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1 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXV, numéro 231, 1er février 1907 »
s douleurs et de ses fureurs, de ses emportements et de ses craintes. Carducci est, dans toute l’étendue du mot, le Poète nation
diction avec la totalité, il accuse, il juge, il condamne. Le rôle de Carducci pendant presque toute sa vie a été celui d’un acc
du sinistre orgueil de quelques-uns. L’amour patriotique a pris chez Carducci tous les attributs de la haine. Sa haine républic
olo, de Léopardi, de Giordani, de Niccolini, de Guerrazzi. Comme eux, Carducci faisait appel à la grandeur, réelle ou convention
it appel à la grandeur, réelle ou conventionnelle, de la vie antique. Carducci s’est acharné à la besogne. Les splendeurs éteint
e et solitaire de la foi nationale devint la divinité. On reconnut en Carducci les qualités sacrées du Poète représentatif de la
solennellement devant la nation enfin constituée, le dernier chantre, Carducci , s’apaisa peu à peu. Sa farouche fierté trouva d’
ur adoré et conspué par les jeunes, détesté par les prêtres toujours, Carducci prit, il y a déjà longtemps, la place suprême qu’
où ils avaient figuré. Dans le chaos des sentiments et des volontés, Carducci représentait intellectuellement l’Énergie nationa
de Satan du grand précurseur de tout notre modernisme, de Baudelaire. Carducci , qui a renouvelé la puissance de la prose italien
très orgueilleux, ennemi des dieux, d’un Satan-puissance, tandis que Carducci parle d’un Satan-réalisation, symbole de la raiso
cette réforme définitive qui, ayant ses origines en Léopardi, puis en Carducci , s’est poursuivie à travers d’Annunzio et Pascoli
des bruits courts d’armes et de flammes. En même temps, toujours par Carducci , la prose subit la même transformation ; dans la
rechercher, Cet énorme mystère de l’univers ! Dans les Odi Barbare, Carducci fait un nouveau bond, et atteint le but définitif
s l’histoire littéraire de son pays. § La signification de l’œuvre de Carducci a surtout une importance collective. On ne peut p
ue universelle, qui fasse partie du patrimoine de la poésie mondiale. Carducci reste un grand poète italien. La signification de
dans les rythmes de leur langue originaire. La plupart des poèmes de Carducci , très beaux en italien, perdraient dans une tradu
tous les archaïsmes des anthologies. En s’insurgeant contre Manzoni, Carducci parlait au nom du Dante, au nom de Machiavel et d
réforme de la prosodie italienne dans le sens de la prosodie latine. Carducci , qui sur l’Italie, veule et aplatie après ses gue
à atteindre et atteindra sa forme suprême de vie. Cependant le cri de Carducci secoua les esprits, remua les intelligences. Quel
s continuait dans un chant nouveau, inattendu, étonnant, qui permit à Carducci lui-même d’annoncer à l’Italie la naissance d’un
Il continua l’œuvre de renouveau de la langue ; suivant les traces de Carducci , il la porta à ce degré de perfection esthétiquem
quinze ans, tous les esprits plus jeunes de la littérature italienne. Carducci n’a eu donc qu’un disciple, un seul digne de lui,
iple : d’Annunzio. Un autre, Pascoli, qui l’année dernière a remplacé Carducci à la chaire de Bologne, est beaucoup plus dégagé,
des vers barbares. Plus tard, il exagéra la réforme dans les Laudes. Carducci n’avait fait que reprendre la tentative de L. B. 
