Mais le cœur ému par cette représentation n'a pas les mêmes bornes, il n'agit pas par mesures : dès qu'il se trouve attiré par son objet, il s'y abandonne selon toute l'étendue de son inclination ; et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s'est trouvé bien loin de son compte, l'esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n'étant plein que d'aventures agréables et surprenantes, de vers tendres, délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n'est plus capable de retenue, et quand même ces effets, que je n'ose faire entrevoir ne s'ensuivraient pas, n'est-ce pas un terrible mal que cette idolâtrie que commet le cœur humain dans une violente passion, n'est-ce pas en quelque sens le plus grand péché qu'on puisse commettre ? […] « C'est là que tu verras sur la terre et sur l'onde Le débris de Pharsale armer un autre monde, Et c'est là que j'irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs, Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu'ils suivent au combat des urnes au lieu d'Aigles; Et que ce triste objet porte à leur souvenir Les soins de me venger, et ceux de te punir. » On ne peut pas dire qu'en cet endroit le Poète ait voulu donner de l'horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune; au contraire, c'est par cette vengeance qu'il prétend rendre Comélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque.
Les Dieux, pour ajuster les hommes à leurs desseins par le plaisir, nous attirent doucement comme l’attraction de Newton. […] La danse répand dans le spectacle de la variété, de la gaieté, du délassement ; elle met en jour, développe, étale, offre au public les graces des Actrices, à peu près comme dans une foire les Marchands déploient leurs marchandises pour attirer les acheteurs. […] On a imité ce spectacle à Paris ; on a construit sur le Boulevard de pareilles salles d’assemblée qui attirent un monde infini.
Ces pensées, ces désirs mauvais, ces péchés sans nombre, qui en ont préparé les voies, doivent-ils bien attirer les bénédictions du ciel après le mariage ? […] Attirés par les violons, les invitations, la célébrité, on y vient de tous côtés. […] Eh qui sont ces gens déguisés, ramassés au hasard, que le plaisir attire, qui en font des rendez-vous, qui y forment les plus criminelles intrigues, qui sont-ils ?
Deux objets l’occupent également ; le soin d’attirer les regards, & celui de se procurer des amis & un état.
Qu'ils représentent sans cesse combien les Spectacles, les Jeux, et les autres divertissements semblables, qui sont des restes du Paganisme sont contraires à la discipline Chrétienne; combien ils sont exécrables, et détestables; combien de maux et d'afflictions publiques ils attirent sur le Peuple chrétien; et pour en persuader leurs auditeurs, ils emploieront les raisons dont se servent ces grands Personnages, Tertullien, Saint Cyprien martyr, Salvien, et Saint Chrysostome, ils n'omettront rien sur ce sujet de ce qui peut contribuer à détruire entièrement ces dérèglements et ces débauches.
L'Idolâtrie, comme j'ai déjà dit, est la mère de tous les Jeux; et pour attirer à soi les fidèles Chrétiens, elle les flatte, et les charme, par les voluptés des yeux, et des oreilles.
« Il n’y a donc rien de plus dangereux, quand il s’agit des mœurs, que de chercher à voir ce qu’on ne veut pas être ; car on devient aisément ce qu’on regarde avec plaisir, puisque c’est le plaisir qui attire le cœur, et qu’il est impossible qu’il n’approuve pas ce qu’il goûte avec joie.
« Cette habitude de soumettre à leurs passions les gens qu’on nous fait aimer attire et change tellement nos jugements sur les choses louables, que nous nous accoutumons à honorer la faiblesse de l’âme sous le nom de sensibilité, et à traiter d’hommes durs et sans sentiment ceux en qui la sévérité du devoir l’emporte en toute occasion sur les affections naturelles. […] Il fait rire, il est vrai, et n’en devient que plus coupable, en forçant, par un charme invincible, les plus sages mêmes de se prêter à des railleries qui devraient attirer leur indignation.
La cruauté révolte bien des gens, le plaisir attire tout le monde ; on rougirait d’imiter l’un, on se fait gloire de se plonger dans l’autre. […] Augustin répond aux objections des Païens contre la religion chrétienne, qu’ils disaient avoir attiré les malheurs de l’empire, en particulier par la cessation ou la réforme des jeux du théâtre, dont les Dieux étaient fort irrités.
Ce premier obstacle cessera donc d’en être un, si les Auteurs ne s’obstinent plus à croire qu’on ne peut attirer les François au Spectacle, qu’en introduisant sur le Théâtre des personnages plutôt semblables à des marionnettes qu’à des hommes.
Ils n’épargnent ni peine, ni soins, ni frais pour attirer le public. « C’est assez l’ordinaire, dit l’Auteur du Comédien, que des enfans adoptifs, aient plus d’attention que nos vrais enfans, à se rendre dignes de notre tendresse. » Les connoisseurs poussent si loin la délicatesse sur ce point, que les habits même des Acteurs les réfroidissent, s’ils savent qu’on leur en ait fait présent, ou que l’Acteur, mal dans ses affaires, n’ait pas du en avoir de si magnifiques.
Ce sage célebre, le plus sage des Grecs, dont la vie & la morale étoient si pures, que quelques auteurs ont voulu en faire un saint ; ce sage si différent des sages modernes, que par sa sagesse il s’attira l’indignation du théatre, dont les autres obtiennent les éloges, & se sont ses défenseur, qui y fut si indignement joué par Aristophane : disgrace que la philosophie de nos jours n’a pas à craindre.
Malgré le mérite de ce Pylade, & la faveur d’Auguste qu’il lui avait attirée, il fut banni d’Italie, pour avoir designé avec le doigt un Spectateur qui venait de le siffler.
Si quis vestrum proximam habet Ecclesiam, properet ad eandem, et ibi Dominico die semetipsum precibus lachrymisque : sint oculi manusque vestrum toto illo die ad Deum expensæ : ipse est enim dies requietionis perpetuæ : ipse nobis per septimæ diei umbram insinuatus noscitur in lege, et Prophetis : Justum igitur est ut hanc diem unanimiter celebremus, per quam facti sumus quod non suimus. » Et encore plus bas : « Si quelqu’un d’entre vous méprise cette exhortation salutaire, qu’il sache, premièrement qu’il sera puni de Dieu pour le mépris qu’il en aura fait, et en second lieu, qu’il attirera sur soi la colère de l’Eglise. » Et infra , « si quis itaque vestrum hanc salubrem exhortationem parvipendiderit, aut contemptui tradiderit, sciat se pro qualitatis merito principaliter a Deo puniri, et deinceps sacerdotali quoque iræ implacabiliter subjacere, » lib. 4, de ejus vita c. 18 etc., .
J’avais pris cependant toutes les précautions possibles pour faire réüssir la Princesse de Cléves ; et persuadé qu’il est dangereux d’exposer de trop grandes nouveautés, je croyais qu’un Prologue que je fis pour préparer les Auditeurs à ce qu’ils allaient voir me les rendrait favorables ; mais leurs oreilles ne purent s’accommoder de ce qu’elles n’avaient pas coutume d’entendre ; et le Prologue attira plus d’Applaudissements que la Pièce.
