On sait combien il a toujours été appliqué à les extirper, et à les combattre non pas en cadence et à coup de Cestes comme votre Hercule, mais par les armes spirituelles d’un véritable Evêque, par la Foi, par la Prière, par la vigilance, la patience, la charité, le bon exemple, en rétablissant autant qu’il pouvait, la Discipline Ecclésiastique dans l’administration du Sacrement de Pénitence, en ordonnant et formant de bons Ministres pour seconder son zèle et son travail, et en bannissant la doctrine relâchée de vos Casuistes pour ne faire enseigner à son Troupeau que la Morale de Jésus Christ et des Saints Pères.
Je veux que l’esprit soit tardif, l’imagination paresseuse : c’est l’affaire d’un peu plus de peine & de travail. […] Dans ces genres divers une sorte de tact, un certain discernement, quelques bornés qu’on les supposent, est une espéce de don, où l’affaire d’un usage familier, d’un travail assidu. […] Le Jeu loin de distraire & d’amuser a plus l’air, au contraire, d’un travail & d’une étude : quel soin pour prévenir les coups : quelle attention pour les faire, quel regret de les manquer, quelle inquiétude pour les retrouver, quel chagrin de les souffrir ? […] Un homme fait doit à la société & ses travaux & ses récréations. […] La vertu est le principe essentiel & dominant du gouvernement républicain ; tout doit s’y rapporter : les travaux & les plaisirs.
C’est pourquoi Dieu qui n’a pas fait ce monde comme une galère, et qui ne traite pas les hommes comme des forçats, nous a fait des heures et des jours de divertissement, pour tempérer le dégoût que nous pourrions prendre de la continuation du travail. […] Le travail nous est nécessaire, mais il en faut adoucir l’amertume par le mélange du repos et du divertissement. Nos faiseurs de fables qui ont rendu toutes les vérités mystérieuses pour nous les faire entendre d’autant mieux, qu’il nous aurait plus coûté à les deviner, nous ont représenté celle dont je parle sous l’alliance du Dieu du travail, et de la Déesse du plaisir. […] Depuis ce temps-là, disent les Poètes ; les choses se sont accommodées : Le travail a commencé d’être moins mélancolique, et le plaisir s’est vu comme forcé de bien faire avec lui. […] il en fallait user de la sorte : car comme il n’est point de corps si robuste, qui ne se ruine sous un travail continu ; de même il n’est point d’esprit qui ne s’épuise dans une trop longue application : et comme ce serait une espèce d’inhumanité de ne vouloir point accorder de sommeil à un homme de peine ; il y aurait aussi bien de la dureté de refuser un honnête divertissement après le travail d’esprit : Nos forces sont limitées, et si on ne les ménage avec adresse, on en voit bientôt le bout.
Les Théâtres, depuis ceux du premier ordre jusqu’aux tréteaux de la foire, (C’est ainsi que s’appelaient, il y a quarante ans, les entreprises Nicolet, Audinot et Sallé, privilégiésb, obligés d’avoir spectacle aux enclos, connus sous les noms d’Abbaye Saint-Germain, des Foires Saint-Laurent et Saint-Ovide.) ne sauraient être trop censurés, tant les actions dramatiques, qu’on y représente chaque jour, ont d’influence sur toutes les classes et particulièrement sur la plus nombreuse, qui vient y chercher le délassement de ses travaux, plaisir toujours moins coûteux que ces orgies, qui laissent après elles des suites fâcheuses, mais qui n’est pas non plus sans danger pour tous les âges, et surtout pour les esprits faciles à s’ouvrir aux pernicieuses impressions d’une morale, parfois voisine de la dépravation. […] Un garçon et une fille, fruits de leur hymen, montrèrent, dès leur bas âge, un goût décidé pour le travail. […] Pour la moindre chose, un apprenti provoque un chef de travaux ; on ne voit guère plus que dans les carrefours et dans les halles, de ces combats fameux !
Plus d’un Avocat, plus d’un Poëte, en sortant d’un beau plaidoyer, ou du théatre, ont été animés au travail, & y ont beaucoup mieux réussi que dans d’autres momens.
Que le Poète ait donc grand soin de ne pas s’en écarter un instant, il courrait risque autrement de perdre le fruit de ses peines, & de voir tomber un Ouvrage qui lui aurait coûté beaucoup de tems & de travail.
Pour leur faire supporter le travail, il est nécessaire de leur donner de temps en temps un peu de relâche.
Le sublime semble être sa nature ; la perfection de ses ouvrages dépend de lui ; la solitude, le travail exact, réfléchi, long et pénible, la combinaison qui arrange toutes les parties au profit de son objet, sont des secondes qualités qui sont toujours à la volonté du grand génie.
J’ai cherché dans mon travail quelque amusement qui me le fît supporter.
Ce n’a point été le travail continu d’une foule de gens d’esprit qui a conduit les Lettres de progrès en progrès, de clartés en clartés ; un seul homme de génie, ou deux tout au plus, ont suffi pour les couvrir de gloire. […] Les Arts peuvent-ils citer un génie heureux qui les ait fait connaître par son seul travail, ainsi que Térence découvrit les beautés de la Comédie chez les Latins, & que Corneille apprit aux Français le grand art de la Tragédie ?
Les Piéces Espagnoles sur les plus graves Sujets, eurent très-longtems le même titre, & dans la Comédie des travaux de Job, il est dit que la patience de Job, que Dieu contemple des balcons du Ciel, lui donne une belle Comédie. […] Horace disoit que les Romains aimoient à écrire, & non pas à effacer, que le travail de la lime les rebuttoit ; nos premiers Poëtes ont eu la même aversion ; ils avoient bientôt composé une Piéce nouvelle, & la nouveauté suffisoit pour leur attirer des Spectateurs.
Cet esprit est préjudiciable à une Académie ; il fait diversion aux études sérieuses, & aux travaux utiles. […] Les hommages, les assiduités, les travaux, la protection, voilà des dons de services. […] On l’aime mieux que le travail.
