pour qui tant de profusions d’un luxe qui n’a plus de bornes, si ce n’est en grande partie pour les complices effrénées de tel homme opulent, de tel grand Seigneur, de tel Magistrat même, qu’on nomme et qui peut-être se trouve flatté d’être nommé ? […] Ne serait-ce pas encore une nouvelle preuve que nous ne cherchons, n’aimons, ne suivons de Spectacles que ceux qui flattent nos passions les plus répréhensibles, et vers lesquelles nous avons plus de pente ; qui les entretiennent ces passions, qui les échauffent, qui les animent ; dégoûtés de ceux qui nous apprendraient à les calmer, à en tirer un parti raisonnable ou à les vaincre : en un mot, que tout Théâtre où l’on se proposera de redresser les mœurs, restera désert, et que les chambrées, pour me servir du terme consacré que vous m’avez appris, ne seront bonnes qu’autant qu’on aura employé plus d’art pour les renverser de fond en comble ?
Ce n’est qu’en soutenant la gloire de l’Inde, aux perils de ses jours, que Porus se flatte de mériter le cœur de Roxane, qui n’a pas moins d’élevation que d’amour.
La tentation d’Eve par le serpent, celle de Notre-Seigneur dans le désert, les prestiges des magiciens de Pharaon, les possessions de l’Evangile n’ont rien de commun avec ce cahos de délire, aussi contraire au bon sens qu’à la religion & au bonnes mœurs : ce transport de sorciers dans le vague des airs, à cheval sur un bâton, par la vertu d’un onguent magique ; cette cohorte de démons, ce trône au milieu d’une campagne pour recevoir les hommages, ces cornes, ces pieds de chevre, ces danses, ces chants, ces repas, ces infamies, ce font les rêves d’un malade, les écarts d’un cœur corrompu, qui se livrent à toutes les images qui flattent la volupté.
Quelle gloire peuvent se flatter d’acquérir ses Poètes ?
Mais de là, il ne s’ensuit pas que les commencements soient innocents : pour peu qu’on adhère à ces premières complaisances des sens émus, on commence à ouvrir son cœur à la créature : pour peu qu’on les flatte par d’agréables représentations, on aide le mal à éclore ; et un sage confesseur qui saurait alors faire sentir à un chrétien la première plaie de son cœur et les suites d’un péril qu’il aime, préviendrait de grands malheurs.
Ce sont, dit-il, des gens qui ne servent qu’à flatter et à nourrir les voluptés et la fainéantise ; et à remplir les esprits oiseux de vaines chimères, qui les gâtent, et qui causent dans les cœurs des mouvements déreglés que la sagesse et la religion commandent si fort d’étouffer.
Votre présence au théâtre est un sujet de scandale pour les auteurs dramatiques, qui, pour flatter la corruption de votre cœur, composent licencieusement et chargent la scène d’intrigues amoureuses et d’impiétés révoltantes.
Comme on y rassemble tout ce qui peut flatter le plus vivement, et le plus agreablement les sens, et que d’ailleurs on s’abandonne avec plaisir à cette impression, il n’y a point de doute que ce ne soit ici l’une des plus seures, et par consequent des plus pernicieuses inventions de l’esprit malin, pour nous rendre encore plus sensuels, et plus éloignés de l’esprit du Christianisme, que nous ne sommes naturellement.
ne sont que les successeurs, qui de main en main se sont transmis leur héritage : En effet leurs habits ridicules, leurs in promptu, leurs Lazzis, leur licence, semblent démontrer cette belle origine ; dont des Chrêtiens doivent être peu flattés. […] Le mécanisme des vers, la distribution des scénes demande quelques réflexions, & forme une difficulté que Moliere a rarement surmontée, puisque la moitié de son théatre est en prose ; enfin, comme le plaisir est la grande affaire, tout ce qui en fait goûter, tout ce qui flatte les passions est assuré de tous les suffrages. […] Tout est plein en Italie, de monuments antiques & de pratiques réligieuses ; il n’est pas surprenant que ce peuple qui en est justement flatté, en repande par-tout l’empreinte : qui peut n’être pas flatté d’une si glorieuse préférance !
Je me flatte que la matière que je vais traiter avec exactitude, répandra sur mon Ouvrage un nouvel agrément, & une utilité plus étendue. […] Est-ce là saisir la nature, dans un Art où l’on se flatte le plus d’en approcher ? […] Ainsi chaque parti se flatte de remporter la victoire. […] J’en trouve facilement les raisons ; l’homme de génie n’est guères flatté de partager sa gloire avec un Musicien, ou de ne jouir même d’aucun applaudissement, tandis que l’Artiste avec qui il est contraint de s’associer, est comblé de louanges & d’honneurs.
La discipline sur ce point a toujours été uniforme : les Canons ont été sans cesse renouvellés ; & si les gens du monde passionnés pour les spectacles cherchent des approbateurs, qu’ils se souviennent de ce qu’a dit saint Paul, qu’il viendra un temps que les hommes ne pourront plus souffrir la saine doctrine, & qu’ayant une extrême démangeaison d’entendre ce qui les flatte, ils auront recours à des Docteurs propres à satisfaire leurs desirs . […] Enfin, il s’y fait comme une générale conspiration de tout ce que la volupté à d’attraits & de charmes pour amolir le cœur de l’homme & pour flatter ses passions. […] Tout y concourt à séduire l’ame & à l’amollir ; le cœur conduit par les oreilles & par les yeux s’attache à tout ce qui le charme ; la raison suspendue par l’enchantement se tait ; rien n’est du goût, que ce qui flatte les sens ; & parmi tant d’objets si capables de plaire, & qui plaisent en effet, l’ame sera-t-elle maîtresse de ses desirs ? […] Si des plaisirs si barbares qui ne devoient inspirer que de l’horreur, étoient capables de produire de tels effets, que sera-ce des spectacles de nos jours, ou loin de révolter, tout amollit & flatte ; où l’on n’éprouve que les attaques d’une insinuante volupté ? […] n’est-ce pas d’éprouver intérieurement cette langueur sensuelle qui amollit & qui flatte ?
