Les agréables accords de la Musique transportent son âme ; ils lui peignent la divine harmonie des productions du Souverain Etre, & le remettent à l’unisson avec tout lui-même : la Danse ajoute à l’agréable sensation que produit la Musique ; ce dernier art est une émanation du premier : il réalise aux yeux, ce que les sons font percevoir à l’oreille ; une joie délicieuse, redoublée se glisse par deux sens à la fois dans son âme ravie. […] le bel effet de cette imprudente critique d’une passion naturelle, qui ne peut, tout considéré, que produire une plus grande sévérité de mœurs ! […] … Concluons donc, que le Théâtre, uniquement composé des Pièces dans le genre dont je viens de parler, « ne peut être comporté par l’austérité Républicaine » : mais convenons, en consultant la raison, qu’en eux-mêmes, les Spectacles, sont légitimes, utiles ; qu’ils peuvent, par leur argument ou leur sujet, instruire les hommes, adoucir ; épurer les mœurs, aussi bien qu’ils pourraient les corrompre ; que de bonnes loix (comme je le prouverai en deux mots, en répondant aux questions 6 & 7,) que de bonnes loix, dis-je, suffisent pour réprimer les abus : le Comédisme réformé, le Drame intéressant & châtié produiront cet avantage, écarteront tous les inconvéniens.
Voilà aussi l’effet que produit la Tragédie. […] 8 Nanine produit ces effets. […] Le rire en cette occasion est un mouvement involontaire produit par la singularité de la Scene. […] Mais, dit-on, ils s’en amusent, ils n’en reçoivent aucun produit ; c’est au contraire une dépense pour eux. […] Le nôtre en produit de très-dignes d’imitation ; les Anglois que j’ai déja cités : peut-on trop citer les bons modéles ?
La Religion chrétienne a des principes fertiles, qui produisent une infinité de conséquences, soit pour les dispositions interieures, soit pour les devoirs exterieurs, et ces principes sont renfermés dans la sainte Ecriture, que Dieu nous recommande pour ce sujet de lire avec attention, Scrutamini Scripturas.
Le désintéressement et la vertu des Actrices, les bons effets que produisent sur le théâtre leurs vertus apparentes et leur saine morale sur la jeunesse qui s'y trouve, s'y font aisément sentir. […] C'était un Ex-Jésuite, qui longtemps Régent et ensuite dans le monde, connaissait les pièces de Collège et les effets pernicieux que produit le théâtre sur un jeune cœur. […] Tous ceux qui vont au spectacle n'aiment pas le vice, plusieurs en ont horreur ; mais ils l'aimeront bientôt, et du moins est-il impossible qu'ils n'en ressentent machinalement l'impression en le voyant, ce qui produira tôt ou tard l'affection volontaire, et qui rend déjà coupable, en se mettant librement dans la nécessité de le ressentir. […] On disait partout, on lui écrivit de vingt endroits, qu'il était indécent de produire ses nièces et des filles de qualité rassemblées de tout le royaume, que c'était mal répondre à l'espérance des parents, et à l'idée qu'on avait de sa Communauté, d'en faire des Comédiennes.
Supposons que cela soit : du moins une telle précaution n’a pas été inutile ; puisqu’elle a produit cette admirable générosité, qui les a élevés au-dessus de toutes les frayeurs de la mort. […] Au reste tant de mauvaises choses, que les païens défendent eux-mêmes rigoureusement, ne se font-elles pas par le moyen des créatures, que Dieu a produites ? […] Croyez-vous cependant, que le créateur ait produit ces créatures pour faire périr les hommes ? […] » De même qu’est-ce qui a produit l’or, l’argent, le cuivre, l’ivoire, le bois, et toutes les autres matières, dont on se sert pour fabriquer les idoles ? […] de ces différents jeux est donc la même ; leurs titres sont aussi les mêmes, comme provenant de la même cause : par conséquent leur spectacle est le fruit malheureux qu’une même idolâtrie a produit.
Le spectateur n’est point agité des violentes secousses que les passions bien maniées produisent.
.… Mademoiselle *** est pourtant généreuse ; elle a l’âme grande, belle : c’est elle, qui l’a produite, qui la mène, qui l’encourage, & qui s’en voit éclipser sans jalousie.
C’est à ce titre que, rempli d’espérance à la vue des miracles qui chaque jour se développent à nos regards étonnés, j’ose m’élever moi-même contre tout ce qui pourrait encore arrêter l’effet des desseins magnanimes du Héros qui les produit.
Capucins, Récollets et Picpus réformés de l’ordre de Saint-François, au nombre de 21.000 sans revenus (quoiqu’il n’y eût peut-être pas une seule maison qui ne possédât en propre au moins un jardin potager d’un bon produit), ci.
Bossuet ne rejette-t-il pas cette preuve en faveur de la comédie, tirée du texte de saint Thomas, lorsqu’il dit : « Quand il serait vrai, ce qui n’est pas, que saint Thomas, à l’endroit que l’on produit de sa Somme, ait voulu parler de la comédie, etc. » ? […] Ce qu’on a semé dans la corruption ne produit que des fruits de mort et de corruption, c’est-à-dire la démoralisation, le règne impérieux des sens avec des passions inassouvissables. […] Cet état anormal, ou cette perversion de la sensibilité, insensiblement amenée par les commotions les plus fortes, les affections les plus variées et les plus opposées des âmes déjà flétries et amollies, peut être portée au point d’altérer le caractère, de dépraver le sentiment, d’ouvrir la porte à toutes les maladies nerveuses, et produire enfin des anomalies ou des perturbations mentales ou affectives qui peut-être empoisonneront pour toujours la vie domestique et sociale.
Ces objets, ne produisent pas aujourd’hui de si violens effets, parce qu’on y est accoutumé, & qu’on connoît les cordes, les poulies, les contrepoids, qui en font tout le merveilleux, mais frappent pour-tant encore presque aussi vivement les enfans, les femmes, les gens de la campagne, & leur donnent les idées les plus noires. […] L’importance de l’objet, le prix des invitations, l’immensité des recherches, l’espérance d’une gloire immortelle, & sur tout d’une riche récompense, ont produit une foule d’ouvrages & de plans. 1°. […] Cet édifice d’un effet très-noble, en produira plus encore, lorsque la place qui se trouve au devant, étant aggrandie, le découvrira tout entier.
Les mêmes raisons doivent les bannir de la scène, non-seulement par l’indécence d’exposer à des yeux malins & profanes un état spécialement consacré par la religion, ce qui lui fait perdre tout le respect qui lui est dû, & a fait porter les ordonnances les plus sévères pour interdire ces jeux sacrilèges, mais encore parce que de tels rôles ne peuvent faire de bonnes pieces, ni produire de bons effets. Quel effet peuvent produire un froc, une guimpe ? […] est-il de plus grande folie que d’outrager la Divinité, de s’étudier à produire, de s’efforcer à bien représenter, de se plaire à lui voir faire ces outrages ?
Les anciens avoient leurs Pyrhiques, leurs Saliens, leurs Corybantes, ils leur attribuoient des miracles, qui ne sont pas sans vrai-semblance ; car il est vrai que la danse affecte infiniment, & produit toute sorte de mouvemens dans l’ame. […] Mais pour les passions molles & voluptueuses, où l’ame se livre aux funestes délices de l’impureté, à la dissipation, à la frivolité, perd la pudeur, la religion, la charité, il n’est pas douteux que le théatre & la danse, analogues au caractère nationnal, montés sur ce ton, établis & entretenus dans ces vues, par des personnes plongées dans le désordre, exercées à exciter les passions, les peignant, les embellissant, les réalisant, étalant, offrant l’objet avec toutes ses graces au premier qui en veut, se piquant, se faisant gloire de produire ces malheureux effets, il n’est pas douteux que le théatre & la danse théatrale ne fassent dans tous les cœurs les plus grands ravages. […] Quel effet doivent produire sur tous les spectateurs, transportés dans le centre de la volupté, des traits si licencieux & si séduisans !
