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73. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Leur attitude est courbée dans la région dorsale avec élévation des épaules et renfoncement de la tête et du cou ; leur démarche est étudiée, leur pas, lent et léger ; leurs gestes, souples et insinuants ; leur visage, empreint d’un sourire forcé ; leur regard, humble, faux et agité d’une secrète anxiété ; leur élocution, recherchée ; leur voix, adoucie et pleine de déclamation.

74. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Je suis même d’accord qu’on a épuré le Theâtre de toutes les obscenitez, qui vont à corrompre les mœurs, que l’on a soin dans les bals & dans les danses, que l’immodestie, & les libertez scandaleuses en soient bannies ; que les paroles, les gestes, les actions ne blessent point ouvertement la bienseance & la pudeur, quoyque je ne tombe pas d’accord que toutes ces regles y soient toûjours si exactement observées. […] C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce penchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, à ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer le plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? […] & pour cela ; qu’ils l’impriment eux-mêmes dans leur cœur, afin de l’exprimer par leurs gestes, & par leurs paroles ?

75. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II. Autres Anecdotes du Théatre. » pp. 43-70

& seq. veut que les Pantomimes soient très-utiles, non pour enseigner les regles de la vertu, ils ne parlent point ; mais pour amuser une multitude de spectateurs dans les Fêtes publiques ; qui ne pouvant pas entendre, pensent voir de fort loin, (la finesse du geste, du coup d’œil, des traits du visage, &c. ne vont pas plus loin ni si loin que le son, ce n’est peut-être que de gros Lazzis ;) on ne connoît pas les grandes ressources du génie pantomime, on peut en faire un spectacle intéressant, (il faudroit être fort habile pour en faire autre chose que de l’amusement,) il est vrai qu’il veut le faire accompagner d’une musique de génie représentative, & très expressive ; car les airs, dit-il, ne sont que l’expression d’une passion cachée, il faut en représenter le motif & la cause, ce qui met dans la nécessité d’un recitatif joué par le pantomime, ce qui eut ramené non les paroles, mais seulement, & même rarement le sentiment. Il est impossible que la musique la plus parfaite forme des conversations même avec les gestes de l’acteur, quoiqu’à la vérité l’un aidât à l’autre, lui donnât de l’énergie, en fit un meilleur tableau, car tous les deux sont pittoresque, il faudroit doubler l’orchestre pour faire entendre de plus loin ; aussi les Romains avoient dans leurs amphitéatres vingt & trente mille personnes, je ne sache pas qu’ils aient jamais employé la musique pour aider les pantomimes, ni qu’ils aient connu ces musiques pittoresques, telles qu’on les entend, encore moins telles qu’on les voudroit, qui même sont impossibles. […] Ne peut-on pas dire aussi, il faudroit fermer les yeux, & n’ouvrir que les oreilles ; l’un & l’autre est vrai, & faux à divers égards : le pas pantomime ne rend que la moitié de l’action ; on sent bien mieux quand on entend les paroles, si les gestes, les mouvements, l’attitude, les yeux, la phisionomie rendent la pensée & les sentiments ; combien de tableaux de nuance perdus ou incertains, si la parole ne donnne le mot de l’énigme, aussi le ton, l’inflexion de la voix, la lenteur & la rapidité de la diction ajoutent les traits les plus vifs, ce sont les couleurs de l’oreille, pour ainsi dire.

76. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

car ce n’est pas en passant, comme dans les rues, ce sont les heures entieres qu’on fixe ses yeux & son cœur sur une foule de Comédiennes, danseuses, chanteuses, figurantes, spectatrices vicieuses, immodestes, impudentes, dissolues, armées de tout ce que la parure, l’attitude, le geste, ont de plus recherché & de plus séduisant, qui ne montrent, ne représentent, ne respirent que le vice. […] La physionomie les gestes, les inflexions de la voix, ne sont-ils pas éloquens, dit Quintillien ? […] Voyez ces gestes & ces attitudes.

77. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Je suis même d’accord qu’on a épuré le Theâtre de toutes les obscenitez, qui vont à corrompre les mœurs, que l’on a soin dans les bals & dans les danses, que l’immodestie, & les libertez scandaleuses en soient bannies ; que les paroles, les gestes, les actions ne blessent point ouvertement la bienseance & la pudeur, quoique je ne tombe pas d’accord que toutes ces regles y soient toûjours si exactement observées. […] C’est pourquoy j’ay ajoûté, eû égard à nôtre foiblesse & à nôtre experience ; parce que quoyque la corruption du cœur soit commune à tous les hommes, & que le panchant soit une des suites du peché avec lequel nous naissons tous ; ce panchant neanmoins n’est pas également violent dans tous les hommes, & cette foiblesse n’est pas également à craindre dans tout âge, dans tout sexe, & dans toutes sortes d’états ; ainsi ceux à qui une funeste experience n’a que trop appris, qu’ils ne se trouvent jamais dans ces assemblées libres & enjoüées, à ces bals, qui ne sont faits que pour entretenir la galanterie, a ces balets & à ces danses, où l’on ne s’étudie qu’à exprimer par geste, la passion dont on est possedé, ceux qui écoutent avec un singulier plaisir ces airs languissans & passionnez, ces concerts de voix & d’instrumens, où tout ce que la musique a de plus animé, porte jusqu’au cœur les sentimens les plus tendres ; ceux qui sont charmez de ces comedies, où des hommes & des femmes paroissent sur un Theâtre, pour exprimer les plus naturellement & le plus vivement qu’il leur est possible, la plus dangereuse de toutes les passions ; ces personnes, dis-je, me demandent, s’il y a peché grief de voir & d’entendre ce qui excite, & ce qui allume cette passion, à quoy elles n’ont que trop de panchant ; n’est-ce pas demander s’il y a du peché à chercher l’occasion du peché, & à s’exposer au danger de le commettre ? […] & pour cela, qu’ils l’impriment eux-mêmes dans leur cœur, afin de l’exprimer par leurs gestes, & par leurs paroles ?

78. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Quels doivent-être les gestes, le maintien, le ton, la manière de s’habiller de pareilles gens ? […] De prétendue Maîtres de goût leur apprenoient comment il faut prononcer les équivoques, comment, dans ces occasions, les gestes doivent-être, tantôt d’accord avec la phisionomie, tantôt en contradiction apparente avec elle, comment en appuyant sur certaines syllabes, on forme un sens obscène. […] Colinette déclare que déjà elle a mordu dix ou onze fois à La grappe en cachette ; et Dieu sait de quels gestes elle accompagne ce calcul.

79. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Et pourriez-vous en supporter la vue au milieu de ces Acteurs profanes et scandaleux, qui, par leurs gestes, par leurs paroles, par leur immodestie, ne cherchent qu’à vous distraire de ce grand objet ? […] Les personnes qui les donnent, presque toutes débauchées, ou prêtes à le devenir, emploient jusqu’à l’indécence la plus outrée, soit dans leurs gestes, soit dans leur manière de se présenter, pour s’associer des complices de leurs crimes et de leurs impudicités. […] Quelle indécence dans leurs gestes et dans leurs habits !

80. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VII. De l’idolâtrie du Théâtre. » pp. 143-158

Ses regards, ses gestes, sa voix, sa mollesse, annoncent sa dévotion. […] Cette bête sur laquelle elle est montée, est le théâtre, sur lequel pompeusement étalée elle donne ses lois, lance le feu de ses regards et les traits perçants de la lubricité de ses gestes, et enlève par les sons harmonieux de sa voix.

81. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre XI. Du Balet. » pp. 209-318

C’est une representation muette, où les gestes & les mouvemens signifient ce qu’on pourroit exprimer par des paroles. […] Il est composé de l’un & de l’autre, & comprend tout ce qu’un corps bien adroit & bien instruit peut avoir de geste ou d’action pour exprimer quelque chose sans parler. […] Du temps de Neron un Pantomime fut preferé par un Roy Barbare à tous les autres presens qu’il pouvoit esperer de l’Empereur, à cause du beau talent qu’il avoit de parler des mains en dançant, & de representer par ses gestes tout ce qu’il eust pû énoncer par des paroles. […] Car qui ne sçait que le deüil est ennemy de l’allegresse des chants : & qui ne s’abuseroit à entendre quelque air rejoüy sur des pas tristes, & sur des gestes mourants ? […] Ainsi il faut bien exactement observer cette convenance dans toutes sortes d’airs ; n’en point souffrir qui n’ayent du raport avec la maistresse idée ; qui n’aide à faire concevoir ces muettes expressions des habiles Danceurs, qui ne concourent avec les gestes à faire déchiffrer le sens envelopé sous ces deguisements, & qui enfin, pour ainsi dire, ne leve le masque, & ne face comprendre, & le sujet & l’entrée.

82. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre II. Du Théâtre Moderne, & de celui des François. Celui-ci comparé au Théâtre Grec. » pp. 25-38

Le Poéte & le Comédien s’animerent d’une ardeur mutuelle ; l’un substitua la régularité du plan, une diction noble, l’éclat des pensées, aux licences extravagantes, aux sujets peu convenables, à un badinage grossier ; l’autre, au lieu de la bouffonnerie trivialle, des contorsions, des grimaces, donna à son jeu une action honnête, une déclamation aisée, des gestes expressifs.

83. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre III. Autre continuation des Mêlanges. » pp. 45-87

Huet appelloit Montaniana, c’est-à-dire, un recueil des dits & gestes de Montagne, est une mine féconde où les dramatiques vont prendre des scènes, & où les beaux esprits vont puiser des sophismes, des sarcasmes, des traits d’histoire, des passages d’auteurs, dont ils se parent dans les conversations. […] La profession des comédiens n’est qu’un égoisme perpétuel : monter sur un théatre, c’est parler de soi sous le masque, étaler ses graces, ses talens, son geste, sa danse, à la faveur d’un rôle : on est plus occupé de soi-même que du héros qu’on représente ; la Dubois, la Hus, &c. se montrent plus que Phedre, Angélique, Armide, &c. […] Les effets en sont très-souvent sensibles, par la langueur, l’ivresse, les larmes, les gestes d’un grand nombre de spectateurs, ravis, hors d’eux-mêmes. […] (Le théatre,) amour philosophie, là les Turcs amoureux soupirent les maximes, débitent galamment ; Seneque, mis en rimes, fût-il Scithe ou Chinois dans un traité sans titre, converse galamment par geste & par chapitre, le plus sourd chansonnier de l’opera comique, prête à son Apollon un air philosophique.

84. (1733) Traité contre les spectacles « TRAITÉ CONTRE LES SPECTACLES. » pp. 145-246

Du reste ces deux divinités exécrables ne président pas moins aux actions du théâtre, qu’au théâtre ; soit qu’on ait égard à la turpitude du geste, ou aux autres mouvements dissolus du corps. […] Ce sont ces infamies que représente, ou un Toscan par ses gestes impudiques, ou un comédien à l’aide des habits de femmes, ou un pantomime par les indécences abominables, à quoi il a accoutumé son corps dès son enfance, afin d’en donner aux autres des leçons. […] Du moins ces malheureuses, qui ont étouffé en elles toute pudeur, craignent-elles en certain jour de montrer au peuple les indécences de leurs gestes : du moins rougissent-elles une fois l’an ? […] maudit celui qui s’habillera en femme ; quel jugement croyez-vous qu’il porte contre un pantomime, qui prend non seulement les habits, mais encore la voix, le geste, et la mollesse des femmes ?

85. (1694) Réfutation des Sentiments relâchés d'un nouveau théologien touchant la comédie « Réfutation des sentiments relachés d'un nouveau Théologien touchant la Comédie. » pp. 1-190

Mais parce que par sa Morale continuelle elle aurait bientôt ennuyé et fatigué les spectateurs, les Comédiens crurent être obligés de suppléer par l’immodestie des gestes à la modestie de la Poésie : car jamais feu Raisin ne s’est plus étudié à plaire par son geste aussi bien que la Beauvale ; et tout le monde sait que sans cet Acteur qui jouait le personnage d’Esope, et sans cette Actrice qui représentait celui de Doris, confidente d’Euphrosine, cette Pièce aurait échoué dès la première représentation. […] Je ne parle pas de tant de pensées coupées, dont on laissait à l’auditeur dans la représentation le soin de finir et de suppléer la mauvaise application ; de tant de paroles à double sens qu’Esope et Doris avaient soin d’expliquer par leurs gestes, de manière qu’une seule expression renfermée dans la Fable de l’Ecrevisse, et accompagnée du geste d’Esope, était capable de faire rire pendant un temps considérable. Or je vous demande, puisque vous l’avez vue, où était dans l’expression le mot pour rire, si ce n’est dans le geste et dans la posture indécente de l’Acteur. […] Ces efféminés démentent ce qu’ils font, et s’étudient à paraître des femmes dans leurs habits, dans leur façon de marcher, et dans leurs gestes lascifs. […]  » Ces folies, ces péchés et ces impuretés contre lesquelles Salvien déclame, ne consistaient sans doute que dans les paroles ou dans les gestes déshonnêtes, dont ces Spectacles étaient toujours remplis et gâtés, et nullement dans des actions d’impureté qui se fissent sur le Théâtre.

86. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE VI. De l’Iconomanie théatrale. » pp. 141-158

Un guerrier fait peindre des siéges & des batailles ; un libertin prodiguera des amours & des nudités, le théatre ne connoît guerre d’autre décoration, parce que c’est le sanctuaire de Vénus, sa nature est d’être une image, tout n’y est que représentation, imitation, peinture ; non-seulement les toiles de la décoration, mais toutes les parties qui les composent ; la piéce est le tableau d’une action, & les acteurs sont des portraits vivans des personnes qu’ils représentent, leurs gestes, leurs visages, leur ton de voix, des expressions à la passion, les danses, la musique les crayonnent. […] Le théatre est de toutes, la plus féconde, tout y fait tableau, & il fait tableau de tout ; le rêve entend la voix de l’actrice, suit les pas de la danseuse, voit des gestes de nudités, parcourt les décorations & les coulisses ; l’imagination est un théatre où l’on est à la commédie ; les estampes, les portraits répandus dans les chambres, au tour du lit, favorisent les scénes nocturnes, & lancent dans un cœur sensible tous les traits de la passion.

87. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Les uns célébraient par leurs danses la victoire qu’ils remportaient ; les autres représentaient par des gestes l’audace, la frayeur & la fuite de leurs énnemis. […] Ils allaient dans les Cours des Princes faire le récit d’un trait d’histoire ou d’une avanture galante, ils accompagnaient, sans doute, leurs discours de quelques gestes ; & nous pouvons présumer qu’ils ne chantaient pas toujours.

88. (1640) Lettre apologétique pp. 2-42

Eusebius, Evêque de Césarée en Palestine, en l’une de ses œuvres de la foi des Evêques, reproche qu’il y en avait parmi eux, qui ressemblaient aux Comiques, qui avaient l’apparence belle, et le dedans corrompu des vices de l’arianismeh ; Le grand Saint Basile, Evêque de Césarée en Cappadoce, en son traité des gestes de l’Eglise, écrivant à Constantin second, le réprime de ce qu’il permet l’insolence des Histrions, et des Tragiques. […] Pour les actions dissolues dont il les accuse, chacun aussi bien que moi les peut justifier, et dire avec vérité, que leurs gestes et déportements, se font avec autant de retenue et de discrétion que le sujet le saurait désirer.

89. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre III.  » pp. 68-96

Les Nimphes furent sur le champ instruites de la vie de Psiché, & la régalerent de la représentation de ses dits, faits, & gestes ; mais il y manquoit une chose essentielle à la conclusion des pieces ; un mariage : à qui marter Psiché ? […] Le chant, la danse, le geste, le ton de la voix, tout cela énerve l’ame, & porte à l’amour ; enervant animos citharæ choreæ, & vox & numeris brachiæ mota suis , tout y en donne des leçons & des modeles, le fond même des piéces n’est que l’amour ; illic assiduè ficti luctantur amantes, actor quid juvet arte docet  : un si grand maître seroit-il suspect ? […] Le masque phisique du vermillon, le masque moral de l’hypocrisie sont en ceci très-semblables : on ne sauroit si bien peindre tout le corps, qu’il ne reste quelque nuance differenté, ni mésurer si bien toutes ses démarches qu’il n’échappe quelque mot, quelque geste, quelque mouvement qui détruit tout l’édifice.

90. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XIV. De l’usage de composer des Pièces, ou des Rôles pour un ou plusieurs Acteurs. » pp. 219-233

N’est-il pas singulier que vous mettiez pour ainsi dire dans la balance les gestes, les regards, les efforts de poulmons, les coups de gosier d’un Acteur, avec vos plans, vos situations, vos expressions ?

91. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [N] » pp. 431-435

Ce Spectacle était un Opéra ordinaire, avec la diférence que la partie de l’action s’exécutait par une grande Marionnette, qui fesait sur le Théâtre les gestes convenables au Récit que chantait un Musicien, dont la voix sortait par une ouverture ménagée dans le plancher de la Scène : ces sortes de Spectacles ridicules réussiront toujours dans ce pays.

92. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE III. De la comédie et des comédiens chez les païens et chez les chrétiens. » pp. 101-112

C’est lui qui représenta Vespasien aux funérailles de cet empereur ; et, selon la coutume de ces temps-là, il en joua le personnage en imitant et en contrefaisant les paroles, les gestes, les mœurs et les inclinations de ce prince.

93. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Je ne dis rien de la farce, dont le sujet, les gestes, les paroles, les rencontres sont toujours dans une effrontée lasciveté ; où les prostitutions, les rapts, les adultères, ces crimes qui noircissent les maisons, qui perdent les âmes, et offensent Dieu, passent pour des gentillesses, enfin où l’on pèche par les yeux et par les affections de tout un peuple.

94. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE II. Des Spectacles des Communautés Religieuses. » pp. 28-47

Scaramouche, par exemple, parlait seul ; un autre acteur ne lui répondait que par gestes, ou, après l’avoir écouté, s’enfuyait dans la coulisse, d’où il faisait la réponse. […] Ils n’approuvent pas les gestes un peu vifs des Prédicateurs, goûteraient-ils les convulsions des Acteurs, les lazzi des Italiens, les minauderies des Pantomimes ?

95. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE III. Des Pièces de Collège. » pp. 48-67

Bien loin que les tons, les airs, les gestes, le style du théâtre soient utiles aux Ministres de l’Eglise ou à ceux de Thémis, ils lui sont absolument opposés : comment deux ennemis irréconciliables se serviraient-ils de leçon et de modèle l’un à l’autre ? […]  5.) rapporte que tout le monde se moquait ouvertement d’Hortensius, rival de Cicéron, et l’un des plus grands Orateurs, sur son affectation à copier les gestes et les airs du théâtre.

96. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — [Introduction] » pp. 2-9

Mais nos conquêtes ayant étendu notre domaine, agrandi notre ville, augmenté nos richesses, la vertu disparut, le libertinage regna ; & par une suite nécessaire, la licence s’empara du théatre, de la poësie, de la musique, accessit numerisque, modisque, licentia major  ; tout prit le goût & le ton de la débauche : des chants rendres, un langage efféminé, des gestes lascifs, des habits traînans, l’art dramatique ne fut plus que l’art de la corruption, sic prisca motumque & luxuriam addidit arti tibicen, traxitque vagus per pulpita vestem eloquium insolitam, &c.

97. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VII. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques étaient distingués des Histrions et Bateleurs des Jeux Scéniques. » pp. 145-164

distingue les Gladiateurs, les Comédiens, les Tragédiens, les Histrions, les Mimes et le Cirque, et attribue aux Gladiateurs la cruauté, aux Comédiens les Histoires amoureuses, aux Tragédiens les crimes des mauvais Princes, aux Histrions ou Bateleurs les gestes impudiques, aux Mimes l'imitation des actions les plus honteuses qui doivent toujours être cachées dans les ténèbres, et au Cirque les vaines extravagances des Courses et des Combats.

98. (1697) Lettre à Mme la Marquise de B. « A MADAME LA MARQUISE DE B… » pp. 302-316

Y voit-on une Fille, en proie à sa colère, Faire passer son Char sur le Corps de son Père ; Et d’un geste inhumain dans cet horrible Emploi, Animer ses Chevaux qui reculaient d’effroi ?

99. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « [Introduction] » pp. 1-9

Il y a même bien de la différence entre jouer et lire des comédies ; les décorations, les danses, le chant, les gestes, le ton de la voix, la parure des Actrices, la compagnie, en un mot cette multitude de dangers qu’on y rassemble, contre lesquels la plus ferme vertu ne tient pas, ne se trouve point dans la lecture ; on lit les livres des Médecins et des Casuistes, voudrait-on en voir la représentation ?

100. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — DEUXIEME PARTIE. — REGLEMENTS. Pour la Réformation du Théâtre. » pp. 99-116

Pour le quatrième examen, il sera fait par un des Comédiens du Conseil, et aura pour objet tout ce qui concerne l’exécution théâtrale ; sur quoi les Comédiens sont plus en état que personne de juger : il examinera sévèrement les plaisanteries, et surtout les équivoques d’un certain genre, qui ne percent pas aisément à la lecture, mais qui frappent à la représentation ; parce que souvent ils dépendent plus du geste que des paroles.

101. (1782) Le Pour et Contre des Spectacles « Premiere lettre de Mr. *** à Madame *** sur les spectacles » pp. 3-59

Les expressions, dit-il, tome I. page 674, les gestes, les tours, les intrigues, tout porte au faux amour. […] Etes-vous de fer, ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ?  […] Est-il quelqu’un des spectateurs, qui ne revienne avec un cœur moins chaste, de ces spectacles, où les expressions, les gestes, les tours, les intrigues, tout porte au faux amour ?  […] êtes-vous donc de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure, des paroles, du chant & des gestes des Comédiennes ?

102. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre VI. Anecdotes de Cour. » pp. 171-202

Un ballet pantomime c’est la danse & les gestes réunis, pour faire la parfaite imitation. La danse est une sorte de geste de tout le corps, & le geste une sorte de danse.

103. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il n’est pas plus permis de présenter l’impureté par les mouvemens & les gestes, que par les paroles & les tableaux ; il n’est pas plus permis de la regarder sous ces traits que sous d’autres : c’est un vrai scandale. […] La danse est le geste qui peint le sens des paroles, l’air est le langage du cœu qui ordonne les mouvemens du corps. […] Les leçons qu’on donne à la jeunesse ne doivent être ni pompeuses, ni tumultueuses ; on ne s’attache qu’aux dehors qui frappent : ainsi la Comédie Françoise, qui quelquefois débite une bonne morale, ne fait aucune impression ; l’attention se partage entre les gestes & la déclamation, les habits, les visages, au lieu de se réunir toute vers les préceptes qu’on y débite.

104. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE V. De la Parure. » pp. 107-137

Parce que les filles de Sion se sont élevées, qu’elles ont marché la tête haute, faisant des signes des yeux & des gestes des mains, qu’elles ont mesuré tous leurs pas, & étudié toutes leurs démarches, le Seigneur rendra leur tête chauve, il arrachera tous leurs cheveux. […] Le visage, les gestes, les allures, la voix, tout le corps d’un Acteur doit être un Prothée, qui change à tout moment pour prendre l’empreinte des divers sentimens de son rôle, emportement, hauteur, &c. sur-tout de l’amour, langueur, tendresse, vivacité, jalousie, &c. […] L’Eglise est un rendez-vous ; elle s’y forme un cercle, sa dissipation dissipe, ses nudités séduisent, ses gestes & ses regards distraisent.

105. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE VIII. Sentiment de S. Thomas. » pp. 178-198

distingue les jeux de théatre, tels qu’ils se faisoient autrefois pour inspirer l’amour (la vraie comédie, ludi qui in theatris agebantur ad excitandam luxuriam), des jeux de son temps, qui n’étoient que des discours facétieux, des contes, des vers, des jeux accompagnés de gestes plaisans (de lazzis), ce que le Droit Canon de vit. […]  1. rapporte les noms & les ouvrages, qui s’associoient pour gagner leur vie, & faire la cour aux Seigneurs dont l’Europe étois remplie, alloient dans leurs châteaux chanter des vers à leur louange, & les divertir par leurs gentillesses, qu’ils animoient par leurs gestes à leur maniere, ce qui étoit bien innocent, & n’avoient aucun rapport à nos spectacles.

106. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre précedente. » pp. 19-42

« Toute représentation est par sa nature criminelle & peché, où les représentans se servent des paroles, ou font des gestes contraires à la pureté, ou des choses, qui puissent nuire au prochain. » Ce seroit ne pas connoître le genie du theatre moderne, que de soûrenir qu’on n’y dit jamais de ces paroles équivoques, qui fassent rougir la pudeur : & qu’on n’y voit jamais des gestes que l’honnéreté chrétienne ne souffre pas, & que cependant l’Ange de l’Ecole veut qu’on bannisse de tout divertissement.

107. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE V. Des Jésuites. » pp. 108-127

on n'oublie pas qu'un grave Religieux distribuait, faisait apprendre, exerçait des rôles comiques, donnait le ton, dirigeait le geste, animait le coup d'œil, enseignait à représenter sur la scène, à faire avec grâce une déclamation à sa maîtresse, à rendre le personnage de Soubrette, d'Arlequin. […] Les pièces sont communément plus châtiées, et les parures plus modestes ; les danses, les attitudes, les gestes, les regards, le son de la voix, sont moins efféminés et moins voluptueux, le jeu moins séduisant, par conséquent moins dangereux.

108. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

… La danse, dit Petrarque, est une action indigne d’un honnête homme, & de laquelle on ne peut remporter que de la honte, c’est en effet un spectacle aussi honteux qu’inutile ; c’est une assemblée d’intemperance ; ces branlements des mains, & des pieds, cette évagation, & cette impudence des yeux ; tous ces gestes aussi indecens que risibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’interieur, qui répond au dereglement exterieur.

109. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

Chrysostome fait retrancher, ce qu’il y avoit de plus dissolu & de plus honteux : mais quelque reforme, qu’on y eut fait, le même Saint ne laisse pas de les appeler « des écoles d’impuretés & de libertinage » : non pas qu’on y representât des actions sales sur le Theatre, ce que les pieux Empereurs n’auroient pas souffert ; mais parce que les Comediens de l’un & de l’autre sexe ne s’étudioient, qu’à se servir de paroles équivoques, & de gestes affectés, qui n’étoient propres, qu’à remplir l’esprit d’idées impures, & le cœur de mauvais desirs.

110. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité.

111. (1733) Dictionnaire des cas de conscience « Jugement sur la Comédie du Festin de Pierre. CAS II. » pp. 805806-812

En voici un tiré de l’Epître de Saint Cyprien à Donat : « C’est là, dit-il, qu’on apprend les adultères en les voyant représenter, et que par la contagion d’un mal publiquement autorisé une Dame qui était chaste quand elle est entrée au spectacle, en revient impudique et corrompue ; car combien le geste et l’action du Comédien sont-ils capables de souiller le cœur, d’inspirer la débauche, de nourrir les vices et le libertinage ?

112. (1684) Sixiéme discours. Des Comedies [Discours sur les sujets les plus ordinaires du monde. Premiere partie] « Sixiéme Discours. Des Comedies. » pp. 279-325

Les yeux s’y plaisent à voir la bonne grace & les gestes des Acteurs, les décorations du theatre, & les grandes assemblées. […] Dans la lecture, l’impudicité, & l’impieté ne nous sollicitent qu’avec des forces languissantes, & sans action ; sur les theatres elles se servent de tous leurs artifices, de toute leur action, de toutes les machines qu’elles peuvent inventer pour nous attaquer ; les yeux, les démarches, les habits, les paroles, les gestes des Acteurs, leur silence mesme, aident ces ennemies à vaincre la vertu, elles en triomphent dans le moment mesme qu’elles les attaquent : les illuminations, la pompe, la joye, & les acclamations des spectateurs ne sont-elles pas en effet des especes de triomphes ? […] Le crime, representé par le recit & par le geste des Acteurs, s’imprime dans le cœur & dans les desirs de l’assemblée ; ils concourent tous au mesme crime par sa representation, par sa veuë, par sa persuasion, & par son execution. […] La suite de la Piece le porte à la vertu & au vice par des vers & par des gestes semblables aux precedens : ces mouvemens ne l’attachent ny à la vertu, ny au vice ; & il n’auroit pas moins de peine à se reconnoistre luy-mesme, s’il avoit le loisir de s’examiner, qu’à bien juger de la qualité de la Piece.

113. (1600) Traité des Jeux comiques et tragiques « [Traité] » pp. 3-62

Il est plus que notoire, qu’en toute Comédie, ou Tragédie, qui se joue en public ; on se déguise, on contrefait le sexe, tant par les habits, que par les gestes : Or quand nous n’aurions autre raison pour rejeter cela, que l’instinct de nature, où l’Apôtre renvoie les Corinthiens1. […] ed  ; « Soyez Saints ; car je suis aussi Saint, le Seigneur votre Dieu » : « Que dirons-nous, s’écrie-t-il ; de ceux, qui courent aux spectacles, avec les Païens, souillant leurs yeux et leurs oreilles de paroles et de gestes impudiques, ils peuvent bien voir et sentir, quelle part ils ont choisie.  […] I. epist. 10 ei , qui avait appris et exercé ce métier, lorsqu’il était encore païen ; et le voulait continuer, étant devenue Chrétien, non toutefois pour jouer au Théâtre en public, mais pour en façonner d’autres en son privé, et ce à cause de la pauvreté, n’ayant nul autre moyen de gagner sa vie ; enquis, dis-je, s’il devait être admis à la communion de l’Eglise ; répond : « Qu’il n’est pas convenable, ni à la majesté Divine, ni à la discipline de l’Evangile, que la modestie et l’honneur de l’Eglise, soient souillés d’une vilaine et infâme contagion : Car, ajoute-t-ilDeut. 22 ej , si la Loi défend à l’homme de se vêtir d’habit de femme, et si ceux qui le font, sont jugés maudits, combien plus grand crime est-ce de représenter des gestes sales, lâches et efféminés par l’enseignement de cet art impudique. […] Ce sujet pourrait être traité plus amplement, et confirmé par plus grand nombre de raisons, tant de la parole de Dieu, que des écrits des Pères, Décrets de Conciles, histoire Ecclésiastique, et même de la Discipline de nos Eglises réformées ; mais ayant éclairci la question de droit par l’Ecriture sainte, et montré celle du fait, par la pratique de l’Eglise primitive : ceci pourra suffire aux dociles ; et tout ce qu’on en pourrait dire au monde, ne suffirait aux opiniâtres ; auxquels je proposerai derechef l’exemple des premiers Chrétiens, lesquels croyant, que Dieu abhorrait généralement tous hypocrites, et toute hypocrisie ; (car ces mots, pris en leur propre et naïve signification, signifient les joueurs de Comédies ou TragédiesHeb. 10. ver. 33 fb , et le rôle, l’action ou geste qu’ils représentent.) ne parlaient jamais de tels jeux, que pour les détester, n’entraient aux Théâtres, que pour y souffrir opprobre, non pour y recevoir du plaisir ; servant eux-mêmes de sujet aux Païens ; pour jouer des Tragédies, où il n’y avait rien de feint, ni de déguisé : Et s’en est vu de nos jours, de si sanglantes en Europe, principalement sus le Théâtre de France, jouées aux dépens des vrais Chrétiensfc ; que ceux qui veulent être de ce nombre, se devraient montrer plus zélés à apaiser l’ire de Dieu par repentance, et nouveauté de vie ; que curieux à l’irriterZosim. lib. 2 fd , en recherchant et approuvant la nouveauté des farces, et vanités Païennes ; lesquelles un des grands ennemis des Chrétiens, se plaint tant, avoir été abolies par le premier Empereur Chrétien, imputant la ruine de l’Empire Romain, à l’abolition de cette abominationfe.

114. (1769) Dissertation sur les Spectacles, Suivie de Déjanire, Opéra en trois actes, par M. Rabelleau pp. -71

L’une représente une intrigue conduite à sa fin par toutes les nuances, les finesses & l’art du dialogue : l’autre, en s’exprimant dans un degré d’éloignement qui suppose dans le spectateur l’impossibilité d’entendre les interlocuteurs, ne lui devient intelligible que par les situations & par des intérêts assez grands & assez vifs, pour que les gestes puissent suppléer au défaut des paroles. […] Quelle prodigieuse différence y a-t-il entre le sacrifice d’Iphigénie représenté sur une toile où il ne manque aux personnages que le geste & la parole, le récit de cette aventure fait par un Historien, & le drame d’un Poëte soutenu de l’illusion des décorations, & qui offre à la fois aux yeux & à l’entendement des spectateurs, ces choses séparées entre la peinture & l’histoire. […] Ils les formoient à imiter toutes sortes de gestes, d’actions, de postures, & leur faisoient jouer une partie de leurs pièces.

