Le voyage dans un pays inconnu, ou le Temple de la piété (il fallait dire au temple), livre nouveau, où le sieur Compan tâche d'égayer la piété par de petites aventures, comme le voyage de Jean de Palafox, les romans immenses de l'Evêque du Bellay, d'un Minime d'Avignon, le château de l'âme de Sainte Thérèse ; ce pieux Roman trouvant la piété ennuyeuse, malgré toutes ces aventures, imagine de la faire divertir au théâtre, et lui forme jusque dans son temple la cour la plus singulière ; il lui donne pour favoris Borromée, François de Sales, Corneille et Racine.
fit autrefois l'Empereur Constantin, après qu'il eut fait profession de la Religion Chrétienne ; il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d'opprobre, de mépris et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son Palais, et par ce moyen étant arrachées des lieux où l'on avait accoutumé de leur immoler des Hécatombes, et de les voir avec des sentiments de Religion, et étant mises en d'autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu'elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l'estime dépendait des grâces et des beautés que la main des Artisans leur avait données.
Les Poètes, qui ont souvent caché la vérité sous le voile des fables, ont dit que Vénus, pour se venger des Scythes, qui avaient pillé son temple, et de Philoctète, qui avait tué Pâris, ne fit que leur donner le goût des jeux, de la mollesse et de la volupté : « Vulnera sic Paridis dicitur ulta Venus » (Thucid. […] Le premier théâtre fut donc dans les plaines de Belphégor, et tous nos théâtres ne sont que ses temples, plus artificieusement parés sans doute qu’ils ne l’étaient par la main grossière des Madianites, mais où il est également adoré.
& quelle conuenance du temple de Dieu auec les Idoles ? Quiconque donc des croyans est le temple de Dieu ou desire l’estre, que soigneusement il se garde qu’en ensuyuant les choses vaines & mortes il ne soit le manoir des tenebres & le monumẽt du Diable. […] Pour ceste occasion on te doit du tout interdire la communion du sacrement, car tu ne peux participer à la table du Seigneur & à la table des Demons, ne boire le calice du Seigneur & le calice des Demons, ni ne peux estre le temple de Dieu & le temple du Diable, la lumiere & les tenebres ne peuuent conuenir ensemble , & ce que s’ensuit escrit d’vn stile releué.
Nos peres y protestoient qu’on les trouveroit par tout les premiers pour le service de l’Etat & de l’Empire : sur la terre, sur la mer, dans le commerce de la société, sur les tribunaux, dans les armées ; qu’il n’y a que deux endroits où ils sont profession de ne jamais paroître ; que, quoiqu’on fasse pour les y forcer, on ne les y verra jamais : dans les temples des Idoles & sur les théâtres. Remarquez, mes Freres, continuoit Tertullien : les temples des Idoles & les théâtres, c’est donc pour les Chrétiens presque la même chose ; aussi toutes les fois qu’on vous voit aux spectacles, on vous croit Apostats. […] Autel, Eglise, murs de ce Temple, vous m’en serez témoins !
Denis, à l’enseigne de l’Immortalité, que ses admirables découvertes, dans le grand art de la Coëffure, ont placé dans le temple de mémoire, à côté des hommes les plus célébres des Guerriers, des Philosophes, &c. […] C’est un profane, un sacrilege qu’il faut chasser du Temple des graces, & envoyer coëffer les Actrices du Monomotapa. […] Malgré sa haute sagesse jusqu’à devenir idolâtre, & à bâtir des Temples à leurs Dieux ; il fut imité dans cette extravagante toilette par les Empereurs Romains, très-propres à figurer avec les Pages & les Concubines d’un Prince perdu de débauche.
La capitale que l’Evêque n’habite point, est une paroisse de deux mille habitants, il y a un Curé, deux Vicaires & un Chapitre ; on ne s’attend pas que cette petite Ville ait voulu figurer sur le théatre, aussi ne l’a t-elle point connu depuis qu’elle existe, si ce n’est peut-être quelque vendeur d’orviétan, qui y a dressé ses théatres dans la place, au marché ; mais dans le mois d’octobre 1772, elle a voulu avoir place dans le Temple de Thalie. […] Il est du bon ordre en effet, que Venus,dans son Temple, ait ses Prêtres & ses Prêtresses, & ses adorateurs.
Ces théatres furent détruits par les barbares ; les ruines qui en resterent furent prises dans la suite pour un amphithéatre ou pour quelques temples des dieux. […] Tertulien l’appelle sacrarium Veneris, arx omniun turpitudinum consistorium impudicitiæ , le sanctuaire, le fort, l’asyle, le temple, le sénat de toutes le turpitudes On avoit d’abord pensé que c’étoit l’autel de Diane : mais le théatre n’est point la place d’une déesse qui passoit pour la déesse de la chasteté, ne souffroit auprès d’elle que des personnes chastes.
Racine n’est pas moins hardi que Corneille : il fait tenir cet étrange langage à Hemon, pour retenir Antigone qui vouloit se rendre au Temple afin d’y consulter l’Oracle1, Ils iront bien sans nous consulter les Oracles, Permettez que mon cœur en voyant vos beaux yeux, De l’état de son sort interroge ses Dieux.
Quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent ; elles que leur sexe avait consacrées à la modestie ; dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la vanité, comme « ces sirènes, dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans les temples de la volupté »Is, XIII, 22.
Les Prêtres eux-mêmes, dit l’Ecriture, abandonnèrent le soin du Temple, et négligèrent les sacrifices, pour aller prendre part aux jeux que leur Grand Prêtre faisait représenter sur la place.
Il faut donc s’interdire l’entrée des Temples, si l’on condamne la Comedie en considération des rencontres & des entre-vûes périlleuses. […] Un nouveau Temple s’éleve sur les ruines de l’ancien après le retour des Juifs ; la pureté du culte se soutient, malgré la persécution d’un des Successeurs d’Alexandre : les Machabées chassent ce tyran, reprennent le Sceptre, qu’ils conservent jusqu’à l’usurpation d’Hérode.