Il les trouve sèches et insipides, au lieu qu'il court pour ainsi dire, au-devant de celles qui flattent ses passions et qui favorisent ses désirs. […] Ces dieux qui t'ont flatté, ces dieux qui m'ont trompée; Ces dieux qui dans Pharsale ont mal servi Pompée, Qui la foudre à la main l'ont pu voir égorger.
Ces deux Poëtes lui apprenoient à penser, tandis que ses plus éloquens prosateurs bornoient encore tout leur génie à défendre Jansénius, ou à flatter en chaire les Princes morts & les Princes vivans. […] Et ne vaut-il pas mieux servir son ami que de le flatter ? […] Et quel homme confondra jamais la considération passagère d’un Ministre toujours flatté durant son ministère, avec la considération d’un Racine, d’un Fénélon, d’un Voltaire, où d’un Montesquieu.
dans mon hermitage Je veux, à l’ombre d’un berceau, T’eriger moi-même un tombeau ; On y verra sur le Porphire Des Archanges bien rebondir, Flatter St. […] Le divin Lafontaine, l’immortel Voltaire, le charmant Chaulieu, doivent-ils être bien flattés de ces éloges ? […] Peut-on être flatté de l’entendre dire & voir imprimé : Je l’ai vu par un goût volage séduire & tromper la beauté ; changer chaque jour d’esclavage, être pris, repris & quitté.
Mais le théâtre ne plaît qu’autant qu’il flatte la corruption : dès que le vice n’en fera plus l’assaisonnement, qui daignera s’y trouver ? […] Je ne comprendrai jamais que quand on a de l’honneur, de la pudeur, de la religion, on puisse être flatté de se voir comparer au Dieu de la fureur, à la Déesse de l’impudicité : un Chrétien, Jupiter ! […] Les gens de bien se flattent d’arrêter quelque péché, et d’arracher quelque proie à l’enfer, en supprimant les passions criminelles et substituant des objets pieux ; peut-être espèrent-ils de réformer la scène, et de convertir les Comédiens, en les tournant du côté de la religion.
Qu’on ne me dise point que ce même amour propre flatté de l’hommage qu’on lui rend est intéressé à donner plutôt des marques de gratitude.
Mais ne cherche-t-on pas dans les Spectacles à flatter les passions humaines, sans toutefois choquer les bienséances ?
Je n’avais garde de la lui demander, sûr qu’il ne me l’accorderait pas : mais, comme j’ai d’autres Pièces à faire représenter, et entre autres Esope à la Cour, que je suis prêt de soumettre à la Censure la plus austère, je me flattai que les Auditeurs me seraient plus favorables si je leur faisais voir que les Pères et les Canons qui ont détesté les Comédies détestables n’ont point prétendu interdire les divertissements honnêtes, et, pour ainsi dire, plus capables de corriger les mœurs que de les corrompre.
Je me flatte que cette traduction leur sera d’un grand secours, et pourra leur tenir lieu d’un long usage ; s’ils ont soin de la comparer avec l’original.
» « L’amour du beau est un sentiment aussi naturel au cœur humain que l’amour de soi-même : il n’y naît pas d’un arrangement de Scènes, l’Auteur ne l’y porte pas, il l’y trouve ; et de ce pur sentiment qu’il flatte, naissent les douces larmes qu’il fait couler.
Le nombre & la cadence chatouillent l’oreille ; la fiction flatte l’imagination ; & les passions sont excitées par les figures. […] On y voyoit de grands sentimens & une vertu peut-être trop sublime pour qu’on pût se flatter d’y atteindre : on n’y rencontroit point de ces images licencieuses qui montrent le vice sous une forme aimable. […] N’y auroit-il pas même trop de présomption à s’en flatter ? […] Nos Drames ne pourroient tout au plus être comparés qu’avec ceux du plus mauvais âge de l’antiquité, c’est-à-dire avec ceux où, comme de notre temps on ne cherchoit qu’à flatter les sens des Spectateurs, qu’à amollir l’ame, & qu’à corrompre les mœurs. […] *** Là, sous les noms flattés d’erreurs & de foiblesse, Notre devoir est combattu : Les Dieux, par leur exemple, y sont à la jeunesse Un scrupule de la vertu.
Et le Poëte le plus célebre ne pourroit se flatter d’y en introduire l’usage. […] Ils sçavent que, pour attirer le Public, il faut flatter la corruption du cœur. […] Les caracteres qui flattent le plus sont ceux où la force l’emporte sur la raison, & le courage sur la prudence. […] Chaque siecle a eu sa maniere de couvrir les idées propres à flatter la volupté. […] Mais tel est le goût qu’il faut flatter sur la Scene ; telles sont les mœurs d’un siecle instruit.
Cette mince brochure, écrite d’un ton hardi & ferme, qu’à peine oseroit prendre un homme en place habile Théologien, ne mériteroit que le mépris, si, comme disoit Bossuet dans une pareille occasion, il étoit permis de mépriser le péril des ames infirmes ou mondaines, toujours aisées à tromper sur ce qui les flatte. […] Ce n’étoit pas le moment de se flatter qu’il se prêteroit à examiner la nature des spectacles pour une troupe d’Acteurs imbécilles qui paroissoient alors depuis quelque temps.
Il flatte peu la vanité ridicule d’un Régent ou d’un Religieux qui court après les applaudissements du public par des traits si peu dignes de lui, arbitrio popularis auræ, en les bornant à quelques Savants, nation peu nombreuse et fort sérieuse. […] Elle se montre ici avec ce qu’elle a de plus capable de les flatter, traînée sur un char superbe par les vertus, elle surprend les yeux par la magnificence des vêtements, l’odorat par la délicatesse des parfums, les oreilles par l’harmonie du chant, le goût même par les innocents festins qu’elle permet.