115. (1647) Traité des théâtres pp. -

Suivant cela lorsqu’on condamne les Théâtres, on y comprend aussi ceux des Charlatans, qui y montant pour vendre leurs drogues, ont d’ordinaire auprès d’eux quelques badins, et enfarinés, qui répondent proprement à ceux que les Anciens nommaient Histrions, dont les gestes étaient énervés et honteux, et la licence énorme à représenter les lascivetés les plus infâmes. […] En effet le sujet qui y est traité le plus ordinairement : Ce sont des passions d’amour, ainsi que nous avons déjà dit, représentées en termes exquis avec des transports, et des ravissements pathétiques tout ce qui se peut ; à quoi se joignant la grâce du geste, et la douceur de la prononciation, et la force secrète qui accompagne de bons vers, il faudrait être de marbre, pour ainsi dire, pour n’en être point ému. […] Car le Bateleur efféminé y expose de bouche des adultères, ou les fait voir par geste, et tandis qu’il feint des passions d’amour sale, il en enfonce la plaie.  […] dp l’avait remarqué auparavant, et tient incompatible qu’on se trouve en de tels lieux, et qu’on s’y maintienne en tranquillité d’esprit, ce qu’il prouve par les gestes, et les cris forcenés, de ceux qui y assistaient de son temps. […] dq nous dépose, qu’ayant été bien jouée par excellence, tous les assistants en furent tellement émus, et transportés hors d’eux-mêmes, qu’en effet leur esprit s’en démonta, et qu’ils tombèrent tout à fait en frénésie, courant par la ville tous furieux, récitant les mêmes vers qu’ils avaient ouïs, et contrefaisant tous les mêmes gestes qu’ils avaient vu représenter dessus le Théâtre : Et leur dura cet accès frénétique par l’espace de huit jours.

116. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre VIII. Erreurs des Modernes sur ce sujet. » pp. 165-186

Et Quintilien remarque en parlant de Démétrius qu'il représentait excellemment les honnêtes femmes, et celles qui avaient de l'âge avec de la gravité, parce qu'il avait la voix agréable, et une adresse particulière à remuer les mains, à faire les exclamations à faire ses gestes du côté droit, et faire paraître sa robe en entrant comme pleine de vent, à quoi sa taille et son port servaient beaucoup.

117. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « L. H. Dancourt, Arlequin de Berlin, à Mr. J. J. Rousseau, citoyen de Genève. » pp. 1-12

Voyez ce que dit Tertullien : « N'allons point au Théâtre qui est une assemblée particulière d’impudicité où l’on n’approuve rien que l’on n’improuve ailleurs, de sorte que ce que l’on y trouve beau, est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme ; de ce qu’un Comédien par exemple y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur du sexe, osent faire sur un Théâtre et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations dans l’espérance qu’à son tour, il deviendra maître en cet art détestable etc . »d Croyez-vous Monsieur que si les spectacles du temps de ces Saints hommes eussent ressemblé à ceux d’aujourd’hui ils se seraient élevés si fort contre eux et qu’ils n’auraient pas été de l’avis de S. 

118. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Ils paraissaient quelquefois sur le théâtre dans les intermèdes, pour divertir et amuser le peuple, pendant que les Acteurs se reposaient ; et ils jouaient une espèce de Comédie muette, représentant par leurs gestes ce qui se devait jouer dans l’Acte suivant.

119. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

Le Roi se trouve à ceux de son Collége : il apprendra à ces enfans à admirer les graces de leur déclamation, la justesse de leur chant, la précision de leurs gestes, fruits précieux de l’éducation qu’on leur donne, & qui prépare d’habiles Généraux, Maréchaux, Chanceliers de la Couronne, qui en rétabliront la gloire un peu flétrie. […] Le théatre ne forme pas des vaillans preux : celui-ci peu fait à des pareils gestes, voulut se retirer : mais un autre prince se déclare son chevalier, accepte le défi, prend son bouclier & son casque, & se montre dans le champ de bataille, pour soutenir l’honneur de son favori, le fait monter sur le théatre danser une passecaille, & jette à ses pieds une boutse de cent cinquante ducats, qu’il avoit ramassés dans une collecte faite charitablement pour lui dans toute la ville, l’assurant qu’il n’avoit rien à craindre, qu’il le défendroit jusqu’au dernier soupir, & feroit plus pour lui qu’on n’avoit fait pour la République.

120. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE VI. De l’indécence du Théatre. » pp. 114-137

Les paroles s’envolent, les gestes s’évanouissent ; la situation & le jeu du théatre, qui présente tant de faces différentes aux mêmes choses, tout disparoît, & après la piece on peut tout désavouer, & la plûpart des choses s’oublient. […] Ils ne cherchent qu’à séduire, ils se vendent au public, ne disent & ne font rien que pour inspirer les passions, & rassembler avec la plus grande licence & avec le plus dangereux artifice, dans leurs paroles, leurs parures, leurs gestes, leurs attitudes, leur conduite, tous les objets, tous les pieges, toutes les leçons, tous les moyens les plus propres à nourrir tous les vices & détruire toutes les vertus.

121. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

En effet, supposé que les Pièces qu’on joue présentement ne soient pas à beaucoup près si infâmes, que l’étaient celles du temps passé ; supposé que les expressions en soient honnêtes ; que les Acteurs en soient sages, retenus et circonspects dans tous leurs gestes et leurs postures ; la manière de traiter les passions, et de tâcher de les allumer dans le cœur des Spectateurs, n’est-elle pas toujours la même ? […] Mais il est pourtant vrai de dire que les Comédies le sont encore infiniment davantage, parce que les paroles qui sont accompagnées du ton de la voix et des gestes frappent plus fortement les sens, et font bien de plus vives impressions sur l’esprit.

122. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE III. De la Comédie. » pp. 92-118

En eusses-tu fait une à te casser le nez. » pointe d’autant plus déplacée dans la bouche du Misanthrope, qu’il vient d’en critiquer de plus supportables dans le Sonnet d’Oronte. »dh Rien n’est moins réfléchi que ce reproche : ce que vous appelez une pointe dans la bouche d’Alceste n’en est pas une ou du moins c’en est une qui devient un bon mot par la circonstance ; telle que ces pointes qu’on lâche dans la conversation et qui font tout l’effet des bons mots, eu égard à l’impromptu, au geste, au ton, à la circonstance qui les accompagnent ; exemple : Lorsque le Cardinal Janson, disait à Boileau qu’il devait changer de nom et au lieu de Boileau se faire appeler Boivin, c’était une pointe froide et plate. […] Quand Alceste en colère dit sans réflexion une pointe, elle fait rire précisément parce que l’intention d'Alceste n’est pas de faire rire et sa boutade, son ton, la circonstance, son geste et l’impromptu font de sa pointe un très bon mot.

123. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Un Historien n’oserait rapporter en détail les blasphèmes des impies, il coule légèrement et marque son horreur quand la vérité des faits l’oblige d’en parler, et on ose les apprendre par cœur, les débiter publiquement, les animer de la voix et du geste, en paraître persuadé, animé, transporté, car enfin un Acteur se pique d’entrer et doit entrer en effet dans les sentiments qu’il exprime. […] « Ne nominetur in vobis. » Jésus-Christ assure qu’on rendra compte au jugement d’une parole inutile ; pense-t-il qu’il fera grâce aux vers, aux scènes, aux gestes, aux danses, chants, etc., très inutiles pour le moins, et certainement pis qu’inutiles ?

124. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VIII. De l’excommunication des Comédiens. » pp. 176-199

Les Acteurs Français, qui n’ont en vue que le bien public, sans aucun intérêt, les examinèrent de près, et trouvèrent que dans leurs prétendus monologues un Acteur parlait tout haut, et l’autre répondait tout bas ou par gestes, ou s’enfuyait dans les coulisses, d’où il faisait la réponse ; ce qui formait de vraies conversations. […] Le parterre, ou peut-être quelqu’un aposté, lisait et chantait, et les Acteurs faisaient les gestes.

125. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

De belles femmes, qu'apparemment ils persécutent, pleurent sans cesse, et font des gestes de désespoir qui n'ont pas besoin de paroles pour faire connaître l'excès de leur douleur. […] Une femme qu'on dit avoir de la beauté, dans les airs, à demi nue, qui se défigure elle-même par les convulsions de ses mouvements, les contorsions de ses gestes, la fureur de ses regards, ses traits enflammés, sa bouche tremblante, son rouge et sa pâleur ; est-il rien de plus hideux et pour les yeux et pour le cœur ?

126. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV. Christine de Suede. » pp. 111-153

Rien n’étoit plus plaisant que la manière dont elle y assistoit ; c’étoit une vrai comédie, elle en étoit si enthousiasmée qu’elle répétoit ou anticipoit tout haut les vers que les Comédiens déclamoient ; elle faisoit leurs gestes, prenoït leur attitude, s’agitoit, se levoit, se couchoit languissamment dans son fauteuil, prenoit & exprimoit toutes les passions, elle donnoit la comédie dans sa loge, ses organes se montoient à l’unisson des Acteurs & des objets : bien de gens entendant jouer des instrumens, battent naturellement la mesure, suivent l’air & font la basse. […] Les passions au théatre rendent presque l’homme machine ; c’est un coup d’œil amusant de voir les attitudes, les gestes, les physionomies des Spectateurs pendant la représentation plus variées, plus naturelles, plus expressives que ceux des Acteurs même, si l’on pouvoit peindre tous ces objets innombrables, ce seroit un traité complet de pantomime : si on pouvoit pénétrer dans l’intérieur, que ne verroit-on pas ? des mouvemens de l’ame, des gestes du cœur, des allures, des sentimens dont le jeu des organes n’est que l’image ; c’est que le théatre transporte l’homme hors de lui-même, une Reine même en présence de toute une Cour n’y peut pas tenir, elle en oublie les loix de la décence, & n’est plus sa maîtresse.

127. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre II. De l’Opéra-Sérieux. » pp. 184-251

Lorsqu’on peint par des gestes, par des pas lents ou précipités, le trouble, l’amour, l’abattement, la fureur ; pourquoi la phisionomie serait-elle toujours la même ? […] Rousseau, qui prétend que la danse étant par des gestes l’imitation de la parole, doit être bannie d’un Poème où la parole est employée ; car, dit-il, pourquoi se contenter des gestes, lorsque l’usage de la voix est possible ?

128. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

« L’art, qui régle les gestes dit Tertullienc , & les differentes postures du corps est consacré à la mollesse de Venus & de Bacchus, qui sont deux demons également dissolus, l’un en ce qui regarde le sexe, & l’autre en ce qui concerne le luxe & la débauche. » Saint Basile parlant du theâtre où se faisoient autrefois les spectaclesd, dont la danse faisoit une des principales parties, l’appelle une école publique de toute sorte d’impureté : Communis & publica est discenda omnis incontinentia officina . […] Ce mouvement des mains & des pieds, cet égarement & cette impudence des yeux, tous ces gestes compassez montrent qu’il y a quelque chose dans l’interieur qui répond au déréglement exterieur. […] Considerez celles qui les regardent danser, comme elles sont assises par ordre, & examinez les gestes, les démarches, la régularité & le faste de celles qui dansent.

129. (1662) Pédagogue des familles chrétiennes « Instruction chrétienne sur la Comédie. » pp. 443-453

Beaucoup très certainement : car je ne sais comme l’on peut souffrir ces grands fainéants ou valets travestis, suivis de coureusesb et Damoiselles faites à la hâte, tout plein de fard, de plâtres, de mouches, et de farine, et accompagnés des gestes impudents, de regards lascifs, de discours insolents, de déguisement d’hommes en femmes, et de femmes en hommes, le tout avec si peu de honte, qu’il faudrait leur être semblable pour les pouvoir approuver.

130. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. — NOTICES. PRÉLIMINAIRES. » pp. 2-100

La Peinture est sur une toile ; la Musique sur un instrument inanimé ; la Tragédie au contraire est rendue par des voix humaines & par des personnages vivans, qui emploient ouvertement tous les moyens de séduction, qui font entendre le cri des entrailles, qui ont tous les mouvemens & tous les gestes des passions, flabellum perturbationum. […] Ils y suppléoient par des gestes & des mouvemens qui n’avoient rien d’indécent9. […] Ils se faisoient entendre par le seul moyen du geste & des mouvemens du corps. […] Ils chargeoient de merveilleux les histoires des familles militaires ; telles sont les aventures de Raimond, Comte de Toulouse ; les faits & gestes du Preux Godefroi de Bouillon ; le Chevalier sans reproche, ou l’Histoire de Louis & de Charles de la Trémoille, &c.

131. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien cinquieme. Le danger de la Comedie en particulier, decouvert par le R. P. F. Guilloré de la Compagnie de Jesus. » pp. 67-79

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le theatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la declamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une Comedienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action effeminée.

132. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « APOSTILLE » pp. 33-57

Si la comédie, comme il ditm, « était libertine, si elle écoutait tout indifféremment et disait de même tout ce qui lui venait à la bouche, si son air était lascif et ses gestes dissolus », Molière n’a pas fait pis, puisqu’il a caché ses obscénités et ses malices, et notre critique s’abuse grossièrement, ou ne dit pas ce qu’il veut dire, lorsqu’il fait passer le bien pour le mal.

133. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre premier. Origine des Spectacles. » pp. 1-14

Ils se faisaient entendre par le seul moyen des gestes et des mouvements du corps.

134. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre II. Le métier de comédien est mauvais par lui-même, et rend infâmes ceux qui l’exercent. » pp. 15-28

Mais, pour les rendre plus expressives, il faut qu’elles lui reviennent avec tous leurs agréments empoisonnés et toutes leurs grâces trompeuses » : il faut même qu’il les excite en lui-même, que son âme se les imprime pour pouvoir les exprimer extérieurement par les gestes et par les paroles.

135. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Chrysostôme tous ceux qui couraient aux spectacles de leur temps. « Êtes-vous donc de fer ou de pierre, leur demandait le dernier, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parole, du chant, des gestes des acteurs et des actrices ? […] -C. y vienne entendre ces chants lascifs, ces propos obscènes de la bouche des acteurs ; qu’il consente à ces gestes libertins, à ces nudités infâmes, à ces danses, à ces ballets impudiques si opposés à la sainteté de sa morale ?

136. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Les platitudes d’Aristophane et de Plaute étoient-elles d’un plus grand effet dans le ravage des mœurs, que les ressorts des passions les plus secrètes comme les plus violentes, déployées avec l’art du crime réfléchi, paré des attributs de l’honnêteté et de la décence ; que ces gestes, ces mignardises, ces situations pittoresquement lascives qui forment un tableau du vice, plus corrupteur, plus contagieux que le vice même, toujours inséparable de l’opprobre qui l’accompagne et du dégoût qui le suit ? […] Si l’on voyoit de jeunes vierges exprimer par leurs gestes ou leurs regards le sentiment du vice, on regardoit cette corruption précoce comme un avant-coureur des calamités publiques1.

137. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre VIII.  » pp. 195-221

On peut en dire autant de la déclamation théatrale : tous vos gestes sont des sentimens ; on le peut dire des ornemens, des parures, mouches, fard, boucles de cheveux, draperie, de tout l’appareil de la scéne : ce sont des sentimens ; c’est un scandale de les ramasser, les combiner, les étaler pour produire cet effet dans le cœur ; c’est un péché de s’y exposer : peut-on mieux faire le procès au théatre, & détruire toutes ses apologies, que par l’éloge qu’en font les amateurs même. […] Tous vos sons, vos gestes, vos parures aussi bien que vos paroles, tout est sentiment.

138. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Ces objets n’excitent dans l’ame que des mouvemens doux & tranquilles qui ne portent à aucun péché, & ne favorisent aucune passion, ils invitent même à louer, à aimer, à admirer un Dieu dont ils peignent les perfections, mais les beautés théatrales, vanités des vanités, pompe du monde, attraits de la chair, cette musique efféminée, ces paroles tendres, ces intrigues galantés, ces nudités, ces gestes, ce fard, ce luxe ne viennent que du vice, ne portent qu’au vice, n’entretiennent que les passions les plus criminelles, & ne peuvent que conduire au dernier crime. […] Cette idée est une belle chimère que les femmes ont intérêt d’accréditer pour couvrir leur passion d’un voile, & faire croiré qu’aussi respectables que belles, elles sont de ces Venus admirables, qui renfermées dans cette métaphisique de sentimens, joignent aux grâces & à la beauté dont elles se croyent toujours richement pourvues, une vertu sublime, inaccessible aux tentations de la volupté grossière, que quoique tout passe par le corps avant d’arriver à l’esprit, leur esprit & leur cœur ne s’y arrêtent jamais ; que quoique leur toilette ne produise & ne puisse produire que des tentations charnelles, ce n’est pourtant que pour l’esprit qu’elles offrent des nudités, & mettent du rouge ; que ce n’est qu’à l’esprit qu’on adresse la tendresse du chant, le feu des regards, les attitudes, la danse, le langage du geste.

139. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE II. Des Masques. » pp. 28-54

Un Comédien de son temps, qui ne jouoit que des rôles de femme, s’y étoit si fort accoutumé, que même chez lui & en habit d’homme, il avoit la contenance, le geste, la voix, le langage, tout l’extérieur d’une femme ; on le prenoit pour une femme habillée en homme. […] Les gestes, les mouvemens des pantomimes sont plus grossiers.

140. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Quoique Danaüs ni aucun de sa suite ne la tienne, quoique Lincée, à la tête du peuple, soit le maître & du Palais & de Danaüs, quoique la garde de Danaüs ne fasse pas le moindre geste pour sa défense ; Lincée lui demande plusieurs fois sa femme, que personne ne l’empêche de reprendre : Il s’écrie enfin.

141. (1680) Entretien X. Sur la Comédie « Entretien X. sur la Comedie » pp. 363-380

Les matieres, qui s’y traitent, ne sont ordinairement, que d’amour, & de ses intrigues, car le théatre ne plairoit plus, si cette passion n’en faisoit l’ame : L’expression, qu’on en fait, est par la déclamation la plus douce, la plus animée, & la plus transportée : L’ajustement d’une comédienne n’a rien, qui ne respire je ne sçay quoy d’impur, par la nudité de sa gorge, par son geste mol, & affecté, & par son action efféminée.

142. (1770) Des Spectacles [Code de la religion et des mœurs, II] « Titre XXVIII. Des Spectacles. » pp. 368-381

Le sujet des piéces, les Acteurs, leurs voix, leurs gestes, tout effémine, tout amollit, tout séduit, tout corrompt.

143. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IX. Que les Acteurs des Poèmes Dramatiques n'étaient point infâmes parmi les Romains, mais seulement les Histrions ou Bateleurs. » pp. 188-216

En quoi le Préteur et le Jurisconsulte n'ont jamais prétendu comprendre les Comédiens et les Tragédiens qui n'y sont point nommés, comme il eût été nécessaire dans une si importante occasion ; car on n'imposerait pas une peine d'infamie, par des mots équivoques, et qui ne peuvent être équivalents ; il n'est fait mention que d'un art de bouffonner, qui consistait en deux choses, aux paroles et aux postures ; et l'un et l'autre est ici clairement expliqué par les mots de prononcer et de faire des gestes ; et c'était par là que les Mimes et Bouffons étaient principalement recommandables, en faisant réciter leurs vers avant que danser ou les récitant eux-mêmes, en les dansant, afin que les Spectateurs eussent une plus facile intelligence de leurs postures, comme je l'ai déjà marqué.

144. (1632) Les Leçons exemplaires de M.I.P.C.E. « Livre III, Leçon X. LA COMEDIENNE CONVERTIE. » pp. 461-479

Et c’est ainsi que ces doctes Religieux qui portent les flambeaux des lettres et de la piété par toute la terre se servent des Représentations dans leurs Collèges non seulement pour donner à leurs écoliers la hardiesse de parler en public et pour former leur geste et leur action à l’art Oratoire, mais encore pour corriger les mauvaises mœurs et imprimer de bons sentiments de vertu en l’âme des spectateurs.

145. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XIV. La fréquentation des spectacles ne peut se concilier avec la vie et les sentiments d’un véritable chrétien. » pp. 118-132

« Or, convient-il à un disciple de Jésus-Christ d’aller autoriser par sa présence des hommes scandaleux ; d’aller contempler avec curiosité des femmes sans pudeur, trop semblables à ces sirènes dont parle Isaïe9, qui ne charment que pour la mort ; des femmes qui, par des attitudes étudiées et des gestes expressifs répandent de tous côtés le poison de la volupté ?

146. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

Avecques plusieurs Hystoires en icelluy inserez des gestes des Cesars… Le tout veu et corrigé bien et deuement selon la vraye vérité.

147. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre IV.  » pp. 113-155

Elle avoit une taille fine, une démarche majestueuse, & dansoit noblement, une voix harmonieuse, parloit & chantoit agréablement, & s’exprimoit avec dignité ; ses gestes étoient décens & pathétiques, son air modeste, ses regards tendres & insinuans, elle écrivoit bien, surtout des dépêches pour ses affaires. […] Elle lui demanda, que voulez-vous pour faire la paix avec un geste qui sembloit lui offrir toutes ses filles rangées au-tour d’elle. […] C’est leur propre figure, leurs parures, leur manege, leurs caresses, ce sont leurs chants, leurs gestes, leur déclamation ; ce sont leurs nudités, leurs attitudes, leur linge transparent ; ce sont des figures immodestes repandues dans les décorations, dans leurs habits, dans leurs meubles ; ce sont leurs portraits toujours indécens, les vers qu’on leur adresse toujours licentieux.

148. (1753) Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies et les mascarades [Missionnaire paroissial, II] « Treiziéme conférence. Sur les danses, les comédies & les mascarades. » pp. 268-287

Que l’honnêteté y soit régulièrement observée à l’égard des chansons, des gestes, du lieu, du temps & des autres circonstances qui l’accompagnent.

149. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. —  CHAPITRE V. Tribunal des Comédiens. » pp. 128-140

L’art du pantomime, l’adresse à contrefaire, la vivacité à exprimer des sentimens par l’inflexion de la voix, les nuances du geste, les traits du visage, le feu des regards, ne sont qu’un instinct naturel, une sorte de méchanisme qui résulte de la configuration des organes, sans que l’esprit & les vrais talens y entrent pour rien.

150. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VII. Sentimens des Prédicateurs. » pp. 168-180

Au retour du spectacle, vous méprisez vos femmes modestes, pieuses, si différentes des airs lascifs, des gestes, des visages des Actrices.

151. (1665) Lettre sur les observations d’une comédie du sieur Molière intitulée Le Festin de Pierre « [Lettre] » pp. 4-32

Il fait plus toutefois, il condamne son geste et sa voix, et par un pur zèle de chrétien et qui part d’un cœur vraiment dévot, il dit que la nature lui a dénié des agréments qu’il ne lui faut pas demander, comme si, quand il manquerait quelque chose à Molière de ce côté-là, ce qui se dément assez de soi-même, il devrait être criminel, pour n’être pas bien fait.

152. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Auxquels jours nous n’oublions rien de tous jeux et ébats séculiers jadis inventés par les Gentils : de bouffons mathassinse, mômeries, mascarades, toutes sortes de danses, comédies, fables ou farces, comme nous disons, par lesquelles on représente comme ès Florales, sinon de fait au moins de paroles, de signes, gestes, et de substance choses vilaines, et déshonnêtes qui ne peuvent qu’aviser, induire, et inciter les personnes à ce faire, à la première occasion qui s’y offre.

153. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

Les filles de Sion se sont élevées, ont marché la tête haute, fait des signes des yeux & des gestes, mesuré leurs pas, marché en cadence : Plaudebant pedibus compositæ. […] Leurs regards, leurs discours, leurs gestes, leurs attaques laissent-ils leur défaite douteuse ?