Borné par son art à ce seul objet, cet Artiste ne sçait faire que son Palais ou d’autres Palais semblables : mais il y en a de bien plus universels, qui font tout ce que peut exécuter au monde quelque ouvrier que ce soit, tout ce que produit la Nature, tout ce que peuvent faire de visible au ciel, sur la terre, aux enfers, les Dieux mêmes. […] Les représentations du Peintre, dépourvues de toute réalité, ne produisent même cette apparence, qu’à l’aide de quelques vaines ombres & de quelques légers simulacres qu’il fait prendre pour la chose même. […] Hors d’état de rendre raison d’aucune des choses qui sont dans son tableau, il nous abuse doublement par ses imitations, soit en nous offrant une apparence vague & trompeuse, dont ni lui ni nous ne sçaurions distinguer l’erreur ; soit en employant des mesures fausses pour produire cette apparence, c’est-à-dire, en altérant toutes les véritables dimensions selon les loix de la perspective : de sorte que, si le sens du spectateur ne prend pas le change & se borne à voir le tableau tel qu’il est, il se trompera sur tous les rapports des choses qu’on lui présente, ou les trouvera tous faux.
Premièrement il ne permet point à aucun Citoyen, ou personne libre, de se produire sur le Théâtre, pour aucun Batelage, et renvoie cela aux seuls Esclaves, ou aux Etrangers. […] Il nous suffira d’en produire deux, mais l’un et l’autre de très bonne marque. […] Ainsi lorsqu’on nous allègue cette nouvelle coutume des Théâtres, c’est produire leur accusation et non pas les excuser. […] A ce propos il nous souvient d’un effet étrange que produisit une Tragédie du Poète Euripide, en une ville de la Grèce. […] Nous avons produit des Lois civiles qui déclarent infâmes tous ceux qui s’en mêlent. 6.
Car c’est une consequence indubitable, que le Poëte manque de lumiere, s’il laisse de l’obscurité en ce qu’il produit & en ce qu’il veut faire paroistre. […] Qui ne s’applique qu’à des imaginations, travaille bien souvent en l’air, & ne produit que des chimeres. […] C’est le seul fonds qui la doit produire. […] Et enfin, cét amas qui parut curieux & nouveau, ne fut que la suite d’une vieille fadaize, & ne produisit que des railleries & des mépris. […] Il faut garder par tout de la moderations ; ne violenter point le sujet à force de produire & de faire agir des Machines : & metre & tenir toute sorte de lieu dans l’estat que la nature de la representation peut demander.
Mais, qu’il rentre à jamais dans l’éternelle nuit, Ce fantôme d’amour, que la Scène a produit !
Je n’en veux pas dire davantage sur ce sujet, en ayant parlé ci-devant assez amplement, joint que les deux Auteurs que je viens de produire, Salvian et Tertullien s’en sont suffisamment expliqués, pour faire connaître à un chacun que les spectacles et les théâtres ne doivent jamais passer chez les vrais Chrétiens pour divertissements, puisqu’ils traitent ceux qui y assistent d’apostats, de prévaricateurs des Sacrements, de gens qui retournent vers le diable leur premier maître, qui préfèrent le démon à Dieu, qui font banqueroute à la foi de Jésus-Christ, qu’ils sont plus criminels que les païens, qu’ils sont sans Religion, qu’ils ne cherchent qu’à repaître leurs yeux adultères ; gens enfin qui se jettent volontairement dans le fort et la citadelle où se commettent toutes sortes d’impuretés.
La première est qu’il y a bien de la différence entre l’orgueil tel qu’il est quand il se produit au dehors par les paroles, et le même orgueil caché dans le fond du cœur.
Je sais en quelle considération ils sont dans le monde, et quels bons effets ils peuvent produire dans un Etat.
Le mal que ces chimeres produisent n’est que trop réel. […] Un Empire est plus ou moins illustre, à mesure qu’il produit un plus grand nombre d’hommes immortels, un Corneille, un Moliere, un Baron , c’est-à-dire, plus de comédiens. […] Donner cette idée pour une grande découverte, s’applaudir d’avoir ouvert cette nouvelle & brillante carriere, dire avec assurance qu’on entre dans un champ plus étendu, qu’on brave l’ingratitude des contemporains, & l’oubli de la postérité ; c’est une vaine fanfaronnade, dictée par un amour propre aveugle, enivré de ses productions, qui ne connoit, qui n’estime que soi ; appeller son talent & son genre, le tragique par excellence, lui donner le privilege exclusif, croire que tout le reste n’en mérite pas le nom, que les Grecs & les Anglois seuls, ont seulement, dans quelques scénes, exposé ces magnifiques tableaux, & ce tragique vigoureux, qu’on a seul la hardiesse de dire tout haut, ce que les autres ne disent que tout bas, parce qu’on préfére la vérité à des timides convenances, que le grand Corneille n’a pas atteint le but tragique, que ses maximes, ses raisonnemens, ses projets, ses idées de la grandeur Romaine s’éloignent de l’essence du poëme théatral ; qu’il n’a de parfait que le cinquieme acte de Rodogune, parce que ce n’est que là qu’on éprouve ce bouleversement du sens, cet orage, cette mer soulevée, ce flux & ce reflux de mouvemens ; que Racine n’a jamais la majesté du tragique, (idée fausse, le terrible n’est pas majestueux, la vraye majesté n’est pas terrible) qu’il ne produit point de secousse violente, & ne déchire pas, car Mr. […] Un enfant, un homme délicat, sera plutôt épuisé qu’un autre ; & un excès de passion, bien loin de produire la douce impression du plaisir, fait fremir les spectateurs, ils detournent les yeux de cette tête de Gorgone, qui au lieu de les amuser, les pétrifie.
Une femme contente de sa toilette seroit bien mortifiée de ne produire que l’effet superficiel d’un bon livre ou d’un bon tableau ; elle veut faire des conquêtes, gagner des cœurs, inspirer des passions, c’est-à-dire, séduire & perdre. […] Y allât-elle d’abord modeste, la seule fréquentation lui en inspirera la fureur, & avec elle tous les vices qui en sont le principe ou l’effet ; elle y perdra toutes les vertus qui produisent & entretiennent la modestie, & qu’à son tour la modestie forme & entretient. […] La chasteté n’y court pas moins de risque : croit-on que les rêveries, les espérances sur l’effet que produisent ses charmes, que la douce & molle impression qu’ils produisent sur elle-même, laissent un cœur bien chaste ?
Expliquons-nous encore plus en détail : car sans cela, Chrétiens, peut-être auriez-vous de la peine à bien concevoir ma proposition, et peut-être dans la pratique tout ce que je dirais, ne produirait-il aucun fruit. […] Qu’on dise après cela que les temps sont difficiles, qu’on a bien de la peine à se maintenir dans son état, qu’on est obligé de se resserrer, et qu’on ne peut pas aisément se dessaisir du peu qu’on a : je ne contesterai point avec vous, Chrétiens, sur le malheur des temps ; sans en être aussi instruit que vous, je le connois assez pour convenir qu’on doit maintenant plus que jamais user de prudence et de réserve dans l’administration des biens ; mais n’est ce pas justement ce qui acheve de vous condamner, et quel témoignage plus convainquant puis-je produire contre vous que le vôtre ? […] Concours tumultueux et confuse multitude, qui sert de scene à la vanité et à la mondanité ; s’il y a une beauté humaine à produire et à faire connoître, s’il y a un ornement et une parure à faire briller, n’est-ce pas là qu’on l’étale avec plus d’éclat et plus de pompe ? […] Ils posoient pour principe, qu’une jeune personne ne devoit jamais se produire au jour qu’avec des réserves extrêmes et toute la retenue d’une modestie particuliere ; que la retraite devoit être son élement, et le soin du domestique son exercice ordinaire et son étude ; que si quelquefois elle sortoit de là, c’étoit ou la piété ou la nécessité qui seule l’en devoit tirer ; que s’il y avoit quelque divertissement à prendre, il falloit éviter non-seulement le soupçon, mais l’ombre même du plus léger soupçon ; que sous les yeux d’une mere discrette et vigilante elle devoit régler tous ses pas, et que de disparoître un moment, c’étoit une atteinte à l’intégrité de sa réputation ; qu’elle devoit donc toujours avoir un garant de sa conduite et un témoin de ses entretiens et de ses démarches ; enfin qu’une telle sujétion, bien-loin de lui devenir odieuse, devoit lui plaire ; qu’elle devoit l’aimer pour elle-même et pour sa consolation propre, et que dès qu’elle chercheroit à s’en délivrer, ce ne pouvoit être qu’un mauvais augure de sa vertu : c’est ainsi que ces saints Docteurs en parloient.