» Un jour il demandait au Duc de Montpensier ce qu’il pensait de ces opérase : « Je pense, répondit-il, que Votre Majesté mérite tous les éloges qu’on lui donne, mais je ne puis comprendre comment elle peut souffrir qu’ils soient chantés par une troupe de faquins dans le temple du vice et de la débauche. » Quelle vertu, quelle vérité, quelle fermeté ! […] Son palais était rempli de Comédiens, il en était sans cesse environné jusque dans les rues, dans les temples, dans les cérémonies et les assemblées publiques.
Il fit venir à grands frais des histrions, des musiciens, des danseurs, des Pantomimes, des gladiateurs, des lions, des tigres, pour les faire combattre entre eux & contre les hommes ; sur-tout pour célébrer la dédicace du temple d’Auguste. […] Il rebâtit magnifiquement le temple de Jérusalem ; mais en même tems il bâtit celui de Garisim à Samarie, pour entretenir le schisme. […] Hérode avoit-même eu, quoique faisant profession du Judaisme, l’impiété d’élever un temple à Auguste, d’y établir des prêtres, d’y faire offrir des sacrifices, & célébrer le culte de cet Empereur, comme d’une divinité même. 2°.
Il est vrai que l’embrasement de l’Hôtel-Dieu, l’incendie de la salle de l’Opéra, malheur le plus grand de tous, ne troublerent point leurs jeux : le temple de Thémis n’a pas de plus grands droits. […] Jamais il n’a parlé de danse, & n’a pensé qu’en chantant ses divins cantiques, les lévites dansassent sur les marches du temple. […] On abandonne au culte du veau d’or, aux pagodes des Indes, aux temples de Paphos & de Cythere, aux fétiches des negres, un culte lascif & insensé, bien digne des divinités qu’on y adore.
C’est qu’il prévoyait qu’ils se réjouiraient dans le rétablissement de leur Ville, et de leur Temple ; et que leurs familles nombreuses, leurs abondantes moissons, leur santé, leur longue vie, leurs victoires, qui devaient être les récompenses de leur fidélité à la loi, leur fourniraient continuellement la matière de nouvelles réjouissances. […] Mais s’il faisait réflexion que tous les Chrétiens sont des Prêtres qui conjointement avec Jésus-Christ, le Prêtre éternel et le Souverain Pontife des vrais biens, doivent offrir à Dieu un seul et même sacrifice, qu’ils sont eux-mêmes le temple vivant où Dieu veut habiter, et qu’il n’y a pas un moment dans leur vie qui ne soit pour eux d’un prix infini par la sainteté de leur vocation. […] L’Hôtel des Comédiens n’est pas un Temple, on le sait bien.
C’est l’amour profane que l’on adore, à qui l’on attire des adorateurs en ce Temple funeste de la volupté : combien de victimes sont immolées sur ses autels, à chaque représentation ?
Etoit-il supportable aux yeux des Philosophes Payens que sur la fin de l’empire les théatres fussent bâtis plus superbement que les Temples, & que les jeux du cirque fussent plus brillans que les cérémonies religieuses ? […] A la fin de l’empire en Occident au cinquieme siecle, & en Orient au quinzieme, quand Mahomet II prit Constantinople, il n’y avoit plus ni Temples ni Philosophes Payens ; les théatres de Pompée, de Scaurus, de Marcellus, les plus magnifiques de tous, ne subsistoient plus.
Nous lisons même les Vers qui sont sans passion, tout autrement que ne le croient les Etrangers, Oui, je viens † dans son Temple adorer l’Eternel † Je viens † selon l’usage antique & solemnel † Célébrer avec vous † la fameuse journée Où sur le mont Sina la Loi nous fut donnée † Que les tems sont changés ! † Sitôt que de ce jour La trompette sacrée annonçoit le retour † Du Temple † orné partout de festons magnifiques † Le Peuple saint † en foule innondoit les Portiques † Nous pourrions peut-être accorder à nos Voisins, que leur Vers non rimé, comme imitant le ton de la conversation, doit être celui de leur Poësie Dramatique ; mais pourquoi veulent-ils qu’il puisse être celui de la Poësie Lyrique & Epique ?
Il faut détruire cette idée ; il faut me transporter dans le palais d’Auguste, dans le férail, dans le Temple du peuple de Dieu, dans le camp d’Alexandre.
Les personnes qui cherchent le bonheur au Temple de la gloire, ne comprennent pas le trouble dont vous êtes agitée ; avec une réputation aussi brillante que la vôtre, on devroit être, ce semble, plus tranquille.
Comme j’ai de Racine assuré la Mémoire, Et placé son Génie au Temple de la Gloire, J’offre les mêmes soins aux esprits délicats Qui dans la même Route iront d’un même pas.
C’est la coutume qui les mène au théâtre comme au temple, à la comédie comme au sermon, avec une pareille déférence aux égards, c’est-à-dire, avec une égale indifférence.
Etoit-il supportable, même aux yeux des Philosophes Payens, que sur la fin de l’Empire, les Théâtres fussent bâtis plus superbement que les Temples, & que les Jeux du Cirque fussent plus brillans que les Cérémonies Religieuses ? […] Dans le nombre des Spectateurs, tout est dangereux pour un cœur qui n’est pas formé ; la promenade, les assemblées, les Temples mêmes.
Ceux qui contribuent au culte de Dieu, fruits d’une sainte joie, comme les fêtes de l’Eglise, les Cantiques, les décorations des Temples, les feux de la S. […] Je comprends que les gens de bien qu’on forceroit à y aller, que leur charge obligeroit d’y accompagner le Prince, comme Naaman, par l’avis du Prophète Elisée, accompagnoit le Roi de Syrie son maître au temple des Idoles, pourroient, en détestant ce culte sacrilège, élevant leur cœur à Dieu & l’adorant seul, être excusables & acquérir des mérites en faisant les fonctions de leur charge, de même que plusieurs Vierges Martyres ont remporté de grandes victoires jusque dans les lieux infames où les tyrans les faisoient traîner.
Suivez-le dans le Temple, & admirez comme tous les regards sont fixés sur lui ; sa modestie inspire le recœuillement ; sa piété ranime la ferveur.
Les femmes et les filles y sont parées comme des temples, et il n’y a point d’ornement et d’invention qu’elles n’emploient pour paraître belles, et pour se rendre agréables.
