Tome LXX, numéro 250, 15 novembre 1907
Art moderne
Les Divisionnistes italiens (Cours la Reine)
L’exposition des Divisionnistes italiens, organisée par M. Grubecy, le collectionneur milanais, fut une manifestation considérable. Historiquement à la suite des impressionnistes français, les impressionnistes italiens ne négligent aucun moyen de▶ se distinguer ◀de▶ leurs devanciers : ◀d’▶où cette étiquette, « divisionnistes », qui n’est pas heureuse. « Impressionnisme » a le grand avantage ◀de▶ ne rien signifier : quoi ◀de▶ mieux qu’une « mesure verbale pour rien » qui permet, dans ce demi-silence, à tous les esprits ◀de▶ s’entendre, à toutes les compréhensions ◀de▶ se rencontrer ? Il est absent des dictionnaires, le mot qui dirait la chose, le mot propre. Et il s’en faut que la division du ton, visée par le titre italien, désigne tout l’impressionnisme ni même ce qu’il y a de plus précieux dans l’impressionnisme. Ce titre a, d’autre part, une vague couleur scientificarde, qui inquiète, et, dans cette critique, je sous-entends plus ou pis qu’une pure querelle ◀de▶ mots. Il est, du reste, assez évident que plusieurs des exposants, et non les moindres, protestent par la nature ◀de▶ leur talent contre le sens tendancieusement collectif et global du titre : et je constate qu’au-delà comme en deçà des Apennins il n’est guère en art, malgré les vœux nationalistes, que des ambitions et des réalisations individuelles. — On en trouve ici ◀de▶ fort intéressantes : le vieux Segantini, qui garde notre estime sans appeler notre enthousiasme ; Carlo Fornara, réaliste qui pense à l’interprétation ◀de▶ la nature, tempérament bien latin : il fait, en quelque sorte, du Segantini à rebours, élargissant une écriture aux débuts plus serrée et maintenant très personnelle ; Previati, point du tout impressionniste, retenu par les conventions anciennes et qui n’a pas encore abdiqué l’inexpressive allégorie ; les sculpteurs Bogatti, animalier, et André Otti, tous deux en quête ◀de▶ l’expression intense, tous deux excellents caractéristes.
Rosso au Luxembourg
Deux œuvres ◀de▶ Rosso viennent ◀d’▶être acquises pour le Musée du Luxembourg. Est-ce le moment ◀de▶ me souvenir que j’ai des premiers défendu cet artiste, alors qu’on lui résistait ? La joie nous suffise ◀de▶ la cause gagnée, du triomphe mérité ; récompense, où puiser ◀de▶ nouvelles forces ◀d’▶espérer et ◀de▶ vouloir d’autres actes ◀de▶ justice.
Musées et collections.
Dispersion ◀de▶ la collection Rodolphe Kann
[extraits]
[…] On aurait peut-être pu retenir quelqu’un des merveilleux Rembrandt qu’étaient le Portrait ◀de▶ Titus, le Portrait ◀d’▶un savant, le Christ et la Samaritaine, ou le suave profil ◀de▶ Giovanna Tornabuoni par Ghirlandajo, ou l’Escarpolette ◀de▶ Fragonard, sans doute le chef-d’œuvre ◀de▶ ce peintre. […] — Parmi les primitifs italiens et flamands, outre le Ghirlandajo mentionné plus haut, on admirait, présentés dans un cadre exquis, des fresques ◀de▶ Luini, des tableaux ◀de▶ Benozzo Gozzoli, Andrea del Castagno, Giovanni Bellini, Dirk Bouts, Rogier van der Weyden, Memling, Gérard David, etc. — L’Italie du xviiie siècle était représentée par des Tiepolo et des Guardi […] M. Pierpont-Morgan a acquis plus ◀d’▶un million le Portrait ◀de Giovanna Tornabuoni. […]