C’est d’où procède l’artifice de ces pères, qui pour donner de l’horreur de l’ivrognerie à leurs enfants, faisaient boire par excès leurs domestiques, et les produisaient devant eux en cet état où ils faisaient des postures ridicules. […] Ce Théologien sur le bruit que fit cette lettre dans le public, la désavoua dans une autre lettre qu’il écrivit à M. de Harlay pour lors Archevêque de Paris : et c’est ce qui produisit tous ces Ouvrages qui parurent alors sur cette matière. […] » Saint Charles ordonne ensuite que chaque Prédicateur, pour persuader plus efficacement le peuple de tous les maux que produit la Comédie Ibid. […] Quoiqu’il en soit, quand on supposerait même qu’une personne serait assurée de ne point offenser Dieu en allant à la Comédie ; c’est-à-dire, que la Comédie ne produirait en elle aucun des mauvais effets qu’elle produit dans les autres, il ne s’ensuit pas de là qu’elle ne soit pas coupable du péché des Comédiens. […] » La Comédie peut produire d’une manière insensible, et même sans qu’on s’en aperçoive, une disposition dans l’âme, qui étant venue à un certain point, peut être la cause de la chute d’une personne.
Montagne y donnoit si fort qu’il parfumoit jusqu’à les moustaches, qu’on portoit alors fort grandes, afin d’avoir toujours la cassolette sous le nez ; aujourd’hui qu’on ne porte plus de moustaches, le tabac produit le même effet, on en prend à tout moment sans aucune nécessité ; on en est quelquefois couvert d’une manière dégoûtante. […] Depuis ces voyages du Levant entrepris, il est vrai par religion & louables par l’intention & la fin qui en fut le mobile ; mais malheureusement époque funeste des vices que produit le luxe. […] Comme il y a des drogues aromatiques, des liqueurs spiritueuses, des alimens échauffans qui allumant dans le sang un feu séditieux, une fermentation tumultueuse, excitent le feu de la concupiscence ; il est aussi des odeurs qui produisent ce dangèreux effet, elles s’élèvent comme une vapeur, & sont comme une espèce d’extrait de cette pernicieuse nourriture, & ce qu’il y a même en elle de plus subtil & de plus capable d’empoisonner, Sinibaldus avec tous les Médecins l.
La différence des vices des rois & des vices des sujets n’est pas facile à comprendre ; les mauvais exemples produisent par-tout le même effet, & ceux de particuliers sont plus dangereux, parce qu’ils sont plus à la portée, & plus faciles à imiter. […] Quel mauvais effet, selon lui-même, doit produire ce mêlange ! […] Cet Abbé ne manquoit pas d’un certain talent ; il avoit de la gentillesse, & quelques petits traits assez fins & assez piquans ; aussi étoit-il de l’Académie Françoise, & fut-il canonsé au jugement de deux Evêques : mais on auroit bien dû épargner à sa mémoire le tort de produire au grand jour cette nouvelle comédie qui jure avec la gravité d’Ambassadeur, le caractere sacerdotal & le panégyrique épiscopal.
Permettez-moi de vous raconter un fait qui, quoiqu’assez comique, vous fera juger de l’effet que cette excellente Tragédie est capable de produire : tout Marseille vous en attestera la vérité, « Et vous entendrez là le cri de la nature. » Un Capitaine de Vaisseau qui n’avait jamais vu de spectacle, fut entraîné par ses amis à la Comédie, on y jouait Atrée ; notre homme, ébloui par des objets tout nouveaux pour lui, oubliant que c’était une fable qu’il voyait représenter, lorsqu’il entendit Atrée prononcer ce vers qui vous choque si fort et par lequel il s’applaudit du succès de ses crimes, notre homme dis-je, se leva tout à coup avec fureur en criant : « Donnez-moi mon fusil que je tue ce B. là. » Vous jugez bien qu’une pareille scène fit oublier la catastrophe à tous les autres Spectateurs et que bien en prit aux Acteurs que le vers qui mettait le Capitaine en fureur était le dernier de la pièce, car ils auraient eu peine à reprendre leur sérieux après une pareille saillie. […] Allez, Monsieur, à la Comédie la première fois qu’on jouera cette pièce : ne vous occupez nullement du spectacle, donnez toute votre attention aux Spectateurs, et vous jugerez par les épithètes dont ils honorent Atrée presqu’à chaque vers qu’il prononce, de l’effet que produit en eux son caractère. […] » cf Vous voyez bien Monsieur que le scrupule de mettre de grands Criminels sur la Scène serait pusillanime puisque les produisant il en résulte qu’on en conçoit une horreur plus forte pour le crime, et que l’effet que vous craignez que leur exemple ne produise n’est qu’une chimère, puisqu’il ne s’est jamais manifesté depuis tant de milliers d’ans que l’histoire, l’épopée, la Tragédie et la Scène mettent sous les yeux des Scélérats ; mais Mahomet n’est point puni, non Monsieur.
Si les Français n’étaient pas aussi attachés à leur Roi, le langage fier et républicain du cothurne produirait de mauvais effets. […] Il a même survécu à la critique ; toute belle qu’elle est, elle est peu connue ; le Cid subsiste, quoique sa vogue ait bien diminué, peut-être même que la haine qu’on avait pour le Ministre, et le mépris qu’on faisait de sa basse jalousie, donnèrent un nouveau lustre à ce qu’on persécutait avec tant d’acharnement : « En vain contre le Cid un Ministre se ligue, Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue ; L’Académie en corps a beau le censurer, Le public révolté s’obstine à l’admirer. » Je doute qu’aujourd’hui une tragi-comédie pût produire ni ce mouvement dans le ministère, ni cette jalousie dans les Poètes, ni cet enthousiasme dans le public ; on a trop de goût et de lumières, on a trop vu de bonnes tragédies, pour admirer avec cet excès un petit nombre de traits vraiment sublimes déparés par bien des défauts, et noyés dans un tas de choses médiocres et triviales. […] Elle produit un très grand revenu au Palais Royal, elle a été brûlée, mais rebâtie plus magnifiquement que jamais.
Alors les esprits échauffés produisirent tout d’un coup par une espece d’enthousiasme les Vers appellés fescennins. […] Ce sont des empoisonneurs publics, d’autant plus dangereux, que le poison qu’ils préparent, leur survivra & produira ses cruels effets jusque dans les derniers temps. […] Nos Versificateurs étoient encore sans correction, sans goût, & bégayoient à peine des Poëmes informes, tandis que l’Italie se glorifioit d’avoir déjà produit des Poëtes qui jouissent encore de la plus grande réputation. […] Ces réclamations ne furent pas sans effet pour ceux qui dans le temps y furent attentifs, & par la suite elles produisirent de plus grands fruits. […] On pense bien que c’étoit dans les Pieces Tragiques que se trouvoit ce grand intérêt produit par les allusions aux événemens.