… Si ce tyran, dont le nom seul serait une insulte aux tyrans les plus odieux, ne peut écouter Burrhus avec un cœur tranquille, est-il né des monstres qui se flattent d’être plus insensibles que lui aux charmes de la vertu, et au cri des remords ? […] Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis.
La France autant qu’aucune autre nation a produit des hommes célebres dans les sciences abstraites & épineuses, telle que les mathématiques & la métaphysique : beaucoup d’excellens ouvrages sur la morale, la politique, la juris-prudence ont été aussi applaudis que le sont quelquefois de jolis romans qui vivent quelques mois : l’obstacle à la perfection de la Comédie qui semble naître de l’inclination des François pour la frivolité, vient bien moins d’eux que de l’imprudence des Auteurs qui se sont attachés à flatter cette inclination, au-lieu qu’ils auroient dû travailler à l’affoiblir.
Je laisse de si minces objets pour finir par des considérations d’un ordre bien supérieur à toutes les brillantes illusions de nos Arts agréables, de nos Talents inutiles, & du Génie dont nous nous flattons.
Les poëtes dramatiques se seroient-ils flattés de l’exception de cette regle.
« Si le zèle suffit pour charmer ce grand Roi, Qui pourra s’en flatter plus justement que moi ?
Ce n’est point pour flatter les passions des hommes que le spectacle est établi, c’est au contraire pour les régler. […] Entendez-vous par un homme sans passions, un homme insensible à tout ce qui peut flatter l’imagination ou les sens, un homme dans une Apathie perpétuelle, incapable de sentir et de désirer ? […] Quand on ne verra dans le monde d’autres Amants que ceux de nos Tragédies, on pourra regarder la passion de l’amour comme une vertu, la nation qui la première joindra tant de délicatesse à ses penchants pourra se flatter d’être parfaite, et les Ecrivains qui auront inspiré cette délicatesse auront fait une chose également bonne pour les bons et pour les méchants. […] A-t-il attendu qu’on se lassât de flatter la vanité des Coquettes en partageant leur malignité et faisant chorus de médisance avec elles, pour faire le Misanthrope ?
Quelquefois qu’on conserve dans le cœur, il n’est pas permis de contrefaire l’idolâtre, quelque pureté dont on se flatte ; il n’est pas permis de contrefaire l’impudique ; il est du dévoir de l’homme d’être & de paroître constamment vertueux, & inviolablement fidele à son Dieu ; il n’est point de moment, point d’intérêt qui puissent en dispenser, point de prétexte qui excuse, on doit plutôt cesser de vivre que de cesser de servir Dieu : Hæc testamenta præcordia penetrant, sicut serpentium morsus venestum diffundunt. […] Caihava est trop juste pour se flatter que sont suffrage mettra dans la balance un poids qui l’emporte sur ces deux grands Littérateurs. […] Les autres sont sans doute plus dangereuses, leurs objets sont d’intelligence avec nous ; il est dans tous les cœurs un germe d’orgueil, d’ambition, d’impureté ; le plaisir & le spectacle le developpent, & le flattent.
Le tems ne partage pas sa course ; il est burlesque de dire qu’il coule, tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre : je doute que Moliere doive être fort flatté d’être chanté si mal, d’avoir de pareils admirateurs, & d’avoir formé de pareils éleves. […] Tous nos poëtes comiques ont eu pour elles le respect, (le foible, le vice de la Nation ;) on le prouve par l’exemple de Moliere, Regnard, Dufreni, Destouches, & de tous en un mot ; ils ont ; sans exception, respecté (flatté, idolâtré) le sexe ; il n’ont mis sur la scéne que des défauts legers, qu’elles-mêmes condamnent, ou s’ils en ont mis de considérables, ils les ont excusés ; témoins l’Ecole des Femmes, George-Dandin ; mais ils ont toujours loué, exagéré, adoré, leur beauté, prêché leur liberté, leur indépendance, dévoué au ridicule les peres, les maris, les tuteurs difficiles, pouvoient ils manquer d’obtenir leurs suffrages ? […] Ces idées se retrouvent, & sont comme fondues, non dans nos mœurs, qui leur font bien contraires ; car on ne sauroit plus mépriser les femmes, que d’aspirer à en abuser, que de les croire capables de s’abandonner à la passion ; mais dans nos complimens, notre politesse, nos usages, c’est-à-dire, dans la superficie, ces portraits si flattés comme ceux de la plupart des peintres, qui embellissent pour se faire mieux payer, accoutument les femmes à régarder le théatre comme leur empire, & les hommes leurs sujets ; c’est leur empire en effet, & par conséquent celui du vice ; & les hommes sont des idolâtres, jusqu’à prendre hautement parti pour les femmes ; chacun est un Dom Quichotte, heureux d’être leur victime, pourvu que la nuit suivante il soit couronné de leurs mains ; Car aucun n’a le désintéressement de Dom Quichotte, auprès de Dulcinée.
Défaut trop commun chez les peintres, les sculpteurs, les imprimeurs-libraires, soit parce que ces ouvrages flattent leurs passions, soit parce qu’ils se débitent mieux, & sont mieux payés que les autres. […] Mignard avoit sur-tout le précieux talent de flatter les portraits des femmes. […] La servante qu’il avoit débauchée, le trahit, se charge de lui enlever son manteau & son chapeau, le flatte, le caresse, lui fait des avances très indiscrettes, comme la femme d’Orgon dans Moliere.
Chacune se promet de soutenir sa gloire, & de réparer ses pertes, en inventant quelque nouvelle machine de guerre, & choisissant un meilleur poste ; chaque jour on vient se donner le défi, & qui ne se flatte enfin d’une victoire dont souvent elle seule s’aplaudit ? […] Quelque rares, quelque équivoques que soient les suffrages, on en est flatté, & pour plaire on étale, on rehausse tout ce qu’on s’imagine avoir d’appas, on est flatté de son propre suffrage, & celui-ci n’est pas douteux.