Les maximes de l’Evangile sont pures et vivifiantes, celles du théâtre sont dépravées ; elles n’offrent qu’un faux jour qui conduit au précipice : c’est un appât qui vous attire ; mais prenez bien garde, il contient un poison dangereux.
Suivant le sentiment des personnes les plus graves, l’amour et les femmes fournissent les deux principaux motifs de la réformation du Théâtre ; mais je suis persuadé que quiconque proposerait de les en bannir, bien loin d’être écouté, ne ferait que s’attirer les railleries de la plus grande partie des hommes.
Le Misanthrope dont nous venons de parler, n’est pas une Pièce où cette passion paraisse avec les défauts contre lesquels je me suis si fort révolté ; les Amants de la Coquette aiment plutôt en petits Maîtres et en étourdis, qu’en hommes véritablement amoureux : Célimène fait son métier, et le Misanthrope, quoique passionné, traite l’amour suivant son caractère qui influe beaucoup sur sa passion, ce que le grand Molière n’a pas négligé en travaillant : je cherchais donc dans une Comédie un de ces excès de la passion d’amour qui portent les Amants à tout tenter pour se satisfaire : qui les rendent aveugles : en un mot un de ces excès qui font regarder les Amants comme des insensés, et qui leur attirent tout à la fois l’indignation et la compassion des Spectateurs, et je l’ai trouvé à la fin.
Mais aujourd’hui que le rétablissement d’un culte public permet aux orateurs chrétiens d’élever la voix, appelons-les tous à l’aide du gouvernement, et laissons-leur l’honorable soin d’attirer sur l’indigence et le malheur, les regards chastes et purs de la véritable bienfaisance. […] A eux seuls appartient le droit d’attirer l’attention du gouvernement sur un objet pareil ; je me borne donc, comme simple citoyen, à indiquer la source du mal ; c’est aux mains adroites et puissantes à administrer le véritable remède. […] Le besoin d’alimenter cette foule de théâtres, qui, dans tous les genres, inondent la capitale, rend nécessairement moins difficile sur le choix des pièces, et rien aujourd’hui de ce qui donne l’espoir d’attirer la foule ou de piquer la curiosité, n’est essentiellement mauvais. […] Instruits par un événement aussi funeste que mémorable, ne souffrons pas que les nôtres, que ceux qui, surtout, attirent la multitude à nos théâtres publics, soient journellement empoisonnés par une doctrine ou fausse ou perverse. […] On en peut juger par l’assiduité, la touchante persévérance que met à suivre les conférences des grandes paroisses de Paris, cette brillante jeunesse, qu’attirent ou fixent dans la capitale l’éclat de la fortune ou le besoin de perfectionner son éducation dans les athénées, dans les écoles de médecine, ou dans celles de droit.
Cela seul est capable de vous faire assiéger dans votre Confessionnal, et de vous attirer beaucoup de Pénitents et de Pénitentes, ou pour parler plus juste, d’impénitents et d’impénitentes. […] Ce sont ces mêmes paroles qu’on a substituées dans la Comédie à la place des saletés ; par là on n’a pas éloigné entièrement ceux qui ont perdu toute pudeur, et on attire davantage ceux qui en veulent conserver les dehors. […] Oui, je l’avoue, l’intérêt qui les fait jouer ne serait pas seul capable de leur attirer cette infamie, il était inutile de vous faire cette objection. […] Je m’en tiendrais même à ces quatre Conciles, si je ne croyais être obligé de justifier Saint Charles Borromée de l’injure que vous lui avez faite, page24, de vouloir l’attirer dans votre sentiment, lui qui y était si fort opposé. […] Et comment avez-vous pu entreprendre d’attirer Saint Charles dans votre sentiment, surtout si vous avez lu le Livre 3 des Actes de Milan, où il croit qu’il est à propos d’avertir et d’engager les Princes de chasser les Comédiens de leurs Etats
Quel triomphe pour celle qui attire tous les regards ! […] Un amour vertueux, plus durable, les resserre, les multiplie avec l’estime & la bénédiction du ciel qu’il attire : Divitia à parentibus à Domino datur uxor prudens. […] La voila cette Actrice portant la scene dans l’Eglise, qui y joue le même rôle que sur le théatre, assise sur l’Autel de son fauteuil, elle prend la place de Dieu, elle étale ses ornemens & ses graces, se présente à l’adoration de tout le monde, attire tous les regards, s’attache tous les cœurs, reçoit tous les hommages ; on ne pense qu’à elle, on n’admire, on ne loue, on n’encense qu’elle, hélas !
Les jours ne sont pas assez longs pour orner & embellir leurs cadavres, afin d’attirer le plus d’hommages & le plus d’encens. […] Racine frémissoit d’horreur au souvenir de tant d’années qu’il devoit employer pour Dieu ; il détestoit dans l’amertume de son cœur les applaudissemens profanes qu’il ne s’étoit attirés qu’en offençant Dieu ; il en auroit fait une pénitence publique s’il lui eut été permis.
Pour favoriser la guerre du Roi de Pologne contre le Turc, il lui envoya cent mille florins, accorda un Jubilé pour faire faire des prieres en sa faveur, & défendit la comédie dans tous ses États, même pendant le carnaval, comme ne pouvant qu’attirer la malédiction de Dieu (La Roque, Mémoire de l’Église, L. […] On vit par le public un Poëte avoué S’enrichir aux dépens du mérite joué, Et Socrate par lui dans un chœur de nuées, D’un vil amas de peuple attirer les huées.
Elle a joint, dit-il, une modeste gravité à une douceur majestueuse, qui donne à même temps du respect & du désir, dont l’un attire & l’autre retire, d’un côté fait souhaiter, de l’autre désespérer (Ce style galant, très-fréquent dans les livres innombrables de cet Evêque, fort pieux, mais singulier, a paru prouver qu’il étoit un des délibérans du projet de Bourgfontaine, & un des exécuteurs : preuve légère d’un fait aussi grave & aussi contraire à la vie, aux sentimens, aux écrits de M. le Camus). […] ils pensent que c’est celle qui attirera le plus de monde, & la licence tient l’échelle à la charité.
Celuy qui donnoit les jeux faisoit des billets, dont les uns estoient distribuez & les autres affichez : & pour attirer le Peuple par l’esperance du plaisir, on y faisoit mention des divertissemens qu’on avoit preparez. […] d’où ils furent appellez Nouriciers : & ensuite des Leçons regulieres pour vaincre, ou pour mourir de meilleure grace, ce qui leur attira un autre nom Grec, qui veut à peu pres dire Maistre d’escrime.
Pour l’amour de vous, Seigneur, je m’habillerai à la mode, d’une maniere molle, qui fait baisser les yeux à des ames innocentes ; & d’une maniere superbe, pour m’attirer les yeux. […] Mais afin que ce Pere n’attire pas sur lui & sur sa Fille les malheurs, que Dieu répand ordinairement sur les Peres, qui par leurs exemples, & par le mauvais usage de leur empire perdent les doux fruits d’un saint Sacrament ; je supplie ce Pere qu’il se souvienne, que la providence Divine ne lui a pas donné cette Fille pour lui, mais pour elle-même ; que, si cette fille est le gage de l’amitié de Madame son Epouse, elle est aussi le fruit du Sang de Jesus-Christ ; que, si elle est noble par sa naissance, elle est Chrêtienne par son Batême ; que cette seconde qualité lui est plus avantageuse, plus necessaire, & plus glorieuse que la prémiere, & qu’ainsi il n’est pas seulement obligé de l’élever en Fille de condition, mais qu’il est encore plus obligé de l’élever en Chrêtienne, & qu’il doit plus travailler à lui inspirer l’esprit de l’Evangile, que l’air, & les manieres du monde.
