La parfaite illusion du théâtre, sans doute, loin de faire trouver ces personnages ridicules, leur donnoit au contraire l’expression de vérité & le charme du prestige, d’autant plus séduisans, qu’ils étoient pris dans la nature. […] Il est ridicule qu’à des assemblées où chacun se rassemble sans se connoître, & en achetant seulement le droit de s’y rendre, des gens qui ne se sont point encore vûs & qui ne se reverront peut-être jamais, se livrent aux transports de la joie, dont la danse est l’expression. […] « Dans le tems où l’impiété est en crédit & va tête levée tandis que la vertu est foulée aux pieds(a) » Le fameux Acteur Baron fut si offensé des termes de l’ordonnance de sa pension(b), qu’il balança pour se décider à l’aller recevoir : Baron disoit qu’un Acteur, pour devenir parfait, devroit être élevé sur les genoux des Reines, expression peu mesurée, mais bien sentie , dit un des Auteurs de l’immense Dictionnaire de l’Encyclopédie. Cette expression ne prouve rien pour l’Acteur, il seroit ridicule de penser qu’il fût possible que l’héritier présomptif d’une couronne n’eût d’autre exercice que l’emploi de Comédien ; mais avec quels applaudissemens, avec quelle satisfaction, avec quels transports de joie les spectateurs verroient des jeunes élèves de l’Ecole Militaire & de S.
Ainsi l’on retranchera des anciennes Pièces laissées au Théâtre, toute action d’improbité ou libre, tout geste formant une image provocante, capable de réveiller trop vivement les passions ; toute expression propre à blesser l’oreille des honnêtes-gens ; toute idée obscène ingénieusement enveloppée. […] Il y a pourtant encore une autre indécence de geste, plus recherchée, plus fine, dont on n’est pas absolument corrigé ; elle consiste à accompagner une expression à double sens, d’un mouvement des yeux, des bras, ou du corps, qui fasse naître dans l’esprit du Spectateur, l’idée nondécente exclusivement à l’autre ; il arrive par-là, qu’une Pièce en apparence fort sagement écrite, très châtiée, devient néanmoins dangereuse à la représentation. […] mais on n’évite pas assez ces fines équivoques, que Regnard crut devoir substituer aux expressions, souvent trop crues, de son Maître. […] Tous les Sujets qui ont quelque talent, veulent embrasser ce genre, comme le plus estimé, le plus facile & le plus lucratif : mais il les abâtardit, les accoutume à n’avoir ni ton à eux, ni l’expression du geste, ni le feu de l’action ; toujours guidés par la Musique, ils ne sentent que par elle ; dès qu’elle cesse de les animer, ils sont de glace. […] Si l’on me demandait ce qui manque à notre Musique d’Opéra ; je dirais que c’est le naturel & l’expression : j’ai toujours remarqué que c’était à l’Acteur ou à l’Actrice que je devais mon émotion : si l’Acteur est mauvais, quoique sa voix soit belle, on ne sent rien.
Grandeur, ainsi que l’illustre Monsieur Pirot, qui l’a vu depuis peu par votre ordre vous en peut rendre témoignage, aussi bien que de la différence d’expression qu’il y a entre la Lettre et mon écrit au sujet des Rituels, que la Lettre semble traiter d’un air qui ne marque pas d’assez grands égards pour des Livres aussi dignes de respect que le sont des Rituels, en parlant de cette manière, certains Rituels, au lieu que je dis simplement dans mon écrit, quelques Rituels : Nonnulla Ritualia aliquarum Diœceseum.
Néanmoins ces espèces sont mortes et trop limitées, pour rendre nos sens et nos esprits satisfaits ; c’est pourquoi les Théâtres entreprennent d’achever, ce qui manque à tous ces arts, et de nous faire voir les choses éloignées, avec des expressions plus vives, qui emportent même quelques avantages sur le naturel.
Docteur, permettez que je cite ici ses propres expressions : ) Equidem arbitror multos ex iis qui ad spectacula discesserant bodie prasentes esse. […] Mais si ce que nous nommons passion est véritablement un crime, il faut avouer que, selon la belle expression de Salvien, sur le théâtre, tout est crime ; parce que tout y tend à autoriser la passion, à insinuer agréablement, à imprimer fortement la passion. […] Et quand il n’y auroit, ajoute Saint Augustin, que la rencontre de l’un & de l’autre sexe, sans parler de ces criminelles afféteries de femmes sans pudeur, qui par leurs airs languissants, leurs voix pénétrantes, leur action empoisonnée ne cherchent, selon l’expression de Saint Basile, qu’à vous percer, vous déchirer des traits des passions qu’elles représentent : sans tout cela, dis-je, quand il n’y auroit que la vue d’un sexe toujours dangereux, qui affecte de venir y montrer une beauté relevée par-tout ce que le faste & le luxe ont imaginé de plus enchanteur : ah !
« Ces bouches, disoit madame de Sevigné, ne sont pas faites pour prêcher la vertu, elles sont trop infectes, trop contagieuses pour ne souiller point la pureté et ternir l’éclat de cette précieuse et délicate qualité de l’ame humaine…. » Quel est l’homme assez lâche pour céder à l’impression de la vertu, lorsqu’elle se montre sous de tels dehors, lorsqu’elle s’annonce par de tels organes ; qui avant de se laisser toucher par des propos emphatiques d’une morale romanesque, ne reconnoîtra point l’illusion de ce fantôme, en jetant, suivant l’expression d’un ancien, un coup d’œil sur la vie et les mœurs des farceurs qui l’annoncent ? […] Que diroit ce philosophe, si reparoissant parmi nous, dans ce siècle paradoxal, il voyoit cette foule impénétrable de tous les âges, sexes, conditions, groupée comme une masse immobile, se repaître dans une espèce de ravissement, d’un spectacle où ce qu’il y a de plus précieux à l’humanité, à la raison, au Christianisme, l’innocence du premier âge est sacrifiée au triomphe de tous les vices ; où l’existence même physique de ces tendres rejettons de notre espèce, je veux dire, les premiers efforts de la croissance, les principes d’une bonne constitution, la liberté et la gaieté du cœur, sont étouffés dans la fange d’une éducation monstrueuse, dans l’exercice et l’expression de tous les désordres qui troublent l’harmonie de la santé ? […] C’est dans les mœurs, dans une éducation dure et sévère, dans une conscience pure et ferme, que germe la valeur et le courage7 ; le meilleur Chrétien, disoit le grand Gustave, est toujours le meilleur soldat ; et le plus mauvais de tous sera toujours celui qui, élevé dans le mépris de tous les devoirs religieux, moraux et civils, a cédé durant la flexibilité des premières années au sentiment des plaisirs sensuels, qui a dû s’en pénétrer, s’en nourrir pour en rendre l’expression avec vérité.
Le texte Hebreu se sert d’une expression singuliere. […] Les heures, les journées, & selon l’expression poëtique, l’année se passe à se parer ; tout le reste est compté pour rien : Dùm comantur, dùm pinguntur annus est. […] Ces expressions & ces idées sont bizarres dans nos mœurs, & je doute qu’une actrice voulut être appelée le pôt au noir, le pôt au rouge, quand même le pot seroit d’or ou d’argent.
