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134. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Un goût naturel, le préjugé de la coutume ou de l’éducation, le respect humain, les y entraînent : d’autres motifs de société, de passe-temps, de complaisance, paraissent légitimer à leurs yeux une agréable erreur : plusieurs, sans examen, l’accréditent et la propagent, la plupart la trouvent au moins si excusable, qu’elles se la pardonnent, ainsi qu’aux autres, sans inquiétude. […] Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance et de la vertu purement humaine, fussent ils réunis en faveur des Spectacles profanes, ils n’ont jamais obtenu, ils n’obtiendront jamais l’approbation de l’Eglise. […] n’apprendrons-nous jamais combien mérite de mépris tout homme qui, pour le malheur du genre humain, abuse du génie et des talents que lui donna la nature ?  […] Ajoutez que le Poète, pour faire parler chacun selon son caractère, est forcé de mettre dans la bouche des méchants, leurs maximes et leurs principes, revêtus de tout l’éclat des beaux vers, et débités d’un ton imposant et sententieux, pour l’instruction du parterre. » « Si, dans la Comédie, on rapproche le ton de Théâtre à celui du monde, on ne corrige point, pour cela les mœurs ; le plaisir même du comique étant fondé sur un vice du cœur humain, c’est une suite de ce principe, que plus la Comédie est agréable et parfaite, plus son effet est funeste aux mœurs.

135. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

Cette pièce devait parfaitement concourir avec celle du Tartufe à la décadence des mœurs, par la raison encore que dans celle-ci on soulève de fait les vices, on leur donne des armes contre la vertu qu’ils ne ménagent point, et que dans le Misantrope on prescrit à la vertu de ménager les vices, de les supporter en silence, vu qu’ils sont unis à l’humaine nature ; de vivre d’accord, par conséquent, avec les fourbes, les fripons, les scélérats même. […] Les premières, malgré des ridicules qui doivent accompagner les pauvres humains sous cette forme ou sous une autre, jusqu’à leur dernière postérité, se distinguaient par une grande délicatesse, par l’exacte observance des règles du respect et de la décence, et surtout par une morale très-sévère, que les hommes savaient unir à la galanterie. […] Il ne fallait pas les faire insulter, ni faire dire à des femmes comme celles-là, d’aller se cacher ; il fallait punir moins rigoureusement le crime d’avoir dit que le chapelet est une chaîne spirituelle, que l’eau est le miroir céleste, que le ciel est gros de lumière, etc., bien que ces mots, comme ceux de ma chère, soient abominables ; il fallait encore tolérer leur jargon comme on tolère le patois des bonnes gens de la campagne ; l’un ne nuisait pas plus que l’autre au repos du genre humain, auquel il importe infiniment qu’on laisse à la vertu sa considération, et à la morale ses abris. […] Et en vérité, je ne puis le concevoir autrement, la tête a dû tourner aux bons humains qui n’auraient pas voulu passer pour tartufes, ni pour vauriens, ni pour misantropes ; non, je ne vois pas où ils pouvaient se retrancher avec sûreté pendant la plus grande action de ces productions contradictoires, destructives les unes des autres, qui enseignent ou nécessitent ce qu’elles blâment, qui exposent sur la scène pour les réprimer des désordres qu’elles augmentent, ou qui n’existaient point, et dont elles deviennent l’exemple et la cause.

136. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Après ces cérémonies la Pythonisse imposa silence aux acclamations & à la musique, pour faire entendre ses oracles ; elle s’assit sur le Trepied sacré, couvert de la peau du serpent Pithon, & tout à-coup saisre du Dieu qui l’inspire, les cheveux épars, les yeux étincellans, la bouche écumante, les gestes furieux, tout son corps dans les convulsions, (la Clairon dans ses rôles est à-peu-près une Energumene,) elle prononce ce sublime oracle : Écoutez peuples du couchant à l’aurore, du nord au sud, la voix d’Apollon ; Voltaire est le plus grand, le plus fecond, le plus élégant, le plus pathétique, sur tous le plus dévot (à nos Dieux), le plus véridique historien ; le plus profond politique, le plus eclaire philosophe ; le théologien, le jurisconsulte, le médecin le plus habile qui ait jamais été, qui doive jamais être : Voltaire est parfait en tout, unique en tout, Voltaire est tout ; l’esprit humain ne sauroit aller plus loin, il est égal aux Dieux. […] On n’a qu’à voir les choses de près, sans les lunettes de l’ivresse & de la passion ; Voltaire & les Voltairistes ne sont que des hommes très-mediocres, couverts du vernis, de l’élégance petillante de quelque étincelle d’esprit, pétris d’un orgueil & d’une presomption inépuisables, pleins d’une aveugle estime d’eux-mêmes, & d’un souverain mépris pour le genre humain. […] Ce Roi de l’opinion, dont l’éloquence a persuadé le genre humain.

137. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Parmi tant de jeunes gens libertins, parmi tant de jeunes prodigues que nul respect humain, que ni devoir ni raison, ni les chagrins de leur famille ne peuvent rappeler au bien, soyez convaincu, Monsieur, qu’il n’en est pas un seul qui, voyant représenter cette pièce, ne partage au moins dans ce moment le repentir d’Euphémon fils, et qui ne soit alors du parti de la Vertu. […] » « La source de l’intérêt qui nous attache à ce qui est honnête et nous inspire de l’aversion pour le mal, est en nous et non dans les Pièces. […] L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même. »bm La belle découverte que vous faites là ! […] Où Caton, le plus grand des humains, fait le rôle d’un pédant ?

138. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Écoutons à ce sujet un Ancien Auteur1 ; « S’il y a chose, dit-il, où l’esprit humain se donne carrière, c’est à juger d’autrui ; & notament cela est comme ordinaire à ceux qui font métier de mettre à bon escient le nez dans les Livres ». […] Les uns n’ont que le dernier rang dans un Drame, & les autres en sont ordinairement les principaux personnages ; mais c’est une nouvelle découverte de l’esprit humain : on peut aussi bien rire des plaisanteries d’un savetier, que des ruses & des souplesses d’un valet intelligent.

139. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La sensibilité humaine est le principe d’où part la Tragédie ; le pathétique est le moyen ; l’horreur des grands crimes, & l’amour des sublimes vertus sont les fins qu’elle se propose. […] Il eût été sans doute plus avantageux de changer en nous cette complaisance vicieuse, en une pitié philosophique ; mais on a trouvé plus facile & plus sûr de faire servir la malice humaine à corriger les autres vices de l’humanité ; à-peu-près comme on emploie les pointes du diamant à polir le diamant même.

140. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Que ce soit de plus loin ou de plus près, c’est toujours là que l’on tend, par la pente du cœur humain à la corruption. […] Vous êtes revêtu d’une chair humaine qui s’allume plus aisément par la passion que le chaume desséché.

141. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre II. Est-il du bien de l’Etat que les Militaires aillent à la Comédie ? » pp. 20-34

Il faudrait, ajoute-t-il, pour représenter ce spectacle, les tragédies d’Echyle et de Sophocle, encore même ne pourraient-elles pas atteindre à l’excès de ces maux : « Quæ Carthaginenses passi sunt Æschilis et Sophoclis tragediis egerent, atque horum quoque linguam vinceret malorum magnitudo. » Cette ville si puissante, si riche, qui a longtemps disputé à Rome l’empire du monde, qui a mis Rome à deux doigts de sa perte, qu’à peine Rome a pu vaincre après trois grandes guerres, est aujourd’hui le jouet des barbares : « Illa a Romanis vix capta, quæ cum maxima Roma de principatu certaverat, eamque in summum discrimen deduxerat, modo facta est ludibrium barbarorum. » Ses célèbres Sénateurs, errants et fugitifs dans toute la terre, attendant pour vivre quelque aumône des gens charitables, arrachent les larmes des yeux, et présentent le plus triste tableau de l’instabilité des choses humaines : « Orbe toto errantes, vitam ex hospitalium manibus sustentantes, cient spectantibus lacrimas, et rerum humanarum instabilitatem declarant. » Cet Auteur ajoute que peu de temps auparavant, les habitants de Trèves, après avoir vu trois fois piller, saccager et brûler leur ville par les Francs, eurent la folie de demander des spectacles pour toute consolation et tout remède à leurs maux : « Quis æstimare hoc genus amentiæ possit qui excidio superfuerant quasi pro summo deletæ urbis remedio, circenses postulabant ?  […] Que sont nos spectacles, que la représentation des anciennes histoires et des passions humaines ?