Quelles images plus fortes, plus intéressantes, souvent même sublimes de la perversité de nos mœurs et de nos usages, principalement dans le Temple de Thémis, où la plupart de ses Ministres assoupis sur leurs redoutables Tribunaux, laissent à leurs passions le privilége odieux de mettre les poids dans sa balance, et où le plus grand nombre de ses organes fait un trafic honteux et mercenaire de l’éclat de leur voix et de la subtilité de leurs sophismes, du faux et de la vérité, selon vos propres expressions !
Beaucoup très certainement ignorent que telle est la base des principes qui leur ont été transmis et qui règlent leur conduite ; mais enfin il ne peut y en avoir d’autre, et c’est réellement parce que Charlemagne a proscrit quelques bateleurs du huitième siècle, qu’au dix-neuvième nous refusons d’invoquer la miséricorde divine, dans nos temple, en faveur de ceux qui ont consacré leur vie à charmer nos loisirs, en nous faisant entendre de beaux vers et de grandes leçons !
Le premier de ces deux genres a pour lieu de son action, des Temples, des Palais, des Places publiques, des Campagnes, des Deserts sauvages ; le second va plus loin encore ; l’Océan, les Enfers, & même l’Empyrée ne sont pas un champ trop vaste pour lui. […] Lorsque l’action se passe dans un Temple, il faut qu’on puisse voir des Sacrifices, des Cérémonies religieuses &c. […] Le Théâtre de Polymnie est parmi nous, ce qu’étaient les Temples de Vénus chez les Anciens. […] La Décoration d’une Pièce lyrique, qui représenterait un Temple, un Palais, conviendrait presque toujours aux Tragédies. […] Racine, dans laquelle on mit en action le sacrifice : on y vit le Temple, l’Autel, l’Armée, la Victime, Calchas, & la jeune Eriphile se poignarder.
Le grand Pompée, dit Tertullien, fit bâtir à Rome un Theatre d’une étenduë prodigieuse, & de peur que les Censeurs ne le fissent abattre, il y joignit un Temple de Venus, afin que le respect que l’on auroit pour la Déesse, fît épargner ce monument superbe de sa vanité. […] Souvent les Temples des Idoles ont esté changez en Eglises Chrétiennes, le Démon cédant la place à Jesus-Christ. […] C’est là, que le démon, Prince du monde & Dieu du siecle, est comme dans son palais & dans son temple ; & Tertullien appelle effectivement le théatre, l’Eglise du démon, où se rendent ses adorateurs, par opposition à l’Eglise sainte, où s’assemblent les membres de Jesus-Christ, Ecclesia diaboli.
Les uns continuèrent leurs représentations en l’Hôtel de Bourgogne ; et les autres, du consentement de ceux-ci élevèrent un nouveau théâtre dans une maison nommée l’Hôtel d’Argent au quartier du Marais du Temple. […] Le concours y fut en effet si grand, que les Comédiens qui avaient été réduits encore une fois, faute de spectateurs, au seul Hôtel de Bourgogne, se séparèrent de nouveau, et rétablirent la Troupe du Marais du Temple.
« Un nouveau temple s’élève sur les ruines de l’ancien après le retour des Juifs.
Plus honnêtes que ce qu’on voyait dans les Temples, 88.
il nous répondra en propres termes, que « c’est le temple des DiablesLib. de Spect.
La Sultane du grand Mogol Scah Jean le faisoit baigner dans l’eau rose ; Saladin ayant pris la ville de Jérusalem changea le Temple en mosquée, & pour le purifier à sa manière, il le fit tout laver avec de l’eau rose ; la voûte & le pavé les murailles. […] Aujourd’hui ces jeux sont inconnus, tout est tourné du côté de la volupté ; le théatre a dénaturé les divertissemens, il les a transformé en galanterie : ce sont des danses voluptueuses, de la musique luxurieuse, des décorations licencieuses, des Actrices venales, des Acteurs libertins, des intrigues, des nudités, des parfums, le luxe, le faste, les amusemens publics tous concentrés dans la scène ne sont plus que l’aliment des passions, du champ de Mars, Thalie en a fait un Temple de Venus.
Chez toutes les nations le mélange des hommes & des femmes dans les lieux publics, même dans les Temples, n’est pas souffert. […] Si l’amant d’une de ces femmes déshonorées par le commerce de leurs attraits, au lieu de rougir de son choix, le confioit insolemment au public, en offrant l’image de la courtisanne dans le temple des arts ; s’il avilissoit ces arts mêmes en exigeant d’eux qu’ils éternisassent ces traits par le marbre & le bronze (le portrait, l’estampe, le buste & la médaille de la Clairon) ; s’il donnoit enfin au vice le prix de la vertu, je m’écrirois, qu’êtes-vous devenu, &c.
Il dit que les Poètes de Théâtre ne travaillent pas selon les règles de l’Evangile, et vous soutenez qu’on leur a bâti des Temples, dressé des Autels, et élevé des Statues ; Il faut donc conclure que les poètes ont rendu les peuples idolâtres, et qu’eux-mêmes ont été les Idolesm. […] [NDE] Racine parlait en effet des « statues » et « temples » élevés à la gloire des poètes antiques.
Témoins de ma naissante flamme, de l’Amour asyle charmant, Temple où je reçus le serment qui combloit les vœux de mon ame, rendez, rendez-moi mon amant ; sans lui, dans mon inquiétude, je ne puis plus vivre un moment. […] Pris du Temple de la Gloire, par, &c. auteur de plusieurs comédies. […] l’asyle où je pourrai voir en paix ce que j’aime, sera toujours pour moi le temple de l’Amour.
D’un côté, il ferait face au Temple de Thémis, de l’autre à la Statue du bon Roi ; au lieu de l’entrée de la Place percée vis-à-vis la porte du Palais, il y aurait deux passages suffisans pour l’aller & le retour des voitures, dans les deux angles, & le Théâtre occuperait le milieu : on pourrait élargir, & orner d’un arc à la gloire du Dauphin, l’entrée du côté du Pont-Neuf : on ouvrirait plusieurs portes de côté sur les deux quais, dont celles du milieu seraient pour les carrosses, & la Place aurait quatre grandes issues, outre un nombre d’autres pour les gens-de-pied ; elle serait environnée de trottoirs, pour donner à ces derniers la facilité de faire le tour de la Place, & de se retirer sans danger : le quai des Orfèvres, toujours tranquille, se garnirait de deux files de carrosses, lorsque la Place ne pourrait les contenir tous.
