[Introduction]
On connaît le Journal de▶ Stendhal, exhumé ◀de▶ la Bibliothèque ◀de▶ Grenoble et publié en 1888 par M. Casimir Stryienski, avec une préface ◀de▶ M. de Nion. Ce fut la première série des œuvres posthumes ◀de▶ Beyle, dont la mise au jour valut à M. Stryienski une renommée incontestable, sans compter la reconnaissance intime ◀de▶ tous les Stendhaliens.
Le Journal ◀de▶ Stendhal, relatant les événements ◀de▶ son adolescence, et, en quelque sorte, son éclosion intellectuelle et sentimentale, est un document ◀de▶ premier ordre. Quoique diversement accueillie par la presse, cette autobiographie a permis à ◀de▶ nombreux critiques ◀de▶ renouveler l’exégèse stendhalienne.
M. Stryienski raconte dans son introduction du Journal que plusieurs des cahiers furent perdus, le journal ◀de▶ 1807 et 1808, et celui ◀de▶ Russie (1812) entre autres.
Voici, cependant, un important fragment, en possession aujourd’hui ◀de▶ M. C. Stryienski, et provenant ◀de▶ la collection ◀de▶ M. Auguste Cordier, à qui nous laissons la parole :
« Le texte est ◀de▶ la main ◀d’▶un copiste, très incorrect, avec notes, annexes et corrections ◀de▶ la main ◀de▶ Stendhal.
« Le cahier porte ce titre : Fin du tour ◀d’▶Italie en 1811. La pagination, commençant à 99, donne à penser qu’il manquerait la première partie ◀de▶ ce voyage, comprenant dès lors les pages 1 à 98. La partie que nous donnons ici étant datée du 8 octobre 1811, ◀de▶ Naples, nous n’avons pas l’intervalle compris entre cette date ◀d’▶arrivée à Naples et celle du départ ◀de▶ Milan, précisée dans le Journal, à la page 407, par cette phrase :
“Je partis ◀de▶ Milan à 1 h. 1/2 le 22 septembre 1811.”Ce voyage a été imposé à Stendhal par la comtesse Simonetta, par prudence, après l’entrevue notée à la page 406 du Journal :“Le 21 septembre, à 11 h. 1/2, je remporte cette victoire si longtemps désirée.”« L’absence durera un peu plus ◀d’▶un mois, du 22 septembre au 24 octobre suivant. Stendhal, fort amoureux, passe ce long mois à Florence, à Naples, à Ancône dans l’impatience du retour et n’apportant qu’un intérêt fort distrait à tout ce qu’il voit, ainsi qu’il le dit :
“J’écrivais tout cela avec ennui et lassitude.”Il revient enfin à Varèse, le 24 octobre, y retrouve la comtesse Simonetta, et leurs amours continuent jusqu’au 13 novembre, date du retour ◀de▶ Stendhal à Paris, son congé si heureusement rempli pour lui étant expiré.« Il reviendra à Milan en 1813, reverra sa fair Angela et complétera sur ce manuscrit toutes ses impressions ◀de▶ 1811.
« Le document que nous reproduisons ici comblera une lacune qui se trouve dans le Journal ◀de▶ Stendhal, à la page 410. Muet sur le séjour ◀de▶ Stendhal à Naples, ce journal se trouvera ainsi complété. Le récit du voyage suit pas à pas les cahiers 32 et 33 du journal ◀de▶ 1811, mais ici ◀de▶ nombreuses notes autographes ◀de▶ Stendhal, ajoutées en 1813, augmentent considérablement les 8 pages du texte ◀de▶ l’édition du Journal, et forment environ cinquante pages des plus intéressantes, tant au point de vue des observations du voyageur que ◀de▶ l’histoire ◀de▶ ses amours avec Mme Piétragrua, alors comtesse Simonetta.
« Cette partie si intéressante ◀de▶ la vie ◀de▶ Stendhal, effleurée seulement dans les 32e et 33e cahiers du journal ◀de▶ 1811, qui ne sont en réalité que des notes, se trouve ici complétée et forme un ouvrage absolument inédit. On aura donc ici le double intérêt ◀d’▶une œuvre inconnue fort curieuse à lire et ◀d’▶autographes dont les incorrections ont été scrupuleusement respectées. »
Nous adressons tous nos remerciements à M. Stryienski, qui a bien voulu nous confier la publication ◀de▶ ce manuscrit et nous permettre ◀d’en faire profiter ceux qui s’intéressent à la biographie du Maître.