142. (1756) Lettres sur les spectacles vol.1 pp. -610

C’est la sagesse humaine qui parle ici en faveur des mœurs…. […] Je suis trop ami du genre humain, pour ne pas redouter les effets de ce caractere chagrin qui fait le plus d’ennemis dans la société. […] S’ils obéissent aux loix humaines, ce n’est qu’autant que Dieu les a adoptées. […] A quoi se réduisent toutes les sciences humaines, j’en atteste les Sçavans mêmes ? […] Les vertus humaines produisent quelquefois les grandes actions ; la seule crainte de Dieu forme les grands sentimens.

143. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE PREMIER. De la Passion de presque tous les Peuples pour la Poësie Dramatique. » pp. 8-16

La même Réflexion a dû encore faire sentir à tous les Poëtes, que pour le Spectacle destiné aux larmes, il leur falloit choisir les plus tristes exemples des miseres humaines, & non point ces malheurs que cause l’Amour, qui étant imaginaires & volontaires, ne font qu’une foible impression sur les Spectateurs.

144. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre XII. Que la représentation des Comédies et Tragédies ne doit point être condamnée tant qu'elle sera modeste et honnête. » pp. 237-250

Ce qui n'est pas véritable ; au contraire, nous lisons dans la vie des Pères que Saint Paphnuce apprit par révélation qu'un certain Acteur de son temps serait quelque jour égal en la possession de la gloire du Ciel. » Et pour réponse à cette objection cet illustre Théologien dit, « Que le divertissement est nécessaire à l'entretien de la vie humaine, et que pour y parvenir on peut établir quelques emplois licites, comme l'art et le ministère des Histrions ; que quand on le fait pour cette fin, on ne peut pas dire que leur exercice soit défendu, ni qu'ils soient en état de péché quand ils le font avec quelque modération, c'est-à-dire, sans y mêler des paroles malhonnêtes, et des actions impudentes, pourvu que ce soit en des temps, et parmi des affaires qui n'y répugnent pas.

145. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIII. L’Opéra est le plus dangereux de tous les spectacles. » pp. 111-117

On a recours pour certaines maladies à l’agitation qu’elle a le pouvoir de causer dans notre cerveauax. » Athénée nous assure que toutes les lois divines et humaines, les talents, les vices et les actions des hommes illustres étaient écrits en vers, et publiquement chantés par des chœurs, au son des instruments ; et nous voyons par nos livres saints que tels étaient, dans les premiers temps, les usages des Israélites.

146. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Suites des diversites curieuses. » pp. 138-172

Attribuer à la danse la peinture des actions, des passions humaines, c’est lui donner trop d’étendue, c’est du moins une équivoque. […] La danse est un peu pantomime, elle peint bien des choses, & quoique les actions humaines ne suivent pas une mesure musicale, & n’offrent point de cadence réglée, il n’est pas impossible de réunir les pantomimes à la danse. […] Mais le fonds, l’esprit du spectacle n’est que l’imitation quelconque d’une action humaine pour amuser des spectateurs, en peignant les passions & se mocquant du ridicule, indépendamment du théatre, des décorations, des troupes réglées, de vers, d’unité, de temps & de lieux : Thespis sur son tomberau joue la comédie comme Moliere, quoique moins savamment, comme la maison commode d’un bourgeois est un ouvrage d’architecture, sans ordre Corinthien ni Dorique, aussi bien que le palais d’un Prince, comme le diner frugal d’un berger avec des fruits & du lait est aussi bien un repas que le festin des Rois avec tout l’art de la cuisine. […] J’ai vu, il y a quarante ans, une mode charmante de peindre des têtes humaines sur le corps d’un animal ; un amant ne manquoit pas de faire faire le portrait de sa maîtresse sur ce piedestal.

147. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE II. L’Impiété du Théâtre Anglais. » pp. 93-168

Samson suit les pas de Scandale, et invective avec âpreté contre la structure du corps humain. « La nature, dit-il, n’a eu de la prévoyance que pour les ours et les araignées. […] qui surmonta tous les obstacles de la Puissance mondaine et du savoir humain ? […] et de ne laisser pas le corps de Polynice exposé ; mais de lui accorder la sépulture : il lui remontre que les Autels ont déjà été souillés du sang humain, que sa conduite a rendu le chant des oiseaux incompréhensible, et confondu les signes des Augures. […] pour s’être rendu semblable à nous et présent à nos yeux sous une forme humaine ?

148. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

C’est à la dureté du cœur humain que l’on doit rapporter une concession pareille ; quelqu’autenticité qu’on lui suppose, elle ne sçauroit légitimer ce que la Loi de Dieu défend, un amusement contraire aux bonnes mœurs & à la religion chrétienne, Il n’est point vrai, Mademoiselle, que l’Etat vous autorise, vous n’avez en France, selon Brillon2, aucune Lettre-patente, au moins dans les formes usitées, les Comédiens sont purement tolérés.

149. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE IV. Pieces singulieres. » pp. 107-153

Appliquer aux côtes de la mer, où les Anglois faisoient des décentes, ce qui convient aux côtes du corps humain ! […] Les Guebres, qu’on fait figurer, & qu’on canonise comme des Saints, parce qu’ils suivent la loi naturelle, sont des paisans doux, laborieux, simples, humains. […] Sur quoi, sur un arrêt des Ministres du Tenple, Que fait votre César invisible aux humains, De quoi lui sert le sceptre oisif entre ses mains, Est-il comme nos Dieux, indifférent, tranquille, Des maux du monde entier spectateur inutile. […] Le plaisir sera toujours le meilleur maître du genre humain ; les hommes enfans à tout age veulent qu’on les amuse pour avoir droit de les instruire. […] Il est à souhaiter qu’elle ait des imitateurs, & accoutume le Théatre à cette peinture vraie & naïve des actions humaines (au duel ; n’est-ce pas un souhait bien Chrétien ?).

150. (1752) Lettre à Racine « Lettre à Racine —  LETTRE A M. RACINE, Sur le Théatre en général, & sur les Tragédies de son Père en particulier. » pp. 1-75

On permet à la foiblesse humaine des délassemens frivoles, pourvû qu’ils ne soient pas criminels, qu’une ame fortifiée dans la pratique exacte de toutes les vertus, jugeroit indignes d’elle. […] Racine connoissoit à fond le cœur humain, qui est par-tout le même. […] Il avoit trop de religion & de probité pour se permettre ces maximes licentieusés qui remplissent nos Opéra, & qui, graces à la corruption du cœur humain, sont devenues autant de proverbes contre la sagesse & la vertu. […] Vous verriez à regret marcher à votre suite, Un indigne Empereur, sans Empire, sans Cour, Vil spectacle aux humains des foiblesses d’amour. […] Ses défenseurs, au contraire, n’ont eu ni la force de l’abandonner sur ses défauts, ni le courage d’attaquer ceux de Corneille, qui sont les mêmes en matière d’Amour, j’entends l’abus qu’ils en ont fait l’un & l’autre ; & de trancher la dispute, en disant hardiment qu’Athalie est le chef-d’œuvre du Théatre, & de l’esprit humain.

151. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE II. Du Mariage. » pp. 30-54

Non seulement la religion n’entre pour rien dans toute la piece, quoiqu’elle soit le vrai, l’unique moyen de réconcilier sincèrement des époux & de les rendre fideles, mais on semble l’exclure, on n’emploie que des moyens humains, on ne montre que des personnes mondaines. […] Elle rend la vertu ridicule, & par une mauvaise honte, un malheureux respect humain, elle empêche de la pratiquer ceux mêmes qui l’aiment, malgré les sages exhortations des gens de bien, qui, comme dans cette piece, sont moins écoutés que les railleries des libertins. […] Prions le Seigneur que l’amour du théatre n’infecte pas davantage le genre humain ; toute la société seroit livrée au théatre, & bien-tôt renversée.

152. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

En vain on veut vous persuader qu’ils rendent l’âme compatissante, et que lorsqu’on verse des pleurs à certains récits, c’est une marque indubitable qu’on est humain et généreux. […] La vérité ne doit-elle donc se faire entendre qu’au moment où l’on ne peut presque plus parler, et faudra-t-il perdre son âme pour un respect tout humain ? […] et afin de n’en pas douter, considérez ce firmament où les étoiles comme en sentinelle attendent les ordres du Dieu qui les conduit ; contemplez ce soleil qui, toujours ancien et toujours nouveau, vous offre journellement l’image des plus brillantes couleurs et des plus superbes décorations ; regardez cette lune qui, par la douceur de sa lumière, donne à la nuit même des beautés que tout l’art des Peintres ne peut imiter ; voyez cette terre qui, par la plus admirable variété, se couvre successivement de fleurs et de fruits, et paraît un assemblage d’émeraudes, de saphirs et de rubis ; fixez la majesté de ces mers qui promenant leurs flots d’un bout du monde à l’autre, transportent les richesses et les passions des humains, et qui toujours prêtes à engloutir la terre, se voient continuellement arrêtées par un seul grain de sable que le Tout-Puissant oppose à leur fureur ; enfin considérez-vous vous-mêmes, admirez les merveilles qui résultent de l’union de votre âme avec votre corps, et donnez à vos pensées un essor qui les conduise à ces espaces immenses, et à ces jours éternels pour lesquels nous sommes nés.

153. (1644) Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. Discours quatriesme « Responce à deux questions, ou du charactere et de l’instruction de la Comedie. » pp. 100-132

C’est vne bonace pleine de charmes, & l’image d’vne heureuse paix, dans laquelle il est bien moins aysé à l’esprit humain de se retenir, estant, comme il est, naturellement ambitieux & inquiet, que d’exciter des troubles & du tumulte, & de faire le mauuais & le violent. […] Vous n’oüistes iamais tant de brauades contre la Fortune : Vous ne vistes jamais estimer si hautement la Vertu, ny mespriser si genereusement les choses humaines.

154. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Du Législateur de Sans–souci. » pp. 93-109

L’unité l’indossubilité du mariage est une loi aussi ancienne que le monde ; c’est la premiere qui fut donnée à l’homme, & la plus nécessaire au genre humain pour sa conservation & sa propagation, pour la paix de la société, l’union des familles, l’éducation des enfans, l’état des femmes, pour fixer la légéreté de l’homme, réprimer ses passions, arrêter le débordement de ses vices, le rendre utile à ses semblables & à lui-même ; il n’est pas bon que l’homme soit seul , dit en le formant son adorable Créateur, donnons-lui une compagne qui lui ressemble . […] C. voulut que le mariage fût la figure de son union avec la nature humaine par l’Incarnation, & avec son Eglise par la Rédemption, ce que S.

155. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IX. Spectacles de la Religion. » pp. 180-195

toutes les sciences humaines ne roulent que sur ces merveilleux objets. […] Si on ne peut être heureux qu’au spectacle, le genre humain est bien à plaindre ; il n’y a pas la millieme partie qui le fréquente.

156. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Avertissement. » pp. -

L’esprit humain aime les sécousses, & les grands mouvemens.

157. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Il chercha à en imposer à la Religion, en fit taire les sages Loix, en l’intéressant, pour ainsi dire, dans les jeux qu’il préparoit au Peuple ; car en France, comme dans la Grèce, ce ne fut que lui que le Théâtre envisagea d’abord ; son ignorance, ses goûts grossiers & bisarres, sa piété même, toujours mal-entendue, & toujours mêlée de superstitions, furent les premiers moyens dont l’esprit humain se servit pour exécuter ses projets.

158. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

Un Auteur, qui a peut-être égalé Racine dans le rôle de Zaïre, dit qu’il ne sçait quel nom donner aux fautes qui sont le charme du genre humain.

159. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IV. » pp. 68-81

On convient que ces circonstances étoient incompatibles avec la pureté de la foi qui abhorre le culte des fausses divinités, avec la doctrine des mœurs qui proscrit l’effusion du sang humain.

160. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « VI. » pp. 27-35

Exemple qui fait voir, et dans sa Sainteté qui a choisi un si digne Sujet, un parfait discernement, et un amour pour l’Eglise éloigné de tout intérêt et de toute considération humaine ; Et dans sa Majesté qui a applaudi à ce choix, auquel il paraît qu’elle n’a point eu de part, une des marques les plus solides, selon S.

161. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Son exemple et sa doctrine nous apprennent à quoi est propre la comédie : combien elle sert à entretenir ces secrètes disposition du cœur humain, soit qu’il ait déjà enfanté l’amour sensuel, soit que ce mauvais fruit ne soit pas encore éclos.

162. (1749) Maximes pour se conduire chrestiennement « Des Plaisirs, et en particulier des Spectacles. » pp. 233-248

Les délassements sont nécessaires à la faiblesse humaine.

163. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XII. Du temps que l’on perd à la Comedie, et aux autres spectacles de même nature. » pp. 269-279

C’est un monde composé de tous les objets de nos passions, des grandeurs humaines, de tout ce qui paroît pompeux et éclatant, des plaisirs des sens, et des richesses d’iniquité.

164. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — PREMIERE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. Comparaison des Théâtres anciens avec les modernes. » pp. 2-17

Cependant la bonne Comédie Latine ne cessa pas de continuer : mais, suivant le cours ordinaire de toutes les choses humaines, la corruption s’y glissa insensiblement.

165. (1758) Lettre de J. J. Rousseau à M. D’Alembert « PRÉFACE » pp. -

Combien, depuis la publication de ce volume, de jeunes Genevois, d’ailleurs bons citoyens, n’attendent-ils que le moment de favoriser l’établissement d’un théâtre, croyant rendre un service à la patrie et presque au genre humain ?

166. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 75-112

Mais n’avez-vous pas aussi trop accordé a la foiblesse humaine ? […] De tous les arts c’est celui qui fait le plus d’honneur à l’esprit humain ; il se forme par la variété & la multitude des combinaisons, &c. […] Une assemblée d’Auteurs dramatiques est pour moi une orgue composée de différens jeux, la voix humaine, le cromorne, la trompette, le hautbois, la pédale, &c. […] Cette Sodome n’est plus ; elle fut traitée par le feu du Vesuve comme la premiere Sodome l’avoit été par le feu du ciel : digne punition de ses désordres, leçon épouventable que Dieu donne au genre humain.

167. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

Un citoyen qui sent combien une pareille dispute rend méprisables ceux qui ne rougiroient pas d’y attacher de l’importance, a publié dernièrement un Pamphlet (une brochure) intitulée : Mémoire pour servir de plan aux pièces de théatre de Varsovie, & de supplément à l’histoire de la démence humaine. […] M. le Duc de Montausier, Gouverneur du grand Dauphin, fut par sa probité, son courage, sa religion, ses vertus, un homme d’un mérite rare, il passoit à la Cour pour rude & sauvage, parce qu’il étoit d’un abord froid, grave & sérieux, & qu’il ignoroit la flatterie, la molesse, la frivolité des courtisans ; il étoit inviolablement attaché à ses devoirs, disoit & défendoit la vérité sans respect humain, avec une droiture inflexible. […] Molière fit contre lui ses deux meilleures pièces : la première les Précieuses Ridicules contre sa femme qui faisoit l’honneur de l’Hôtel de Rambouillet où étoit le rendez-vous des beaux esprits, & dont il tourna le Néologisme en ridicule, ainsi que dans quelques scènes des Femmes Savantes : la seconde contre lui-même ; le Misanthrope où sous le nom d’Arnolphe il l’attaque comme un esprit bourru, bisarre & sauvage, qui hait tout le genre humain par un excès de probité, il déguise légèrement le portrait par une galanterie pour une coquette, qu’il n’avoit pas ; car il étoit marié, très-fidèle & très-attaché à son épouse, très-digne de lui ; mais qu’il pouvoit avoir eu dans sa jeunesse quand il servoit en Lorraine. […] Cet ouvrage est écrit d’un style aisé, libre, simple, d’un homme de Cour que donne l’usage du grand monde plus que l’étude, le travail & même le génie, mais plein de traits hardis & mordans contre tout ce qu’il y a de respectable : le premier y donne du poids, mais le second les décrédite, ils sont préférables à quantité d’autres Mémoires qui ne sont que des romans, il y a réduit en système la morale lubrique ; les principes des actions humaines ne sont pas, selon lui, le vice ou la vertu, la tentation ou la grâce, le bon ou le mauvais usage de la liberté, ce sont les appetits naturels ; les passions ou la raison, le tempérament ou la fortune & l’habitude ; un vrai méchanisme ; distinction peu philosophique, les passions ne sont que les appetits naturels portés à l’excès ; l’un & l’autre effet naturel du tempérament, c’est à quoi il attribue tout ce qui s’est passé dans les événemens qu’il raconte, il suppose dans la Cour de France le système suivi du despotisme absolu dont il attribue le principe à Henri IV, malgré sa popularité souvent poussé trop loin par Richelieu, par Mazarin, & enfin consommé par les Colberts & Louvois & autres Ministres de Louis XIV pendant un long règne qui y a accoutumé pour toujours un peuple foible & docile.

168. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Admirons encore1 la reconciliation du genre humain, avec Dieu le Pere, par la médiation de son Fils, le triomphe de la vérité sur les nuages de l’erreur & de l’imposture, celui de la mortification sur la volupté, de l’humilité sur la gloire du monde, le mépris de la vie & des Richesses que la Religion nous inspire : nous foulons aux pieds les Dieux des Nations, nous chassons bien loin les Anges des ténébres ; ces victoires ne sont-elles pas bien plus flateuses que celles que l’on remportoit autrefois dans le Cirque ? […] Si nous aimons la saine doctrine, le Spectacle qu’elle nous offre est bien au-dessus des Lettres humaines : combien de Sentences profondes, de sublimes Cantiques dans les Livres saints !

169. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Il faut mettre devant les yeux les problêmes de la Géométrie & de l’Astronomie, les expériences de Phisyque, les machines, les plantes, les médailles, les inscriptions, ainsi que les figures sans nombre, du vaste recueil de de l’Accadémie des sciences, & de celle des Inscriptions font un des plus utiles ornemens de cet immortel & immense chef d’œuvre de l’esprit humain. […] La peinture est un langage, & le discours un tableau ; la modestie doit donc également regner dans l’un & dans l’autre ; la peinture doit être aussi chaste que le langage : c’est une des bonnes qualités de la langue Françoise, d’être naturellement modeste ; nous l’avons prouvé dans une autre occasion, par un Discours exprès sur la chasteté de la langue Françoise ; il s’en faut bien que le pinceau, que le burin soient aussi retenus que l’homme sage ; quelle honnête femme oseroit faire la description du corps humain, en nommant les choses par leur nom, comme une estampe les prononce & les étale ?

170. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

La faiblesse de sa nature, & le malheur attaché à l’espéce humaine, détruisent bientôt le peu de contentement dont il jouit, pour le plonger dans la douleur. […] Il n’a fallu que le seul Homère pour conçevoir & produire le Poème épique ; son ouvrage est non-seulement admirable ; mais le chef-d’œuvre de l’esprit humain : Eschyle donne à la Tragédie la grandeur & le sublime qui lui convient : Aristophane & Ménandre prêtent à la Comédie l’enjouement & les graces qu’elle doit avoir.

171. (1825) Encore des comédiens et du clergé « TABLE DES MATIERES. » pp. 229-258

Page 25 Efforts des prêtres des fausses religions, pour fatiguer l’esprit humain et pour égarer la raison par les idées théologiques les plus incohérentes, et par les mystères les plus absurdes. […] Page 35 La faction religieuse veut être dépositaire des sciences humaines, et se rendre redoutable par la terreur et les supplices.

172. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « LIVRE PREMIER. CHAPITRE I. Le Clergé peut-il aller à la Comédie ? » pp. 10-27

C’est ce qu’ont pensé les lois humaines, aussi sévères en ce point que les canons de l’Eglise. […] (traité où on n’irait pas chercher cette question), et quelques autres Casuistes, qu’il est permis aux Religieux d’aller à la comédie, pourvu qu’il n’y ait point de scandale (par exemple, dans des loges grillées), de danger de péché mortel, de défense particulière de leur règle, et que le sujet de la pièce soit quelque histoire sainte ou humaine, ou quelque fable de l’invention du Poète, (c’est-à-dire à toutes les pièces, car il n’y en a point d’une autre espèce).

173. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Le corps humain, dit Saint Paul, est un temple où habite la Divinité, mais quelle Divinité habite dans celui d’une coquette ? […] Les Actrices sont de nouvelles Eve, que le serpent a séduite, seroit-ce même trop dire d’assurer qu’elles sont de nouveaux serpens qui perdent le genre humain. […] On traduit communément ces paroles, point d’acceptation de personne, n’agissez point par respect humain ; que la présence d’un homme puissant ne vous impose point, ne vous fasse pas changer de visage, & Fagnan applique ces paroles au fard, espèce de masque qui forme un second visage sur votre visage ; c’est un mensonge contre votre ame, faciem adversùs faciem .

174. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE IV. Le vice élevé en honneur et substitué à la place de la vertu sur le Théâtre Anglais. » pp. 240-301

« Faiblesse humaine, saillie de jeunesse. […] et les hommes ne sont-ils damnés que pour des fragilités humaines ? […] Céladée jeune personne de qualité saisie de crainte que son amant ne devienne l’époux d’une autre qu’elle, demande que l’univers tombe dans un informe chaos : elle voudrait voir tous les éléments se confondre et s’ensevelir elle-même sous la ruine commune de ce bas monde : elle invective follement et emphatiquement contre le Ciel de ce qu’il a formé la nature humaine autrement qu’elle n’eût dû être à son avis : P. 52.

175. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Afin qu’il n’y manque rien le Théologien s’imagine que son sentiment est le même que celui d’Albert le Grand ne pouvant comprendre, que ce Docteur loue des actions indifférentes en elles-mêmes, produites par un bon principe, et rapportées à une bonne fin : des actions que la reconnaissance envers Dieu produit : au lieu que la Comédie ( j’entends toujours celle qui est reçue parmi nous) n’est point indifférente, n’a pour principe que la corruption du cœur humain, n’a pour fin que d’exciter des passions toujours injustes ; ou quelque fin qu’on lui donne ne produit jamais que des fruits de malédiction, comme je l’ai déjà fait voir. […] Il n’est pas difficile de concevoir que dans cette disposition générale du genre humain ceux qui ont eu le cerveau propre à recevoir des images vives et nettes ont eu beaucoup d’avantage sur les autres : aussi ne les ont-ils pas épargnés, et ils ont su donner à leurs Critiques tant de différents tours, que ceux mêmes qui en étaient l’objet ne s’y sont pas reconnus, et qu’il a été facile de les assembler pour les jouer en leur présence. […] On peut aller à l’Eglise, passer dans les rues, et « faire pacte avec ses yeux », comme parle l’Ecriture, s’occupant uniquement de l’affaire du salut, ou de celles qui sont inséparables de la vie humaine.

176. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

L’esprit humain est un voyageur las au bout de deux lieuës, si l’on veut qu’il n’en fasse que cinq.

177. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

On y voit, dit Saint Augustin3, les images de nos miseres & de nos désordres4 ; c’est une peinture de la vie humaine où l’on représente au naturel ses vices & ses foiblesses.

178. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Mais ne cherche-t-on pas dans les Spectacles à flatter les passions humaines, sans toutefois choquer les bienséances ?

179. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « EXTRAIT DE QUELQUES PENSEES SAINES. Qui se rencontrent dans le livre de J.J. Rousseau contre le Théâtre, ou condamnation de son système par lui-même. » pp. 66-77

 » « L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même : il n’y naît pas d’un arrangement de Scènes, l’Auteur ne l’y porte pas, il l’y trouve ; et de ce pur sentiment qu’il flatte, naissent les douces larmes qu’il fait couler.