Ce qui est encore déclaré plus expressément dans cet autre passage de l’Ecriture : « Que les Lévites se rendent fidèlement le matin dans le Temple pour bénir Dieu, et pour chanter ses louanges ; et qu’ils s’assemblent encore sur le tard, non seulement au temps de l’oblation des holocaustes, mais encore tous les jours de repos, au commencement de chaque mois, et dans toutes les autres solennités de l’année. » « Levitæ stent mane, ad confidente et canendum Domino, similiterque ad vesperam, tam in oblatione holocaustorum Domino, quam in Sabbatis, et Calendis, et solemnitatibus reliquis. » Paralip.
Délicieux séjour, Olympe des Mortels, Où l’Amour a son Temple, et Vénus ses Autels, Paris, je vous revois ; déjà mon œil découvre La Forêt de Cythère et perce jusqu’au Louvre : Tout fixe mes regards ; d’un côté j’aperçois La Retraite de Mars et le Tombeau des Rois.
Demandez-lui ce que l’on respirait d’enthousiasme au café Procope, en prenant du café pour six blancs ; et de quel œil le Génie qui fréquentait ce temple des Oracles, envisageait ces jeunes hommes, adorateurs assidus de Corneille et de Racine.
Le temps qui a abattu les Statues qu’on leur a élevées à tous, et les Temples mêmes qu’on a élevés à quelques-uns d’eux, n’a pas empêché que leur mémoire ne vînt jusqu’à nous.
Si comme l’on dit, on n’est pas en sûreté dans les Temples, doit-on s’attendre à l’être plus aux spectacles ?Dites, avec saint Cyprien, que si l’on n’est pas en sûreté dans les Temples où le précepte nous rassemble, on l’est donc bien moins dans les spectacles d’où la Religion nous bannit : si nous somme troublés dans des endroits où Dieu est pour nous, ne devons-nous pas être vaincus & terrassés dans ceux où Dieu même est contre nous ? […] Les Temples des Idoles & les théâtres, remarquez bien ceci, continuoit Tertullien : c’est donc pour les Chrétiens presque la même chose. […] Autel, Eglise, murs de ce Temple vous m’en serez témoins ; & vous, innocente Victime qui reposez sur cet Autel, je vous atteste : recevez les sermens & les protestations que je vous fais. […] Si comme l’on dit, on n’est pas en sûreté dans les Temples, doit-on s’attendre à l’être plus aux spectacles ?
Sur la Scène on ne parle que de prison, de chaînes, de captivité ; on ne vit que de soupirs & de larmes ; le Soleil, les astres, les fleurs les plus brillantes fournissent à peine des métaphores assez nobles ; on divinise son objet pour l’adorer, on encense ses Autels, & on s’immole dans son Temple.
Sur la Scène on ne parle que de prison, de chaînes, de captivité ; on ne vit que de soupirs & de larmes ; le Soleil, les astres, les fleurs les plus brillantes fournissent à peine des métaphores assez nobles ; on divinise son objet pour l’adorer, on encense ses Autels, & on s’immole dans son Temple.
quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent, et par tous ceux qu’elles jettent, elles que leur sexe avait consacrées à la modestie, dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la volupté, comme ces sirènes dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans le temple de la volupté ; dont les regards sont mortels, et qui reçoivent de tous côtés, par les applaudissements qu’on leur renvoie, le poison qu’elles répandent par leur chant. » Elles s’immolent à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer.
Les Païens distinguaient les Temples d’avec les Théâtres ; et tout ce qui se disait, et ce qui se faisait dans les Temples, d’avec ce qui se disait, et ce qui se faisait dans les Théâtres ; comme des choses honnêtes, et infâmes. […] Augustin l’objection des Chrétiens sur ce sujet, il y aurait pu remarquer la différence que les Païens mettaient entre les Temples et les Théâtres. […] Or la Théologie civile, qui comprend le culte divin, les Temples, les Sacrifices, les cérémonies, et les mystères, représente ces mêmes fictions honteuses dans les Temples des Dieux, et dans le culte qu’on leur rend. […] , dont vous riez, et dont vous vous moquez dans les Théâtres, sont les mêmes que vous adorez dans les Temples. […] Augustin soutenait au contraire que les Temples n’étaient point plus purs que les Théâtres ; de sorte qu’il est évident que l’Auteur de la Dissertation a pris l’argument de S.
Dans le temple de la fortune, joli conte de M. la Dixmerie, il est dit qu’Aglaé jeune & jolie fille, & fort coquette, mais pauvre, se présente à la fortune & lui demande du bien pour faire briller ses charmes, & la route qu’il faut tenir pour y parvenir. […] A quoi pensez vous, lorsque sans pudeur vous courez, riez, parlez dans nos Temples, interrompant les Fidéles dans leurs priéres, & les Prêtres dans leurs fonctions ?
Garassi, fameux Jésuite, étoit certainement habile homme, homme d’esprit, homme de bien, mais malheureusement d’un caractère bouffon ; son style qui s’en ressentoit, ne respectoit pas toujours les loix austères de la décence, il nous paroit même aujourd’hui plus indécent qu’il n’étoit alors, parce que le langage est devenu plus poli, il donna prise dans divers ouvrages, on lui fit bien des reproches, & on n’avoit pas tort ; le détail nous en estétranger, une accusation qui intéresse le théatre, c’est la prophanation des noms qui n’appartiennent qu’à Dieu, Divinité, Déesse adorable, autel, temple, sacrifice, &c. on les applique aux créatures & aux Dieux du Paganisme ; je suis bien éloigné d’approuver cet abus idolatrique des termes ; j’en ai parlé ailleurs, mais je ne comprends pas que ceux qui ont blâmé en lui cette licence ne se soient pas dit médecins, guérissez-vous vous-même, vous êtes aussi malade que le P. […] Rien ne prouve mieux l’esprit de parti que la fureur des Huguenots à chanter dans leurs Temples de misérables vers qui n’ont ni religion ni bon sens.
