L’amour n’en dépouillera pas moins la Tragédie de cet appareil terrible qui fait son essence, & ne la reduira pas moins au médiocre talent de toucher les cœurs, au lieu de les ébranler.
Saint Augustin ne pensoit point autrement du désespoir de Didon après la fuite d’Énée, il ne laisse pas, au Livre de ses Confessions, de se reprocher d’en avoir fait la lecture, parce qu’il étoit plus touché de cet évenement fabuleux, que du récit de la Passion du Fils de Dieu & des Saints Martyrs.
Ces fêtes ne furent des folies que parce que c’étoit l’ouvrage du théatre, qui empoisonne tout ce qu’il touche.
Mais la plupart des Comédiens croyent qu’ils n’ont autre chose à faire qu’à débiter leur role avec feu ; ils mettent du sentiment dans ce qu’ils doivent dire, & n’en mettent pas dans ce qu’ils écoutent ; comme s’il était naturel qu’on ne prit nul intérêt aux discours que l’on nous tient, sur-tout lorsqu’ils contiennent des choses qui nous touchent vivement.
Comme elle paraît sans honte, et sans infamie, on fait gloire d'en être touché, on se familiarise peu à peu avec elle.
Car la comédie n'attaque que le ridicule des mœurs sans toucher à leur corruption.
On n’en doutera pas si l’on considere qu’elles sont sifflées, et passent pour froides et pour ridicules, si elles ne touchent délicatement quelque passion, et si la representation qu’on en fait ne la rend en quelque sorte contagieuse, et ne l’inspire aux spectateurs.
Je ne dissimulerai point ici l’effet que m’a causé Zaïre ; elle m’a souvent touché jusqu’à me faire répandre des larmes.
Loin des vices qui nous irritent, on en parle avec moins d’indignation ; loin des maux qui nous touchent, le cœur en est moins ému.
Qu’on présente à une compagnie des estampes de toute espece, chacun s’arrêtera à ce qui lui plaira d’avantage. c’est une pierre de touche pour en faire le discernement ; les images font une compagnie ; on ne se plaît qu’avec des amis ; on ne se lie qu’à ce qui est d’intelligence avec notre cœur. […] Malheur à ceux à qui le libertinage les a rendues aisées, familieres, pour en être peu touché.
N’osant toucher à la loi qui établissait l’infamie, ce qui aurait révolté tout l’Empire, il déclara qu’il fallait distinguer ceux qui jouent quelque rôle pour leur plaisir, et ceux qui font le métier de Comédien par intérêt ; que ceux-ci sont couverts d’infamie, et les autres en sont exempts : loi fort inutile, et au public à qui cette distinction ne fut jamais inconnue, et à lui-même que toutes les lois du monde ne pouvaient jamais garantir du souverain mépris que sa conduite inspirait pour lui à tous les honnêtes gens, dont même il réveillait l’attention et aiguisait la censure par des précautions si frivoles. […] Si quelqu’un est en droit de parler aux maîtres du monde, c’est leur Pasteur, c’est au Ministre du Dieu vivant, qui de sa part et en son nom instruit, exhorte, tonne, menace dans la chaire de vérité, qui par la force de la parole et le secours de la grâce divine, les touche en effet et les convertit.
Les cérémonies de la Religion, la richesse des Temples, les ornemens sacerdotaux font un tableau de la Divinité & de ses mystères, instruisent, touchent, augmentent le respect, animent la dévotion, la piété s’en sert utilement. […] Il y eut en Moscovie nombre de séditions quand le Czar Pierre voulut les obliger à raser leur barbe ; les Arabes sont extrêmement jaloux de la leur, il y auroit bien du sang répandu si l’on vouloit y toucher ; les François ne seroient pas plus patients, si on vouloit les forcer à laisser croître leur barbe comme les Capucins, on la portoit autrefois, il y eut de la peine à le faire raser, ce ne fut que par degrés, en conservant des pointes, des moustaches, &c ; on est bien plus attaché aujourd’hui à l’air galant d’une barbe bien rasée. […] Deux grands liens parmi les hommes, deux grands ressorts dans les affaires, deux grands mobiles dans les mœurs & dans les passions autant que renfermées dans de justes bornes, ils annoncent la vertu de celui qui les porte, & l’Empire à ceux qui les voyent, autant l’excès, l’immodestie, l’affectation par un effet contraire décélent la corruption de celui qui s’y livre, & la répandent dans ceux qui s’en laissent toucher, ils entretiennent l’orgueil ou l’humilité, la modestie ou la légèreté, la molesse ou l’austérité ; & par conséquent des exemples continuels & des objets frappans de vertu ou du vice, des grâces séduisantes ou des invitations édifiantes ; c’est une espèce de sermon éloquent.
Commenge, bien loin d'être touché de cette conversion et de cet affreux spectacle, et de se convertir lui-même, à son exemple et à son invitation, se montre le plus scandaleusement amoureux ; il quitte son rang, s'élance auprès d'elle et se jette à ses pieds, lui prend et lui baise la main ; et bientôt, par un second transport qui met le comble au scandale, il s'élance sur son lit, se jette sur elle, l'embrasse, l'arrose de ses larmes. […] Combien aurait-on mieux réussi et touché les cœurs, en tranchant tout d'un coup en deux mots cette affreuse reconnaissance, pour laisser la place à un sentiment de religion et de repentir, et si Commenge à sa place fondant en larmes sur ses péchés et sur ceux qu'il avait fait commettre, n'eût parlé que pour montrer sa conversion et édifier la Communauté ? […] C'est ce qu'exprime aussi poliment que chrétiennement le sieur Champfort, couronné à l'Académie Française, monté à l'unisson de plusieurs de ses Juges : « Loin d'ici ces mortels dont la folle prudence Refuse à leur pays le prix de leur naissance, » Cela touche d'assez près le galimatias.
» Donc quelque Histoire de l’Ecriture que l’on touche, si l’on n’y fait trouver cette double charité on ne l’entend point, et on l’altère. […] Au lieu que cette sainte femme est bien assurée qu’après trois jours elle coupera la tête d’Holopherne, sans contracter la moindre souillure ; en sorte même qu’elle ne touchera pas à d’autres viandes qu’à celles qu’elle avait apportées ; ce qui lui fait dire si positivement. « Quoniam non expendet omnia hæc ancilla tua, donec faciat Deus quæ cogitavi : Avant que votre servante ait consumé tout ce qu’elle a apporté, Dieu fera par ma main ce que j’ai pensé. […] » Qui ne serait touché, ou plutôt qui ne serait indigné de voir que pour empêcher qu’on ne parle contre la Comédie, on croit qu’on n’a qu’à faire représenter de temps en temps des sujets saints.