On a beau dire en faveur du Théâtre qu’on l’a rendu chaste, et que l’on y entend plus de leçons de vertu, que l’on n’y voit d’exemples de vices, on dira si l’on veut que les passions n’y paraissent animées que pour la défense de l’honneur, et que l’on n’y produit pas d’autres sentiments que ceux de la générosité.
Ce serait ici le lieu, de parler des différentes espèces d’excommunications qui sont fondées sur le droit naturel, que toute société doit avoir, de bannir de son corps ceux qui en violent les lois ; et on demanderait à l’autorité spirituelle si elle prétend avoir le droit de lancer un anathème dont l’effet puisse produire, dans l’ordre social, une peine civile et matérielle, sans la permission du souverain, dont l’excommunié est le sujet. […] Tel est le manifeste du fanatisme et de l’ultramontanisme, rédigé à Montrouge, et lancé dans le monde, pour y produire un grand effet, pour y répandre la terreur, et faire trembler l’opposition.
Ainsi commença chez les Athéniens la réaction des mœurs sur la scène, et lorsqu’on compare son effet à ce qu’elle a produit en France, on serait tenté de féliciter les poètes grecs de n’être descendus qu’au rôle d’espions domestiques et de délateurs au théâtre. […] L’accueil fait à ce vaudeville, et à tous nos drames modernes, constatant l’influence expansive de la scène sur les sensations du spectateur, il ne reste plus qu’à rechercher l’effet qu’elle peut produire sur les mœurs.
querelle de ménage qui produit un incident plus comique que fructueux. […] Bien loin de corriger, ces Pièces produisent un effet tout contraire. […] Non, la Comédie ne corrige point ; on voit, et le peu d’avantage qu’elle procure, et la quantité de maux qu’elle peut produire. […] Il faut que M.F. n’ait pas lu ce Discours avec attention, ou qu’il ait été aveuglé par un préjugé bien violent ; s’il l’eût seulement examiné d’un œil indifférent, il l’aurait trouvé absolument opposé à ses intérêts ; et il se serait bien gardé de dire que, c’« est tout ce qu’un esprit sage et orné peut produire de plus équitable ». […] Mais s’il est vrai que partout où ils sont, les hommes ne sont pas moins vicieux, il faut en conclure au moins que la Comédie ne produit pas les bons effets dont on lui fait honneur.
En ôtant le rouge avant la catastrophe, ou dans les grands malheurs, nos Acteurs sont parvenus à réparer cet inconvénient autant qu’il pouvait l’être : c’est une faible image de l’effet que dut produire le changement de masque chez les Anciens.
Malgré ces saintes traditions, et malgré encore le passage exprès que l’auteur produit « pour exclure la musique des jours de deuil »Eccl.
C’est de quoi je ne tombe pas d’accord, et pour produire la pièce qui a reçu le plus de louanges et qui a été l’admiration de toute la France ; N’est-il pas vrai que Chimène exprime mieux son amour que sa piété, que son inclination est plus éloquente que sa raison, qu’elle excuse mieux le parricide qu’elle ne le condamne, que sous ce désir de vengeance qu’elle découvre, on y remarque aisément une autre passion qui la retient, et qu’elle paraît incomparablement plus amoureuse qu’irritée ?
Le sieur le Kain, acteur célebre, dont le ton tragique, & la déclamation énergumene en imposeroient à ceux qui oseroient penser différemment, a fait l’annonce de la piéce, & témoigné au nom des comédiens : leurs sentimens d’admiration, de reconnoissance, de pieté filiale envers leur pere, leur bienfaiteur, l’homme de génie, qui a illustrè la scène Françoise ; il a déclaré en même-tems, que le produit de la représentation de cette piéce étoit destiné, par les comédiens, à ériger la statue de Moliere, & qu’ils esperent le secours de la nation pour consommer ce grand ouvrage ; démarche & quête mesquine ! […] Ce profit même ils ne le livreront pas en effet, la quête qu’ils font, le leur rendra au double ; elle durera tant qu’on voudra, les frais de la statue ne seront de long-tems rentrés, quoique le produit les excede, le nom & la statue de ce grand homme produira à son illustre famille un abondante moisson, cette noble générosité n’est qu’un tour d’adresse pour gagner de l’argent. […] L’amour a des attraits invincibles, le cœur ne peut s’en défendre, surtout lorsque tant d’exemples l’invitent à se satisfaire, & qu’au lieu des noms odieux qu’on donne à l’amour, on ne le présente que comme une galanterie nécessaire dans le monde ; c’est la morale que Moliere a prêchée toute sa vie, qu’on prêche encore tous les jours au théatre, elle produisit alors l’effet que le Prince s’en étoit promis, la defaite de cette femme suivit de près.
216.) ce moyen que la Troupe a produit étoit bien digne de son attention ; mais nullement de celle du public qui sçait mieux apprécier les choses.
Ceux qui sont chargez de ces dignitez sont obligez d’empescher l’impression, d’arrester le debit, d’interdire la lecture de ces livres : on ne peut permettre leur édition, leur cours, & leur usage, sans se rendre coupables de tous les méchants effets que ces livres pernicieux produisent ; & nous pouvons dire de ceux qui souffrent ces corruptions publiques ce que Tertullien disoit de la patience des Payens qui enduroient les desordres de leurs maisons : Tanti boni nomen, fœdis operationibus occupant. […] Cette patience est toute à luy, puisqu’elle endure tout pour luy ; elle doit s’attendre à estre punie eternellement avec luy, puisqu’elle est cause des crimes comme luy, & qu’en n’agissant pas pour les empescher, elle ne contribuë pas moins à les produire, qu’il y contribuë par les soins qu’il prend pour les faire commettre. […] Ces Pieces produisent d’ordinaire dans les esprits des dispositions semblables à ce qu’elles sont : ces Pieces sont des composez de bien & de mal, un mélange de ce qui peut maintenir la vertu, & de ce qui est capable de la corrompre ; & il est quelque-fois tres-difficile de juger de la qualité qui l’emporte dans ce mélange. Ces Pieces produisent dans les esprits des dispositions aussi ambiguës qu’elles-mesmes. […] mais qui en produisent d’eternels, plus charmans sans comparaison que tout ce qui peut estre, que tout ce que nous pouvons nous imaginer de plus agreable sur la terre.
« Ces mouvements pleins d’impudence que l’on voit dans la personne des Comédiens, quel autre effet produisent-ils que d’enseigner le mal à la jeunesse ? […] Le second moyen est encore plus sûr, c’est de juger par les Confessions des Fidèles du mauvais effet que produisent les Comédies dans leur cœur ; car il n’est point de plus grande accusation que celle qui vient de la bouche même du coupable. […] Les dernières sont absolument défendues et criminelles ; et quoi qu’il puisse arriver que quelqu’un n’en soit point ému, on est obligé cependant (malgré ce que disent certains Théologiens) de les éviter, sous peine de péché mortel, parce que ce n’est que par accident qu’elles ne produisent point leur effet, leur nature étant toujours d’avoir des suites très mauvaises et très pernicieuses. […] en aucune manière ; à moins que ce ne fût une Histoire scandaleuse, impie, libertine, qui immanquablement remue les passions ; et pour lors ce n’est plus une occasion prise, elle est donnée ; de même que je n’aurais pas permis, avec les Saints Pères, d’assister aux Comédies de leur temps, parce qu’elles étaient si scandaleuses, qu’elles produisaient toujours de mauvais effets, et qu’on ne pouvait même s’en souvenir sans ressentir quelque désordre. Ce n’est pas de ce dernier caractère que sont nos Comédies ; car bien que l’on y parle d’amour, de haine, d’ambition, de vengeance, etc. on ne le fait pas pour exciter dans les Auditeurs ces sortes de passions, et on ne les accompagne pas de circonstances assez scandaleuses pour produire infailliblement de mauvais effets dans leur cœur.