Parce que les Perses indolents et voluptueux leur avaient appris à rougir du travail ; Alexandre s’honorait au contraire de porter une tunique tissée de la main de sa mère et de ses sœurs : ces femmes-ci tiraient donc vanité de leur adresse et de leur travail. […] Cet ouvrage inestimable, traité entièrement à la pointe du pinceau, mais avec tant de délicatesse que ce n’est qu’avec une Loupe qu’on peut juger de la longueur et de la délicatesse du travail : cet ouvrage, dis-je, est déjà convoité par les amateurs Anglais ; mais la France n’a-t-elle pas un espèce de droit de réclamer la préférence, puisque cette miniature est la copie de la Chasteté de Joseph ee de la galerie de Dresde, Tableau de Carlo Cignani, l’un des plus beaux et des plus rares sans contredit de cette magnifique collection.
« On prend une Histoire qui plaît, dit l’Abbé d’Aubignac, & sans savoir ce qu’elle a de convenable, ou de mal-propre à la scène, sans regarder quels ornemens, ou quels inconviens il faut éviter. » On se met au travail : tout ce qu’on écrit est délicieux.
Comme c'est par la vertu, et par les travaux que Dieu nous appelle à la vie ; c'est par la volupté que le Diable nous conduit à la mort : comme on acquiert le véritable bien par de faux maux, on se procure les véritables maux par de faux biens.
Car j’avoue que ce n’est ni un de mes amis, ni une personne de qualité, ni une espèce de défi (discours d’Auteurs si rebattus dans les Préfaces) qui m’ont engagé à ce travail.
Je sais, par le témoignage de tant d’excellents Ecrivains de l’antiquité, que la Comédie est un délassement agréable qui dédommage des fatigues du travail : que Cicéron appella les Poètes comiques, des Poètes amis de l’innocence : que l’on peut rapporter une infinité d’exemples des amusements honnêtes, que les plus grands Hommes ont fait succéder à leurs occupations sérieuses et importantes : que les personnes les plus sages se livrent quelquefois à des moments de loisir et de récréation, qui ne prennent rien sur leurs devoirs.
Mais pour parvenir à relever le genre de l’Ariette, il faut qu’ils le croient susceptible de nouveaux ornemens, & qu’ils avouent s’être quelquefois trompés dans tout ce qui le concerne : il faut s’armer d’une attention scrupuleuse, & n’être point éffrayé de la difficulté du travail. […] Il semble d’ailleurs que le travail du Poète a plus de mérite lorsque ses Vers sont d’une mesure égale ; il est alors à supposer qu il a eu plus de peine à rendre sa pensée.
» Il faut croire que c’et un remords de conscience qui la fait rétracter ; mais je crois que s’il avait écouté attentivement tous les remords de ce témoins intérieur, il aurait rétracté à la fin de sa Lettre, tout ce qu’il y avait avancé, et il aurait épargné les travaux de beaucoup d’Ecrivains. Mais ces travaux ont eu leur utilité, car ils ont fait ouvrir les yeux à plusieurs personnes de bon sens et de bonne foi qui allaient à la Comédie, sans faire attention à toutes les choses que ces Auteurs ont remarquées.
Qu’un Héros se tue dans le désespoir, il paroît mourir noblement : toutes les piéces tragiques sont remplies de cette sorte de fureur qu’on nomme force d’esprit, & qui n’est au fond qu’une foiblesse occasionnée par un chagrin qu’on n’a pas le courage de supporter1 ; on s’en délivre par le suicide : c’est-à-dire, par une action lâche, dictée par la folie2 ; si l’on consultoit l’Evangile, on souffriroit volontiers les disgraces de la fortune, on mépriseroit les injures, on iroit au devant des humiliations, on embrasseroit les travaux de la pénitence, captivant son cœur, son esprit, ses sens sous le joug d’une mortification utile & nécessaire.
Il y a quelque chose d’énigmatique dans sa conduite : il a loué Moliere à l’excès, & l’a amerement critiqué ; il le craignoit pendant sa vie, & lui rend justice aprês sa mort ; il veut qu’on excite les passions sur la scène, singulierement l’amour, & il en déplore les effets ; il copie & embellit Horace, il est plus indulgent que lui ; il blâme la galanterie de Quinault, & applaudit à celle de Racine, qui est encore plus dangereuse ; il réconcili Racine avec Arnaud, avec qui ses travaux d’amatiques l’avoient brouillé, & il donne soigneusement les regles de cet art pernicieux.
a jugé que ceux qui dansent les jours des Fêtes violent le précepte qui nous oblige de les sanctifier ; et qu’ils pèchent même plus grièvement que s’ils étaient occupés à quelque travail mécanique, et à quelque autre œuvre servile, suivant cette parole de saint Grégoire, « C’est une chose plus tolérable de fouir la terre, ou de labourer un jour de Dimanche, que de danser. » Gregorius .
Ils courent au théâtre comme vers un port, ils y respirent quelques moments à la vue des naufrages étrangers ; puis ils se replongent aussitôt dans leurs travaux orageux, et courent se livrer à leurs écueils ordinaires.
Je dis encore que toute la France est enthousiasmée des spectacles : « Totam hodie Romam circus capit, et fragor aurem percutit. » Les théâtres publics, quoique innombrables, ne suffisent pas, on en construit dans les bourgades, dans les armées, dans les couvents, dans les maisons particulières ; on y court, on y monte, on y joue, on y passe la vie ; il se forme des troupes brillantes de citoyens distingués, dont les biens, les travaux, les talents, la mémoire, sont utilement employés à apprendre et à représenter des pièces de théâtre.
C’est premierement parce que la beauté & la régularité de l’ordonnance nous offrent une image plus claire & plus distincte qui frappe aussi plus vivement notre attention, & qui l’attache bien plus constamment ; c’est encore parce que cette image étant plus lumineuse, elle est aussi plus facile à saisir & à embrasser toute entiere, ce qui plaît infiniment à notre esprit, aussi ennemi du travail qu’avide de connoissances ; de-là vient que ceux qui sont le moins instruits des régles de l’Art, goûtent le plaisir qui est attaché à l’observation de ces régles mêmes qu’ils ignorent. […] Il finit d’ailleurs ce trouble, cette agitation, cette anxiété, qui cause une douce torture à notre imagination par le nœud & l’intrigue de la piece ; c’est une espece de délivrance qui succéde heureusement aux douleurs de ce travail, &, si je l’ose dire, de cet enfantement d’esprit. […] L’esprit aime naturellement à agir : mais il préfére ce qui lui coûte moins de travail ; & le succès, en donnant moins de peine, ne laisse pas d’attirer de grands applaudissements à l’Imitateur : on en voit aussi beaucoup plus que de véritables Auteurs ; & ce n’est pas seulement dans la Peinture qu’il est vrai de dire qu’on trouve mille & dix mille copies contre un seul original. […] L’aversion qu’ils ont pour la contention & le travail les éloigne des premiers, & le goût qu’ils ont pour ce qui affecte les sens & l’imagination les porte vers les derniers.