Reine de Gnide, belle Venus, venez dans les maisons de Glicere qui vous appelle, vous y trouverez les mêmes odeurs que dans vos Temples : O Venus Regina Gnidi Paphique, sperne dilectum Ciprin, & vocantis thure omnique odore, Gliceræ te decoram transfer in ædem. […] La marche partit à la pointe du jour, & dura toute la journée, des troupes innombrables de gens de toute nation & de tout état, des animaux de toute espèce, de jeunes garçons, de jeunes filles, des Faunes, des Satyres, des Nymphes, des Bacchantes, des danseurs, des danseuses, des Musiciens, des joueurs d’instrumens sur des théatres élevés sur des roues, traînés par des chevaux, qui dansoient, chantoient, jouoient continuellement, & faisoient retentir l’air ; des statues de tous les Dieux & de toutes les Déesses, avec leurs autels, leurs Temples mobiles, leurs Prêtres & Prêtresses, leurs victimes & sacrifices traînés par des lions, des tigres, des éléphans ; des forêts ambulantes, des parterres, des champs, des vignes, des tonneaux immenses comme des foudres d’Allemagne, remplis de vin & de lait, qui dans toute la marche en faisoient couler des fontaines ; des cuisines, des tables mouvantes pour donner à manger ; toute sorte de meubles, d’armes, d’ustenciles, tous les habits d’or ou de soie, tous les effets d’or ou d’argent, on eût dit que c’étoit la marche de la Nation entiere ; son Roi à la tête, qui avec sa Cour & sa Famille la terminoit.
Place-t-on au premier rang, dans le Temple de Mémoire, les machines de l’Opéra, dont le jeu cause une si douce surprise ?
Si bien que comme les Images des Temples sont comme les livres des simples, aussi les représentations leur servent de lecture et leur apprennent diverses Histoires tant saintes que séculières dont ils tirent beaucoup de lumière et d’instruction.
Nos temples aussi peuvent devenir dangereux pour quelques-uns par les nombreuses réunions qui s’y forment ; faut-il pour cela les fermer ?
Le démon, dit Tertullien, ne conduit plus aux Temples des idoles, mais au théâtre et au bal, où l’on voit des statues animées, des idoles vivantes, qui s’étudient par tous les charmes à séduire le cœur, et à le faire apostasier.
D’ailleurs ce serait donner un grand avantage aux libertins, qui pourraient tourner en ridicule, à la Comédie, les mêmes choses qu’ils reçoivent dans les Temples avec une apparente soumission, et par le respect du lieu où elles sont dites, et par la révérence des personnes qui les disentc Mais posons que nos Docteurs abandonnent toutes les matières saintes à la liberté du Théâtre, faisons en sorte que les moins dévots les écoutent avec toute la docilité que peuvent avoir les personnes les plus soumises : il est certain que de la doctrine la plus sainte, des actions les plus Chrétiennes, et des vérités les plus utiles, on fera les Tragédies du monde qui plairont le moins.
Car si cela a lieu, au regard des premiers d’entre eux, comme Tertullien, et saint Cyprien, qui ont vécu durant que les Païens dominaient, on ne le doit pas dire des autres qui ont écrit depuis que Constantin le Grand eût fermé les Temples des Gentils, et aboli leurs impies superstitions. […] Or cela ne fut pas seulement à une fois, ou à deux, mais continua jusques au temps de Pompée le Grand, qui pour garantir son Théâtre de passer par la même rigueur, s’avisa d’en faire un lieu Sacré, et lors de sa dédicace, y ayant assemblé le peuple, ne le qualifia pas un Théâtre, mais lui donna le nom de Temple, et le consacra à Vénus, de sorte que les Censeurs n’y osèrent toucher. […] Aussi ce qui est contenu ès écrits divins est trop grave, pour être proposé par jeu etcy les mystères du Salut doivent être annoncés ès Temples, et non pas échafaudéscz dessus des Théâtres. […] Pour mieux entendre cela, posons ici qu’il y eût quelques menus Ergoteurs qui vinssent à dire, « Nous ne voulons pas qu’on s’assemble en des Temples, mais simplement ès Cimetières, comme faisaient les premiers Chrétiens » ; « Nous ne voulons pas que la Sainte Cène se célèbre de jour, mais que ce soit la nuit, à cause que ce fut au soir que J. C. l’institua » ; « Nous ne voulons pas nous vêtir à la manière ordinaire, et qui est tenue honnête, et bienséante, mais notre dessein est d’aller au Temple avec des habits extravagants et ridicules, ou bien de marcher tout nus, comme nos premiers Parents », selon qu’il y a eu des fols qui ont raisonné ainsi : Il n’y a celui qui sans beaucoup hésiter ne les condamnât.
Mais Mazarin n’avoit pas comme Cathérine, & personne n’a jamais eu une maison toute formée d’Officiers & de Pages pour célébrer les mysteres de Venus, & des Prêtresses occupées à son culte, qui offroient leur ministere aux devots de la Déesse, & portoient à son temple de riches offrandes, & sous le nom de filles d’honneur rendoient à leur Reine des services importans, qui les rendoit si peu dignes de ce beau titre. […] On transporta Cithere au milieu de Paris ; le culte de Venus s’y est invariablement soutenu ; la Salle de l’Opéra est le temple où elle est le plus honnorée. […] Le premier fut en Orient. mais ne passa pas le temple de Delphes, où il fut vaincu, & se donna la mort.
Je pense, répondit-il, que votre majesté mérite tous les éloges qu’on lui donne ; mais je ne puis comprendre comment elle peut souffrir qu’ils soient chantés par une troupe de faquins, dans le temple du vice & de la débauche.
Enfin, s’éleve un vaste édifice, ouvrage d’un habile architecte, M. le Camus, qui, par sa hardiesse & par sa grandeur, si ce n’est par sa régularité, & par sa forme, nous donne au moins quelque idée de ces monumens des Romains, dont, les seules ruines nous étonnent, & par cette raison on leur donne le nom de Colisée ; ouvrage des Romains, reste du superbe amphitéatre de Vespasien, bâti des dépouilles de Jérusalem, & du Temple : (car toutes ces pompeuses folies du monde ne s’élevent que sur les ruines de la Réligion.)