L’une plus occupée à toucher le cœur qu’à recréer l’esprit, a sçu répandre d’un bout à l’autre de sa pièce un intérêt si vif, si bien ménagé, qu’on se plaît dans le trouble & dans les allarmes où elle jette.
Pourquoi, demande Saint Augustin3, êtes-vous touché du Spectacle ?
; qu’il est mesme en quelque façon contre la bien seance d’en toucher quelque chose, d’en rapeller le souvenir, & d’en salir son idée.
J’ajouterai ce mot, venant de quelqu’un digne de foi, pour déclaration de ce que j’ay touché en un mot.
Le Prince chérissait ce Courtisan ; il fut touché de le voir le jouet et la victime d’une passion honteuse, et chercha tous les moyens de le guérir.
L’amour de Dorante et d’Angélique a besoin de quelque correction : les visites que Dorante fait au Couvent où Angélique est enfermée, et la vivacité impétueuse avec laquelle ils se témoignent leur passion, méritent aussi une juste critique : et au surplus, quelque changement qu’on y fasse, il ne nuira jamais à l’intention du Poète, pourvu qu’on ne touche point au fond de la Pièce, qui après ces légers changements me paraît très digne du Théâtre de la Réformation.
Les reconciliations & les brouilleries, les hauteurs & les petitesses, les insultes & les caresses se touchent ; l’intérêt du moment fait la décoration, l’intrigue le dénouement : on joue toutes sortes de rôle. […] La Reine, plus touchée des maux de l’Etat que de l’humiliation des Princes, lui sut mauvais gré de son triomphe, & la fit rentrer dans les petitesses de la coquéterie pour lesquelles seules elle étoit née. […] Rien de plus édifiant : on y voit une ame élévée, touchée de Dieu, qui passe par les épreuves de la vie spirituelle, gémit de ses égaremens, & soutient courageusement, par la force de la grace, les combats que le démon, la chair & le monde lui livrent. […] Elle fut témoin & vivement touchée de la profession de Mad.
Comme cela touche la Vieille de fort près, elle entreprend avec grande chaleur de répondre, sans pourtant témoigner se l’appliquer en aucune façon : ce que nous ne faisons jamais dans ces occasions, pour avoir un champ plus libre à nous défendre, en feignant d’attaquer simplement la thèse proposée, et à évaporer toute notre bile contre qui nous pique de cette manière subtile, sans qu’il paraisse que nous le fassions pour notre intérêt. […] Le Père lui dit qu’elle ne craigne point d’avouer ce qu’elle pense, et qu’elle dise hardiment, ce qu’aussi bien il devine aisément, que « les mérites de Monsieur Panulphe l’ont touchée, et qu’enfin elle l’aime ». […] D’abord Mariane se jette à ses genoux et le harangue si bien, qu’elle le touche. […] La raison en est, que comme il n’y a rien qui nous plaise tant à voir en autrui, qu’un sentiment passionné ; ce qui est peut-être le plus grand principe de la véritable Rhétorique ; aussi n’y a-t-il rien qui déplaise plus que la froideur et l’apathie qui accompagne le sentiment de ridicule, surtout dans une personne qu’on aime : de sorte qu’il est plus avantageux d’en être haï ; parce que,quelque passion qu’une femme ait pour vous, elle est toujours favorable, étant toujours une marque que vous êtes capable de la toucher, qu’elle vous estime, et qu’elle est bien aise que vous l’aimiez ; au lieu que ne la toucher point du tout, et lui être indifférent, à plus forte raison lui paraître méprisable, pour peu que ce soit, c’est toujours être à son égard dans un néant le plus cruel du monde, quand elle est tout au vôtre : de sorte que, pour peu qu’un homme ait de courage ou d’autre voie ouverte pour revenir à la liberté et à la raison, la moindre marque qu’il aura de paraître ridicule, le guérira absolument, ou du moins le troublera, et le mettra en désordre, et par conséquent hors d’état de pousser une femme à bout pour cette fois, et elle de même en sûreté quant à lui ; ce qui est le but de ma réflexion.
Les Spectateurs y cherchent le plaisir et la volupté ; non celle qui réjouit l’esprit ; et touche l’entendement par la connaissance des choses excellentes divines et humaines : mais celle qui se reçoit par les sens, les chatouille, et leur agrée, et par eux émeut aussi ensuite les facultés internes, et se glisse dedans l’âme. […] Qui voudrait ôter aux hommes toutes sortes de plaisirs qui agréent aux sens, et les touchent immédiatement, serait justement blâmé comme s’il les voulait dépouiller de l’humanité. […] Et d’autant qu’il n’y en a point, qui doivent plus toucher la conscience, que celles qui sont tirées de l’autorité de Dieu en sa parole, nous commencerons par là. […] Nous avons déjà touché en passant les avis de Tertullien et de Cyprien, qui sont les plus anciens latins desquels les écrits nous restent. […] Le jour de notre visitation : le moment où Dieu nous visite, c’est-à-dire, sans doute, où nous sommes touchés par sa grâce.
L’intérêt principal est pour Bérénice, et c’est le sort de son amour qui détermine l’espèce de catastrophe : non que ses plaintes donnent une grande émotion durant le cours de la pièce, mais au cinquième acte, où, cessant de se plaindre, l’air morne, l’œil sec et la voix éteinte, elle fait parler une douleur approchante du désespoir ; et les spectateurs vivement touchés commencent à pleurer quand Bérénice ne pleure plus. […] Pour les instructions du théâtre, la touche en est trop légère ; il n’y a rien de moins sérieux, puisque l’homme s’y fait à la fois un jouet de ses vices, et un amusement de la vertu.
C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées. […] « Je ne sache pas de parole du Sauveur des hommes qui s’applique plus rigoureusement à des chrétiens et qui touche de si près à leur salut, que celle-ci : “Bienheureux ceux dont le cœur est pur, parce qu’ils verront Dieu.
Ce sujet ne touche par aucun bout à la question des Spectacles ; mais en parcourant les délits qui sont atteints de la peine d’infamie, comme il a rencontré celui-ci en route, il n’a pas cru devoir le passer sous silence.
Il suit de-là que l’on approuve tout ce qu’on souffre sur le Théâtre ; on ne hait donc pas les galanteries qui s’y produisent, on aime des représentations qui inspirent la tendresse, qui apprennent le langage séduisant de l’amour ; cette passion infâme paroît avec honneur sur la scéne, on fait gloire d’en être touché.
