(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Introduction] »
/ 77
(1907) Articles du Mercure de France, année 1907 « Tome LXIX, numéro 248, 15 octobre 1907 — Fin du tour d’Italie en 1811 — [Introduction] »

[Introduction]

On connaît le Journal de Stendhal, exhumé de la Bibliothèque de Grenoble et publié en 1888 par M. Casimir Stryienski, avec une préface de M. de Nion. Ce fut la première série des œuvres posthumes de Beyle, dont la mise au jour valut à M. Stryienski une renommée incontestable, sans compter la reconnaissance intime de tous les Stendhaliens.

Le Journal de Stendhal, relatant les événements de son adolescence, et, en quelque sorte, son éclosion intellectuelle et sentimentale, est un document de premier ordre. Quoique diversement accueillie par la presse, cette autobiographie a permis à de nombreux critiques de renouveler l’exégèse stendhalienne.

M. Stryienski raconte dans son introduction du Journal que plusieurs des cahiers furent perdus, le journal de 1807 et 1808, et celui de Russie (1812) entre autres.

Voici, cependant, un important fragment, en possession aujourd’hui de M. C. Stryienski, et provenant de la collection de M. Auguste Cordier, à qui nous laissons la parole :

« Le texte est de la main d’un copiste, très incorrect, avec notes, annexes et corrections de la main de Stendhal.

« Le cahier porte ce titre : Fin du tour d’Italie en 1811. La pagination, commençant à 99, donne à penser qu’il manquerait la première partie de ce voyage, comprenant dès lors les pages 1 à 98. La partie que nous donnons ici étant datée du 8 octobre 1811, de Naples, nous n’avons pas l’intervalle compris entre cette date d’arrivée à Naples et celle du départ de Milan, précisée dans le Journal, à la page 407, par cette phrase : “Je partis de Milan à 1 h. 1/2 le 22 septembre 1811.” Ce voyage a été imposé à Stendhal par la comtesse Simonetta, par prudence, après l’entrevue notée à la page 406 du Journal : “Le 21 septembre, à 11 h. 1/2, je remporte cette victoire si longtemps désirée.”

« L’absence durera un peu plus d’un mois, du 22 septembre au 24 octobre suivant. Stendhal, fort amoureux, passe ce long mois à Florence, à Naples, à Ancône dans l’impatience du retour et n’apportant qu’un intérêt fort distrait à tout ce qu’il voit, ainsi qu’il le dit : “J’écrivais tout cela avec ennui et lassitude.” Il revient enfin à Varèse, le 24 octobre, y retrouve la comtesse Simonetta, et leurs amours continuent jusqu’au 13 novembre, date du retour de Stendhal à Paris, son congé si heureusement rempli pour lui étant expiré.

« Il reviendra à Milan en 1813, reverra sa fair Angela et complétera sur ce manuscrit toutes ses impressions de 1811.

« Le document que nous reproduisons ici comblera une lacune qui se trouve dans le Journal de Stendhal, à la page 410. Muet sur le séjour de Stendhal à Naples, ce journal se trouvera ainsi complété. Le récit du voyage suit pas à pas les cahiers 32 et 33 du journal de 1811, mais ici de nombreuses notes autographes de Stendhal, ajoutées en 1813, augmentent considérablement les 8 pages du texte de l’édition du Journal, et forment environ cinquante pages des plus intéressantes, tant au point de vue des observations du voyageur que de l’histoire de ses amours avec Mme Piétragrua, alors comtesse Simonetta.

« Cette partie si intéressante de la vie de Stendhal, effleurée seulement dans les 32e et 33e cahiers du journal de 1811, qui ne sont en réalité que des notes, se trouve ici complétée et forme un ouvrage absolument inédit. On aura donc ici le double intérêt d’une œuvre inconnue fort curieuse à lire et d’autographes dont les incorrections ont été scrupuleusement respectées. »

Nous adressons tous nos remerciements à M. Stryienski, qui a bien voulu nous confier la publication de ce manuscrit et nous permettre d’en faire profiter ceux qui s’intéressent à la biographie du Maître.

ADOLPHE PAUPE.