Ce sont tous les spectacles en général, dont Saint Thomas décide qu’ils ne peuvent produire à ceux qui les représentent qu’un gain honteux, illicite & criminel. […] En effet, n’est-ce pas là que l’on remue tous les plus grands ressorts de l’ame ; tantôt ces terreurs, qui préparent aux joies inopinées ; tantôt ces suspensions dans l’attente des grands événement ; tantôt ces tristesses que produisent les éclatants revers ? […] Demandez-le à leurs Sages ; voici ce qu’en dit le plus éloquent de leurs Orateurs : Les spectacles firent naître l’amour du merveilleux & dégoûterent de la modeste simplicité ; on se plaigoit alors que les Magistrats & le peuple négligeoient le soin des affaires publiques ; la jeunesse quitta ses anciens exercices pour courir au théâtre ; l’oisiveté & le mollesse d’un sexe produisit la délicatesse & la sensibilité dans l’autre.
Or, c’est-là ce que produisent ordinairement ces Spectacles dont on ose vanter la décence & la pureté. […] Le venin que vous recevez dans votre ame ne produira peut-être pas son effet sur-le-champ : mais ses progrès, pour être plus lents, n’en seront pas moins sûrs, & la corruption de votre cœur ne sera pas moins dangereuse pour être moins apperçue. […] Les tributs imposés sur les Spectacles en faveur des pauvres & des malheureux, & la générosité même avec laquelle les Comédiens leur sacrifient en certaines circonstances le produit de leurs talens, n’en rend pas l’usage plus légitime : & vos libéralités envers vos frères indigens ne vous donneroient pas le droit de fréquenter ces Spectacles profanes.
La poudre avec ses pommades & ses essences, forment sur la tête une pâte qui produit le même effet ; delà bien des migraines, des vapeurs, souvent d’apoplexies, par le défaut de transpiration à la tête, que cette pâte intercepte. […] Couleur que la volupté, & la fureur ne manquent jamais de produire ; sur quoi Benoît Sinibalde, fameux Médecin, qui traite cette matiere, fait une réflexion judicieuse : les femmes qui se fardent connoissent mal leurs intérêts, & ménagent peu leur réputation, en se chargeant des livrées du vice ; elles détruisent aussi l’aimable rougeur de la modestie, qui leur feroit bien plus d’honneur ; en effaçant par des couleurs étrangeres, qui n’annoncent que l’impudence, elles se rendent méprisables même à leurs amans, dit l’Ecriture : Pinxisti stibio oculos tuos, & ornata es monili aureo frustra component contempserunt te amatores tui. […] C’est un art chez les femmes de faire, de choisir & de placer les mouches ; on en fait de toutes sortes de figures, rondes, ovales, triangulaires, en croissan, en fleche, de toute grandeur ; invisibles, petites, médiocres, grandes : on en fait de plusieurs couleurs, selon la nature du teint ; la plupart sont noires, on les place de mille manieres : solitaire, simétrisée, en couronne, en ligne, en grand nombre, en petit nombre, selon le goût ou les desseins qu’on se propose, & les conquêtes qu’on médite ; on en met sur toutes les parties du visage, jusques sur le bout du nez : ces emplacements sont de la derniere importance, pour favoriser & faire mieux sortir les traits de la phisionomie, la fraîcheur & le coloris du teint ; chacune selon sa figure, sa grandeur, sa situation produit un effet bien différent, qu’on étudie avec le plus grand soin ; elles donnent un air galant, modeste, sérieux, enjoué, triste, majestueux, effronté, ce qui leur a fait donner des noms différents, qui formeroient un Dictionnaire de Toilette.
Si c’est là le fruit que doit produire le théatre réformé, Dieu nous préserve de ces merveilles. […] Si c’est la réforme que nous devons désirer, l’ouvrage est déjà parfait, les Grands ont produit ce chef-d’œuvre. […] Je retrace avec douleur un autre mal que produit l’autorité des Grands, parce qu’il attaque les mœurs, en présentant le piège le plus dangereux, je veux dire la faveur qu’ils accordent aux talens du théatre.
Saint Charles ordonne ensuite que chaque Prédicateur pour persuader plus efficacement le peuple de tous les maux que produit la Comédie70, « il emploiera les preuves dont se sont servis ces grands personnages, savoir, Tertullien, Saint Cyprien Martyr, Salvien et saint Chrysostome ». […] Enfin, il s’ensuit, qu’il n’y a point de mal d’aller à la Comédie quelque malhonnête et sale qu’elle soit ; parce que séparant le plaisir que la vue de la chose représentée peut produire, d’avec celui de la représentation, une personne peut répondre que ce dernier la touche et non pas le premier. […] Secondement, il suffit que la Comédie soit mauvaise, par rapport aux sujets qui y sont représentés, ou que par les mauvaises circonstances qui l’accompagnent ordinairement, elle produise de méchants effets dans l’âme de ceux qui y vont, afin qu’on puisse dire qu’elle est défendue à toute sorte de personnes : car une personne doit éviter ce qui est communément une occasion prochaine de péché ; et quoique selon sa pensée elle soit persuadée qu’elle n’y tombera pas, néanmoins la connaissance qu’elle a de la faiblesse humaine doit la porter à se défier de soi-même, et à ne point s’exposer dans une occasion qui est mauvaise, et dans laquelle on offense Dieu ordinairement. […] Quoiqu’il en soit, quand on supposerait même qu’une personne serait assurée de ne point offenser Dieu en allant à la Comédie ; c’est-à-dire, que la Comédie ne produirait en elle aucun des mauvais effets qu’elle produit dans les autres, il ne suit pas de là qu’elle n’est pas coupable du péché des Comédiens. […] » La Comédie peut produire d’une manière insensible, et presque sans qu’on s’en aperçoive, une disposition dedans l’âme qui étant venue à un certain point, peut être la cause de la chute d’une personne.
« Il en est, dit Longin, du sublime comme d’une richesse immense, où l’on ne prend pas garde à tout de si près, & où il faut malgré qu’on en ait, négliger quelque chose. » 1 Que produisent les régles dans un Auteur ?
Cette heureuse métamorphose produisit de nouveaux chefs-d’œuvres.
Ce sont des Héros que nos Auteurs produisent sur la Scéne, ou du moins ils les donnent pour tels, & les sentimens impies qu’ils leur attribuent doivent charmer les Spectateurs & mériter leurs applaudissemens.
De-là vient la diversité des attributs & des figures des mêmes dieux jusques dans la même nation, la représentation théatrale dont les variations arbitraires ont produit ce cahos mythologique, où l’on veut deviner des allusions morales, des secrets d’histoires & de politique qui n’y furent jamais.
Ils se sont imaginés qu’elle n’était qu’un tableau grotesque d’une chose grave & sérieuse ; ils ont cru que tourner en plaisanteries les endroits les plus sérieux des Ouvrages estimés, c’était produire une éxcellente Parodie.
En raisonnant d’après l’expérience, je sais que le sage Spectacle de notre Capitale, produit depuis quelques années un bien réel, parmi les Ouvriers des Professions, qu’on nomme honnêtes : ceux qui le fréquentent sont les plus habiles, & en général, c’est d’eux que les Maîtres sont le plus contens.
Rien n'est plus propre à faire sentir quels effets la comédie est capable de produire qu'une expérience exprimée si vivement, mais si humblement.
« Chacun de nous est tenté par sa concupiscence qui l’emporte et qui l’attire : ensuite, quand la concupiscence a conçu, elle enfante le péché ; et quand le péché est consommé, il produit la mort ».
Les désordres infinis du clergé de France excitèrent les craintes de la nation et du roi Henri III, aux états de Blois, tenus en 1588 ; le garde des sceaux de Montholon prononça dans cette assemblée, au nom de ce prince, un discours dans lequel on remarque le passage suivant : « Sa majesté demande donc d’abord au clergé puisqu’il est chargé de la réformation des autres, qu’il commence par se réformer lui-même, et donner bon exemple aux autres ordres de l’Etat. » Cette mercuriale, justement méritée et justement appliquée, devait porter le clergé à écouter la parole royale et le vœu de la nation, et à rentrer de lui-même dans les principes de l’Evangile et dans les dogmes apostoliques, qui indiquent et ordonnent aux ministres du culte une soumission entière à la volonté du prince ; mais loin de produire un effet aussi salutaire, aussi conforme aux préceptes de la religion, cette mercuriale ne fit qu’allumer le feu de la vengeance dans le cœur du clergé, et le prince qui l’avait ordonnée fut cruellement assassiné l’année d’ensuite par Jacques Clément prêtre et dominicain !