Enfin tel ou tel leur répondoit ce qu’on nous répond encor tous les jours, & ce qu’a si bien remarqué Saint Chrysostome : tout ce que je vois, & tout ce que j’entend, me divertit & rien de plus ; du reste, je n’en ressens aucune impression, & je n’en suis nullement touché.
On veut être ému et touché par le spectacle ; la scène languit, si elle n’irrite quelques passions, et, quand les acteurs nous laissent immobiles, nous sommes indignés de ce qu’ils n’ont pas su troubler notre repos, ni blesser notre innocence.
Voltaire n’est pas plus sage, il ne donne pas moins de folies à 80 qu’il en donnoit à 25 ans ; il est moins sage, il ne respecte ni la réligion, ni les mœurs ; les erreurs sont ses lisieres ; qu’il est à plaindre de s’en laisser bercer, il touche à l’éternité. […] Ils veulent moins s’intéresser que s’attrister : on ne cherche plus à toucher les cœurs, on s’efforce de les déchirer, ce goût sauvage & atroce, nous replonge dans la barbarie : ces ouvrages sont licentieux, la mauvaise morale en action excite les passions & familiarise avec le vice. […] Les Grecs étoient touchés parce que c’étoient des événemens intéressants, comme si parmi nous on faisoit une représentation des supplices des Ravaillac & des Damiens.
Un peuple à qui il faut des sensations extrêmes touche à la corruption . […] Un peuple à qui on ne peut plaire qu’en lui montrant le vice, non seulement touche à sa corruption, il est déjà corrompu. […] Mais Thalie souille tout ce qu’elle touche, elle répand la corruption dont elle est pleine, presque sur tout ce qui est fait pour la condamner.
Une autre espece de Spectacles, qui, quoique bien moins abominables, étoient tout aussi dignes de la juste Censure des Saints Peres, étoit la Représentation des Mystères du Paganisme ; car quoiqu’aujourd’hui nous soyons peu touchés des Aventures de Jupiter, de Mars, &c. […] Faut-il que tout ce qui touche à ce Théâtre se souille dans l’instant ?
Toucher aux loix de la Musique, selon lui, c’est toucher à celles du Gouvernement.
Que le Sujet soit donc choisi si honeste, si net, si pur, qu’il puisse se défendre contre toute sorte de severité ; Que le titre soit bien purgé, non seulement de toute ambiguité des termes, mais encore de la simple odeur d’un mauvais sens ; Que toute l’étenduë qu’il peut avoir non seulement ne touche point à des circonstances trop libres, mais même qu’il n’y frole point (pour ainsi dire) par des sous-ententes ou par des equivoques, ny enfin directement ou indirectement. […] Ainsi dans l’amant, dans le malade, dans le triste ou dans l’enjoüé, il doit s’attacher à biẽ toucher, & à bié peindre les diverses alterations, que l’amour, l’infirmité, le chagrin, ou la joye peuvent causer sur le visage ou sur les autres parties qui semblent plus s’interesser aux ressentiments interieurs, & qui par une relation & naturelle & inperceptible s’en chargent absolument, & les produisent au dehors, malgré toutes nos resolutiõs, & toute nôtre retenuë. […] Toutefois suposant aussi que la plus grande partie de ceux qui entreprenent les Balets, ne sont ni Musiciens ny Poëtes, il ne sçauroit estre qu’utile pour eux & pour le public, de toucher icy quelque chose de la veritable beauté des airs. […] L’un & l’autre sont trop graves, & la grande diversité des cordes que l’on touche, & des accords que l’on forme à la fois à force de charmer l’oreille, ne fait qu’embaraser les pieds. […] O N ne sçauroit parler des Danceus de Balet, qu’on ne touche quelque chose de la Dance en general : & l’on ne peut decider ce qui peut faire un bon Danceur, qu’on n’ait quelque teinture de ce qui compose la belle Dance.
En troisième lieu, l’on peut regarder la représentation d’une Comédie comme celle d’un tableau, plus il est animé et plus on le regarde avec plaisir, on admire l’art du Peintre sans se laisser toucher des choses qu’il représente. […] Que l’idolâtrie ait été une des raisons pour laquelle on a condamné la Comédie dans les premiers siècles, c’est une proposition dont on demeure d’accord : mais les Saints Pères l’ont encore condamnée par les autres raisons qu’on a touchées ci-dessus, et encore par cette raison générale, qu’ordinairement elle corrompt les bonnes mœurs, soit par rapport aux sujets qui y sont représentés, soit par rapport aux circonstances mauvaises qui en sont inséparables dans la pratique. […] Pour ce qui est de Lactance, il condamne les Spectacles par des raisons particulières qu’il explique en détail au Livre 6 des Institutions divines Chapitre vingtième71 « Je ne sais, dit-il, s’il se peut trouver une plus grande corruption que celle qui se rencontre dans les Comédies : car il y est fait mention des violementsb de vierges et des amours de femmes débauchées, et plus l’éloquence des Auteurs de ces fictions de crimes est forte, et plus les auditeurs en sont touchés et persuadés par la beauté du style, leur mémoire retient plus facilement ces vers d’une belle cadence ; les histoires tragiques qui y sont représentées, leur mettent devant les yeux des parricides, des incestes et d’autres crimes qui sont les sujets des Tragédies. […] Enfin, il s’ensuit, qu’il n’y a point de mal d’aller à la Comédie quelque malhonnête et sale qu’elle soit ; parce que séparant le plaisir que la vue de la chose représentée peut produire, d’avec celui de la représentation, une personne peut répondre que ce dernier la touche et non pas le premier. […] A la troisième demande, on répond que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont recherchés et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de celle de l’amour, qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie.
Vous avez du sentiment, les beaux morceaux doivent vous toucher ; le livre est sous vos yeux ; vous méditez, vous avalez à longs traits le venin que l’auteur a répandu dans les vers que vous admirez ; enfin, vous faites vous-même le rôle du comédien que vous condamnez si sévérement.
Si ce même Auteur ajoute : « Que les larmes, que les fléxions touchantes fournissent au sentiment, sont encore plus puissantes que celles qu’il emprunte des expressions les plus énergiques. » Il n’a pas fait atention que les inflexions touchantes font dans l’esprit des expressions énergiques, qu’elles en fortent comme de leur source naturelle ; enfin, qu’elle ne touchent que parce qu’elles sont des plus énergiques.
