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77. (1802) Sur les spectacles « RÉFLEXIONS DE MARMONTEL SUR LE MEME SUJET. » pp. 13-16

Le public comprend trois classes : le bas peuple, dont le goût et l’esprit ne sont point cultivés, et n’ont pas besoin de l’être, mais qui, dans ses mœurs, n’est déjà que trop corrompu et n’a pas besoin de l’être encore par la licence des spectacles ; le monde honnête et poli, qui joint à la décence des mœurs une intelligence épurée et un sentiment délicat des bonnes choses, mais qui lui-même n’a que trop de pente pour des plaisirs avilissants ; l’état mitoyen, plus étendu qu’on ne pense, qui tâche de s’approcher, par vanité, de la classe des honnêtes gens, mais qui est entraîné vers le bas peuple par une pente naturelle.

78. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

Le goût dominant est la volupté, le plus sur moyen de plaire, est d’irriter les mouvemens de la sensualité ; par conséquens de fortifier, d’embellir, de conserver la couleur, la fraîcheur, la délicatesse du teint, c’est à-dire, la carnation naturelle, ce sont les Lys & les Roses, & non les paillettes d’or, qui vont au cœur ; l’or au contraire, au lieu de se fondre & de s’incorporer avec les couleurs naturelles, douces & tendres, tranche, tenir, donne un air rude, un ton livide, annonce la magnificence, mais n’allume point la passion, on le répandra sur les habits, par vanité, jamais sur le coloris par volupté. […] Dans presque toute la terre, les femmes se coëffent en cheveux : c’est la coëffure naturelle ; mais grace à l’inépuisable fécondité de leur vanité, la maniere de se coëffer est infiniment diversifiée. […] Ce genre de folies les favorise encore, parce qu’il entre dans l’ordre des mœurs, & flatte la mollesse & la vanité de ceux qui le voyent, quelle mine plus riche pour le Théatre & ses suppôts ! […] Ce passage des funérailles à la toilette, & de la toilette aux funérailles, en rappellant l’idée de la mort, devroit fournir matiere à bien de réflexions, si la vanité laissoit la liberté de réflechir.

79. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Qui cherche la parure est privé de génie, Il peut faire de vers mais non de poésie ; Qui cherche la parure est privé de beauté         N’étale que la vanité. […] Ces fleurs, si elle vouloit réfléchir, lui donnent de grandes leçons ; leur fragilité, leur peu de durée, image naturelle de la beauté des femmes, lui en fera sentir la vanité : elle doit se dire avec Racine, dans Esther, c’est un oracle pour elles : Je tomberai comme une fleur qui n’a vu qu’une aurore  ; leurs couleurs naturelles, qu’elles n’ont jamais pensé à farder, & qui n’en sont que plus belles, quoiqu’infiniment variées, leur disent que le blanc & le rouge ne parent pas, mais plutôt défigurent ; que cette beauté étant purement superficielle, n’est rien de réel ; objet le plus mince, qui ne passe pas l’épiderme, que la moindre chose efface : biens étrangers, dont jouissent ceux qui les voient, non ceux qui les possedent. Ce n’est que par une réflexion frivole de vanité, qu’on s’approprie ce qu’on ne peut se donner, ni se conserver : Quasi flos egreditur & conteritur, fugit velut umbra. […] Il étoit favori de Néron, parce qu’il étoit complice de ses débauches, soit par une vanité indécente d’un jeune homme qui se vante des faveurs des femmes, soit par une adresse criminelle de courtisan qui veut s’attacher un Prince, en lui donnant des maîtresses de sa main, Oihon vanta si fort la beauté de sa femme, que Néron voulut la voir, en devint amoureux, & la lui enleva, & pour se débarrasser d’un rival dangereux, l’envoya à quatre cent lieues de Rome, Gouverneur du Portugal.

80. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Ces objets n’excitent dans l’ame que des mouvemens doux & tranquilles qui ne portent à aucun péché, & ne favorisent aucune passion, ils invitent même à louer, à aimer, à admirer un Dieu dont ils peignent les perfections, mais les beautés théatrales, vanités des vanités, pompe du monde, attraits de la chair, cette musique efféminée, ces paroles tendres, ces intrigues galantés, ces nudités, ces gestes, ce fard, ce luxe ne viennent que du vice, ne portent qu’au vice, n’entretiennent que les passions les plus criminelles, & ne peuvent que conduire au dernier crime. […] Je sais tout cela ; aussi je ne défends point à une femme de se plaindre, mais je veux qu’elle se plaigne toue bas, que la vanité quoique blessée étouffe sa tendresse ou du moins en ôte l’éclat ; enfin je trouve infiniment mauvais qu’une maîtresse, parce qu’elle est abandonnée, aille faire en face à son Amant de ces reproches qui marquent le besoin qu’elle a encore de lui, & qui selon le procédé du cœur humain, ne servent qu’à assurer l’infidélité de son amant ; savez-vous que ce sont ces belles représentations là qui produisent le peu de respect que les hommes ont pour nous. […] Non quand l’amour les rendroit empressés à nous plaire, la vanité arrêteroit bientôt leurs démarches, & les feroit rougir de leur tendresse ; car quel honneur y a-t-il de triompher des cœurs tels qu’on peint les nôtres ?

81. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

J’ai rassemblé, dit l’Ecclésiaste, tout ce qui peut flatter les sens, je n’y ai trouvé que vanité & affliction d’esprit. […] Ainsi Salomon le disoit de lui-même : Je ne me suis rien refusé, & j’ai été en état de me procurer tous les plaisirs du monde, & je n’ai trouvé par-tout que vanité & affliction d’esprit. […] Combien s’écriera-t-on plus justement que Salomon : Tout n’est que vanité. […] Les applaudissemens & les faveurs flattent à la fois la sensualité & la vanité.

82. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Dites à cette jeune personne que ses parents prennent plaisir d’immoler à tant de vanités, et qui est si contente d’en être la victime ; dites à ce libertin en qui l’esprit du monde et une oisiveté invétérée ont presque éteint l’esprit de Religion ; dites à cette jeune femme qu’un leurre de fortune flatte et éblouit, et qui n’a plus de goût que pour les joies et les fêtes mondaines ; dites-leur que selon saint Chrysostome, il n’y a point de plus dangereux ennemis du salut que ces divertissements nocturnes, ni qui soient moins chrétiens. Dites-leur que le bal est défendu parce qu’il est presque toujours l’écueil de l’innocence, le tombeau de la pudeur, le théâtre de toutes les vanités mondaines, et le triomphe de toutes les passions : que c’est un assemblage de tous les dangers du salut, et un précis vif et piquant de toutes les tentations : que tout y est écueil : que tout y est poison : danses, instruments, objets, entretiens, assemblée, tout y concourt à étouffer les sentiments de piété, à séduire et l’esprit et le cœur : que rien n’est plus opposé que le bal à l’esprit du Christianisme : avec quel mépris serez-vous écouté !

83. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

Celui qui s’applique à considérer que le Seigneur lui est toujours présent, et qui a toujours les yeux intérieurs de son âme arrêtés sur Jésus-Christ, n’a point d’égard aux vanités et aux tromperies du Siècle. Ainsi ce saint Prophète se tournant vers lui, lui fait ces Prières : Détournez mes yeux, afin qu’ils ne regardent point la vanité. […] Le Cirque n’est que vanité, parce qu’il ne sert à rien. […] La course des chevaux n’est que vanité, parce que la vîtesse d’un cheval est un secours trompeur, quand il s’agit de se sauver. […] Le Théâtre, et tous les autres Jeux ne sont que vanité.

84. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Attentif à profiter du goût des hommes pour les vanités du monde, il les leur présente dans des spectacles les plus séduisans, & en triomphe lors même qu’ils se croient à l’abri de ses traits. […] Dans le monde les passions sont séparées ; le théatre les rassemble, les combine, les diversifie toutes à la fois, pour mieux séduire ; objets, modes, vanités, erreurs, tout agit ; c’est un enchantement qui énerve, possede, corrompt toute l’ame.

