(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVI »
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(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Premier extrait] — Chapitre LXVI »

Chapitre LXVI

Le goût du pays pour les arts paraît dans les pompes funèbres. On se sert de caisses recouvertes de velours brodé en or. Il y a peu de Napolitaines qui n’appartiennent pas à quelque confrérie. Les frères se rendent tour à tour le service de s’enterrer.

Il paraît que, jusques aux rois français, les gens du pays aimaient à se vêtir d’étoffes précieuses. On n’en voit plus maintenant que dans les appartements dont la plupart sont tendus en étoffes de soie. Ce goût fit tomber celui de la peinture ; mais aujourd’hui, celles qu’on a trouvées à Pompéia et à Herculanum ont fait revivre la mode de décorer ainsi les appartements.

À Naples, comme à Paris, quand la cour prenait le deuil, tout le monde, jusques aux artisans, se trouvait de la Cour et se mettait en noir. — Naples a un grand nombre de boutiques de glaces et de cafés. (Très bon et très juste. L.) À toutes les heures du jour, elles sont pleines de gens occupés à gesticuler et parler très haut, et à regarder les passants. Les personnes d’un certain rang n’osent pas cependant habiter les cafés, les conversations les remplacent. (On appelle ainsi les assemblées à Rome et à Naples. 1813.)

Les Napolitains sont très soumis au gouvernement ; mais ils veulent parler de tout, décider de tout et ils le font en criant, à tue-tête. (Très vrai.) Les plus petits artisans prennent du café qui, là comme en France, a remplacé l’usage du vin. Le grand défaut des conversations de Naples est l’ennui. — Le gouvernement et les circonstances ne sont pas arrangés de manière qu’elles puissent être amusantes. On y recherche comme aimables les nouvellistes. (Vrai. L. Contraste parfait : Genève et Naples. 1813.) Cela seul, aux yeux d’un homme attentif, prouve combien la civilisation y est peu avancée. Il y a loin de là au salon de Mme du Deffand. À Naples, on examine la conduite du gouvernement, on se plaint de l’extrême chaleur, on se met à jouer. Il y avait, en 1803, deux clubs. Les meilleures sociétés se réunissaient aux loges des théâtres. On y prend des glaces, on écoute un air ou deux, et l’on s’occupe ensuite d’objets plus intéressants. Il est d’usage qu’une femme qui est accouchée tienne pendant quelque temps maison ouverte : c’est-à-dire que beaucoup de gens viennent la voir et qu’elle leur fait distribuer des glaces. — Un usage qui a survécu au bouleversement amené par les rois français est celui qu’a la noblesse de promener un carrosse une heure avant le coucher du soleil sur le rivage de Chiaga et de Margelina. (Existe encore. L.) Il y a beaucoup de voitures. L’été on va au Mole ou à Pausilipe avant le coucher du soleil.