Espérez-vous qu’au jugement Dieu vous dira, Venez, les bénis de mon Père, posséder le royaume éternel, parce que vous avez fréquenté le théatre plus que mon temple, que vous y avez pris les manieres du monde que j’ai maudit, & enivré vos sens des plaisirs que je condamne ?
Augustin contre Varron, qui avait voulu trouver quelque chose de plus grand et de plus respectable dans les Temples, que dans les Vers des Poètes ou sur les Théâtres De Civit[ate]. […] » Les Théâtres étaient donc moins dangereux que les Temples pour ceux qui étaient accoutumés à lire l’Histoire des Dieux, la pudeur y était plus ménagée ; et les Chrétiens devaient être ravis de voir les divinités tournées en ridicule, s’il avait été permis d’aller dans des assemblées de plaisir. […] Les Temples des Idoles étaient fermés et les Eglises étaient ouvertes. […] Histoire des jeux de Théâtre et des autres divertissements comiques soufferts ou condamnés, depuis la démolition des Temples au cinquième siècle, jusqu’au temps de Justinien. IL est constant qu’en 399, les Edits d’Honorius et d’Arcadius firent raser ou fermer presque tous les Temples des faux Dieux.
Plusieurs en vivent, quelques-uns s’y enrichissent, & le Mécene est introduit au Temple de mémoire. Il est vrai que ce n’est pas le Temple de l’immortalité ; la postérité qui n’est pas payée n’étale plus la marchandise, & ne pense plus à l’acheteur ; il survit même souvent à sa gloire.
LE sieur Dorat, qui, au lieu du titre d’Académicien de vingt Académies que se donnent les Ecrivains, se pare de celui d’Ancien Mousquetaire, espece d’Académie grise ou noir fort peu analogue à la Littérature & qui ne donne aucun droit ni au Temple de Memoire, ni à celui de la Religion & de la Vertu. […] Dans un temple charmant que le goût se rappelle, Et dont lui seul étoit le Dieu, L’amour avoit une chapelle Que desservoit ce grand Prétre Chanlieu, Pontife un peu gouteux, mais Célébrant fidele ; Si digne en tout des Prêtresses du lieu, Et cite-moi deux accidens plus tristes Que les dînées d’agriculteur Et les soupés d’économistes.
Quoiqu’il ait vu tomber ses Autels et ses Dieux Profanés par l’horreur d’un désordre odieux ; Quoiqu’il ait vu le sang des enfants et des mères Se confondre en coulant avec celui des pères ; Quoiqu’il voie aujourd’hui ses temples démolis, Sous des débris affreux ses Chefs ensevelis, Les palais renversés, les maisons écrasées, Par la faux des Soldats ses Campagnes rasées, Peut-être qu’il perdrait ce triste souvenir, S’il pouvait se flatter d’un plus doux avenir ; Mais il connaît trop bien que des horreurs nouvelles Lui présagent encore des épreuves cruelles. […] Ceux qui n’y viennent que pour s’y faire voir, que pour y trouver des rendez-vous, que pour donner à l’Assemblée l’attention qu’ils devraient à la Pièce, ceux-là porteraient les mêmes intentions à l’Eglise ; ce n’est donc pas pour eux que le Théâtre est fait, et la scène n’est pas plus responsable que le Temple des abus qui s’y commettent.
Il est vrai que ces pieux personnages qui ont voulu changer les temples et les mosquées en Eglises, ont mis à leur théâtre dévot des conditions qui ne s’observent guère, et qui en écartant le danger affadissent le sel du spectacle. […] C’est bien là qu’on peut dire avec le Duc de Montausier à Louis XIV, qui lui demandait ce qu’il pensait d’un opéra nouveau où on l’avait beaucoup loué : « Je pense dit-il, que Votre Majesté mérite tous ces éloges ; mais je ne puis comprendre qu’elle souffre qu’ils soient chantés par une troupe de faquins, et que l’on célèbre ses vertus dans le temple du vice et de la débauche ».
La corruption du peuple l’ayant emporté sur la resistance des plus sages Magistrats, Pompée se trouvant engagé par une complaisance ambitieuse à bâtir un theatre, fit edifier un temple à Venus au dessus de ce lieu nommé par Tertullien Impudicitiæ consortium, ubi nihil probatur, nisi quod alibi non probatur. […] Pompée craignoit que son nom ne fust noté d’une marque eternelle d’infamie, & il fit construire ce temple afin de consacrer la honte & le crime d’un ouvrage digne de la condamnation de tous les siecles, afin de se mocquer de la discipline par ce titre, & par cette apparence de religion. Il se croyoit à l’abry des censures du ciel & de la terre sous ce voile de pieté ; il s’estimoit à couvert de l’indignation du Ciel sous le sanctuaire d’une Déesse prostituée à tout ce qu’on pouvoir representer d’impur sur le theatre, se garentir des reproches de la terre par le temple d’une Déesse qui authorisoit par sa conduite & par sa complaisance tout ce qu’on pouvoit representer de plus infame dans cet abominable lieu.
Achille dans Iphigenie de Racine, non seulement invective, tonne, menace, mais il court au Temple, arme ses gens, s’arme lui-même empêche le sacrifice : Croyez du moins, croyez que tant que je respire, Les Dieux auront en vain ordonné son trepas. […] Cet esprit acariâtre, à propos de l’éloge de son Curé, répand son fiel sur les Ecclésiastiques : On ne le vit jamais affectant le scrupule, Crier à l’hérétique, au schisme, à l’incrédule, A signaler son nom vainement empressé, Et prompt à déployer un zèle intéressé, Il ne se borne pas à tonner dans le Temple, Et s’il combat le mal, c’est par de bons exemples. […] Clitemnestre n’agit pas ainsi, elle met tout en mouvement, Achille, l’armée &c. elle court au Temple pour sauver Iphigenie : Une mère à vos pieds peut tomber sans rougir ; Elle n’a que vous seul, vous êtes en ces lieux, Son père, son époux, son asyle & ses Dieux.
Julien favorisoit le judaïsme pour combattre le christianisme ; il rappella les juifs dispersés, leur ordonna de rebâtir le temple de Jérusalem, & leur fournit de grandes sommes.