Mais le cœur ému par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesures ; dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination, et souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que les Héros de la Comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte ; l’esprit accoutumé à se nourrir de toutes les manières de traiter la galanterie n’étant plein que d’aventures agréables et surprenantes, de vers tendres,délicats et passionnés, fait que le cœur dévoué à tous ces sentiments n’est plus capable de retenue. […] La vengeance n’est-elle pas encore représentée dans Cornélie comme un effet de la piété, et de la fidélité conjugale, jointe à la force et à la fermeté Romaine, au troisième Acte de la mort de Pompée, Scène quatrième, lors qu’elle dit à César : « C’est là que tu verras sur la terre et sur l’onde, Le débris de Pharsale armer un autre monde : Et c’est là que j’irai pour hâter tes malheurs, Porter de rang en rang ces cendres et mes pleurs ; Je veux que de ma haine ils reçoivent des règles, Qu’ils suivent au combat, des urnes au lieu d’Aigles, Et que ce triste objet porte à leur souvenir, Les soins de me venger, et ceux de te punir. » « On ne peut pas dire qu’en cet endroit le Poète ait voulu donner de l’horreur de la vengeance, comme il a voulu en donner de celle de Cléopâtre dans Rodogune ; au contraire c’est par cette vengeance qu’il prétend rendre Cornélie recommandable, et la relever au-dessus des autres femmes, en lui faisant un devoir, et une espèce même de piété, de sa haine pour César, qui attire le respect, et qui la fasse passer pour une personne héroïque.
Celui de Sichem est encore épouvantable, qui ayant vu la beauté de Dina en devint passionné, et attira par ce crime des maux inconcevables sur sa ville et sur son peuple f.
Ces talents enviés ne nous attirent-ils pas au contraire leurs calomnies et leur jalousie jusqu’au tombeau ?
Leur zele pour les mœurs leur a souvent attiré des injures de la part des partisans des Spectacles, a, 404, 596, 599 Education. […] Leur vertu leur attire de la considération de la part même de ceux qui sont déréglés dans leurs mœurs, a, 65. […] Ce qui y attire le plus grand nombre des Spectateurs, 424. […] Ce qui y attire la plupart des Spectateurs, 27.
Il souffriroit que la chasteté, que la pudeur, que la pieté, que la charité, que les autres vertus fussent baffoüées sur un theatre, qu’elles fussent étouffées dans les cœurs de tous ceux que la curiosité, le plaisir, ou l’oisiveté attirent dans ces lieux contagieux ? […] Quels crimes sont plus capables d’attirer les foudres, & les plus redoutables fleaux de Dieu, que ceux que saint Chrysostome considere comme des supplices commencez, comme les premiers effets des justes ressentimens de Dieu ? […] Il sçavoit bien que plusieurs de ces mouvemens n’attendent pas les ordres de nostre liberté, & que par consequent ils ne sont pas des pechez, quand ils panchent du côté du crime, comme ils ne sont pas des vertus, quand ils panchent du côté de l’innocence, si la volonté ne se laisse aller où ils l’attirent, ou si elles n’y vont à sa suite, & qu’elle ne les y entraîne. […] Les Magistrats ne doivent pas moins craindre les foudres de la Justice divine s’ils ne donnent des ordres pour reformer ces Pieces, que s’il n’ont pas soin d’empescher qu’on n’en jouë de criminelles ; & puisque ces Pieces ambiguës entretiennent les méchans dans le mal, & y attirent tres-souvent les plus vertueux mesmes, que les Magistrats n’esperent point de demeurer impunis, s’ils ne sont reformer des Pieces qui rendent le mal ou incurable, ou plus difficile à guerir, & qui ruinent le bien qui se seroit défendu des Pieces criminelles par la retraite, & par l’apprehension que les bons auroient eu de se diffamer, de corrompre le prochain, de déplaire à Dieu, & d’en estre punis.
Ce n’est que dans le pays des romans qu’il se trouve un cœur assez conbustible pour être embrasé du feu de l’amour dans une seule entrevue ; si ces amours sont réels, ils ont dû sans doute déplaire à Philippe, & attirer des mauvais traitemens à tous les deux ; mais hors du pays des romans, l’amour du vieux Prince n’a pu le porter a faire mourir son fils & sa femme, son successeur au trône qu’il avoit toujours aimé, & qui avoit de très-belles qualités, & une Princesse, une maîtresse très-belle & très aimable qu’il venoit d’épouser, & dont il étoit éperduement amoureux ; mais il faut du merveilleux sur la scène tragique, Melpomene n’est pas scrupuleuse sur les vraisemblances, l’amour fait par-tout des miracles. […] Ces deux Ambassades du Roi de France à la Reine, de la Reine d’Angleterre au Roi, faites avec la plus grande pompe, coûtèrent aux deux Cours des sommes immenses ; ce ne fut des deux côtés que fêtes, bals, comédies, réjouissances, pour attirer les grâces du Ciel, & célébrer saintement un si grand Sacrement. […] Je devois au Comte tous mes succès & ma gloire ; la perte de ses conseils & de son bras m’attire tous mes malheurs, mes affaires vont en décadence, depuis qu’il n’est plus je me suis laissée entraîner à l’envie & à l’imposture qui en vouloient à ses jours ; j’ai perdu ma réputation, l’estime & l’amour de mes peuples. […] Quaud on vint le matin lui dire qu’il étoit temps de partir, elle se lève, prend son manteau, se couvre modestement de son voile, & marche vers l’échaffaud un crucifix à la main qu’elle ne cesse de regarder & de baiser avec le plus tendre respect ; quand elle y fut montée, ella adressa la parole à ses Juges & au peuple nombreux, que la curiosité y avoit attiré, elle proteste qu’elle est innocente du crime dont on l’a accusée, qu’elle meurt dans la Religion Catholique Apostolique & Romaine prête à perdre mille couronnes & mille vies pour cette sainte Religion qui fait tout son crime ; qu’elle pardonne de bon cœur tout le mal qu’on lui a fait ; qu’elle prie tous ceux qu’elle a pu avoir offensés de lui pardonner : le bourreau se jette à ses pieds pour lui demander pardon de ce que son devoir l’oblige de faire, elle lui pardonne volontiers, mais ne voulut point qu’il touchât à ses habits, se fit ôter son voile par ses filles, elle se mit à genoux, invoqua la Sainte Vierge & les Saints, pria Dieu pour le Royaume d’Écosse, de France & d’Angleterre pour le Roi son fils, la Reine Elisabeth, ses juges & ses persécuteurs, se banda les yeux, tend son cou au bourreau, récitant tout haut ses prières, & à ces paroles qu’elle répéta plusieurs fois : In manus tuas, commendo spiritum meum.