Ce Saint blâme cette musique molle, efféminée, vive, légère, dont Lulli réchauffa la morale lubrique de Quinaut ; il ne veut pas même qu’on la souffre dans les Offices divins, dans les motets, dans les orgues, parce qu’elle flatte l’oreille, amollit le cœur, dissipe l’esprit de piété : Nec permittendum misceri cantiones, balatas verba vana. […] Que dans une occasion involontaire & inévitable on compte sur la grace de Dieu, & on espère la victoire ; mais que sans nécessité, volontairement, pour son plaisir, contre les défenses de l’Eglise, l’autorité de tous les Pères, l’expérience de tout le monde, on se jette dans le péril le plus grand & le plus certain, on se croie en sûreté, on se dise innocent, on se flatte qu’il n’échappe ni désir, ni regard, ni parole, ni pensée contraire à la vertu, que la chair & les sens, le démon & le monde seront toujours vaincus, est-ce connoître le cœur humain, & se connoître soi-même ?
Qu'un particulier se livre à son penchant, et qu'aux dépens de la décence, de ses devoirs, de son intérêt, il s'amuse de ce qui le flatte, c'est la nature, c'est la passion. […] Tout un Collège, c’est-à-dire plusieurs centaines de jeunes gens, sont enchantés d'une pièce de théâtre, tout y flatte les inclinations de leur âge.
Jaloux d’un pareil appui, il s’insinue auprès de lui & flatte ses inclinations.
C’est de là que naît dans les âmes pieuses, par la consolation du Saint-Esprit, l’effusion d’une joie divine ; un plaisir sublime que le monde ne peut entendre, par le mépris de celui qui flatte les sens ; un inaltérable repos dans la paix de la conscience, et dans la douce espérance de posséder Dieu : nul récit, nulle musique, nul chant ne tient devant ce plaisir ; s’il faut pour nous émouvoir, des spectacles, du sang répandu, de l’amour, que peut-on voir de plus beau ni de plus touchant que la mort sanglante de Jésus-Christ et de ses martyrs ; que ses conquêtes par toute la terre et le règne de sa vérité dans les cœurs ; que les flèches dont il les perce ; et que les chastes soupirs de son Eglise, et des âmes qu’il a gagnées, et qui courent après ses parfums ?
Le Public se flatte que vous y laisserez tout ce qu’un enjouement innocent vous a dicté.
Les Comédies de toutes les sortes ont eu tant d’applaudissement, qu’elles ont scandalisé les Personnes dévotes, qui ont cru qu’elles n’étaient recherchées que parce qu’elles flattaient les vices et les enseignaient au Peuple.
Quelques poëtes, quelques courtisant l’avoient flatté & érigé en divinité. […] C’est la stérilité des panégyristes, qui, ne sachant que dire & voulant flatter, vont chercher des noms célebres, & font sans discernement des comparaisons qui font rougir. […] Les fables ne flattent point les passions, l’amour n’entre point dans ces aventures. […] Leurs beautés femelles n’ont rien de piquant, l’imagination d’un libertin n’est pas flattée des graces en poils, en plume, en écaille, les amours des sauterelles & des pigeons sont épuisées dans deux mots, & n’ont aucune variété.
Comment approuver ces sentiments dont la nature corrompue est si délicieusement et si dangereusement flattée, et qui sont animés d’une musique enchanteresse qui ne respire que la mollesse et la volupté ? […] Mais de là il ne s’ensuit pas qu’il faille autoriser les périls publics : si les hommes ne les aperçoivent pas, c’est aux prêtres à les instruire et non pas à les flatter ».
Tertullien31 au livre qu’il a fait contre les spectacles, en use ainsi, contre ceux qui s’en défendaient et se « flattaient, disant que cette abstinence n’était point expressément défendue. […] En cette occasion, où le mal ne semble pas si grossier, la subtilité des excuses trouve plus d’apparence, et quelque bien mêlé avec le mal, sert de prétexte, à ceux qui cherchent de quoi flatter leur inclination, endormir leur conscience, et applaudir aux coutumes invétérées, et à l’humeur du vulgaire. […] Il n’y a donc pas de quoi nous pouvoir flatter en cela en quelque sorte, et dire qu’à présent en toutes villes ne se fait pas ce qui s’y est fait jadis. […] Et toutefois nous nous flattons encore de la bonté de nos mœurs, et de la rareté de nos débauches ! […] « Mettre des coussins sous les coudes » est une expression proverbiale signifiant flatter les pêcheurs.
Les Auteurs de cette exception, qui posent par fait que les Théâtres sont ainsi réformés, et qu’on s’y peut rendre et y assister sans nul péril, ou se flattent, ou bien trompent à dessein. […] Même nous nous assurons, que quand ces Princes qu’ils veulent flatter, en seraient consultés, Il n’y a aucun d’eux qui voulût donner les pratiques de sa Cour pour régler la conscience, qui n’a son regard qu’à Dieu tout seul. […] En général, ils croient avoir Dieu et les hommes pour témoins, que selon la nécessité, et les occasions, ils ne flattent aucun des vicesfc. […] Vincent, qui a déjà cité une phrase de ce passage au chapitre II, détourne le texte : le roi chasse les jongleurs de sa cour non parce que leur activité est immorale et impie mais parce qu’ils flattent les riches pour obtenir des vêtements et de l’argent ; c’est la prodigalité qui est immorale et non pas le théâtre, dont il n’est pas question, puisqu’il ne s’agit que de ménétriers et de jongleurs. […] Comprendre : ils croient que Dieu et les hommes sont témoins qu’ils ne flattent aucun vice.
Je me flatte de prouver par la suite, qu’il est encore plus ancien que la Tragédie.
En même-tems que notre compassion flatte notre amour propre, elle paroît nous faire honneur.