Le Patriarche invoquait le matin l’Etre-suprême, avant que sa famille se dispersât pour les diffêrens travaux. […] C’est le sacrifice du soir, qui dans toutes les anciennes Religions fut toujours le plus solemnel ; parce qu’on avait plus de temps, & que le repos & la réfection sont toujours plus agréables après le travail. […] L’Esclave n’était pas alors destiné à amuser ses Maîtres ; on le réservait pour les travaux pénibles & les fonctions basses. […] Cette vie active, mais pourtant moins dure, moins règlée que celle de l’Agriculteur, inspire une certaine fierté, qui fait dédaigner tous les arts qui exigent de l’étude, du travail, & qu’on s’y livre tout entier. […] Par quel abus les Enfans, sans travail, sans mérite, sans talens le plus souvent, se trouvent-ils placés au-dessus des Pères-de-famille ; que dis-je ?
Les Espagnols profitant de cet accablement général, en ont fait des esclaves qu’ils font vivre dans la plus grande misère, pour les tenir dans la dépendance & tirer le fruit de leurs travaux, les uns ensevelis dans les entrailles de la terre pour en arracher les métaux, les autres cultivant le fonds de leur maître, n’ayant qu’une chaumiere pour habitation, des haillons pour vêtement, du mahis pour nourriture, plus mal traités que les Negres qu’on transporte de la Guinée, qui les méprisent & les haissent. […] Les pieces sérieuses, pour en sentir la beauté, en suivre l’art & la composition, sont une étude, une continuation de travail pour eux, qui, loin de délasser, fatigue comme le jeu des échecs qui, quoique le plus beau, est le moins amusant. […] Rotrou ne lui auroit pas été inférieur, s’il se fût appliqué au travail ; mais c’étoit un homme du monde, qui, pour soutenir son jeu & sa dépense, cherchoit des ressources dans le profit de ses pieces, & dans les largesses du Cardinal de Richelieu qui le mit au nombre des cinq Auteurs, chargés du département de la poësie, c’est-à-dire, de mettre envers ses idées dramatiques.
Les grands poëtes & les grands peintres devroient prendre pour objets de leurs travaux les sujets qui sont l’objet de notre foi. […] A force d’application, de travail, d’alliance, d’acquisition, on devient un être distingué, on acquiert une généalogie, le métier devient un art, la routine une science, l’artisan un artiste, & une jurande une académie. […] Nouveau travail pour la toilette.
Les Abbés à simples tonsures livrés au libertinage, qui ne servent l’Eglise ni par leurs travaux ni ne l’édifient par leur vertu, n’ont pris le masque du Clergé que pour envahir quelque bénéfice. […] Outre ce travail dont la Religion, les mœurs & son caractere d’Ecclesiastique auroient dispensé l’Abbé italien, il a joint à ce Poëme tout ce qu’il a pu déterrer des autres œuvres de ce Poëte libertin pour en faire un Recueil complet, & il les a enrichis des notes de sa façon, comme si un tas d’extravagance méritoit un commentaire. […] On a fait aux Italiens, le 13 d’août, la Parodie des éloges que deux Eveques avoient prononcé à l’Académie Françoise à l’honneur de l’Abbé de Voisenon, plus fait pour le Théatre que pour le Clergé, plus digne de l’encens de Thalie que de celui de l’Eglise ; on y a joué Fleur d’Epine, Comédie en musique, parole de ce digne Abbé, musique de Madame Louis, femme de l’Architecte, avec qui il étoit fort lié ; association de travail avec une femme sans exemple au Théatre & encore plus étrangere au Sanctuaire.
Un homme du monde qui fait du jeu sa plus commune et presque son unique occupation, qui n’a point d’affaire plus importante que le jeu, ou plutôt qui n’a point d’affaire si importante qu’il n’abandonne pour le jeu ; qui regarde le jeu non point comme un divertissement passager, propre à remettre l’esprit des fatigues d’un long travail et à le distraire, mais comme un exercice réglé, comme un emploi, comme un état fixe et une condition ; qui donne au jeu les journées entieres, les semaines, les mois, toute la vie, (car il y en a de ce caractere, et vous en connoissez.) […] Ce jeu perpétuel, ce jeu sans interruption et sans relâche, ce jeu de tous les jours et presque de toutes les heures dans le jour, s’accorde-t-il avec ces grandes idées que nous avons du Christianisme, et que Jesus-Christ lui-même a pris soin de nous tracer : car ce n’est point moi qui les ai imaginées, c’est le Sauveur du monde qui dans toute la suite de son Evangile ne nous a parlé d’une vie chrétienne que sous la figure d’un combat, d’un négoce, d’un travail, pour nous faire entendre que ce doit être une vie laborieuse et agissante ; or y a-t-il rien de plus incompatible qu’une vie de travail et une vie de jeu ?
Ce n’est que dans les travaux de l’enfantement que l’analyse & la comparaison étalent toutes les qualités des objets.
Sa muse fatiguée d’un travail inutile, ne lui inspire que des images communes, que des expressious traînantes.
Claude de Colombiere de la Compagnie de Jesus : non seulement parce que je n’y ai rien trouvé qui ne soit trés conforme aux veritéz Evangeliques, mais encor parce que tous les Sujets y sont traitéz d’une maniere solide & édifiante, & que l’on y remarque le caractere de la Pieté & du zele de leur Auteur, qui ne s’est pas moins rendu recommandable par la regularité de sa vie, que par les Travaux Apostoliques, dans lesquelles il n’a pas manqué au Martire si le Martire lui a manqué.
Je scai avec saint Gregoire, qu’il y a des divertissemens permis, & que l’on peut prendre comme on prend une medicine pour purger le corps de ses mauvaises humeurs, & le rendre plus propre au travail.
Vous joignez à cet enjouement les grâces du style, et cette facilité, cette aisance originale, où l’on ne voit nul travail d’esprit, et qui ajoute infiniment à l’agrément et à la nouveauté de vos pensées ; elle en fait le charme ; et il serait difficile d’en trouver aucun modèle dans les Poètes Latins, ni dans les Français anciens et modernes.
