Si la profession des Comédiens est indigne des Chrétiens, et que ceux qui l'exercent, soient obligés de la quitter, comme les Conciles l'ordonnent, il n'est pas permis par conséquent aux autres de contribuer à les entretenir dans une profession si contraire au Christianisme.
« Ne dederis impio, prohibe panes illi dari » ; car vous trouverez un double mal dans tout le bien que vous lui ferez, parce que le Très-haut hait les pécheurs, et qu’il exerce sa vengeance sur les méchants.
Nous sommes de nous-mêmes excessivement sensuels, et c’est là principalement ce qui fait la foiblesse de la foi, et la difficulté que nous trouvons à acquerir et à exercer les vertus.
La seule utilité de cette sorte de spectacle est de nourrir et d’exercer en nous les sentiments d’humanité qu’il réveille ; car je compte pour très peu de chose la prudence qu’il peut inspirer. […] Un honnête homme est celui qui remplit fidèlement les devoirs de son état, et ce n’est le devoir d’aucun particulier d’exercer la police du monde. […] L’amour règne au théâtre, il faut bien qu’elles y règnent, et qu’elles exercent sur la scène le même empire que dans la société. […] Si la vertu s’exerce à tempérer dans les hommes cette fougue, cette véhémence de sentiment que les femmes n’ont pas, la vertu ne fait donc en eux que ce qu’a fait la nature en elles. […] M. de Voltaire, que vous n’accuserez pas d’exercer un métier infâme, était-il semblable à lui-même en écrivant ses tragédies ?
Vous ne comprenez pas que les louanges prodiguées à ceux qui l’exercent, sont une maniere d’imitation. […] Cette double vie est tout ce que nous avons de plus précieux, le reste est un accessoire dont on pourroit absolument se passer ; cependant la profession que vous exercez vous fait perdre l’une & l’autre ; l’Excommunication est une mort spirituelle que vous ne pouvez éviter, la peine d’infamie vous fait mourir aux yeux des hommes, malgré les applaudissemens dont on vous berce, & la sorte de gloire qui vous couvre de ses aisles.
Mais aujourd'hui j'ai plus de compassion de celui qui se réjouit dans ses excès et dans ses vices, que de celui qui s'afflige dans la perte qu'il a faite d'une volupté pernicieuse, et d'une félicité misérable: Voilà ce qu'on doit appeler une vraie miséricorde ; Mais en celle-là ce n'est pas la douleur que nous ressentons des maux d'autrui qui nous donne du plaisir : Car encore que celui qui ressent de la douleur, en voyant la misère de son prochain, lui rende un devoir de charité qui est louable, néanmoins celui qui est véritablement miséricordieux aimerait mieux n'avoir point de sujet de ressentir cette douleur : Et il est aussi peu possible qu'il puisse désirer qu'il y ait des misérables, afin d'avoir sujet d'exercer sa miséricorde, comme il est peu possible que la bonté même puisse être malicieuse, et que la bienveillance nous porte à vouloir du mal à notre prochain. Ainsi il y a bien quelque douleur que l'on peut permettre ; mais il n'y en point que l'on doive aimer: Ce que vous nous faites bien voir, ô mon Seigneur et mon Dieu, puisque vous qui aimez les âmes incomparablement, et plus purement que nous ne les aimons, exercez sur elles des miséricordes d'autant plus grande, et plus parfaites, que vous ne pouvez être touché d'aucune douleur.
Quoique les Chrétiens se trouvassent tout à fait au large par la paix générale de l’Eglise et les libéralités de Constantin, il paraît néanmoins qu’ils n’allaient pas aux spectacles ; car Julien en parle comme d’une vertu qui leur était particulière, et qu’il avait dessein de faire imiter au moins aux Prêtres des Idoles, comme il voulut les engager à exercer l’hospitalité de la même manière que les Chrétiens l’exerçaient, de peur, disait-il, de céder aux Galiléens Epist[ola[ ad Arsac[e]. pag. 430. […] Quelle est cette corruption, poursuit-il, qui fait que l’on aime ceux que les lois publiques condamnent, qu’on approuve ceux qu’elles méprisent, qu’on relève un art, et un emploi en même temps, qu’on note d’infamie ceux qui l’exercent ? […] Les premiers étaient infâmes, incapables d’exercer des Charges, et les autres ne l’étaient pas. […] Est-il un homme qui conseillât à son fils, pour exercer son courage, d’aller attaquer des Voyageurs sur le grand chemin ? […] Si cette loi peut souffrir quelque explication en certaines rencontres, ce ne doit pas être, ce me semble, pour un sujet aussi peu décent et aussi peu utile qu’il l’est de faire paraître des femmes sur un Théâtre, et de faire représenter par des Ecoliers un personnage qu’ils n’exerceront jamais.
Lorsque dans ses dernières années, affoibli par l’âge & par les chagrins, lassé d’une puissance arbitraire exercée pendant plus d’un demi-siècle, il traînoit les restes de sa vie entre son Confesseur Jésuite, & sa maîtresse Janséniste, il n’est pas probable qu’il eût pris plaisir à voir tourner en ridicule les charlatans de dévotion, & leurs cris auroient infailliblement étouffé, près du vieux Monarque, les réclamations du Philosophe. […] Ce chapitre est donc spécialement écrit pour ceux dont le jugement est moins exercé, qui examinent moins sévèrement les idées qu’ils ont adoptées, qui prennent souvent l’usage pour le droit, & sont plus aisément persuadés par des exemples que convaincus par des raisonnemens. […] Prêtres qui siégez parmi les Représentans de la Nation, vous êtes Citoyens, vous êtes envoyés dans cette Assemblée pour y exercer des fonctions civiques, & non des fonctions sacerdotales.
Caffaro, Sicilien, Théatin comme lui, & son professeur, homme distingué dans son ordre, qui, depuis quelques années étoit venu à Paris enseigner la Théologie & exercer le Saint Ministere, & que Boursaut Pere, appelle son Confesseur, chose rare & vrai Phénomene au théatre. […] Les Saints Peres la regardent comme un reste du Paganisme & une école d’impureté ; l’Eglise l’a toujours en abomination, a excommunié ceux qui exercent & ceux qui créerent ce métier scandaleux & infame, les prive des Sacremens & de la sépulture, & n’oublie rien pour en inspirer de l’horreur. […] Des troupes innombrables de Comédiens & de Comédiennes, formés, agguerris, exercés, qui font dans l’état un corps établi, une profession décidée, qui ont des bâtimens magnifiques, des revenus fixes, des richesses considérables, des troupes de gens constamment sans mœurs, sans Réligion, sans décence, qui passent leur vie dans la débauche, & y entretiennent ceux qui les fréquentent ; des armées de libertins, de gens frivoles, qui vont y perdre leur tems, leur argent, leur santé, leur conscience : des armées de coquettes ; des femmes mondaines qui vont y offrir leur cœur & leur charmes, & tendre des piéges à tout le monde.