Une de nos espèces d’Automates, sans aucun fonds propre, Dogmatistes, Formalistes, Compilateurs et Dissertateurs, qu’on nomme Savants, se sont arrogés le droit de donner des préceptes sur un Art qui n’a de loi que la nature : ils ont jeté les Auteurs dans un labyrinthe de règles embarrassantes et ridicules : ils leur ont mis des entraves jusqu’à la façon de rendre leurs idées ; continuellement resserrés et contraints dans la froide et pénible méthode, le but leur échappe : cette méthode, si étrangère aux passions, produit quantité de petites beautés de détail, mais qui ne sortant pas essentiellement du sujet, forment un ensemble de pièces de rapport, sans force, et incapable de causer de grandes émotions.
Un instant de fermentation passagère produisit en moi quelque lueur de talent ; il s’est montré tard, il s’est éteint de bonne heure.
Le fard, les fleurs, les parfums, les diamans, les neans, toute sorte de bijoux & de colifichets, il n’est rien qu’on n’emploie pour produire cette ivresse de passion qui fait le triomphe des femmes. […] Les fleurs, les odeurs, les couleurs, les rubans & les diamans n’y regnent pas moins, & ne produisent pas moins de ravage. […] S. beauté avoir produit le même effet. […] Il n’y a dans la délivrance des Juifs par Esther, qu’une intrigue de Cour ; dans l’établissement de Ruth qu’une aventure champêtre ; dans les guerres des Machabees que des actes héroïques d’une valeur singuliere, dont, peu de tems auparavant, les guerres d’Alexandre, & dans le même tems les guerres de la République Romaine, avoient donné une infinité de traite aussi admirables qui avoient produit d’aussi grands effets.
Elle avoit pour chef un de ces hommes rares sur qui la nature semble vouloir essayer ce qu’elle peut produire de plus parfait. […] Un des plus forts génies que la Nature ait produit(peut-on porter plus loin l’aveuglement de l’enthousiasme ?) […] Le trépied avoit produit le Cyd, les Horaces, Cinna, & son retour Rhodogune, Héraclius ; le bureau financier n’avoit donné que Pertharite, Agesilas, &c. […] Ce sont tout autant de monumens de débauche ; on voit dans leurs formes & leurs ornemens tout ce qu’une imagination sale peut produire de plus bizarre & de plus licentieux.
Par la nature de leurs richesses, qui, n’étant pas le produit des biens-fonds, mais de l’industrie et du commerce, exigent d’eux une application continuelle. 4. […] une émotion passagère et vaine, qui ne dure pas plus que l’illusion qui l’a produite ; un reste de sentiment naturel étouffé bientôt par les passions, une pitié stérile qui se repaît de quelques larmes, et n’a jamais produit le moindre acte d’humanité. » C’est comme si je disais que la discipline de Sparte ou de Rome n’a jamais produit aucun acte de valeur. […] En supposant que les peintures du Théâtre produisent les mêmes effets, le Théâtre devrait donc, ce me semble partager les éloges que M. […] Si telle est son idée, j’ose lui répondre, qu’aucune des pièces où l’amour est peint vertueux, ne produit cet effet, ni ne peut le produire.
Mais je sens mieux encore, que le Théâtre épuré, comme madame Des Tianges le desire, doit produire de grands biens dans l’Etat, dont l’appui le plus ferme, est la pureté des mœurs. […] Oui ; j’imagine que la Comédie doit toujours produire cet effet, & celle qui le rendra plus sensible, doit aussi passer pour la plus utile. […] Je suis bien sûr que non ; vous aimerez le bon effet que produit la médisance, mais vous détesterez celle qui médit. […] Les idées vont changer : sera-ce la Comédie, ou si ce seront les Acteurs qui produiront cet effet ? […] Ainsi nos Actrices-Citoyennes sans être des Duclos, des Lecouvreur, des Gaussin, des Dumesnil, des Clairon, &c. n’en produiront pas moins parfaitement l’illusion.
Il est vrai que ce n’est pas d’aujourd’hui, que ce Moine réformé a donné l’essor à sa méditation frénétique, pour choquer cette profession ; Mais la connaissance que tout le monde a de son mérite augmente d’autant plus sa réputation que son ignorance essaie d’en diminuer le prix : Ce qui m’a le plus étonné ça a été qu’après avoir lu son libelle, intitulé (le Théâtre du Monde) par lequel il prétend assujettir la liberté de notre Vie ; J’ai trouvé qu’il était de la nature deb ces écrevisses, où il y avait plus à éplucher qu’à prendre, que ses arguments étaient des galimatias, et qu’il savait mieux débiter une invective, qu’enseigner une doctrine, faire le Rabelais, que le Théologien, que les passages qu’il a tirés de l’Ecriture sainte, étaient des allégories ou métaphores, pour amuser ceux des petites maisons de Paris, que les allégations des Docteurs qu’il produit contre la Comédie, ont si peu de rapport à son sujet, que j’ai honte que le public soit témoin de la faiblesse de son jugement. […] Quant aux crimes dont il les blâme sans cause, il devrait s’informer mieux de l’état de leur vie, pour en juger avec plus d’équité, et retenir ce torrent d’injures dont il grossit journellement ses prédications, s’il avait été aussi soigneux d’écouter la Comédie pour en connaître la fonction, qu’il a été prompt à la condamner, il aurait vu qu’elle ne produit rien qui puisse blesser la vertu des assistants, ni jeter de mauvaises semences en leurs âmes.
Ce n’est que pour s’en jouer qu’un Acteur en porte, et ils ne produisent d’autre effet que de faire rire ; il n’en est pas ainsi de l’habit militaire ou bourgeois, dont personne n’est frappé, des habits anciens ou étrangers, les plus bizarres, dont personne ne se moque, tout différents qu’ils sont de nos modes, parce que ce n’est que l’observation du costume. […] Il est vrai que ni la distinction ni la confusion ne sauraient empêcher les mauvais effets que produit dans les cœurs la corruption des spectacles ; mais du moins on sauve par ces ténèbres l’éclat et le scandale.