t des vers mêmes acquis à la langue. Celle-ci est la règle suivie par Carducci , qui, avec des vers italiens, compose ses hexamèt
ntiment de paganisme beaucoup plus large et plus moderne que celui de Carducci , mais presque autant littéraire, remonte au premi
inte colline, mesuré vraisemblablement uniquement par sa respiration. Carducci et d’Annunzio, malgré quelques défauts per excess
d’un livre mal réussi, ainsi que le font M. Fogazzaro ou Mme Sérao… § Carducci a trouvé sa plus grande source d’inspiration à Ro
prosodie auraient aidé aux transformations de l’esprit poétique dont Carducci sentait l’ardent besoin, entraîna le Poète à se s
ne lui apporta tout son cortège d’images lointaines. Quelques odes de Carducci ont la saveur immédiate d’une traduction de quelq
beauté et en désordre l’œuvre de d’Annunzio. Le pathos historique de Carducci est celui de Victor Hugo ; cela est absolument in
que chez Leconte de Lisle, le poète des Poèmes barbares, avec lequel Carducci présente des analogies d’esprit libre, fier et pu
borne, est dans l’âme légendaire de tous les siècles, tandis que pour Carducci l’histoire est une : Rome. Leconte de Lisle, Vign
la profondeur de l’âme gauloise, l’âme antique et nouvelle du monde. Carducci reste seulement le poète de la Troisième Italie,
ut son dédain et sa terrible passion civile, sinon avec son génie. Et Carducci a rempli son rôle. L’Italie l’a reconnu, l’a proc
la « fosca turrita Bologna », où est la maison du vieillard glorieux, Carducci , d’un de ses gestes de suprême dédain auxquels l’
ndustrielle contemporaine. § La mesure de son talent n’a pas permis à Carducci une divine et gothique abstraction, capable d’eng
entatifs de toute la dernière volonté d’être de l’Italie : Mazzini et Carducci . Dans l’œuvre réunie sous le titre Rime e Ritmi,
un mouvement perpétuellement identique, entre le présent et le passé. Carducci n’inspirerait pas, je crois, à Rodin une évocatio
es titanesques », selon l’admirable expression de Mme de Saint-Point. Carducci donne au contraire lui-même l’impression d’un ora
ntre du monde méditerranéen moderne. Déjà deux hommes très puissants, Carducci et Mistral, ces deux poètes méditerranéens, ont i
mmi les peuples. Le patriotisme provençal de Mistral et l’italien de Carducci n’ont pour nous que la même toute-puissante signi
ication d’orgueil invincible et de triomphe méditerranéen. Et lorsque Carducci constate : « la littérature italienne contemporai
courage semblable à celui qui enflamma l’œuvre de prose et de vers de Carducci pendant de très longues années, ils montrent sans
in de nous rappeler Boccace ou Guichardin ou Machiavel ou Léopardi ou Carducci , par sa tournure et par ses pointes, nous fait tr
2 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 233, 1er mars 1907 »
151]. M. Édouard Rod nous donne, dans le Figaro, quelques détails sur Carducci . D’abord un léger croquis du vieux professeur :
er à l’expliquer. Après Dante, ou peut-être avant, le grand amour de Carducci fut la politique. Une bonne partie de son œuvre s
Trente et Trieste. Il ne faut pas à la fois admirer le patriotisme de Carducci et mépriser celui de M. Déroulède. Un Français qu
ormuler en vers un programme de conquête. Les poésies patriotiques de Carducci ont un intérêt local, mais purement local. Nous s
naïfs de les admirer, d’autant plus qu’elles ne sont pas admirables. Carducci avait une autre corde, l’anticléricalisme, et il
té. Revenons à M. Rod. Il apprécie ainsi le caractère de la poésie de Carducci  : Avec elle, nous sommes aussi loin que possible
assiques, qui sont les traditions nationales du pays. On croirait que Carducci pensait à son œuvre même, quand il définissait le
quelque acte de retentissante dévotion en l’honneur du vieux maître. Carducci , pour moi, c’est un Leconte de Lisle, qui aurait
r les estimables opuscules, dont sa gloire ne pouvait être augmentée. Carducci fut moins hautain. Aussi la popularité politique