Le temple des chimeres avance un principe de morale absolument faux dans la Réligion chrétienne ; mais qui peut adoucir bien des maux dans la nature & la société. […] Il a fait paroître des temples des armées, des vaisseaux, des débarquemens, des flottes, de chars volans, des apparitions, des spectres ; des danses figurées, &c.
On s’enivroit du gros vin, de Brie ; on s’enivre avec des liqueurs, l’ivresse n’est pas moins dangéreuse : au reste l’Eglise ne condamne pas moins le théatre que la fete de l’âne, on ne doit pas plus s’élever contre ces anathêmes lancés de tous les tems, sur le théatre, que contre les défenses qu’elle fit des prophanations de nos temples. […] On tâcha d’imiter cette magie extravagante, à l’opéra, où l’on représenta un temple de Jupiter, orné de tant de diamans, de cristaux, de miroirs, de plaques, que la lumiere des flambeaux de toute part réfléchie, étoit insoutenable ; tout cela fut fait pour Olivier Cromwel ; on le mit sur un lit de parade, la couronne en tête, le sceptre d’or à la main, quoiqu’il n’eût que la qualité de Protecteur ; il fut d’abord en purgatoire, qu’il n’avoit jamais cru, & ensuite dans le Ciel, dont il ne s’étoit guerre plus embarrassé, non plus que de l’enfer, ainsi que tous ses partisans ; tout cela fut fait par autorité publique, à Londres où l’on se pique d’être philosophe, où l’on étoit depuis long-tems protestant, où l’on brûloit le Pape dans la place publique, sans faire attention que c’est-là une pompe catholique, que Philippe II, dont on imitoit les obseques, avoit été le plus grand ennemi de l’Angleterre ; après toutes ces folies, le cadavre soigneusement embaumé, & suivi de toute la Cour, fut porté dans le tombeau des Rois.
Paîtrie d’orgueil, elle croit faire honneur à Dieu, comme au Prince, de venir parée dans son Temple. […] Est-ce là l’image de Jesus-Christ que nous devons imiter, l’image de Jesus-Christ que nous devons exprimer, le temple du Saint-Esprit que nous devons orner, la bonne odeur de Jesus-Christ que nous devons répandre ?
Maudit soit votre temple ! […] Le débauché Labrax menace de forcer le temple, et commence en effet de le faire : Demade, homme de condition est surpris de cette violence, et promet d’en punir l’auteur : le bruit de cet attentat inouï le fait s’écrier : « Quis homo est tanta confidentia qui Sacerdotem audeat violare ?
LE premier crime dont la comedie est censée coupable, c’est de profaner la sainteté de la Religion ; pour établir ce fait, il faut remonter plus haut, & supposer que le principal dessein du demon ayant été de corrompre le culte de Dieu & la sainteté de la Religion, il a executé son entreprise en introduisant l’idolatrie dans le monde, en se faisant bâtir des temples, dresser des autels, offrir des sacrifices, & rendre les honneurs divins dans les fabuleuses divinités des Gentils : mais voyant que dans la suite des tems l’Evangile avoit rétabli le culte du vray Dieu, qu’il avoit renversé les idoles, banni l’idolatrie & la superstition de tout l’univers ; il a tâché de se consoler de cette perte en substituant les Comediens aux Idolatres, & la comedie au Paganisme, pour s’en faire une espece de religion. […] Car les Payens considerans autrefois les ceremonies de l’Eglise, & le sacrifice des Chrétiens, comme des sacrileges & des abominations, ont été si religieux à les éviter, qu’ils n’ont jamais voulu approcher nos Temples ny nos Autels, crainte d’irriter leurs Dieux, & d’offenser leurs Idoles. […] , le Temple de Venus, d’où d’honnêteté est bannie.
) le culte des temples de Venus & d’Astarté . […] Sans eux, Paris, en serois-tu moins Paris, le séjour des Muses, le temple des Arts, la Mere des Sciences ? […] Placés que je les vois les uns sur les degrés du Temple de la Justice, les autres au fond du Sanctuaire, tous pour entendre les cris des malheureux & essuyer leurs larmes, avec quel empressement n’irois-je pas de tribunaux en tribunaux l’Evangile d’une main, leur présenter de l’autre ce tableau de nos malheurs, s’ils pouvoient leur être inconnus, & si la manœuvre qui en est la source, étoit sourde & secrette !
Voilà ce qui fait assez ordinairement courir du Spectacle au temple de la Divinité qu’on s’est choisie. […] Les violons jouent, George Dandin paroît ; & dans le même lieu où étoit le Temple de Jérusalem, je vois le rendez-vous nocturne d’un jeune homme avec une femme mariée…. […] Toute la Grece, dit Bossuet, étoit pleine de Temples consacrés à ce Dieu, & l’Amour conjugal n’en avoit pas un. […] On sçait que les Héros dont les talens se trouvent relevés par le coloris de la vertu, sont placés au Temple de Mémoire dans un degré supérieur. […] C’est la coutume qui les mene au Théatre, comme au Temple, à la Comédie, comme au Sermon, avec une pareille déférence aux égards, c’est-à-dire, une égale indifférence.
La Scene faisoit voir des Temples ou des Palais, & le sujet ou la Fable comprenoit les amours ou les exploits de quelque Divinité passionnée, ou de quelque illustre Mortel.
Cependant on voit journellement nos comédiens entrer dans nos temples, participer aux exercices de notre religion, faire des aumônes, rendre le pain béni, etc., etc., et continuer, en même temps, d’exercer leur profession ; donc ils ne sont pas excommuniés dénoncés ; car en ce cas, ils devraient être exclus de l’Eglise.
Il est bien vrai que les temples ne sont pas pour la plupart des chrétiens le tabernacle de Dieu avec les hommes, la maison du salut et la porte du ciel ; mais la profanation que les gens du monde font des lieux saints ne justifie pas les spectacles.
qui, au rapport de Tertullien, voyant que les Censeurs Romains avoient fait abattre plusieurs fois les théâtres, parce qu’ils corrompaient les mœurs du peuple, et voulant empêcher qu’ils ne détruisissent celui qu’il avait fait élever dans Rome, y fit dresser un autel qu’il dédia à Vénus, et appela cet édifice, non pas le théâtre, mais le temple de Vénus. « De sorte dit Tertullien, qu’en donnant ce titre spécieux à cet ouvrage, qui ne méritait que d’être condamné, il éluda par cette superstition les règlements que les Censeurs eussent pu faire pour le faire abattre.
