demeure effaré. […] Et la « fasçade du costé de l’eau » est toujours aussi plate, avec le même fenestrage stupide et noir à force d’ouvertures, aux mezzanines trop hautes, aux antiques déclamatoires et uniformes qui somment les balustres du faîtage.
Si la puissance est trop étendue, doit trop embrasser, elle se perd comme une goutte de miel dans un verre d’eau ; si elle sait s’assigner une limite égale à ce qu’elle peut, elle réalise énormément ; au lieu d’aller en surface, elle va en profondeur. […] Je ne m’étonne pas que les coloristes aient été, en général, des habitants de villes près de l’eau, voire sur l’eau : Titien, Tintoret, Véronèse, etc. […] Plus bas tout est envahi par les eaux de la sentine ; dans la carène, la mer entre et bouillonne. […] Parfois aussi, un clair rire d’enfant jaillissait, imprévu et rapide, et toutes ces rumeurs et ces voix montaient vers Jean, adoucies et bercées par la plainte confuse et continue du fleuve, déversant ses eaux par-dessus un barrage, en amont de la ville. […] Il excelle à traduire les frissons, les nuances, les fraîcheurs d’une eau courante.
Si personne n’y est allé faire ce travail, depuis un siècle et demi que l’eau tombe dans les greniers, les planchers en doivent être dans un joli état ! […] Des travaux de régularisation des eaux, de reboisement des montagnes s’imposaient. […] Ici des cratères très reconnaissables, là des collines en dôme dues aux poussées internes ; plus loin des coulées de lave ; ailleurs des suffioni ou des eaux chaudes et minéralisées ; en certains endroits le sol lui-même est brûlant et l’on ne peut y marcher. […] À l’heure actuelle, la Lava est un assez mince torrent : simple filet d’eau en temps ordinaire, mais rivière impétueuse à la moindre pluie. […] Entre ses rives encaissées, que demande d’ailleurs le texte, elle aura plus d’eau courante qu’il n’en faut pour alimenter les bassins, d’un lavoir.
Nous entendions le petit murmure des eaux que fendait la proue, c’était une jolie musique. […] En avant, d’une cité, ils croisent une jeune fille qui va chercher de l’eau : c’est la fille du laistrygon Antiphatès, descendant vers Artakiè, la fontaine aux belles eaux où puisent les habitants. […] Il semble qu’ici il faille préférer un marécage ou un lac fangeux ; car deux rivières s’y jettent, aussitôt après avoir mêlé leurs eaux. […] Les Turcs constructeurs de fontaines ont beaucoup de respect pour l’eau, seule boisson permise par la loi prophétique. […] Les toitures laissent pénétrer l’eau, les portes se disjoignent et les terrasses menacent ruine.
— Donne-moi de l’eau fraîche… Je ne peux pas bouger. […] — De l’eau, Barbara, de l’eau ou je meurs… Elle lui fit boire de l’eau, et se recoucha près de moi. […] Le prélat monte à bord du Bucentaure et verse une coupe d’eau dans les vagues pour apaiser les tempêtes. […] Oui, ce cortège était-il autre chose qu’une fresque immense qui, par un prodige, était descendue des façades et se promenait sur les eaux ? […] Elles sont tombées à l’eau.
Deux représentations étaient fixées en lui avec une force particulière, ainsi que les reflets de certaines impressions qui l’eussent frappé dans son enfance au-delà de la mesure ordinaire : les sourires des femmes et le mouvement des grandes eaux. […] Il expliqua la lumière obscure de la partie de la lune qui n’est pas éclairée ; il sut que la mer avait autrefois couvert les montagnes où l’on trouve des coquillages, et aussi que les eaux équatoriales se rejoignent au-dessus des régions polaires. […] C’est ainsi qu’à travers le prisme étrange de sa vue les objets se présentent à Léonard ; ce n’est pas par une nuit ou par un jour ordinaire, mais comme sous la lumière faible d’une éclipse, pendant quelque bref instant d’aurore pluvieuse, ou à travers une couche d’eau profonde. […] La figure, qui s’élève ainsi étrangement auprès des eaux, exprime tout ce que l’homme a pu désirer à travers un millier d’années. […] Son dessin ne nous est parvenu que dans une vieille gravure, qui nous aide peut-être moins que ce que nous nous rappelons du fond de sa Famille Sainte de l’Uffìzi, à nous représenter de quelle façon surhumaine, capable de séduire le cœur d’un monde plus ancien, ces figures ont dû surgir de l’eau.