3 (1895) Articles du Mercure de France, année 1895
ui. Car à côté de l’intelligence sagace du temps moderne, il y a dans Carducci une intuition merveilleuse et exacte des âges ant
Dante. C’est bien ici, je crois, le caractère saillant de son œuvre. Carducci n’appartient pas aux poètes universels, tels que,
’Italie du Moyen Âge, ou de l’Italie moderne, mais toujours italiens. Carducci lui-même le reconnaît. Il rappelle sa jeunesse lo
anto, ala d’incendio, divora i boschi e va. Les poésies publiées par Carducci dans ces dernières années, Piemonte, La Bicocca,
nalait le pouvoir agonisant des papes. Esprit éminemment patriotique, Carducci se révolta contre l’acquiescement des gouvernants
it pas été, cependant, moins bruyant ni moins batailleur que celui de Carducci . Quant aux problèmes du présent, ce ne sera pas l
la poésie. Ce n’est pas le cas de discuter ici cette théorie. Le même Carducci , d’ailleurs, n’effleurait-il pas la question soci
ore ? § Si la partie politique est la plus saillante dans l’œuvre de Carducci , et celle qui l’empreint d’un caractère si nation
ctère si national, elle est bien loin de la représenter tout entière. Carducci n’est pas seulement le poète du combat, l’amoureu
les fonts baptismaux la Muse d’Enotrio Romano — premier pseudonyme de Carducci . Dans la série de poésies qu’il a nommées Printem
hension profonde et intellectuelle de la nature a rendu possible chez Carducci son admirable divination du monde païen, grec et
pas le sixième, mais le dernier de cette glorieuse élite. L’œuvre de Carducci , toutefois, comme toute œuvre humaine, n’est pas
ai qu’il y a là un assez grave obstacle à la diffusion de ses poèmes. Carducci appartient à l’aristocratie de l’art. Son œuvre,
4 (1891) Articles du Mercure de France, année 1891
i). Tome III, numéro 21, septembre 1891 [Sonnets inédits de Carducci et Mazzoni] Tome III, numéro 21, septembre 189
porains : elles seront, chaque fois, accompagnées d’une brève notice. M. Carducci , aujourd’hui âgé de cinquante-cinq ans ; Pisan d’
t à fait sans succès, un système analogue, — et même plus original. —  Carducci et son école, ce n’est pas toute la poésie actuel
uido Mazzoni, dont nous donnons un sonnet. — Ni ce sonnet ni celui de Carducci ne sont barbares. A C. C. / À C. C. Giosuè
 312-317 [312]. […] Gazzetta Letteraria (Turin). — M. Lenzoni étudie Carducci , en lequel il reconnaît un classique, un poète qu
5 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 238, 15 mai 1907 »
nt l’interprétation valait d’être fixée. […] Lettres néo-grecques. Carducci et la Grèce Démétrius Asteriotis [Philéas Lebes
s vers ce grand exemple, que leur remémorait, hier encore, la mort de Carducci  ! Pas de journal ou de périodique, si minuscule s
sque nul ne s’avise de rapprocher, comme il convient, l’initiative de Carducci , en matière de mètres anciens modernisés, de cell
atière de mètres anciens modernisés, de celle de Stéphanos Martzokis. Carducci , du reste, avait eu des précurseurs : Giovanni Fa
6 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVIII, numéro 243, 1er août 1907 »
uissent les dernières voix des rhéteurs qui péroraient sur la mort de Carducci . Après l’exaltation presque exclusivement politiq
cci. Après l’exaltation presque exclusivement politique de l’œuvre de Carducci , où la conscience nationale, dans la platitude gé
es fécondations. Les quelques tentatives épiques, garibaldien nés, de Carducci à Marradi, ne les satisfont pas. D’Annunzio demeu
. Manzoni : Le Tragedie, gl’Inni Sacri, le Odi etc., Hoepli. Milan. —  Carducci , Opere. Nouvelle édition (deux volumes). N. Zanic
7 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907 »
ercure. Tome LXVI, numéro 234, 15 mars 1907, p. 377-384 [380-383]. Carducci en Autriche Il n’y a sans doute pas d’autre po
Il n’y a sans doute pas d’autre poète italien qui ait, à l’égal de Carducci , éprouvé les rigueurs de la censure autrichienne.