Le temps n’est plus où le caprice et l’oisiveté pouvaient enfanter des volumes sans objet ; les travaux de l’esprit sont actuellement vus sous un aspect plus élevé ; l’art de l’historien ne consiste plus à tourner adroitement des épigrammes ; on n’irait pas loin en estime littéraire par une élégie sur les rigueurs de la marquise ou une épitre légère sur les séductions du chevalier ; nous voulons dans les romans autre chose que les mœurs de l’antichambre ou du boudoir, et certes, ce serait à nos yeux un étrange philosophe que celui qui n’étudierait la nature morale de l’homme que pour en faire saillir toutes les imperfections, ou qui s’attacherait à éteindre toute exaltation de l’âme par un froid et amer dénigrement.
On leur répete tous les soirs, sagesse, chasteté, travail, clôture, fidélité à son mari, horreurs de la coquéterie : elles ne sont heureuses & estimées qu’autant qu’elles y sont fideles. […] Les moyens s’offrent en foule, mauvais livres, tableaux, sociétés, courtisannes, femmes coquettes, libertins, artistes habiles, un luxe sans borne, en habits, équipages, bâtimens, folles dépenses : tout cela est presque inconnu dans les campagnes, où regnent l’innocence, la frugalité, le travail, que ne vont pas infecter cette troupe d’acteurs & d’actrices qui font pleuvoir le poison, & par des charmes pernicieux dont ils se parent, blessent mortellement le cœur de ceux à qui ils le font avaler. […] Dépenses considérables, dissipation continelle de la jeunesse, qui devient toute comédienne, ne s’occupe que de ses jeux, néglige le travail & l’étude, s’en dégoûte pour le reste de sa vie, & ne goûte plus que ce qui la perd. […] Parmi les femmes qui se dévouent à ce commerce honteux de faire acheter des repentirs, la plupart nées dans la misere, n’auroient besoin que des ressources du travail, les unes peuvent être rendues à leur famille, d’autres à leurs maris, les autres enfin trouver place dans les manufactures ou les hôpitaux.
Le soir tous les travaux sont finis ; nous transportons chez nous les impressions que nous avons reçues, elles nous suivent dans la solitude de la nuit, & fournissent de la matiere à nos réflexions & quelquefois à nos rêves . […] Que de travail & de peine il lui a fallu pour déterrer dans son Mentor quelques traits épars & noyés dans ses pieces, les rassembler, les combiner, & en faire un systême de morale ! […] L’acteur en lui deshonoroit l’auteur ; il défiguroit sur le théatre les travaux du cabinet.
Le Théâtre qui avait été enseveli sous les ruines d’Athènes et de Rome, s’est relevé de notre siècle avec beaucoup d’éclat ; si l’on donnait les mêmes récompenses à nos Poètes, que donnaient les Grecs et les Romains à ceux qui excellaient en ce genre d’écrire, nous en aurions eu sans doute un plus grand nombre ; mais ce travail immense est trop mal récompensé, et ne conduit plus comme autrefois, aux honneurs suprêmes, ni aux premières dignités de l’Etat. […] Les sentiments d’un Asiatique, nourri dans la mollesse, ne ressemblent guère à ceux d’un Romain endurci dans le travail, et accoutumé à une vie frugale. […] Les forces de l’esprit et du corps de l’homme sont bornées ; on ne peut pas être appliqué toujours à des choses sérieuses ; on a besoin de temps en temps de relâche pour reprendre son travail avec plus de vivacité et plus de fruit.
La scéne lirique vient d’offrir à vos yeux les ressources de l’architecture, vous avez rendu justice au travail de l’artiste célébre (Moreau) qui a été assez heureux pour vous plaire. […] Cet ouvrage a couté sept années de travail & plusieurs millions.
L’occasion de ce travail fut la Lettre à M. d’Alembert sur les Spectacles ; mais n’ayant pu commodément l’y faire entrer, je le mis à part pour être employé ailleurs, ou tout-à-fait supprimé. […] Mais vous, Homere, s’il est vrai que vous ayez excellé en tant de parties ; s’il est vrai que vous puissiez instruire les hommes & les rendre meilleurs ; s’il est vrai qu’à l’imitation vous ayez joint l’intelligence & le sçavoir aux discours ; voyons les travaux qui prouvent votre habileté, les États que vous avez institués, les vertus qui vous honorent, les disciples que vous avez faits, les batailles que vous avez gagnées, les richesses que vous avez acquises.
Si, d’un autre côté, quelqu’un plus hardi voulait retrancher tout à fait l’épisode de Junie (dont en effet Racine n’avait pas besoin) en sorte qu’il ne fût point question d’amour dans cette Pièce, mais seulement de la politique de Néron, qui veut se défaire de Britannicus pour n’avoir point de concurrent à l’Empire ; le travail serait, à la verité, plus difficile ; mais aussi l’avantage en serait plus éclatant et plus sûr. […] Je pense donc que, pour rendre cette Pièce digne du Théâtre de la Réformation, il faudrait faire ce que Quinault eût fait s’il avait suivi son premier projet ; et qu’il suffirait que Lavinie et Albine ne parlassent jamais d’Agrippa et du Roi, que comme de leurs époux ; puisqu’en effet leur mariage était arrêté, et devait se conclure au retour des Princes, après leur expédition : pour lors tout ce qu’elles diraient (soit à propos d’amour ou de vengeance) serait autorisé ; et il n’y aurait rien à reprocher à la Pièce, si ce n’est peut-être quelques expressions de tendresse qu’il faudrait ou changer ou retrancher ; mais l’ouvrage serait très aisé : et nous avons déjà nommé bien des Tragédies dans la classe des Pièces à corriger, qui demandent un plus grand travail.
» Ne peut-on pas se procurer des divertissements plus décents et plus utiles à la santé, dans les promenades champêtres, où l’on se repose de ses travaux, où l’on se remet de l’étourdissement des affaires, « où l’air infecté des spectacles est remplacé par un air bienfaisant, travaillé des mains de la nature ; où, au lieu des émanations léthifères de toute espèce concentrées dans un espace étroit, on ne respire que le parfum de plantes salutairesbi ?