Lucien rapportant la même chose se sert de cette expression υπαδειν, qui répond à celle-ci ad manum cantari : le Danseur imitant une Action par ses gestes, se livroit à son enthousiasme, celui qui chantoit les paroles de cet interméde (le Canticum) suivoit dans son Chant les gestes du Danseur, & chantoit ad manum. […] Donat se sert de cette expression, diverbia Histriones pronuntiabant, & les Comédiens sont appellés par Quintilien artifices pronuntiandi. […] On jouoit de la Flutte dans les funérailles ; les Anciens avoient des Fluttes de toute espece, & celles pour les chants tristes, suivant l’expression de Claudien, ferale gemiscunt.
S’ils ne faisoient que corrompre le langage en le remplissant de calambourgs, en augmentant sans cesse le dictionnaire de nos expressions basses ; s’il n’y avoit à déplorer que cette manie des pointes et des jeux de mots, qui a subjugué tous les états sans en excepter les plus distingués ; si les suites de ce vertige se bornoient à un excès d’admiration pour des platitudes, à la décadence de la Tragédie et de la Comédie ; à des innovations malheureuses dans les arts, on plaindroit une nation chez qui tout devient peuple. […] Bientôt ils ne connoissent plus de frein ; ils n’ont plus d’autres galleries, pour me servir de l’expression ordinaire que ces tripots. […] Peu importe que vous soyez tenté encore de m’accuser de tomber dans l’hyperbole, que vous riez de l’expression trop franche ou trop énergique de mon zèle ; je pense qu’en exposant vous-même, vos enfans à périr par des accidens très-possibles, à se gâter l’esprit, le jugement & le goût, à perdre leurs mœurs, à subir toutes les peines et tous les malheurs attachés à une vie déréglée, ce seroit de votre part, monsieur, non-seulement renoncer à la qualité de guide et de pere, mais devenir leur propre corrupteur et leur assassin.
Que l’on s’est accoutumé à regarder tous les gens de Lettres en général comme des Artisans de volupté, & une sorte de Bâteleurs, pardonnez cette expression, uniquement faite pour amuser des hommes désœuvrés. […] L’ame se passionne & devient naturellement éloquente ; les expressions mâles & nerveuses ne manquent point au besoin ; le style prend de la noblesse & de la force sans le secours de l’art.
Le Jurisconsulte Brandebourgeois va plus loin ; il étabit dans tout le chapitre 3, Liv. 2. un principe dont l’autorisation legale est un scandale, que par la copulation charnelle (expression allemande) jointe aux promesses, le mariage est accompli & consommé sans annonce ni bénédiction . […] Cette expression vague de religion renferme le Judaïsme, le Mahométisme, l’Idolatrie, comme les sociétés chrétiennes.
Car notre Poësie, dit-il, qui trop chargée d’ornemens, a communiqué sa maladie à la Musique, est devenue si figurée qu’elle a perdu toute expression naturelle. Voici encore ce qu’en dit Riccoboni dans son Histoire des Théâtres : Notre Musique n’est plus que bizarre ; on a mis le Forcé à la place du Beau simple, & ceux qui admiroient l’expression & la vérité dans notre précédente Musique, ne trouvent dans celle-ci que des singularités & des difficultés.
La question touchant l’Excommunication encourue par le seul fait d’Acteur de la Comédie, sur laquelle il appartient également au Théologien & au Jurisconsulte de donner son avis, (mais qui doit être traitée par l’un ou par l’autre avec autant de sagesse que de lumieres ;) cette Question, disons-nous, est soutenue affirmativement & décidée audacieusement en faveur des Comédiens par la Consultation, fondée uniquement sur les faux principes avancés dans deux Mémoires à consulter, & sur des maximes odieuses, hazardées dans les autres piéces qui la précédent, notamment dans sa Lettre à l’Actrice, conçue en termes les plus outrés & les plus scandaleux : l’uniformité du stile, la répétition fréquente d’expressions singulieres, l’adoption des mêmes idées à sa propre Lettre, font connoître évidemment que le tout est l’Ouvrage du même homme, suivant qu’il en a été convaincu dans la premiere Assemblée.
Il dit que dans sa jeunesse, il avait une passion emportée pour les spectacles du Théâtre, dont les représentations étaient des expressions contagieuses de l'état de son âme.
Chaque fois que les magistrats, qui sont les délégués du prince, feront sentir au clergé, qu’ils ont assez de courage, assez de science, pour exiger qu’il se réforme de lui-même, en me servant des expressions du garde des sceaux de Montholon, lorsqu’il exige la réforme des autres, le clergé deviendra moins ambitieux, se mêlera moins des affaires publiques, et remplira beaucoup mieux les devoirs du sacré ministère.
Il s’écrie ensuite avec indignation : « Croit-on sans dessein à une telle bassesse d’expression ?
J’avertis encore, qu’il ne sera pas déplacé de modifier quelquefois les expressions des saints Peres, par la raison que plusieurs tomberoient à faux, vû la différence de nos spectacles & de ceux contre lesquels ils invectivoient. […] C’est-là que le cœur s’exprimant en mille façons touchantes, on est frappé par des expressions d’autant plus faciles à retenir, qu’une poësie profâne leur prête des charmes corrupteurs. C’est-là, où par des attitudes & des regards plus éloquens que les expressions, on est excité à observer tous les mysteres de l’iniquité, & qu’on apprend à conduire habilement à sa fin toutes les intrigues criminelles ; ensorte que tout ce que la corruption peut inventer pour plaire & séduire, y est comme réduit en art. […] Appellerez-vous honnêtes les expressions libres dont il se sert de temps en temps pour allumer des passions déréglées, ces équivoques grossieres dont il égaie ses discours ? […] Mais si ce que nous nommons passion est un crime, il faut avouer, selon la belle expression de Salvien, que sur le théâtre tout est crime, parce que tout y tend à autoriser la passion, à l’insinuer agréablement, & à l’imprimer fortement dans le cœur.
Page 52 Fontenelle, et après lui Mirabeau, ont dit que certains mots, que certaines expressions hurlaient d’effroi de se trouver ensemble. […] Page 217 M. de Sénancourt regarde comme une bassesse d’expression d’insinuer qu’un évêque, dînant avec des pauvres, serait tout aussi respecté qu’à la table d’un ministre.
Ce style est suranné, ces expressions passent aujourd’hui pour basses, mais il a de l’éloquence, de la force, de la vérité, le livre d’où ce trait est pris a joui de la plus grande réputation, couru de la Cour & de la ville, imprimé plusieurs fois, traduit en toutes les langues vivantes ; on ne le lit plus aujourd’hui. […] Ces expressions qui dans notre langue paroissent tenir du burlesque ; dans le genie de l’Hébreu sont des portraits vifs & énergiques, pris des choses les plus communes, sérieuses & pleines d’images, d’expressions basses, dégoûtantes dans notre langue ; belles & nobles & frappantes dans le style oriental, celui-ci en particulier : quasi combusta facies eorum, facies denigratæ sicut carbonem .