L’imagination qui s’exerce sur un sujet qui lui plaît, & qui est forcée de l’abandonner, par l’attention qu’elle prête au peu d’effet que les idées qu’il lui présente, produiront dans la bouche d’un tel Acteur, s’ouvre une autre route malgré elle, & dans ce changement qui lui repugne, son feu se rallentit ; elle ne ressent que le travail d’un enfantement involontaire.
Sénèque le père, qui exerçait une profession des plus grâves, confesse que son goût pour les Représentations des Pantomimes, était une véritable passion.
Mon cher Frère, Comme nous avons de l'affection et de la déférence l'un pour l'autre, il vous a plu de me demander mon sentiment sur le sujet d'un Comédien de votre Pays, qui exerce encore ce métier, et instruit la jeunesse, non pas à se bien conduire, mais à se perdre; enseignant aux autres le mal qu'il a appris, s'il doit être reçu dans notre communion: Je vous dirai, qu'il me semble, que le respect que nous devons à la majesté de Dieu, et l'ordre de la discipline Evangélique , ne peuvent souffrir que la pudeur et l'honneur de l'Eglise soient souillés par une si dangereuse contagion.
» « Les Anciens parlaient de l’humanité en phrases moins apprêtées ; mais ils savaient mieux l’exercer.
Les Juges ordinairement exercent leur Charge ou avec une attention scrupuleuse, ou avec une vicieuse nonchalance.
Sulpice, qu’on a longtemps accusé de pousser l’éloignement du monde jusqu’à la misanthropie, la simplicité des habits jusqu’à la malpropreté, l’exactitude aux exercices de piété jusqu’à la minutie, et qui cependant dans les temps heureux de sa plus grande ferveur, au grand et au petit Séminaire, à la Communauté des philosophes, à celle de Lisieux, avait dans chacune de ses maisons de campagne des théâtres toujours dressés, qu’en termes d’argot on appelait le moulin, et où pendant tout le temps des vacances, sous les yeux de leurs graves Supérieurs, spectateurs, approbateurs, souvent instigateurs, les Séminaristes exerçaient, représentaient, composaient à loisir et in promptu les pièces les plus comiques, soit imprimées, soit de leur façon ? […] Faute de troupe réglée de Comédiens, qui ne s’avisent guère de traverser les mers que dans les machines de l’opéra, il fallut avec beaucoup de peine former des acteurs, et les exercer longtemps à l’avance.
C’est aussi pourquoi les chrétiens ont toujours réprouvé et rejeté les danses et jeux de récréation mondaine les jours des fêtes : comme au contraire Satan a toujours fait exercer telles choses les jours des fêtes pour les profaner, obscurcir, et blasphémer.
« Il faut savoir, dit-il, que l’on s’abstient des œuvres serviles, et des occupations mondaines les jours des Fêtes, afin que l’on soit dans une plus grande liberté d’aller aux Eglises, de chanter des Psaumes, des Hymnes, et des Cantiques spirituels, de s’appliquer à l’Oraison, de porter des Oblations à l’Autel, de prendre part à la grâce des Saints, par le souvenir de leurs vertus, de s’encourager, et de s’animer à leur imitation, d’écouter la parole Divine avec attention, et avec ferveur, et d’exercer la charité envers le prochain, et faire des aumônes. » In Resp. ad Bulgaros c. 11.
« Les histrions sont, dit-il, ainsi nommés, parce qu’ils racontent des événements à la manière des historiens ; mais les sujets sur lesquels ils s’exercent sont de nature à devoir être mis en oubli : ils mettent sous les yeux du peuple toute la conduite d’un scélérat illustre, en le décorant des vers plaintifs de la tragédie.
Les petites villes trouvent des fonds pour bâtir des salles de spectacles, et s’abonnent avec des troupes de Comédiens, malgré la misère publique, qui rend et nécessaire et presque inutile, exerce et décourage le zèle des personnes charitables.
Qu’on n’objecte pas non plus que les Poètes se trouveront sans ressource, et que leur génie n’aura plus de quoi s’exercer : que leur ôter la seule passion qui est généralement goûtée, c’est vouloir leur imposer un éternel silence ; et que les contraindre à écrire des Pièces de Théâtre sans amour, c’est comme si on voulait forcer des soldats à marcher au combat, après qu’on les aurait désarmés.
L’Académie qui le couronna, jugea que son jeune Auteur étoit déjà bien exercé dans le talent des Commire, des La Rue, & des Santeuil. […] C’est dans ces vers sacrés, mêlés de symphonie, Qu’il sied bien aux Auteurs d’exercer leur génie. […] On nous exerce dès notre enfance à les contredire & à les combattre. […] Ils trouvoient leur plaisir & leur gloire à exercer dignement leurs charges. […] L’insensé, qui ne craint pas Dieu, est le jouet éternel de tout ce qui l’environne ; au lieu que le sage, qui le craint, exerce une espece d’empire sur toute la nature & sur soi-même.
Augustin, elle n’exerce la sévérité de ses censûres, que sur les pécheurs, dont le nombre n’est pas grand. […] Chrysostome, dans son Homélie de Saül & de David, un regard jetté avec trop de curiosité, sur une femme, qu’on rencontre par hazard, est quelquefois capable de blesser l’ame ; & vous ne craindrez pas de passer plusieurs heures à contempler fixement des femmes, qui se parent avec tout le soin possible, qui se sont toute leur vie, exercées à remuer les passions, & qui n’oublient rien, pour plaire aux spectateurs ! […] « Il est de fait, y est-il dit pag. 550, que la morale du Théatre sur les passions, sur les plaisirs, est en tout point, opposée aux maximes du Christianisme, jusques dans les piéces étrangéres à l’Idolatrie… Nous ignorons, y ajoute-t on, comment on peut justifier cette opposition si marquée, si capable de corrompre les bonnes mœurs, ou d’en augmenter la corruption. » Or, direz-vous, que des spectacles, où il faut être de fer ou de pierre, pour ne recevoir aucune impression de la vue, de la parure… Que des Acteurs & des Actrices, qui se sont toute leur vie exercés à remuer les passions criminelles &c, ne soient point un poison dangéreux ? […] Puisque la Comédie est un si grand mal dans les Acteurs & les Actrices qui la représentent, on ne peut douter, que ceux qui y concourent… Ceux qui leur fournissent les moyens d’exercer leur profession, ne péchent aussi très-griévement, suivant cette maxime de St.
Que sur la scène, où tout est illusion, ils exercent un empire absolu, j’y consens ; mais lorsqu’ils sont rentrés dans la société, ce prestige qui les environne ne saurait s’y perpétuer sans danger pour elle. […] C’est ainsi qu’associés aux travaux des orateurs, lorsque leur titre particulier ou la loi ne les appelleront point à l’honneur même d’en exercer les nobles fonctions, les avoués borneront désormais leur ministère à jeter dans une instruction utile et lumineuse les fondements de la procédure. […] Il faut donc faire une grande différence de ce qui appartient personnellement à l’individu, et de ce qui ne tient qu’à l’art qu’il exerce. […] L’un et l’autre ayant toujours et les mêmes habitudes et le même langage, il ne verra jamais que simulation et qu’hypocrisie, partout où la religion exercera son empire. […] C’est vraiment là que pour un orateur il est beau d’exercer son ministère.