Celles où les Auteurs n’ont envisagé que de flatter le goût particulier de la Nation, n’ont pas à beaucoup près un succès aussi étendu, d’où l’on doit conclure que les bons spectacles sont ceux où l’on attaque les vices communs à tous les hommes, et que par conséquent c’est le genre auquel on doit se borner, puisqu’il est universellement utile indépendamment du gouvernement, des lois et de la Religion.
Ce sont des plaisirs bien plus dignes de nous que tous ces faux plaisirs des spectacles qu’on n’aime et qu’on ne recherche avec tant d’ardeur que parce qu’ils flattent et nourrissent le penchant et le goût qu’on a pour les plaisirs criminels de la voluptébk. » « Tertullien et saint Cyprien nous invitent à des spectacles bien différents des spectacles profanes : ils introduisent l’homme raisonnable et chrétien dans le sanctuaire de la religion et de la nature, pour charmer tour à tour sa raison et sa foi.
Et peut-être même trop flatté de ses premiers succès, plutôt accordés à son âge qu’à son génie, se négligeoit-il un peu trop. […] Le nom de Philosophe qu’il se donne, le portrait qu’il en fait, tout flatté qu’il soit, ne vont pas plus loin.
Il vaut mieux avertir ses Poètes de se corriger, s’il est possible, de leur penchant à flatter le vice, plutôt que de les encourager, par une lâche adulation, à persister dans leurs erreurs, & à continuer à rendre le nouveau Spectacle indigne de l’estime de l’honnête homme. […] Une pareille idée ne peut entrer dans l’esprit : pour quoi donc flatter les vices & les faiblesses humaines ?
Ils y voient un spectacle, qui flatte tous les sens, qui remplit leur esprit de vanités, qui amollit leur cœur par le son ravissant des violons et des instruments, qui flattent les oreilles, et qui charment et enlèvent l’âme par une douce et agréable violence.
Il faut avoir des yeux pour pouvoir l’admirer : car sans yeux on ne l’admirera pas ; de même, il faut avoir un cœur pour sentir et apprécier la Vertu, car sans son cœur sensible et disposé à la trouver belle, on en ferait en vain le portrait le plus flatteur et le plus flatté. » Le grave Muralt ni vous n’avez entendu selon moi ce passage d’Aristote : « Comœdia enim deteriores, Tragœdia meliores quam nunc sunt imitari conantur. »bn Voilà comme je crois qu’il doit être expliqué et entendu, car la Tragédie doit représenter les hommes comme meilleurs, et la Comédie comme plus vicieux qu’ils ne sont ordinairement, où qu’ils ne le seraient dans le temps préfixe qu’ils occupent la scène. […] Vous n’avez aucun de ces titres ; le Public n’a pas assez accueilli vos paradoxes précédents, pour que vous puissiez vous flatter de sa confiance : nulle Autorité ne vous a donné le droit de juger publiquement les ouvrages de M. de Crébillon ou de M. de Voltaire ; et l’usurpation du tribunal n’est pas un titre qui doive accréditer vos sentences : cette usurpation au contraire ne peut que vous être reprochée comme un signe certain de présomption et d’ingratitude.
Tous les sens sont flattés au théâtre, et toutes les puissances de l'âme occupées à en goûter le plaisir ; mais je ne vois aucun rapport entre nos sens et nos facultés avec cette division arbitraire, seulement consacrée par l'usage, et vraisemblablement appropriée à la mesure de notre attention, qui a besoin d'interruption et de repos, après la durée d'un acte, et qui ne pourrait se soutenir, sans nous incommoder, après cinq actes. […] Jamais la vanité des femmes n'a été plus flattée qu'au spectacle : est-il étonnant qu'elles y courent avec transport ?
Marmontel de prouver que Tartuffe est ridicule, ou il peut se flatter d’avoir une grande disposition à saisir le ridicule, s’il en trouve dans ce personnage : pour moi je ne crois pas être seul de mon avis, quand je dis que Tartuffe est odieux d’un bout de la piece à l’autre ; la Comédie de l’Imposteur est cependant, à ce que je crois encore, une vraie Comédie ; donc les vices odieux sont du ressort de la Comédie.
Voyez comme il flatte l’Académied, dans le temps même qu’il persécute la Sorbonne.
S’il était possible de trouver un Français qui vit d’un œil indifférent l’Opéra-Bouffon, je me flatte qu’il me rendrait justice, & conviendrait que je n’avance rien qui ne soit très-facile à prouver.
Je désire beaucoup, Mademoiselle, que vous approuviez mes idées ; j’ose me flatter que vous ne les dédaignerez pas toutes.
Ils portèrent cet art à la plus grande perfection ; ils le rendirent par là encore plus dangereux qu’il ne l’était auparavant ; et depuis ce temps, ses résultats moraux ont toujours été de flatter les passions du cœur, et de faire éprouver successivement aux spectateurs l’amour et la haine, la compassion et la cruauté.
C’était chez une personne, qui en ce temps-là était fort de vos amies, elle avait eu beaucoup d’envie d’entendre lire le Tartuffe, et l’on ne s’opposa point à sa curiositéh, on vous avait dit que les Jésuites étaient joués dans cette Comédie, les Jésuites au contraire se flattaient qu’on en voulait aux Jansénistes, mais il n’importe, la Compagnie était assemblée, Molière allait commencer lorsqu’on vit arriver un homme fort échauffé, qui dit tout bas à cette personne : Quoi, Madame, vous entendrez une Comédie, le jour que le Mystère de l’iniquité s’accomplit ?
Tout ce qui les aborde les flatte, & tout ce qui les flatte les perd. […] Elle est si flattée de cette souveraineté de théatre, que, malgré sa délicatesse, sa grossesse, ses couches, elle tient tous les jours le conseil d’Etat dans sa chambre, elle gouverne dans son lit, elle y forge & lance les foudres, comme Vulcain & Jupiter à l’Opéra.