Il y a quelques années qu’un discours de reception de M. le Franc de Pompignan, d’un goût différent, en faveur de la religion, lui attira la plus vive persécution & un déluge de sarcasmes aussi dépourvus d’esprit & de sel que de décence & de justice, & ces traits partoient de la main de quelques Académiciens. […] Voilà précisément ce que nous disons, voilà précisément ce qui lui a attiré & qui justifie l’infamie légale dont il fut couvert, l’exclusion de l’ancienne Académie, la condamnation de ses plus grands hommes. […] Il en convenoit & s’excusoit sur la nécessité d’attirer la foule pour gagner de l’argent. […] & dans sa profession, où il ne cherchoit qu’à amasser de l’argent, & défiguroit exprès ses pieces par des bouffonneries licentieuses, pour attirer le monde.
Voilà ce qui a attiré à cet Ouvrage un accueil si favorable, jusque dans les Pays étrangers où il a pénétré. […] Il est vrai qu’elle a attiré à M. […] Tous les Spectateurs ne sont pas attirés par le seul objet de la Piece. […] Ils sçavent que, pour attirer le Public, il faut flatter la corruption du cœur. […] La présence de la majesté du Monarque doit y tenir en respect tous les Spectateurs, & attirer tous leurs regards.
Ce sont les Princes, & non les Papes, qui ont conduit les armées des Croisés qui ont pillé & ravagé, & attiré tous les bandits. […] On peut avec les mêmes raisons excuser les Courtisannes, les voleurs, les jeux de hasard ; ils font, comme le Marchand, ce qu’ils peuvent pour attirer le monde à leur brélan, à leurs cellules. […] Je mets, dit-il, à l’entrée de ma boutique une femme aimable & des filles jolies, ajustées avec toutes les recherches de la coquetterie, qui préparent le piege dans lequel la plus austère sagesse est tombée plus d’une fois ; des Syrènes enchanteresses, placées à dessein, qui attirent le monde par une physionomie, des regards flatteurs & des propos agréables, en un mot, des Actrices.
Le plus habile se fit admirer, & attirait autour de lui les Pasteurs & les Bergères du voisinage. […] Sparte seule pouvait être digne de l’attirer ; les Loix trop rigides de Licurgue, & les mœurs sauvages de ses habitans, l’en éloignèrent toujours, ou l’empêchèrent d’atteindre à la perfection où la portèrent les Athèniens. […] Dès qu’elle fut reçue dans les Eglises, elle attirait une foule de Gentils, qui venaient satisfaire leur curiosité, & charmer leurs oreilles de ses sons harmonieux.
Comment se peut-il que vous n’ayez attiré près de vous que le seul Cléophile ? […] Autrement, mon cher Glaucus, comme un homme sage, épris des charmes d’une maitresse, voyant sa vertu prête à l’abandonner, rompt ; quoiqu’à regret, une si douce chaîne, & sacrifie l’amour au devoir & à la raison ; ainsi, livrés dès notre enfance aux attraits séducteurs de la Poësie, & trop sensibles peut-être à ses beautés, nous nous munirons pourtant de force & de raison contre ses prestiges : si nous osons donner quelque chose au goût qui nous attire, nous craindrons au moins de nous livrer à nos premieres amours : nous nous dirons toujours qu’il n’y a rien de sérieux ni d’utile dans tout cet appareil dramatique : en prêtant quelquefois nos oreilles à la Poësie, nous garantirons nos cœurs d’être abusés par elle, & nous ne souffrirons point qu’elle trouble l’ordre & la liberté, ni dans la République intérieure de l’ame, ni dans celle de la société humaine.
Toutefois, si nous étions parvenus au dernier degré de corruption, et qu’il n’y eût pas à présent plus d’espoir de retour que l’affreux état de guerre, et de folles illusions n’en laissaient concevoir dernièrement, je préférerais me taire pour ne pas grossir inutilement le nombre des moralistes déclamant et prêchant dans le désert depuis tant d’années ; mais autant l’on a été découragé à la vue de la contagion du mauvais exemple, et des lois d’un despote bataillard qui ne respectait rien, qui a attiré sur nous tous les fléaux avec la malédiction du ciel et des nations ; autant l’on doit espérer de l’influence des lois sages qui vont nous régir, de cette Charte, si long-temps disputée, que nous venons de recevoir d’un Roi juste qui la secondera encore par l’exemple de toutes les vertus, d’un Roi qui recommande et protège tout ce qui est respectable, dont le cœur est véritablement bon, les vues sages et paternelles, les promesses sincères ; puisque rien ne le détourne de sa mission sacrée, et qui ne forcera donc pas les écrivains de désirer, à la fin de son règne, pouvoir déchirer les pages où ils en auraient trop loué le commencement trompeur.
Il est aisé de concevoir, qu’alors les Comédiens ne se laisseraient point séduire par le bruit flatteur des applaudissemens ; ils craindraient toujours de voir triompher leurs rivaux ; cette noble émulation ferait croître & agrandir leurs talens ; ils feraient leurs efforts pour attirer les Auteurs, qui n’éprouveraient plus tant de petites mortifications, & qui seraient encouragés par l’espoir de parcourir deux vastes champs de gloire.
Ces Chœurs que le Peuple, quand on les chantoit, devoit entendre, puisque les Poëtes n’eussent pas pris la peine d’y rechercher un stile que le Peuple n’eût point entendu, sont souvent inintelligibles à nous qui les étudions, & leur seule obscurité suffiroit pour nous rebuter de ces Tragédies, si elles n’avoient un charme pour nous attirer.
Tandis que l’ambition allume partout les feux de la guerre, qu’elle enfante les conquérants, établit les empires sur les ruines de la liberté, le chef de la nation sainte, attiré des bords de l’Euphrate aux rives du Jourdain, en parcourt les déserts montueux, logeant sous des tentes.
En effet elle l’attire dans le piége ; elle est non-seulement présente à sa mort ; mais elle encourage son frere, et; elle met la main au poignard. […] L’exemple de ces déserteurs n’est pas propre à y attirer l’Étranger, au moyen de quoi la consommation des denrées n’y est pas considérable. […] on s’appercevra trop tard du tort qu’on a eu de s’opposer aux plaisirs du public, on voudra y remédier, mais on ne fera pas rentrer les sommes qui seront sorties, ni les habitans qui se seront établis ailleurs, attirés par les agrémens qu’ils y auront rencontrés. […] Le séjour de Genève, si gracieux par lui-même, deviendra plus agréable par l’établissement d’un Spectacle qui attirera la fréquentation des étrangers. […] Ce ne sont point eux qui ont attiré les foudres de l’Eglise.