Ne dit-on pas dans les colleges, pour justifier les comédies qu’on y fait jouer, qu’on n’exerce ainsi les jeunes gens, que pour leur donner de la hardiesse, c’est-à-dire, pour éteindre en eux la pndeur ? […] Cependant comme ces professions se bornent à des objets sérieux, ne sont exercées que par des hommes graves, & devant des auditeurs occupés de grands intérêts, il est une modestie, une gravité propre au sujet, & à l’état, dont l’Orateur Chrétien ne doit jamais se départir. […] La premiere chasteté doit s’exercer sur nous-mêmes, & la premiere pudeur est celle qui nous dérobe à nos propres regards, & nous sauve de nos propres attentats.
La censure doit-elle être exercée sur le théâtre ? […] Il vaut mieux prévenir les délits que de punir. — Ces mots sont l’abregé de tout code du despotisme, et le pretexte dont ses agens se sont toujours servis, pour exercer une autorité prohibitive, vexatoire et arbitraire ; c’est cet axiôme qui nous a donné la Bastille et les lettres de cachet, l’espionnage et les 17 inquisitions de la pensée. […] La censure ne sera donc pas exercée sur le théâtre, puisqu’elle mettroit toujours l’opinion d’un homme, ou de plusieurs hommes à la place de la loi.
La vengeance déchire un ennemi, l’ambition renverse un concurrent, l’envie ne peut souffrir de rival, la malignité se repaît du mal des autres, l’impiété blasphême la religion dans ses Ministres, la vertu dans ses disciples, la foi dans ses défenseurs, la révolte attente sur l’autorité dans ceux qui l’exercent, sur les droits de la société, en troublant la paix par les divisions qu’elle y seme, les guerres qu’elle y entretient. […] Il est certain qu’étant plus vives, plus vindicatives, plus artificieuses, & leur foiblesse ne leur permettant point de manier d’autres armes, elles doivent être plus exercées, plus rusées, plus animées, plus opiniâtres dans cette sorte de guerre.
La Danse qui au commencement était toute naturelle, comme on la voit parmi les gens de la campagne et dans le petit peuple, reçut cent agréments qui la polirent : on la remplit de cadences réglées : on en mesura les pas avec des paroles et des instruments : elle devint un art dont tout le monde n’étant pas capable, il n’y eut plus que des gens choisis, qui ne trouvant pas autour des Idoles assez de quoi se dédommager de leurs peines, exerçaient leur adresse partout où on voulut bien les défrayer : Et de cette sorte, au lieu que d’abord tout le monde était de la partie, l’Assemblée se trouva partagée en deux, dont l’une était des Acteurs, et l’autre des Spectateurs. […] Si les Comédiens veulent embrasser la Foi Chrétienne, Nous ordonnons qu’ils renoncent auparavant à leur exercice, et qu’ensuite ils y soient admis ; de sorte qu’ils n’exercent plus leur premier Métier. […] Venons à la quatrième raison que l’Approbateur des Comédies allègue pour s’écarter du sentiment de tous les Conciles et de tous les Pères : « C’est, dit-il, que les Scholastiques sont presque tous d’accord de faire grâce à la Comédie, et que même il y a eu des Saints, » comme saint Thomas, saint Bonaventure, saint Antonin, qui en ont parlé comme d’une chose indifferente, que l’on pouvait exercer en gardant certaines circonstances. […] par le rapport très fidèle que ces bons Pères nous en firent, que le saint homme Paphnuce, qui menait sur la terre une vie toute Angélique, ayant un jour prié Dieu de lui faire connaître auquel des Saints il ressemblait ; un Ange lui répondit, qu’il était semblable à un certain Joueur de flûte qui gagnait sa vie à chanter dans un Bourg proche de là : Ce qui ne l’ayant pas moins surpris qu’étonné, il s’en alla en grande hâte dans ce Bourg y chercher cet homme ; et l’ayant trouvé, il s’enquit de lui ce qu’il avait fait de saint et de bon, et l’interrogea très particulièrement de toutes ses actions : À quoi il répondit selon la vÉrité, qu’il était un grand pécheur, qu’il avait mené une vie infâme, et que de voleur qu’il était auparavant, il était passé dans le métier honteux qu’il lui voyait exercer alors. […] Qu’est-ce, je vous prie, que la Comédie telle qu’on l’exerce à présent, qu’un assemblage de tout ce qui peut attendrir le cœur, paroles, soupirs, gestes, actions, décorations, compagnie ?
D ans le sein de la Capitale dont les Grands font l’ornement, leur exemple exerce un puissant empire.
On voit par tout ce qui vient d’être dit, combien est frivole et mauvaise l’excuse que les Comédiens en question apportent pour justifier leur long séjour parmi les hérétiques, où ils sont privés du culte que l’Eglise Catholique rend à Dieu, et qu’elle ordonne de lui rendre les Dimanches et Fêtes ; car ils n’allèguent point d’autre raison que leur Profession qu’ils exercent en ce Pays-là, et le gain considérable qu’ils y font : comme si une Profession que l’Eglise réprouve pouvait rendre un tel gain légitime, et excuser devant Dieu le violementc qu’ils font du précepte de l’Eglise, qui leur ordonne d’entendre la Messe les jours de Dimanches et Fêtes, sans considérer que volontairement ils se sont jetés dans cette nécessité, et qu’il ne tient qu’à eux d’en sortir.
Cette législation a fait de ceux qui l’exercent de véritables citoyens, supportant les mêmes charges et remplissant les mêmes devoirs que les autres.
C’est à Copenhague une partie de l’éducation nationale Il a déclaré par son édit que l’état de comédien ne dégrade plus, que tous les citoyens honnêtes & de la plus haute noblesse peuvent s’exercer sans déroger, & consacrer leurs talens aux plaisirs du public. […] Un des grands inconvéniens de ces villes énormes (Journ. du 9 mai 1771) c’est que la moitié de ces hommes entassés pêle-mêle, ne vivent qu’en procurant au public des amusemens dangereux & criminels, qu’ils sont intéressés à rendre plus séduisans pour en tirer parti, opéra, comédie, bal, mascarades, vauxhal, café, brelan, maison de jeu, scênes de toutes especes, &c. ce qui produit & entretient tous les vices, & attire les scélérats & les débauchés de tout le royaume ; on y trouve plus d’objets de crime, plus piquans, plus faciles, plus rusés, mieux exercés, prévenans, accomodans ; le vice moins connu & plus protégé y est en sureté, c’est une forêt épaisse où il se cache. […] Et, s’il ne doit pas en user, pourquoi s’y, exerce-t-il ? […] Art funeste de la peinture, s’il ne s’apprend, s’il ne s’exerce qu’aux dépens de la conscience !