Et si le français, malgré de violentes tendances au patois (songer aux mots tels que : eau, feu), a gardé une forme nettement latine, il le doit à la culture et à la tutelle ecclésiastiques. […] La sensation du néant apparaît chez Maupassant dès ses premiers vers (Au bord de l’Eau) : l’amour tue l’homme, parce qu’on ne peut pas le limiter, et que les forces vitales s’épuisent plus vite que le désir (Fort comme la mort). […] Ils aiment tout ce qui provoque la volupté des « paradis artificiels » : ainsi ils ont un attrait irrésistible pour l’eau qui cache, en elle plus de mystères que l’imagination n’en saurait inventer, et qui engourdit la volonté malade de son impuissance. […] L’eau tient aussi une grande place dans la vie et l’œuvre de d’Annunzio : l’homme qu’une passion insatiable torture va chercher au bord des îlots l’apaisement du doute et l’espérance du néant. […] Elle s’était fait une couronne avec de grandes herbes et des lis d’eau, et lui avait demandé : « M’aimez-vous comme ça ?
Un val étroit au fond duquel coule la rivière bordée de roseaux, ensablée d’îles, de graviers qui miroitent sous l’eau vive ; des arbres en longs chapelets qui découpent des prairies, grasses de sainfoin et de trèfles ; des jours de terre clos de haies épineuses et farouches ; en croix, parmi un fourré noir de charmes et de chênes, des chaumes gris : c’est Chamage. […] C’est dans cette Lorraine, encore presque intangible, sur cette bonne terre ancestrale de Rénier-au-long-col, que traversent parfois des compagnies de routiers qui suivent l’étendard aux alérions d’argent, terre du bon duc, aux larges horizons, que dort benoîtement ce petit Chamage dans l’épisode infiniment pittoresque et merveilleusement coloré de ses eaux, de ses prés, de ses bois et de ses mélancoliques coteaux. […] Le groupement des vaches dans l’eau est d’une trouvaille et d’un bonheur bien modernes. […] Il fonde un grand journal politique ou il écrit un grand roman comme on boirait un verre d’eau ; et l’un et l’autre sombrent, comme deux et deux font quatre. […] Il faut avoir visité quelques-unes de ces villes du Nord sommeillantes, où c’est un échange de confidences, de chaque vieille maison à l’eau qui la réfléchit, pour mesurer le mal que peuvent les « barbares modernes ».
L’orage, qui ébranle le ciel et fait ruisseler l’eau à travers les éclairs, hâte peut-être et tourmente son agonie. […] Paolo Tarsis reprend son chemin dans les cieux et sur les plus vastes étendues des terres et des eaux, avec une plus farouche volonté de conquérir et de mourir. […] Jean Lorrain accusait le poison, Louis de Romeuf, dans l’Âme des villes, accuse le silence : « Je crois que c’est surtout le silence et l’Eau, peut-être ? […] C’est qu’il faut bien vous dire que le silence de Venise est une contrainte analogue à celle de l’eau et qui vous ruine tout autant… » Infortunés littérateurs ! […] Ma foi non, car s’il choisit la cité des eaux, c’est pour y encadrer un amour frais et presque ingénu entre un jeune homme et une jeune fille.
Les Naïades étant toutes nues, de cette belle nudité que le bronze caressé par l’eau jaillissante rend pleine de lumière, trois conseillers communaux, du parti clérical, s’opposèrent à l’inauguration de la fontaine. […] Un soir, une foule anonyme et artiste prit crânement d’assaut la palissade qui défendait encore à la vue les quatre filles de l’eau et, avec l’aide volontaire de quelques ouvriers accourus pour empêcher qu’on mit le feu au bois de la cloison, découvrit patiemment, planche par planche, les bronzes immoraux ; et ayant trouvé, après une recherche comiquement soigneuse, les clefs de l’eau, ces juges sympathiques et modestes mirent le comble à la fête en inondant les quatre vierges de flots étincelants sous la lumière des lampes électriques. […] Si le poète Stelio Effrena se promenait autrement qu’en la gondole somptueuse de son imagination, s’il pouvait être un autre homme que l’artificier imaginifique, il serait surpris de nous rencontrer, nous, les artificiels — pour ne pas dire les artistes français — nageant et pataugeant dans les ruisseaux d’eaux sales de nos trop spéciales études de mœurs. […] Weichardt, toutefois, a utilisé tout ce qu’il a pu réunir de renseignements historiques et archéologiques sur Capri, et sa restauration nous donne une idée probablement très juste de ce qu’était l’île à l’époque romaine, — couverte de palais, de villas, de villes et de jardins, et dominée par le palais de Tibère, la « villa Jovis », où, nous apprend Suétone, l’empereur s’amusait si délicatement avec « ses petits poissons ». — Les restes du palais de Tibère constituent les plus importantes ruines de Capri, — dont le niveau au-dessus de la mer a fort varié au cours des siècles, d’abord plus élevé, s’enfonçant ensuite pour se relever partiellement, si bien que des édifices romains qui bordaient le rivage sont restés recouverts par 6 m. d’eau.