Travail inutile & pénible, soit petit service rendu au public, qui n’a aucun intérêt à savoir tant de noms obscurs, & à ces millions d’hommes qu’il ressuscite & montre un instant comme un éclair, & qui retombent pour jamais dans les plus profondes ténebres de l’oubli. […] Zeno ne fit non-plus aucune Histoire de l’Empire ; mais, après onze ans de travaux dramatiques, qui forment huit gros volumes d’Opéras, il vint comme l’Arioste finir sa vie à Venise, pays de liberté, où il fit un Journal, & recueillir des Anecdotes.
La comédie délasse des fatigues du travail, & le bon comique, dit Cicéron, est ami de l’innocence. […] Les Auteurs ont beaucoup travaillé pour décrire les antiquités, & y ont laissé bien de l’obscurité & de l’incertitude ; ils se seroient épargné bien des travaux, s’ils avoient bien examiné les usages modernes.
Grégoire, qu’il y a des jeux et des divertissements permis, et que l’on en peut prendre, comme on prend une médecine pour purger le corps de ses mauvaises humeurs, et le rendre plus capable et plus propre au travail : mais nous entendons parler ici de ces jeux défendus, qui ruinent les familles, qui remuent et excitent les passions, et font perdre le temps, qui est si précieux. […] Tous ses travaux, ses fatigues, ses persécutions, ses combats et sa sainteté, ne le peuvent pas délivrer des violences, que cette cruelle passion exerce contre lui, elle ne lui donne ni trêve ni repos, il se jette à deux genoux, il crie miséricordeS.
C’est devenir esclave, louer son travail, commercer de ses peines, se vendre soi-même : encore si comme un autre artisan, c’était pour des choses permises et bonnes ; mais pour quel objet ? […] Tu les contraindras à travailler, et les châtieras, si les vois oiseux ; car ces misérables fuyant le juste travail, et prenant l’injuste oisiveté, tiendraient par leurs truanderies école publique de vagabonderie.
., en parlent assez négligemment, comme d’un objet qui ne valait pas la peine de porter des censures, et se contentent de dire qu’on peut laisser ces vains amusements au peuple, dont les travaux et la santé ont besoin de divertissement, pourvu qu’on n’y souffre rien d’irréligieux et d’obscène. […] On distingue aussi des dîmes personnelles, qui se prennent sur le gain provenant de l’industrie, commerce, travail, gages, profession, etc.
On devrait gémir d'un travail si cruel. […] Tout y est ennemi du travail, et n'en parle que pour s'en plaindre, et n'est occupé que de son plaisir.
sc. 1. de l'Andrienne de Térence, une position à la Grecque, qui serait parmi nous d'une indécence insoutenable : Glicerion en travail d'enfant s'écrie derrière le théâtre : Junon, Déesse titulaire des accouchements, secourez-moi : Junon Lucina, fer opem. […] L'inquiétude, le travail, les remords, la honte, les suivent : utile assaisonnement qui en est le préservatif et le remède.
Cet ouvrage est écrit d’un style aisé, libre, simple, d’un homme de Cour que donne l’usage du grand monde plus que l’étude, le travail & même le génie, mais plein de traits hardis & mordans contre tout ce qu’il y a de respectable : le premier y donne du poids, mais le second les décrédite, ils sont préférables à quantité d’autres Mémoires qui ne sont que des romans, il y a réduit en système la morale lubrique ; les principes des actions humaines ne sont pas, selon lui, le vice ou la vertu, la tentation ou la grâce, le bon ou le mauvais usage de la liberté, ce sont les appetits naturels ; les passions ou la raison, le tempérament ou la fortune & l’habitude ; un vrai méchanisme ; distinction peu philosophique, les passions ne sont que les appetits naturels portés à l’excès ; l’un & l’autre effet naturel du tempérament, c’est à quoi il attribue tout ce qui s’est passé dans les événemens qu’il raconte, il suppose dans la Cour de France le système suivi du despotisme absolu dont il attribue le principe à Henri IV, malgré sa popularité souvent poussé trop loin par Richelieu, par Mazarin, & enfin consommé par les Colberts & Louvois & autres Ministres de Louis XIV pendant un long règne qui y a accoutumé pour toujours un peuple foible & docile. […] Cette idée dictée par l’enthousiasme d’un amateur, cette comparaison de deux hommes grands, chacun dans son genre, sont absolument fausses, soit en comparant esprit à esprit, objet à objet, travail à travail ; il s’en faut bien qu’il faille autant de pénétration, d’étendue, de précision, de justesse, de force pour faire parler les Héros de Corneille, que pour embrasser le système du monde.
Mais comment se résoudre à perdre le fruit d’un si énorme travail ? […] L’abbé Millot en cite, & là-dessus bâtit un grand édifice de noblesse, de mérite, de célébrité, dont ni leurs mœurs, ni leurs ouvrages ne sont dignes : mais il est naturel à tout éditeur, traducteur, commentateur, compilateur de faire valoir son travail & son zele. […] Je suis persuadé cependant que peu-à-peu on surmonteroit cet obstacle, qu’enfin la prose regneroit sur la scène aussi-bien que les vers, qu’à la fin même elle chasseroit un langage qui n’est pas naturel dans la société, qui anéantit plus de beauté qu’il n’en met au jour, & augmente infiniment le travail de la composition.
Troisiémement, parce que saint Macaire l’ancienb le condamne par ces mots : « Si par l’oüie toute seule on pouvoit entrer dans le Roïaume du Ciel & dans la vie éternelle sans peine & sans travail, ceux qui se divertissent aux spectacles du theatre, & ceux qui menent une vie impudique, y auroient bonne part. Mais on ne va au Ciel que par des travaux & par des combats, parce que le chemin qui y conduit est étroit, pénible & fâcheux. […] Des biens de l’honnête travail, en Espagnol, Discours 6.
En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans.
N’est-ce pas affaisser l’ame que de la priver du prix de ses travaux ?
Ces délais inexpliquables, & sur lesquels il est bon de fixer l’attention du Comité, dégoûtent ceux qui écrivent pour le Théâtre, fatiguent l’émulation, tournent le travail vers un autre objet. » Rien de mieux dit, rien de plus vrai !
On a raison de dire, que ce Plan entraîne d’énormes dépenses ; Mais cet inconvénient se réduit presqu’à rien, lorsque l’Etat exécute au-dedans, des travaux dont le coût ne lui fait rien perdre, puisqu’il n’a d’autre effet que de rendre plus vive la circulation des espèces.
Dieu ne laissera pas leurs travaux inutiles.
Un premier succès entraîne à la fois le funeste appétit d’un salaire immérité, le renoncement à un travail opiniâtre, et l’abnégation de la gloire.