« Je seche de douleur, quand je me représente les impudicités & les idolâtries que vous exercerez dans le royaume que je vous laisse. […] On rit beaucoup de cette scène faite impromptu à ces perturbateurs du repos du parterre & des pauvres auteurs Ils ont été obligés d’aller exercer leur talens ailleurs. […] N’a-t-on point d’autres moyens d’exercer & de former les jeunes gens ? […] Les rôles d’amoureuse, de soubrette, d’arlequin, de vieillard, de prince, de valet, &c. sont des charges sur la scène qui s’exercent toute la vie.
Des esclaves étaient égorgés sur les tombeaux, et pour s'en faire un jeu, on les exerçait à se battre et à se faire tuer avec art. […] Les Acteurs, les Pantomimes qui s'y sont exercés dès l'enfance, sont peut-être par leurs gestes, leurs attitudes, leur changement de sexe, plus licencieux sur le théâtre que chez eux.
Le premier est au chapitre 23, de la première Partie, dont voici les paroles : « Les jeux, les bals, les festins, les pompes, les Comédies en leur substance, ne sont nullement choses mauvaises, ainsi indifférentes, pouvant être bien ou mal exercées : Toujours néanmoins ces choses-là sont dangereuses ; et de s’y affectionner, cela est encore plus dangereux, etc. » Le second est au chapitre 23, de la troisième Partie, où saint François de Sales s’explique à peu prés de la même manière : « Les bals et danses, dit-il, sont choses indifférentes de leur nature ; mais selon l’ordinaire façon avec laquelle cet exercice se fait, il est fort penchant et incliné au côté du mal, et par conséquent plein de danger et de péril, etc. » De ces paroles de saint François de Sales, et de quelques autres qu’il ajoute encore, les Partisans de la Comédie infèrent que ce Saint a regardé la Comédie comme une chose indifférente de sa nature, qu’il n’en a pas blâmé l’usage, pourvu qu’elle n’eût rien de déshonnête, et qu’il ne l’a pas même interdit à sa Philothée, pourvu qu’elle n’y mît pas son affection. […] « Oui, dit-il, le Souverain Pontife assiste quelquefois en personne à des Comédies qui se représentent chez les Religieux les plus réguliers et les plus austères, ou dans les Collèges où on exerce la jeunesse. » Notre Docteur nous permettra, s’il lui plaît, de ne le pas croire ici sur sa parole. […] Mais les Gens de qualité avaient coutume de faire venir chez eux quelque habile Comédien, qui exerçait leurs enfants par des déclamations de Pièces choisies et propres à les former aux emplois auxquels on les destinait. […] C’est donc bien mal à propos que le Docteur fait comparaison des Comédiens de profession avec les jeunes gens que l’on exerce dans les Collèges, et qu’il prétend que les uns ne sont pas plus infâmes que les autres. […] Il n’en va pas de même que de celle des Cabaretiers et des Médecins : les Cabaretiers et les Médecins exercent une profession nécessaire dans la République et à la vie ; ainsi elle peut être réduite aux termes de la nécessité, et en ce cas loin d’être infâme, elle devient louable, et on doit même quelque honneur à ceux qui l’exercent.
La question du Théâtre a beaucoup exercé les Écrivains.
Fort de la pureté de mes intentions et de la certitude que mon opinion nouvelle, en cas d’erreur, et du reproche imminent d’avoir négligé ce précepte : Sumite materiam vestris qui scribitis æquam viribus , ne peut causer aucun mal, et pourrait encore, au contraire, donner quelques indications neuves et faire naître des idées utiles à d’autres écrivains plus exercés, qui considéreraient ce sujet sous de nouveaux points de vue ; j’aurai le courage d’écrire, de soumettre à la discussion la plus solennelle, et au jugement des hommes les mieux éclairés ce que je crois avoir remarqué de plus, en continuant de chercher de bonne foi, et sans d’autre passion que celle du bonheur commun, comment il s’est fait que, malgré toutes nos lumières et nos belles institutions, malgré nos immenses bibliothèques renfermant tant de plans et de systèmes, ou de bons livres destinés à nous améliorer, comme ceux qui paraissent encore tous les jours sous toutes les formes ; et malgré les exemples, les efforts successifs et continuels des orateurs les plus éloquents et les plus vertueux, et des sages les plus instruits, les plus persuasifs, secondés par les plus vigoureuses satires et censures ou critiques vivantes de nos personnes, de nos défauts et de nos vices, nous soyons toujours tombés en effet de plus en plus dans le relâchement, et soyons arrivés sitôt au degré de cette effrayante dissolution de mœurs dont un parti accuse aujourd’hui avec si peu de discernement ces moyens mêmes de réformation.
Cet ornement d’une belle robe est devenu chez les Dames de haut parage une piéce importante de la parure, & l’art du caudataire un des beaux arts, un des arts libéraux, qu’on a grand soin de leur faire apprendre, & exercer, pour bien imiter toute la grace & l’adresse des animaux. […] 3.° C’est encore une leçon de modestie, non-seulement par l’air sérieux & grave, qui bannit les legeretés, & l’embarras, & qui y met des entraves, mais encore parce que les habits cachent les pieds & la chausseute, & défigurent la finesse de la taille, graces, dont toutes les femmes sont très-jalouses ; aussi ont-elles grand soin de les faire relever par des petits Caudataires, qu’on instruit & qu’on exerce, & à qui on recommande de les tenir élégamment levées, pour ne pas priver le public de la vue de toutes ces beautés, & les Dames à queue de la gloire qui leur en revient, & des conquêtes qu’elles peuvent faire.
Les Anglois, qui y étoient en grand nombre, le régalèrent à son entrée par une piece de théatre ; ils exercèrent plusieurs de ces batteleurs, & se signalèrent par un spectacle nouveau pour l’Allemagne, d’où il se répandit dans toute l’Europe, & singulierement en France, où l’on vit depuis des troupes de Confrères qui représentoient des mystères. […] L’art de faire des poëmes dramatiques, l’art de les déclamer, n’est point infame ; mais ceux qui font métier de l’exercer, le furent toûjours par leur libertinage scandaleux & notoire.
Quel soldat plus attentif à choisir, à fourbir ses armes, plus exercé à les manier, plus rusé à tendre des embuches, que ces troupes à la toilette ? […] De part & d’autre on s’efforce de la sentir pour la bien exprimer, de la bien exprimer pour l’inspirer ; tous deux bienfaits, tous deux parés, tous deux exercés, tous deux passionnés, peuvent-ils se regarder le plus tendrement, se dire les choses les plus galantes, sans allumer un feu criminel dans leur cœur ?
Les Académiciens, fort embarrassés, représentaient, « que la Compagnie, qui ne faisait que de naître, ne devait pas se rendre odieuse par un jugement qui peut-être déplairait aux deux parties, et ne pouvait manquer d’en désobliger au moins une, et une grande partie de la France ; qu’à peine pouvait-on souffrir sur la simple imagination qu’elle prît quelque empire sur la langue, que serait-ce si elle entreprenait de l’exercer sur un ouvrage qui avait l’approbation publique ? […] Tel Racine faisait profession de la morale sévère de Port-Royal, et composait Phèdre, Bérénice, et exerçait la Chammelé.