Quels guerriers, quels héros peut-il se flatter de produire quand les esprits et les cœurs sont flétris par un même genre d’avilissement, de lâcheté et d’abjection ? […] Avant que ces foyers de l’infection générale soient anéantis, il seroit aussi raisonnable de songer à purifier le sang humain, que de se flatter d’arrêter les ravages de la peste eu lui laissant une pleine liberté de répandre et de renforcer son poison.
L’agneau sans tache seroit peu flatté d’être mis entre ses mains, croiroit-on que les Canons des Conciles, les Statuts des Diocèses, les Mandemens des Evêques le défendent expressement. […] Ce genre de folies les favorise encore, parce qu’il entre dans l’ordre des mœurs, & flatte la mollesse & la vanité de ceux qui le voyent, quelle mine plus riche pour le Théatre & ses suppôts !
Tout le monde aime la volupté, sur-tout la jeunesse qui s’imagine lui être consacrée ; les Poëtes & les Peintres peignent la volupté comme une jeune personne couchée sur un lit de fleurs, environné de tout ce qui flatte les sens ; toutes les passions bouiliantes à cet âge où la chair vigoureuse qui n’a point encore été mortifiée, domine avec insolence, & s’en fait même un privilège, & rien de plus ordinaire au théatre & dans le monde que de dire que la sagesse n’est faite que pour les vieillards, & le bel âge pour les plaisirs ; ceux qui ont des inclinations plus heureuses n’osent les suivre, le respect humain l’entraîne dans la foule, il est emporté par le torrent & on les excuse. […] Tels sont les romans, les pièces de théatre, les ouvrages de galanterie, on y admire la finesse des pensées, la délicatesse de l’expression, la variété des images, regardez-y de près ; le cœur y est bien plus touché que l’esprit, le plaisir vient sur-tout du vice qu’on y a délicatement répandu, qui flatte une imagination gâtée ; on ne sauroit soutenir la vue d’un objet grossier, montré à découvert, mais nous sommes bien aise qu’on nous le fasse entrevoir à travers un voile délié, qui le laisse voir ànu à l’imagination, qui s’y applique avec un plaisir extrême, & lève aussi-tôt le voile, & il ne faut pas un grand effort pour le lever au théatre où il est des plus transparens.
qui peut se flatter de ne jamais franchir la foible barriere qui en sépare ? […] Le cœur prétendu invulnérable est, ou stupide, si les organes sont relâchés, comme une corde de violon qui n’est pas tendue ne reçoit point le coup d’archet ; ou hypocrite, s’il arbore une supériorité aux tentations dont les plus grands Saints n’oseroient se flatter, & qu’ils n’oseroient même exposer, s’ils l’avoient, quoique le moyen de l’acquérir qu’ils emploient, la mortification & l’humilité, soit bien plus efficace que cette réflexion d’une Dame galante qui donnoit des spectacles dans sa maison, aussi-bien qu’au théatre : Le vrai moyen de se débarrasser de la tentation, c’est d’y succomber.
Cet homme fut si flatté par bêtise, de cet honneur prétendu, ou par sagesse affecta si bien de l’être, qu’il alla à la représentation, y applaudit hautement, & la fit valoir comme excellente, quoique la plûpart des aventures qui en font les scènes lui fussent arrivées. […] Le fils & la fille se flattent mutuellement dans leurs amours, complottent contre leur père, & en parlent sans aucun respect, & entr’eux, & à lui-même, le bravent, & se moquent de lui.
ni dans la vue des Actrices, ni dans la douceur de leur chant, ni dans les attitudes de leurs danses, ni dans la liberté de leurs discours, ni dans la lubricité de leurs gestes, ni dans la tendresse de leurs sentimens, ne cherchez-vous, ne trouvez-vous rien qui flatte la sensualité ? […] Ils se trouvent si bien & sont si flattés d’avoir chaussé le cothurne, qu’il n’y a pas eu moyen de le leur faire quitter ; ils se sont roidis contre les exhortations, & peut-être se roideroient-ils contre la force, si on vouloit l’employer.
Chez quelques uns l’espérance de goûter un plaisir peu commun à voir ces tendres beautés s’évertuer autour d’eux a flatté leurs penchans libertins. […] Mais aujourd’hui, mais depuis que Monnet, le premier, eût décoré ses loges élégantes de taffetas bleu, bordé de franges d’argent, depuis que ces tréteaux ont eu des orchestres réguliers, qu’on y a eu recours à des danses volupteuses, à des évolutions militaires, à des patomimes ; depuis qu’on a eu la liberté de formes des troupes de comédiens-enfans, depuis enfin qu’au fonds des pièces qui a été constamment le même, c’est-à-dire, essentiellement ridicule, on a ajouté des accessoires propres du moins à flatter les passions, la bonne compagnie a appris le chemin du Préau de l’Abbaye, du fauxbourg Saint-Laurent et de la rue de Richelieu.
Il serait beau que nous apprissions à l’Italie, qui se flatte d’être au-dessus de nous par sa musique, que l’art qu’elle chérit tant, pouvait être embelli par les Français.
Certes quelque beauté que les yeux remarquent en une femme rien ne flatte si doucement l’imagination, et rien ne donne tant d’amour que l’honnêteté.
mes frères, cet homme prodigieux, l’honneur de la France et de la littérature française, cet homme que Louis XIV admirait, bien qu’il n’eût pas toujours flatté les grands et les rois, cet homme en mourant ne peut éviter les foudres de l’Église !
[NDE] Opposition entre les jésuites, qui flattent les princes, et le théâtre, qui présente aux princes des vérités amères mais que le plaisir de la représentation fait passer.
Loin que cette confidence aigrisse la gouvernante, elle entre dans ses vues ; elle est flattée de l’hymen que lui propose le Soudan ; elle l’en félicite, & lui rend d’avance l’hommage de sa soumission.
Tout ce qui peut flatter la passion y est mis en œuvre, tout l’art y est employé pour exciter une passion que nul art ne peut amortir, & vous présumez assez de vous-même pour croire que vous ne risquez rien ?