Aujourd’hui, dit un écrivain célèbre, en parlant du relàchement des mœurs et de l’esprit de société qu’a produit le théâtre, il y a peu de maris jaloux, mais il y a peu de maris ; les pères tyranniques sont rares, mais les pères indifférents ne le sont point. […] C’est aussi cet esprit de société, répandu en torrent, ou sans mesure ni ménagement, qui, de l’aveu ingénu du plus éloquent panégyriste de Molière, a produit l’abus de la société et de la philosophie, qui est cause que la jeunesse a perdu toute morale à quinze ans, et toute sensibilité à vingt ; qui fait aussi qu’après avoir perdu l’honneur, on peut aujourd’hui le recouvrer rentrer dans cette île, du temps de Molière escarpée et sans bords, c’est-à-dire, jouir de la considération, de tous les avantages et priviléges de la vertu Comparez les temps et jugez, dis-je, vous verrez de plus que, malgré les cent cinquante mille pièces de théâtre environ qui nous ont passé sur le corps, ou plutôt sur l’âme, depuis la restauration des lettres, pour nous perfectionner, nous nous sommes toujours détériorés de plus en plus ; vous verrez que les rares petits coins de la terre civilisée qu’on pourrait encore proposer pour exemples d’innocence et de vertus, sont précisément ceux où il n’a jamais paru ni théâtre, ni comédie, ni beaucoup des gens qu’ils perfectionnent dans les villes ; et vous en inférerez que pour mettre le comble à la dépravation, surtout aujourd’hui que les hommes corrompus sont presque partout en grande majorité, et que jouer les vices au théâtre, c’est à peu près comme si on jouait l’anglomanie en Angleterre, il ne manquerait plus que de livrer de même à la justice précipitée du public malin, qui a besoin de rire, qui ne se rassemble que pour cela, à ce tribunal confus, incohérent et enthousiaste, composé de toutes sortes de gens, qui tient ses assises dans toutes sortes de lieux, qui passe en sections du théâtre dans les salons et dans les réduits, sur les places publiques et aux coins des rues, où il délibère d’après ses passions discordantes, propres on empruntées, qui dénature on change les actes d’accusation, qui juge cent fois in idem, dont la jurisprudence est incertaine et si versatile qu’il désavoue habituellement ses jugements, lesquels, en effet, sont cassés en grande partie, et souvent, après des années de la plus cruelle exécution, quelquefois dans un autre siècle, par le public mieux éclairé, sage et impartial, dont les arrêts méritent seulement alors toute confiance et respect ; il ne manquerait plus, dis-je, que de traduire à ce tribunal les hypocrites des autres vertus dont il reste plus de lambeaux, en ajoutant aux tartufes de religion, de mœurs, de bienfaisance, etc., les tartufes de justice, d’indulgence ou de pitié, de patience ou de modération, de modestie, de grandeur d’âme, d’amour filial ; et vous n’aurez aucun doute non plus qu’une satire en comédie dirigée contre une hypocrite de tendresse maternelle, comme il y en a effectivement, sur qui, par le jeu d’un Brunet ou d’un Potier, qui représenterait la marâtre, on livrerait à la risée publique le ton, les soins empressés, les caresses, les émotions ou les tendres élans du cœur d’une mère, ne portât une atteinte funeste à la plus précieuse des vertus, et ne détruisit en peu de temps l’ouvrage du génie supérieur qui a défendu si éloquemment la cause de l’enfance et mis à la mode, en les faisant chérir, les premiers devoirs de la maternité. […] Nous ne devons pas craindre ces suites d’une pareille erreur de la part des écrivains qui sont aujourd’hui l’honneur de la scène française : les Picard, les Andrieux, les Duval et leurs dignes collègues, ne produisent que des ouvrages utiles et purs comme leurs âmes honnêtes ; mais il n’existe pas la même garantie contre les avortons indigents de la littérature, qui se jètent sans distinction sur les sujets qu’ils rencontrent : ils pourraient bien s’emparer de celui-ci, et y voir un autre bon modèle de Tartufe.
Que cette passion d’un héros si célebre, auroit produit de belles scénes ! […] Il accuse les Puritains gens bigots, & superstitieux, d’avoir défendu les divertissemens après les dévotions de l’après-dînée, ce qui produit deux grands maux. […] Emilie a produit Voltaire dans le beau monde.
Le Sieur Renou, aussi zélé pour le profit que pour la gloire, sent vivement la perte de la part du produit des représentations que lui fait souffrir cette querelle. Il propose dans ses mémoires, & souhaite que le Gouvernement ordonne par une loi que le produit soit conservé à l’Auteur ou à ses héritiers, tant que la piece est jouée, ou a droit de l’être. […] Cette proposition révolte la royale troupe qui n’a pas moins de zele que le Poëte, pour le produit des représentations.
Cependant je vais produire quelques témoignages de Shakespeare. […] Ce témoignage de Ben Jonson est si clair et si sensé qu’il n’a besoin ni de nos Commentaires ni de nos raisonnements pour produire son effet dans les esprits un peu raisonnables. […] Cependant Carlos pouvait se montrer moins délicat sur les dictons de Sancho ; vu qu’il en produit lui-même des plus insipides.
En vain Horace et Despréaux chanteraient que vous n’avez produit que des caractères ignorés ou entièrement négligés par les Anciens, en vain ils applaudiraient à l’usage que vous avez fait de l’Amour, en vain vous aurez justifié cette passion en ne lui donnant que la Vertu pour principe, en vain vous aurez peint des couleurs les plus noires toute passion qui n’a pas la Vertu pour objet, votre Censeur atrabilaire trouvera que tous vos ouvrages sont des Romans, il le dira, il l’écrira, et ses zélés Catéchumènes l’en croiront sur sa parole. […] L’Histoire et le Gouvernement des Monarchies peuvent-ils produire des plans assez sublimes : c’est aux seules Républiques à qui cet honneur est réservé, c’est à Rome, à Athènes, à Lacédémone, à Lucques, à San Marin, à Genève surtout, à qui il est exclusivement accordé d’avoir des Héros ; c’est dans une Ville célèbre comme cette dernière qu’une Politique sublime prépare des événements Dramatiques. […] l’expérience ne vous convaincra pas de ce que l’éducation peut produire chez les Dames ; vous leur refuserez les talents des hommes après avoir lu les ouvrages des Gournay, des Dacier, des Scudéry, des Villedieu, des Sévigné, des Du Châtelet, des Graffigny, des Du Boccage, etc.
Il n'est pas possible qu'un homme d'esprit, comme l'est certainement l'Auteur, n'ait fait ici qu'une sottise ; la plaie est bien plus profonde, il y a dans cette pièce plus d'irréligion que de ridicule ; et si elle s'établit jamais sur le théâtre public, comme elle a été déjà jouée sur des théâtres particuliers, elle produira les plus mauvais effets. […] L'Auteur du drame ne pouvant s'en dissimuler le scandale et l'absurdité, quoique fort content de lui-même, dit modestement dans sa préface pour s'excuser : « Le génie doit s'élever au-dessus des règles pour produire des beautés. […] La tragédie est imparfaite, si elle ne produit cet effet : partout du sang, des morts, des forfaits.
Le siécle passé étoit fertile en grands hommes, dont les chefs-d’œuvres enlevent notre admiration ; mais nous nous amusons aussi de ce que le notre produit.
L’harmonie des Vers, les agrémens de la Poesie concourent à faire goûter les hommes vicieux que l’on produit sur la Scéne, à ennoblir leurs désordres & leurs excès, à les imprimer plus fortement dans la mémoire.
Quel effet a dû produire le Spectacle du Menteur ?
On prétend que Cratès de Thebes ne connaissait que trois remèdes pour guérir de la maladie d’amour ; la faim, le temps et la corde : l’Histoire du Vieillard de Parme nous apprend que la Comédie est un quatrième remède, non moins infaillible que les trois autres, mais qui mérite toute préférence, parce qu’il est bien plus aisé à prendre et qu’il produit son effet en divertissant le malade.
Depuis que les Muses Dramatiques ont commencé à produire au grand jour les infortunes & les folies humaines, elles ont toujours trouvé des partisans nombreux pour applaudir, & quantité de censeurs pour reclamer. […] Mais enfin (repliquez-vous) si le Theatre en général, & sans exception, est un sol capable de produire de bons fruits, par quelle fatalité arrive-t-il que tant de personnes distinguées par la pieté autant que par la Science, condamnent le Theatre en général & sans restriction ? […] Vous sçavez, Messieurs, l’issuë d’une si brillante Victoire : cette heureuse audace produisit une foule d’imitateurs. […] Mais peut-être nos Poëtes ne produisent-ils cette passion douce & feroce que pour la réduire & la réprimer. […] Les grands Poëtes d’Athenes l’avoient bien compris, eux qui dans le prodigieux nombre de Tragédies que leur genie produisit, n’eurent jamais la molle indulgence de rien donner à l’amour.
La lecture de ceux que produisit l’aimable Pannard, en apprendra plus que les règles & les leçons. […] De pareilles fautes, produites, sans doute, par l’enthousiasme, ne sont jamais èxcusables.