Enfin Horace, dit encore, « que les Romains avoient le génie profond, élevé & propre au tragique ; mais qu’ils craignoient le travail, & croyoient qu’il leur étoit honteux d’effacer ce qu’ils avoient une fois écrit ».
Sophocle, heureusement né pour ce genre de Poésie, avec un grand fond de génie, un goût délicat, une facilité merveilleuse pour l’expression, réduisit la Muse Tragique aux règles de la décence & du vrai ; elle apprit à se contenter d’une démarche noble & assurée, sans orgueil, sans faste, sans cette fierté gigantesque qui est au-dela de ce qu’on appelle héroïque ; il fut intéresser le cœur dans toute l’action, travailla les vers avec soin ; en un mot, il s’éleva par son génie & par son travail, au point que ses Ouvrages sont devenus l’exemple du beau & le modèle des règles.
Il me semble qu’on devrait souffrir d’être condamné à un travail si cruel.
La raison nous dicte donc de travailler à fortifier dans les Citoyens, un des deux principaux motifs des actions des hommes, qui est l’amour de la distinction entre nos pareils ; mais elle nous dicte en même temps les règles pour bien discerner les distinctions petites, vulgaires, incommodes au commerce, d’avec les distinctions précieuses qui procurent toujours la commodité et l’utilité des autres ; ce sont ces distinctions qui sont les seules véritablement dignes de louanges et désirables dans le commerce, il ne faut jamais que le désir de la gloire marche sans la connaissance de la bonne gloire ; or je suis persuadé que le théâtre bien dirigé par le Bureau des spectacles peut beaucoup servir à rendre les spectateurs non seulement très désireux de gloire et de distinction, mais encore très connaisseurs en bonne gloire et en distinction la plus précieuse afin que les hommes estiment de plus en plus l’indulgence ; la patience, l’application au travail, les talents et les qualités les plus utiles à leurs familles, à leurs parents, à leurs voisins, à leurs amis, à leur nation et au reste du genre humain.
Le goût de ce fameux libertin est une paresse voluptueuse : il craint le travail, la peine, l’étude ; il ne veut pas chercher, mais goûter ; acquérir, mais jouir. […] Le Sieur Bernard est plus vif, craint moins l’étude & le travail ; il paroît même aimer ce travail & cette étude.
N’éprouvez-vous jamais au sein du repos, et quelquefois du travail, ces moments de dégoût et d’ennui qui rendent nécessaires les délassements ou les distractions ? […] Vous nous transportez d’abord dans les montagnes du Valais, au centre d’un petit pays dont vous faites une description charmante ; vous nous montrez ce qui ne se trouve peut-être que dans ce seul coin de l’Univers, des peuples tranquilles et satisfaits au sein de leur famille et de leur travail ; et vous prouvez que la Comédie ne serait propre qu’à troubler le bonheur dont ils jouissent. […] Je n’ai point prétendu qu’il y eût à Genève un spectacle tous les jours ; un ou deux jours de la semaine suffiraient à cet amusement, et on pourrait prendre pour un de ces jours celui où le peuple se repose ; ainsi d’un côté le travail ne serait point ralenti, de l’autre la troupe pourrait être moins nombreuse, et par conséquent moins à charge à la Ville ; on donnerait l’hiver seul à la Comédie, l’été aux plaisirs de la campagne, et aux exercices militaires dont vous parlez.
Auteur célèbre d’un grand nombre de pièces, il abjura ses travaux couronnés, et déclara les maximes de ces sortes d’ouvrages diamétralement opposées aux maximes du christianisme. […] Chère jeunesse, c’est principalement pour vous que nous avons entrepris ce petit travail.
On emploie dans le travail une matiere, on travaille sur un sujet. […] Guillaume Penn & Joseph Barclai, hommes d’un mérite supérieur, employerent tout leur bien, leurs travaux, leur crédit, pour établir les Quakers en Amérique, dans la Province qui porte le nom de Pensilvanie ; ils y fonderent une Eglise de leur Secte, & firent servir leurs talents pour séduire le peuple, & réduire en systême toutes les rêveries des Quakers ; ils y ont réussi.
Ces arts innombrables qui servent le luxe, arts superflus, inconnus à nos peres, ôrent plusieurs milliers de bras aux travaux nécessaires, à l’agriculture, à la navigation. […] La seule domesticité enleve un nombre infini de Laboureurs & d’Artisans pour servir le luxe, & que le luxe corrompt, dégoute des travaux utiles, & les y rend inhabiles.
Le divertissement innocent relâche l’esprit & le fortifie & rend plus propre au travail & à la piété. […] La vertu peu désirée s’enfuit, le vice peu redouté triomphe ; on lui prête même des armes, on lui suggère des prétextes : le vice n’est qu’une foiblesse, la vertu qu’un travail.
Il n’a jamais fallu interdire la guerre aux femmes ; elles ne peuvent en soutenir les travaux, en courir les risques : une femme guerriere est un phénomène. […] Disent les demandeurs que combien que de droit commun les Maris soient en bonne, pleine & paisible possession de leurs femmes, & puissent se départir des compagnies à l’heure que bon leur semble, & fermer leur porte quand l’ombrage & la fantaisie les prend, & disposer de leurs femmes, comme chacun est modérateur de sa propre chose, contre tous exempts & non exempts, privilégiés & non privilégiés, néanmoins les masqués, sous couleur de privilèges tels quels, commettent chacun jour plusieurs abus contre ladite possession, au grand travail, mal de tête, fâcherie & molestation des maris ; que quand les maris sont assemblés en compagnie avec leurs femmes & damoiselles les défendeurs arrivent enmasqués, s’emparent des damoiselles, les reculent, les mènent chacun la sienne dans un coin, les confessent à l’oreille, dansent l’une après l’autre, & dès qu’ils l’ont prise ne la laissent jamais jusqu’à minuit & plus tard, sans qu’il soit possible leur faire guerpir la place ; & cependant demeurent les maris chiffrés & lourchés, & gardent les mules, tandis que mes mignons triomphent, & sont en danger des marchands & marchandises, qui est la fortune que plus ils craignent ; & si d’aventure ils appellent leurs femmes, ils sont nommés jaloux.