Tout le monde se flatte qu’après avoir été confondu parmi la foule des Pécheurs, on en sera distingué par la misericorde du Seigneur, chacun se repose sur une chimerique confiance, & c’est pour la détruire que je vous expose le danger où vous êtes.
Il ajoute que tous les combats des Grecs, soit pour l'exercice de chanter et jouer des instruments, soit pour éprouver la force du corps, n'ont point d'autres chefs que les Démons, et que tout ce qui plaît aux yeux, ou qui flatte les oreilles au Théâtre, n'a point d'autre sujet que le respect qu'ils ont voulu rendre à quelques fausses Divinités, ou à des morts.
Son Atalide est une jeune Princesse du sang Ottoman élevée dès son enfance avec Bajazet, et qui ne l’aime pas moins qu’elle en est aimée, s’étant flattés également tous deux qu’ils seraient mariés ensemble quelque jour.
Elle aurait encore l’effet salutaire de pouvoir peu à peu s’étendre à la foule immorale des particuliers inattaquables autrement, des parasites et làches complaisants qui flattent les vices, qui fréquentent et caressent les fripons heureux qu’ils encouragent, dont ils soutiennent l’impudence, par qui le crime est sciemment plus honoré, mieux défendu que l’innocence même. […] D’où il arrive, confirmativement parlant, que, loin de contrarier les mauvais penchants naturels ou acquis de la multitude, et viser à les corriger, comme ils s’y engagent, les auteurs, pour être applaudis et admis, les flattent, les favorisent, et par là fortifient les vices et propagent la corruption.
Il n’en est que plus flatté d’avoir su vaincre par son mérite un préjugé qui lui étoit défavorable, & d’honorer par la supériorité de ses talens, un état qui n’honore personne. […] Le public a la malice de n’en rien croire : elle a des bontés pour le subalterne, les familles sont flattées de la distinction ; ce manége lui est utile.
On dit qu’il aime les femmes ; c’est-à-dire que c’est un libertin qui en veut jouir : les sentimens du cœur, les délicatesses de la galanterie, les tendresses de l’amour ne flattent pas un palais blasé de débauche. […] Il est doux pour moi de m’entendre flatter avec esprit & avec délicatesse.
» Il ajoute que la plainte générale d’aujourd’hui est que les Ecrivains n’ont rien de Poète que le nom ; que la poésie et en particulier celle du Théâtre ne met plus en œuvre que l’obscénité, la profanation et la licence effrénée d’outrager Dieu et les hommes : il confesse que cette plainte n’est que trop bien fondée, et marque une extrême douleur de ne pouvoir pas la démentir : il se flatte pourtant que tous ses confrères ne sont pas embarqués dans cette horrible entreprise de se damner. « A mon égard, poursuit-il, j’ose avancer, et je le fais sur le témoignage sensible de ma conscience, que j’ai toujours tremblé à la moindre pensée d’impiété et que j’ai toujours frémi des ordures qui sont aujourd’hui l’aliment du Théâtre.… Quel homme raisonnable, ou quel homme bien né ne rougit pas d’enflammer ainsi la convoitise ? […] Car si le plaisir doit faire le fondement de la Comédie, il faudra bien à quelque prix que ce soit obtenir cette fin : dès là qu’un expédient, quelque illicite qu’il soit d’ailleurs y pourra contribuer, on ne le rejettera jamais : on étalera les plus scandaleuses expressions : on profanera les choses les plus saintes, on convertira en amusements dramatiques le plus graves objets de la Religion : comme si le mauvais penchant des Spectateurs devait être flatté par-dessus tout, leur folie entretenue, et leur Athéisme favorisé.
Crois-tu que de l’amour esclave déplorable, Quittant un feu sacré pour une ardeur coupable, Mon cœur dans ce lieu saint ait flatté ses désirs, Foit rougir ma vertu de ses lâches soupirs ? […] Il se flatte en secret que la chaîne accablante sur d’autres étendue en sera moins pesante ; Et dans la prison même on aspire au crédit. […] La même qui avoit occasionné cette visite, apprend cette passion extravagante, & a la foiblesse de la flatter.
On parla dans le temps d’un sonnet à la princesse de Conti, qui dut toute sa célébrité à ce grand nom ; parce que la princesse parut l’agréer, comme toutes les femmes ne manquent pas d’approuver ce qui flatte leur beauté.
Nous ne songeons qu’à émouvoir les passions par le mêlange de l’un & de l’autre ; & les hommages que nous rendons quelquefois à la raison, ne détruisent pas l’effet des passions que nous avons flattées.
On doit donc encore se flatter, ou du moins former des vœux, pour que ce parti religieux, si exigeant, ne parvienne pas à persuader au gouvernement de présenter des lois funestes, qui indiqueraient positivement le désir du ministère : 1°.
Dès-lors ce ne furent plus les jeunes épouses qui trompèrent les vieux maris ; ceux-ci sont devenus les trompeurs ; oui, ces espiègles ont fait faux bond à leurs fidèles moitiés ; ils ont eu à leur tour des intrigues, des confidentes ; ils ont reçu des lettres secrètes, des poulets ou billets doux ; ils en ont écrit, ils ont donné des rendez-vous aux jeunes femmes qui avaient alors beaucoup d’attentions pour eux, qui les flattaient, qui leur souriaient agréablement en signe d’affection, ou du moins de reconnaissance. […] Il faut rester au milieu d’eux, et Prendre tout doucement ces hommes comme ils sont, Accoutumer son âme à souffrir ce qu’ils font ; les flatter même, leur faire bonne mine, des politesses, des compliments.