85. (1705) Pour le Vendredy de la Semaine de la Passion. Sur le petit nombre des Elûs. Troisiéme partie [extrait] [Sermons sur les Evangiles du Carême] pp. 244-263

Ce sera cette femme Chrétienne, qui renfermée dans l’enceinte de son domestique, éleve ses enfans dans la crainte de Dieu, laisse au Seigneur le soin de leur destinée, les aime tous d’une égale tendresse, ne leur marque d’autre place que celle où Dieu les appellera, ne s’abandonne point aux modes de luxe & de vanité, ne se trouve point dans les cercles de railleries & de médisances, ne s’assied point dans la Chaire du mensonge, ne paroît gueres qu’au Temple, & n’y va que pour y prier & y adorer, qui ne suit point les usages, les coûtumes, les maximes du monde, & qui par son rang & ses exemples donne du credit à la vertu. […] Souffrés, mes Freres, que je finisse mon Discours par ces paroles : au sortir de ce Temple vous allés rentrer dans le monde figuré par l’infidelle Babilone : vous y allés voir ces Dieux d’or & d’argent, postés dans les places publiques, devant qui presque tout le monde est prêt de fléchir le genoüil : vous y allés trouver les Idoles vivantes de luxe & de vanité, ces hommes & ces femmes revêtus d’habits riches & pretieux qui brillent par la pompe de leur train, & la magnificence de leur équipage, devant qui tout le monde rampe & se prosterne : vous y allés trouver ces marques d’orgueil dont tous les riches & les grands se parent ; pour inspirer du respect & de la crainte aux petits : ces plaisirs que tout le monde se permet, ces richesses que tout le monde adore, ces voluptés aprés lesquelles tout le monde soupire, ces honneurs & ces dignités que tout le monde brigue, ces usages que tout le monde embrasse ; prenés bien garde de vous laisser entraîner à ces exemples de mondains : ne vous laissés par aller au torrent de la multitude ; & si vous voulés être du petit nombre de ces Israëlites fidelles, dites comme eux dans vôtre cœur : oüi, mon Dieu, il n’y a que vous qu’il faille adorer, te oportet adorari Domine .

86. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE III » pp. 42-76

Mais comme l’Auteur de la Dissertation avait voulu justifier les Jeux du Cirque par Constantin et Théodose ; le sieur de Voisin lui oppose l’autorité de saint Ambroise qui les a condamnés dans deux endroits de ses Ouvrages, premièrement dans son Traité de la Fuite du siècle Chapitre 1. où il dit que le Cirque est une vanité qui ne sert de rien, la vitesse des chevaux n’est que vanité, le Théâtre est vanité.

87. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Par ce motif, dans mes Règlements de Réformation, j’exclus la passion d’amour du Théâtre, excepté les cas où elle est instructive et où elle corrige ; parce que j’ai senti que les hommes sur cet article ont du moins besoin de correction, autant que sur celui de l’avarice, de la vanité, de la jalousie, et de toutes les autres passions.

88. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre IV. Du Conquérant de Sans-souci. » pp. 88-120

Enfin en 1701, ceci n’est pas bien ancien,) la vanité de mon grand pere acheta une couronne. […] Sa grande œconomie avoit amassé des trésors, & sa vanité une armée superbe. […] Je passe pour Auteur : mais c’est une maudite race que celle des beaux esprits, un peuple insupportable pour sa vanité. […] N’ayez pas la vanité de lui faire tête, il vous attrapera toujours.

89. (1691) Nouveaux essais de morale « XIV. » pp. 151-158

J’admirais ce prodigieux aveuglement dans des personnes d’ailleurs si éclairées, et je le regardais comme un triste exemple de la vanité de l’homme, lequel pour se faire un nom dans le monde pour se donner la réputation d’homme d’esprit, s’applique à des choses qu’il n’est permis ni de voir, ni de lire, au moins selon les Pères auxquels je m’en rapporte, et auxquels je crois que nous sommes obligés de nous en rapporter.

90. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IX. Les spectacles nuisent au bonheur et à la stabilité des gouvernements. » pp. 96-101

Leurs folies et leurs maux sont encore aggravés et multipliés par le luxe, la vanité, la passion du plaisir.

91. (1677) L’Octavius « Paragraphes XXXVI-XXXVIII du texte latin » pp. 159-171

Tu te glorifies dans ta pourpre et tes dignités, mais ta vanité est injuste, et c’est un faible ornement que ton écarlate, si tu as l’âme souillée.

92. (1647) Traité des théâtres pp. -

Il est généralement connu, que la profession que nous disons suivre, défend cette vanité, les Règlements de notre Discipline y sont exprès, les Pasteurs les inculquent, On reprend ceux qui s’y adonnent. […] bx , qui a vécu sous Théodose le Grand, en a parlé ainsi à ses auditeurs. « Celui qui est en Christ comment peut-il se donner à ces vanités du monde, lesquelles J. […] C. étaient compris leurs Théâtres et Spectacles ; de quoi il ne faut point d’autre preuve que la pratique des Chrétiens d’alors, qui en vertu de ces défenses, renonçaient absolument à ces vanités, ainsi que nous l’avons vu au chapitre septième. […] Dieu veut qu’ils soient publiés par ceux qu’il s’est consacrés pour être sa bouche, et non pas qu’on les oie de ces autres impures, que Satan loue, pour dire des vanités, ou des saletés. […] « Vous ne devez, point, vous qui êtes enfants de l’Eglise, vous dépraver par la vanité des spectacles ».

93. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Quelque bon et modéré que soit l'usage que les hommes peuvent faire des Spectacles, selon leur dignité, selon leur âge, ou même selon la condition de leur nature, néanmoins leur esprit n'est point si insensible qu'il ne soit agité de quelque passion secrète: nul ne reçoit de plaisir sans affection; et il n'y a point d'affection qui ne soit accompagnée de ces circonstances, qui l'excitent: Que si quelqu'un assiste à la Comédie sans affection et sans plaisir, il ne laisse pas d'être coupable du péché de vanité, allant en un lieu où il ne profite de rien; Or j'estime que la vanité ou l'occupation en des choses inutiles est un péché dont nous devons nous éloigner: Mais d'ailleurs celui qui assiste à la Comédie, ne se condamne-t-il pas lui-même, puis qu'en ce qu'il ne voudrait pas être semblable à ces Acteurs, il confesse qu'il les déteste: Quant à nous, il ne nous suffit pas de ne commettre rien de semblable; mais nous sommes encore obligés de ne point favoriser de notre consentement, et de notre approbation ceux qui commettent ces crimes: si vous voyez un larron, dit le Roi Prophète, Ps. 49. v. 18.

94. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — [Introduction] » pp. 2-6

Moliere travailloit avec beaucoup de difficulté ; mais il n’étoit pas fâché qu’on crût qu’il travailloit facilement les pieces qu’il dit dans sa préface avoir fait en quinze jours de temps, reposoient depuis plus d’un an dans son porte-feuille : la vanité & le mensonge sont l’air qu’on respire au Théatre.

95. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 97-128

Nous avons parlé ailleurs du Pape Leon X, des Médicis, par rapport à la comédie, ces noms fameux par des richesses immenses, acquises dans le commerce, a été célébré par tous les litérateurs, parce que cette famille opulente par une libéralité jusqu’alors inconnue, fesoit des pensions aux gens de lettres, moins à la vérité pour amour pour les sciences, ils n’ont rien écrit, ils n’étoient pas savant, par que magnificence & par vanité ; elle est encore plus fameuse par les statues, les tableaux infâmes dont elle a rempli ses palais, la ville de Florence & toutes les écoles de peinture & de sculpture ; par les maux que deux Papes de ce nom ont fait à l’Eglise, & deux Reines, sur-tout la premiere, ont fait à la France. […] Il n’étoit étranger dans aucune des sciences, & des arts : c’est là l’expression fastueuse d’une vanité litteraire. […] Jamais on ne vît un plus grand exemple, que le courage n’est point incompatible avec la molesse, du moins une fois, pour une action, par vanité : tout le monde en est capable. […] Qu’on ouvre les histoires, il n’en est point où ces sobriquets ne se trouvent à tout moment, ils sont communs à la Cour comme chez le peuple, & ne signifient pas grand chose, ainsi que les statues, les médailles, les inscriptions, les dédicaces des livres, les piéces de poësies, monumens de la bassesse des uns, & de la vanité des autres, ne prouvent pas plus pour le mérite superieur des uns, que le silence pour la médiocrité des autres ; il y a incomparablement plus des grands hommes qui ont mérité des titres, sans en avoir obtenu, qu’il n’y en a qui en ont obtenu sans l’avoir mérité.