Pour qu’un Acteur connût les moyens qui sont propres à toucher le spectateur, il faudroit, 1°.
circonstance qui prouve ce que j’ai avancé : car outre qu’à cet âge l’imagination est vive, l’esprit dissipé, le cœur volage, les sens ouverts & subtils, dispositions fatales, & propres à donner entré au peché, c’est qu’on est sans experience, sans crainte, sans défiance, sans preservatifs ; faute d’experience tout plaît, tout touche, toute attache : faute de crainte on ne sçait ce que c’est que de se menager, que de s’arrêter a propos, que de reculer ; on envisage avec joye le precipice, où l’on va se perdre, on cherche même a se perdre : faute de défiance loin de tenir sur ses gardes, & de se mettre en disposition de repousser l’ennemi du salut, on se dépouille (si j’ose parler de la sorte) de ses armes, & sent-on la tentation, on est hors d’état de se defendre.
Nous ne redirons point icy les admirables effets des Machines, & il vaut mieux toucher un autre poinct du Spectacle qui n’est pas de moindre consequence.
Cela est si vrai, qu’il n’est plus question parmi eux d’exécuter les canons qui les touchent, et qu’ils semblent laisser dans un oubli, dans une désuétude absolue, tels que ceux-ci : « 1° On renouvelle, dans le concile de Carthage tenu en 349, la défense déjà faite aux ecclésiastiques, en plusieurs conciles, d’habiter avec des femmes ; « 2° Aucune femme ne doit demeurer avec aucun des prêtres, mais seulement la mère, l’aïeule, les tantes, les sœurs, les nièces, celles de leur famille qui demeuraient avant leur ordination. 3e Conc. de Carthage, an 397, can. 17 ; « 3° Les prêtres doivent s’abstenir des grands repas, de la bonne chère, de l’ivrognerie et autres vices.
Quels tableaux touchés avec plus d’art, que ceux de l’esprit tortillé, inconséquent, et sans nulle vigueur de nos frivoles déclamateurs dans la Chartreusea, et surtout dans le style ingenu que vous leur opposez du Curé de la Seigneurie, peint avec une naïveté ravissante !
C’est qu’on prenne garde à ne point marquer scandaleusement les mauvaises actions, à toucher les passions doucement, et à y donner une salutaire correction par des Remontrances faites à propos.
Tel sera simplement touché à la vue d’un accident facheux, qui viendra verser des pleurs à la représentation. […] il faut toucher le Spectateur, l’attendrir : l’affecter avec douceur, l’intéresser avec grace ; ou le saisir brusquement, le remuer, l’échauffer ou le refroidir : le glacer ; ou l’enflammer ; le perdre ; ou l’élever : le rappeller ; ou le confondre. […] Un mauvais Acteur est un ressort foible, qui plie sous la machine, une teinte louche qui blesse le coup d’œil, une touche molle qui gâte le coloris. […] Dans tout cela qui a-t-il qui soit capable de toucher, d’intéresser le cœur ?
Ne crois pas cependant, qu’il s’occupât toujours de moi : ton nom était à tout moment sur ses lèvres : Tu le rends le plus heureux des hommes ; je puis seule lui faire supporter ton absence : je suis son amie, sa protectrice ; je serais son azile contre l’ingratitude ou la légèreté de son propre cœur, si… On ne finit pas : on craint de toucher cette corde trop fort : elle rendrait un son aigre, déchirant pour des oreilles infidelles. […] Il regrettait que les Vers du Poète Quinaut, eussent en pure perte, tant de délicatesse, de finesse, de douceur ; c’est l’Albane, nous répétait-il souvent, qui met tout le fini de son art & les grâces de sa touche, à peindre un plafond. […] nt en ne proposant aux Acteurs que des objets d’imitation non-seulement honnêtes (ce qui est indispensable) mais dans qui l’on voye un degré de vérité, qui les rende intéressans ; & de bonté, de sagesse, ou de critique, qui nous y fasse trouver de quoi nous toucher, nous instruire, ou nous inspirer de l’éloignement des choses vicieuses. […] [Dans l’Opéra de Dardanus, mademoiselle Arnould m’a touchée, attendrie, sans que j’entendisse un mot de ce qu’elle disait. […] Que l’Opéra puise dans Homère, dans Virgile, dans Ovide, l’Arioste, le Tasse, Milton ; dans les Romans merveilleux, & jusques dans Dom Quichote ; il pourra même entreprendre avec succès, de représenter les prodiges opérés en faveur des Enfans d’Israel : mais qu’il ne touche pas à l’histoire ; qu’il ne prenne aucun sujet trop récent ; quelque prodigieux que soit un fait de la Loi nouvelle, il ne peut l’employer : il faut que le fond sur lequel il bâtit, ou soit faux, comme celui des Amadis, ou fabuleux, comme celui d’Atys, d’Isis ou de Psyché ; ou que le trait se perde dans la nuit des siècles écoulés ; tels sont les sujets de Jephté, de Samson, &c.
Si le Héros que l’on représente sur le Théâtre, n’a une grande vertu, on n’est que médiocrement touché de ses infortunes ; la vertu affligée excite cette pitié tendre, qui fait le plaisir le plus délicat de la Tragédie ; mais si le Héros tombe dans la disgrâce par sa faute, ou par son imprudence, ou après avoir commis quelque mauvaise action, on se sent indigné contre ses vices, et peu attendri de ses maux : La punition d’un méchant homme est une chose ordinaire, qui n’excite pas de grands sentiments. […] Un homme féroce et sanguinaire se repaît de spectacles cruels ; les plaintes, les cris, les gémissements des malheureux ne sauraient l’attendrir ; il n’est point touché des maux qu’il fait souffrir aux autres, et il goûte une joie barbare, quand il voit les autres tomber dans de grandes infortunes. […] Qu’il ne choisisse pas un homme vicieux pour le Héros de sa pièce ; car l’on n’est que médiocrement touché de voir un méchant homme tomber dans de grands malheurs, qu’il n’a que trop mérités par ses crimes ; ou si la fortune le favorise, on sent un secret dépit de voir le vice récompensé par de continuelles prospérités.