Ces Magistrats municipaux, qui changent tous les ans, communément des étrengers qui achêtent la noblesse, attachée au Capitoulat, & viennent passer une année à Toulouse, plus occupés de police que de littérature, furent flattés d’une épitre dédicatoire qui les combloit d’éloges, quoiqu’ils fussent inconnus à l’Ecrivain, & croyant illustrer leur regne par un ouvrage immortel où leurs noms sont imprimés, accepterent la dédicace, & donnerent au Sieur Durosoi le titre pompeux de Citoyen de Toulouse, ce que plusieurs d’entr’eux ne sont pas, comme la ville de Calais donna le titre de Bourgeois de Calais au Sieur du Belloy. […] Il n’y a eu en effet que des Ecoliers qui aient pu applaudit à Richard III, il n’y a que l’Auteur de Richard III qui puisse être flatté des brouhaha de ses condisciples, & imaginer qu’ils donnent un prix nouveau à la piece.
Bussi-Rabutin, pour flatter Louis XIV. […] Une molle élégance, une facilité naturelle, une négligence voluptueuse, font le mérite de quelques riens, de quelques propos de table ; qu’on n’a tant vanté que parce qu’ils flattent le vice, qu’ils roulent sur le vin & les femmes.
La raison sans la foi n’est qu’égarement ; qu’on ne se flatte pas d’être raisonnable sans la foi ; combattre la Religion, c’est combattre la raison. […] Cet ouvrage saupoudré & cette epicerie ont flatté le Palais de l’Académie & de deux grands Evêques.
L’Aumônier oubliant son caractère respecte et flatte l’insolence de Chamont : le jeune homme devenu plus fier par la basse complaisance du Chapelain redouble d’audace et porte l’insulte au dernier excès. « N’y a-t-il donc pas dans toute ta Tribu un seul honnête homme, dit-il ? […] » Je me flatte qu’on ne trouvera pas mauvais le peu que je viens de dire à la louange du Clergé : il n’y a pas de vanité à reprocher lorsqu’il s’agit nécessairement de se défendre : c’est pure justice que de se laver des taches dont on est noirci, et de rappeler les choses de l’erreur à la vérité.
Mais tel est le goût qu’il faut flatter sur la Scène, telles sont les mœurs d’un siècle instruit. […] Mais ne nous flattons pas de voir Sparte renaître au sein du commerce et de l’amour du gain. […] On les flatte sans les aimer ; on les sert sans les honorer ; elles sont entourées d’agréables, mais elles n’ont plus d’amants ; et le pis est que les premiers, sans avoir les sentiments des autres, n’en usurpent pas moins tous les droits. […] Mais ne nous flattons pas de conserver notre liberté en renonçant aux mœurs qui nous l’ont acquise. […] [NDE] Alceste dit à Philinte qui flatte Oronte et pourtant s’en défend : « Et que fais-tu donc, traître ?
La candeur & la probité formoient son caractere, il ne savoit ni feindre, ni flatter. […] Voltaire au contraire fait l’humiliant aveu de flatter le goût du Corrége. […] Ne cherchons donc plus, continua t-il avec Mr. l’Evêque d’Arras, ne cherchons plus, ni à nous tromper, ni des directeurs rélâchés, qui flattent sur cela la cupidité. […] Illicites & criminels, parce qu’ils flattent la corruption du cœur, étouffent peu à peu les remords de la conscience, effaçant insensiblement la pudeur.
C’est une chose amusante de voir & d’entendre ces hommes pétris de scène, élèves de Thalie, dans leurs conversations & leur commerce, pourvû qu’on n’y soit pas intéressé, leur dextérité, leur facilité, leur fécondité à inventer, exagérer, contrefaire, flatter, ridiculiser, jouer, dépayser, masquer, colorer, en un mot, à mentir en tout genre.
Je laisse résoudre la question à ceux qui daigneront s’en donner la peine ; ils seront plus flattés de la décider eux-mêmes, que si je me chargeais de ce soin.
Mais que ces Histoires soient feintes ou véritables, il est constant que les Auteurs de ces pièces ne cherchent pas, comme les Historiographes, à faire connaître la vérité, mais ils ne songent qu’à mettre devant les yeux des spectateurs ce qui peut plus agréablement occuper leur esprit, flatter plus doucement leurs sens, et émouvoir plus fortement leurs passions, et ils étudient tellement à cela, qu’ils n’épargnent rien de ce qui peut y contribuer, préférant le plus souvent le mensonge à la vérité.
Où l’on respire un air contagieux, où tous ceux qui y assistent sont ravis de se donner eux-mêmes en spectacle, où tous les sens sont assiégés et ouverts à ce qui les flatte, où les vertus Chrétiennes telles que l’humilité, la modestie, le recueillement passeraient pour ridicules.
Idolatrie, ainsi que j’ai dit, est la mère de tous les jeux, laquelle afin que les Chrétiens fidèles aillent à elle, les amadoue et flatte par le plaisir des yeux et des oreilles.
Avec ses amis et ses égaux on peut être simple et modeste ; on est ici trop mêlé avec le beau monde, pour se renfermer dans la médiocrité de sa fortune et de son état ; on rougirait de la différence, on n’épargne rien pour lutter avec eux, on goûte aisément ce qui flatte, et on se livre au luxe et à la vanité.
Vous avez sur-tout votre portrait, & ceux de votre famille, ressemblants ou flattés, peu importe, dont votre vanité se fait honneur ; mais qui en fait peu à votre modestie, à en juger par l’indécence des parures. […] Ne vous flattez pas ; vos yeux, vos oreilles, votre cœur ont déjà commis le crime.
La piéce fut-elle bien écrite, l’auteur pouvoit il se flatter de plaire par des excès qui n’ont rien que d’affreux ? […] Bergier flatté par ces éloges, & endormi par cette espece de profession de foi, lut la tragédie, il n’y trouva pas la moindre trace d’opposition au Christianisme ; il écrivit au bas son approbation pure & simple, sans exiger aucun changement ; en conséquence la piéce fut jouée, d’abord à Versailles, ensuite à Paris avec applaudissement, ce n’est qu’après la douzieme représentation, qu’elle a été arrêtée, ce n’est pas la seule, qui, sous l’emblême fausse d’une Réligion, ait attaqué la véritable.