Dans les campagnes, les laboureurs et leurs familles, après l’accomplissement spontané de leurs devoirs envers Dieu, se réunissent sous l’arbre séculaire, seul monument qui s’élève au milieu de leurs toits de chaume ; ils viennent y chercher quelque ombrage contre ce soleil dont ils ont bravé les feux pendant six longues journées ; et là, sous les yeux des anciens, les jeunes femmes et leurs maris, les jeunes garçons et les jeunes filles s’y livrent à des danses rustiques le plus souvent nonchalantes et sans expression, et qui se ressentent de la lassitude de la semaine, ou à des jeux qui rapprochent innocemment les sexes, et préparent les unions que la loi de Dieu a prescrites. […] Les muscles qui prêtent à notre physionomie l’expression de la satisfaction, de la joie, des plaisirs, ne sont-ils pas, au contraire, assez rarement mis en action ? […] Pourquoi, permettez-moi l’expression, les laisserions-nous rouiller ?
Tel ce sacrilège qui dans les expressions de l’amour divin cherchait de quoi faire des déclarations infâmes ; tel ce Peintre scandaleux qui choisit les histoires de Joseph, de Bethsabée, de Suzanne, pour renouveler les horreurs d’Arétin et des Carache ; tel l’impie Hérode, curieux de voir Jésus-Christ, non pour se ranger sous sa loi, mais pour repaître ses yeux de quelque prodige, mais pour s’en jouer et le renvoyer couvert, en dérision, d’une robe blanche : « Sprevit eum cum exercitu tuo. » N’en dis-je pas trop ? […] C’est une autre sorte de sacrilège, selon l’expression de S. […] Serait-ce donc, à plus forte raison, dans l’indécence des nudités, dans l’expression des passions, les fourberies des valets et des soubrettes, qu’on ramasserait de quoi remplir les greniers du Père de famille ?
Celui qui par ses mouvements mesurés et par ses expressions sensibles allume dans le cœur d’un autre le feu criminel dont il est embrasé lui-même, passe-t-il pour chaste dans l’Ordre du Révérend ? […] Une expression ménagée, et un peu de retenue dans la posture agit plus sûrement, et l’Acteur ou l’Actrice par ses manières délicates, et sous ses apparences de pudeur ne manque point de porter le coup mortel. […] A l’égard des expressions de quelques Docteurs, dont le Théologien et les « honnêtes gens » pour lesquels il écrit se plaisent à abuser, il est à remarquer que l’homme n’étant pas capable d’un travail continuel, tous les saints Pères demeurent d’accord qu’il a besoin d’amusements, ou de quelques jeux propres à délasser l’esprit.
Aussi ne doit-on pas s’étonner, si, sentant trop tard la nécessité des beaux Arts, les erreurs de leur esprit s’opposèrent souvent à la distinction exacte qu’ils auraient dû faire des expressions les plus essencielles, les plus vraies & les plus heureuses, d’avec celles qui ne pourraient avoir le même avantage.
On sait que ce genre d’écrire est marqué à un coin différent des autres ; qu’il ne consiste pas, comme l’histoire, par exemple, dans un récit simple et fidèle ; qu’il y faut je ne sais quel brillant qui serve comme de parure au solide, certains tours particuliers soit pour la pensée, soit pour l’expression ; certaines figures qui le caractérisent.
vice ne s’insinue guère en choquant l’honnêteté, mais en prenant son image ; et les mots sales sont plus contraires à la politesse qu’aux bonnes mœurs : voilà pourquoi les expressions sont toujours plus recherchées, et les oreilles plus scrupuleuses dans les pays les plus corrompus.
Ces expressions où l’on emploie les deux sens plus familiers de l’esprit, où la parole est animée de l’exemple, où l’on voit ce qu’elle enseigne seraient extrêmement efficaces pour porter les hommes à la vertu, et les théâtres feraient en cela plus que les prédications, si l’on n’y représentait, comme autrefois, que les choses saintes.
Bien loin d’éviter le crime dont il avoit obtenu l’impunité, l’Arétin s’en rendit complice : il composa seize sonnets qu’il fit graver avec chaque estampe, & où l’obscénité des expressions égale & même surpasse l’impudence du burin ; & il a si bien réussi qu’on ne connoît plus ces estampes sous le nom du peintre ou du graveur, mais uniquement sous le nom d’ Arétin. […] Il s’en faut bien qu’il faille tout croire : jamais homme ne fut plus menteur & plus présomptueux ; la ressemblance du style, des expressions, des traits de satyre, des obscénités, des fautes d’histoire, &c. ne permettent pas d’en douter. […] Le mot détestable, & l’idée qu’il présente, déplaira sans doute aux gens du monde, aux amateurs du théatre, pour qui la licence n’est rien moins qu’un crime, pour qui même elle est un mérite, pourvu qu’on ait soin de la couvrir d’expressions décentes : mais ce n’est pas moi ; c’est l’Abbé de Chaulieu, homme non suspect en matiere de licence, qui pense ainsi de l’Art d’Ovide. […] Pour cette raison, je n’ai été attentif qu’à remarquer son ton de voix, ses gestes, ses expressions pour les imiter.
La tragédie par l’élévation des sentimens, la sublimité des pensées, la majesté du style, l’énergie des expressions, la force des situations, l’harmonie & la véhémence de la déclamation, la pompe du spectacle, tend à augmenter l’activité de notre ame par l’intérêt, & à déterminer cet intérêt en faveur de la vertu. […] Voilà vos expressions. […] Il n’en est aucune qui n’entre dans la composition de leurs ouvrages, animées par le feu du génie elles acquierent cette force d’expression qui nous entraîne & nous subjugue. […] Tout artiste n’étoit peut-être pas affecté des passions, qu’il a représentées, avant que de s’occuper à les peindre ; mais dans le moment qu’il les fait agir, il n’y a que le sentiment qui puisse donner de la force à son expression.
Les cendres d’un homme si rare, qui avoit causé tant de désordres, étoient conservées dans un tombeau de marbre, & les passans étoient par son Epitaphe invités à rendre leurs hommages à un tombeau qui renfermoit, suivant les expressions de Martial, toutes les Graces, tous les Amours, toutes les Voluptés, la douleur & la gloire du Théâtre Romain, & les délices de Rome. […] Il n’est point étonnant que les Romains n’ayent point égalé des graces dont leur Langue n’étoit pas si susceptible que celle des Grecs : mais pourquoi le Romain n’a-t-il pû atteindre à la noblesse de la Tragédie, lui qui en respiroit le caractere, suivant l’expression d’Horace, spirat Tragicum ?
Il se sert de la comparaison des Peintures immodestes dont l’usage est condamné, parce qu’elle ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment ; et il dit que les expressions du Théâtre touchent plus, parce que tout y paraît effectif : les vraies larmes dans les Acteurs en attirent d’aussi véritables dans ceux qui les regardent. […] Pour dire un mot du reproche qu’il fait au Théologien d’avoir falsifié saint Antonin, en ajoutant le mot de Comédie dans un endroit où il est parlé des conversations agréables, et de rendre cet Archevêque protecteur des Comédies, lui qui ne permet pas d’entendre le chant des Femmes, parce qu’il est périlleux, et selon son expression, « Incitativum ad lasciviam ».