Le diable a eu tant de pouvoir sur une Damoiselle, que sa mère voulait retirer de vanités du monde, (èsquelles elle ne se plongeait que trop) et pour cela la menait avec soi au sermon d’un Prédicateur, par la bouche duquel Dieu touchait les cœurs, pour être tout à fait à lui sans aucune réserve : Satan, dis-je, fit tant qu’il lui persuada de se mettre du coton dans les oreilles, avant que le sermon commençât, pour n’entendre aucun mot, qui peut la porter au bien. […] Cette Damoiselle sortait du Sermon toute joyeuse de n’avoir pas eu sujet d’être touchée de la voix du Prédicateur, pour quitter ses vanités ; et ainsi se moquait de sa mère en son cœur, et s’en riait avec ses compagnes : ne vous sera-t-il pas une grande joie, et une récréation toute divine, d’avoir si bien trompé le monde, et Satan qui en est le prince, que vous aurez été comme la rose entre les épines, ou comme les Iles Chélidoines, lesquelles ont une eau très douce, quoique entourée de tous côtés de l’eau salée de la mer : ou comme les mères perles qui dans la mer n’ouvrent jamais leurs coquilles, pour recevoir une goutte de son eau, mais bien de celle de la rosée du Ciel ; c’est triompher du monde, du Diable, et de la chair, que d’en faire ainsi. […] qui touche la somme qu’on joue, ou le gain qu’on y fait ; il est assuré qu’on peut exposer quelque chose à gagner à celui qui jouera mieux ; car au jeu il y a quelque habilité, et industrie ou du corps, ou de l’esprit, ou de tous les deux ; le gain sert de prix, ou de récompense d’icelle : mais il faut prendre bien garde que ce prix ne soit pas trop grand, il y a du péché en l'excès d’icelui, la raison est, 1.
Le Comédien d’Alinval, se croyant à la veille d’aller sur le nouveau théâtre, fit ce compliment de clôture : Le théâtre françois, touche enfin à l’époque la plus flateuse qu’il pouvoit espérer ; le gouvernement daigne fixer un moment son attention sur lui, & s’occuper à faire élever un monument digne des chefs-d’œuvre des hommes de génie, qui vous ont fait hommage de leurs veilles. […] Dans toutes les Réligions vraies ou fausses, le cérémonial du culte public, est une sorte de spectacle mystérieux & figuratif, pour mettre les dogmes, les loix, les vertus sous les yeux du peuple, l’instruire, l’effrayer, le toucher.
C’est la plus jolie figure, un cœur qui sent, une voix qui touche, un visage qui peint. […] combien de fois l’un sera avec raison peu touché, peut-être choqué de ce qu’admirera l’autre !
A travers un verre sphérique ou creux tous les rapports des traits sont changé ; à l’aide du clair & des ombres, une surface plane se releve ou se creuse au gré du Peintre ; son pinceau grave des traits aussi profonds que le ciseau du Sculpteur, & dans les reliefs qu’il sçait tracer sur la toile, le toucher démenti par la vue, laisse à douter auquel des deux on doit se fier. […] Et cependant lorsqu’une affliction domestique & réelle nous atteint nous-mêmes, nous nous glorifions de la supporter modérément, de ne nous en point laisser accabler jusqu’aux larmes ; nous regardons alors le courage que nous nous efforçons d’avoir comme une vertu d’homme, & nous nous croirions aussi lâches que des femmes, de pleurer & gémir comme ces Héros qui nous ont touchés sur la scène.
Mais je conjecture pourquoi il a feint ici le pape : j’en toucherai incontinent la raison après que vous l’aurez ouï, prononçant ceste autre menterie. […] Et quant à ce qui touche le jugement, duquel il est maintenant question, remarque que Tertullien, qui a vécu il y a plus de 1400 ans en a fourni le parfait argument aux jésuites en ces termes.
L’Autre République dont aussi nous touchons, est la tant vantée de Lacédémone, où par un aveu public, la vertu a été comme élevée dessus son Trône le plus sublime ; et qui par l’exacte observation de ses bonnes lois, s’est maintenue plusieurs siècles en un haut éclat. […] Or cela ne fut pas seulement à une fois, ou à deux, mais continua jusques au temps de Pompée le Grand, qui pour garantir son Théâtre de passer par la même rigueur, s’avisa d’en faire un lieu Sacré, et lors de sa dédicace, y ayant assemblé le peuple, ne le qualifia pas un Théâtre, mais lui donna le nom de Temple, et le consacra à Vénus, de sorte que les Censeurs n’y osèrent toucher. […] Ceux que nous venons d’alléguer sont à notre égard des particuliers ; mais après eux nous touchons de l’autorité publique, qui a parlé par les Lois. […] Outre cette allégation des belles Sentences des Théâtres, et que les actions qui s’y représentent portent à la vertu, On nous touche de quelques Comédies, dont le sujet est Saint, et qui sont pour porter à la dévotion, étant même tirées de la Parole de Dieu. […] Il en suit quelques-uns qui nous touchent ici de l’intérêt de leur santé, et nous allèguent qu’étant d’une humeur triste, la Comédie les divertit.
L’excès de sa misère ne saurait les toucher. […] Peu touchés des biens d’une vie future, la plupart des hommes ne s’occupent guères aujourd’hui que du soin d’amasser des trésors pour celle-ci. […] On a fait la même chose dans la tragédie, pour suppléer aux situations prises dans les intérêts de l’état qu’on ne connaît plus, et aux sentiments naturels et simples qui ne touchent plus personne. […] « Des motifs si purs, si élevés ne nous touchent plus guère…. […] Oui, nous touchons enfin à cette époque heureuse où nous n’y devons plus voir que des cœurs droits et désintéressés, que des orateurs dignes d’en porter le nom, et d’en offrir les talents et les modestes vertus.
On admirera sa richesse, le cœur ne sera point touché de ces mobiles attraits. […] Dieu lui-même veut bien en paroître touché, & en parlant de la vertueuse épouse dans le livre des Cantiques, il y dit avec une sorte d’admiration, que vos démarches sont belles avec votre chaussure, fille du Prince !
Au lieu de phiole à chaque touche répond une cassolette qui exhale ou retient son parfum à volonté, selon qu’on baisse ou lève la soupape, & comme les odeurs montent, & que les liqueurs descendent ; au lieu du canal conducteur on met sous le clavecin une pyramide creuse ou un entonnoir renversé ; on place le nés au sommet où les odeurs vont aboutir comme dans l’orgue savoureuse, on place la bouche au bout du tuyau conducteur où les liqueurs vont se rendre ; cela ne se fait pas sans rire : un homme au bout d’un tuyau qui avale une ariette, ou à la pointe d’une pyramide qui hume une chacone, une gigue fait avec celui qui touche l’orgue, une scène très-comique, mais un grand inconvénient, c’est qu’on ne peut régaler qu’une ou deux bouches, un ou deux nez à la fois, & qu’à mesure que la liqueur s’écoule, il faut en verser des nouvelles, au lieu que l’air & la lumière fournissent sans se consumer à une foule d’auditeurs ou de spectateurs.