Relever, étaler la beauté de sa femme, c’est lui attirer des amans, l’inviter & l’exercer à la galanterie. […] Dans quelques écoles de peinture on donne aux jeunes Peintres pour les exercer des estampes à colorier, ou de vieux tableaux pour en rajeunir les couleurs. […] Il y a établi son empire, il y donne des loix, y prononce ses oracles, y allume ses feux, y étale ses livrées, y exerce son autorité, toutes les passions y sont à ses ordres, on y combat pour lui, on lui amene des esclaves.
Or comme les mœurs sont ou bonnes ou mauvaises, la Comédie peut s’exercer sur les bonnes ou sur les mauvaises mœurs.
Mais qu’ils prennent une idée plus juste de leur art, & ils trouveront encore abondamment de quoi exercer leurs plumes, quelque laborieux qu’ils soient.
Pour moi je ne puis m’empêcher de répéter que l’art Tragique se propose d’ébranler l’ame par de violentes sécousses ; que le sentiment perd de son activité à proportion que l’esprit fait des progrès ; que le goût analytique est le plus cruel fléau de l’imagination & de l’enthousiasme ; que c’est à l’empire qu’il exerce de nos jours sur le Parterre, qu’il faut attribuer en partie, la foiblesse de nos Poëmes, & la décadence du Théatre.
Au tyrannique empire, au despote injurieux que les Histrions exercent contre les successeurs des Corneille ou des Moliere, je n’ai dit mot.
ordonna qu’on les exposât aux bêtes féroces, et par tout le droit Romain ils sont déclarés infâmes, c’est-à-dire, indignes d’être reçus en témoignage, ni d’exercer Offices publics.
Saints et saintes, honorés par l’Eglise romaine, qui ont exercé la profession de comédiens, pag. 193.
Dans la disette on a vu d’excellents compositeurs exercer leurs talents sur des poèmes plus que médiocres.
L’empire qu’ils ont usurpé sur les auteurs dramatiques, le despotisme avec lequel ils l’exercent, la liberté qu’ils s’attribuent de rejetter ou d’admettre les pieces qu’on leur presente, d’exclure tout acteur dont les talens éclipsent ou balancent la réputation que quelques-uns ont acquise, & qu’ils ne doivent qu’au défaut de concurrence, l’injustice de leurs arrêts a soulevé contre eux les gens de Lettres. […] Dans la requête à la Grand’-Chambre, le sieur Mercier demande que la délibération soit biffée, avec dépens, dommages & intérêts ; défenses aux comédiens de plus à l’avenir en prendre de pareilles, & ordre de jouer la piece refusée : & par un crime de rébellion & de leze-majesté, il met au jour le despotisme du tribunal comique, l’oppression tyrannique exercée sur les poëtes, & même sur le public, par le refus des drames qui auroient augmenté ses plaisirs. […] Il est vrai que les comédiens, après avoir paru sur la Scène viennent dans le monde comme les autres, & jouent mieux que les autres : ils se sont exercés sur le Théatre, & après avoir quitté le masque, ils continuent à représenter l’honnête-homme, la prude, l’Agnès, &c. […] Il s’est élevé un Tribunal qui s’arroge le droit de juger les Auteurs & leurs Ouvrages, qui ouvre & ferme à son gré la carriere du Théatre, qui exerce sur les Ecrivains dramatiques l’empire ou plutôt le despotisme le plus absolu.
Elle voit donc la petite *** ; elle l’étudie, se met à apprendre ses Rôles, s’exerce assidûment, & parvient enfin à saisir sa manière.
Il fut suivi de Johnson, beau fils d’un Maçon, profession qu’il exerça lui-même.
Si Roscius avait exercé une Profession déshonorante, le grand Orateur qui parlait pour lui, n’aurait pas eu l’imprudence de choquer les hommes les plus respectables de la République, en les mettant en comparaison avec un homme noté d’infamie.
porte : « Si les Comédiens veulent embrasser la Foi Chrétienne, nous ordonnons qu’ils renoncent auparavant à cet exercice, et qu’ensuite ils y soient admis, de sorte qu’ils n’exercent plus leur premier métier : que s’ils contreviennent à ce Décret, qu’ils soient chassés et retranchés de l’Eglise.
Si la satire et l’injure n’étaient pas aujourd’hui le ton favori de la critique, elle serait plus honorable à ceux qui l’exercent, et plus utile à ceux qui en sont l’objet. […] Un Atrée qui s’applaudit des horreurs qu’il a exercées contre son frère, un Néron qui empoisonne Britannicus pour régner en paix, une Médée qui égorge ses enfants, et qui part en insultant au désespoir de leur père, un Mahomet qui séduit et qui entraîne tout un peuple, victime et instrument de ses fureurs ? […] Il ne fallait pas moins qu’un Philosophe exercé comme vous aux paradoxes, pour nous soutenir qu’il y a moins de mal à s’enivrer et à médire, qu’à voir représenter Cinna et Polyeucte.
Les anciens parlaient de l’humanité en phrases moins apprêtées ; mais ils savaient mieux l’exercer. […] Je ne suis pas surpris que, loin de les avilir, leur métier, exercé de cette manière, leur donnât cette fierté de courage et ce noble désintéressement qui semblait quelquefois élever l’Acteur a son personnage. […] Ces hommes si bien parés, si bien exercés au ton de la galanterie et aux accents de la passion, n’abuseront-ils jamais de cet art pour séduire de jeunes personnes ? […] Appellerons-nous un métier honnête celui qui fait d’une honnête femme un prodige, et qui nous porte à mépriser celles qui l’exercent, à moins de compter sur un miracle continuel ? […] Pourquoi ne ferions-nous pas, pour nous rendre dispos et robustes, ce que nous faisons pour nous exercer aux armes ?
Collet comédie), c’est ici la même chose, les trois théatres sont trois lieux publics, qui entretiennent près de trois cents courtisannes, & en ont sous leurs aîles plus de mille ; ils sont plus dangereux que ceux d’Italie, les courtisannes actrices, sont plus séduisantes, plus exercées, mieux choisies ; elles s’étalent impunément, & dans les plus beaux jours, & se répandent par tout : on va au théatre & chez elles, on les appelle chez soi, sans craindre la police ; ces trois lieux fourmillent aussi des hommes courtisans pour les Dames, acteurs, danseurs, musiciens, ce qui n’est pas toléré en Italie. […] Une carraque Portugaise venant des Indes, après des orages affreux, les plus grands dangers, la perte des marchandises ; ayant enfin doublé le Cap de Bonne-Espérance, se livre à la joie, après le Te Deum on joua une belle comédie, qu’on avoit apprise & exercée depuis Goa, pour la jouer : alors la carraque étoit ouverte de tout côté ; on relacha au Bresil, elle coula à fond en arrivant au port.