Après avoir jeté à l’eau M. […] il revoyait les eaux de jadis En son inoublieuse pensée et les collines de jadis !
Il y a deux éléments dont, Canaletto excepté, les peintres de Venise n’ont guère tenu compte : la lumière et l’eau — leur étrange mariage. Les reflets ne s’y font jamais, comme on l’a trop représenté, des pierres à l’eau, au contraire par pierreries chatoyantes et vibrantes, la lumière emplit de sa danse l’atmosphère, elle plonge en l’accueil joyeux des canaux et c’est alors de là qu’elle se répercute par échos frémissants aux quais et aux murs dont elle transforme et lie, pour ainsi dire, l’aspect, sinon, disparate. […] […] — Je me plais à imaginer que ce théâtre servit à représenter quelque Surprise de l’Amour et que la Sylvia d’une troupe italienne en voyage dansa dans ce site champêtre, en robe vert d’eau, tandis que, du haut d’un rocher, le Dieu Momus la regardait à la dérobée. […] Une énorme face anguleuse et olivâtre Sortit toute ruisselante des eaux. […] Hewlett préface pour la troisième fois son ouvrage qui fut à diverses reprises peu et mal compris et déclare éprouver, à son sujet, avec toutes ses anxiétés, un peu de l’orgueil de la poule qui conduit sa couvée de petits canards à l’eau, les voit s’embarquer sur les flots et doit les laisser à leurs jeux nautiques, craintive, mais sentant bien aussi qu’ils accomplissent un plus fameux exploit que ses propres mérites de poule n’auraient pu espérer leur gagner.
L’eau clapota sous la gondole. […] Il se trouva près de la porte d’eau, au moment où Wellseley quittait le palais. […] Voyez cette eau uniforme comme une dalle de granit noir, cette eau tout entière obscurcie par les reflets des façades qui ne laissent entre eux aucun espace pour le bleu du ciel ! […] Des victorias glissaient sur l’eau, et des gondoles voguaient en pleine terre. […] Lever de la lune ; mer de boue blanchâtre, de crème ; pas l’air d’eau.
Sont-ils si misérables les philosophes de l’Inde dont le maître buvait en abondance l’eau des fontaines ? […] Luigi Barzini, on a publié encore un curieux ouvrage : La Guerre moderne, sur terre, dans les airs et sous les eaux, traduit de l’italien par Jacques Mesnil. […] Ayant trouvé les Carrarais plus conciliants que de coutume, j’ai encore donné ordre de tirer une grande quantité de marbres, de sorte qu’aux premières eaux j’espère en avoir une bonne partie à Florence, et ne pas manquer à ce que je vous ai promis. […] Nous, Suisses, nous devons tous exécrer ce système des nationalités qui voudrait remanier la carte d’Europe, suivant d’abominables théories de langues, de races et de partage des eaux, et non pas d’après le vœu des peuples et les traditions de leur histoire. […] Ainsi, dès le 3, l’ennemi s’était trouvé, toutes ses forces réunies, face à l’ouest, derrière une ligne d’eau continue, formée par la Fella et le Tagliamento inférieur, des Alpes Carniques jusqu’à la mer.
Rien dans l’univers, dans l’air, dans l’eau qui ne soit poursuivi, dérangé, abîmé par lui. […] Elle est si merveilleusement située, cette façade, avec ses marbres allumant des incendies dans l’eau ! Ses profils n’importent, que l’eau doit mélanger sans fin dans ses reflets. L’eau qui bouge ne veut que des ombres et des lumières, des ors et des rubis. […] Et p. 263, parlant de la cigogne : « Buvant de l’eau salée, elle se guérit. » Ne croirait-on pas voir là comme quelque prescience de « l’eau de mer, milieu organique » ?
N’abandonnons pas tout espoir de la voir s’en tenir à la modération et au respect d’autrui ; des engagements pris par les petits royaumes d’en face peuvent lui donner toute garantie et lui assurer une autre maîtrise de l’Adriatique que quand les dreadnoughts de Franz-Josef croisaient dans les eaux dalmates. […] Les gares de chemin de fer de l’Ouest-Amérique, où les trains lancés à 140 kilomètres à l’heure passent buvant sans s’arrêter l’eau nécessaire et les sacs de la poste. […] Les grands tubes qui précipitent des colonnes d’eau alpestre pour prendre à l’atmosphère 1 électricité motrice. […] Et il y eut des heures où, tel un saint François d’Assise, il sentit vivre dans la matière même le souffle et l’esprit de Dieu, des heures où il devina des tristesses et des joies presque humaines « dans le vent, dans les ondes, dans les forêts, dans les eaux courantes, dans les formes délicates des fleurs, dans les lignes expressives des rochers et des montagnes pensives ». […] Il pourrait le situer au commencement du monde, où l’esprit des belles-lettres soufflait sur les eaux !