Augustin s’accuse dans ses confessions, d’en avoir été touché jusqu’aux larmes, seulement en le lisant, & senti le feu de l’impureté s’allumer dans son cœur ; & l’on voudra faire croire que le même événement joué cent fois sur tous les théatres, peint avec les mêmes couleurs, avec tous les vers de Virgile qu’on se fait honneur de traduire, embelli par la décoration, la danse, la musique, l’action, la parure, la modestie des Actrices, fait moins d’impression sur des spectateurs tous bien inférieurs en sévérité, & la plûpart plus corrompus dans leurs mœurs, que ne le fut jamais Augustin ! […] Des reproches si vains touchent peu les mortels : Faudra-t-il qu’un Dieu soit moins sage ?
Ce livre a de bonnes choses & de très-mauvaises qui touchent à l’impiété. […] Ce Seigneur, faux libéral, qui prend sur ses gens ce qu’il distribue à ses flateurs, au sortir d’un dîné remarquable par les folies de la dissipation & du luxe, rencontre un pauvre sans être touché de ses maux, est indigné qu’on ait eu la hardiesse de l’offrir à ses yeux.
J’ai joué, comme je vous l’ai déjà dit, le rôle de Séide dans cette pièce ; M. de Voltaire avait lui-même composé notre Auditoire de gens qu’il avait prié d’apporter un œil connaisseur et critique sur la pièce et sur les Acteurs, plutôt que leurs dispositions à se laisser toucher par les beautés d’un Poème. […] Comment de jeunes gens, sans habitude au Théâtre et qui ne montraient encore que les dispositions nécessaires pour s’y distinguer un jour, auraient-ils pu faire cette impression sur des auditeurs consommés au Spectacle, et maîtres eux-mêmes du Théâtre, si la pièce n’était une de celles qui toucheraient le cœur le moins sensible, quand bien même on la débiterait comme on lit la gazette ?
Je ne crois pas même qu'elle s'embarrasse de ces abstractions ; contente de goûter, de faire goûter le plaisir, et de toucher son argent, elle renvoie ces subtiles distinctions au pays des songes. […] Qu'est-ce qu'être touché à une pièce ?
Les Empéreurs Léon & Copronime, les Protestans qui ont dépouillé les temples, n’ont point touché aux images du théatre. […] Le premier coup d’œil d’une femme porte sur la parure d’un homme ; c’est la pierre de touche du mérite. […] On dit avec dédain aux misérables, comme le Pharisien : Je suis beau, je suis paré, je suis propre, ne me touchez pas, vous derangeriez ma parure : Noli me tangere, quia mundus sum.
A l’égard des vices dont les suites peuvent être funestes à la Société, la Comédie doit se donner bien de garde d’y toucher, parce qu’elle les rendroit odieux, & qu’elle pourroit persuader aux hommes de les abandonner.
On verra dans l’un un coloris plus frais, des masses mieux distribuées ; dans l’autre, une touche plus fiere, un dessein plus hardi ; mais on ne trouvera point dans l’un ni dans l’autre, de ces physionomies, de ces configurations nationales, auxquelles on reconnoît les différens Peuples.
Il ne raisonne point, il se laisse toucher.
C’est par un tel usage qu’on peut empêcher les Spectateurs de trop se distraire dans l’intervalle des Actes : « n’entendant jamais sortir de l’Orchestre que l’èxpression des sentimens qu’ils éprouvent, ils s’identifient, pour ainsi dire, avec ce qu’ils entendent, & leur état est d’autant plus délicieux qu’il règne un accord plus parfait entre ce qui frappe leurs sens & ce qui touche leur cœur. »18 Nous verrons ailleurs ce qu’on peut encore observer sur l’Orchestre des Théâtres dont les Poèmes sont récités.
Ainsi dans ces jardins embellis pour te plaire, Qu’on prendrait pour Paphos, Amathonte, ou Cythère ; Couppée, ac quand un regard lancé de tes beaux yeux, A donné le signal d’un combat amoureux ; Sous ces ombrages frais, asiles du mystère, Sur un lit de gazon qui touche à la fougère, Tu suis un Prince aimable, et les jeux, et les ris, Tandis que chaque mois, pour cinq fois dix louis, D’un paillard impuissant, Poupone avec adresse.
Leurs acclamations faisaient voir qu’ils étaient convaincus et que mes paroles leur plaisaient ; mais leurs larmes me prouvaient qu’ils étaient touchés.
En faut-il davantage, pour vous faire toucher au doigt, que tout ce qui est toléré, n’est pas pour cela innocent & licite ? […] C’est là, où J.C. vous attend ; c’est là, où il préside ; c’est là enfin, où il veut vous éclairer, vous instruire & vous toucher. […] … La Marquise plus touchée de l’arrêt du Parlement, que de toutes les décisions de l’Eglise, avoua qu’elle ne croyoit pas la chose aussi sérieuse, & promit de ne jamais plus paroitre aux spectacles. […] Je pris d’abord la liberté de dire, que je voulois bien ne pas douter du fait, & sans ajouter que je trouvois la demande du Confesseur aussi pitoyable, que celle de la pénitente, je lui fis toucher au doigt, par les raisons rapportées pag. 52, 53 & 54. qu’un Confesseur exact, doit refuser l’absolution à tous ceux, qui, après avoir été suffisamment avertis, ne sont pas entiérement disposés à fuir les spectacles. […] Une personne réellement pieuse, ne s’accommode point de mille frivolités, & d’une vie, dont la principale occupation est de n’en avoir aucune, & dont la plus grande inquiétude est d’imaginer, à quoi on pourra tuer le tems ; passez moi le terme ; mais touchée de ses infidélités passées, elle profite avec empressement, de tous les instans présens, pour racheter ceux qu’elle a malheureusement perdus, ou criminellement employés : redimentes tempus, quoniam dies mali sunt.
Le but de l’Auteur dans cette controverse est de réfuter quelques décisions trop favorables à la Comédie : ainsi c’est un Docteur sévère, qui attaque des Docteurs relâchés, ou plutôt leur doctrine : car sa censure n’est point une satyre ; il est leur adversaire sans être leur ennemi ; en ruinant leur sentiment, il ne touche ni à leur personne, ni à leur intention.
Le but de l’Auteur dans cette controverse est de réfuter quelques décisions trop favorables à la Comédie : ainsi c’est un Docteur sévére, qui attaque des Docteurs rélâchés, ou plûtot leur doctrine : car sa censure n’est point une satyre ; il est leur adversaire sans être leur ennemi ; en ruinant leur sentiment, il ne touche ni à leur personne, ni à leur intention.