154. (1778) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre vingtieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suites des Mélanges. » pp. 68-117

Cet homme étoit né tabarin : il avoit le talent, si c’en étoit un, de l’abbé Abeille & du comédien Garrik ; il étoit grimacier & pantomime, il copioit la voix, les gestes, les démarches, la physionomie de tous ceux dont il jouoit les rôles & racontoit les aventures. […] Cet homme célebre par sa facilité à varier & à rendre, par les gestes, les pas, les mouvemens des danseurs, les progrès & les nuances du vice, a si fort plus par ses talens honteux & méprisables, d’empoisonneur public, que les directeurs de l’opéra l’ont fait venir d’Italie à grands frais, lui ont donné la préférence, contre l’usage, sur tous les autres danseurs & compositeurs plus anciens & aussi habiles que lui, mais moins licencieux ; &, pour payer le profondes blessures qu’il fait aux bonnes mœurs, lui ont assuré vingt mille livres de pension. […] Il ne manque ici que de faire dépouiller les actrices : mais il n’en est gueres besoin, l’immodestie de leurs habits, la licence de leurs gestes, de leurs mouvemens, de leurs œillades, favorisent le vice autant & peut-être plus que la nudité des actrices romaines.

155. (1694) Lettre d’un théologien « Lettre d'un théologien » pp. 1-62

la Comédie, par exemple, que se récrie Tertullien, lorsqu’il dit : « N'allons point au Théâtre, qui est une assemblée particulière d’impudicité, où l’on n’approuve rien que ce que l’on improuve ailleurs ; de sorte que ce qu’on y trouve de plus beau est pour l’ordinaire ce qui est de plus vilain et de plus infâme, de ce qu’un Comédien, par exemple, y joue avec les gestes les plus honteux et les plus naturels ; de ce que des femmes oubliant la pudeur de leur sexe, osent faire sur un Théâtre, et à la vue de tout le monde, ce qu’elles auraient honte de commettre dans leurs maisons, où elles ne sont vues de personne ; de ce qu’on y voit un jeune homme s’y bien former, et souffrir en son corps toutes sortes d’abominations, dans l’espérance qu’à son tour il deviendra maître en cet art épouvantable. […] Leurs corps efféminés sous la démarche et sous l’habit de femme représentent les gestes les plus lascifs des plus dissolues. » Et plus bas : « Après la licence des paroles on en vient à celle des actions : on dépouille en plein Théâtre, à la prière du peuple, des femmes débauchées, etc. » « Pater verborum , etc. » lib. 1. de ludis c. 20. […] les Spectacles dans ces célèbres paroles : « Abstenez-vous de la moindre chose qui ait l’apparence du mal. » Mais Albert le Grand répond à tous ces Passages que les danses, etc., « qui, de soi ne sont pas mauvaises pouvaient le devenir par les malheureuses circonstances dont saint Paul entend parler : Qu'il est faux qu’on ne dansa toujours que devant les Idoles, et qu’on le faisait en d’autres occasions, témoin Marie sœur d’Aaron et de Moïse, dont nous venons de parler : Que Dieu, par la bouche de son Prophète ne reprend que les gestes infâmes dont les danses des Juifs étaient accompagnées : et que saint Paul enfin défend jusqu’à l’apparence du vrai mal, et non de ce qui ne le devient que par accident et par de mauvaises circonstances.  » Ces autorités de l’Ecriture, dont on fait tant de bruit, ne prouvent donc rien, selon Albert le Grand, contre les spectacles.

156. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Si des exemples attachés à des Lettres mortes, confiés à des dépositaires inanimés, ont toutefois une sorte d’ame, un reste de leur antique chaleur ; quelle sera leur force & leur vie lorsqu’ils renaîtront dans l’action, qu’ils seront vivifiés par le feu du mouvement, qu’ils parleront eux mêmes, au cœur, à l’oreille, à l’œil, avec toute la grandeur des sentimens, avec tous les charmes de la voix, avec toute l’éloquence du geste ? […] Malheureux instructeurs & d’autant plus malheureux qu’on vous plaint trop peu, vos penibles travaux en ce point n’aboutiroient-ils donc dans les vûës de l’Etat & dans les vôtres, qu’à donner de l’inflexion & de l’agrément à la voix ; de l’élegance au geste ; de la dignité à la démarche ; au port & à la contenance de la décence & de la grace ? […] N’étudie-t-on pas tous les agrémens du geste & de la voix pour surpasser (s’il est possible) le Poëte même, & pour paroître avoir le sentiment plus exquis & le discernement plus fin dans l’action, qu’il ne l’eut dans le feu de sa composition ? […] Un vers foible, un geste peu naturel, mettent aussitôt en jeu les sifflets & les éclats, qui partent de tous les côtés de l’Amphitheatre.

157. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre III. Que les anciens Pères de l'Eglise défendirent aux Chrétiens d'assister aux Jeux du Théâtre, parce que c'était participer à l'Idolâtrie. » pp. 57-89

Car alors qu'ils assistent à ces Jeux que les Païens font en l'honneur des Idoles, ils se déclarent Idolâtres, ils font injure à Dieu, et méprisent la véritable Religion ; et l'on ne doit point prétexter ces désordres de l'exemple de David, qui fit des Chœurs de Danse et de Musique en des Processions solennelles ; car il ne dansait pas avec des sauts et des gestes dissolus quelque honteuse fable des Grecs ; ils y célébraient la gloire de Dieu par des Hymnes saintes ; et l'on ne se doit point faire un Spectacle des choses dont l'artifice du Démon a corrompu la sainteté pour les rendre criminelles.

158. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

L'Art qui règle les gestes, et les différentes postures du corps, qui appartient proprement à la Comédie, est consacré à la mollesse de Venus et de Bacchus, qui sont deux Démons également dissolus, l'un en ce qui regarde le sexe, et l'autre en ce qui regarde le luxe et la débauche.

159. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

La décoration et le jeu du théâtre sont aussi puériles ; une inflexion de voix, une gambade, un geste, une couche de fard, tout cela analysé et décomposé, qu'est-il ?

160. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE III. Extrait de quelques Livres.  » pp. 72-105

Roscius qui excelloit à représenter les passions lui formoit le geste la voix, le visage, aux passions qu’il vouloit exciter par les discours. […] Le vice y est présenté avec la plus grande chaleur de style, d’action, de geste & de parure.

161. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

La folie aveugle de la passion, & l’espérance imbecille de faire réussir la piéce, par les charmes d’une actrice qui plaît au public, comme si cette actrice pouvoir se multiplier sur tout le théatre, & se perpétuer dans tous les siécles, pour représenter toujours son ouvrage ; comme si dans le succès momentané qu’elle peut procurer, le public ne savoit pas distinguer ce qu’il doit à l’actrice, & ce qu’il doit à l’auteur, ce sont donc les gestes, les regards, les coups de gosier, les traits, les bras de l’actrice qui reglent les plans, les expressions, les situations, les sentimens & tout le mérite de la tragédie. […] Se tient-on de bout, parle-t-on en vers, fait-on tant de gestes ?

162. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre I.  » pp. 3-35

Comme toute la piece pantomime se joue sans parler, elle peut être figurée en saisissant le mouvement des gestes qui parlent énergiquement. […] On la porteroit partout, on y apprendroit à bien jouer les gestes, les attitudes, les habits, les modes.

163. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre I. De la Pudeur. » pp. 4-35

Une femme montée sur des tretaux, se montrer les heures entieres aux yeux du public, dans la parure d’une actrice, y faire toute sorte de mouvemens, toute sorte de gestes, y écouter, y prononcer toute sorte de discours, y jouer sans balancer toute sorte de rôles, qu’y a t-il d’impudent dans le monde, si l’état & la vie d’une actrice n’est pas le comble de l’impudence ? […] La scene, la poësie, les romans rappellent sans cesse ce langage muer, & lisent dans les cœurs par les couleurs, les regards, les parures, les gestes, qui président à la toilette ; l’empire des passions, l’amour est le vrai baigneur, la vaie femme de chambre.

164. (1774) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre seizieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. De l’Éducation. » pp. 60-92

Parmi ces exercices, la déclamation est des plus utiles ; elle forme la voix & les gestes, exerce la mémoire, enseigne à parler en public. […] Or le geste & la déclamation théatrales ne conviennent ni à la chaire, ni au barreau, ni à la société, ni aux assemblées, ni à la Cour, ni à la guerre ; on se rendroit ridicule, si on y paroissoit, y parloit, y gesticuloit comme un Acteur sur la scene.

165. (1671) La défense du traité du Prince de Conti pp. -

n’y voit-on pas des ballets avec des postures et des gestes impudiques ?

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