tion complète, puis cette édition complète tout entière des œuvres de Carducci que le fisc arrêtait en Autriche. En outre, deux
Léopardi et l’« Hymne à Satan ». — À propos de l’Hymne à Satan de Carducci , il est intéressant de remarquer que Léopardi aus
ppelle l’invocation à Satan « roi du festin » qui commence l’Hymne de Carducci  : À toi, de l’Être principe immense, matière et
exaltait Ahriman comme principe du mouvementée rapproche de celle de Carducci , qui a vu en Satan le principe de la Raison, qui
8 (1892) Articles du Mercure de France, année 1892
Pace ! Pace ! Pace ! et dans un article M. U. Valcarenghi déclare que Carducci s’est mis au ban des poètes italiens ; la Critica
rases ironiques. Enfin une brochure anonyme, La Guerra del professore Carducci flagellata da Umano, a frappé le dernier coup. Pr
ncore des limbes, M. Rapisardi, a publié une contrepartie de l’ode de Carducci , intitulée All’Utopia et qui contient de belles s
d’Antonio Fogazzaro (Milan, Chiesa et Guindani) ; I Poeti bolognesi : Carducci , Panzacchi, Stecchetti, par Augusto Lenzoni (Bolo
ié, depuis, bien des vers, sans atteindre à la célébrité de son rival Carducci , qui avait au moins trouvé un peu de neuf. M. Rap
9 (1909) Articles du Mercure de France, année 1909
, dans leur rayonnante fécondité, source de grand lyrisme. Tandis que Carducci , tout gonflé par le « pathos historique » de Hugo
e la vie médiévale italienne : la fin d’un Empire. Puisque j’ai nommé Carducci , j’insiste sur la comparaison. Carducci fut presq
un Empire. Puisque j’ai nommé Carducci, j’insiste sur la comparaison. Carducci fut presque toujours plus historien que poète. N’
 » dans les pierres animées par la palpitation énorme de l’histoire ; Carducci , historien, professeur d’université, n’y cherchai
t un nom, un total de signification immédiate et pratique. Le mal que Carducci a fait, ou fait, aux jeunes générations de la pén
us aigus chauvinismes, esthétiquement se ressent et souffre. Et comme Carducci se révéla aussi, sans nul doute, et à plusieurs r
en un mot plus lyrique que celui de son maître. Cependant, l’œuvre de Carducci a une signification historique qu’il ne faut poin
sta Alberti, en redonnant au poète le goût du classicisme originaire, Carducci servait à affermir le sentiment national nouveau-
rique des gestes révolutionnaires italiens du xixe  siècle, ainsi que Carducci lui-même et un autre poète de talent, M. Marradi,
ns les plus notoires, Verga, de Amicis, Serao, d’Annunzio, Fogazzaro, Carducci , ou encore les pièces sociales de M. Giacosa, les
ce pathos historique, assez souvent scolastique et insupportable, de Carducci , qui donna quelques accents aux premiers chants d
temps seulement, ont été repris par le déplorable démon politique de Carducci , et ont chanté quelques événements nationaux, son
ques événements nationaux, songeant peut-être à ce rôle du vatès, que Carducci si bruyamment. et avec force grincements de dents
s chênes verts et sacrés, ondoyant à la brise, chantés par Virgile et Carducci , les truffes ont germé, les porcs ont fouillé… Ça
x, Bélisaire, courant en fiacre sur la route de Giacomo, un volume de Carducci dans sa poche. Là, dans l’église petite, majestue
Qu’y avait-il donc de changé depuis les Géorgiques ? Rien, répondait Carducci à Bélisaire. De la montagne couronnée de sombres
s’émouvoir avec lui devant ce temple évocateur, sous le parvis duquel Carducci salua la patrie antique ! Avec regret, il prit co
endaient en fil de soie sur ses lèvres rouges. Bélisaire, oublieux de Carducci , de Virgile et de Pline, la trouva belle et la ba
a le sens de la grande décoration, M. Conconi et son beau portrait de Carducci . Musées et collections. Memento bibliographiqu
chaient soigneusement, tout en la subissant et en s’en fécondant, tel Carducci , se montre plus nettement que jamais chez les néo
liticiens et littérateurs, s’efforcent à faire une gloire française à Carducci , en vue de lui élever une statue au milieu des au
méthodique des sympathies franco-italiennes. Il est hors de doute que Carducci , qui fut un grand littérateur plus qu’un grand po
les grands morts, et il veut voir dans la glorification parisienne de Carducci une manifestation d’affirmation de la race qu’il