. — Mademoiselle de F***, élevée dès l’enfance dans le Couvent de C**, n’en était sortie que pour épouser un jeune Conseiller ; soit qu’il eût beaucoup de mérite, ou seulement celui d’être le premier objet capable de la toucher, qui se fût offert à sa vue, on dit qu’elle l’aima éperdûment.
Le Conistra était le parterre : le Bouleuticon, la place des Magistrats : les Diazoma, des corridors ; les Gradins, de petits escaliers, pour monter d’un rang à l’autre ; le Cercys, l’endroit le plus élevé, destiné pour les femmes ; l’Ephébicon, l’endroit où se plaçaient tous les Citoyens dès qu’ils avaient atteint dix-neuf ans : les Echæa, étaient des vases d’airain soutenus dans de petites cellules par des coins de fer, sans toucher à la muraille, & disposés de sorte, que la voix sortant de la bouche des Acteurs comme d’un centre, se portait circulairement vers les corridors ou paliers, & venait frapper la concavité des vaisseaux, qui renvoyaient le son plus fort & plus clair : il y avait jusqu’à trois rangs de 26 Echœa dans les grands Théâtres : l’Orquestre était destiné aux Danses chez les Grecs, aux Spectateurs qualifiés chez les Romains ; l’Hyposcénion (Sous-Scène) était un réduit pratiqué dans l’Orquestre, pour la commodité des Joueurs d’instrumens & des Personnages du Logéon, qui s’y tenaient, jusqu’à ce que l’exécution de leurs Rôles les obligeât à monter sur le Logéon, ou lieu de la Scène : l’Agyéus était un Autel consacré à Apollon ; car, dans les anciennes Religions, les Dieux présidaient à tous les plaisirs des hommes ; doctrine admirable… L’Odéon était le lieu de la Musique ; le Podion, la balustrade qui séparait le Proscénion de la Scène du Théâtre Romain ; l’Episcénion n’était autre chose que le plus haut rang de colonnes, lorsqu’il y en avait trois l’un sur l’autre : le Sciadion se nommait Umbella chez les Romains : c’est notre Parasol.
Il faut donc que ceux qui représentent la passion d’amour en soient touchés pendant qu’ils la représentent.
C’est pour ce sujet que je voudrais pouvoir reconnaître ces personnes ; mais encore qu’elles nous soient inconnues, elle ne peuvent néanmoins se dérober aux yeux du Verbe éternel : j’espère qu’il touchera leur conscience, et qu’il leur persuadera de sortir volontairement, leur faisant connaître qu’il n’y a que ceux qui se portent à faire pénitence, qui soient véritablement dans l’Eglise.
Après avoir reçu l’Extrême-onction, il dit, Gardez-vous bien de me toucher, je sens l’huile , Elisabeth d’Angleterre proféra une pareille impiété à son sacre, un an après la mort d’Arétin. […] Gardez-vous bien de me toucher, je suis toute sallie de cette huile. […] Ce sont titres qui touchent le babil de notre chambriere.
Ainsi comme l’on tient un livre pour dangereux, lorsqu’à la faveur de quelques sentimens Orthodoxes, qui y sont bien touchez & répandus çà & là, on en fait couler d’autres qui sont impies ou suspects ; parce qu’on juge avec raison, que c’est un serpent caché sous des fleurs, & que le venin, sans cet artifice, en seroit sans effet ; pourquoy n’en diroit on pas le même de ces Tragedies, où le profane est confondu avec le sacré, & où les maximes les plus opposées au Christianisme sont mises en la bouche de ces Chrétiens de Theâtre, qui soutiennent si mal le personnage qu’ils representent ? […] Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui vous fait fermer les yeux au danger present ; & je ne doute point que vous n’en portassiez tout un autre jugement, si je pouvois vous découvrir un autre spectacle, plus triste, & plus lugubre, qui est ce qui se passe dans le cœur de ceux qui sortent de ces assemblées, l’esprit rempli de ce qu’ils ont vû & entendu, qui approuvent la vengeance, qu’on leur a fait paroître si juste, qui entrent dans les sentimens d’orgueil & d’ambition, qu’on leur a fait passer pour une grandeur d’ame, & sur tout, qui sont touchez des disgraces d’un Amant maltraité d’une personne fiere, qui n’a pas répondu aux vœux ni aux soins de celuy qui luy a marqué une fidelité, & un attachement si inviolable, ainsi que Saint Augustin le témoigne de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspirer une veritable.
Jésabel pour gagner Jehec vainqueur de son mari, qui fut tué par Bénadab, Roi de Sirie, court se farder, & déployer toutes ses parures, ce guerrier en fut si peu touché qu’il la fit jetter par les fenêtres, & elle fut mangée des chiens : Pinxit stibio oculos suos. […] Le poëte nous dit seulement que c’étoit une espece de glu qu’on répandoit sur tout le visage, en sorte que quand son mari vouloit la toucher il s’engluoit comme un oiseau pris au piege ; viscansur labra mariti .
Rien n’oseroit toucher au produit sacré de la corruption des mœurs. […] Elle court à l’église où ils étoient assemblés, se jette aux pieds de Nonnus, les arrose de ses larmes, & lui demande le Baptême avec tant d’instances, de protestations, de gémissemens, que les évêques touchés de tant de marques de conversion, furent d’avis de le lui donner.
Qu’un misérable est à plaindre, qui n’est pas touché de ses propres miseres, qui les aime, & de plus en plus les augmente ! […] Cet accommodement, tout à l’avantage de Dubois, fait voir qu’on a été fort peu touché de l’honneur de ses camarades avec lesquels il se déshonoroit autant qu’ils croyoient se déshonorer avec lui.
Un sermon sur la miséricorde de Dieu la toucha si fortement, qu’elle fut subitement changée. Une ame aussi sensible que la sienne ne pouvoit être foiblement touchée ; le sentiment de Dieu le plus profond, la conviction la plus intime des vérités éternelles, la possédoient entierement.
Il y déploroit amèrement la rigueur de son sort qui le tenoit éloigné d’une Souveraine qu’il avoit tant aimée : Moi qui avois accoutumé à la voir aller à cheval comme Alexandre, chasser comme Diane, se promener comme Vénus, semblable à une Nymphe dont les beaux cheveux se jouent au gré du vent sur ses joues vermeilles, chanter comme un Ange, toucher la lyre comme un Orphée, &c. […] Mais la premiere représentation a dû détromper ; ce qu’on y a vu, entendu, senti, a dû faire toucher au doigt & à l’œil le danger & le crime d’un spectacle où le vice domine, où les occasions naissent sous les pas, sur tout les femmes, qui naturellement plus pieuses & plus sensibles, ont dû être plus alarmées, & avant d’y aller par la vue de l’écueil, & après y avoir été par le soupçon ou plutôt la certitude du n’aufrage qu’elles y ont fait.