Je vous demanderois grace ; Monsieur, sur quelques traits de cette Lettre, qui paroissent sortir des limites du ton épistolaire, si je ne savois, par une longue expérience, que la vérité a toute seule par elle-même le droit de vous intéresser indépendamment de la façon dont on l’exprime, & si d’ailleurs, dans un semblable sujet dont la dignité & l’énergie entraînent l’ame & commandent l’expression, on pouvoit être arrêté un instant par de froides attentions aux régles du style, & aux chétives prétentions de l’esprit.
L’action, selon Aristote1, suit de près le discours, & on se laisse gagner volontiers par les choses dont on aime l’expression : lorsqu’on déteste un événement, on ne prend aucun plaisir à le voir représenter.
Voilà leur morale ; prenez garde, je ne dis que ç’a ésté la Morale d’un de ces grands Hommes, mais de tous : tellement que tous d’un consentement unanime sont convenus de ce point ; qu’ils n’ont eu tous les mêmes expressions.
L’expression latine m’a paru trop forte pour la rendre mot à mot en français : elle aurait certainement choqué les oreilles chastes.
. ; mais persifler ne s’applique qu’à la moquerie, il se prend toujours en mauvaise part, on ne s’y sert pas de siflers, ce n’est pas un siflement proprement dit, ce n’est qu’une expression figurée, qui exclut le vrai siflet : c’est la définition, le vrai caractère du théatre. […] Cette décoration, ce langage, tous tragiques qu’ils sont, n’exciterent ni terreur ni pitié, ni ne firent pleurer personne, jamais, je ne dis pas l’Evangile qui est fort éloigné de cette élégance, mais aucun des Saints Peres, ni Grecs ni Latins, quoique le théatre fût fort en vogue de leur tems, n’ont employé ces expressions prophanes, n’ont eu recours à ces métaphores, ni comparé ses souffrances divines avec les folies & les infamies de la scéne ; mais aujourd’hui on en est si enivré qu’on ne pense, qu’on ne parle, qu’on ne respire que théatre, comme tout l’étoit autrefois du burlesque & des pointes, & l’ Orateur en chaire en seme l’Evangile . […] quelles expressions !
L’Abbé de Monville entre bonnement dans tout ce détail, fait la description de chaque tableau, & se récrie sur sa beauté ; les expressions lui manquent pour varier ses panégyriques. […] Ces expressions, Racine est Racine, Racine est plus que Racine, sentent bien l’enthousiasme, mais la remarque est juste. […] Le Théatre grec & romain l’étoit beaucoup moins ; les expressions qu’on s’y permettoit quelquefois étoient plus grossierement licencieuses ; leur religion, leur langage, leurs mœurs ne connoissoient pas les bornes que la politesse françoise ne permet pas de franchir : mais ce n’étoit que des momens de brutalité ; le fonds de leurs scènes, le cours de leurs drames, leur esprit, leur langage, à travers ses saillies de vice, étoient moins pêtris de corruption que le Théatre françois, qui ne respire autre chose.
Or quelles atteintes mortelles ne doivent pas donner à leur innocence le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les Tragédies, dans les Opéras, & les expressions & les images licentieuses que présentent les Comédies ! […] Ce spectacle si dangereux, qu’il renferme tous les périls, une musique molle, des danses lascives, des expressions passionnées ; enfin tout ce que l’imagination frappée d’une illusion la plus agréable, peut joindre à l’ivresse des sens, lui paroissent des écueils où la modestie & la pudeur sont forcées d’échouer4.
Malgré la force & la beauté de l’expression, la religion, la vertu, la décence frémissent des innombrables blasphêmes répandus dans le Paradis perdu de Milton ; mais enfin ce font des démons qui parlent, c’est leur rôle. […] Ce Moine apostat parle fort mal de la mère de sa maîtresse : Auteur, dit-il, de tous nos maux, tu parle de parens à moi, qui n’adorai jamais, n’idolâtrai que toi (expressions dévotes).
Après avoir vû cette passion si bien depeinte sur le Theatre avec toutes les couleurs de la parole, d’une expression douce, & de la declamation ; cette Fille commence à sortir de la sainte ignorance où elle éroit, & ce que la nature ne lui avoit pas encore appris, des Comediens & des Comediennes le lui apprennent comme les nouveaux maîtres de son prémier malheur, Ce métier apris à une si mechante école est secondé par les inclinations naturelles, & il ne laisse que les idées d’une douce passion ; ces idées lui reviennent souvent, & elles attaquent son innocence : il faut un miracle de la droite du Seigneur pour qu’il ne lui arrivent de grandes chûtes, qui, quoiqu’elles ne se commettent qu’interieurement, déviennent presque incurables, & entrainent la plûpart, qui les font, à la damnation éternelle. […] Car que pourroit-on qualifier du nom d’occasion prochaine, quand on doute, si on doit ténir pour telle « Un concours de diverses choses, qui toutes favorisent la concupiscence, & qui non pas necessairement, mais presque infailliblement font, que plusieurs tombent dans le dereglement. » La passion la plus facile à allumer en est ordinairement la matiere : l’expression en est la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : l’ajustement des Acteurs & des Actrices, n’a rien, qui ne respire, je ne sçai quoi d’impur, par tout ce qui est mol & effeminé.
Que ses expressions étaient vives ! […] Quelle vérité il y avait mis, quelle expression, quelle noblesse, quelle passion !
Enfin, pour nous convaincre que les Poëmes déja au Théatre, ne guident point le Comédien dans le jugement qu’il veut porter de ceux qu’on y présente, il ne faut que refléchir sur l’extrême différence qui se remarque dans les manieres des Auteurs, soit pour les sentimens, soit pour les pensées, soit pour l’expression.
n’oterait-on pas quelque chose à l’expression, à la force du sentiment, si l’on en retranchait une phrase ?
Quelles images plus fortes, plus intéressantes, souvent même sublimes de la perversité de nos mœurs et de nos usages, principalement dans le Temple de Thémis, où la plupart de ses Ministres assoupis sur leurs redoutables Tribunaux, laissent à leurs passions le privilége odieux de mettre les poids dans sa balance, et où le plus grand nombre de ses organes fait un trafic honteux et mercenaire de l’éclat de leur voix et de la subtilité de leurs sophismes, du faux et de la vérité, selon vos propres expressions !
En ce qui est des Poètes Comiques que chacun croit être plus libres ; il n’a pas eu besoin d’en parler de même, pour ce quee si les plus retenus sont condamnés, il n’y a guère d’apparence que les autres se puissent sauver : Mais si on en vient jusques là, et qu’on leur veuille interdire à tous l’expression des passions, qui sont l’esprit mouvant des Comédies, il faut donc dire Adieu au Théâtre : On ne représentera plus de Comédies, et à peine permettra-t-on de les imprimer.
Dans la coterie, elle eut un succès d’enthousiasme & d’ivresse (expression louche). […] Expression ridicule, y a-t-il deux univers ? […] On y a répandu une vivacité, une hardiesse, une audace, des erreurs, des expressions philosophiques, qu’on ne voit point dans les filles, & qui écartent toute idée de séduction, qui ne sont ni de son âge, ni de son sexe, ni de son état. […] Cette mère, si sage, si tendre, si bien instruite, si énergique dans ses expressions, si hardie dans ses jugemens, contente d’avoir insulté son mari, décrié les Religieuses & les Prêtres, après tant de bruit se rend avec le plus de lâcheté, dans le temps où son devoir & son cœur lui font une loi de sauver cette infortunée, & déclare qu’en faisant ses vœux elle fait son devoir, que son père a sur elle un absolu pouvoir.