10 (1893) Articles du Mercure de France, année 1893
est un poète malheureux et qui vient d’aggraver son infortune. Jadis Carducci , qui voyait en lui un rival, lui fit une guerre c
de Baudelaire ait été bien appréciable en Italie, car, mis à part un Carducci ou un d’Annunzio, les baudelairiens italiens fure
11 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 247, 1er octobre 1907 »
octobre 1907, p. 549-554. Les jeunes prosateurs italiens Depuis Carducci et d’Annunzio, la prose italienne a cessé de se r
Carducci et d’Annunzio, la prose italienne a cessé de se renouveler. Carducci , politicien et polémiste, ardent et farouche par
12 (1905) Articles du Mercure de France, année 1905
do. Tome LIII, numéro 183, 1er février 1905, p. 470-474. Hommage à Carducci . — Carducci : Prose, Bologne, Zanichelli Giosu
II, numéro 183, 1er février 1905, p. 470-474. Hommage à Carducci. —  Carducci  : Prose, Bologne, Zanichelli Giosuè Carducci a
oposé. L’éditeur Zanichelli vient de publier en volume les Proses, de Carducci . Ce recueil, d’un intérêt national exceptionnel,
Le troisième événement qui a rappelé aux plus indifférents le rôle de Carducci dans l’histoire contemporaine de l’âme italienne
tionale, attribue une rente viagère au Poète. Le roi a voulu rendre à Carducci l’hommage pécuniaire que son grand-père le roi Vi
amartine et que Lamartine, cohérent avec sa fierté, refusa dignement. Carducci lui aussi refusa avec fierté, il y a quelques ann
générations d’Italiens sa foi de républicain-poète et de philosophe. Carducci , à Bologne, orientait l’esprit de ses quelques mi
ous les cultes qui enflammaient sa foi de poète républicain. Bovio et Carducci étaient tous deux épris de l’esprit originel de l
iale, cultivée, enthousiaste et pure. Bovio est mort il y a deux ans. Carducci s’éloigne dans le silence que sa longue journée d
d’Annunzio, semblent se concentrer en elles-mêmes ; elles saluent en Carducci le grand résumeur de la pensée littéraire de ces
gne, Zanichelli Un autre grand Poète, peu connu à l’étranger comme Carducci , et comme M. d’Annunzio même en tant que poète, e
sfaire cette formidable volonté, cette vie pensive et glorieuse, dont Carducci , le seul homme représentatif de la troisième Ital
raîne loin, dans la vision rétrospective de l’âme poétique italienne. Carducci a renouvelé toute l’esthétique de la poésie, en d
ue du xixe  siècle italien semble reculer indéfiniment dans le passé. Carducci et Mazzini sont vraiment les deux pôles de l’écli
que l’âge a dompté la fureur toujours vibrante et chantante du vieux Carducci , tandis que M. Pascoli fait entendre de temps en
13 (1912) Articles du Mercure de France, année 1912
o Rapisardi Mario Rapisardi n’a pas eu le post mortem glorieux de Carducci . La nation ne l’avait pas adopté, à cause des lit
piration implacable contre lui date en effet des années lointaines où Carducci et Rapisardi étaient encore jeunes. Carducci fut
des années lointaines où Carducci et Rapisardi étaient encore jeunes. Carducci fut un haineux de génie. Il eut le génie de la ha
n manque total de principes généraux, d’esthétique et de philosophie, Carducci détesta le poète sicilien qui n’était qu’un visio
elles engagées à leur nom par les immanquables et ridicules suivants. Carducci s’élevait contre le romantisme, tout le romantism
métrique latine appliquée à la prosodie des deux langues néo-romanes. Carducci renouvela l’expression lyrique italienne, renouve
yer spirituel de l’adolescent qui l’a dépassé, Gabriel d’Annunzio. Si Carducci fut en général un médiocre poète, il fut un « inc
. Rapisardi s’élevait contre le néo-classicisme, trop d’imitation, de Carducci , non point au nom du romantisme, qu’il voulait su
e, que tous les deux ont gardée jusqu’à la mort. Mais, dans la lutte, Carducci fut le plus fort. Ils luttèrent réellement pour s
r le titre inexprimé de poète national de la nation renouvelée. C’est Carducci qui l’emporta. La postérité ratifiera sans doute
et Foscolo et Léopardi. Malgré sa haine contre le néo-classicisme de Carducci , et sa volonté d’être, en esprit, de son temps, R