Nous sommes pressés de deux désirs contraires, l’un est de savoir, l’autre est de produire et de débiter ce que nous savons : Comme le premier veut toujours acquérir, le second est d’inclination à toujours donner ; l’un n’est jamais plein, l’autre n’est jamais vide. […] C’est là que nos passions perdent leur humeur sauvage, et n’osent se produire avec leur brutalité ; car qui voudrait avoir tant d’honorables témoins de ses extravagances ? […] Ceux qui aiment la licence cherchent des lieux à l’écart ; ils ne se produisent pas devant les meilleurs yeux de toute une ville. […] Qu’on ne le vante point d’avoir noué les plus sincères amitiés ; il ne fait que des amourettes, et ne produit que de ces feux follets qui conduisent les personnes dans le précipice. […] Voilà les fruits que produisent les compositions licencieuses.
Cette illusion est d’autant moins facile à produire, sur les Théâtres modernes, qu’ils sont peu propres à en imposer, & que l’on ne s’y rend guère que comme à un jeu auquel on sait qu’on ne prendra nulle part.
Il suit de-là que l’on approuve tout ce qu’on souffre sur le Théâtre ; on ne hait donc pas les galanteries qui s’y produisent, on aime des représentations qui inspirent la tendresse, qui apprennent le langage séduisant de l’amour ; cette passion infâme paroît avec honneur sur la scéne, on fait gloire d’en être touché.
Peut-être même qu’en recherchant la mécanique des pièces qui ont fait le plus de bruit, on trouvera que c’est en elles un fonds de ce même libertinage qui produit dans la représentation je ne sais quelle espèce d’illusion et d’ensorcellement.
Le moindre effet que leur représentation produise est d’amollir le courage pour la vertu, et d’écarter les spectateurs de l’exactitude qu’ils devraient avoir dans les exercices de la piété, de remplir leur esprit de vanités frivoles, et de les livrer à des ris immodérés qui sont si contraires aux lois de la modestie.
A cet effet il serait obligé de produire des témoins et de présenter des Certificats en bonne forme : il se soumettrait sans réserve à tous les règlements du nouveau Théâtre ; et, si dans la suite il manquait à son devoir, ou que sa conduite se dérangeât, et qu’enfin on fût obligé de le congédier du Théâtre, il sortirait sans aucune récompense.
Vous reprochez au spectacle de servir la vanité et la coquetterie des femmes, en ce qu’il leur offre l’occasion de produire leur luxe et de paraître, comme on dit, sous les armes ; mais ce n’est pas pour cela que le Théâtre est fait ; si cette raison suffit pour l’interdire, il faut donc fermer aussi tous les Jardins publics, toutes les Promenades, les Eglises même ? […] Quelles sont donc celles qui se produiront au Théâtre de l’Opéra, sinon des femmes qui projettent de se dédommager aux dépens de leur honneur du peu de fortune que le spectacle leur laisse espérer ? […] J’indique en même temps les moyens d’appliquer, au profit de l’Etat, le produit du spectacle qui excèderait les frais de l’entretien, et ce n’est pas un si petit objet qu’on le pense, quoique j’aie eu soin de ménager dans mon plan une situation très avantageuse à mes Confrères. […] N’est-ce pas pour gagner de l’argent qu’un Auteur, un Avocat, un Prédicateur même se produisent au Public ?
Les auteurs comme les arbres ne donnent qu’une espece de fruit ; Lafontaine, disoit-on, est un Fablier, il produit des Fables ; Moliere est un Farcier, il porte des Farces, encore en est-il de bien véreuses. […] Le Nouveau Spectateur, parlant du plaisir de la Danse & des mauvais effess qu’elle produit remarque d’après Juvenal, que Batille représentant l’amour de Leda, inspiroit aux dames romaines tant de volupté, qu’elle passoit les bornes de la bienséance. […] L’Auteur regrette donc ces admirables effets de fureur & de débauche, & trouve notre danse imparfaite, parce qu’elle ne les produit pas, & par sa froide décence, laisse l’ame tranquille .
« Quels effets peuvent produire ces expressions accompagnées d’une représentation réelle ; que de corrompre l’imagination, de remplir la mémoire, et se répandre après dans l’entendement, dans la volonté, et ensuite dans les mœurs ? […] Il cite saint Cyprien dans la seconde Epitre, qui nous apprend que les Chrétiens regardaient ces Spectacles comme une grande source de corruption pour les mœurs : le Théâtre était une école d’impudicité, l’Amphithéâtre de cruauté, et saint Augustin ajoute dans le sixième Livre de ses Confessions Chapitre 7. que le Cirque qui paraissait le plus innocent causait des factions, et produisait tous les jours des querelles et des animosités furieuses.
Le danger que vous courez est donc bien plus grand à la lecture qu’au spectacle même ; car, quand même je vous accorderois qu’il pourroit faire plus d’impression sur vos sens, ce ne seroit tout au plus qu’une impression momentanée qui finit avec l’objet qui l’a fait naître ; mais la lecture produit un effet bien différent, elle vous présente sans cesse cette image séductrice : vous vous y arrêtez : vous la revoyez à toute heure avec un nouveau plaisir.
Le beau à des régles générales ; mais je ne sçais par quelle fatalité leur observation ne le produit que rarement.
Il est faux qu’on ne puisse combattre les passions que l’une par l’autre ; il est très-faux qu’on doive se servir de ce moyen, très-faux qu’il produise un bon effet. […] Les femmes dans tous les temps, comme les Comédiens, n’ont cherché qu’à plaire, à exciter les mêmes passions, produire les mêmes tentations, par les mêmes moyens. […] En variant & changeant la mesure selon les progrès des sentimens qui produisent & accompagnent l’action théatrale, ce sera l’habileté du Musicien de ralentir ou d’accélérer le mouvemens de ses airs, & celle du Danseur de s’y conformer.
Lebel, ancien Recteur & Receveur de l’Université, n’a pas moins été empressé à le produire. […] Voilà ce qu’a produit l’établissement des Waux-halls. […] Pour moi, je pense qu’ils n’ont pas connu ce que l’amour leur pouvoit produire ; & qu’ils ne possédoient pas la science du cœur…. […] Les vertus humaines produisent quelquefois les grandes actions ; la seule crainte de Dieu forme les grands sentimens. […] une émotion passagere & vaine, qui ne dure pas plus que l’illusion qui l’a produite ; un reste de sentiment naturel, étouffé bientôt par les passions ; une pitié stérile qui se repaît de quelques larmes, & n’a jamais produit le moindre acte d’humanité….
La Vestale ne doit point avoir d’amour pour Géta ; et ce petit changement produira un caractère vertueux et grand, qui fera un contraste admirable avec le caractère odieux de Caracalla. […] Je ne m’embarrasse pas de ce que produira la compassion dans le cœur des Spectateurs ; mais je suis extrêmement touché de l’impression que le mauvais exemple fera dans leurs esprits.
On sçait que tous ses Traités de Morale ont produit des biens innombrables. […] On l’attire du de dans au dehors, où elle avoit déjà tant d’inclination à se produire & à se répandre ; & on la fait sortir de son cœur, où elle avoit déjà tant de peine à rentrer. […] « Une querelle de ménage, qui produit un incident plus comique que fastidieux. […] Maintenant enfoncées dans le limon de la débauche, elles ne produiront que des fruits empestés. […] En voici une pensée : « La passion excessive des Théatres a produit l’oisiveté & le luxe.
La violence ou l’énergie déplacée, les contre-temps, les doubles ententes, le vague, les traits envenimés, les tableaux et les tours ingénieux, les attraits licencieux, l’éclat, la coquetterie, si je puis parler ainsi, en un mot, l’art séduisant des critiques du théâtre dont la malignité est en effet le moyen ordinaire, souvent le principe, depuis long-temps a produit cet effet, en attirant et captivant la foule qu’il a agitée à l’excès et égarée.
Il falut jadis deux Théâtres pour nous produire une foule de grands hommes ; pourquoi croyons-nous en avoir assez d’un ?