96. (1687) Instruction chrétienne pour l’éducation des filles « CHAPITRE XIII. Des jeux, des spectacles, et des bals, qui sont défendus aux Filles Chrétiennes. » pp. 274-320

Ainsi ceux qui aiment les jeux, le bal, la comédie, et qui suivent le luxe et les vanités du siècle, ne veulent point entendre traiter chrétiennement ces matières, afin de pécher plus librement et sans inquiétude, et comme leur goût est dépravé, ils trouvent de l’amertume dans les viandes les plus douces. […] L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi. […] Ils y voient un spectacle, qui flatte tous les sens, qui remplit leur esprit de vanités, qui amollit leur cœur par le son ravissant des violons et des instruments, qui flattent les oreilles, et qui charment et enlèvent l’âme par une douce et agréable violence.

97. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

Vous diriez qu’il a ramassé dans un même lieu tout ce qui peut donner entrée aux plaisirs sensuels ; l’oreille y est charmée par les concerts ; les yeux par-tout ce que le luxe & la vanité peuvent étaler de plus agréable. […] Ceux qui aiment le bal, les jeux, la comédie, les spectacles, & qui suivent le luxe & les vanités du siécle, ne veulent point entendre traiter chrétiennement ces matieres, afin de pécher plus librement & sans inquiétude. […] Ils ont excité mon indignation & ma colere par leurs vanités. […] Bienheureux est l’homme qui ne s’est point arrêté à regarder les vanités & toutes les folies des mondains. […] Que mes yeux, disoit le Prophête, se ferment à la vanité : c’est-là, poursuivoit saint Ambroise, la premiere devise du Chrétien ; & vous, ajoûtoit-il ensuite, refuserez-vous du moins à vos spectacles le nom de vanité ?

98. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [B] » pp. 380-390

La malignité des Poètes, ni celle des Spectateurs ne perdit rien à cette défense ; la ressemblance des masques, des vêtemens, de l’action, designèrent si bien les Personages, qu’on les nommait en les voyant : telle fut la Comédie moyenne ; où le Poète n’ayant plus à craindre le reproche de la personalité, n’en était que plus hardi dans ses insultes ; d’autant plus sûr d’ailleurs d’être applaudi, qu’en repaissant la malice des Spectateurs, par la noirceur des portraits, il ménageait encore à leur vanité le plaisir de deviner les modèles. […] La vanité, qui a pris dans la Bourgeoisie un ton plus haut qu’autrefois, traite de grossier tout ce qui n’a pas l’air du beau-monde.

99. (1574) Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces « Epître de saint Cyprien contre les bateleurs et joueurs de farces. » pp. 423-426

Elle a condamné, dis-je, toutes ces espèces de spectacles, et jeux publics, quand elle a ôté l’Idolatrie mère de tous jeux, dont tous ces monstres de vanité et légèreté sont sortis. […] Et combien que telles choses ne fussent point consacrées aux Simulacres et Idoles, si est-ce que les fidèles Chrétiens ne s’y doivent pas trouver : pource que combien qu’elles n’eussent en soi aucun crime, elles ont toutefois en soi une bien grande vanité et fort mal séante à un Chrétien.

100. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Il châtia la vanité avec moins de succès, et le Bourgeois Gentilhomme n’a corrigé personne ; il faut s’en prendre à la nature rebelle d’une maladie si profondément enracinée dans le cœur des Français : jadis il y eut des Jourdains, nous en avons encore aujourd’hui, et on en trouvera toujours. […] L’intrigue est une suite d’efforts des deux personnages à se tromper, s’intimider, se tuer ; d’où la jeunesse peut retirer d’épouvantables leçons de mensonge, de fourberie, et des maximes qui peuvent justifier le poignard ou le poison dans les rivalités d’amour, de vanité, ou d’intérêt, et enfin pour dernier tableau elle entend un fils maudire sa mère.

101. (1666) De l’éducation chrétienne des enfants « V. AVIS. Touchant les Comédies. » pp. 203-229

encore présente dans son sein : qu’on ne doit pas moins craindre aujourd’hui d’apprendre à pratiquer ce qu’on s’accoutume à voir représenter : et que quand les comédies d’aujourd’hui n’auraient rien de criminel, elles ne laisseraient pas néanmoins d’emporter avec elles une vanité et une inutilité qui est aussi incompatible avec les devoirs des Chrétiens de notre temps, qu’avec ceux des premiers Chrétiens. […]  » Mais supposé qu’il n’y ait rien dans les comédies qui puisse blesser l’innocence des jeunes gens, ni exciter en eux des passions dangereuses : supposé que de trente pièces de théâtre il y en ait une qui ne blesse point ouvertement la pureté, et l’innocence : supposé qu’il n’y ait rien dans les ajustements, dans la nudité, et dans les gestes des Comédiennes, qui blesse la modestie, et qui ne réponde à la pureté et à la piété des vierges qu’elles représentent : supposé que les personnes qui y assistent ne puissent inspirer aux jeunes gens l’esprit du monde et de la vanité qui éclate dans leur manière de s’habiller, dans tous leurs gestes, et dans toutes leurs actions : supposé que tout ce qui se passe dans ces représentations malheureuses ne porte point au mal ; que les paroles, les habits, le marcher, la voix, les chants, les regards, les mouvements du corps, le son des instruments, les sujets mêmes et les intrigues des comédies, enfin que tout n’y soit point plein de poison, et n’y respire point l’impureté : Vous ne devez pourtant pas laisser d’empêcher vos enfants, de s’y trouver ; Hom.

102. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre premier. De la Musique. » pp. 125-183

La plus-part des Empereurs Romains se piquaient d’être Musiciens ; ils chantaient en Public, & tiraient autant de vanité des applaudissemens qu’ils recevaient alors, que des honneurs du triomphe. […] Un peu de vanité pardonnable aux Musiciens. […] Celle qui possède un organe flatteur, en tire bientôt vanité. […] De l’abus & de la vanité des sciences ; ancienne traduction.

103. (1643) Les Morales chrétiennes « Des Théâtres. » pp. 511-519

Leur face nous semble déjà bien sévère, la nature n’appréhende que trop leurs difficultés, sans qu’on leur ôte tout ce qui leur reste de crédit, en faisant voir leurs entreprises, et leurs fins toujours malheureuses : déjà les hommes ne sont que trop portés, à l’ambition, à l’ennui, aux vanités, aux colères, aux vengeances, aux injustices qui cherchent leur propre intérêt dans la ruine des autres, et qui pensent bien acquérir tout ce qu’ils peuvent usurper ?

104. (1772) Sermon sur les spectacles. Pour le Jeudi de la III. Semaine de Caresme [Sermons pour le Carême] « Sermon sur les spectacles » pp. 174-217

Que mes yeux, s’écrioit le Prophete, se ferment à la vanité ! C’est-là, poursuit Saint Amboise, la premiere devise du Chrétien : & vous, mes Freres, ajoutoit-il ensuite, refuserez-vous du moins à vos spectacles le nom de vanité ? […] D’abord, j’en conviendrai, Messieurs, si c’est former l’esprit de le repaître de vanité, de mensonge & de fable, de remplir le cœur de sentiments outrés qui sont de l’héroïsme une chimere, enflent les passions jusqu’à rendre l’homme méconnoissable à l’homme même, & défigurent jusqu’à travestir en romans toute l’Histoire ; & je défie que personne méconnoisse le théâtre le plus châtié à ces traits.

105. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. La Rosiere de Salenci. » pp. 10-37

Grossier anachronisme enfanté par la vanité & la frivolité du siecle, qui croit honorer les saints & s’honorer lui-même, par des distinctions chimériques dont il se repaît. […] Monseigneur dit la vérité, Je le sens aussi par moi-même ; Je me parois par vanité, Aujourd’hui c’est pour ce que j’aime. […] Il ne faut pas devenir le tyran des enfans, par un excès de rigueur : mais en général la legereté, la facilité, l’amour du plaisir, la vanité, sur-tout dans le sexe rendent absolument nécessaire la vigilance des parens & des maîtres, la suite du danger, l’éloignement des moindres libertés, si on veut conserver le trésor de l’innocence.

106. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre IV. Suite d’Anecdotes Ecclésiastiques. » pp. 106-132

Vous, qui, quand vous seriez chastes avec les hommes, ne l’êtes jamais avec vous-mêmes, êtes éprises d’amour pour votre beauté, ou naturelle, ou artificielle, qui pointes & enluminées comme des idoles par vos propres mains, vous offrez aux regards d’une foule d’insensés adorateurs, qui ne vous regardent qu’avec des yeux lascifs, & dont les crimes sont comptes pour autant de conquêtes & de triomphes dont vous repaissez votre passion & votre vanité. […] Nous pourrions y assister ; mais chacun y portant sa vanité à l’envi, la danse étant une disposition aux mauvaises actions, il faut esquiver de s’y trouver. […] Toutes ces beautés d’emprunt, sous lesquelles vous vous cachez, décelent votre besoin, votre misere & votre vanité.

107. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre XI. Du jeu des Acteurs. » pp. 345-354

Ce que je dis ici n’est point pour enorgueillir les Comédiens ; la plus-part d’entr’eux n’ont déjà que trop de vanité.

108. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre V. De la Parodie. » pp. 78-89

serait-elle établie éxprès pour modérer la vanité d’un Poète qu’on applaudit ; de même que les Romains chargeaient un homme d’injurier les Hèros qu’ils honoraient du triomphe, afin de leur rappeller qu’ils ne devaient point trop se livrer à l’orgueil ?

109. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « VIII. Crimes publics et cachés dans la comédie. Dispositions dangereuses et imperceptibles : la concupiscence répandue dans tous les sens.  » pp. 30-40

Quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent ; elles que leur sexe avait consacrées à la modestie ; dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la vanité, comme « ces sirènes, dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans les temples de la volupté »Is, XIII, 22.

110. (1823) Instruction sur les spectacles « Conclusion. » pp. 195-203

Ces grands hommes vous disent qu’on ne peut aller au théâtre sans abjurer sa qualité de chrétien, sans désobéir à l’Eglise, sans se livrer aux vanités et aux pompes auxquelles on a renoncé dans le baptême, et sans se fermer l’entrée du ciel.

111. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Ni le Saint ni le Philosophe ne descendent du trône pour courir le monde en avanturier qui écoute toutes les passions, qui joue toutes sortes de rôles, qui se moque des loix de la décence, ne donne aucune marque de piété, quitta-t-il l’empire du monde, ne grossira jamais la liste des Héros & des Saints ; les éloges dont on comble son libertinage ne peuvent que couvrir de honte ses flatteurs, & la vanité de se faire un mérite d’une démarche forcée, ne peut que couvrir de ridicule celui qui veut prendre l’univers pour dupe. Elisabeth d’Angleterre, qui après quarante ans de comédie venoit par sa mort de quitter la scène, lorsque Christine y monta ; avec tous les défauts de son sexe, une vanité, un luxe, une licence poussée plus loin que ceux de la Suédoise, parce qu’elle étoit plus aimable, plus puissante, plus riche. […] Que cet air de science n’en impose pas, elle n’avoit des Savans à la Cour que par vanité, pour se donner un air & une réputation de sciences ; c’étoient des Officiers pour le département des lettres, comme elle avoit des Officiers de la bouche & de la garde-robe. […] Elle joua la savante & même la Mecène, d’abord utilement par les bienfaits, tandis qu’elle fut Reine ; enfuite par les éloges quand elle n’eut rien à donner, elle avoit la vanité de vouloir imiter François Ier qui fut en France le protecteur des lettres, & n’en fut pas moins libertin ; il est vrai qu’elle apprivoisa un peu les frimats de la Suède avec les sciences, mais leurs progrès furent bien médiocres & de peu de durée.

112. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Ce sont des vanités, dit Tertulien2, des voluptés étrangeres qui retombent sur celui qui les autorise. […] Avec eux descendront dans l’abîme, les sages, selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les Philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’Ouvrage de la Création ; qui blasphément contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, & que le monde est venu par hazard, & s’en retournera de même.

113. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VIII. Dans quelle Nation la Poësie Dramatique Moderne fit-elle les plus heureux progrès ? » pp. 203-230

Les Etrangers en parlent souvent sans les connoître, & les Italiens sont communément plus disposés que les autres, à les mépriser : je ne sais si quelque vanité ne les aveugle pas, & s’ils ne veulent pas s’attribuer sur toutes les autres Nations, cette supériorité dans tous les Arts, que nous ne leur disputons pas dans celui de la Peinture. […] Des Tragédies ainsi conduites & écrites dans ce stile, sont-elles donc capables de confondre notre vanité Poëtique ?

114. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Bienheureux donc est l'homme qui met son espérance dans le nom du Seigneur, et qui n'a nul égard aux vanités, et aux folies trompeuses du siècle. […] pourquoi présente-t-il tant de vanités et d'infâmes plaisirs, qui ne sont que folie, et qu'illusion ; sinon afin de prendre ceux qui l'avaient abandonné, et pour se réjouir d'avoir trouvé ceux qu'il avait perdus ?

115. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Le Comte de Chavagnac & le Marquis de… » pp. 188-216

Elle ne pouvoit s’accoutumer à la magnificence des habits, au caprice des modes, à la vanité des parures : les discours de galanterie la faisoient rougir & la déconcertoient ; en se regardant dans le miroir, il lui sembloit qu’elle étoit une comédienne. […] On prétendoit en tirer une moralité : les six yeux représentent la curiosité des femmes qui veulent tout voir les trois bouches leur caquet, les trois nez leur goût pour le parfum, la fumée leur inconstance, le paon leur vanité, l’épée leurs querelles avec leurs maris. […] On ne connoit dans ces heureux climats ni le luxe dévorant, qui dépouille la nature de tout ce qu’il prodigue à la vanité, ni cette licence d’opinions, qu’on peut appeler ce second luxe de notre siécle le luxe des esprits, parce qu’il marche toujours à la suite du premier, mais encore parce qu’il est le grand abus de la raison, comme l’autre est le grand abus des richesses.

116. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre VI. Dorat. » pp. 141-175

L’ardente vanité se disputoit ses vœux, C’étoit Agamemnon que l’on rendoit heureux : Il conservoit son rang aux pieds de ses maîtresses, Et se donnoit les airs de tromper les Duchesses. […] Avec lui la vanité n’a point de subterfuges, il la poursuit dans son dédale, il se fait jour à travers ce brouillard d’encens dont les grands sont enveloppés, il les apprétie, leur arrache ce masque, & les expose à la risée de l’univers. […] Toutes sont célébres de deux manieres differentes & très-vraies ; les transports, l’yvresse, le délire de l’amour, sont la description de leurs attraits & de leurs faveurs ; les remords, la réflexion, la probité sont le détail de leurs vices & de leurs bassesses, légereté, parjure, infidélité, vanité, friponnerie, sans mœurs, sans religion, sans décence, sans droiture, ranconer les amans, dépouillant les riches, Midas coupant la bourse aux enfans de famille, les rendant prodigues, dissipateurs, libertins, corrompus, les Juges dictant leurs arrêts ; jamais on n’en a dit tant de mal & tant de vérité.

117. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Voilà les désordres dont les Comédies de Moliere ont un peu arrêté le cours ; car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité & choses semblables, je ne crois pas que ce comique leur ait fait beaucoup de mal, & l’on peut même assurer qu’il n’y a rien de plus propre à inspirer la coquetterie, que ces piéces ; parce qu’on y tourne perpétuellement en ridicule les soins que les peres & meres prennent de s’opposer aux engagemens amoureux de leurs enfans.

118. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Ce n’est pas là seulement avoir de l’amour par une surprise d’inclination, c’est aimer son amour, c’est l’agréer, c’est s’y complaire, par un jugement rassis et réfléchi, c’est accroître ses passions par celles des autres ; c’est par la vanité de ces entretiens, nourrir des feux qu’on devait éteindre par des larmes des pénitence.

119. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

La piété devança sa raison, son enfance ne fut occupée qu’à des saints exercices ; la prison de son pere, la fin tragique du Connétable de Montmorenci son oncle la détacherent des vanités du monde. […] Il y avoit depuis long-temps entre elle & la Princesse une jalousie de beauté & de conquête, un intérêt d’ambition & de vanité, qui entretenoient dans leurs cœurs une aigreur extrême. […] La vue du tombeau de son oncle, dont la fin tragique lui avoit fait verser tant de larmes, lui représentoit vivement la vanité du monde, & les exemples de toutes les vertus dans sa veuve touchoient infiniment son cœur. […] Heureux qui, comme elle, a le temps & la grace de réparer des jours malheureux, qui ont été le regne de la vanité & de toutes les passions.

120. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE V. Réforme de Fagan. » pp. 110-128

C’est donc un crime à un Chrétien de ne pas aimer le monde, d’en connoître la vanité ! […] La vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses, la scène, cette prétendue école des mœurs, où l’amour propre ne vient reconnoître que les torts d’autrui, & où les vérités le plus lumineusement présentées n’ont que le stérile mérite de délasser un moment le désœuvrement & la frivolité, sans arriver jamais à corriger le vices, ni à réprimer la manie des faux airs dans tous les genres & le ridicule de tous les rangs.

121. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

L’ordre du collège en souffre, les études sont interrompues, la dissipation s’introduit là où il ne devrait y avoir que du recueillement, et enfin la pompe du théâtre et les déclamations tendres inspirent le goût de la vanité, et viennent à bout d’énerver les mœurs. […] Il flatte peu la vanité ridicule d’un Régent ou d’un Religieux qui court après les applaudissements du public par des traits si peu dignes de lui, arbitrio popularis auræ, en les bornant à quelques Savants, nation peu nombreuse et fort sérieuse.

122. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — TROISIEME PARTIE. Des obstacles qui s’opposent parmi nous à la perfection de la Comédie. » pp. 57-75

La vanité l’empêche de voir que les objets de la nature étant finis, nos pensées le sont aussi, & que ce que nous pensons sur un objet, a pu l’être de même par des milliers d’hommes : cette obstination des Auteurs à ne vouloir marcher sur les traces de personne, produit un très-grand mal, en ce qu’elle empêche que les sujets ne soient traités sous toutes les faces possibles.

123. (1759) Lettre sur la comédie pp. 1-20

Tel est le malheur attaché à la Poésie, cet Art si dangereux, dont l’Histoire est beaucoup plus la liste des fautes célèbres & des regrets tardifs, que celle des succès sans honte & de la gloire sans remords : tel est l’écueil presque inévitable, sur-tout dans les délires de la jeunesse ; on se laisse entraîner à établir des principes qu’on n’a point ; un vers brillant décide d’une maxime hardie, scandaleuse, extravagante : l’idée est téméraire, le trait est impie, n’importe, le vers est heureux, sonore, éblouissant, on ne peut le sacrifier, on ne veut que briller, on parle contre ce qu’on croit, & la vanité des mots l’emporte sur la vérité des choses.

124. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VI. » pp. 98-114

Les Héros de Théâtre sont obligés de prendre les ornemens de la vanité ; n’importe que ce soit des Saints, on les dépouille sur la Scéne, des habits obscurs de l’humilité chrétienne, pour leur faire chausser le cothurne romain : ils doivent s’exprimer avec autant de fierté que les prétendus grands hommes du Paganisme.

125. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien premier. Sentiment du reverend Pere Bourdaloue de la Compagnie de Jesus, touchant les Bals & les Comedies en general. » pp. 8-16

Car c’est vous jouër de Dieu même, mon Frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anathême au demon, comme vous l’avez fait en reçevant sur les Sacrez fonts la grace de Jesus-Christ, & de rechercher maintenant les fausses joïes qu’il vous presente dans une Assemblée ou dans un spectacle de vanité.

126. (1579) Petit fragment catechistic « Que les jeux des théâtres et les danses sont une suite de la science diabolique, opérante par philaphtie et amour de soi-même contraire à la foi opérante par charité, fondement de la Cité de Dieu. » pp. 20-26

« Empêcher convenante provision et remède en tels maux, serait pécher mortellement, et se rendre suspect d’être mauvais Chrétien, et perfide enfant des Païens : cela se pourrait prouver par la sainte écriture et saints Docteurs, qui reprennent telles choses mauvaises et abominables faites les jours des fêtes, comme idolâtries, et maudites vanités : et si quelqu’un dit, que telles choses ne sont que jeu et récréation, écoute une brève réponse, qui est un proverbe commun très véritable et digne d’être observé : il ne se faut jamais jouer à la foi, à l’œil, ni à la renommée.

127. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XX. Spectacles condamnés par les saints Pères et par les saints conciles. » pp. 168-178

Le moindre effet que leur représentation produise est d’amollir le courage pour la vertu, et d’écarter les spectateurs de l’exactitude qu’ils devraient avoir dans les exercices de la piété, de remplir leur esprit de vanités frivoles, et de les livrer à des ris immodérés qui sont si contraires aux lois de la modestie.

128. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. — Comédies à conserver. » pp. 276-294

La sotte vanité d’Armande qui, parce qu’elle est savante regarde avec horreur les liens du mariage, n’en est pas mieux traitée voyant son Amant devenir le mari de sa sœur : et dans le personnage de Trissotin, on trouve de même une belle instruction pour ceux qui ne cherchent que leur intérêt en se mariant.

129. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Vous célébrez les chimeres, elles sont de tous les tems, elles nous sont nécessaires, nous sommes des vieux enfans, les erreurs sont nos lisieres, & les vanités légères nous bercent dans nos vieux ans. […] sur la Tragédie ; de voir, de juger, de sentir, de jouir ; l’un satisfait la curiosité, le désir d’apprendre : l’autre la vanité de prononcer souverainement : le troisieme, l’épreuve des sentimens agréables de toute espece : le quatrieme, la volupté par des regards, des pensées, des goûts. […] Le principe de la Monarchie se corrompt encore plus, lorsqu’il est mis en contradiction avec les honneurs, qu’on peut à la fois être chargé de dignités, pension, faveur, &c. ; est couvert d’infamie, lorsque des ames singuliérement lâches, tirent vanité de la grandeur que paroit avoir leur servitude, & qu’elles croyent que ce qui fait que l’on doit au Prince, fait que l’on ne doit rien à la patrie : Voilà les comédiens infâmes & chargés de présens, bien accueillis & excommuniés.

130. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Belle émulation de vertu, qui vaut bien la vanité, le faste, les hauteurs, les préséances de la noblesse ! […] C’étoit la même Déesse, les mêmes loix, le même culte ; distinction injuste, dictée par la vanité, contraire à l’esprit de la religion, qui jamais ne distingue les états, dont la plupart des Dieux & des Déesses, Bergers, Forgerons, &c. étoient d’une origine tres-roturiere. […] L’un est l’effet de la paresse, l’autre de la vanité : Ornatus et sordes pari modo fugiendi sunt.

131. (1758) Sermon sur les divertissements du monde « SERMON. POUR. LE TROISIEME DIMANCHE. APRÈS PAQUES. Sur les Divertissements du monde. » pp. 52-97

Car c’est vous jouer de Dieu même, mon Frere, écrivoit saint Cyprien, d’avoir dit anathême au démon, comme vous l’avez fait en recevant sur les sacrés fonts la grace de Jesus-Christ, et de rechercher maintenant les fausses joies qu’il vous présente dans une assemblée ou dans un spectacle de vanité. […] Je dis plus : n’est-il pas vrai que par l’usage et l’habitude que vous vous êtes fait de ces lectures, l’esprit du monde s’est peu-à-peu emparé de vous, que vous avez senti celui du christianisme diminuer à proportion et s’affoiblir, que les heureux principes de votre premiere éducation se sont altérés, que vous n’avez plus eu dans la tête que de folles imaginations, que la galanterie, que la vanité ; et que tout le reste, beaucoup plus solide et plus sérieux, vous est devenu insipide, ensuite fatiguant, enfin odieux et insupportable ? […] Concours tumultueux et confuse multitude, qui sert de scene à la vanité et à la mondanité ; s’il y a une beauté humaine à produire et à faire connoître, s’il y a un ornement et une parure à faire briller, n’est-ce pas là qu’on l’étale avec plus d’éclat et plus de pompe ?

132. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE IV. De la Médisance. » pp. 80-99

Jamais la vanité fut-elle mieux flattée ? […] Un amateur en tireroit vanité.

133. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Cirque. » pp. 9-43

On compta dans Rome jusqu’à huit Cirques, dont divers particuliers, soit par Religion, soit par vanité, ornerent la Ville. […] Ainsi la course qui n’estoit qu’un essay de legereté & d’halene, s’est tournée en un defi d’emulation & de vanité, où l’on a employé des chevaux & des chariots, & où l’on s’est plus piqué de magnificence que d’adresse.

134. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre II. De la Comedie. » pp. 163-177

Nous avons veu de nos jours une pareille resolution qui a passé pour exemplaire, & dont le souvenir a plû mesme apres la dedite & la contrevention : mais c’est tousiours beaucoup d’avoir pû la former, & la vanité qui ne nous quite point, ne nous laisse pas souvent cette liberté de reconnoistre, & encor moins d’avoüer nos deffauts.

135. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVI. Des périls auxquels on s’expose en allant au bal. » pp. 97-118

C’est pour cela que David qui avait appris à se défier de soi-même, et à vivre dans une parfaite circonspection, par une expérience qui lui fit sentir pendant toute sa vie une continuelle confusion, et une perpétuelle douleur, disait à Dieu dans un de ses Psaumes, « Seigneur, prenez soin de mes yeux, et empêchez-les de voir la vanité », Ps 118 .

136. (1759) Lettre à M. Gresset pp. 1-16

En vain ai-je essayé de leur démontrer l’inconséquence de leurs raisonnements, et l’impossibilité d’accorder la vanité de l’amour propre, avec un aveu aussi humble et aussi chrétien qui l’écrase et qui l’atterre, qui soule aux pieds des lauriers cueillis, et ceux dont vous êtes encore en état de vous couvrir.

137. (1671) De la connaissance des bons livres « DE LA COMEDIE  » pp. 232-248

DE LA COMEDIEa Toutes ces sortes de Poésies amusent quantité de Gens ; D’autres sont d’avis qu’on ne devrait guère s’occuper ni à en composer ni à en lire : Ils tiennent tout cela pour folie ou pour vanité ; mais c’est une opinion trop chagrine et trop sévère.

138. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre VI [V]. Élizabeth d’Angleterre. » pp. 142-187

Sa Vanité. […] Les unes aiment l’éclat, qui flatte la vanité ; d’autres trouvent un affaisonnement plus piquant dans le secret & le silence. […] C’étoit un objet de sa vanité, pour porter celui qui lui sieroit le mieux. […] Mais comme ses subsides, quoique très-considérables, ne suffisoient pas aux folles dépenses de sa vanité, elle empruntoit à toutes les mains, sous son sein privé, comme particuliere, aux riches Seigneurs de la Cour, qu’elle avoit enrichi par des charges, & ne rendoit rien.

139. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Mêlanges. » pp. 146-197

L’or & l’argent abonderent, mais le luxe courut sur les pas de la richesse (à l’exemple du prince le plus magnifique & le plus libertin), l’ancienne simplicité que l’on traita de rudesse & de grossiereté, disparut On trouva les habitations de ses peres trop étroites & ses possessions trop bornées, on joignit maison à maison, héritage, à héritage, on eut des palais, des jardins magnifiques ; les chevaux défendus par la loi, se multiplierent, & le pays se remplit de chars brillans & de superbes attelages, & les lits d’ivoire mollement garnis remplacerent les couches des anciens ; le bissus, le fin lin, les laines choisies furent employées dans les vêtemens ; l’hyacinthe, l’écarlate, la pourpre en rechausserent l’éclat & le prix ; les filles de Sion, autrefois si modestes, se montrerent dans les rues & dans les places, & y étalerent la richesse de leur parure ; les mantes, les écharpes, les dentelles précieuses, les colliers, les bracelets, les ceintures garnies de pandeloques, les ajustemens, les bijoux de toute espece, & plus encore leurs démarches & leurs regards, tout annonça leur désir de plaire, la vanité & la mollesse ; elles apprirent à relever leur taille par la hauteur de leur coëffure syrienne, ornée de rubans en forme de couronne, les pierreries brillantes dans leurs cheveux frisés, les anneaux à leurs doigts, & l’or à leurs chaussures ; à l’antique frugalité succederent de somptueux repas, où les vins exquis se servoient sans mesure dans des vases précieux, pour la matiere & pour la forme, couronnés de fleurs, parfumés d’essence ; les riches voluptueux les commencerent avec le jour, les prolongerent jusques dans la nuit, au son de la lyre, de la guittare, de la flûte, du tambour ; au son des instrumens ils joignirent la voix des chanteuses, & ils se flatterent d’égaler dans leurs concerts domestiques le goût & la magnificence des rois. […] Elles sera livrée le premier janvier à quiconque de quelque condition, âge ou province du royaume qu’il soit, qui, dans le cours de l’année précédente, aura fait, sans pouvoir être soupçonné d’ambition, de vanité, d’hypocrisie la meilleure action dans l’ordre moral & politique, comme un génereux sacrifice de ses intérêts pour un malheureux, la libération d’un prisonnier pour dettes considérables, le relevement de quelque honnête famille, la dotation de quelques orphelins, l’établissement de quelque communauté, la construction d’un pont nécessaire, un acte extraordinaire de piété filiale, d’union conjugal, de réconciliation, de reconnoissance, &c. […] Même principe de vanité, même envie de tromper, même effet de séduire d’abord un moment, & de déplaire quand il est connu ; quoique les moyens soient différens, les prétextes spécieux, les airs compassés, les expressions recherchés, sont des couleurs empruntées, des artifices pour se couvrir & en imposer. […] Dans l’Eloge du Chancelier de l’Hôpital, par l’abbé Remi, Avocat au Parlement, couronné à l’Académie Françoise & justement condamné par la Sorbonne, on trouve ces mots, p. 10 : Catherine de Médicis, investie par des hordes d’histrions & d’esclaves, qui nous apportoient de l’Italie tous les vices d’une nation dégénérée, toutes les fourberies d’une politique monstrueuse, tous les besoins du luxe, l’art meurtrïer de la finance, la fureur épîdémique du jeu, le goût de la débauche que la nature abhorre, & la lâche audace des empoisonnemens & des assassinats, jusqu’alors inconnus chez un peuple qu’honoroient la bravoure & la loyauté ; Catherine de Médicis, insensible sur les calamités publiques, ne songeant qu’à ses plaisirs, à sa vanité, à son ambition, multiplia les spectacles, ordonna des fêtes, prodigua l’or à ses bouffons, tourmenta ses ministres, se repentit & s’applaudit tour-à-tour d’avoir choisi l’Hôpital pour Chancelier.

140. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE V. Eloge de Moliere. » pp. 154-202

Vainement en feroit-on la tantative ; la vanité des Auteurs, le libertinage & la frivolité des acteurs & des spectateurs auroit bien-tôt détruit cette innocence rustique, & fait rentrer le vice dans son empire. […] Ce n’est pas par ambition ou par vanité, ce sont les sentimens plus nobles & plus purs d’un homme de génie qui se rend justice, & s’estime ce qu’il vaut. […] A l’égard de ces hommes qui doués de quelques avantages frivoles, exigent que le génie renonce aux sentimens de ce qui lui est dû, & s’immole sans relâche à leur vanité : Calcas Platonis fastum, sed alio fastu. Vanité de part & d’autre.

141. (1771) Sermons sur l’Avent pp. 103-172

C’est de son sein maudit que l’on a vû sortir ces monstres de légereté & de vanité : & le démon connoissant qu’elle n’estoit propre toute seule qu’à inspirer de l’horreur, y a mêlé ces sortes de divertissements par une adresse maligne, afin que le plaisir qui accompagneroit les enfants, rendît la mere moins affreuse. […] Le grand Pompée, dit Tertullien, fit bâtir à Rome un Theatre d’une étenduë prodigieuse, & de peur que les Censeurs ne le fissent abattre, il y joignit un Temple de Venus, afin que le respect que l’on auroit pour la Déesse, fît épargner ce monument superbe de sa vanité. […] de détourner nos yeux de la vanité, Eccli.

142. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Vous avez sur-tout votre portrait, & ceux de votre famille, ressemblants ou flattés, peu importe, dont votre vanité se fait honneur ; mais qui en fait peu à votre modestie, à en juger par l’indécence des parures. […] Soit que la mort le prévint, soit que se défiant de lui-même, il ait craint de ne pouvoir l’achever, avec la même perfection ; soit que par vanité il ait voulu prouver à la postérité qu’on ne pouvoit l’égaler, comme en effet aucun Peintre n’a osé entreprendre de le finir. […] C’est, dit-on, pour nous apprendre que la fille la plus sage, fût-elle aussi insensible qu’une statue, s’aprivoise à la fin, & se laisse gagner, que la vanité rend l’homme amoureux de lui-même comme Narcisse, de son ouvrage comme Pigmalion, que l’amour rend aveugle & insensé, & se repaît puérilement de tout.

143. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Ainsi les rangs sont confondus, les familles se ruinent, la jeunesse se remplit de vanité, les arts agréables se multiplient, les arts utiles se négligent, & ce n’est pas au profit de la religion & des mœurs. […] Triste monument de la foiblesse & de la misere humaine, & de la vanité des plaisirs du monde. […]  Dans ce charmant & magique palais   Tous les agrémens ont leurs places,   La coquette y trouve des glaces,   Et la vanité vient exprès   D’un coup d’œil soutire à ses grâces,   Et s’applaudit de ses attraits.

144. (1640) L'année chrétienne « De la nature, nécessité, et utilité des ébats, jeux, et semblables divertissements. » pp. 852-877

Le diable a eu tant de pouvoir sur une Damoiselle, que sa mère voulait retirer de vanités du monde, (èsquelles elle ne se plongeait que trop) et pour cela la menait avec soi au sermon d’un Prédicateur, par la bouche duquel Dieu touchait les cœurs, pour être tout à fait à lui sans aucune réserve : Satan, dis-je, fit tant qu’il lui persuada de se mettre du coton dans les oreilles, avant que le sermon commençât, pour n’entendre aucun mot, qui peut la porter au bien. […] Cette Damoiselle sortait du Sermon toute joyeuse de n’avoir pas eu sujet d’être touchée de la voix du Prédicateur, pour quitter ses vanités ; et ainsi se moquait de sa mère en son cœur, et s’en riait avec ses compagnes : ne vous sera-t-il pas une grande joie, et une récréation toute divine, d’avoir si bien trompé le monde, et Satan qui en est le prince, que vous aurez été comme la rose entre les épines, ou comme les Iles Chélidoines, lesquelles ont une eau très douce, quoique entourée de tous côtés de l’eau salée de la mer : ou comme les mères perles qui dans la mer n’ouvrent jamais leurs coquilles, pour recevoir une goutte de son eau, mais bien de celle de la rosée du Ciel ; c’est triompher du monde, du Diable, et de la chair, que d’en faire ainsi. […] que d’ordinaire ont ceux qui y vont, comme sont la vanité, soit ès habits, soit en la beauté, soit aux rangs ; la sensualité ; les querelles ; les envies.

145. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

Avec eux descendront dans l’abîme les sages selon le monde, la vanité ayant corrompu leurs vertus ; puis les philosophes orgueilleux qui contestent au Tout-Puissant l’ouvrage de la création, qui blasphèment contre la Providence, assurant que les choses d’ici-bas ne dépendent point de Dieu, que le monde est venu par hasard et s’en retournera de même.

146. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

Un peintre appellé, & bien payé, embellit un visage, & les graces empruntées dont on se mocque, ne font que montrer la ridicule vanité de celui qui l’a fait faire, & passe après la mort, de l’appartement chez le fripier. […] Il n’a fait que rassembler ce que la vanité, la douleur, le respect, la coutume mettent à tous momens sous les yeux.

147. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Or ce désir vient de la cupidité que saint Paul dit être la racine de toutes sortes de maux : « Radix malorum omnium cupiditas. » La vanité et le désir d’acquérir de la réputation et le plaisir de paraître sur un Théâtre, et d’avoir accès chez les Grands, peuvent encore être des motifs qui font agir les Comédiens ; mais qui ne voit que rien n’est si peu solide que tout cela. […] Que si le Chrétien négligeant de faire ces choses, demeure dans une oisiveté honteuse ; ou bien, ce qui est encore pis, si au lieu de s’occuper à quelque chose d’honnête et utile, il passe son temps dans les vanités et les folies du siècle ; certainement il vaudrait mieux qu’il travaillât des mains, suivant le conseil de l’Apôtre, pour avoir le moyen d’assister les pauvres de gain de son travail.

148. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

La vanité ne peut souffrir ce qui l’humilie, elle écrase tous ses rivaux ; et comme rien n’est humiliant qu’elle-même, et à même temps qu’elle sacrifie tout pour écarter ces nuages, elle se couvre du voile de la modestie, et s’affuble du manteau de la générosité. […] Et pour terminer par un grand exemple un tableau des contradictions humaines, qu’on ne saurait épuiser, tel le sage Salomon bâtit un Temple au vrai Dieu et un autre à la Déesse Astarte, et au milieu de trois cents femmes et sept cents concubines, prêche la continence dans ses proverbes, la vanité du monde dans son ecclésiaste.

149. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Jamais la vanité des femmes n'a été plus flattée qu'au spectacle : est-il étonnant qu'elles y courent avec transport ? […] Je n'envisage pas ici toutes ces folies du côté de l'impureté, dont elles attisent le feu criminel, mais du côté de la vanité.

150. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre premier. Remarques Littéraires. » pp. 11-51

Il est naturel que la vanité, commune à tous les hommes, soit plus exaltée dans une tête dramatique : la plupart des gens de théatre ont un besoin pressant du succès, leur fortune, leur vie en dépend ; la scène leur donne du pain. […] Je ne parle point de la vanité des actrices : toutes les jolies femmes, & souvent celles qui ne le sont pas, sont de vrais ballons remplis de vent ; à plus forte raison celles qui communément ont plus de races que les autres, qui savent mieux les embellir, les mettre en jour, les faire valoir. Une actrice n’est pas une personne vaine, c’est la vanité elle-même.

151. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Jugez de leur folie par la vanité de leurs discours : il a déjà, dit-on, envoyé la serviette : chacun dit à son voisin, ce que son voisin a vu lui-même. […] Vous ne sauriez, sans injustice, faire l’éloge de ces forces corporelles, qui ne servent qu’à la vanité de celui qui les exerce, ou à l’outrage de celui contre qui il les emploie : moins encore pourriez-vous estimer cette science, que l’oisiveté des Grecs nous a apprise ; de se faire un corps tout neuf, comme pour réformer celui que Dieu nous a fait. […] Ne doutons point qu’ils ne surpassent infiniment tous les plaisirs du cirque, du théâtre, de l'amphithéâtre, du stade, et de tous les autres lieux, que la vanité a consacrés aux spectacles.

152. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Car pour la galanterie criminelle, l’envie, la fourberie, l’avarice, la vanité, & les autres crimes semblables ; il ne faut pas croire, selon l’observation du même Auteur, qu’elles leur ayent fait beaucoup de mal.

153. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre VIII. Des caractères & des Mœurs Tragiques. » pp. 131-152

Quant au but qu’il se propose de plaire, ce n’est que par une complaisance qui tient de l’adulation, que par une sotte vanité qui fait préférer les mœurs de son siécle à ces grands moyens, qui produisent le beau de tous les tems, que les Poëtes ont tout raporté au goût dominant de leur pays.

154. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

Cependant ma vanité n’avait lieu que d’être flatée ; & lorsque ma Conductrice a eu dit ce que j’étais & ce que je desirais, personne n’en a paru fâché ; parce qu’heureusement Mademoiselle *** avait annoncé, que je ne pouvais prendre que ses Rôles : elle me conciliait par-là toutes les femmes.

155. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE I. Abrégé de la Doctrine de l’Ecriture Sainte, des Conciles et des Pères de l’Eglise, touchant la Comédie. » pp. 2-17

Quand même ces choses ne seraient pas consacrées aux idoles, il ne serait pas néanmoins permis aux fidèles Chrétiens, d’en être les acteurs, ni les spectateurs ; et quelques innocentes qu’elles fussent, ce ne serait toujours qu’un dérèglement de vanité, qui ne convient point à ceux qui font profession de Christianisme.

156. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

 15 & 16, de Scribis & Phariseis, met au nombre de leur erreur, leur goût pour la parure ; leur réproche, comme l’Evangile, leurs franges, leurs beaux habits, simbrias philacteria  ; leur affectation à les étaler, dilatant magnificans  ; ornés des bordures ou de broderies qu’il attribue à leur vanité, adulationem & laudem sepectantium  ; il leur réproché d’y ajouter des mantelets de femme, muliebria pallia  ; des galons, crapidis  ; de riches courroies de souliers, ligatis calceamentorum . […] Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.

157. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre V. Suite des Parfums. » pp. 112-137

Ces parfums ne sont pas nécessaires à la santé ; ils ne servent donc qu’à la vanité ou à l’impureté qui sont nos idoles : Crocum mulier ingerit capiti suo, ut in aram quodamque immundo spiritui cremari solet, nisi necessariis celibes adhibeat. […] Tout cela nous apprend la vanité, la briéveté des plaisirs, des sens sur-tout, de l’odorat plus vain, plus court que les autres.

158. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE I. Faut-il permettre aux femmes d’aller à la Comédie ? » pp. 4-29

Leur vanité est flattée des éloges : ici tout les encense, tout est épris de leurs graces, tout retentit de leur mérite. […] N’est-il pas entré de la vanité de publier le fruit de ses conquêtes ?

159. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Indépendamment de la religion & de la pudeur naturelle qui en firent toujours un devoir, la honte d’une telle situation feroit rougir l’humanité, trahiroit la pruderie, alarmeroit la vertu, dégraderoit la dignité, deconcerteroit l’orgueil, les besoins, les infirmités, le travail, la propreté, l’intempérie des saisons, l’aiguillon des insectes, &c. en feroient une nécessité, & la vanité se feroit un intérêt d’en relever l’éclat, & d’en cacher les difformités par la parure ; & que deviendroient alors les minces titres de ceux dont quelques aunes d’étoffe font la grandeur & le mérite ? […] Toute la religion s’élève contre cette indécence ; elle condamne la vanité & la mollesse, défend l’impureté, déteste le scandale, en interdit les occasions ; elle prêche l’humilité, la charité, la mortification ; elle ne veut plaire qu’à Dieu, être la bonne odeur de Notre-Seigneur, & respecter sa présence ; elle méprise la beauté du corps, les pompes du monde, les flatteries du libertinage.

160. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

La vanité de ces femmes, et l’aveuglement de ceux qu’elles ont séduit, ne connaissent aucune borne à leur luxe : « Nulla Mima gemmis, sigillatisve sericis, vestibus auratis aut quas inustas vocant, in quibus alio admixto colore rubeo muricis inardecit. » (L. […] Tout cela est fort incertain et fort peu important ; qui pourrait épuiser ou imaginer les raffinements du luxe et de la vanité des femmes, surtout des Comédiennes ?

161. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre IX. Sentiments de S. Cyprien et de quelques autres Pères. » pp. 175-201

Ce sont les spectacles du théâtre, « pompæ diaboli spectacula theatri », et toutes les autres vanités semblables, dont le Roi David demande à Dieu d’être délivré : Détournez mes yeux, dit-il, afin qu’ils ne voient point la vanité.

162. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XVII. Que les danses sont condamnées dans l’Ecriture, et par les Pères. » pp. 119-141

Ducunt in bonis dies suos, et in puncto ad inferna descendunt. » Ajoutons encore ce passage bien remarquable d’Isaïe : « Parce que les filles de Sion se sont laissées emporter à la vanité, et qu’elles ont marché avec faste et avec cadence ; le Seigneur les rendra chauves, et les couvrira de confusion. » Isa. c. 3.

163. (1777) Des Spectacles « Des Spectacles. » pp. 75-92

Où est-ce que le luxe et la vanité sont inspirées avec plus de force et d’artifice ?

164. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Le théâtre est contraire à ces vœux solennels Qu’un chrétien, en naissant, fait au pied des autelsaz. » « Depuis qu’un Dieu fait homme est venu nous apprendre à mortifier nos sens, à combattre nos passions ; depuis que l’Eglise nous a fait promettre de mourir au monde et à ses pompes, à la chair et à ses désirs, à Satan et à ses œuvres ; depuis que l’Evangile, toujours ouvert et toujours expliqué, ne prêche partout que le renoncement aux joies et aux vanités du siècle, il semble que des chrétiens ne devraient pas attendre, pour se déclarer contre les spectacles, qu’on les y contraignît, mais y renoncer d’eux-mêmes et les condamner hautement.

165. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Qui doutera, par exemple, que la Comédie ne soit condamnée par la prière que David fait à Dieu dans le Psaume 118. lorsqu’il lui dit : « Détournez mes yeux, Seigneur, et empêchez-les de voir des objets de vanité ?  […] n’est-ce pas le théâtre de la vanité même ? […] Mais comment se tirera-t-il encore de tant d’endroits des Epîtres de saint Paul, où cet Apôtre ordonne des choses qui ne sont nullement compatibles avec les charmes et la vanité des Spectacles ? […] Puisqu’il n’y a point d’endroits où le monde étale ses pompes et ses vanités avec plus de soin que sur les Théâtres. […] Quoique l’on exempte d’infamie les jeunes gens que l’on fait déclamer dans les Collèges, on ne voudrait pas pour cela garantir de péché les Professeurs qui font représenter des Pièces avec un appareil qui ressent la vanité des Spectacles mondains ; où l’on fait paraître des garçons habillés en filles, ce qui est condamné par les Lois divines et humaines ; et où l’on fait danser des ballets souvent à grands frais, qui ne peuvent néanmoins jamais servir à former ni l’esprit ni les mœurs des Ecoliers.

166. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

C’est que l’homme réunit en soi des goûts qui paroissent opposés l’un à l’autre, mais qui ne le sont point en effet, parce qu’ils partent du même fonds d’amour propre, & que par des routes différentes, ils tendent également à la même fin, c’est-à-dire, à satisfaire sa vanité. […] Leur vanité les porte donc à imiter encore plus que le plaisir même de l’Imitation. […] Je serois donc bien tenté de croire, que d’un côté le desir d’agir, & de l’autre la foiblesse ou la paresse de notre esprit jointes à sa vanité, ont souvent presque autant de part que les charmes de l’Imitation, au plaisir que nous prenons à tout imiter.

167. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Hoc igitur dico & testificor in Domino, ut jam non ambuletis, sicut & gentes ambulant in vanitate sensûs sui  : Je vous dis avec l’Apôtre, & je vous conjure, mes Frères, par le Seigneur, de laisser toutes ces folies, & de ne plus vivre comme les gentils qui suivent dans leur conduite la vanité de leurs pensées : enchantés des vaines apparences du Monde, ils ne cherchent qu’à remplir le vuide de leur cœur par des objets qui les amusent & les divertissent.

168. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VIII. » pp. 131-157

Dans la supposition que le Théâtre ne seroit pas dédié aux simulacres des faux-Dieux, infecté des cérémonies de la superstition, les fidéles devroient en détourner les yeux : quand même le crime ne s’y produiroit pas avec effronterie, on y remarque une sorte de vanité qui n’est nullement permise aux Chrétiens.

169. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VIII. Anecdotes illustres du Théatre. » pp. 186-214

Le premier de ces éloges n’est qu’une de ces fades & banales galanteries, qu’on dit à toutes les femmes, & qui ne signifient rien ; le second est une vraie ironie, une satyre piquante, de la légereté, de la vanité d’une femme, qui, comme un papillon, voltige sur tout, & veut se faire honneur de tout. […] Cette universalité de goût pour le plaisir, les arts, les sciences ne marque point un vaste & puissant génie, ni même de vrai talent ; c’est tout au plus une femme qui a de l’esprit, aussi n’a-t-elle rien fait d’elle-même ; elle a expliqué Leibnitz & traduit Newton, l’un & l’autre très-superficiellement, Voltaire peut bien lui avoir inspiré cette vanité & cette inconstance ; car je ne sai trop s’il est son maître ou son disciple ; que n’embrasse pas le génie du grand Voltaire, histoire, romans, théologie, philosophie, politique, jurisprudence, grand poëme, petit vers, tragédie, comédie, opéra, cantate, panégyrique, satyre, celle-ci très-abondante, impiété, irréligion, celle-ci presque par-tout, vérité, mensonge, ceux ci inépuisables ; dignité, frivolité, gravité, galanterie, décence, obscénité ; il a autant de pompons, des biribis, de jupons que la Minerve de la France ; le moyen de n’être pas enjoué d’un tel prodige, quand on est aussi frivole que lui ?

170. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre I. Mêlanges Dramatiques. » pp. 8-39

Les unes sont cachées par la vanité de leurs éditeurs, qui déguisent leur emprunt ; les autres défigurées par les copistes mal habiles, qui les chargent de leurs défauts. […] Bossuet l’alla voir dans sa derniere maladie, & l’exhorta à donner des marques de religion, pour détromper le public, qui le soupçonnoit de n’en pas avoir, il répondit froidement : Il est plus à propos que je me taise : on ne parle dans ces derniers momens que par foiblesse ou par vanité.

171. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Les couronnes de fleurs, les parures de la tête, insultent à la couronne d’épines ; la confusion dont on le couvrit en lui ôtant ses habits, condamne la vanité de l’étalage des nôtres. […] La vanité, le désir de plaire, l’estime de soi-même, l’étalage de ses graces, des habits & des parures, au-dessus même de sa condition, n’est-ce pas de l’orgueil ?

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