ait des modelés connus. Et malgré la brièveté de son souffle lyrique, Carducci enveloppait étroitement, avec ses phrases et ses
, des insulaires, qui s’insurgeaient contre les continentaux du Nord. Carducci avait, de son côté, avec son talent de polémiste,
aiment nouveaux qui songeaient à la nouvelle renaissance de l’Italie. Carducci est mort plein de gloire, Rapisardi n’est pas mor
Rapisardi n’est pas mort solitaire. Il est évident que si l’œuvre de Carducci a plus d’importance par son rayonnement que par s
la nation italienne a pleuré des pleurs officiels aux funérailles de Carducci , c’est la Sicile tout entière, qui a été profondé
nts furent toujours plus nobles que les moins vulgaires des ïambes de Carducci . M. d’Annunzio a pu même donner à sa patrie, par
levait la voix courroucée, mi-politique, mi-lyrique, d’un seul poète, Carducci . Puis, l’Italie spirituelle se réveilla en grand
rythmer devant la nation totalement régénérée. Le Vatès était encore Carducci , le vieux professeur qui avait donné, en vers et
le poète. Les deux autres venaient, de chemins très différents. Comme Carducci , ils étaient tous des produits trop violents de l
ant donner un pendant au patrimoine ancien, a-t-on choisi les noms de Carducci , d’Annunzio, Pascoli, et… Giacosa ? Pourquoi Giac
lassicisme de son époque, au même titre du reste que le néo-classique Carducci se révolta contre lui cinquante ans après, fut le
urs titres — y compris celui d’avoir inspiré la haine très féconde de Carducci , — promoteur d’un autre renouveau littéraire, bie
e retentissante, Angelo Sommaruga, voyait autour de lui le professeur Carducci , l’adolescent d’Annunzio, le fier et magnifique A
14 (1916) Articles du Mercure de France, année 1916
d’influence que sur la génération suivante. La poésie patriotique de Carducci n’avait plus d’écho parmi les jeunes, parce que p
ques. Elle lisait sur les bancs des lycées les strophes enflammées de Carducci , qui, déjà vieux, était enfin reconnu comme poète
n’a pourtant pas expliqué cette conversion du paganisme littéraire de Carducci à la pratique du catholicisme, et c’est grand dom
avant la tedesca rabbia de Dante), jusqu’aux invectives enflammées de Carducci … Variations amusantes de rhétoriciens ! La meille
s et exaltées, avec les fanfarons. Cette passion était celle du vieux Carducci . Mais Renato Serra ne pouvait oublier qu’il resta
l restait un lettré, ni plus ni moins qu’un lettré, qui avait dépassé Carducci pour arriver à Croce. Il avait vénéré en Benedett
ce fin lettré, qui était aussi un italien fervent élevé à l’école de Carducci , une discorde intérieure, un étrange dilemme : il
numéro spécial de La Voce — Alfredo Panzini, romagnol et disciple de Carducci comme lui. Panzini est de beaucoup plus âgé — il
acheter. Il a commencé en 1895 avec un petit livre sur l’évolution de Carducci  ; depuis il a publié des recueils de nouvelles (P
15 (1906) Articles du Mercure de France, année 1906
ncore réalisé. M. Severino Ferrari est un de ces poètes, disciples de Carducci , que le Maître chérissait le plus. Il y en a d’au
Rhapsodia Garibaldina… M. Severino Ferrari eut l’honneur d’inspirer à Carducci un poème de délicieuse fraternité. Et il poursuiv
ruga. Ils étaient tous jeunes et vibrants d’aspirations gigantesques. Carducci était avec eux, d’Annunzio y faisait ses première
uveau merveilleux de sa poésie, quelque grande affirmation qui, après Carducci , aurait étonné les autres littératures. Il y a eu
sante des régions au même niveau de médiocrité, fut un fait accompli, Carducci , en renouvelant la métrique de la langue, et en c
res, où en vérité on ne voyait qu’une seule plante vraiment robuste : Carducci . La Partie d’Échecs était écrite en vers martelli
gique rançon de sa fortune prodigieuse… Les Journaux. À propos de Carducci (Le Petit Temps, 1er décembre) R. de Bury [Remy
5 décembre 1906, p. 616-618 [618]. Un des prix Nobel a été attribué à M. Carducci . M. Jean Carrère nous a entretenus, dans le Petit
rrère nous a entretenus, dans le Petit Temps, du grand poète italien. Carducci n’est guère connu en France que de nom et M. Carr
ont moins avouables, et qu’il faut avouer tout de même. Il a manqué à Carducci , pour que Paris lui fasse fête, de venir, comme t
