Chapitre LXXV
Je comptais commencer ce journal par la copie d’une lettre d’amant malheureux que je viens d’écrire à la comtesse Simonetta. Mais la copier serait encore beaucoup plus ennuyeux que l’écrire, et c’est beaucoup dire.
Le ciel m’est témoin que j’ai écrit hier à A. une lettre d’amant malheureux pleine de délicatesse et d’un style ferme. Elle était dans le genre de Duclos et n’aurait pas fait tache (?) dans les mémoires du comte de ***. Voyez ce que c’est que les écoles différentes, les diverses manières de voir la nature ! Cette lettre a paru▶ détestable à A. « Est-ce que vous écririez comme cela si vous étiez malheureux ! me disait-elle ce matin. Street of two Walls. C’est là que je l’ai vue pour la première fois en liberté. Je cherchais à ne pas penser à ce rendez-vous avant d’y être, pour ne pas devenir fou. Je n’ai pas eu le temps d’être naturel et par conséquent de jouir. Je lui ai appris la prolongation de mon congé. Elle, que her husband avait appris mon second voyage à la Madona del Monte, de l’homme même qui m’avait accompagné. Notre amour est persécuté par tous les hasards possibles, les deux religieuses, cet homme qui se trouve faire une longue conversation with the husband.
Elle m’a répété plusieurs fois que si un de ses amis venait lui conter tout ce qui nous est arrivé, elle s’en moquerait comme d’un roman. Cette idée ◀paraît▶ l’avoir frappée. Elle m’a dit ce soir qu’à Novarre elle écrirait notre histoire. Ce matin, elle était vraiment alarmée. Il ◀paraît▶ qu’il y a des affaires d’intérêt entre Turenne et elle. Je dois me dire qu’il n’en est que plus flatteur pour moi d’obtenir la victoire.
Ce soir, by her mother, at 6 h. 1/2, je l’ai vue pendant une demi-heure vraiment amoureuse et belle d’amour.
Nous parlions sur un banc qui se trouve dans la boutique pendant que the mother était occupée avec les commis. Nous étions obligés de parler par plaisanteries. Ce genre où il faut être plaisamment tendre est le mien, j’y suis tout naturel et tout heureux. J’ai vu dans ses yeux et dans la rougeur qui couvrait ses joues l’effet assuré du naturel d’une grande âme sur un autre cœur du même genre. Elle m’a parlé de tout quitter et de me suivre en France. Elle m’a dit qu’elle détestait l’Italie. Il ◀paraît▶ qu’elle est trop sûre de l’effet produit par elle sur tout ce qui l’entoure. Elle est tellement au-dessus des autres femmes qu’aucun de ses amis ne peut avoir l’idée de la négliger. On peut être insensible à son mérite, mais une fois qu’on l’a goûté, comme elle ◀paraît▶ seule dans ce genre à Milan il faut rester à ses pieds. Cela pourrait flatter son amour-propre, je ne sais si elle fait le raisonnement nécessaire pour cela. Mais cette certitude la fait bâiller.
Ce matin, toute troublée par tous les hasards qui se tournent contre nous, quand je lui ai annoncé la prolongation miraculeuse de mon congé, elle m’a dit : « Il faut partir. » Elle m’a appris qu’elle allait à Novare. La jalousie of the husband s’e distata comme tous les diables. Mais je ne crois pas qu’il ait l’honneur d’être jaloux. Il est le gardien des intérêts de Turenne dont la présence est utile aux siens. On attend ce grand politique ce soir. Il me ◀paraît probable qu’il n’arrive que demain. En attendant, j’ai un rendez-vous pour 10 heures. Mais le coquin de perruquier chez lequel j’ai pris une chambre s’est avisé de suivre A. jusqu’à sa nouvelle maison. (Contrada.)