Tu trempes dans mes eaux ta tétine et la mords Hargneusement. […] Son œuvre, qui comprend toute l’histoire des cours d’eau siennois, depuis l’origine lointaine de la fière ville toscane, est vraiment définitive sur ce sujet qu’elle traite avec un grand amour et une très sûre compétence. […] Ils connaissent la nécessité qui impose à l’eau « de couler perpétuellement pour garder sa limpidité ». […] Ailleurs, un mécontent s’écrie : Puisses-tu être victime de tes fraudes, cabaretier, tu nous vends de l’eau et c’est toi qui bois ton vin. […] La roche est escarpée, l’eau est profonde, et le jésuite (son père n’a que 70 [ans].
Près de lui son frère coloriait trois pères éternels déjà dessinés et destinés à représenter la Trinité ; il se servait d’un unique pinceau trempé successivement dans des godets pleins de couleurs délayées à l’eau ; ces couleurs étaient le jaune, le rouge, le bleu, le vert, le noir, le violet, le chair et rien de plus : « Haleka-Luccas, ayant lui-même terminé son dessin, prit un pinceau et se mit à colorier. […] Car c’était un lieu plein de rochers et abrupt, et impraticable à cause des eaux.
Et si les deux porteurs d’une coquille dont pend à mi-corps un homme tenant un serpent de Giovanni Bellini à l’Académie de Venise, et la Mélancolie de Durer et la Primavera de Botticelli ne sont pas obscures, nous prétendons que le cycle des Mauvaises mères est limpide comme de l’eau de roche. […] Lui et elle, vêtus de triomphales tuniques de lin blanc qui laissent transparaître la beauté et la force de leurs jeunes corps, semblables à des archanges qui entreraient dans le royaume des cieux, à travers une lande toute fleurie de rhododendrons et toute encerclée de resplendissantes montagnes qui semblent en pierreries, ils s’avancent vers une abondante source d’eau vive, la fontaine gardée par l’ange grave et mystérieux, tout blanc sous l’accolade de ses ailes immenses, la plus magnifique paire d’ailes qu’ait jamais rêvée artiste épris de blancheur et de réalité. […] Le monstre enfantin doit exciter plus de curiosité que d’effroi ; il lui est permis d’avoir sa séduction et il faut, la première surprise passée, qu’il paraisse assez amusant pour qu’une femme puisse se complaire à ses yeux, à la vivacité de ses électriques ondulations, à la phosphorescence de ses yeux dardés vers elle à fleur d’eau, à sa tête en grelot, à son rire de crapaud, à sa poitrine et à ses courtes pattes mimant une possibilité d’étreinte, aux irisations de son échine squameuse dans la limpidité de la source glacée, aux circonvolutions de sa queue évocatrice des fascinations du vieux serpent de la Genèse. — Le problème de faire sentir sans aucun ciel, sans aucune atténuation de la couleur, presque en l’absence de toute perspective aérienne la profondeur d’une poche de pâturage, l’éloignement de la lisière des forêts, est ici résolu avec le même prestige que dans les Vaches attelées, demeurées presque inaperçues du public à Paris en 1889 tout en obtenant des jurés la médaille d’or.
Pour comble de malheur, une pluie diluvienne tomba pendant deux jours, grossissant les eaux du Tagliamento, au point que les amarres d’un pont jeté sur ce fleuve se rompirent au moment où des centaines de soldats et de profughi, de malheureux civils, le franchissaient. […] Ils se trouvèrent au Four de Paris (5 janv.), — avec de l’eau jusqu’aux genoux, — à Claon, au combat des Courtes-Chausses, où l’attaque fut préparée par des explosions de mines, des rafales d’artillerie et leur fut un véritable succès. […] Le Grappa barre l’accès de la plaine entre la Piave et la Brenta, dont les lignes d’eau dessinent les branches d’un étau, en ne laissant entre elles qu’une bande de terrain d’une quinzaine de kilomètres. […] Les recherches de Casimiri détruisent les légendes qui montraient Palestrina aux prises avec la faim et vivant uniquement d’eau fraîche et de musique.
Combien d’autres, peignant à l’huile ou à l’eau, si doués fussent-ils en apparence, n’ont su donner, par le pinceau, que des à peu près d’expressions, — qui eussent plus fidèlement traduit leurs visions s’ils ne se fussent butés contre une surface plane rebelle malgré tous procédés, malgré toute technique, aux enfoncements, aux dépressions, aux perspectives parfaites ?
Faut-il enfin se placer à un point de vue géographique et stratégique et faire remonter la frontière du Trentin jusqu’à la ligne de partage des eaux ?