se fête, de venir, comme tant d’autres, parader devant Paris. Ah ! si Carducci nous était arrivé, annoncé par quelque académicie
16 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXX, numéro 252, 15 décembre 1907 »
chaud : Giosuè Carducci, Sansot L’éditeur Zanichelli, l’éditeur de Carducci , à Bologne, vient de publier le dernier volume de
inexactitudes, on peut surtout regretter qu’il nous soit présenté un Carducci vu dans une vision historique semblable à celle d
17 (1897) Articles du Mercure de France, année 1897
ils ignorent quasi jusqu’à l’existence de la langue que manie si bien M. Carducci . L’italien est en Italie ce qu’était le latin dan
d’hui une littérature italienne ? M. Ojetti a parlé le premier ; puis M. Carducci  ; puis d’autres. Le vieux poète a été battu, malg
18 (1918) Articles du Mercure de France, année 1918
le d’Annunzio, au triple Eja, ajoute le cri de chasse Alalà, que déjà Carducci avait évoqué, avec une légère modification, dans
pelait Antonio Bidernerchio14. Une chanson du quattrocento, citée par Carducci , célèbre la gloire de l’humble héros : Su, su, V
ques italiens qui s’étaient passionnément mis à leur école. Vainement Carducci , poète de l’Idée Latine, dévoilait-il le péril :
ie et dédaigneuse. À Bologne se forma un comité national, présidé par Carducci , dans le but d’honorer par un marbre le nom d’Obe
ouvrière bolonaise. Il restait une petite somme qui, sur le désir de Carducci , fut déposée dans un établissement de crédit et d
omité constitué en 1882 que le moment était venu de déférer au vœu de Carducci . On fit broder sur un beau drapeau de soie tricol
eut-être le meilleur qui soit sorti de la plume de l’ancienne amie de Carducci . § G. Pascoli, Carmina, Bologne, Zanichelli. —
ive et concluante de l’œuvre de celui qui a été sans contredit, après Carducci , le plus intimement poète de sa génération. O.
19 (1908) Articles du Mercure de France, année 1908
e et assez nerveuse — ce qui à mon avis est l’élément de la poésie de Carducci qui peut vraiment nous intéresser, — et depuis le
s les efforts multiples et heureux accomplis par M. d’Annunzio, après Carducci , pour le renouveau de la langue, pour la formatio
toute différence de sentiment sur les valeurs réelles de la poésie de Carducci , et sur les défauts des qualités de M. d’Annunzio
sont la contrepartie souvent très heureuse des tendances résumées par Carducci et par M. d’Annunzio. Et tous les écrivains qui o
numéro 259, 1er avril 1908, p. 551‑554. Anniversaire de la mort de Carducci L’Anniversaire de la mort de Carducci a été c
Anniversaire de la mort de Carducci L’Anniversaire de la mort de Carducci a été commémoré au Collège de France par le « mon
ducci a été commémoré au Collège de France par le « monde officiel ». Carducci , dont une des principales qualités fut celle d’êt
n homme en Italie qui leva sa voix avec un dédain furieux, dantesque. Carducci méprisa de Amicis, qu’il appela avec une extrême
ppela avec une extrême justesse Edmond des Langueurs. Mais la voix de Carducci se perdit dans le tumulte sourd des sanglots cont
le d’Aurelio Ugolini, très influencé par les classiques latins et par Carducci , et la sobriété presque scolastique de son inspir
l’un, qui fut un des plus ardents admirateurs de la première heure de Carducci , et les romans de l’autre, avaient fait leur popu
20 (1911) Articles du Mercure de France, année 1911
plus puissants, plus émouvants, continuent le lyrisme patriotique de Carducci , fait plus d’éloquence que de subtilité, et en pe
s des traditions historiques nationales. Leur art, dérivé de celui de Carducci , auquel d’Annunzio emprunta pendant un assez long
véhémence, et infécond malgré l’enseignement multiple qu’il contient. Carducci a fait beaucoup de mal, en ce sens, au plus doué,
pour que l’on ne regrette encore une fois que la violence clichée de Carducci , son action « coupeuse d’ailes », se soient exerc
ipparini : Il Canto di Afellita, Puccini, Ancône Et l’influence de Carducci n’a pas épargné M. Giuseppe Lipparini, quoique, c
ou prophétique. Il évoque l’Hellade, à la manière de Goethe imité par Carducci , ou de Carducci imité par d’Annunzio. Dans les Ca