Toutes les passions sont vives, éloquentes ; elles donnent une expression, une action à tout. […] Né avec un esprit de réflexion (continue cet Auteur) prompt à remarquer les expressions & les mouvemens des passions dans différens états, & à saisir l’homme tel qu’il est, & en habile peintre exposer les plus secrets replis de son cœur. […] Il a beaucoup de négligence dans le style, d’expressions forcées & impropres.
La danseuse, qui n’a autre chose à faire, est toute concentrée dans l’expression de la passion, le goût du crime & la vue de l’objet. […] Elle s’animoit par degrés, on lisoit dans ses expressions une suite de sentimens ; elle étoit tour-à-tour flottante entre la crainte & l’espérance (la belle gradation !).
Oui, Monsieur, & les Piéces de nos grands Maîtres, & le jeu de nos meilleurs Acteurs n’excitent à présent, pour me servir des expressions du célebre Citoyen de Genêve11, que des mouvemens stériles & passagers sur nos esprits & dans nos cœurs. […] Il est un fait hors de doute, & que pourraient, au besoin, constater les Empyriques, qui font aujourd’hui fortune à traiter le mal Amériquain ; c’est qu’on ne pouvait travailler plus utilement pour leur art, fort suspect, qu’en établissant ces Salles du Boulevard, qui sont pour me servir des expressions d’un Agréable, qui avait appris à les connaître à ses propres dépens, les galeries de la sœur aînée d’une cadette déjà assez meurtriere. […] Mais si cette douceur, cette honnêteté tant rebattues, ne sont que des mors vagues, des expressions parasites, qui ne signifient rien à force d’être répétées sans cesse ; si par malheur les mœurs publiques sont corrompues, si les mœurs particulieres sont détestables, les notions du bien & du mal, changées, la Religion tournée en ridicule, la nature traitée de chimere, on n’a plus à chercher la cause de tant de forfaits multipliés, on la reconnaît dans ses effets. […] Ainsi toutes ces expressions si communes aux Théatres, par-dieu ! […] Regnard est bien au-dessous de Moliere pour le naturel, les caracteres & le vis comica, qui naît du contraste des caracteres, mais je le crois son égal, pour le comique d’expression.
Peut-on lui reprocher de certaines expressions irréfléchies, que des ministres, à d’autres époques, ont dû bien regretter d’avoir laissé échapper, tels les mots, jamais, et arbitraire ?
Empruntons les propres expressions de l’orateur même, qui termine ainsi son discours éloquent18. […] Or, quelles atteintes mortelles ne doivent pas donner à leur innocence le nombre infini de maximes empestées qui se débitent dans les tragédies, dans les opéra, et les expressions et les images licencieuses que présentent les comédies ? […] L’expression du chant y est toujours agréable et facile ; et, quoiqu’on en puisse dire, elle paraît si près de la nature, et si conforme à ses lois, que sans effort, sans application, et, pour ainsi dire, malgré soi-même, on le retrouve toujours tracé dans sa mémoire. […] Vrais connaisseurs, ils n’ignorent pas que ce n’est que dans le calme et le repos de l’âme, que le génie peut combiner ses ressources, et développer toutes ses forces pour arriver à son but : et faut-il donc, pour une expression indiscrète, pour un trait échappé dans la chaleur même de l’action, en arrêter l’heureux effet par un scandale public, ou frapper de nullité la défense la plus lumineuse et la plus légitime ? […] Jamais une expression indiscrète, une interruption déplacée n’y décèlent ou la passion ou l’opinion du juge qui s’y montre toujours impassible comme la loi même dont il est l’organe.
On a beau en écarter les termes grossiers, & n’employer que des expressions ingénieuses, ce n’est que le tissu plus délié de la gaze qui fait mieux appercevoir ce qu’elle semble couvrir, & par l’agréable mélange des couleurs variées & bien assorties de la soie dont il est composé, fait regarder plus curieusement & sentir plus vivement ses charmes empoisonnés. […] Convenons que toute cette morale de théatre, toute la prétendue décence de ces babioles galantes, ne sont, selon l’expression de leur père, que de petites simagrées de vertu, une timidité de jeune fille qui cherche à se faire illusion.
N’y eût-il que la bassesse, la monotonie des expressions, la trivialité des idées, un siecle plus façonné a dû les proscrire, comme on a abandonné les vertugadins, les gros canons, les chapeaux pointus, les coëffures à triple étage des femmes. […] Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant.
& d’ailleurs, je ne conseille aux Poètes d’être réservés dans leurs expressions, & dans les images qu’ils mettent dans leurs Drames, qu’après avoir étudié le cœur humain. […] « Non que les mœurs de la plus-part des Spectateurs soient épurées ; il est arrivé, par je ne sçais quelle bisarrerie, que plus il y de corruption dans le cœur, plus on est venu délicat sur les expressions & sur les images »(3).
Voilà ce que la Foi nous apprend, voilà ce qu’elle nous découvre par ses lumières, et qui assurément n’approchent pas de la réalité ; car on manque de pensées et d’expressions pour donner un portait au naturel, et pour faire une peinture vive et parlante de ce divertissement, qui est aussi ridicule qu’il est honteux ; car si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs ; nous appellerions folie ce qu’on nomme gentillesse. […] [NDE] Il s’agit d’une herbe toxique, sans doute l’œnanthe safranée, qui pousse uniquement en Sardaigne et qui fait mourir en contractant les muscles de la bouche, d’où vient l’expression « rire sardonique ».
S’il s’en rapportait plus à son goût et à ses lumières qu’au mauvais jugement de gens qui préfèrent les expressions éblouissantes et les jeux de mots aux pensées les plus solides et aux expressions consacrées à la vérité du sentiment.
Aurélien en priva un autre, quoique son ami, pour avoir dansé aux noces de sa voisine, disant cela être indigne de la gravité de son état de s’être tant rabaissé. » Il serait à souhaiter qu’on fît une nouvelle édition de ce livre unique, devenu rare, en retranchant un petit nombre d’expressions surannées. […] L’uniformité du style, la répétition fréquente d’expressions singulières, l’adoption des mêmes idées, et sa propre lettre, font connaître évidemment que le tout est l’ouvrage du même homme, suivant qu’il en a été convaincu dans la première assemblée, du moins il y a avoué avoir vu et retouché les Mémoires à consulter, et autres pièces, avoir écrit le tout de sa main, et avoir corrigé les épreuves.