Et comme il n’y a rien de si facile que le trouver des ressemblaces en toutes choses, quand on a un côté fixe pour les regarder ; toutes les piéces où le Comedien a joué, lui découvrent des rapports entr’elles, qui abrégent beaucoup son étude, & impriment à son jeu une uniformité qui prouve qu’il est souvent dispensé d’esprit & de travail.
Il est certain que les personnes les plus vertueuses, durcies, pour ainsi dire, dans les plus longs travaux de la pénitence, aguerries après tant de combats, et accoutumées à vaincre, n’oseraient s’exposer à un tel péril de crainte d’être vaincues.
Siat vous ne changez les opinions erronées que vous avez conçues de nous et de notre profession, je croirai que votre malicieuse ignorance a de beaucoup surpassé la pieuse science des gens de bien que j’ai allégués en notre défense, en la créance desquelsau je me résoudraiav de continuer cette profession pour y chercher ma perfection, tenant mes labeurs bien employés et mes travaux mieux salariés que je n’oserais espérer, pourvu que le contentement de vos esprits, illustres spectateurs, suive d’aussi près mes souhaits que mon désir suit la recherche de votre bienveillanceaw.
Les oreilles & les yeux sont des entrées de l’esprit, favorables aux objets, qui en abregent & facilitent les approches, & qui ne coûtent à l’intelligence, pour ainsi dire, que des civilitez & que des soins de bien recevoir ce qu’ils luy presentent au lieu que la lecture & l’estude dépensent beaucoup de travail & de temps, & ne font que de lents progrez parmy des reflexions tres-chagrines. […] Un bon fonds soulage ou dispense le Laboureur d’une partie du travail & des soins, & s’il ne laisse pas d’enrichir le Proprietaire. […] Parce que le Poëte peut supléer à l’ignorance de l’Ouvrier, & le diriger dans son travail, au lieu qu’il est plus impuissant que luy dans les Ouvrages de la main, & dans la construction de ces bagatelles. […] On y est en seureté cõtre la rigueur des Saisons : Les travaux y sont continuez sans interruption des pluyes & des vents.
Il serait mieux peut-être que chacun avec sa compagne vécût dans sa maison au milieu de ses enfants ; mais ces mœurs ne peuvent subsister que chez un peuple attaché au travail par le besoin. […] C’est de là cependant que l’on tire nos soldats, et c’est le soldat qui succombe aux travaux d’une guerre éloignée et à l’inclémence d’un ciel étranger. […] et ne fait-il pas gloire lui-même de se procurer par son travail de quoi n’être à charge à personne ? […] Sans doute les talents et le génie ont un objet plus noble que le salaire du travail. […] On ne doit pas s’attendre à voir des mœurs pures au théâtre, tant que le fruit du travail et du talent ne pourra suffire aux dépenses attachées à cette profession.
Il était d’autant plus naturel de vous choisir pour arbitre, que vous avec concouru avec efficacité aux travaux apostoliques de M. l’abbé Desmares, et que vous devez savoir faire, beaucoup mieux qu’un autre, l’application des principes qu’il nous a enseignés.
Si nous voulions absolument instruire un homme épuisé par un travail long & pénible, ne choisirions-nous pas l’utilité la moins convenable à son état ?
Personne ne peut contraindre ni les uns ni les autres, à telle & espéce de travail.
Ceux qui se sont occupez à des ouvrages exterieurs, n’ont pas besoin de divertissemens pour réparer leurs forces, ils ont besoin seulement de cesser leur travail pendant un temps.
Habillé simplement, même grossierement, sobre, frugal, se nourrissant des viandes les plus communes, ne buvant presque point de vin, dormant peu, le plus souvent sur la dure, toujours à cheval, faisant sans s’arrêter, les plus longues courses, s’exposant comme un simple soldat aux plus grands dangers, partageant les travaux, les fatigues, la disette, sérieux, parlant peu, observant & faisant observer la plus rigide discipline : il méritoit les victoires qu’il achetoit si cherement.
car il n’y a point de milieu : ce n’est pas que la Religion Chrétienne ne connoisse & ne permette certains délassemens, & de corps & d’esprit, sans lesquels les travaux paroîtroient rebutans, & la vertu trop farouche ; mais ces sortes de délassemens ne sont permis que pour en venir à une devotion plus serieuse, & la Religion n’en reconnoît point d’autre fin.
Il la porta même à l’héroïsme par une mortification continuelle, l’éloignement du monde, l’étude, le travail, l’oraison.
Mais je me livrerai bientôt à un second travail. […] C’est d’eux que j’attendrai la récompense de mes travaux.
Vous êtes bannis de votre patrie, esclaves du péché, & au lieu de la sueur, du travail, de la pâleur, de la pénitence, vous vivez dans le faste & dans les délices, vincula captivi non monitia regnantis vestes exulis non triumphantis, sudor non nitor . […] Cet homme assurément a voulu se divertir : un Médecin judicieux ne peut pas dire sérieusement tant de folies, son petit-fils l’Abbé Renaudot étoit un vrai savant qui employa utilement ses travaux pour le bien de l’Église, en composant une partie très-considérable de la défense du fameux livre de la perpétuité de la foi sur l’Eucharistie.
Le Saint le plus durci dans les travaux, le plus aguerri dans les combats, n’ose point s’y exposer, & une vertu naissante, des gens sans vertu, déjà vaincus par les ennemis qu’ils cherchent, s’y soutiendroient ! […] Sur-tout pour les Religieux & les Ecclésiastiques, obligés à l’édification & au travail : Tempus audiendis nugis conterere, cùm Deo vacare necesse sit.
Malheureux instructeurs & d’autant plus malheureux qu’on vous plaint trop peu, vos penibles travaux en ce point n’aboutiroient-ils donc dans les vûës de l’Etat & dans les vôtres, qu’à donner de l’inflexion & de l’agrément à la voix ; de l’élegance au geste ; de la dignité à la démarche ; au port & à la contenance de la décence & de la grace ? […] Nous sçavons qu’il a baigné de ses pleurs des lauriers qu’il devoit plus au genie qu’au travail. Nous sçavons (& j’ose le publier après l’avoir entendu de lui-même) qu’un Poëte * dont le talent souple, toujours loüé, toujours censuré, s’aissaya sur tous les genres de poësie (avec moins de censure pourtant que de succès sur l’Opera) nous sçavons que cet autre Quinault abjura ses travaux couronnés, & déclara les maximes de ces sortes d’ouvrages diamétralement opposées aux maximes du Christianisme. […] Puis ils se replongent aussi-tôt dans leur travaux orageux, & courent se livrer à leurs écueils ordinaires.