Il évoque l’Hellade, à la manière de Goethe imité par Carducci, ou de Carducci imité par d’Annunzio. Dans les Canti di Melitta,
i fut un poète, ou bien de l’admirable pédagogue lyrique néoclassique Carducci , qui fut poète à peine et avec peine, ou bien de
que des polémiques assez ardentes s’élèvent en Italie pour et contre Carducci , entre MM. Ettore Romagnoli, Vincenzo Morello, Go
. C’est un volume consacré à des souvenirs de la vie et de l’œuvre de Carducci . M. Benedetto Croce, dans une longue préface, ins
M. Pascoli a raison d’affirmer, dans la Rivista di Roma, que, depuis Carducci , dont le premier disciple fut d’Annunzio, en Ital
nzio, en Italie on écrit partout mieux, bien mieux, que par le passé, Carducci tua immédiatement les premières tentatives modern
bliothèque du poète sicilien Mario Rapisardi, l’ancien antagoniste de Carducci . L’auteur des poèmes Giobbe, Lucifero, et de tant
blicité, par la reine douairière Marguerite, au profit du républicain Carducci , devenu monarchiste dévotieux. Ce sont des initia
21 (1904) Articles du Mercure de France, année 1904
t dans l’œuvre d’abrutissement de toute idéalité. Un Poète héroïque : Carducci résumait à lui seul toutes les qualités les plus
’élève tout d’un coup la voix d’un maître du passé, que l’autorité de Carducci et les exaltations désordonnées des nouveaux ital
 » Dans l’élan terrible de son orgueil de poète, et de poète italien, Carducci fît comprendre aux autres que l’encens brûlé sur
es autels manzoniens avait une vague odeur de misère. Les épigones de Carducci exagérèrent et déclarèrent Manzoni déchu de sa do
22 (1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXVII, numéro 239, 1er juin 1907 »
sérieux poetæ minores de l’Italie, lorsque l’art du poète-politicien Carducci dominait tous les cénacles et en imposait partout
23 (1913) Articles du Mercure de France, année 1913
core. Mais la présence ou l’absence de E. de Amicis, de Fogazzaro, de Carducci , de Rapisardi, de Pascoli, de Mathilde Sérao, de
sse imposer celle de sa non-valeur. Ses collaborateurs se nommaient : Carducci  ; Édouard Scarfoglio, qui épousa ensuite Mathilde
du Mattino ; Chiarini, grand défenseur des renouveaux prosodiques de Carducci , et écrivain sans importance lui-même ; Nencioni 
pression lyrique du monde. Elle ne servit qu’à la cause prosodique de Carducci , d’où d’Annunzio — nourri, au surplus, et très no
velles générations témoignent à leur endroit d’un goût fort médiocre. Carducci racontait que l’ambition de sa quinzième année fu
plus combattu aussi — et par conséquent le plus lu, depuis la mort de Carducci , ne soit pas un poète, un créateur, mais bien M. 
ez nous, par exemple. Les Anciens représentent l’admiration totale de Carducci et de Pascoli, — le respect de la forme dure et m
ranger. La mort a pris beaucoup d’écrivains de la vieille génération ( Carducci , Rapisardi, Fogazzaro, Pascoli, Graf, etc.) et ce
24 (1910) Articles du Mercure de France, année 1910
e. Mais tout en donnant à la Poésie d’Annunzio et Pascoli, voire même Carducci , elle garde ses voies littéraires officielles hor
cette élévation d’esprit, sublime, assure-t-on, qui faisait écrire à Carducci , dans une préface à une anthologie italienne, par
eons séculaires de la langue ; ce renouveau, ébauché furieusement par Carducci et voluptueusement réalisé par d’Annunzio, a prod
25 (1902) Articles du Mercure de France, année 1902
e la Maison Zanichelli de Bologne, qui présente toutes les poésies de Carducci depuis 1830 jusqu’à 1900, vient d’avoir un accuei
26 (1914) Articles du Mercure de France, année 1914
ral. Notre plus grand poète de la deuxième moitié du siècle dernier —  Carducci  — était le représentant de la réaction classique
que plus fraîche, mais il appartenait, dans le fond, au même type que Carducci et sa culture classique l’a empêché trop souvent
27 (1917) Articles du Mercure de France, année 1917
fortune, qui ne se renouvela pas avec Nova Polemica (1878), bien que Carducci lui-même lui ait consacré un article célèbre, éta
r. Le public moyen, qui trouvait trop difficiles les Odes Barbares de Carducci , se jeta sur les rimes sensuelles et transparente
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