Mais il est vrai qu’il vivait familièrement avec Roscius, lui qui vivait dans le plus grand monde, et faisait quelquefois le défi singulier à qui diversifierait davantage l’expression de la même pensée, l’un par les paroles, l’autre par les gestes. […] C’est un prodige ; mais un prodige plus grand encore, ce sont les mœurs de Roscius, que Cicéron dans l’Oraison pro Quintio, loue si finement en deux mots qui peignent au naturel et l’Acteur et la profession : « Roscius, dit-il, a un si grand talent pour le théâtre, qu’il ne devrait jamais en descendre, et tant de probité et de vertu qu’il n’aurait jamais dû y monter. » Le livre 15 du Code Théodosien est presque tout employé à régler la discipline des théâtres, et chaque loi par les termes les plus méprisants semble n’être faite que pour marquer l’horreur qu’on en avait eue dans tous les temps : « Turpis conversatio, vulgaris vita, hac macula, hujusmodi fœces, scenicum prejudicium, etc. » Le Code Justinien, les Novelles, tous les Jurisconsultes, loin d’adoucir les expressions, semblent n’en trouver pas d’assez fortes.
La politique vindicative du Ministre, inépuisable en ressources, s’avisa donc de susciter à ce Poète un procès académique dans les formes, et de faire proscrire juridiquement sa pièce, comme un mauvais ouvrage, fait contre les règles, contre le bon goût, contre l’harmonie des vers, la noblesse des expressions, etc. […] C’est aux dépens du Roi que furent bâtis la ville et le château de Richelieu, auxquels il a donné son nom ; aux dépens du Roi que fut bâti le Palais Royal, qu’il nomma Palais Cardinal, expression que Balzac soutenait n’être d’aucune langue, mais un vrai barbarisme en grammaire comme en modestie, et qui fait l’inscription du portail, dénomination que par son testament il ordonna que la maison porterait ; aux dépens du Roi qu’il bâtit la salle du Spectacle, pour représenter la chère Mirame ; aux dépens du Roi qu’il bâtit la Sorbonne, dont il se dit seul fondateur, et où l’on voit son mausolée.
Cette expression triviale n'est pas juste : on purge un malade, on ne purge pas les maladies. […] Quelle terrible expression !
Au reste l’objet de l’Abbé Terrasson étant de démontrer qu’on a tort de regarder les talens dans les mains du plus grand nombre, comme une véritable perte pour le bon goût ; c’est ajouter une absurdité au peu de justesse de ses expressions.
Néanmoins comme je crains de mal parler, je me servirai souvent des expressions des autres ; c’est-à-dire, je ne ferai aucune difficulté de transcrire des lignes, des phrases, des pages même de nos Héros de la Littérature, de nos Défenseurs de l’Art Dramatique, de nos Athletes intrépides du tripot Comique, qui sont, sans les nommer, MM.
Quant aux expressions dérivées de mots français, elles deviennent légitimes, dès qu’elles sont claires, agréables à l’oreille, & qu’elles abrégent la diction.
Or, si les évêques prétendent faire valoir envers les fidèles les anciennes lois ecclésiastiques, il serait indigne pour me servir des propres expressions du pape Jules, à un évêque, ou à un prêtre, de refuser de suivre les règles canoniques de l’Eglise.
La Piece dont il s’agit est remplie de beautés d’expressions & d’images. […] La déclamation théatrale n’est pas une seche répétition où la mémoire fait tout : c’est une nouvelle composition ; la richesse & la diversité des expressions qu’elle fournit sont étonnantes. […] Est-il étonnant qu’étant habitués à mener une vie molle & voluptueuse, ou à s’amuser de tout ce qui en est l’expression, ils ne se sentent pas offensés de ce que le Spectacle offre de contagieux ? […] Je conviens que sur notre Théatre on veut à présent des expressions moins grossieres ; mais en revanche l’esprit de corruption n’y est-il pas ordinairement répandu d’une maniere infiniment plus piquante61 ? […] Ils y ont blâmé l’inutilité, la dissipation, la commotion de l’esprit, les passions excitées, le desir de voir & d’être vu, les choses honnêtes qui enveloppent le mal, le jeu des passions, & l’expression contagieuse des vices ».
Les expressions & les images licencieuses, que présentent les Comédies ? […] Ce sont en particulier, les expressions de Despreaux, l’athlête du bon goût, selon le Grand Vocabulaire, & de l’honneur de la France, selon Voltaire. […] De plus de quatre cens Tragédies, qu’on a données au Théatre, depuis qu’il est en possession de quelque gloire en France, il n’y en a pas dix, qui ne soient fondées sur une intrigue d’amour, ce sont ses expressions. […] Il est vrai, que dans quelques nouvelles piéces, on se sert d’expressions moins grossieres ; mais en revanche, l’esprit de corruption n’y est-il pas répandu d’une maniere plus piquante ? […] Illicites & criminels, parce que les plus honnêtes attaquent secrettement la pudeur, & qu’elle y est toujours offensée, ou toujours en crainte d’être violée par les expressions les plus impudentes.
En les développant, il se livre à un zèle dont les expressions sont plus simples qu’élégantes, les images plus vraies que délicates : c’est un Ecrivain qui songe plus à réformer des abus, qu’à se faire une réputation.
En les développant, il se livre à un zéle dont les expressions sont plus simples qu’élégantes, les images plus vraies que délicates : c’est un Ecrivain qui songe plus à réformer des abus qu’à se faire une réputation.
Et s’il m’est permis de me servir de cette expression familière, n’a-t-il pas toujours mis les rieurs du côté des vices & des crimes ? […] Que ne pourrois-je point vous dire en faveur des pauvres, qui ont des droits si sacrés & si imprescriptibles sur ce superflu que vous employez à vous procurer ce dangereux plaisir, sur la profanation dont vous vous rendez coupables ; lorsque vous choisissez pour assister à ces pernicieux spectacles le jour même du Seigneur ; lorsque, pour me servir de l’expression de Tertullien, vous sortez de l’Eglise du Dieu vivant pour aller à celle du démon ; lorsque de ces mêmes mains que vous venez d’élever vers le ciel dans la prière, & de cette même voix qui vient de célébrer les louanges du Seigneur, vous applaudissez à de vils comédiens ?
Il ne faut donc pas s’étonner, si les Peres de l’Eglise ont rempli leurs écrits d’invectives les plus sanglantes, & d’expressions les plus fortes & les plus capables d’en donner de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion, qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. […] C’est pourquoy je n’attaqueray point des vices imaginaires, & si je me sers des paroles & des expressions des saints Peres, pour condamner les spectacles d’aujourd’huy, tels qu’ils sont, ce ne sera que dans ce qu’ils ont de commun avec ceux des Anciens.
L’illustre Chancelier d’Aguesseau pensoit bien différamment, dans son discours sur l’imitation par rapport à la tragédie ; il parle fort au long contre les spectacles, il dit entr’autres ces belles paroles, les caractères, les sentiments, les pensées, les expressions des personnages mis sur la scéne, tout conspire à reveiller, à réflecter les inclinations que nous avons pour la gloire, les richesses, l’amour, la veangeance, qui sont les mobiles du cœur humain ; les passions feintes que nous y voyons nous plaisent, par la même raison que les réelles, parce qu’elles en mettent de réelles dans notre ame, ou parce qu’elles nous rappellent celles que nous avons éprouvées : Rapiebant me spectacula plena miseriarum mearum. […] & seq. veut que les Pantomimes soient très-utiles, non pour enseigner les regles de la vertu, ils ne parlent point ; mais pour amuser une multitude de spectateurs dans les Fêtes publiques ; qui ne pouvant pas entendre, pensent voir de fort loin, (la finesse du geste, du coup d’œil, des traits du visage, &c. ne vont pas plus loin ni si loin que le son, ce n’est peut-être que de gros Lazzis ;) on ne connoît pas les grandes ressources du génie pantomime, on peut en faire un spectacle intéressant, (il faudroit être fort habile pour en faire autre chose que de l’amusement,) il est vrai qu’il veut le faire accompagner d’une musique de génie représentative, & très expressive ; car les airs, dit-il, ne sont que l’expression d’une passion cachée, il faut en représenter le motif & la cause, ce qui met dans la nécessité d’un recitatif joué par le pantomime, ce qui eut ramené non les paroles, mais seulement, & même rarement le sentiment.