Le goût pour la Comédie, et pour les Spectacles en général, est devenu si universel, on s’y livre avec tant d’habitude, et ils ont acquis depuis environ un siècle un si haut degré de perfection en France ; que, d’un côté, bien loin de les regarder comme un plaisir criminel et pernicieux, on les met au nombre de ces délassements innocents, nécessaires, autorisés, et utiles, même à la jeunesse, à qui on les permet sans conséquence, à qui on les prescrit sans réflexion ; et que d’un autre, c’est, pour ainsi dire, s’attirer la haine publique, que de s’élever contre un préjugé si flatteur, et qu’il est aussi difficile à un Ecrivain de le détruire que dangereux de le combattre. […] On ne se persuadera point que si la Comédie eût toujours été telle qu’elle est aujourd’hui, elle ne se serait point attiré les censures ecclésiastiques. […] Le premier et le plus fréquent, c’est qu’elle ne peint jamais les vices avec des couleurs qui les rendent odieux ou méprisables ; elle arrange ses tableaux de façon que ses préceptes sont un badinage qui attire plus au mal qu’il n’en éloigne, et qu’elle répand sur les défauts un certain ridicule trop plaisant pour en donner de l’horreur. […] Combien d’autres au contraire, plus assidus aux prédications, conserveraient mieux les bonnes idées qu’ils y reçoivent, et en retireraient plus de fruit, s’ils n’étaient attirés aux spectacles par d’appât du plaisir ? […] Cela lui a attiré de la part de M.F. deux épithètes injurieuses à sa mémoire.
En condamnant si ouvertement la comédie, vous vous attirez plus d’ennemis que vous ne pensez. […] Dieu a envoyé à son peuple les Jérémie lamentables, pour gémir sur les iniquités du monde ; les Ezéchiel terribles, pour épouvanter les cœurs endurcis dans leur péché ; les Daniel tendres, pour les attirer par le desir des récompenses, à l’amour de la vertu ; les Isaïe élevés & sublimes, pour leur réveler les plus profonds mystéres de sa grace & de sa miséricorde ; en un mot ces hommes tout de feu, pour les embraser d’une ardeur toute céleste dans le service de Dieu : mais il ne leur a jamais envoyé des farceurs publics, pour les brûler d’un feu criminel, en leur montrant par de charmans portraits combien il est doux de pécher sans contrainte, & de parvenir sûrement aux plus injustes desirs.
Tout ce qu’on affecte, pour se donner un air de mérite, s’attirer des éloges, des honneurs, tout cela est du précieux & du précieux ridicule ; même principe, même motif, même effet. […] Une femme fardée est une vraie incendiaire, & bien volontaire, puisqu’elle se pare à dessein, pour attirer le feu de l’impureté, de tous le plus prompt & le plus dangereux ; il n’y a point d’étoupes, de pailles, de matiere combustible, plus inflammable que le cœur humain, par les attraits de la femme ; pour lui épargner un si grand danger, Dieu défend de régarder la vanité du monde : Odisti observantes vanitates ; & le Prophête prie le Seigneur de détourner ses yeux pour ne pas la voir ; averte oculos meos ne videant vanitatem .
Si l’élégance, la finesse, la modestie apparente des expressions, la gaze brillante qui couvre le vice, sauve la honte, attire le spectateur, enfonce le trait, insinue le poison, le crime n’en devient que plus facile & plus piquant. […] Voici du délire : Ecoute, toi qui te prépares à courrir la carriere de Corneille, si la simplicité des mœurs, la force d’être insensible aux ridicules que t’attirera le mépris ou l’ignorance des petites choses, l’austérité de la vertu, l’impatience de toute domination, le dédain de l’or, l’opiniâtreté au travail, sont des affections inséparables de ton jeune cœur, si un pouvoir impérieux te tient enfermé seul avec la gloire & la vertu, si un respect soudain s’empare de tous tes sens, & les prosterne devant ses effigies sacrées, releve-toi, adore Corneille, quand le feu de ton génie s’emparera de ton ame, quand dans le délire de l’extase tes sens seront fermés à tout autre sentiment qu’à celui de l’admiration, quand tous les objets anéantis autour de toi, tu ne verras plus, tu n’entendras plus, ne respirant qu’à peine, les yeux fixés au ciel, & cherchant le temple de mémoire, le nom de Corneille au dessus de celui des Homeres & des Sophocles, écrie toi, j’ai du génie ; Corneille, adopte moi pour ton fils, c’est moi qui suis ta postérité, digne rejetton d’une si noble tige, je laisserai mon nom comme le tien, la gloire de mes descendans, & l’honneur de ma patrie au-dessus des Monarques les plus vantés, &c.
Ses licences lui attirent un grand nombre d’énnemis. Les pensées, les peintures indécentes qui fourmillent dans les Pièces du Théâtre moderne lui ont attiré grand nombre d’énnemis, & grossissent chaque jour le nombre de ceux qui le méprisent.
Les linges et les toiles les plus transparentes, et les plus courtes sont les meilleures, afin que les nudités se voient plus grandes ; elle pratique mille inventions pour attirer les yeux, et gagner le cœur des jeunes hommes. […] L’extérieur d’une fille mondaine ainsi parée, découvre assez clairement les différentes pensées de son âme ; elle désire ardemment d’être trouvée belle, sa prétention est d’attirer auprès de soi les garçons les plus divertissants, les plus agréables, les mieux faits, les plus enjoués, et les plus galants ; elle veut faire des conquêtes, et gagner des cœurs ; elle se préfère à toutes les autres Filles ; elle se tient fière, et prend un air de grandeur pour survendre ses appas, et se faire mieux valoir ses attraits ; elle ne sort de son logis, qu’après s’être regardée et considérée plusieurs fois ; elle porte encore un miroir de poche, pour se mirer dans tous les lieux où elle va ; son image, que ce miroir lui représente, lui plaît infiniment ; elle prend en elle-même un repos orgueilleux ; cherchant à l’entour d’elle des approbateurs qui soient de son sentiment ; c’est-à-dire en un mot, que cette âme superbe et dédaigneuse est toute remplie de vanité, de présomption, de vaine gloire, et de tous les autres mouvements, que la sensualité et l’orgueil ont coutume d’inspirer ; son cœur en est tout enflé et tout bouffi.
Ramponeau, Cabaretier de la Courtille, qui avait été mendiant et chantre du Pont-Neuf, était un bouffon dont les propos, la face, les allures comiques, firent espérer à Gaudron, Entrepreneur des spectacles sur le Boulevard, d’attirer beaucoup de monde à son théâtre, s’il pouvait l’y faire monter. […] Quoi qu’il en soit, il est vrai qu’en 1588 les Comédiens Italiens, attirés par la Reine Catherine de Médicis, obtinrent des lettres patentes, et les présentèrent au Parlement pour les faire enregistrer ; mais malheureusement le Parlement alors n’avait pas envie de rire.
Il reste plusieurs de ces pièces, dont assurément on ne peut pas lire deux pages, mais qui pour le temps étaient des chefs-d’œuvre, étaient mieux payées, plus honorablement accueillies, et attiraient plus de monde, que celles de Corneille et Racine, ce qui est peut-être plus humiliant pour la raison humaine que pour le Poète. […] Comment un Prêtre, un Evêque, un Cardinal, à qui la sainteté de son état et tous les canons de l’Eglise l’interdisent, non content de le tolérer, d’y aller, d’y attirer sa cour, veut-il encore loger chez lui à demeure la source du vice ?
S'y prêter, s'y plaire, les nourrir, les attirer, les faire naître, c'est se mettre dans la nécessité de pécher, c'est déjà commettre le péché. […] Boileau, dans le portrait d'un Directeur qui tranquillise sa dévote sur ses passions, a fait celui d'un apologiste du théâtre qui s'efforce de calmer les scrupules de l'homme de bien, de la femme chrétienne qu'il y veut attirer : « Du paradis pour elle il aplanit les routes.