180. (1781) Lettre à M. *** sur les Spectacles des Boulevards. Par M. Rousseau pp. 1-83

Mais, enfin, quelle institution humaine n’est pas marquée à ce coin de faiblesse, qui force le plus orgueilleux à reconnoître des limites à son génie ! […] Le pere inimitable de la Comédie Française, cet Auteur divin, dont toutes les Pieces portent l’empreinte du génie créateur, ce Peintre si exact & si fidele du cœur humain, Moliere, enfin, n’offrit plus de Scenes intéressantes & de tableaux pathétiques. […] Mais, Monsieur, je vous prie de me dire, quelle décence, quelle honnêteté, quelle modération peuvent conserver des individus qui n’ont rien d’humain, que la langue & la main, & qui se servent aussi méchamment, ou tout au moins aussi bêtement de l’une que de l’autre. […] Sans scrupule & sans remords, il renverse d’un seul coup, pour parvenir à ses fins, la base sur laquelle pose l’édifice de la société humaine. […] les richesses sont le souverain bonheur du genre humain, & c’est avec raison qu’elles excitent l’admiration des Dieux & des hommes  ?

181. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Ils sçavoient que les plaisirs publics n’avoient pas besoin de protection ; que la corruption naturelle du cœur humain ne répondoit que trop de la perpétuité de leur crédit & de leur durée. […] Les passions humaines débitent sur le Théatre les maximes de tous les vices. […] Dorat a reproché l’étourderie, mais à ceux dont le courage mal dirigé ne se porte qu’au renversement de toutes les Loix, morales, divines & humaines. […] L’esprit humain n’est-il donc pas assez porté de lui-même au merveilleux, au mensonge, sans lui présenter continuellement des fictions, & le nourrir de viandes peintes, comme dit Nicole ? […] *** Car qu’est-ce loin de Dieu que l’humaine sagesse ?

182. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — TROISIEME PARTIE. — Tragédies à conserver. » pp. 128-178

Pierre Corneille, dans l’examen qu’il en fait, s’exprime en ces termes. « Les tendresses de l’amour humain y font un si agréable mélange avec la fermeté du divin que sa représentation a satisfait tout ensemble les dévots et les gens du monde etc. » On ne pense plus de même aujourd’hui : il y a des personnes qui sont choquées de ce mélange ; et je veux bien, pour un moment, me ranger de leur parti. […]  « Je vous aime Beaucoup moins que mon Dieu, Mais bien plus que moi-même. » Voilà l’amour divin et l’amour humain aussi proches l’un de l’autre qu’il est possible, et véritablement mêlés ensemble ; mais il serait aisé de retrancher ces deux vers, si on voulait ou si l’on osait le faire.

183. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Il est honteux sans doute, aux Comédiens François, que leur Théâtre, où se jouent les chefs-d’œuvres de l’esprit humain, le céde à cet égard, même aux spectacles forains.

184. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance, & de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en faveur de l’Art Dramatique, il n’a jamais obtenu, il n’obtiendra jamais l’approbation de l’Eglise.

185. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Nos poëtes au contraire itrirent les bêtes féroces, justifient leur rage, leur enseignent à nous dévorer, détruisent les murailles des villes, les vrais fondemens de la soclété humaines, les bonnes mœurs : voilà les nouveaux poëtes, les interprêtes des dieux.

186. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

C'est pourquoi le chœur, qui ne représentait ordinairement que des hommes du commun, ne se servaient que de tons modestes, tristes et paisibles, comme plus convenables à la nature humaine.

187. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XII. Du Dimanche et des jours des Fêtes. » pp. 54-66

Eusèbe écrit que Constantin a fait beaucoup d’ordonnances touchant la piété avec laquelle les fidèles doivent célébrer le jour du Dimanche, et les Fêtes des Saints Martyrs, et qu’il a commandé qu’on quittât toutes les occupations extérieures et mondaines ; afin qu’on pût dans cette liberté, et dans ce repos fréquenter les Eglises, et prier avec plus d’assiduité et de ferveur ; et nous rapporterons encore plus bas plusieurs autres ordonnances des Empereurs sur ce sujet ; par lesquelles il paraît évidemment qu’il n’y a rien de si contraire aux lois divines et humaines, et à la raison même, que d’employer à la volupté, et au plaisir, des jours qui sont consacrés au culte de Dieu, et institués pour ne vaquer qu’aux choses divines.

188. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XIV. Que les danses sont aussi défendues les jours des Fêtes par les lois Canoniques. » pp. 76-93

« Ut in sanctorum natalitiis bellimachiæ prohibeantur. » Il paraît donc clairement de toutes ces preuves, que les spectacles, les jeux et les danses sont illicites, au moins en ces saints jours, et que l’opinion de ceux qui restreignent la prohibition de ces choses au temps des divins Offices doit être rejetée, comme une invention de l’esprit humain et particulier.

189. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Les mimes sont ceux, ajoute ce Père, qui copient les actions humaines pour les tourner en ridicule dans la comédie ; leurs fables sont mêlées d’intrigues ; on y voit des filles séduites, et le commerce odieux des femmes galantes28. » Saint Bernard, qui vivait dans le douzième siècle, n’a pas laissé de condamner les représentations théâtrales, quoiqu’elles fussent alors très-rares, sous prétexte que ces sortes d’exercices flattent les passions en retraçant des actions criminelles29.

190. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Ce chef-d’œuvre universel de l’esprit humain, ou plutôt ce chef-d’œuvre du vice languit après la mort de Catherine, jusqu’au cardinal Mazarin, qui, à la gloire de son pays ; non à l’honneur du clergé, lui donna le plus grand éclat. […] Un ballet est une peinture animée des actions & des affections humaines, ou plutôt un pantomime exécuté en dansant. […] Ô vanité des grandeurs humaines !

191. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

Tous les suffrages de l’opinion, de la bienséance & de la vertu purement humaine, fussent-ils réunis en faveur de nos Théatres publics, on aura toujours à leur opposer la loi de Dieu qui les défend. […] Comme l’amour est le regne des femmes, l’effet naturel de ces Pieces est d’étendre leur empire, & donner des femmes pour les précepteurs du genre humain.

192. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

L’ origine de ces combats imitez, & de ces funestes Galanteries est duë à la devotion des anciens Asiatiques qui croyoient honorer les Manes de leurs amis & de leurs parens par la seule effusion du sang humain. […] Caligula ne fut pas si humain & fit peu de scrupule de ietter aux bestes ceux que la vieillesse ou que les playes avoient rendus incapables de donner du plaisir, & de bien s’aquiter du combat.

193. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Les Fêtes du Dieu du Vin, la Religion & la débauche donnerent la naissance à cette espéce de Poësie, qui depuis a fait tant d’honneur à l’esprit humain. […] Un Poëte couronné dans ces Jeux, étoit au comble de la grandeur humaine : quel fut donc le chagrin du Pere de la Tragédie, de l’illustre Eschyle, lorsque dans sa vieillesse, il se vit la couronne enlevée par un jeune homme ?

194. (1758) Réponse pour M. le Chevalier de ***, à la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles [Essais sur divers sujets par M. de C***] « Réponse pour M. le Chevalier de***, A la lettre de M. des P. de B. sur les spectacles. » pp. 128-142

Dans ces instans cruels, elle adresse sa prière à l’Eternel : Les vainqueurs, les vaincus, tous les foibles humains, Sont tous également l’ouvrage de tes mains.

195. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

S’il est nécessaire au Comédien de jouer ces rôles d’après nature, on en fait donc un monstre en horreur au genre humain ?

196. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXII. De l’usage du Théatre relativement au Comédien. » pp. 104-121

Il est à la vérité une espéce de beau, au-de-là de laquelle l’esprit humain s’égare & se perd.

197. (1768) Des Grands dans la Capitale [Des Causes du bonheur public] « Des Grands dans la Capitale. » pp. 354-367

vous à qui la Nature par une faveur particuliere, avoir confié le secret du cœur humain ; vous à qui les succès même du Théâtre rendoient le poids de l’humiliation plus pesant & plus insupportable, ne seriez-vous pas étonné de la gloire qu’a acquise la Scene ?

198. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

Car comme ceux qui se trouvent dans ces assemblées veulent tenir le haut bout, et précéder les autres, par cet amour de propre excellence dont le cœur humain est empoisonné, et qui fait la principale partie de l’esprit du monde, soit en dansant actuellement, soit pour se placer, soit encore pour prier ou inviter les femmes ou filles à danser ; il se rencontre mille occasions de contestation, dans lesquelles on s’emporte souvent à dire des paroles aigres, offensantes et injurieuses ; on se pique d’honneur ; on entre dans le ressentiment ; on conçoit de la haine et des désirs de vengeance ; on en forme le dessein, et on en vient même aux mains et aux armes.

199. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

Ce ne sera ni l’injustice de nos Censeurs, ni les préjugés aveugles des passions humaines qui seront nos juges, ce sera Dieu seul, dont l’œil perce le fond des cœurs.

200. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Suite d’Elisabeth d’Angleterre. » pp. 33-82

L’Église Romaine l’employe avec fruit pour maintenir la dévotion des Fidèles, & les Protestans qui absolument décharnent le culte, suppriment les cérémonies, dépouillent les Temples, & les Ministres connoissent mal le cœur humain, & ne ménagent pas les intérêts de la piété ; mais on a raison de se moquer d’un système de Religion bisarre & inouï dans le Christianisme, dont une partie détruit l’autre. […] La différence est infinie entre Londres & Fontevrault ; Elisabeth n’auroit pas voulu de l’apologie & du parallèle ; le gouvernement monastique est d’institution humaine & arbitraire, le gouvernement de l’Eglise est d’institution divine à laquelle personne ne peut toucher ; qui peut donner les clefs du Royaume des Cieux, & le pouvoir de lier & de délier que Dieu seul ? L’Angleterre avoue-t-elle que sa Suprématie n’est qu’une institution humaine ? […] On admire, on respecte ces grands événemens politiques, où les Princes, selon leurs intérêts, se jouent du genre humain ; regardez de près, ce n’est qu’une comédie que joue une Actrice couronnée.

201. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Remarques Angloises. » pp. 133-170

Et une modestie fausse & mauvaise, le respect humain, qui rougit du bien, qui a honte des bienséances, selon la parole du Sauveur : Je rougirai devant mon pere de celui qui rougit de moi devant les hommes. […] Il voudroit qu’à l’imitation d’une pyramide d’Egypte, qui a une figure humaine de trente pieds, il y eût aussi une statue colossale d’une fameuse actrice, qui réunit toutes les modes, les brasselets, les manches aux bras, les colliers, les fichus au col, les boucles de cheveux, les grecques à la tête, & plusieurs colonnes autour qui en fussent chargées, comme des hiéroglyphes (ce seroit un bel arc de triomphe pour la Clairon. […] Cet enthousiaste de la danse ne peut souffrir la danse de théatre ; ces impertinens qui voltigent, cabriolent, gambadent, pirouettent, font des sauts périlleux, que les animaux feroient mieux qu’eux ; aulieu de la perfection de la figure humaine, ces contorsions, ces postures grotesques, ces situations gênantes, sont des contrefactions de la nature, qui, quoiqu’elles fassent rire, ne plaisent pas, comme les anagrammes, les acrostiches, malgré leur difficulté qui étonne, sont de très-mauvaises poësies : à plus forte raison faut-il rejetter des rôles, des danses ces attitudes voluptueuses, ces postures licencieuses, ces langueurs, ces regards amoureux, ces nudités scandaleuses qui font le mérite des actrices, & qui, en peignant le vice, l’enseignent & le font pratiquer.

202. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Les sages seroient enchantés de parcourir ainsi sans étude pendant quelque heure les fameux volumes de Bougeant, ils préféreroient ces représentations savantes aux frivoles & dangereux tableaux des passions & des foiblesses humaines. […] Triste monument de la foiblesse & de la misere humaine, & de la vanité des plaisirs du monde. […] Un Dictionnaire historique portatif, fort bien fait, parle ainsi de Moliere : Louis XIV le regardoit comme le Législateur des bienséances du monde (non de celles de la vertu), & le Censeur le plus utile des ridicules de la Cour & de la ville, ses ouvrages sont l’histoire des mœurs, des modes, des goûts du siecle, & le tableau le plus fidele de la vie humaine.

203. (1608) Traitté contre les masques pp. 3-36

Peu aprés il adiouste, la maladie de ceux-là est grãde & incurable qui espriz de fureur des superstitions, apaz & attraitz des ieux soubs ombre de sagesse folient, cela ne surpasse-il point toute folie quand ils enlaidissent & barboüillent la beauté du visage humain formé de la main de Dieu & perfectionné à merueilles ? […] , iamais on n’eust sentencié à mort le parangon de toute sagesse humaine SocratesEunapius in Ædesio. […] N’opposez donc plus ceste coustume, elle est contraire aux loix diuines & humaines elle repugne à la doctrine des saincts Peres, combat les Conciles & saincts Decrets, & foule aux pieds les Edicts, les Arrests de la Cour, les ordonnances de vos Magistrats, bref elle est contre les bonnes mœurs, par consequent nulle de toutes nullitez : n’oppose plus ceste coustume, puis que le Diable l’a enfantee, l’idolatrie l’a fomentee, l’heresie l’a esleuee, & la desobeïssance l’a auctorisee : Balsamo Synod.

204. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE VI. Ericie, ou les Vestales. » pp. 138-159

L’ancienne tragédie eût dû abandonner ses Dieux & ses oracles ; ils faisoient regner une superstition & une terreur capables d’infecter le genre humain de mille erreurs, & de l’affliger de mille maux. […] Quels Dieux dont le pouvoir, au lieu de nous couvrir, Accable les humains qu’ils devroient secourir !

205. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE II. De la Danse. » pp. 30-51

.° C’est un étalage du corps humain dans tous les points de vue. […] Le fameux Bussi Rabutin, l’homme du monde le moins suspect de rigorisme, qui a le mieux connu les foiblesses du cœur humain, & le ton de la bonne compagnie, parle ainsi du bal : J’ai toujours cru le bal dangereux ; ce n’est pas seulement la religion qui me le fait croire, mais encore mon expérience.

206. (1607) Conviction véritable du récit fabuleux « letter » pp. 3-26

[NDE] Nestorien : personne adhérant à la doctrine défendue par Nestorius (IVe siècle), affirmant que deux personnes, une divine et une humaine, coexistent en Jésus-Christ. […] En effet, il aurait été théologiquement discutable de représenter le Père, qui n’est pas incarné et jamais représentée en forme humaine dans les deux testaments.

207. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — QUATRIEME PARTIE. — Tragédies à corriger. » pp. 180-233

Les Poètes Grecs n’ont pas voulu contraindre le cœur humain ; et ils ont laissé aux Spectateurs toute la liberté de s’attendrir et de fondre en larmes de compassion pour tous les Héros qu’ils faisaient mourir innocents : ce n’était que l’ordre du Destin qui les condamnait, et cet ordre était le seul point que les Spectateurs envisageaient. […] Le crime, dans cette Tragédie, me paraît être porté au plus haut degré où la méchanceté du cœur humain puisse parvenir.

208. (1760) Sur l’atrocité des paradoxes « Sur l’atrocité des paradoxes —  J.J.L.B. CITOYEN DE MARSEILLE, A SON AMI, Sur l’atrocité des Paradoxes du Contemptible J.J. Rousseau. » pp. 1-128

Le Spectateur sent une sainte joie à ce dénouement qui succède aux larmes que les Martyrs lui ont arrachées ; il sort pénétré ; il l’oublie le lendemain, le moment même : est-ce la faute de l’Acteur si le vice se renouvelle sans cesse dans le cœur des humains ? […] Lucius qui était l’aîné, homme hardi, fier & cruel, eut une femme d’un esprit doux, raisonnable, pleine de tendresse & de respect pour son père ; Aruns qui était le cadet, beaucoup plus humain & plus traitable que son aîné, trouva dans la jeune Tullie une de ces femmes entreprenantes, audacieuses, & capables des crimes les plus noirs. […] Ceux au contraire des Comédies se tiraient de l’agriculture & des actions les plus communes de la vie humaine ; le tout assaisonné de sentences pleines de sens & de gravité. » [Théât. des Grecs par le R.P. Brumoy, t. 1er. p. 41.] il dit même volume p. 71, à l’égard de l’efficacité du Spectacle, « que la Poésie corrige la crainte par la crainte, & la pitié par la pitié ; chose d’autant plus agréable que le cœur humain aime ses sentimens & ses faiblesses. […] c’est que cette action dégrade en elle-même celui qui l’a faite, & que les loix divines & humaines le défendent, ainsi si la Comédie, comme elle de nos jours, était infâme & dangéreuse, il serait aussi méprisable que ceux qui en font métier ; la conséquence est sûre.

209. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Voilà la véritable règle que saint Cyprien donne aux Fidèles, et non pas le sens tortug que le Docteur donne aux paroles de ce Père ; comme si saint Cyprien abandonnant les Ecritures sur le sujet des Spectacles, eut voulu rendre la raison humaine la seule arbitre de leur conformité ou de leur difformité à la Loi de Dieu et à l’esprit du Christianisme ; ce qui n’a été nullement la pensée de saint Cyprien, mais bien moins encore de faire servir la raison à excuser la Comédie, comme notre Docteur entreprend de le faire. […] Or des conclusions qui ne sont fondées que sur des principes humains, ne font pas toujours des règles bien sûres pour conduire les Chrétiens dans la voie du Salut, et particulièrement si ces conclusions tendent à favoriser les divertissements et les plaisirs contre lesquels un bon Chrétien doit être toujours en garde. […] Quoique l’on exempte d’infamie les jeunes gens que l’on fait déclamer dans les Collèges, on ne voudrait pas pour cela garantir de péché les Professeurs qui font représenter des Pièces avec un appareil qui ressent la vanité des Spectacles mondains ; où l’on fait paraître des garçons habillés en filles, ce qui est condamné par les Lois divines et humaines ; et où l’on fait danser des ballets souvent à grands frais, qui ne peuvent néanmoins jamais servir à former ni l’esprit ni les mœurs des Ecoliers. […] « Je n’ai jamais pu, dit-il, par leur moyen entrevoir cette prétendue malignité de la Comédie : car si elle était la source de tant de crimes, il s’ensuivrait qu’il n’y aurait que les riches et ceux qui ont le moyen d’y aller qui fussent les plus grands pécheurs ; et nous voyons cependant que cela bien égal, et que les pauvres qui ne savent pas ce que c’est que la Comédie, ne tombent pas moins dans les crimes de colère, d’impureté et d’ambition : j’aime donc mieux conclure avec plus de vraisemblance, que ces péchés sont des effets de la malice ou de la faiblesse humaine, qui de toutes sortes d’objets indifféremment prennent occasion de pécher. » On ne se serait point douté que notre Docteur fît le métier de confesser, s’il n’en avait averti ; car ce métier est un peu sérieux pour un Docteur de Théâtre : il nous assure cependant que c’est là un des moyens dont il s’est servi pour s’endoctriner sur le fait de la Comédie. […] Comme si la Société humaine dépendait uniquement de la Comédie, et comme si sans la Comédie elle ne pouvait se conserver parmi les hommes, même en temps de Carême.

210. (1639) Instruction chrétienne pp. -132

Les Spectateurs y cherchent le plaisir et la volupté ; non celle qui réjouit l’esprit ; et touche l’entendement par la connaissance des choses excellentes divines et humaines : mais celle qui se reçoit par les sens, les chatouille, et leur agrée, et par eux émeut aussi ensuite les facultés internes, et se glisse dedans l’âme. […] La terre est couverte de corps morts ; les rivières sont rouges de sang humain en plusieurs endroits. […] Car, comme les armées qui se disposent au combat, ou entrecoupent de fossés, ou embarrassent de pauxfd fichés ou incommodent de chaussetrapes, les chemins par où on voit que les troupes ennemies passeront afin que s’il y en a quelques-uns, qui ne tombent pas en tous ces pièges, il n’y en ait toutefois aucun qui les échappe tous : Ainsi les Diables ont tendu tant d’embûches en cette vie au genre humain, qu’encore que quelqu’un en puisse éviter plusieurs, toutefois il sera pris par une. […] Pour cela a-t-il voulu subir, la bassesse de la naissance humaine ; et s’assujettir aux commencements d’une origine terrienne, laquelle ne se fait pas sans honte ; C’est pour cela qu’a voulu être couché en une crèche, celui auquel les Anges servaient quand il y était gisant ; C’est pour cela qu’a voulu être emmailloté de drapeauxft, celui qui gouvernait les cieux en son maillotfu. […] Rivet modifie la formule du baptême (renoncer à Satan, à ses pompes et à ses œuvres), substituant les spectacles aux « œuvres » du démon : les spectacles deviennent la principale intervention du diable dans la vie des humains.

211. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

La Tragédie en pleurs vient nous dépeindre les plus grands crimes des humains ; l’Innocence opprimée nous intéresse à son sort ; le Vice triomphant se fait haïr, détester ; on répand avec délices, des larmes de bienfaisance.

212. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Ciceron plus humain, permet les jeux & les divertissemens, pourvu qu’on en use comme du sommeil, après avoir satisfait aux affaires sérieuses, & il distingue deux genres de jeux : l’un indigne d’un honnête homme, quand la grossiereté des choses est jointe à l’obscénité des paroles (que de Comédies condamnées !)

213. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Le Théâtre comme toutes les autres productions de l’esprit humain, a eu des commencements faibles.

214. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VII. Troisieme suite du Fard. » pp. 171-194

Vous venez du néant, d’où le Créateur vous a tiré, de la terre d’où il vous a formé, du péché dont le Rédempteur vous à sauvé, d’une femme que la vanité a perdue, & qui par le dangereux poison de ses charmes, a perdu son mari, & tout le genre humain. […] Une femme fardée est une vraie incendiaire, & bien volontaire, puisqu’elle se pare à dessein, pour attirer le feu de l’impureté, de tous le plus prompt & le plus dangereux ; il n’y a point d’étoupes, de pailles, de matiere combustible, plus inflammable que le cœur humain, par les attraits de la femme ; pour lui épargner un si grand danger, Dieu défend de régarder la vanité du monde : Odisti observantes vanitates  ; & le Prophête prie le Seigneur de détourner ses yeux pour ne pas la voir ; averte oculos meos ne videant vanitatem .

215. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

LE Royaume de Pologne est depuis plusieurs années le théatre ou plutôt le cahos des passions humaines : elles y sont d’autant plus violamment déchaînées qu’aucun frein ne les arrête, & que les plus grands intérêts les animent. […] Nos annales ne fournissent pas un période pareil à celui de nos jours, où le vice & l’impiété se montrent impunément, où la classe la plus vile comme la plus relevée méprisent les Loix divines & humaines.

216. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre I. Continuation des Mêlanges. » pp. 7-31

Cet enfant & sa postérité n’en auroient pas contracté la tache, il existeroit une branche du genre humain qui en seroit exempte. […] Il s’endort : pendant son sommeil on lui enleve la clef de son talisman, tout est desenchanté, les personnages qui avoient perdu la forme humaine & même la raison, la recouvrent, le mariage se fait, &c.

217. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE III. Théatre de S. Foix. » pp. 52-75

Malgré la galanterie de toutes parts répandue à pleines mains, ce n’est pas un cœur tendre comme Racine, c’est une imagination licencieuse comme Bocace & la Fontaine dans ses Contes, qui s’égaie sur le corps humain dans l’état de pure nature, & en diversifie les jours & les attitudes, toujours avec agrément, un ton de politesse & un air de décence. […] Mais si le cœur humain est si susceptible, si, jusque dans les Couvens, jusqu’aux pieds des Autels, il sent & se développe à lui-même un penchant vicieux, que sera-ce de cette jeune personne à la comédie, au milieu des décorations & des Actrices, écoutant, méditant, goûtant les développemens des pieces de M. de S.

218. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Souvent Moliere ne parle pas françois : on diroit qu’il joue en province, & en emprunte le jargon Au reste, ce changement de style est une foible digue à la corruption, ou plutôt par la malignité du cœur humain elle la favorise. […] Auteur sublime du Mysantrope, vous à qui la nature par une faveur particuliere a confié les secrets des cœurs humains, vous à qui le succès même du Théatre rendoit le poids de l’humiliation plus pesant & plus insupportable, ne seriez-vous pas étonné de la gloire qu’a acquise la scène ?

219. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

« Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Ils sont certainement trop conformes à la corruption du cœur humain, pour y être reçus avec indifference. […] En effet, sous prétexte de ruiner la fausse dévotion, il représente les brutalités de son Tartuffe avec des couleurs si noires, et il lui fait avancer des maximes si détestables, que la corruption du cœur humain ne manquera pas de les faire appliquer, non à un Tartuffe de Théâtre ; mais à un véritable homme de bien.

220. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Il reste plusieurs de ces pièces, dont assurément on ne peut pas lire deux pages, mais qui pour le temps étaient des chefs-d’œuvre, étaient mieux payées, plus honorablement accueillies, et attiraient plus de monde, que celles de Corneille et Racine, ce qui est peut-être plus humiliant pour la raison humaine que pour le Poète. […] Et pour terminer par un grand exemple un tableau des contradictions humaines, qu’on ne saurait épuiser, tel le sage Salomon bâtit un Temple au vrai Dieu et un autre à la Déesse Astarte, et au milieu de trois cents femmes et sept cents concubines, prêche la continence dans ses proverbes, la vanité du monde dans son ecclésiaste.

221. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE IV. Suite des effets des Passions. » pp. 84-107

Bernard (avril 1701) : « Expressions blasphématoires, discours athées, railleries profanes, la gravité méprisée, la vertu avilie, le vice applaudi, le Clergé injurié, déclamations contre le mariage, les infirmités humaines tournées en plaisanterie, la vieillesse tournée en ridicule, les plaisirs de la débauche représentés an naturel, etc. […] L'apathie stoïcienne est une chimère, le Sage sent comme un autre, et souvent plus qu'un autre, le plaisir et la douleur ; mais est-ce une gloire à l'esprit humain d'avoir inventé un art antiphilosophique, tout occupé à détruire ce que la raison a imaginé de plus parfait, à armer, à animer contre nous ce que la vertu nous ordonne de combattre jusqu'à la mort ?

222. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre [V].  » pp. 156-192

Ne fut il pas Dieu, ce seroit le plus grand des humains. […] Elle brille de la gloire de son époux, elle éleve sa tête jusqu’au ciel, supérieure aux variations de la lune, c’est-à-dire, aux vicissitudes des choses humaines. […] Etalant ce qu’il y a de dangéreux par la parure, elles deviennent le fleau du genre humain, & le perdent en détail.

223. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

La plupart de celles du château de Montagne que l’Editeur dit avec raison adaptées à son génie  ; ne sont que de maximes de pirrhonisme & d’incrédulité, prises des anciens sceptiques, entr’autre de Sextus empiricus qui lui étoit très-familier, qui toutes n’annoncent que la foiblesse de l’esprit humain & l’incertitude de toutes nos connoissances. […] Parmi les Maisons souveraines, dit-il, celle de Médicis à Florence est une de celles qui ont plus mérité du genre humain (si par mériter on entend corrompre les mœurs) : il faut pourtant en oublier les femmes (la plupart en effet étoient dans le goût de leurs maris) ; & parmi ces femmes, notre Catherine & notre Marie, l’une par sa méchanceté, & l’autre par sa foiblesse & son incurie, &c. […] Heureusement pour le genre humain, ses caprices sont aussi extraordinaires que ses talens.

224. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — PREMIERE PARTIE. Quelle est l’essence de la Comédie. » pp. 11-33

Je conviens par la malignité qui caractérise l’esprit humain, que c’est un très-grand plaisir de voir son semblable tourné en ridicule, & de pouvoir se mettre au-dessus de lui : je conviens qu’on jouit avec satisfaction de l’embarras d’un jeune provincial qui se présente d’un air gauche dans un cercle brillant, qui salue d’un air timide, & qui perd contenance : je conviens qu’on est charmé de voir un homme qui se laisse duper comme un sot : pourquoi cela ?

225. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — SECONDE PARTIE. Si les Comédies Françoises ont atteint le vrai but que se propose la Comédie. » pp. 34-56

La misanthropie est certainement un vice dangereux : un misanthrope est ennemi des hommes : ce n’est pas seulement en déclamant contre le genre humain, qu’il dévoile son caractere, c’est par ses actions & sa conduite : un homme de cette trempe refusera de rendre service à ses semblables, parce qu’il les hait : il quittera sa femme & ses enfans, à qui sa présence est nécessaire, pour aller vivre seul au fond d’un désert.

226. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Il en est des talens embrassés par toute une nation, comme d’un esprit occupé de tous les objets à la fois ; de même que dans la vaste sphere des connoissances humaines, l’esprit achete un amas de notions ébauchées & mal-digérées au prix de l’art de penser & de bien savoir ; de même, une Nation entiere qui voudroit raisonner & parler de tout, qui auroit effleuré toutes les Sciences, n’en auroit que des idées vagues & confuses, & auroit souvent perdu jusqu’au sens commun.

227. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XXIV. Le sentiment, juge plus sûr que le goût. Celui-ci préféré au premier. Pourquoi ? Amour du Théatre, funestes à ses progrès. Honneurs avilis en devenant trop communs. Cabales. Leurs effets, & les moyens qu’on employe pour les éluder.  » pp. 129-150

Sages de l’antiquité, qui regardiez les Lettres comme le plus solide fondement des sociétés, comme l’œil universel de la sagesse, le thrône des mœurs, & un lien sacré du genre humain.

228. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre VI. Des Actes ou des divisions nécessaires au Poème dramatique. » pp. 90-106

Ce dernier pas fait, ils pourraient bien s’élever d’une aîle rapide jusqu’à la hauteur infinie de six Actes, où jamais n’atteignit l’esprit humain.

229. (1707) Lettres sur la comédie « Réponse à la Lettre de Monsieur Despreaux. » pp. 276-292

Je regarde la Tragédie, comme le grand ressort du cœur humain.

230. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

C’est aussi ce qui est défendu par toutes les lois divines et humaines, et qui fait ce qu’on a appelé Spectacle.

231. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

 Le lendemain, je vole à ce Palais Magique,3 Qu’anime encor Lulli de sa tendre Musique, Un sceptre de cristal en ses débiles mains, L’Amour dans ces beaux lieux gouverne les humains ; Respirant sous ces lois, on y voit cent Prêtresses Annoncer ces faveurs, et vanter leurs faiblesses.

232. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Lors que des hommes inutiles & dangereux à l’Etat & à la Religion, n’ayans point d’autres métiers pour vivre que celuy de divertir le genre humain, ont faits des spectacles publiques pour representer la vie & les plus memorables actions des Heros & des Heroines de l’antiquité payenne, non pas tant pour reformer les mœurs des peuples, que pour tromper & divertir les faineans. […] Voilà M. ce qui a foüillé le theatre de mille crimes, ce qui a rendu la comedie coupable de mille dereglemens, ce qui a corrompu les bonnes mœurs des peuples, ce qui a armé de zele de tous les Peres de l’Eglise contre ces spectacles publiques, & ce qui a attiré toute la severité des loix divines & humaines, contre ces sortes de plaisirs enchantés : mais avant que de prononcer un arrest de condamnation contre eux, l’ordre de la justice demande que nous informions du fait à charge & à décharge, & que nous examinions au poids du sanctuaire, si les plaintes qu’on fait contre la comedie sont legitimes, & si les crimes dont on l’accuse sont veritables. […] Car, dites-moy, qu’est-ce que comedie ; je répons qu’elle n’est proprement que cette apotheose tant vantée parmy les Payens, par laquelle un Prince, un Conquerant, un Heros, qui s’étoit signalé pendant sa vie, ou dans le gouvernement de l’Empire, ou dans la defense de la patrie, ou par la defaite des ennemis, étoit admis au rang des dieux, aprés plusieurs religieuses ceremonies, & sur tout avec l’approbation & le consentement du Senat ; cette approbation du Senat a paru si extravagante à Tertullien, que ce Pere voulant tourner en ridicule cette apotheose des Romains, leur dit en se moquant d’eux ; de humano arbitratu divinitas apud vos pensitatur, la divinité parmy vous dépend du jugement humain, elle est une espece de present qui vient de la liberalité des Consuls & du peuple ; en sorte que, nisi homini placuerit, Deus non eritTertull. […] Que l’ignorance humaine toute stupide & grossiere qu’elle est, se montre neanmoins sçavante & ingenieuse, sur tout quand il faut trouver des raisons pour justifier l’usage des plaisirs de la vie, & pour s’empêcher d’y renoncer ; mais arriere tous ces argumens frivoles & toutes ces fausses raisons, le mensonge appuyé de tout le secours de la Philosophie, ne peut rien contre la verité.

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