Tels sont les romans, les pièces de théatre, les ouvrages de galanterie, on y admire la finesse des pensées, la délicatesse de l’expression, la variété des images, regardez-y de près ; le cœur y est bien plus touché que l’esprit, le plaisir vient sur-tout du vice qu’on y a délicatement répandu, qui flatte une imagination gâtée ; on ne sauroit soutenir la vue d’un objet grossier, montré à découvert, mais nous sommes bien aise qu’on nous le fasse entrevoir à travers un voile délié, qui le laisse voir ànu à l’imagination, qui s’y applique avec un plaisir extrême, & lève aussi-tôt le voile, & il ne faut pas un grand effort pour le lever au théatre où il est des plus transparens. […] Ce portrait très-vrai & très-ingénieusement rendu est celui de tous les théatres où les amans sans pudeur & les Amantes, les Actrices sans décence, quoique les expressions n’ayant rien de grossier, & par conséquent sont très-dangereux.
Ne pas porter les habits d’homme, c’est pour la femme ne pas faire la maîtresse dans la maison, être soumise à son mari, & se borner au détail du ménage, à la quenouille & au fuseau, selon l’éloge que fait le Sage de la femme forte, ce qui est devenu une expression proverbiale. […] J’en conserverai les expressions, pour le mieux mettre sous les yeux.
Il ne faut donc pas s’étonner, si les Peres de l’Eglise ont rempli leurs écrits d’invectives les plus sanglantes, & d’expressions les plus fortes & les plus capables d’en donner de l’horreur aux Chrétiens, qui couroient alors aux Theâtres avec une passion, qu’ils avoient bien de la peine à reprimer. […] C’est pourquoi je n’attaquerai point des vices imaginaires, & si je me sers des paroles & des expressions des Saints Peres, pour condamner les spectacles d’aujourd’hui, tels qu’ils sont, ce ne sera que dans ce qu’ils ont de commun avec ceux des Anciens.
Ces sentimens sans cesse reproduits avec les mêmes expressions, ne remuent que foiblement.
Hoc itaque modo omnia symboli Sacramenta solvantur, et totum quod in symbolo sequitur, labefactatur, et nutat : nihil enim sequens stat, si principale non steterit. » Ce sont les expressions de cet Auteur célèbre, qui dit beaucoup d’autres choses importantes et puissantes, et contre les spectacles, et contre toute sorte de jeux et de divertissements mondains.
D’ailleurs, si la légèreté d’une expression, ou le peu de convenance d’une posture, vous ont blessé quelquefois, que de fois aussi vous vous êtes senti un attrait irrésistible pour la vertu en entendant des voix éloquentes stigmatiser le vice ?
Vous objectez (page 12) que des obscénités (je ne puis me résoudre à répéter l’expression que vous avez employée) dites sur le théâtre de la cour, y blesseraient les oreilles d’une jeune fille autant qu’ailleurs.
Bien des gens étouffent de mauvais desseins, parce qu’ils manquent d’expressions ; ils n’ont point cette maniére ingenieuse, cette delicatesse, pour marquer les mouvemens de leur cœur, & ils en demeurent là.
Gazer la licence, colorer les expressions, c’est exciter davantage les désirs.
(expression singuliere, mais vive, qui marque que le vice à la faveur du plaisir s’insinue dans l’ame par l’oreille, comme l’harmonie des sons, & que le théatre est un accord de traits séduisans, comme l’orchestre fait un chœur de musique).
En me servant de l’expression de Montagne, qui n’est pas noble, mais énergique, je dirai que si nos premiers Poëtes Dramatiques eussent frotté & limé leur cervelle contre celle des anciens Grecs, plutôt que contre celle des Italiens & des Espagnols, nous n’eussions pas eu des Opera, des Comédies sans comique, & tant de Tragédies galantes.
[NDE] L’expression vient du surnom de Roger de Collerye (1468-1536), secrétaire de l’évêque d’Auxerre, qui présidait à Auxerre une société facétieuse.
On trouve à chaque instant dans Bajazet les expressions les plus vives et les plus touchantes : elles font, pour ainsi dire, l’âme de la Pièce, qui par conséquent, ne peut jamais faire dans l’âme des Spectateurs d’autres impressions, que celles de la molesse et de la corruption ; je ne la crois donc point susceptible de correction, ni digne en aucune manière du Théâtre de la Réforme.
D’un autre côté, le célebre Bossuet, Evêque de Meaux, avec cette force du raisonnement, & le sublime d’expression qui caractérisent ses ouvrages, porte au théatre un dernier coup de massue, dans un traité exprès dont nous parlons ailleurs, qui a demeuré sans réponse, & que n’osent pas même citer ceux qui ont depuis fait des appologies de la Comédie. […] Tout n’est pas grossiérement à nud, une gaze légère, des voiles plus ou moins transparents, des draperies artistement appliquées par une demi nudité plus piquante, laissent entrevoir ce qu’on fait semblant de cacher ; ainsi l’enveloppe des équivoques, la finesse des tours, la délicatesse des expressions, les divers jours des allusions, sont dans les discours, comme le gaze déliée, qui couvre le le corps.
Que sera-ce des Acteurs, qui par la voix, le geste, les grâces, la figure, la vive expression des passions, s’efforcent de l’emporter sur l’Auteur même, enfin des Actrices, ces amazonnes du théatre, si habiles à lancer les traits les plus perçans ? […] Au contraire on leur apprend à la faire naître, à l’entretenir, à la tendre plus vive ; on leur apprend les mystères de l’amour, le langage des yeux, l’expression du geste, le hasard des rendez-vous, les fuites attrayantes, le sel des refus, l’intelligence des équivoques, le commerce des présens, l’art d’écrite des lettres, d’irriter les désirs, d’entretenir les espérances, de tromper les surveillans, de trouver des prétextes pour cacher & montrer un amour impatient de se faire connoître, & qui craint d’être connu.
» Molière aurait sûrement mis ces jolies expressions dans la bouche de ses Précieuses, et un Abbé commandataire de ruelle s'en applaudirait. […] » Un Poète n'est pas Théologien : il faut excuser l'héréticité de ces expressions.