Cette chute est inévitable : la véritable joie est le sentiment du bien-être, le spectacle n'est qu'une agitation passagère qui attire l'âme hors d'elle-même, et ne lui dit rien de son propre état. […] Il attire l'esprit et le cœur au dehors, et les y retient par l'amusement et la volupté.
Cette victoire en attire bien d’autres. […] Dans la fable les lamies, comme les sirenes, les sphinx, les tritons, les centaures ont la figure humaine jusqu’à la ceinture, & même très-belles, beau visage, belle gorge, & ensuite c’est un vilain serpent qui a une tête à l’extrêmité de la queue ; ils cachent cette partie affreuse de leur corps dans les bois, les buissons, ne montrent que le visage & la gorge pour attirer les passans par l’appas du plaisir, se jetent sur eux, les serrent avec leurs bras & leurs mains crochues, & la queue de serpent, & les dévorent. Telles sont les femmes prostituées & les Actrices, elles attirent par les charmes de la volupté, la beauté de leur visage, & l’indécence de leurs nudités saisissent leur proye, l’embrassent, la dévorent.
Relever, étaler la beauté de sa femme, c’est lui attirer des amans, l’inviter & l’exercer à la galanterie. […] La dépravation des mœurs est un très-grand mal public, peut-être le plus grand, & qui attire tous les autres. […] Il attire des amans à la femme, il fait chercher des maîtresses au mari.
Tous les Ministres qui sont à Dantzic, l’Abbé d’Oliva & quantité d’autres, attirés par la singularité s’y trouvèrent : le panégyrique du Salomon du Nord fut suivi d’un grand repas de soixante-six couverts & d’un bal qui dura jusqu’au lendemain, où sans doute les jeunes Jésuites dansèrent, car il est juste & convenable que celui qui donne le bal en fasse les honneurs ; le lendemain on chanta un Te Deum, on juge bien que la comédie a été aussi de la fête, elle a toujours été usitée dans leurs collèges ; mais je ne sache pas qu’ils y eussent encore donné le bal. […] Un procès attira sa mère à Paris, qui la mena avec elle, manquant de tout. […] Cyr, fit composer des pièces pieuses à Racine, les fit représenter par plusieurs Demoiselles, y invita le Roi & toute la Cour, les Évêques, les Ecclésiastiques, les Religieux ; ce que les Communautés religieuses ont depuis imité dans tout le Royaume, autorisées par les exemples dont son élévation & sa vertu sembloient faire une loi ; ne pouvant attirer tous les jours le Roi à St.
En effet le vice n’est pas dangereux parce qu’il est ridicule, mais parce qu’il entraîne après lui des suites funestes : par exemple, l’ivrognerie n’est pas un vice dangereux, parce qu’il met celui qui en est dominé dans un état d’extravagance qui lui attire les regards de tous les passans ; parce qu’il lui fait dire cent choses déraisonnables qui le font prendre pour un insensé ; mais bien parce qu’un ivrogne va dépenser au cabaret l’argent qui seroit mieux employé au soutien de sa famille ; mais bien parce qu’un ivrogne pour contenter sa malheureuse passion, laisse manquer de pain à sa femme & à ses enfans ; parce qu’il perd le goût du travail, & tombe lui-même dans la misere inséparable de la fainéantise ; mais bien parce qu’un homme dans l’état d’ivresse perd le sentiment de sa propre conservation, & qu’étant privé de raison, il n’a plus de frein qui puisse s’opposer à ses mauvais penchans.
Car en même-temps que Tartuffe s’attire l’indignation de l’assemblée par ses scélératesses, Madame Pernelle & Orgon la font rire par leur ridicule aveuglement pour Tartuffe.
Il est donc plus essentiel d’en attirer le grand nombre dans son parti, que de leur plaire.
Il est presque aussi grand que celui des Acteurs, qui ne paraîtraient pas en public, s’ils n’y étaient attirés par ceux qui les entendent, et dont ils regardent plus l’argent, que tout autre chose.
Le Clergé ne doit donc jamais agir en ce qui concerne les pénalités qui auraient un effet civil, sans l’attache, sans l’assentiment de l’autorité séculière ; car, il faut en convenir, la France, en 1825, n’est pas la France du quatorzième et du quinzième siècle, et le prince étant le chef suprême de l’Etat, nulle autre autorité que la sienne ne peut infliger à ses sujets quelque peine que ce soit, surtout lorsque ces peines deviennent infamantes, et attirent sur ces mêmes citoyens le mépris et la vindicte publique, effets réels de l’excommunication.
Etourdi par les cris, le bruit et les injures, Je traverse au milieu de six rangs de voitures, Pour demander quel est ce Spectacle nouveau : J’entends crier : Entrez, c’est ici Ramponeauxa, Monseigneur ; Ramponeaux : voyons : entrez, mon Prince ; Me dit le harangueur : arrivant de Province Je crus tout bonnement que quelque rareté, Excitant du Public la curiosité, Attirait ce concours de filles désœuvrées, De Ducs, de Freluquets et de Femmes titrées ; Là : près d’une Intendante assise en rang d’oignons Figurait sur un banc la Marmotte Fanchon La Fille d’Opéra coudoyait la Duchesse, Et Damis séparait sa femme et sa maîtresse : Mais on lève la toile, et Ramponeaux paraît.
[NDA] Dans le Chat Botté le jeune Foignet attire et mérite l’attention, par la manière dont il remplit un rôle si varié, que c’est une espèce de Protée.
Après cette permission ils eurent une salle à la Trinité, qui fut appelée la salle de la Passion, où ils firent les représentations de leurs Pièces jusqu’en 1541. que le Parlement leur défendit de jouer, jusqu’à ce que le Roi en eût autrement ordonné, parce que suivant le Plaidoyer de M. le Maître, pour lors Avocat Général, l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement et à la fin pour attirer ou divertir le peuple. […] » et demeure d’accord que « c’est un jeu non d’enfant, mais un jeu qui est une occupation sérieuse, et digne d’attirer les regards des esprits célestes ; que ce n’est pas un jeu qui ressemble à celui des Théâtres, qui n’est propre qu’à irriter les passions par la représentation des intrigues des femmes et des choses impures. […] Chaque Prédicateur en donnera de l’horreur, les détestera, et montrera combien ils attirent de maux sur le peuple Chrétien. […] M. le Maître Avocat du Roi pour lors, et qui fut depuis Premier Président, parlant dans cette occasion pour M. le Procureur Général, à la Requête duquel l’Arrêt fut rendu, remarque entre autres choses que l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement ou à la fin pour attirer et divertir le peuple, qui ne demande, dit-il, que ces sortes de folies et de voluptés. […] Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle, et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie.
Retranchons, dit-il, du Spectacle tout ce qui en fait le péril, aura-t’-il alors les mêmes charmes pour attirer ; les mêmes plaisirs pour récréer ?
Mais aujourd’huy, soûs ce pretexte trompeur, que le Theatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnêteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant qu’à se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit être maintenant innocent.
Les prémiers n’attirent que peu de monde à la représentation de leurs Drames, tandis que les derniers sont accourir chaque jour toute la France à leurs plus frivoles productions.