Les Intendans & leurs Subdélégués ne se mêlent que de la Justice, Police & Finances, & n’exercent nulle part les droits de Seigneur, ni ne concourent avec eux dans leurs terres. […] Ce monument de vertu fera connoître une société de citoyens qui s’exercent à tirer au blanc, & donne tous les ans un prix à celui qui a le mieux réussi, a aussi fondé un prix de trois cens livres, en faveur de la fille de la Paroisse qui aura été jugée la plus modeste, la plus attachée à ses devoirs, la plus respectueuse envers ses parens, la plus douce avec ses compagnes.
On devoit représenter dans leur Couvent la Zaïre de Voltaire, les rôles étoient appris, les Actrices exercées, les habits préparés, la ville invitée, lorsque l’Evêque, Prélat rempli de religion, & de la plus grande régularité, en fut instruit, & défendit de la représenter. […] Mais la mode & le goût ont prévalu, l’amour n’en exerce pas moins son empire.
Justelipse, qui a fait des Traités sur le cirque & l’amphithéatre, & fait exercer aux Académiciens de Paris les métiers dont ils ont donné la description. […] La chose étoit facile, Rosalie étoit belle, dansoit bien, n’étoit pas cruelle, & exercée par la Comtesse, qui pendant ces trois ans avoit en chez elle un théatre de société, où elle avoit représenté une infinité de pieces, en avoit fait une très-bonne Actrice.
Un vieux Acteur qui avait quitté le théâtre gagnait sa vie à exercer et former des Comédiens. […] Ce fameux Catéchiste d’Alexandrie, emploi qu’il exerça pendant trente ans avec le plus grand succès, a laissé plusieurs ouvrages remplis d’érudition, entre autres des instructions morales à la jeunesse, sous le nom de Pédagogue, mais qui sont utiles à tout le monde.
Il n’est pas indifférent que l’art de déclamer soit exercé par d’Auteur ou par le Comédien.
Personne n’ignore que les plus anciens Conciles prononcent l’excommunication contre tous Farceurs, Sauteurs & Comédiens, tant qu’ils exercent cette odieuse profession.
Il est si fort ordinaire à ces messieurs les beaux esprits de prendre le méchant parti pour exercer la facilité qu’ils ont de prouver ce qui paraît le plus faux, qu’ils ont cru que cette réputation ferait un tort considérable à l’ouvrage de Monsieur de Molière, s’ils écrivaient pour en montrer l’innocence et l’honnêteté, et, d’ailleurs, comme ils ont vu qu’il n’y avait point de gloire à remporter, quelque fort que fût le raisonnement qu’ils produiraient, ils en ont laissé le soin aux plumes moins intéressées que les leurs.
La mort de ceux qu’il hait, ne lui suffit pas ; il exerce des vengeances jusque sur des cadavres !
Ainsi si les jésuites eux-mêmes mettaient au néant les canons des conciles qui proscrivent la danse, les particuliers, ou les danseurs publics, pouvaient bien imiter leur exemple, sans craindre la damnation éternelle, et pratiquer un art réservé aux gens du monde, puisqu’ils le voyaient exercé par des ecclésiastiques qui passaient pour les plus fervents soutiens de la religion romaine. […] Voici un diplôme de réception délivré à Louis Barbier de la Rivière, évêque de Langres (depuis 1655 jusqu’en 1670) ; sa contexture est digne de remarque, et il est fort singulier, qu’un évêque qui était pair ecclésiastique, et qui fut même au moment d’être élevé au cardinalat, l’ait accepté : « Les superlatifs et mirelifiques Loppinants de l’infanterie dijonnaise, nourrissons d’Apollon et des muses, enfants légitimes du vénérable père Bontemps, à tous fous, archifous, lunatiques, éventés, poètes par nature, par béccare, et par bémol, almanachs vieux et nouveaux, présents, absents et à venir, salut, pistoles, ducats, portugaises, jacobus, écus et autres triquedondaines, savoir faisons, que haut et puissant seigneur de la Rivière, évêque, duc et pair de Langres, ayant en désir de se trouver en l’assemblée de nos goguelus et aimables enfants de l’infanterie dijonnaise, et se reconnaissant capable de porter le chaperon de trois couleurs, et la marotte de sage folie, pour avoir en eux toutes les allégresses de mâchoires, finesses, galantises, hardiesse, suffisance et expérience des dents qui pourraient être requises à un mignon de cabaret, aurait aussi reçu et couvert sa caboche du dit chaperon, pris en main la célèbre marotte, et protesté d’observer et soutenir ladite folie à toute fin, voulant à ce sujet être empaqueté et inscrit au nombre des enfants de notre redoutable dame et mère, attendu la qualité d’homme que porte ledit seigneur, laquelle est toujours accompagnée de folie ; à ces causes, nous avons pris l’avis de notre dite dame et mère, et avons par ces présentes, hurelu Berelu, reçu et impatronisé, recevons et impatronisons ledit seigneur de la Rivière en ladite infanterie ; de sorte qu’il y demeure et soit incorporé au cabinet de l’inteste, tant que folie durera, pour y exercer telle charge qu’il jugera être méritée par son instinct naturel, aux honneurs, privilèges, prérogatives, prééminence, autorité, puissance et naissance que le ciel lui a donnés, avec pouvoir de courir par tout le monde, y vouloir exercer les actions de folie, et y ajouter ou diminuer, si besoin est ; le tout aux gages dus à sa grandeur, assignés sur la défaite et ruine des ennemis de la France, desquels lui permettons se payer par ses mains, aux espèces qu’il trouvera de mise. […] Nous allons examiner dans le chapitre suivant, si les prêtres qui agissent avec tant de rigueur contre des citoyens qui exercent une profession voulue et consacrée par les lois du royaume, n’ont pas besoin pour eux-mêmes de l’indulgence des peuples, à l’égard de l’oubli qu’ils manifestent des propres lois ecclésiastiques, qui leur imposent, dans leur conduite privée, des obligations qui sont totalement inexécutées de nos jours.
Ils ne prétendent coopérer qu’à une chose bonne en elle-même, et qui ne devient mauvaise que par la malice de ceux qui l’exercent : ils voient cette Comédie publiquement exercée et tolérée. […] Si un Comédien veut embrasser la foi, il doit auparavant quitter son exercice44. « Que si nonobstant cet interdit et cette défense il voulait exercer sa profession, qu’il soit chassé hors de l’Église. […] Ainsi on doit conclure que les Comédiens par leur profession comme elle s’exerce, sont en état de péché mortel ; c’est-pourquoi on ne doit point les absoudre, s’ils ne promettent de quitter leur profession.
D’abord, Monsieur, et avant que d’entamer la discussion sur le théâtre et les bals, vous parlez de l’influence qu’exerce un ministre du culte à raison de son caractère et du talent plus ou moins distingué avec lequel un sujet est traité.
