Molière, tout original qu’il était, par rapport à l’état où il avait trouvé le théâtre, quoiqu’il fût l’inventeur d’un nouveau genre de comédie, il ne se laissa jamais aller à la tentation de changer de style ; il aima mieux se faire un style conforme à la nature, en perfectionnant celui de ses prédécesseurs, que de s’en faire un nouveau ; c’est ce que l’on peut remarquer dans ses grandes pièces de caractère, et même dans les deux espèces de farces qu’il a données : la nature la plus simple y brille toujours, et jamais elle n’emprunte ni d’un sentiment trop élevé, ni d’une situation romanesque, des beautés qui ne lui siéraient pas, ou qui, au lieu de la parer, la rendraient ridicule. […] Des mœurs différentes, la manière vicieuse de l’original, d’autres inconvénients presque sans nombre, qu’il faut prévoir et parer, sont les obstacles que rencontre à chaque pas quiconque veut ajuster les idées d’autrui aux temps et aux lieux dans lesquels il écrit.