. — C’est la chose la plus naturelle : mille fois on a vu… — En vérité, lorsqu’elle s’exprimait, je croyais vous entendre ; & maintenant que vous parlez, je crois que c’est elle : ce ton intéressant… Pardonnez, Madame, cette attention à vous chercher dans une autre pourrait m’attirer de votre part… — Ah Monsieur !
Vos Tragédies mêmes, surtout les modernes, qui semblent être seules en droit d’attirer la foule, et d’être applaudies avec fureur.
Les enfants sans souci s’étaient aperçus que ce n’était pas en jouant des moralités, ou en ne représentant que les mystères de la religion, qu’ils amusaient le peuple ; ils y joignirent des farces assorties au goût corrompu du temps : ce qui attira contre eux un arrêt du parlement qui les supprima en 1584.
quand ce ne serait que par tant de regards qu’elles attirent, et par tous ceux qu’elles jettent, elles que leur sexe avait consacrées à la modestie, dont l’infirmité naturelle demandait la sûre retraite d’une maison bien réglée : et voilà qu’elles s’étalent elles-mêmes en plein théâtre avec tout l’attirail de la volupté, comme ces sirènes dont parle Isaïe, qui font leur demeure dans le temple de la volupté ; dont les regards sont mortels, et qui reçoivent de tous côtés, par les applaudissements qu’on leur renvoie, le poison qu’elles répandent par leur chant. » Elles s’immolent à l’incontinence publique d’une manière plus dangereuse qu’on ne ferait dans les lieux qu’on n’ose nommer.
Quand vous ne seriez pas blessé de ces représentations, n’est-ce rien que vous y ayez attiré les autres par votre exemple ?
Ce serait une chose étrange que pour un avis que j’ai donné en passant, je me fusse attiré sur les bras tous les Disciples de Saint Augustin.
Je sais qu’un honnête homme peut une ou deux fois y être attiré par curiosité, engagé par complaisance, entraîné par un malheur ; mais à ce très-petit nombre près, qui n’y revient plus, & dont je ne parle point, il est de notoriété publique que tout le reste ne se distingue que par son dérangement. […] C’est au contraire le vice qui les y attire, le vice qui les endurcit.
On s’élève partout avec aigreur contre le soin que peuvent prendre les maris pour empêcher le crime : leurs craintes sont une foiblesse, leur désirs un ridicule, leur obligation une chimère, leur délicatesse une jalousie, leurs précautions des duretés & des insultes ; on plaisante continuellement sur les outrages qu’on leur fait, & sur ceux qu’ils s’attirent, & que leurs plaintes, leurs mesures, leur vigilance, ne font que hâter, en les rendant plus piquans & plus agréables. […] Cette pièce & bien d’autres auroient attiré cent bastonnades à l’Auteur & aux Acteurs dans l’empire de la Chine, où le respect pour les parens est un des principes fondamentaux qui y maintient le bon ordre depuis quatre mille ans.
L’ouvrage, négligé par suite de ce malheureux goût, attirait souvent sur eux les réprimandes du maître, et ils ne manquaient jamais, chaque fois que cela arrivait, le fameux « dissimulons !» […] Installé vis-à-vis, à la porte d’un modeste cabinet littéraire, je considérais la façade de ce nouveau spectacle ; les armes de France, qui figurent dans le chapiteau, attiraient mes regards.
Que penser de la religion et des mœurs de ceux qui passent presque toute leur vie avec eux, les attirent chez eux dans leurs repas, leurs parties ? […] Que sera-ce de les pensionner, de les applaudir, les attirer chez soi, récompenser leurs talents empoisonneurs et leurs succès funestes par des libéralités aussi criminelles qu’aveugles et déplacées : « Vitium est immane donare Histrionibus. » C’est une question célèbre en morale, si une femme publique peut en conscience garder le prix qu’elle a reçu de son crime.
C’est un des Pères les plus distingués de l’Eglise par sa science, ses écrits, sa naissance, ses travaux contre les Iconoclastes, ses vertus, ses persécutions, les grandes charges où il fut élevé jusque dans le conseil du Prince des Sarrasins, dont il fut le chef, et duquel son mérite lui avait attiré la confiance. […] Le sixième livre est presque tout employé à faire sentir les crimes qui se commettent aux spectacles, qui suffiraient seuls pour attirer sur nous les punitions les plus rigoureuses.
Les courses de chars en l’honneur des Dieux, se fesaient par les premiers de la Nation : les Drames joués d’abord par les Histers ou Histrions Osques & Tusques, attirés à Rome par le Sénat, furent dans la suite imités, sans deshonneur, par la jeunesse Romaine la plus distinguée. […] Ils y attirèrent des Maîtres de toute espèce ; mais rarement ils accordèrent à ces étrangers le titre de Citoyens : on aimait l’Art, mais le Maître était vil : car d’un Citoyen Romain, jouissant des plus belles prérogatives, à un homme qui ne l’était pas, il y avait autant de différence, qu’entre le Roi & le Sujet. […] 70) dit que la nouveauté du Spectacle y attira une si grande foule, que le Pont trop chargé, se rompit à la fin de la Pièce, & qu’il s’y noya beaucoup de monde. […] L’on convient ici, que les dangers du Théâtre seront aussi réels, aussi grâves qu’il les a trouvés, tant que les Comédiens, avilis par la Religion & par les Loix, s’attireront néanmoins une sorte de culte public. […] Le grand succès de la Farce de Pathelin, par Guillaume de Lorris, fit imaginer de mêler des Farces avec les Mystères, pour attirer plus de monde.
Mais aujourd’huy, sous ce prétexte trompeur, que le Théatre n’a plus rien, qui blesse ouvertement l’honnesteté, bien des ames innocentes y sont attirées, comme les autres, ne pensant, qu’a se donner simplement le divertissement d’un spectacle, que l’on dit estre maintenant innocent.
Un Drame qui n’est rempli que d’amour, (& c’est la Pastorale,) n’attire qu’une légère attention.
Je sais qu’au-delà des monts, on a de beaux Opéras, dont on se soucie peu, & qui ne servent que de carcasse pour monter une belle Musique : c’est le chant seul qui attire le Spectateur ; le sens n’est rien ; on n’entend dans les chef-d’œuvres de Métastase que des syllabes sonores.
Cher écrivain, de peur qu’en travaillant à vous attirer cette réputation d’homme de bien, vous ne perdiez celle que vous avez d’être fort habile homme et plein d’esprit, je vous conseille en ami de changer de sentiment.
Plusieurs excès qui excluent du Ciel y sont transformés en vertus, la passion de vengeance qui a si longtemps entretenu la fureur brutale des duels s’y voit non seulement justifiée, mais louée, la patience qui ferait souffrir une injure sans la repousser, serait traitée de lâcheté, de bassesse d’âme et d’infamie, des sentiments impies ou dénaturés qui ne seraient capables que d’inspirer de l’horreur s’ils étaient représentés tels qu’ils sont, produisent un effet tout contraire, et attirent l’affection plutôt que l’indignation par le tour ingénieux de l’auteur et par le moyen du fard dont il les peint.
mettre cinq ou six heures de temps à se parer et à se peindre le visage, pour aller ensuite dans une assemblée tendre des pièges à la chasteté des hommes, et servir de flambeau au démon pour allumer partout le feu de l’impudicité : demeurer les nuits entières exposé aux yeux et à la cajolerie de tout ce qu’il y a de libertins dans une ville ; employer tout ce que l’art et la nature ont de plus dangereux pour attirer leurs regards, et pour séduire leur cœur, déguiser sa personne et son sexe, pour ôter à la grace ce petit secours qu’elle trouve dans nos habits ; rouler de quartier en quartier sous un masque de théatre ; ne se pas contenter de discours frivoles et inutiles, se relâcher jusqu’à dire des paroles qui scandalisent : de quel terme oserait-on se servir pour autoriser une licence si scandaleuse ?
