Tome LXV, numéro 230, 15 janvier 1907
Échos.
Segantini et l’Italie
On sait que l’Autriche dispute à l’Italie la gloire d’▶avoir donné naissance au grand peintre des Alpes. Segantini, qui était né à Arco (Autriche), est mort sur le Schafberg, en Engadine. Et tandis que l’Autriche honore ◀de▶ son mieux la mémoire ◀de▶ Segantini, l’Italie s’en désintéresse complètement, et n’a jamais voulu acheter le célèbre Triptyque qui est la dernière œuvre et le chef-d’œuvre du grand maître impressionniste. Cependant elle aurait pu, en l’achetant, enrichir admirablement le tout récent musée du Château des Sforza, à Milan, se souvenant que Segantini était allé dans cette ville, à l’âge ◀de▶ quatorze ans, en petit ouvrier vagabond, et qu’il y avait longtemps vécu et considérablement travaillé.
Le triptyque ◀de▶ Segantini, que quelques artistes italiens espéraient faire entrer en Italie, vient ◀d’▶être mutilé et dispersé. Grâce aux 200 000 francs que le prince de Wagram a payés pour la partie centrale : nous l’aurons bientôt à Paris, dans la galerie du Prince. Trois autres tableaux ◀de▶ Segantini ont été vendus à des étrangers, qui les emporteront à Budapest et à Vienne. En Italie il ne reste presque plus rien ◀d’▶important ◀de▶ Segantini, sans conteste le seul peintre italien moderne vraiment digne ◀de sa gloire.