Que les ouvriers & les marchands qui font métier de faire & de vendre des masques tels qu’on les porte au carnaval, exercent une profession mauvaise par elle-même ; & par conséquent qu’ils sont obligés d’y renoncer, s’ils veulent mériter la grace de l’absolution, puisqu’ils donnent occasion au prochain d’offenser Dieu.
Nous exerçons cette cruauté envers nous-mêmes, en prenant les plaisirs de la Comedie.
On suivrait apparemment l’usage universel de l’Europe, qui a consacré l’habit noir à la décence, et l’on obligerait tous les danseurs et danseuses de s’habiller de cette couleur, et pour que tout répondît à la gravité de l’habit, on interdirait aux jeunes garçons cet air de dissipation et de folie que la danse et la musique leur inspire : on leur prescrirait d’avoir la vue toujours fixée sur le Seigneur Commis, comme le Soldat Prussien sur le Flügelmann 5 en sorte qu’ils s’exerceraient sans cesse à accorder leur maintien avec la gravité de leur habit.
On y voit quelque chose de précieux par dessus tout : on y voit que les passions seraient le plus sagement contenues ; que les goûts dépravés, que toutes les licences corruptrices, seraient le plus rigoureusement réprimés ; que les fables dangereuses, bien que piquantes, comiques ou pathétique seraient rejetées, et, par conséquent, que la morale pourra être mise en sûreté ; sans que les sociétaires et autres bien intentionnés puissent avoir à se plaindre, puisque la censure sera exercée dans la meilleure forme possible, par leurs pairs assemblés ; lesquels pourraient aussi mieux apprécier alors cet axiome : Naturam repellas furcâ, usque tamen recurret ; et faire une plus sage ou plus profitable distinction, 1° entre les vices inexpugnables de nature, qu’on ne peut que contenir, et les vices de civilisation qu’il faut combattre franchement, comme le courageux Alceste le fait dans les faquins et les intrigants, qu’il désigne ; 2° entre les travers d’esprit, les ridicules et les préjugés susceptibles d’être corrigés actuellement par le théâtre, et ceux qui doivent être encore respectés, ou corrigés par des moyens plus doux, à cause de leur adhérence à des parties délicates de la morale, à des vertus que l’action trop violente ou trop prolongée du premier remède détruirait avec eux. Si le conseil, ou la commission composée, croyant ne devoir pas renoncer tout-à-fait à l’ancien domaine de la comédie, préférait quelquefois encore aux attaques directes et personnelles les satires vagues et indéterminées, ce serait, en prescrivant de les exercer avec des ménagements et tempéraments nouveaux, avec des contre-poids mieux calculés en faveur des hommes paisibles et innocents qui se trouvent confondus avec les coupables ; par exemple, avec l’attention de donner à la scène un air de famille, de la composer, autant que possible, de gens de la même classe, d’y faire censurer le plus fortement le coupable par des personnages réputés estimables, de son âge, de son rang, de son état et de sa qualité.
Croiroit-on que Corneille, Moliere, La Fontaine, Lulli sans compter Guerin, enfin l’abbé Aubert se soient exercés sur ce sujet ridicule, chacun à sa maniere ? […] le grand Corneille, le grand Rousseau, le petit Dom-Pelegrin, &c ont exercés leur verve sur ces anciens modeles, des magiciennes du théatre : la peinture, la musique, la danse n’ont eu garde de négliger un si riche fond ; ce n’est, il est vrai, qu’un tissu de forfaits horribles, & assez peu vraissemblables, dans des Princes qu’on n’auroit jamais du représenter ; il n’en sont que plus au goût de la scéne, & des Medées qui les remplissent, qui s’y peignent si naturellement elles-mêmes & leurs Jasons.
(Un libertin :) Il est diffus, incorrect, mais pénétré de ce qu’il écrit : qualité prétieuse à qui l’on doit le peu de bons vers qu’on lit, encore peint-il Lisette avec un chapeau de fleurs, on voit qu’il a souvent consulté son modele, il ne parle de ses goûts que comme un maître dans l’art de jouir, & dès long-temps exercé aux plaisirs qui le précedent. […] Méritent-ils d’exercer votre plume ?
c’est sur toi qu’ils cherchent à exercer d’abord leur vengeance. […] C’est en vain que vous démontreriez que notre France, par les produits de nos arts, de nos manufactures, exerce un puissant empire dans l’étranger, et que le monopole de nos modes frivoles le rend tributaire de notre légère industrie.
Il a assez compté sur sa piété, pour se livrer sans scrupule au milieu d’une foule de jeunes Demoiselles les plus aimables, leur apprendre ses vers, les exercer à la déclamation, leur inspirer, leur faire exprimer les mouvements les plus vifs et les plus tendres, leur donner les mêmes leçons qu’il avait données à la Chammelé sa maîtresse, sans rien craindre ni pour lui ni pour elles. […] Quoique cette perfection de jeu soit rare, je la suppose ; je n’en soutiens pas moins, que l’Acteur et l’Actrice les plus habiles et les mieux exercés se tireront mal d’un rôle pieux.
Ses conseils à Madame de Maintenon pour ne pas faire exercer les Demoiselles de S. […] Eloge de cet Art exercé sagement, a, 81. […] Il défendit aux Principaux des Colleges d’exercer les jeunes gens à des représentations dramatiques, a, 492 Valere Maxime.
Or il est plus clair que le Soleil en plein midi, que le commandement susdit, ne peut être que moral, par les ridicules et monstrueuses conséquences, que l’on en pourrait tirer, s’il était pris pour Cérémonial ; Aussi n’y eut-il jamais homme de bon sens, qui l’ait pris pour tel : Et les anciens qui cherchent des allégories en tous passages, n’en peuvent trouver que de morales en celui-ci ; savoir est, que la femme ne doit exercer nul office viril ; que c’est là, que vise l’Apôtre, quand il défend à la femme d’enseigner en l’Eglise1 Tim. 2. […] Je réponds ; puisque les habitudes sont toujours semblables aux actions, et exercices, qui les engendrent, comme disent très bien les Philosophes, et comme nature même par l’expérience nous enseigne ; Ceux qui s’exercent souvent à jouer Comédies, et Tragédies ; ne peuvent espérer autre faculté, habitude, ou dextérité, par le fréquent usage de tels exercices sinon qu’ils deviendront un jour habiles bateleurs, et Comédiens aussi adroits, que ceux qui viennent d’Italie. […] I. epist. 10 ei , qui avait appris et exercé ce métier, lorsqu’il était encore païen ; et le voulait continuer, étant devenue Chrétien, non toutefois pour jouer au Théâtre en public, mais pour en façonner d’autres en son privé, et ce à cause de la pauvreté, n’ayant nul autre moyen de gagner sa vie ; enquis, dis-je, s’il devait être admis à la communion de l’Eglise ; répond : « Qu’il n’est pas convenable, ni à la majesté Divine, ni à la discipline de l’Evangile, que la modestie et l’honneur de l’Eglise, soient souillés d’une vilaine et infâme contagion : Car, ajoute-t-ilDeut. 22 ej , si la Loi défend à l’homme de se vêtir d’habit de femme, et si ceux qui le font, sont jugés maudits, combien plus grand crime est-ce de représenter des gestes sales, lâches et efféminés par l’enseignement de cet art impudique.