Vous me prévenez sans doute dans tout ce que j’ai à dire, et la moindre attention sur la sainteté de l’Ecriture, sur l’état des Comédiens et les dispositions de ceux qui assistent à la Comédie, vous fera apercevoir des disproportions si marquées, que je ne ferai peut-être que les affaiblir par mes expressions. Quand on considère de quelle manière les Pères ont toujours parlé de l’Ecriture, on voit qu’ils se servent des mêmes expressions, qui conviennent au Corps de Jésus-Christ ; ils appellent indifféremment la Sainte Ecriture, ou l’Eucharistie les divins Mystères, les saints et sacrés symboles, le Corps de Dieu ; car comme le Verbe s’est incarné en se revêtant de notre chair, Dieu s’était déjà comme incorporé, en se communiquant aux hommes sous les symboles de l’Ecriture ou de la parole.
quelles expressions ! […] Cette assertion n’est pas vraie, & cette expression n’est pas juste. […] De se déchaîner contre la révocation de l’édit de Nantes, la dragonade des Sevenes, la guerre des fanatiques, & tout ce qu’a fait le gouvernement contre les Calvinistes, pour la liberté de conscience, expression chérie, aussi-peu correcte, que cette liberté est peu possible.
On réprouvera les discours où ce rigoureux censeur des grands canons, ce grave réformateur des mimes & des expressions de nos précieuses, étale cependant au plus grand jour les avantages d’une infâme tolérance des maris, & sollicite les femmes à de honteuses vengeances contre leurs jaloux. […] Et toutes ces belles expressions, son excès ne peut être qu’un exces d’amour, c’étoit l’essence de son caractère, toutes ses pensées étoient célestes, il porte trop loin le plaisir d’aimer Dieu, le frivole, le galimathias, qui regnent d’un bout à l’autre, donnent-ils une plus grande idée de son goût que de son équité & de sa sagesse ? […] Le pantomime même n’oseroit le représenter il en entre autant de minutieux dans le jargon des valets, dans les nuances des sentimens, dans le ton de l’expression, dans la naïveté des pensées, dans le ton de la voix, que dans les gestes & les attitudes des pantomimes.
Cependant malgré le soin que j’ai pris d’approcher autant que je l’ai pû, de la justesse de ses pensées, de la profondeur de son sens, de la noblesse de ses images, & du brillant de ses expressions, les Connoisseurs verront assez qu’il est extrêmement difficile de rendre dans le tour François, ce qui a été si heureusement pensé en Latin. […] Voulez-vous des évenemens graves, capables de faire une profonde impression, & de pénétrer par leur poids jusqu’au centre de l’ame, si j’ose user de cette expression ? […] Car enfin, Messieurs, si certains exemples lûs seulement dans l’ombre de la solitude ne laissent pas de paroître lumineux, quoiqu’exposés aux yeux de l’esprit sans autres couleurs, sans autre appareil, sans autre ornement que les expressions muétes dont ils sont revétus, combien paroîtront-ils plus brillans, lorsque le sens le plus vif les sentira réalisés dans la lumiere éclatante du Theatre, représentés par des Acteurs, revêtus de toute leur pompe, colorés de tous leurs traits, distingués par les ornemens qui leur surent propres, personnifiés (si je puis le dire ainsi,) au milieu de toute la magnificence de la Scene ? […] Tragédies sacrées ou profanes, on les vit toutes tracées sur le même modele de rivalités, & fardées des mêmes expressions d’amour.
Lorsqu’elle vient me voir je souffre le martyre, Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tous coups la conversation. […] Sans parler de l’amour, le plus funeste de tous, comme on va le prouver dans un moment, de combien de conseils condamnables, de leçons criminelles, de raisonnements peu délicats, et d’expressions obscènes, sont-elles remplies ? […] Il en est de même des traits de Turpilius qu’il aura employés ; il peut s’être trouvé dans les Pièces de ce Poète des expressions heureuses, qui pouvaient trouver place ailleurs sans conséquence : saint Jérôme s’en sera servi. […] Elles ne sont pas uniquement propres aux Pièces de Théâtre ; il n’est guère d’ouvrages qui n’en soient susceptibles, puisqu’elles n’ont point même été bannies de ce Livre sacré, dont toutes les expressions sont si sublimes et si mesurées, de ce Livre enfin le plus cher aux Chrétiens.
Mais il n'y a rien de plus scandaleux dans tous les Spectacles, que de voir avec quel soin, et avec quel agreement les hommes et les femmes y sont parés; l'expression de leurs sentiments conformes ou différents pour approuver ou pour désapprouver les choses dont ils s'entretiennent, ne sert qu'à exciter dans leurs cœurs des passions déréglées: Enfin nul ne va à la Comédie qu'à dessein de voir, et d'y être vu: Comment un homme se représentera-t-il les exclamations d'un Prophète, en même temps qu'il sent frapper ses oreilles par les cris d'un Acteur de Tragédie ?
Je devrais vous faire voir qu’en cela la pensée et les expressions de Tertullien n’ont pas été différentes de celles de Saint Cyprien ; mais outre que vous pourrez le voir dans ce que je vais rapporter de Tertullien, il me semble que ce que j’ai dit vous doit suffire pour vous persuader que les infamies dont les Pères et les Auteurs profanes ont parlé, ne convenaient pas à toute sorte de Spectacles : et si ce que j’ai dit ne suffit pas, je ne sais ce qui pourra vous en convaincre. […] Je ne parle pas de tant de pensées coupées, dont on laissait à l’auditeur dans la représentation le soin de finir et de suppléer la mauvaise application ; de tant de paroles à double sens qu’Esope et Doris avaient soin d’expliquer par leurs gestes, de manière qu’une seule expression renfermée dans la Fable de l’Ecrevisse, et accompagnée du geste d’Esope, était capable de faire rire pendant un temps considérable. Or je vous demande, puisque vous l’avez vue, où était dans l’expression le mot pour rire, si ce n’est dans le geste et dans la posture indécente de l’Acteur. […] L’expression ou la peinture qu’une personne considérable faisait de quelque cérémonie, frappait davantage leur imagination que l’instruction qu’ils eussent pu recevoir d’une autre manière plus simple et moins vive. […] On ne peut pas dire au contraire qu’il ne le blâme, son expression et sa pensée sont trop claires : notre Théâtre est donc encore blâmable même dans l’idée des gens du monde, quoiqu’il soit purifié des infamies des Anciens.
Si l’on avoit traduit le poëme latin de l’Institution d’un Prince, composé avant son délire, où il y a de bons principes ; des idées chrétiennes, quelques expressions heureuses, on eût pardonné à l’auteur, quoique la sagesse ne consulte gueres de tels oracles : mais qu’après plus d’un siecle, un poëte s’avise de ressusciter un fou, chassé de la cour, perdu de débauches, sans honneur & sans religion, pour en faire le Mentor d’un jeune Roi, & lui donner les plus pernicieux conseils, cette entreprise a sans doute été formée dans les jardins enchantés où des Yvetaux chantoit ses amours. […] Vous vous servez d’expressions aussi injustes qu’indécentes, qui ne conviennent ni à votre âge, ni à votre rang.
Un comité donneroit l’expression de la volonté de plusieurs hommes, et ce ne seroit pas encore la loi. […] Il faut convenir qu’ils exécutent cet opéra comique à merveille, que Mesdemoiselles le Vienne, Joly et Lange chantent et dansent avec beaucoup de grace, et qu’on ne peut pas donner à des couplets plus d’esprit et d’expression que M.