La durée criminelle n’en rend les suites que plus à craindre : Dieu se lasse enfin de tant de crimes, vous touchez de plus près à la punition que ceux qui vous ont ouvert la toute, & c’est peut-être sur vous que va éclater la juste colère. […] Le visage, sur lequel le Seigneur a gravé mille traits de ressemblance, peut servir d’instrument à sa grace pour instruire, toucher, animer les cœurs.
L’harmonie des vers, la finesse du dialogue, la régularité du dessein, la finesse des plaisanteries, la délicatesse des sentimens, tout y est réuni ; Auteur & Acteur, tout s’épuise pour toucher, pour enflammer les cœurs : ils y distillent, pour ainsi dire, leur esprit & leur corps, leur adresse, leur force, leurs talens. […] Toute la jeunesse des deux sexes qui vole au spectacle, en est la plus curieuse, la plus touchée.
Ainsi comme l’on tient un livre pour dangereux, lorsqu’à la faveur de quelques sentimens Orthodoxes, qui y sont bien touchez & répandus çà & là, on en fait couler d’autres qui sont impies ou suspects ; parce qu’on juge avec raison, que c’est un serpent caché sous des fleurs, & que le venin, sans cet artifice, en seroit sans effet ; pourquoy n’en diroit on pas le même de ces Tragedies, où le profane est confondu avec le sacré, & où les maximes les plus opposées au Christianisme sont mises en la bouche de ces Chrétiens de Theâtre, qui soutiennent si mal le personnage qu’ils representent ? […] Certes si vous en jugez autrement, c’est la passion que vous avez pour ces sortes de spectacles, qui vous fait fermer les yeux au danger present ; & je ne doute point que vous n’en portassiez tout un autre sentiment, si je pouvois vous découvrir un autre spectacle, plus triste, & plus lugubre, qui est ce qui se passe dans le cœur de ceux qui sortent de ces assemblées, l’esprit rempli de ce qu’ils ont vû & entendu, qui approuvent la vengeance, qu’on leur a fait paroître si juste, qui entrent dans les sentimens d’orgueil & d’ambition, qu’on leur a fait passer pour une grandeur d’ame, & sur tout, qui sont touchez des disgraces d’un Amant maltraité d’une personne fiere, qui n’a pas répondu aux vœux ni aux soins de celuy qui luy a marqué une fidelité, & un attachement si inviolable, ainsi que Saint Augustin le témoigne de luy-même ; on donne des larmes à son infortune, & une feinte passion vivement representée, ne manque guere d’en inspirer une veritable.
Ie ne sçay si il est de l’exactitude de cette description, de toucher en cet endroit un Personnage qui avoit une Place importante & mysterieuse sur ce Char. […] Car c’estoit un point & un mystere de la superstition de ces grands hommes, de n’oser toucher à la Victime destinée, que l’on n’eust pris une entiere vengeance des ennemis, & qu’ils ne fussent egorgez.
Tandis que les scènes d’Oreste & de Pilade, touchent toujours extrêmement quoiqu’elles ne soient pas nouvelles pour nous.
Notre auteur trouve que la morale en aurait été bien plus belle et les sentiments plus chrétiens, si ce jeune éventé se fût retiré de ses débauches et qu’il eût été touché de ce que Dieu lui disait par la bouche de son père ; et si on lui montre qu’il est de l’essence de la pièce que le foudre écrase quelqu’un, et que par conséquent il nous faut supposer un homme d’une vie déréglée et qui soit toujours insensible aux bons mouvements, lui dont les soins ne butent qu’àb la conversion universelle nous répliquera sans doute que l’exemple n’en aurait été que plus touchant si, malgré cet amendement de vie, il n’avait pas laissé de recevoir le châtiment de ses anciennes impudicités.
Ceux de ce caractère qui liront ces Réflexions en seront-ils fort touchés ?
Ne se fait-on pas gloire d’y applaudir et d’en être touché ?
Mais, diront-ils, vos représentations, qui ne touchent que les Rois, les Princes et les monarques, élevant tantôt un et déprimant tantôt l’autre, [ne] sont-elles point de mauvaise odeur au nez de leurs semblables qui les voient et entendent représenter ?
Mais comme il n’est rien que l’on n’empoisonne, je suis bien aise de citer ce qu’en dit Marc-Mic Bouquet, Auteur de la Cause de la Grandeur des Romains & de leur Décadence, Chapitre 20, p. 250, imp. à Lauzanne 1750. « Justinien avait pris sur le Théâtre une Femme qui s’y était longtemps prostituée ; elle gouverna avec un empire qui n’a point d’exemple dans les Histoires ; & mettant sans cesse dans les affaires les passions & les fantaisies de son sexe, elle corrompit les victoires & les succès les plus heureux. » Je n’ai point vu ce trait dans les Historiens ; Procope en touche quelque chose à la vérité, mais l’Impératrice l’accabla de bienfaits ; on ne doit pas s’étonner s’il en dit du mal9 au surplus tout ce qu’elle fit dans son règne, prouve bien la grandeur de son ame, & le peu de validité des calomnies d’ennemis méprisables que le mérite naturellement fait naître, les loix sévères qui se publièrent contre les Hérétiques, l’ardeur à relever les Temples, & le titre de Protecteur de l’Eglise que l’Empereur prit, ne lui fait qu’honneur. […] Oui, cher d’Alembert, cette offense me touche : l’insulte est faite à la Nation entière, heureux si je pouvais laver de tout mon sang cette flétrissure deshonorante. […] Dans son Oraison pour le Poëte Archias, t. 1, p. 73, il dit, où est le brutal ou le stupide qui dernièrement ne fut point touché de la mort de Roscius ? […] St Cyprien, lib. 3 cap. 11, ne peut souffrir que la même main qui sert aux sacrés Mystères, touche des cartes & des dés. […] « Je sens bien que ce spectacle dont je fus si touché, serait sans attrait pour mille autres ; il faut des yeux faits pour voir & un cœur pour le sentir.
Il touche (dit Nérestan) à son heure derniere.
Les objets ne nous touchent que par rélation ; & cette rélation, le fruit des apparences sensibles, est sans effet, quand nous n’avons point d’idée de ces apparences.
Si l’Actrice l’a fait pour obtenir quelque grace ; la beauté a un pouvoir reconnu dans le secret, mais un étalage impudent de ses charmes, choque la vue au lieu de toucher le cœur.