A faire un discernement exact de ce qu’ils ont de faible et de solide, de la justice ou de l’injustice des causes qu’ils défendaient ; et à rechercher les fautes qu’ils ont commises dans l’art où ils se sont tant exercés.
Et si ce métier eût été réputé infâme, comment aurait-on pu honorer et récompenser l’art de le bien exercer ?
Garde toi, me dit-elle, d’écouter jamais la voix enchanteresse de la volupté, elle n’a que des faux plaisirs, elle exerce une cruelle tyrannie ; c’est en moi seule que tu trouveras le véritable bonheur. […] Je fus obligé d’abandonner ce métier ; il continua à l’exercer, & je le retrouvai quelques années après à Beziers, donnant des farces sur des treteaux.
.° C’est un état de punition actuelle que le pénitent exerce sur lui-même pour venger Dieu par l’austérité de sa vie, les jeûnes, les macérations, les privations des plaisirs. […] Parmi ces exercices, la déclamation est des plus utiles ; elle forme la voix & les gestes, exerce la mémoire, enseigne à parler en public.
Ce détail immense de la toilette, cette attention scrupuleuse de la parure, cette gêne incommode des habits, que des heures entieres, des mains les plus exercées, les yeux les plus pénétrans, peuvent à peine exécuter, seroit un joug insupportable, si la religion l’exigeoit ; le démon mieux servi ne trouve que des victimes dociles qui s’immolent pour lui : Vous avez bien gagné l’enfer (disoit Thomas Motus à une coquette de ce caractere), Dieu vous feroit tort de vous le refuser. […] Mais peut-on nier que le théatre soit l’école & la salle d’armes où se forment & s’exercent ces redoutables guerrieres, que l’Actrice ne soit le parfait modele, l’habile maître d’escrime qui enseigne à porter les bottes franches, le Général qui commande les troupes, qui fait faire les évolutions, & qui se bat avec plus de courage & de succès ?
Ils ne prétendent coopérer qu’à une chose bonne en elle-même, et qui ne devient mauvaise que par la malice de ceux qui l’exercent : Ils voient cette Comédie publiquement exercée et tolérée. […] » : Que si nonobstant cet interdit et cette défense il voulait exercer sa Profession, qu’il soit chassé hors de l’Eglise. […] Ainsi l’on doit conclure que les Comédiens par leur Profession, comme elle s’exerce, sont en état de péché mortel ; c’est pourquoi on ne doit point les absoudre, s’ils ne promettent de quitter leur Profession.
Par un excès d’indécence aussi criant que ridicule, ne les voyons-nous pas encore exercer cet art damnable, lors même que la nature ne parle plus en eux, & qu’ils ne sont plus bons que, ce qu’on appelle, pour le conseil ? […] ) comme un objet digne de notre adoration & capable de nous consoler du malheur d’être , subit la peine de sa témérité ; le pantalon qui l’exerce & le réalise à nos yeux, échapperoit-il au glaive de la Justice ? […] de la manière la plus précise & la plus autentique….. que pendant quarante ans qu’il a exercé la profession de Comédien…. il a toujours senti dans toute son étendue le grand bien que produiroit la suppression entiere du Théatre….
Qui peut croire un homme dont la vie est un rêve perpétuel, si exercé à user de prestiges, si naturalisé avec la tromperie, qu’on ne peut savoir s’il dit vrai ou faux ?
Un Peuple qui a mis long-temps son honneur dans la fidélité des femmes, & dans une vengeance cruelle de l’affront d’être trahi en amour, a dû fournir des intrigues périlleuses pour les Amans, & capables d’exercer la fourberie des Valets : ce Peuple d’ailleurs pantomime, a donné lieu à ce jeu muet, qui quelquefois, par une expression vive & plaisante, & souvent par des grimaces qui rapprochent l’homme du singe, soutient seul une intrigue dépourvue d’art, de sens, d’esprit & de goût.
Sont les joueurs artisans mécaniquesaa, comme cordonniers, savetiers, crocheteurs de grève, de tous états et arts mécaniques, qui ne savent lire ni écrire et qui onques ne furent instruits ni exercés en théâtres et lieux publics à faire tels actes, et davantage n’ont langue diserte, ni langage propre, ni les accents de prononciation décente, ni aucune intelligence de ce qu’ils disent, tellement que le plus souvent advient que d’un mot ils en font trois, font point ou pause au meilleur d’une proposition, sens ou oraison imparfaiteab, font d’un interrogant un admirantac ou autre geste, prolation ou accents contraires à ce qu’ils disentad, dont souvent advient dérision et clameur publique dedans le théâtre même, tellement que, au lieu de tourner à édification, leur jeu tourne à scandale et dérision.
entre lesquels quelquefois un homme est l’hostie, par le larcin du sacrificateur, lorsque le sang découlant du gosier de ce pauvre misérable, tout chaud et tout bouillant reçu dedans une coupe, est jeté sur la face de l’Idole, et cruellement bu, comme si elle avait soif : et entre les plaisirs et passe-temps, que prennent les Spectateurs, ils voient mourir quelques-uns, afin que par tel Spectacle sanglant, ils apprennent à exercer toute cruauté : comme si la rage et furie d'un chacun particulier ne lui suffît point, s’il ne l’apprenait même en public.
Augustin a dit, sur ce qu’on l’avait exercé en sa jeunesse à réciter les fables des Poètes, « qu’il y a plusieurs manières différentes de sacrifier aux Anges rebelles » ; et que si les comédies de notre temps ne se représentent pas en l’honneur d’un Mars, d’un Jupiter, et d’un Neptune, elles sont pourtant uniquement consacrées à l’amour profane, au plaisir de ceux qui les regardent, et à l’avarice et à la cupidité de ceux qui les représentent.
contre ces assemblées plus nombreuses que celles de nos Eglises, & quoyqu’évaporées par la joye du siecle, plus tristes aux yeux de la foy que la plus affreuse solitude : contre la gêne qu’on donne à l’esprit, pour composer des pieces de théatre, pour les apprendre, pour les exercer ; ce qu’ils appellent un travail oisif, ou une oisiveté laborieuse. […] Les Comediens péchent, parce qu’ils exercent une profession reprouvée par l’Eglise, qui les prive par ses Décrets de la participation des Sacrements, même à la mort, s’ils ne font une promesse solemnelle de quitter cette profession.
Les a-t-il exercé dans leur art ? […] Les Princes y dansoient, on composoit pour eux de mauvais vers, selon le goût courant ; c’étoit une espece de drame représenté, en masque ; Benserade & plusieurs autres s’y sont exercés, & ont été bien payés ; c’étoit toujours quelque galanterie, souvent très-licencieuse.