Je fais qu’il est des délassemens nécessaires au corps & à l’esprit, quand l’un & l’autre ont été affoiblis par le travail ; & il ne faut que savoir quelle est notre condition depuis le péché, pour sentir le besoin que nous avons de nous procurer de temps en temps ce secours. […] Tant dont les jours se passent dans un cercle de promenades, de jeux, de visites ; tant de femmes mondaines dont le travail n’a rien de sérieux, ont-elles besoin de délassemens avec une vie qui est elle-même un délassement continuel ? […] tout le but de son travail est qu’on s’agite avec le personnage qui s’agite, qu’on s’associe à la douleur d’une femme affligée, qu’on prenne part au ressentiment d’un homme offensé qui exagére l’outrage qu’il a reçu ; & si l’effet n’accompagne pas l’exécution de sa piece, ne regarde t-on pas le secret de l’art comme manqué ? […] Je ne vous dirai rien de la pénitence d’un Auteur qui, dans le siécle passé, eut le malheur d’exceller en consacrant au théâtre ses travaux & ses veilles ; ce grand maître si vanté parmi nous, & trop digne de cette funeste immortalité ; à qui la grace ouvrit les yeux au bout de sa carriere, n’a-t-il pas arrosé ses lauriers de ses pleurs ? […] Enfin, s’il vous faut du touchant pour remuer, votre cœur ; quoi de plus propre que les travaux des Apôtres, les souffrances des Martyrs, leurs corps accablés sous de pésantes chaînes, leurs têtes abbatues sur les échaffauts, leurs membres déchirés par les plus cruelles tortures !
Je lui conseille, encore une fois, de rejetter tout sujet un peu relevé, qui demande du travail de la part du Poète, & de l’attention de la part du Spectateur ; le Spectacle moderne n’en est point susceptible ; on l’avouera sans peine si l’on connait bien son genre & sa nature ; il semble dire ce Vers à tous les Auteurs dont il enflamme le génie : N’offrez point un sujet d’incidens trop chargé.
Oser dire que les grandes villes ne sont pleines que de scélérats, c’est être soi-même partisans du vice, c’est lui donner le principal attribut de la vertu : elle seule fait le lien des hommes : le crime les désunit : une société qui subsiste, présente nécessairement l’idée d’urbanité et de mœurs : L’oisiveté et la fainéantise se trouvent dans les forêts, le travail et l’industrie dans les villes.
C’est en vain que pour étayer vos réflexions d’un air de vérité, vous nous représentez les Genevois comme un peuple simple et; laborieux, qui se délasse de ses travaux dans le sein de sa famille, en caressant son épouse et; ses enfans. […] L’heure des Spectacles étant toujours celle du soir, le travail n’en souffrira point. […] Il faudra par-conséquent un surcroît d’industrie et; d’assiduité au travail de la part du petit bourgeois. […] Que le Genevois continue ses exercices de la chasse et; de tout ce qui est capable de le rendre adroit, fort et; robuste, sa santé et; ses travaux y sont intéressés. […] Je ne sais s’il faut juger de vos Concitoyens par les autres nations, mais on remarque que le lendemain et; même plusieurs jours après ces réjouissances tumultueuses, l’ouvrier reprend son travail avec répugnance.
Vous participez donc à leur péché ; et si la Comédie ne vous fait point de plaies, vous vous en faites à vous-même par celles que les autres reçoivent en vous imitant, et ainsi vous êtes le plus coupable de tous. » « Mais, la nécessité de se délasser d’un long travail, ne peut-elle pas justifier la fréquentation des Spectacles ? […] Les continuelles émotions qu’on y ressent, nous affaiblissent, nous rendent plus incapables de résister à nos passions, et détruisent l’amour du travail et de l’application.
Au lieu de scènes qu’il faut mêler de tant de scandales, dans lesquelles Molière, votre guide, a cru devoir donner des tours gracieux aux vices, avec une austérité ridicule à la vertu (ce reproche lui est fait par ce respectable prélat lui-même) ; divisez votre travail en chapitres, faits avec sagesse et sans artifice, comme les siens ; répandez aussi doucement que lui des lumières aussi pures, et vous serez cité de la manière qu’il l’est tous les jours, avec une reconnaissance et un respect que nul partisan de la marche opposée n’inspire au même degré. […] Et, dans d’autres circonstances, combien de faux bienfaisants, ou d’hommes poussés uniquement par des vues secrètes d’intérêts particuliers, ont servi l’humanité autant que leurs concurrents généreux, de différentes manières ; soit par de grandes entreprises, ou la communication de projets utiles ; soit par des voyages ou des travaux pénibles, par leurs veilles et des études opiniâtres, par leurs découvertes, par leurs écrits ou discours ; soit aussi en veillant sur leurs concitoyens, en écartant les dangers qui les manaçaient, soit en défendant l’honneur et la fortune des opprimés ; soit en visitant et soignant leurs semblables, même dans les maladies les plus contagieuses !
Le Mercure de Décembre 1771, fait un grand éloge non seulement du mérite littéraire de cet ouvrage, en quoi il peut avoir raison ; mais encore du principe de morale & d’éducation qui met ces comédies entre les mains des jeunes gens ; je doute qu’aucun Mentor chrétien lui en fasse des remercimens & profite de son travail, quoique ce soit un Ecclésiastique qui le lui présente, qui n’a pas ici consulté les Canons & les Peres. […] La tragédie grecque à peine transportée des traiteaux de Tespis sur un théâtre imparfait, montre d’abord plus de pompe & de majesté, qu’on n’a sçu lui en donner chez les Nations les plus policées : après des siécles d’émulation & de travail ; il est difficile après ces lectures de s’accoutumer aux monstres dramatiques produits en Europe, deux mille ans après la perfection du théâtre.
On a tort de dire que le besoin fait porter des habits, non la vertu ; sans doute la rigueur des saisons, l’aiguillon des insectes, les embarras du travail, rendent le vêtement nécessaire. […] Elle est à elle-même le censeur le plus minutieux & le plus inexorable ; mais aussi quand ce chef-d’œuvre de l’art, du goût & de la mode, est sorti de ses mains, qu’elle applaudit à son travail, qu’elle se complait en elle-même, qu’elle se contemple avec plaisir dans son miroir, quels transports !