Athalie va jusqu’à présenter comme un acte de religion le massacre de la reine aux yeux de son fils, ordonné par le pontife, exécuté par les prêtres à la porte du temple. […] Ne vous extasiez pas de ces riches palais, de ces temples superbes, de ces grandes villes que vous croyez voir.
Tâchez sur-tout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parens, qui s’occupent de l’Education de leurs enfans, vous redoutent étrangement ; que les Personnes, à qui leurs Places prescrivent de la gravité & de la décence, craindroient d’être surpris dans les Temples où l’on débite si pompeusement vos maximes, que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos Prêtres & vos Prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les Loix accordent au dernier des Citoyens.
Ainsi donc, après avoir mis à part, avec l’admiration et tous les égards qui leur sont dûs, l’esprit, le génie et l’art qui brillent dans la satire du Tartufe, et qui ont aveuglé le public sur ses défauts, comme la pompe et les richesses l’aveuglent ordinairement sur ceux des riches, on peut dire que son instruction s’est bornée à donner aux honnêtes gens l’avis qu’on pouvait les tromper sous un masque noir comme sous un masque blanc, ou sous l’habit ecclésiastique comme sous l’habit de laïc ; ce qui ressemble au soin de leur apprendre que les brigands et les voleurs, qui se mettent en embuscade aux coins des édifices profanes, pour surprendre et dépouiller les passants, se cachent aussi derrière les temples, quand ils croient y être plus avantageusement placés ; or, l’on n’attendait pas après une telle révélation ; tout le monde en conviendra ; donc la plus savante, la plus ingénieuse attaque dramatique a été dirigée contre un moulin à vent.
Par ces Ouvrages la Musique devenue la maîtresse de la Poësie, dont elle devroit être l’esclave, après avoir corrompu le Théâtre, est entrée hardiment dans nos Temples, & là, sous le manteau de la Religion, Signorregia, regne en Souveraine.
Outre le Théatre, qui fut toujours son temple, elle avoit un autre Temple fameux, aussi-bien qu’Hercule fondateur de la ville.
La musique dès son institution fut consacrée à servir dans les Temples des Dieux ; une foule de Prêtres célébrait apparemment en chœur le Dieu qu’on adorait : voilà ce qui fit naître la prémière idée du grand Opéra chez les anciens. Lorsqu’on aura voulu établir des fêtes prophanes, ce qui se passait dans les Temples aura conduit naturellement à composer un genre de Spectacle dans lequel des troupes d’hommes chantaient ensemble.
Le temple de tous les démons, c. […] Allez considérer la vaste étendué d’une grande campagne, et ouïr l’agréable concert des oiseaux qui voltigent dans l’air, ou bien allez visiter les temples des Martyrs.
En effet lorsque Pompée le Grand fit élever l’édifice infâme de la Comédie, il fit aussi construire au-dessus de cette salle un petit Temple. […] Il assembla donc le peuple pour en faire une dédicace solennelle ; il le nomma Le Temple de Vénus ; et donna à entendre en même temps qu’il y avait au-dessus du Temple des places préparées pour le divertissement public. […] C’est ainsi que se soutinrent les fondements d’un édifice scandaleux, que le Temple couvrit la honte de la Comédie, et que la discipline du Gouvernement fut jouée par la superstition.
Prélat, de représenter devant le peuple la vénérable Passion de Jesus-Christ, les glorieux combats des Martyrs, les actions édifiantes des saints Personnages ; mais la malice des hommes ayant infecté ces Exercices, de maniere qu’ils sont devenus un sujet de risée & de mépris pour les uns, une pierre de scandale pour les autres ; c’est pourquoi nous avons statué que désormais aucuns des Mystéres de la religion, ni rien de tout ce qui concerne la gloire des Saints, ne soient représentés, soit que le Spectacle se produise en un Temple ou dans une maison profane : on se contentera de narrer les pieux événemens, & de porter les fidéles à imiter, à vénérer, à invoquer ceux dont ils apprendront les vertus & les miracles.
Si un jour de Fête on apprend dans les Eglises, où l'on ne va bien souvent que pour adorer les créatures, qu'il y a de ces divertissements en quelques lieux, l'on méprise le Temple, et l'on court au Théâtre; l'on quitte le Ciel pour aller aux Enfers.
Cette multitude innombrable dont on couronne les actrices, & dont le Mercure a la bonté de faire gémir la presse, ne conduisent pas mieux au temple de la gloire : ce n’est qu’une insipide répétition d’un jargon amoureux qu’on trouve par-tout, auquel le moindre écolier est en état de coudre des rimes. […] Ce poëme est le mêlange le plus indécent du sacré & du profâne ; les anges & les saints s’y trouvent avec les femmes de mauvaise vie, le poëte invoque Saint Michel & sa maîtresse, il passe de l’église au temple de Venus, d’une cérémonie religieuse à une fête galante, d’une maxime de l’évangile à une morale lubrique, du Pape à Mahomet.
Ils ont placé ce buste sur un piédestal dans le Foyer : c’est le Temple de la Gloire & de la Vertu.
Tâchez surtout de nous prouver bien clairement ce dernier point ; car j’observe que les parents qui s’occupent de l’éducation de leurs enfants vous redoutent étrangement ; que les personnes à qui leurs places prescrivent de la gravité, de la décence, craindraient d’être surprises dans les temples où l’on débite si pompeusement vos maximes ; que bien des gens sensés s’y ennuient ; que vos prêtres et vos prêtresses ne jouissent pas encore des droits que les lois accordent au dernier citoyen.
Si la religion se montrait aux mortels sous des traits visibles, ce serait dans nos temples et sur nos autels, ce serait sous des traits graves et majestueux, propres à inspirer la vénération la plus profonde.
Ce n’est pas dans leurs temples et leurs fêtes, on n’y en parle jamais, comme chez les Chrétiens, où l’on prêche la plus pure morale.