Mais on n’a nul motif criminel, dit-on ; c’est la curiosité, ce sont les voix, c’est la symphonie qui nous attirent, comme si ces voix, ou cette symphonie pouvaient être séparées des spectacles.
n’est ce pas là qu’il se sent attiré au crime par les pièges qui lui sont tendus ; que, se laissant prendre aux amorces les plus dangereuses, il s’abandonne aux transports les plus déréglés, aux saillies les plus vives ?
Car ceux-là sans doute n’y ont pas pensé, & ceux-cy se sont contentez d’en faire de Specieux, preferant un mot qui pouvoit leur estre utile, & attirer des Spectateurs, à toutes les autres consequences. […] Ce doit estre un frontispice bien-entendu, qui fasse esperer quelque chose, au de-là de ce qu’il offre à nos yeux, & dont la magnificence attire un favorable prejugé de ce qui ne paroît pas encore. […] Mais comme le merite n’en est jamais égal ; que les parfaits ne sont jamais en grand nombre, l’inegalité des uns & des autres, fait un fort mauvais effet : & au lieu de surprendre & d’attirer de l’admiration, elle rend le defaut des foibles plus remarquable, & l’Entrée moins gracieuse. […] Il faut toutefois bien prendre garde que le sens personnel n’ait rien d’offensant, ou d’injurieux, & c’est un miracle du petit ordre, de voir avec quelle dexterité, & avec quelle varieté on a dobé sur un mesme visage durant plusieurs années, sans donner ou du moins sans s’attirer des marques de chagrin de la personne interessée.
Si l’on avait lu l’Epître 87 de saint Bernard n. 12, on verrait que ce Père a cru qu’il y avait autre chose dans les Spectacles que de la vanité : il rapporte ce que les gens du monde disent de la vie Religieuse, qui n’est à leur avis qu’un jeu ; « il répond58 et demeure d’accord que c’est un jeu, non d’enfant, mais un jeu qui est une occupation sérieuse, et digne d’attirer les regards des Esprits célestes ; que ce n’est pas un jeu qui ressemble à celui des Théâtres, qui n’est propre qu’à irriter les passions par la représentation des intrigues de femmes et des choses impures ». […] Mais afin qu’il n’y ait plus aucun lieu de douter sur le sentiment de saint Charles, on peut voir l’instruction qu’il donne aux Prédicateurs touchant les choses qu’ils doivent enseigner aux peuples : « Ils leur représenteront continuellement, dit ce saint Cardinal69 , combien les Spectacles, les jeux et les divertissements semblables qui tirent leur origine du Paganisme, sont contraires à la discipline de l’Eglise ; chaque Prédicateur en donnera de l’horreur, les détestera et montrera combien ils attirent de maux sur le peuple Chrétien ». […] Le Maîtrec Avocat du Roi pour lors, et qui fut depuis Premier Président, parlant dans cette occasion pour Monsieur le Procureur Général, à la requête duquel l’Arrêt fut rendu, remarqua entre autres choses, que l’on mêlait dans ces Comédies de piété des farces et des discours lascifs au commencement ou à la fin, pour attirer ou divertir le peuple, qui ne demande, dit-il, que ces sortes de folies et de voluptés. […] Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie.
Où ce ne sont pas des traits morts & des couleurs séches, qui agissent ; mais des personnages vivans, devrais yeux, ou ardens, ou tendres & plongés dans la passion ; de vraies larmes dans les Acteurs, qui en attirent d’autres, dans ceux qui regardent ; enfin de vrais mouvemens, qui mettent en feu tout le parterre ? […] C’est ainsi qu’on pensé, & pensent encore Messieurs les Archevêques & Evêques de Paris, de Lion, de Beauvais, de Carcassonne, de Senez, d’Alais, de Limoges, de Marseille, de Dol, & plusieurs autres, qui, depuis 1756, ont écrit contre la Comédie, & l’ont regardée, avec feû M. le Cardinal de Laon, M. de Rochechouart, comme une mission établie en faveur du Démon, pour lui attirer des esclaves. […] Chrysostome, n’est-ce pas un assez grand mal, que d’employer si inutilement un si long tems, & d’être aux autres un sujet de scandale, & de les attirer à ces représentations par son exemple ?
« Les spectacles, dites-vous, peuvent être bons pour attirer les étrangers ; pour augmenter la circulation des espèces ; pour exciter les Artistes ; pour varier les modes ; pour occuper les gens trop riches ou aspirant à l’être ; pour les rendre moins malfaisants ; pour distraire le peuple de ses misères ; pour lui faire oublier ses chefs en voyant ses baladins ; pour maintenir et perfectionner le goût quand l’honnêteté est perdue ; pour couvrir d’un vernis de procédés la laideur du vice ; pour empêcher, en un mot, que les mauvaises mœurs ne dégénèrent en brigandage. »ey Quoi Monsieur, vous avouez que le Théâtre peut faire tant de bien contre le mal, et vous pouvez hasarder d’écrire qu’il ferait tant de mal contre le bien ! Attirer les étrangers, c’est pour ainsi dire les mettre à contribution en faveur du pays ; augmenter la circulation, c’est multiplier aux citoyens les occasions d’accroître leur fortune ; varier les modes, c’est donner du pain aux ouvriers ; exciter les artistes, c’est animer et fortifier l’industrie ; occuper des gens trop riches ou aspirant à l’être, c’est contenir les factieux dans une Monarchie, et les ambitieux dans une République ; c’est les rendre moins malfaisants. […] L’objet des successeurs des Confrères de la passion contre qui l’Eglise a lancé ses foudres était moins d’attirer le Peuple pour l’instruire et l’édifier que de procurer aux Spectateurs l’occasion de se livrer au plus infâme débordement, et de leur faire payer le plus cher qu’ils pouvaient les commodités qu’ils procuraient aux crimes.
J’aurais pu, en multipliant les citations, ne pas me borner à Louis XIV dont, quoique vous en disiez, la danse ne fut pas le plus grand péché ; une foule de traits auraient prouvé que ce prince n’était pas le seul qui eût du goût pour cet exercice : on sait que le duc de Chartres, depuis Régent, s’attira l’admiration de toute la cour par un menuet et une sarabande qu’il dansa au mariage du duc de Bourgogne, où celui-ci se distingua lui-même en dansant une courante.
Mais comme l’a sagement remarqué le grand Corneille ; « cette éloquente & sérieuse description que Séneque fait de la maniere dont ce malheureux Prince se crêve les yeux, ce qui occupe tout le cinquieme Acte, feroit soulever la délicatesse de nos dames, dont le goût attire aisément celui du reste de l’auditoire ».